Dis-moi qui te lis, je te dirai qui tu es !

Dis-moi qui te lis, je te dirai qui tu es !

La manière dont mon livre est reçu – ou pas – nous dit bien des choses sur l’Eglise en France. 

La publication de mon livre Catholique en liberté, entendait marquer le dixième anniversaire de ce blog. J’en ai raconté l’élaboration, dans un billet précédent mis en ligne le jour même de sa sortie en librairie. Deux mois plus tard, il m’a semblé intéressant de vous faire partager les réactions de la critique et des premiers lecteurs. Mises en perspective avec quelques « silences », elles disent des choses essentielles sur la manière dont les uns et les autres se situent par rapport à la crise de l’Eglise catholique. 

J’avoue avoir été surpris – agréablement- par le nombre de ceux qui, à mi-lecture de mon livre, ont déjà voulu m’exprimer leur enthousiasme et leur adhésion. Y compris de simples lecteurs que je ne connaissais pas et qui sont parvenus à me joindre, par courriel ou même par téléphone. « Je suis en train de lire votre livre. C’est passionnant ! » Parmi ces lecteurs de la première heure particulièrement réactifs, plusieurs journalistes ayant reçu de mon éditeur un exemplaire de l’ouvrage, comme cela se pratique de manière systématique. Une rapide « Revue de presse » donne une idée de leur accueil.

Des lecteurs qui se reconnaissent dans les questionnements du livre

Mais la plus grande satisfaction, pour moi, est venue d’ailleurs. Du nombre de celles et ceux qui, à la lecture, m’ont dit s’être reconnus dans le récit de ces années, même si leur itinéraire personnel divergeait du mien, comme je l’avais pressenti et exprimé dans mon livre. Beaucoup m’ont dit s’être reconnus dans mes questionnements correspondant à ce qu’ils ressentaient profondément sans être toujours capables de l’exprimer, n’en ayant ni le vocabulaire, ni les références. Pour certains, cette lecture – qu’ils souhaitent reprendre et approfondir – a été l’occasion, m’écrivent-ils, de refaire le point sur leurs relations à Dieu, à la foi et à l’Eglise… 

Si bien que la tonalité la plus courante de ces lettres est la gratitude : « Un immense merci pour votre livre ! », « Je prends rarement la plume pour remercier un auteur mais je viens de terminer votre livre. Cela m’a donné une bouffée d’espoir. », « De tous les livres lus récemment sur ces questions, c’est le tien qui m’a le plus touché, rejoint… Merci de l’avoir écrit ! » 

Joignant le geste à la parole, c’est souvent des lecteurs que me sont venues des demandes d’intervention pour des conférences, à travers la France, voire même au-delà des frontières de l’hexagone. Après Metz, Créteil, Rodez, Paris ce seront bientôt Strasbourg, Rennes, Mulhouse, l’abbaye de Sylvanès, Rome puis, à l’été prochain, Trébeurden et l’abbaye de Saint Jacut. Et peut-être Bordeaux, Toulouse, Tulle, Aix-en-Provence… où la demande existe.

Les jeunes générations aussi

Cerise sur le gâteau, je trouve un même accueil chez de jeunes trentenaires, alors même qu’on continue de vouloir m’opposer à eux au motif qu’ils seraient en quête de certitudes, de vérités, de spiritualité et trancheraient par là sur une génération « perdue » de chrétiens critiques, épuisés à force de « régler leurs comptes » avec l’Eglise. L’un d’entre eux qui se reconnaît une vraie dette vis-à-vis d’un philosophe en vogue auquel il doit d’avoir découvert les beautés du christianisme, me confie que le même a failli, à la longue, l’en détourner du fait de son intransigeance. La lecture de mon livre, poursuit-il, l’a ouvert à un autre espace de liberté, exigeant, respectueux et fraternel, qui correspond mieux à ce qu’il attend d’une communauté de croyants. Même s’il n’adhère pas à tout ce que j’ai pu écrire… 

Le livre a aussi ses détracteurs

Soyons honnêtes. Mon livre a aussi ses détracteurs. Pour l’un d’eux, son seul titre le rendrait déjà irrecevable, car il constitue un oxymore, c’est-à-dire une contradiction dans les termes. A ses yeux, on ne saurait se dire à la fois catholique et en liberté. Soit on est catholique, et alors on est dans une « servitude volontaire » (La Boétie) vis-à-vis de la hiérarchie et de la doctrine ; soit on se veut réellement en liberté et il faut alors avoir le courage de l’apostasie. 

Une seconde forme de critique vient, elle, plutôt du milieu institutionnel catholique, ecclésiastique ou médiatique. Mon livre pècherait par excès de questionnements au risque d’en devenir décourageant, alors qu’il y a tant de « signes d’espérance » qui montrent que les communautés chrétiennes, malgré la crise, sont bien vivantes. Un évêque émérite un rien exaspéré par le buzz qui entoure le lancement de mon livre m’interpelle sur les réseaux sociaux : « Sortez de votre petit univers, non pour vous vendre en conférences de presse mais pour écouter ce que tisse le peuple de Dieu dans les quartiers et les villages en France ou en Afrique. N’instrumentalisez pas nos souffrances pour votre profit, gardez un peu de sympathie pour les chrétiens du quotidien. » 

Bien évidemment ! Sauf que mon propos n’était pas de décrire les forces et faiblesses du catholicisme en France – et pas davantage de décourager ou mépriser qui que ce soit –  mais de tenter de comprendre la nature de la crise profonde à laquelle nous sommes confrontés depuis des décennies et qui s’est accentuée sur une période récente !  

Les questions que pose mon livre : celles que formulaient ceux qui s’en sont allés… sur la pointe des pieds ! 

Qu’autant de lecteurs, spontanément, aient éprouvé le besoin de m’exprimer leur proximité, alors même qu’ils n’en étaient qu’à la moitié du livre… semble indiquer une forte adhésion à la première partie de l’ouvrage qui est, de fait, une interpellation de l’institution. Il faut savoir raison garder, même dans les comparaisons, mais est-ce un hasard si à l’image du pape François, ce livre – qui en reprend les analyses et en soutient l’action – est finalement mieux reçu « à la périphérie » interne ou externe de l’Eglise catholique, qu’en son centre ? 

J’y vois, pour ce qui me concerne, confirmation d’une idée qui m’est chère. Je l’aborde dans mon livre et la développe dans mes conférences. Depuis des décennies, l’institution catholique a maquillé en « apostasie » ce qui, en réalité, était pour une large part un schisme silencieux. Cela lui a permis de ne pas prendre en considération les demandes de celles et ceux qui s’éloignaient sur la pointe des pieds, faute d’être écoutés. Et dont certains me disent retrouver dans les pages de mon livre les questionnements qui, déjà, étaient les leurs. N’oublions pas cette parole du pape François dans ses entretiens de l’été 2013 avec le père Spadaro sj : « Parfois celui qui s’en est allé l’a fait pour des raisons qui, bien comprises et évaluées, peuvent le conduire à revenir. Mais il faut de l’audace et du courage.» Cela semble nous inviter à désirer réintégrer dans nos communautés celles et ceux qui s’en sont éloignés par découragement et sentiment d’incompréhension. Y compris nombre de prêtres ayant « abandonné » leur ministère par incapacité à donner sens au célibat que l’on exigeait d’eux. Alors qu’ils restaient motivés par la mission… 

N’est-ce rien, déjà, de plaider pour le pluralisme dans l’Eglise ? 

Les conditions de cette « ouverture » sont forcément déstabilisantes pour une partie de l’Eglise qui semble préférer conforter le «petit troupeau » des fidèles à partir duquel ouvrir de nouveaux chemins d’évangélisation. Et mettre en avant les « signes d’espérance » plutôt que de s’exaspérer des raisons de la crise… Une bonne grille de lecture, à mes yeux, pour comprendre les « silences » qui, ici ou là, ont marqué la sortie de mon livre dans certains médias chrétiens. Ou les réserves de quelques autres… Selon une transposition ecclésiale du vieil adage « il ne faut pas désespérer Billancourt » !

Dans sa recension, mon confrère de La Croix Bruno Bouvet, pointe ce qui, dans mon livre, lui semble être une contradiction. Il écrit : « Çà et là, au fil des pages, l’auteur semble imperceptiblement regretter querelles stériles et emportements excessifs des deux côtés ». Faisons définitivement le deuil que ce livre parvienne pourtant à les réconcilier. » Puis il ajoute :  « Après tout, est-ce l’objet d’un ouvrage en forme de manifeste ? » 

La réflexion et la question sont pertinentes ! Mais n’est-ce rien, déjà, que de plaider comme je le fais, en toute sincérité, pour le pluralisme dans l’Eglise et de renoncer aux anathèmes ? Servent-ils davantage la réconciliation ceux qui se contentent de considérer sans autre examen qu’une certaine sensibilité dans l’Eglise serait d’un autre âge et n’aurait donc pas à être prise en considération, l’avenir se construisant ailleurs et fort bien, sans elle ?

De même, je trouve pertinent le souhait exprimé par mon confrère d’un nouveau livre où je dialoguerais sur les différentes questions évoquées « en toute liberté de part et d’autre », avec un ou des représentants de la jeune génération catholique. Pourquoi pas ? Je fais partie de ceux qui considèrent que le débat dans l’Eglise représente moins un risque d’affrontement et de division qu’une chance de faire émerger des points de convergence et d’approfondir une compréhension réciproque ! Pour peu qu’existe une réelle volonté de dialogue. 

Faut-il se résigner à se taire ?

Mais le silence, sur mon livre, ne se limite pas à la seule institution catholique. A ce jour, il m’a été impossible de percer le plafond de verre des médias non-confessionnels. Rien dans la presse quotidienne (hormis Ouest-France) ou hebdomadaire généraliste d’information, les radios ou télés… comme si toute réflexion venant d’un auteur situé à l’intérieur de l’Eglise, n’avait aucun intérêt pour la société civile. Que la troisième partie de mon livre formule une certain nombre d’interpellations en citoyen et « en chrétien », sur la laïcité, le rôle du parlement, les réformes dites sociétales, la crise sociale, le défi écologique ou la question migratoire… n’intéresse pas un univers médiatique qui n’attend rien du monde catholique, persuadé d’être dans la vérité d’un certain progressisme là où la religion demeurerait dans un obscurantisme crasse. De quoi conforter ceux des catholiques qui me reprochent – et d’autres avec moi – de persévérer inutilement à vouloir dialoguer avec une société qui, de toute manière, n’a pas la moindre envie de dialoguer avec nous ! Ce sera toujours la limite de l’exercice. Faut-il pourtant se résigner à se taire ?

_______

La photo qui illustre ce billet a été prise lors du salon du livre du Touquet du 15 au 17 novembre 2019. Mon ami et éditeur Michel Cool y animait une interview diffusée sur le réseau du salon.

54 comments

  • Bonsoir, je viens de conseiller votre livre à un confrère prêtre. De mon côté, avec 6 autres prêtres du Nord-Pas-de-Calais, nous avions aussi pris la plume pour répondre à l’invitation du Pape François. De nombreuses réactions majoritairement positives bien au-delà de notre région. Un des reproches qui nous fait ressemble à celui que vous signalez : nous dénonçons surtout des aspects négatifs sans suffisamment signaler les petites pousses ou initiatives qui surgissent. Il est vrai que le regard qui se veut d’abord positif ne nous semblait pas suffisamment prendre en compte les dérives de notre institution avec franchise (parrhésia) et lucidité. Dans notre texte, nous ouvrons aussi des perspectives qui, de ce fait, ne peuvent l’être qu’en affrontant la réalité. Encore merci pour votre livre

    • Je me reconnais totalement dans votre propos. Comment être réellement positifs si l’on ne commence pas par être lucides ?

      • Oui, René, mais je pense, sans pour autant préférer conforter le « petit troupeau » des fidèles, qu’il vaut mieux mettre en avant les « signes d’espérance » plutôt que de s’exaspérer des raisons de la crise.

        • Je n’interdis à personne de se faire une spécialité des « signes d’espérance »… Mais enfin, c’est comme le discours sur l’Eglise qui aurait besoin de sainteté plus que de réformes.

          • Je pense en effet que l’Eglise a surtout besoin de sainteté, ce qui n’exclut en rien des réformes de l’Eglise « semper reformanda ».
            Du reste, les saints ont bien souvent été des réformateurs !
            Que chacun prenne sa part et que nous « soyons toujours prêt à rendre compte de l’espérance qui est en nous », comme dit St Pierre (1 Pierre 3, 15)
            « Le christianisme authentique tient en horreur le pessimisme d’inertie » (Maritain)

          • L’Eglise semble toujours avoir 200 ans de retard

            « Le cardinal Carlo Maria Martini, l’une des grandes voix de l’Église du XXe siècle, dans la dernière interview donnée avant sa mort, se demandait ainsi pourquoi l’Église catholique semblait toujours avoir 200 ans de retard. Était-ce de la lâcheté, du manque de courage qui expliquait cette lenteur à bouger, s’interrogeait-il, avant de conclure par cet étonnant constat : « Seul l’amour vainc la lassitude. » Lassitude devant toutes les dérives, mensonges, vices, manquements, retards, faiblesses dont nous sommes témoins dans l’Église. » (Isabelle de Gaulmyn, « Pour 2020 … aimer l’Eglise », 4/1/2020, voir ci-dessous)
            https://religion-gaulmyn.blogs.la-croix.com/pour-2020-aimer-leglise/2020/01/04/#_ga=2.154591675.2024819870.1578160089-311258249.1564060386

  • J’ai lu et relu ce livre remarquable !
    J’en ai souligné des pages entières, exemple:
    « Si Adam et Ève relèvent bien d’un mythe et non d’une existence historique, il y a comme un malaise. Pas d’Adam et Ève, pas de péché originel, donc pas de Christ rédempteur qui est tout de même au cœur de la foi chrétienne. »

    • Peut-on imaginer un quelque descendant d’australopithèque se prendre pour Dieu ? Comment en paléontologie situer l’Eden alors que nos recherches sur les fossiles n’ont rien révélé à ce sujet bien que ces recherches soient devenues très avancées ? A mon avis c’est par le développement de sa conscience que Homo Sapiens a découvert, par une sorte d’idéation transcendantale qu’il était un être inaccompli. Telle est semble-t-il l’origine d’un état, d’une faute, qui concerne la totalité du Genre humain. Dire que le Christ est mort sur la Croix pour expier les péchés du Monde et sauver tous les hommes est un contre-sens. Ce n’est pas une vérité première. Le supplice de la Croix et la Résurrection constituent un profond mystère. Par contre ce qui est demandé au chrétien est de s’associer aux souffrances de Jésus et de participer à la Rédemption, non par pure expiation mais par Amour. Non pas expier mais traverser pour vaincre !!

  • Merci René pour ce livre qui synthétise bon nombre d’articles que vous avez écrit sur votre blog depuis 10 ans. Et vous vous adressez à la fois à votre Eglise, à vos frères chrétiens et à la société dans laquelle vous vivez. Qu’il y ait des personnes qui s’y retrouvent avec ce que vous écrivez et aussi des détracteurs est bon signe car vous avez atteint votre objectif d’engager la discussion dans une Eglise qui n’a pas la culture du débat et aussi d’interpeller nos contemporains, sachant que nous avons quitté l’ère de la chrétienté. J’ai programmé la recension de votre livre dans deux revues différentes.

    • Merci Georges. Mon seul regret – qui ne s’accompagne, hélas, d’aucune surprise – (je viens de compléter mon billet en ce sens) est de n’être pas parvenu à percer le plafond de verre des médias non-confessionnels. En sorte que mon interpellation de la société dans laquelle je vis – troisième partie du livre – reste en fait, en partie théorique. Cela semble donner raison à ceux des catholiques qui nous reprochent – nous accusent ? – de nous épuiser à vouloir dialoguer avec une société qui, de toute manière, n’a pas la moindre envie de nous écouter. Vox clamans in desertum !

  • Lit-on seulement le Pape François ? Quand je vois ou j’entends certaines réactions le concernant ( y compris chez des cathos pratiquants), je m’interroge…..sur le troupeau et son avenir….Lui aussi semble un peu une voix qui crie dans le désert….. J’ai trouvé remarquable sa dernière allocution lors des voeux à la curie romaine….et elle dit tout, tout de ce que doit être le mouvement et aussi des lignes de fracture qui traverse l’Eglise catholique.
    Je me permets d’en retranscrire quelques lignes significatives.. :

    « Le changement est une conversion, c’est-à-dire une transformation intérieure. La vie chrétienne réelle est un cheminement, un pèlerinage. L’histoire biblique est tout un cheminement marqué par des commencements et de nouveaux départs ; comme pour Abraham ; comme pour tous ceux qui, il y a deux mille ans en Galilée, se mirent en chemin pour suivre Jésus : « Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent » (Luc 5, 11). Depuis, l’histoire du peuple de Dieu – l’histoire de l’Eglise – est toujours marquée de départs, de déplacements, de changements. Le chemin, évidemment, n’est pas purement géographique, mais il est avant tout symbolique : c’est une invitation à découvrir le mouvement du cœur qui, paradoxalement, a besoin de sortir pour pouvoir rester, de changer pour pouvoir être fidèle.
    Tout ceci a une importance particulière en notre époque, parce que ce temps que nous vivons n’est pas seulement une époque de changements, mais un véritable changement d’époque. Nous sommes donc dans l’un de ces moments où les changements ne sont plus linéaires, mais d’époque ; ils constituent des choix qui transforment rapidement notre mode de vivre, de tisser des relations, de communiquer et de penser, de se comporter entre générations humaines et de comprendre et vivre la foi et la science. Il arrive souvent de vivre le changement en se limitant à revêtir un vêtement nouveau et à rester, en fait, comme on était avant. Je me rappelle de l’expression énigmatique qu’on lit dans un célèbre roman italien : « Si nous voulons que tout reste tel quel, il faut que tout change » (Il Gattopardo de Giuseppe Tomasi di Lampedusa) (…)
    Le comportement sain est plutôt celui de se laisser interroger par les défis du temps présent et de les saisir grâce aux vertus de discernement, de parrhésie et d’hypomoné. Le changement, dans ce cas, assumerait un tout autre aspect : d’élément de contour, de contexte ou de prétexte, de paysage extérieur…, il deviendrait toujours plus humain et aussi plus chrétien. Il serait toujours un changement extérieur, mais accompli à partir du centre même de l’homme, c’est-à-dire une conversion anthropologique. (…)
    Faire appel à la mémoire ne veut pas dire s’ancrer dans l’auto-conservation, mais plutôt rappeler la vie et la vitalité d’un parcours en continuel développement. La mémoire n’est pas statique, mais elle est dynamique. Elle requiert, par nature, le mouvement. Et la tradition n’est pas statique, elle est dynamique, la tradition est la garantie du futur et non pas la gardienne des cendres…(…)
    Nous ne sommes plus en chrétienté, nous ne le sommes plus ! Nous ne sommes plus les seuls aujourd’hui à produire la culture, ni les premiers, ni les plus écoutés. Par conséquent, nous avons besoin d’un changement de mentalité pastorale, ce qui ne veut pas dire passer à une pastorale relativiste. Nous ne sommes plus dans un régime de chrétienté parce que la foi – spécialement en Europe, mais aussi dans une grande partie de l’Occident – ne constitue plus un présupposé évident du vivre-ensemble ; pire elle est souvent même niée, raillée, marginalisée et ridiculisée. Je pense à cinq pays qui avaient rempli le monde de missionnaires : aujourd’hui ils n’ont pas de ressources vocationnelles pour aller de l’avant. Et c’est le monde actuel.
    Chers frères et sœurs, il s’agit donc de grands défis et d’équilibres nécessaires, souvent pas faciles à réaliser, pour le simple fait que, dans la tension entre un passé glorieux et un futur créatif et en mouvement, il y a le présent où se trouvent des personnes qui, nécessairement, ont besoin de temps pour acquérir la maturité ; il y a des circonstances historiques à gérer dans la quotidienneté, parce que, durant la réforme, le monde et les évènements ne s’arrêtent pas ; il y a des questions juridiques et institutionnelles qui seront résolues graduellement, sans formules magiques ou raccourcis.
    Enfin, il y a la dimension du temps et il y a l’erreur humaine, avec lesquelles il n’est pas possible ni juste de ne pas faire face parce qu’elles font partie de l’histoire de chacun. Ne pas en tenir compte signifie faire les choses en faisant abstraction de l’histoire des hommes. Liée à ce difficile processus historique, il y a toujours la tentation de se replier sur le passé (même en usant de formulations nouvelles), car plus rassurant, connu et, sûrement, moins conflictuel. Cela aussi fait cependant partie du processus et du risque d’engager des changements significatifs.
    Il faut mettre ici en garde contre la tentation de prendre une attitude de rigidité. La rigidité qui naît de la peur du changement et qui finit par disséminer des obstacles sur le terrain du bien commun, en le transformant en champ miné d’incommunicabilité et de haine. Rappelons-nous toujours que derrière toute rigidité se trouve un certain déséquilibre. La rigidité et le déséquilibre s’alimentent mutuellement dans un cercle vicieux. Et aujourd’hui, cette tentation de la rigidité est devenue trop actuelle.
    Le cardinal Martini, dans sa dernière interview, à quelques jours de sa mort, a dit des paroles qui doivent nous interroger : « L’Eglise est restée en arrière de deux cents ans. Comment se fait-il qu’elle ne se secoue pas ? Avons-nous peur ? Peur au lieu du courage ? De toute façon, la foi est le fondement de l’Eglise. La foi, la confiance, le courage. […] Seul l’amour vainc la lassitude »

        • Il faut demander au Pape François !
          J’avoue que j’ai moi aussi cherché sur internet…
          La parrhésia, c’est l’assurance, le franc -parler.
          L’hypomoné, c’est l’endurance, la persévérance.
          « Ne perdez pas votre assurance ; grâce à elle, vous serez largement récompensés.
          Car l’endurance vous est nécessaire pour accomplir la volonté de Dieu et obtenir ainsi la réalisation des promesses. »
          (Hébreux 10, 35-36)

  • La réponse est le malheur de la question dit un vieil aphorisme rabbinique .Je crois que l’on peut expliquer les critiques institutionnelles de votre livre et notamment celle de cet évêque émérite que vous citez par le fait que l’institution catholique se réfère à l’aphorisme inverse :la question est le malheur de la réponse.
    En effet toute question qui n’est pas induite par la réponse doctrinale érigée en absolu y compris dans sa forme , est percue comme illégitime . Ce qui explique que le fossé qui s’agrandit de plus en plus entre les fidèles et l’institution ne puisse être pensé par cette dernière que comme une apostasie .

    Or votre livre a l’immense mérite à mes yeux de nommer les questions sans a priori ni tabou , que se posent aujourd’hui tant les fidèles que les « honnêtes hommes  » . Nous le savons tous Socrate a été condamné non parce qu’il enfreignait la norme mais parce qu’il osait seulement la questionner .
    De plus à aucun moment votre livre ne met en cause ce qui se vit toujours et heureusement dans l’Église en pleine conformité avec les conseils évangéliques , que nous sommes nombreux à constater et à tenter d’y prendre part .Mais cela ne disqualifie aucunement la légitimité d’un questionnement intellectuellement honnête comme le vôtre .
    Bien sûr , j’aurais aimé que votre questionnement s’étende jusqu’à celui de la forme féodale actuelle de l’institution qui me semble constituer le verrou principal de l’isolement dans lequel est enfermé le magistère .Mais ce n’est qu’une analyse personnelle .
    Enfin je me réjouis que vous ayez programmé trois déplacements en Bretagne ce qui nous permettra j’espere une rencontre moins virtuelle que via ce blog .

    • « Quand on pose des questions, on n’obtient que des réponses » disait le psychiatre psychanalyste Michael Balint.

      • Eh oui , Michel. Quand on se pose des questions on n’obtient que des réponses qui engendrent d’autres questions .On entre ainsi dans une dynamique qui permet à l’expression de la foi de rester en lien avec la réalité vécue . Méthode imparfaite sans doute , mais plus féconde que de figer l’expression de la foi dans un discours faisant appel à des concepts abstraits et anachroniques en s’illusionnant sur sa capacité à décrypter la réalité, à faire sens aujourd’hui et à susciter l’adhésion des fidèles sensés devoir y conformer leur vie .Vous aurez compris que si j’adhère au contenu de la foi de l’Église, je crois que le cadre et la forme de son expression constituent aujourd’hui des obstacles à son témoignage comme à sa transmission . Le discours ecclésial voile Dieu plus qu’il ne le révèle .
        Sauf à décréter que c’est le peuple de Dieu tout entier qui apostasie et se réfugier dans un repli identitaire favorable aux dérives sectaires, questionner le discours de l’église est d’abord une preuve d’amour envers l’Église.

        • C’est à dessein que j’ai placé en exergue de la première partie de mon livre cette réflexion de mon ami le fr André Gouzes op., extraire de son livre : Une Eglise condman&e à renaître :

          « Il faudrait d’abord que les gens apeurés comprennent, et il y en a beaucoup trop dans l’institution, que toutes les questions que les chrétiens se posent sur l’Église ne sont pas posées contre l’Église, mais elles le sont dans l’Église et pour l’Église, parce que nous l’aimons assez pour oser poser des questions et nous remettre en question. »

        • Questionner est sain, c’est un signe de vitalité. Et se replier est un signe de peur et de frilosité. Il suffit de penser à St François d’Assise, à St Jean XXIII et les oppositions, les suspiçions dont ils ont fait l’objet en leur temps.
          L’Eglise (institutionnelle) a toujours un train de retard. Cela tient je pense pour beaucoup à sa structure féodale pas du tout adaptée à l’évolution, à la vitalité spirituelle qui devrait venir d’en haut alors que c’est souvent l’inverse qui se passe. Beaucoup sont déconnectés à commencer par la curie romaine et certains épiscopats.
          Il nous faudrait quelqu’un qui ait le courage de secouer réellement les choses. Je crois qu’on en est loin. Et même ceux qui essaient, il y a trop de résistances.
          Le pape françois aura essayé un peu mais j’entends dire qu’il est sur le départ peut être en 2020. Dommage.

          Après il faut être conscient qu’une part du rejet ne provient pas spéçialement de l’Eglise mais du rejet de Dieu, de toute forme de spiritualité perçue comme aliénante car se référant au divin (quelque soit les religions, le protestantisme classique n’est pas mieux loti que le catholicisme) , du matérialisme. Ce que je veux dire c’est que les causes sont évidemment multiples et complexes.

        • Ce que voulait dire Balint, qui s’adressait à des médecins, c’est que quand on pose des questions on enferme dans des réponses et que l’écoute du patient doit être ouverte.
          Il me semble que cela rejoignait l’aphorisme rabbinique que vous citiez : « La réponse est le malheur de la question ».
          Mais bien entendu, je ne suis pas hostile aux questionnements, tout au contraire cela me paraît fécond.
          L’expression de la foi de l’Eglise que vous considérez comme figée vient elle-même de questionnements au cours des premiers Conciles œcuméniques.
          C’est ce que Newman appelait le développement du dogme.

          • le développement du dogme…Très intéressant….Mais certain diront que c’est aussi antinomique que catholique en liberté ^^ ……Evidemment c’est plus complexe. Merci d’avoir partagé cette expression.
            C’est un peu comme le fides qua et le fides quae de St Augustin. La foi à laquelle on croit et la foi par laquelle on croit. Deux choses différentes qui pourtant sont censées s’alimenter l’une l’autre?

          • A Michel .Le développement du dogme est une habile trouvaille pour donner une apparence de continuité à des changements non seulement dans les formes d’expression de la foi , mais aussi des revirements dans son contenu .(ex:immaculée conception) .Ce concept de développement continu du dogme relève de l’idéologie religieuse.

          • Guy, vous êtes toujours dans le soupçon… n’est-ce pas vous qui vous enfermez dans ce que vous dénoncez quand vous mettez en cause le développement du dogme relève de l’idéologie religieuse ?

  • A René
    Le seul point de divergence que je pourrais avoir avec vous est la question suivante : Est il encore possible de poser des questions dans le cadre actuel vu sa fossilisation ?
    A lire votre livre, vous croyez cela encore possible .
    J’ai tendance à penser que la logique même de ce système féodal ne permet pas qu’il entende et tienne compte des questions que vous posez dans la deuxième partie de votre livre .
    Ce système me semble condamné à tenir en permanence un double discours :faire semblant de prendre en compte les questions d’aujourd’hui pour leur toujours apporter les réponses doctrinalement figées. Ce que fait avec virtuosité mon évêque Ornellas sur la bioéthique.

    Il sera intéressant de suivre les suites qui seront données au synode des évêques Allemands qui ose poser les questions (homosexualité, actes des femmes au sacerdoce ….)
    Si comme je le crains le Vatican siffle la fin de la récréation et les renvoie à leurs chères études nous pourrons constater que le système est irréformable .Si au contraire ils créent une brèche qui permettra au système d’évoluer alors notre espérance n’est pas vaine .

    • … d’Ornellas des réponses doctrinalement figées ? Ce sont vos lunettes, me semble-t-il plutôt, qui vous font tout voir à travers un prisme déformant.

      Quant aux questions qui vous paraissent essentielles (homosexualité, accès des femmes au sacerdoce), il ne faudrait pas faire une fixette là-dessus, je ne suis pas sûr que ces questions soient les questions prioritaires attendues par notre monde aujourd’hui !

      • Je ne sais pas comment mon nom est devenu ir eun !
        Je ne me cache pas derrière des pseudos, j’assume ce que j’écris, donc merci de rectifier.
        Michel de Guibert

        • Je m’étonnais également de l’irruption soudaine de ce pseudonyme. Mais si je puis le voir, en tant qu’observateur, il m’est difficile de le corriger. Tout au plus pourrais-je à l’avenir, rectifier en ouverture du papier, éventuellement.

      • A ir eun
        1) Je prends suffisamment au sérieux les propos de mon évêque pour les écouter et les lire attentivement et en faire une analyse rigoureuse . Sous une apparence certes ouverte , le fond n’est qu’une expression de la doctrine intangible du magistère (Ce que je ne saurai lui reprocher , il fait juste son job) .Ainsi dans le cycle de conference qu’il a donné en Décembre dernier à Rennes en matière de bioéthique sa définition de la science et de la technique médicale non contextualisee , appréhendée comme une fin en soi indépendamment de sa finalité n’aurait pas deparee au procès de Galilée .
        2) D’accord avec vous les positions du magistère sur l’homosexualité et le sacerdoce obligatoirement masculin ne sont pas les questions fondamentales de la foi .Mais elles sont révélatrices de l’anthropologie fausse et de la conception pervertie de la sexualité humaine sur lesquelles reposent les positions doctrinales .

    • en effet je pense comme vous qu’il faut suivre avec attention la suite et les développements du synode des évêques allemands. Et la manière dont Rome se positionnera, avec les termes diplomatiques ou jésusitiques qui vont ou non avec…dans un sens ou dans l’autre. Il me semble à moi que le fait même que se tienne un synode allemand sur ces questions (sans qu’il y ait d’énormes protestations du vatican) est déjà une avancée en soi. A suivre…Et tout dépendra aussi du prochain locataire du vatican si le pape françois venait à renoncer à sa charge. Je ne sais pas si c’est vrai mais apparemment possible ou probable selon certains journalistes.

      • A Marie Do
        Passer du « ferme ta gueule  » à « cause toujours » n’est pas de mon point de vue une posture qui permet de progresser concrètement .Oui attendons la manière dont seront « reçues  » par le magistère central les conclusions du synode des évêques Allemands..

        • Je serais moins sévère… ou plus précis. C’est peut-être le dogme lui-même qui, dans votre pensée, procède de l’idéologie religieuse, plus que son « développement continu » qui a, au moins, le mérite, de ne pas figer les choses pour l’éternité. Reste posée la question du dogme en tant que telle. Peu de religions y échappent. Comment assurer l’unité d’une communauté de croyants si l’on ne pose pas quelques vérités non-négociables ? Pour moi la question, au moins intellectuellement, reste ouverte ! Autre chose est ce que j’appelle, personnellement, le dogmatisme c’est-à-dire cette propension à élever au rang de dogme, pour la faire échapper à la contestation, toute croyance que l’on veut imposer aux fidèles, même parmi les moins bien assurées… et les plus contestables !

          • A René Si je rejette le dogmatisme j’adhère aux dogmes qui n’ont pas seulement l’avantage de contribuer à la fabrication de l’unité , mais aussi de résumer de manière simple la foi de l’Église. Par contre la théorie du développement continu fait semblant d’ignorer que l’expression de la foi de l’Église a tenu compte de contextes historiques et sociologiques pour s’y adapter et qu’il s’agit de justifier a posteriori une cohérence fabriquée . Enfin les dogmes de « circonstance « (immaculée conception , assomption de la vierge et infaillibilité pontificale n’ont aucune base scripturaire et relèvent d’un dogmatisme contreproductive dans le témoignage de la foi .

          • Je ne suis pas loin de vous rejoindre, Guy, concernant les proclamations dogmatiques latines récentes.
            L’Immaculée Conception a fait l’objet de controverses théologiques au Moyen-Age et après…
            Le cardinal Newman était lui-même critique sur le dogme de l’infaillibilité pontificale…
            L’Assomption de Marie pose à mon sens moins de difficultés (Dormition chez les orthodoxes).
            Ne jetez pas l’eau du bain pour autant ; il y a bien eu un développement du dogme lors des grands conciles œcuméniques christologiques des 4ème et 5ème siècles.

          • Sur ce point du dogme, je pense que l’on peut faire un tour par le concept mathématique d’axiome (https://fr.wikipedia.org/wiki/Axiome).

            Un axiome est par nature non démontré, et sert de fondement à un raisonnement ou une théorie (ex: axiome des parallèles – 5eme postulat d’Euclide).
            Un axiome soutient tout un groupe d’idée, l’axiome (le dogme) le plus évident pour les Chrétiens est la résurrection du Christ (St Paul déjà s’aperçoit que sans ça, tout tombe).

            Sur les axiomes on construit des « Théories » (=la doctrine). Les théories sont par construction conforme à une axiomatique, mais elles ne sont pas forcément vraies ou complètes.
            Par exemple : la théorie de la gravité à été complétée par la théorie de la relativité. Ce qui ne veut pas dire que Newton était un menteur ou un idiot, la théorie de la gravité est simplement incomplète car elle ne s’applique qu’au contextes de corps se déplaçant à de faibles vitesses.

            En science, tout ça ne pose pas trop de soucis – on pourrait presque parler d’herméneutique de la continuité scientifique.
            Le risque en Eglise, c’est de prendre des théories pour des axiomes, par le piège de la « tradition » : croire que, puisqu’une théorie est tenue pour vraie depuis longtemps (ex : assomption de Marie) on peut en faire un dogme. Or une théorie ne devient jamais un axiome, pas plus qu’une doctrine ou une idée ne devrait pouvoir devenir un dogme !

            D’où je distingue des « dogmes axiomatiques » (contenus dans le kérygme : Jésus Christ, fils de Dieu, mort et ressuscité qui nous appelle à le suivre), et ce que je peux au mieux qualifier de « dogme théorique » (oxymore), par ex : Théotokos, Infaillibilité pontificale, Transsubstantiation. Cela ne m’interdit pas d’y adhérer et de m’en « servir » (comme un physicien peut se servir de la gravité en la sachant incomplète), mais cela invite à limiter leur usage lorsqu’ils montrent leurs limites.

          • Pour ce qui concerne la « Théotokos » (Marie, Mère de Dieu), il ne s’agit pas d’un dogme marial, mais bien d’un dogme christologique, faisant partie du kérygme, défini au Concile d’Ephèse en 431 pour dire que si Marie est la mère de l’homme Jésus on peut dire qu’elle est aussi la mère de Dieu, les deux natures du Christ étant unies en sa personne et inséparables.

          • Non, René, il ne s’adresse pas à vous, il s’adressait à Emmanuel (cf. son commentaire au-dessus du mien)

          • @Michel : certes, faire de Marie la « Théotokos » peut se justifier historiquement, mais j’ai tout de même du mal à l’intégrer dans mon axiomatique puisqu’il ne me semble ni indispensable, ni porteur de beaucoup de développements théoriques.

            Il me semble qu’il devrait y avoir un principe d’économie dans la dogmatique : seul ce qui est indispensable devrait y figurer.

          • Emmanuel, je ne pense pas que les débats christologiques des premiers Conciles œcuméniques (Nicée, Constantinople, Éphèse, Chalcédoine) soient superfétatoires.

  • Raiph Waldo Emerson a écrit: « N’allez pas là où le chemin peut mener. Allez là où il n’y a pas de chemin et laissez une trace »
    Symboliquement le chemin représente un dogmatisme rigide qui emprisonne la conscience au lieu de l’épanouir. Mais la nature humaine est paradoxale dans la mesure où l’être humain a besoin de repères. Ces fameux « dogmes de circonstance » ont en fait pour moi le moyen de rendre plus cohérent ce que nous pouvons comprendre du Christianisme. Ainsi l’Assomption est un des quatre piliers sur lequel il repose. Les textes bibliques font apparaitre les quatre éléments symboliques: Air, Eau, Feu, Terre. L’Assomption est un accomplissement dans la Jérusalem céleste et non un simple fait historique qui d’ailleurs est contestable dans sa description. L’Immaculée conception est une réalité de nature métaphysique qui rend cohérent l’alliance du manifesté et du non manifesté. Marie, en fait, ne porte pas en elle le péché du Monde comme nous l’avons nous dans notre condition et notre conscience.

  • Te lire, mon cher René, est toujours stimulant. Et faire travailler l’esprit, cela s’appelle la spiritualité. Merci à toi.

  • On peut aussi se préoccuper au sujet du Chemin de ce qu’a dit quelqu’un d’autre:
    Je suis le Chemin la Vérité et la Vie » et ne pas se préoccuper de l’éventuelle trace laissée par nos propos,,non?

      • Si vous voulez citer Camus, ne le sortez pas de son contexte :

        « On veut s’informer vite, au lieu d’informer bien. La vérité n’y gagne pas.[…] Une chose au moins est évidente, l’information telle qu’elle est fournie aujourd’hui aux journaux, et telle que ceux-ci l’utilisent, ne peut se passer d’un commentaire critique. C’est la formule à laquelle pourrait tendre la presse dans son ensemble.
        D’une part, le journaliste peut aider à la compréhension des nouvelles par un ensemble de remarques qui donnent leur portée exacte à des informations dont ni la source ni l’intention ne sont toujours évidentes. Il peut, par exemple, rapprocher dans sa mise en pages des dépêches qui se contredisent et les mettre en doute l’une par l’autre. Il peut éclairer le public sur la probabilité qu’il est convenable d’attacher à telle information, sachant qu’elle émane de telle agence ou de tel bureau à l’étranger. […] Il revient au journaliste, mieux renseigné que le public, de lui présenter, avec le maximum de réserves, des informations dont il connaît bien la précarité. […]
        Il est un autre apport du journaliste au public. Il réside dans le commentaire politique et moral de l’actualité. En face des forces désordonnées de l’histoire, dont les informations sont le reflet, il peut être bon de noter, au jour le jour, la réflexion d’un esprit ou les observations communes de plusieurs esprits. Mais cela ne peut pas se faire sans scrupules, sans distance et sans une certaine idée de la relativité. Certes, le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. Et même, si l’on a commencé de comprendre ce que nous essayons de faire dans ce journal, l’un ne s’entend pas sans l’autre. Mais, ici comme ailleurs, il y a un ton à trouver, sans quoi tout est dévalorisé. »

        Albert CAMUS, « Actuelles I, Le journalisme critique » Combat, 8 septembre 1944) édit. La Pléiade, Gallimard, p. 266

  • La « parrhèsia » m’est constitutive mais « l’hyponomi » ne l’est pas… Je souhaite que la lecture de ton livre (à demi lu) m’aide à la faire surgir ?
    En ce temps de confinement cette lecture me réjouit !
    Je me suis éloignée il y a longtemps de toutes pratiques religieuse … tout en conservant une petite bougie allumée et vacillante.
    Allumée par les pensées de mon éducation à St AFF . Dogmatique à Jeanne d’Arc et souvent confortée par ma chère maman, mais aussi vacillante par les discussions que j’avais avec mon père , qui lui « doutait » .
    Ma vie a fait que ma foi a été beaucoup plus vacillante qu’allumée !
    La lecture de ton livre me nourrit d’un bouffée d’oxygène qui peut-être ravivera la flamme ?
    Merci et peut-être à bientôt à St aff . Portez-vous bien toi et tous les tiens. Et bravo la LIBERTE !
    PS : la lecture de ton blog enrichit mon vocabulaire

    • Merci Clotilde. Je t’offre ces quelques lignes de Marguerite Yourcenar dans l’Œuvre au noir qui, à un moment de ma vie m’a sans doute empêché de totalement désespérer de mon Eglise. « Peut-être (Dieu) n’est-il dans nos mains qu’une petite flamme qu’il dépend de nous d’alimenter et de ne pas laisser s’éteindre. (…) Combien de malheureux qu’indigne la notion de son omnipotence accourraient du fond de leur détresse si on leur demandait de venir en aide à la faiblesse de Dieu. »

      • On peut aussi relire :L’humilité de Dieu  » et « La souffrance de Dieu » de François Varillon .

        • Merci à René et à Guy pour vos conseils de lecture . Ce long moment de « vacances » est pour moi le moment propice pour me « nourrir » autrement.
          « Vacances » : pour sens: « être libre » « Inoccupé » « vacant »

          Bonne journée à vous .

Comments are closed.