Jésus, l’éternel retour

Jésus, l’éternel retour

Jésus – le magazine – petit un bijou éditorial, renvoie chacun à sa liberté face au mystère du Nazaréen. 

Cet article a également été publié sur le site chrétien Aleteia, que je remercie de son hospitalité.

«Au secours, Jésus revient !» titrait Libé en “une“ il y a tout juste un an. Prophétie autoréalisatrice dont se seraient sans doute bien passés les journalistes du quotidien. Mais à trop invoquer le diable (oh, pardon : le Bon Dieu) il finit par se manifester. Les encyclopédies consacrées au Nazaréen (Bayard, Albin Michel) fleurissent chez les libraires à la veille des fêtes. (1) Le spectacle de Pascal Obispo continue de faire le plein au Palais des Sports de Paris avant de partir en tournée début 2018. Et ce jeudi 30 novembre Jésus – le magazine fait une glorieuse apparition chez les marchands de journaux et les librairies, à travers toute la France. (2)

Et vous, qui dites-vous que je suis ? 

Si l’existence historique de Jésus semble ne plus faire débat parmi les spécialistes, il existe néanmoins, en Normandie, un village d’irréductibles gaulois d’où Michel Onfray prêche sans relâche, avec la foi du converti, la “grande imposture“. Une voix qui ne crie pas tout à fait dans le désert puisqu’un sondage de 2006 réalisé pour l’hebdomadaire la Vie nous apprenait que la croyance en cette possible non-existence de Jésus était tout de même partagée par… 16% des catholiques déclarés ! Un ange passe ! (3)

Beaucoup, dont je suis, se réjouissent de la liberté aujourd’hui reconnue à chacun de décider en son âme et conscience si ce Jésus qui continue de fasciner par sa destinée unique dans l’histoire de l’humanité, est finalement un homme comme les autres, un doux rêveur, un sage, un prophète, un insoumis… ou le Fils de Dieu tel que le reconnaissent et le proclament deux milliards de croyants à travers le monde. Une autre manière de dire que Jésus n’appartient pas aux seuls chrétiens et que la question posée à ses disciples : «Et vous qui dites-vous que je suis ?» vaut pour tous les humains, aujourd’hui comme hier, et ne constitue en rien une entrave à la laïcité !

Laisser à chacun la liberté de se réinterroger

Le parti pris de Pascal Obispo et de l’équipe des Editions Première Partie, est d’avoir volontairement conçu ce magazine «hors les murs» des Eglises instituées, afin de rejoindre les “périphéries“. Non pour y apporter sournoisement une parole formatée ou prosélyte, mais pour rendre à chacun la liberté, le désir de se réinterroger, hors de tout regard extérieur. «Avec ce magazine, écrivent-ils, nous avouons que Jésus est une idole pas seulement religieuse, mais aussi culturelle et populaire. Qu’ils soient médecins, chefs cuisiniers, sociologues, sportifs, musiciens, grands reporters, tous les intervenants de la revue brillent dans leur domaine. Ils nous parlent du Nazaréen selon des modalités très différentes parfois, comme un inspirateur de leur vie, un guide, quelqu’un qui les conforte dans des choix ou tout simplement les amuse. Un homme aussi qui, parfois, se glisse dans les coulisses du cœur et de l’esprit. Et ça, faut le lire pour le croire.»

Via les smartphones : un pèlerinage virtuel sur les pas de Jésus

Depuis les «obligés» Frédéric Lenoir, Mary Pierce ou Xavier Emmanuelli jusqu’à des inconnus… de sœur Agathe confiant “J’ai épousé Jésus“ au frère Benjamin confessant “J’ai épousé Jésus, moi aussi !“ ; de la question des relations de Jésus avec les femmes aux “athlètes dopés par Jésus“ ou à “Jésus et la téloche“ ; d’une présentation quantifiée des sources dont nous disposons à son propos à la réfutation de neuf idées fausses le concernant ; des pages mode où une créatrice a choisi d’habiller quelques apôtres à la recette d’un taboulé galiléen ; de la galerie des portraits possibles de l’homme Jésus à la multitude des représentations de la Cène dans la peinture ; de la rubrique shopping à l’aventure d’un pélerinage virtuel sur ses pas grâce au smartphone… le magazine déborde d’imagination et “décoiffe grave“.

Des Jésus fleurissent aux quatre coins du monde (P.Obispo)

Alors, faut-il en conclure que “Jésus revient“ ? Oui, comme souvent depuis deux mille ans ! A Libération qui s’en alarmait voici un an, dans un contexte de campagne présidentielle, je répondais alors sur ma page Facebook : «Jésus revient, régulièrement, auprès des migrants et des réfugiés, des prisonniers, des malades dans les hôpitaux, des personnes en détresse, des mères qui élèvent seules leurs enfants, des jeunes jetés à la rue à cause de leur homosexualité… Il revient à travers les peuples du tiers monde qui se battent pour leur survie et leur dignité, à travers tous ceux qui se mobilisent pour plus de justice sociale et de fraternité, tous les militants qui entendent sauver la planète en instaurant de nouveaux modes de vie plus sobres comme à travers les citoyens de tous bords qui, aujourd’hui, veulent défendre une idée du Bien commun…»

Pascal Obispo écrit dans le même esprit : «Des Jésus fleurissent aux quatre coins du monde. Il y en a qui se lèvent face à l’exclusion sociale. D‘autres qui se battent pour les démunis sans rien demander en retour. Quel sujet pouvait être plus moderne ?»

Dieu est Dieu… et l’homme est son prophète. 

Les lois du marché sont telles que l’équipe à l’initiative de cette réalisation a quinze jours pour que Jésus-le magazine trouve son public. Si le succès était au rendez-vous – quelques dizaines de milliers d’exemplaires vendus – l’idée court déjà d’une suite possible… avec un Jésus 2, donc !

Dans son “Jésus II“ à lui où il raconte le retour sur terre du Galiléen –  comme Dostoiewski dans la Légende du Grand Inquisiteur –  Joseph Delteil imaginait en 1947 ce dialogue entre le Christ et le pape auquel il rendait visite au Vatican : (4)

– Dieu seul est Dieu dit le pape !

– Et l’homme est son prophète s’écria Jésus.

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  1. Jésus l’encyclopédie. Ouvrage collectif  sous la direction de Mgr Joseph Doré, coordination Christine Pedotti. Albin Michel, 49,50 €. Jésus une encyclopédie contemporaine. Ouvrage collectif. Bayard, 45 €.
  2. Jésus, 130 p. 10 €
  3. Dans la présentation du sondage qui est faite en p.17 du magazine, les chiffres avancés sont présentés comme exprimant le point de vue des «croyants» (et non de l’ensemble des Français) alors qu’ils concernent en fait les seuls catholiques…
  4. Jospeh Delteil, Jésus II, œuvres complètes, Grasset, p.527

 

 

18 comments

  • Il y a un excellent sketch de Raymond Devos sur ce sujet… Mais je reste sur la réaction d’une lycéenne, au cours d’une messe de Noël, et qui posait une question saugrenue lorsque fut prononcée la formule rituelle : « Tu étais mort, tu es ressuscité, tu es vivant. Nous attendons ta venue dans la gloire ! » Alors, j’entendis une petite voix dire discrètement à sa voisine : « alors, il est vivant ou il est mort ? ». Je ne suis pas intervenu, nous étions pendant la messe ! Mais, le moment de la réponse était passé et je n’ai pas retrouvé cette lycéenne à la sortie…Peut-être était-ce préférable.
    Notre religion est une religion de témoignage d’Amour et non de prosélytisme. Cette abondance de littérature dessert la « cause du Christ » devenu objet de commerce. Un objet, peut être jeté à la poubelle, une fois sa fonction remplie, ou conservé dans un musée.
    Je préfère ce que dit Maurice Zundel à ce sujet : Dieu est toujours présent, c’est nous qui ne le sommes pas. Si on avait été présent, si nous avions été Christ les uns pour les autres, comme nous l’ont si bien montré Etty Hillesum, mère Theresa, le Dr Schweitzer…et bien d’autres, je pense que le grand Schisme n’aurait pas eu lieu, Martin Luther n’aurait pas eu de raison de se révolter, Karl Marx n’aurait pas eu besoin de se scandaliser, et le marxisme n’aurait pas exister, Gandhi n’aurait pas eu besoin de jeûner, le pape François n’aurait pas eu besoin de parler pour ceux qui habitent la périphérie, et peut-être même qu’il n’y aurait pas eu de périphérie, car l’Église aurait été constituée de tous les habitants de cette terre et d’autres planètes…
    « Vingt siècle de christianisme ont fait de nous des déistes accessoirement trinitaires » écrit Mgr Rouet dans son livre « J’aimerais vous dire ». Personnellement, je préfèrerais que la pub soit tournée vers ce genre de livre, plutôt que vers ce qui n’est pas forcément inutile mais, bien sûr, plus rentable.

    • Je vous trouve très excessif. Dans un pays où Jésus ne fait même plus référence pour une partie de sa jeunesse, je trouve que cette démarche ouverte est un premier pas intéressant. Votre réflexion, pardonnrz-moi, me fait à penser à un confrère journaliste qui lorsque Pèlerin – où je travaillais – avait soutenu le spectacle sur Jésus de Robert Hossein, était venu m’expliquer que nous aurions mieux fait d’inviter nos lecteurs à aller voir le Soulier de satin de Claudel…

  • Le père Bernard de Boissière, biographe avec France Marie Chauvelot du père Maurice Zundel, rapporte que Maurice Zundel, alors vicaire dans une paroisse suisse, et responsable à ce titre d’un patronage, envoyait ses protégées voir, par exemple « le soulier de satin de Claudel » ! Mais il les revoyait ensuite, et à partir de ce qu’elles avaient compris, développait une catéchèse adaptée à leur entendement. Je n’ai pas encore acheté ce magazine, et compte bien le faire. Je n’ai rien contre « les marchands du temple », ils ont leur utilité, mais je m’insurge contre une exposition médiatique de la reproduction de palabre interminable sur « le sexe des anges » qui trahit le message du Christ depuis 20 siècles.

    Qu’aurais-je du répondre à cette jeune lycéenne posant sa question : « alors, il est vivant ou il est mort ? » : que le petit Jésus était présent sur l’autel et que ce n’était pas le moment de poser ce genre de question évidemment non politiquement correct, ou essayer de lui faire prendre conscience que Jésus est vivant parce qu’Il était ressuscité EN ELLE aujourd’hui, comme hier, comme demain, jusqu’à la fin des temps, si tant est qu’il existe une fin des temps…

    Cher ami, si vous voulez bien permettre à un vieux papy, cette familiarité, être témoin de Jésus, c’est avant tout « revêtir le Christ », selon St Paul : Déjà ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi, souligne-t-il aussi. Si J’affirme qu’Etty Hillesum s’est faite Christ pour les autres, c’est qu’alors que, rendue malade par la vie que les nazies lui imposaient, elle se rendait malgré tout vers ceux qui lui avaient été confiés parce qu’elle ne pouvait pas user pour elle des instants de présence qu’elle leur devait. « Mon Dieu, fais que Ta Lumière ne s’éteigne pas en moi ». On est loin de l’existence et de la non existence de jésus ! ».

    Je n’ai pas lu ce magazine, je le répète, mais vous qui l’avez fait, y a-t-il fait allusions aux dernières avancés exégétiques… par exemple, comme le souligne Anna Soupa qui montre que la confusion entre « côte et coté », dans un environnement patriarcal, a déconsidéré l’image de la femme pour de nombreux siècles, puisque c’est encore à l’ordre du jour et que notre pape, justement dans un livre dont nous avons parlé par ailleurs, essaie d’en sortir malgré les réticences de certains… Comment peut-on dans ce contexte dire « que la sexualité est en nous le rayonnement de la Trinité », comme l’a écrit le père Maurice Zundel grand et fidèle ami du pape Paul VI, en 1938 à Bourdigny. Dans ses catéchèses du mercredi, le St Pape Jean Paul II écrivait : « Dans l’histoire de l’homme, c’est l’innocence originelle qui ouvre cette participation et elle est également la source de la félicité originelle. Comme signe visible, le sacrement se constitue avec l’être humain en tant que corps et par le fait de sa visible masculinité et féminité. Le corps en effet – et seulement lui – est capable de rendre visible ce qui est invisible : le spirituel et le divin. Il a été créé pour transférer dans la réalité visible du monde le mystère caché de toute éternité en Dieu et en être le signe visible… ».

    Ne pensez-vous pas qu’on est loin de l’utilisation ou non de la « capote anglaise » ? Comment peut-on développer une éducation sexuelle actuellement, si on néglige, sous prétexte de tradition, l’enseignement de la théologie du Corps de Jean Paul II ?

    L’Évangile n’est pas une somme de vérités à croire, ce n’est pas un livre d’histoire, inspiré ou non des nombreuses légendes et mythes présents à son époque, ce n’est pas un livre de morale, ce n’est pas un livre de prière. C’est Quelqu’un, qui, ressuscité en nous, nous interpelle personnellement.

    C’est notre façon, à nous intellos, de partager les « talents », au sens évangélique du terme, que nous avons reçus.

    • Merci de ce commentaire que je me garderai bien de… commenter à mon tour. Une simple réponse à votre question concernant le travail exégétique de mon amie Anne Soupa. Non, les initiateurs de ce magazine (qui sont tous chrétiens, appartenant à différentes confessions) ont volontairement exclu de leur démarche toute approche spécifiquement religieuse. Au motif de la multiplicité des « produits » qui existent déjà sur le marché. Moi-même, à l’époque où je dirigeais Pèlerin, avais publié un hors série intitulé 50 clés pour comprendre Jésus.

      Leur idée, qui me semble intéressante, est de partir du constat que Jésus suscite un intérêt spontané, une forme d’attachement humain, même chez des non-croyants, parce qu’il fait partie du patrimoine historique commun de l’humanité, et que permettre à chacun de s’exprimer à son sujet, quelle que soit sa croyance (ce qui signifie que des croyants y ont aussi droit de parole), peut ouvrir le lecteur à une vision renouvelée de la personne de Jésus et pourquoi pas, pour certains, à un chemin de conversion.

  • Le sondage de 2006 est fort intéressant, comme votre remarque sur « l’ange qui passe » qui mérite des nuance, réponse à la question n°1 « selon vous Jésus a-t-il existé? » les réponses sont nuancées (p.3 du sondage CSA) et peuvent aussi être regardés ainsi:
    – 52% des ktos doutent (43 doute modéré, 9 doute majeur),
    – 43% des ktos sont certains (36 il a existé, 7 il n’a pas …) ,
    – 5% ne se prononcent pas.
    Il est dommage que la présentation du sondage dans la revue Jésus n’indique pas, par comparaison, la proportion de français pour chaque catégorie considérée, … notamment pour les ktos (taux variable 44 à 66%!) et pour les sous catégories pratiquants (1.8 à 5%, peu pratiquants, non pratiquants).
    De toute manière, au delà du souci de clarté, l’essentiel est bien la place notable qu’occupe Jésus, au sein des groupes religieux et en dehors d’eux, et que cette place n’échappe pas aux éditeurs, médias, … Une « bonne nouvelle » pour l’avent.

    • Votre lecture, sans être fausse, est tout de même un peu biaisée. Rapprocher les catholiques qui se prononcent pour une « existence probable » de Jésus (43%) de ceux qui la jugent « peu probable » (9%) au motif que les uns et les autres ne sont pas tout à fait sûrs de leur croyance me pose question.

      Pour le reste vous avez raison : il aurait été intéressant de rappeler, dans le magazine, comment l’ensemble des Français, toutes croyances ou non-croyances confondues, se situent par rapport aux quatre affirmations. Pour les lecteurs de ce blogue voici les chiffres : le premier indiquant cette position de l’ensemble des Français, la second entre parenthèses, rappelant la réponse des catholiques. Croient en une existence historique certaine de Jésus : 29% des Français (36% des kotos), en une existence probable : 39% (43%), en une existence peu probable : 11% (14%) enfin en une non-existence : 14% (7%). Ceux qui ne savent pas étant respectivement 7% et (5%).

      Enfin, mais cela ne surprendra personne, la ventilation, au sein même des catholiques déclarés, entre les pratiquants réguliers, les pratiquants irréguliers et les non-pratiquants, donne des résultats croissants pour ce qui est de l’existence historique de Jésus en fonction de l’importance de la pratique.

  • Réjouissons-nous mes frères car selon ce sondage seul un bon tiers de ceux qui se déclarent cathos sont certains de la simple existence historique de Jésus alors qu’historiquement parlant les historiens chrétiens ou pas n’en doutent absolument pas (à l’exception peut -être de monsieur Onfray bien sûr…), et quasiment un « catho » sur deux ne croit qu’en une existence probable. Les résultats de ce sondage sont absolument divins…

    • N’exagérez pas la surprise, cette évolution ne date pas d’hier. Mais je vous l’accorde : continuer à dire son appartenance à un groupe « les chrétiens » qui se définissent par leur foi en quelqu’un dont on doute de l’existence ne brille pas par sa cohérence. Ce sondage nous dit surtout la perte de la simple culture chrétienne (je ne parle pas ici de foi) ce qui, après tout, justifie la démarche des initiateurs de ce magazine. D’une certaine manière ce sondage clarifie le paysage. Cessons donc de nous morfondre de voir baisser, de sondage en sondage, le pourcentage de ceux qui continuent de se déclarer « sociologiquement » chrétiens sans croire au Christ. Et disons-nous que la mission nous attend.

      • Mais bien sûr René il y a du boulot, c’est le moins qu’on puisse dire, mais néanmoins une question se pose, à moi en tout cas, comment avons-nous pu en arriver là ? Y répondre pourra peut-être nous empêcher de commettre les mêmes erreurs?

        • On ne répond pas à ce genre de questions en cinq lignes et je ne suis pas sûr de déternir « la » réponse pertinente. Mais je me méfie par nature des réponses simplistes du genre « c’est la faute au Concile ». Nous vivons là des basculements civilisationnels qui ne touchent pas que l’Eglise.

          • René, je ne mets absolument pas en cause le Concile en aucune façon, concile qui était absolument nécessaire pour lutter notamment contre un excès de formalisme dans la célébration de la liturgie catholique et lutter contre la tendance selon laquelle en résumé être « bon catho » c’était aller à la messe le dimanche, faire ses pâques, ne pas manger de viande le vendredi et à peu près rien d’autre
            En revanche, bien sûr, je mets en cause une bonne partie de ce qui a été fait « au nom du Concile » et qui n’avait qu’un rapport très lointain avec ce dernier
            Que voulez-vous j’éprouve un certain malaise lorsque pénétrant dans un église j’observe que là où avant il y avait le Saint Sacrement se trouve le quasiment trône destiné au célébrant, le Saint Sacrement étant quant à lui relégué dans une chapelle latérale..
            Bien sûr qu’il est hors de question de considérer le Concile comme nul et non avenu ,mais je suis très inquiet lorsque je vois que certains expliquent la désertion des pratiquants au fait que ce serait parce qu’on n’est pas allé assez loin dans l’application du Concile.

          • OK sur l’importance de la question de D. B. et sur votre réponse …
            Il faudrait entrer dans le détail des apports de ce sondage, en croisant avec d’autres travaux.
            En restant basique un résultat interpelle : le décalage des « certains » entre Ile de France 42%, et reste du territoire 27% (p.5).
            Et puis le croisement -à vue d’œil- de la répartition par âge, milieu social et proximité politique … confirme la dynamique de sécularisation et sa complexité (droitisation, métropolisation, retrait de la classe moyenne …) … Un travail sérieux a-t-il été fait par ailleurs, en utilisant aussi d’autres sources?
            Le même sondage mériterait d’être reproduit, à l’identique, 10 ans plus tard, … et ce alors que la série longue IFOP semble abandonnée.
            Pourquoi cet abandon? Trop simpliste? oui. Mais aussi cette série qui montre l’effet des guerres du XXème siècle sur la sécularisation, l’effet positif modeste du concile et l’effet négatif de la restauration otage par des identitaires. Faudrait-il cacher ce mouvement long ?
            Les « questions » sont surtout des invites à la réflexion.

  • Ça y est, j’ai acquis ce magazine. Je vais donc pouvoir être dans le sujet. Je me suis rendu à un RELAY, en gare de Rouen et je l’ai cherché en vain. A ma demande, le préposé me l’a déniché en bas de rayon, peu visible parmi d’autres magasines. Je le remercie et vais m’acquitter de ma dette. Bien en évidence, devant l’appareil à CB, on ne pouvait pas ne pas le voir, je trouve un numéro de « NATIONAL GEOGRAPHIC » m’annonçant « la véritable histoire de Jésus ; les nouvelles révélations de l’archéologie : un reportage de 48 pages intercalé entre de la pub et d’autres reportages sans rapport.

    A la comparaison, il n’y a pas photo. L’un est l’expression d’un simple reportage, l’autre est une somme de témoignages parfois émouvants, tous issus d’une rencontre, signe, sacrement de la présence de l’Esprit en nous.

    Finalement, mes posts n’étaient pas à côté du sujet, et je voudrais respectueusement vous faire remarquer que ma critique des marchands du temple dans mon post du 30 XI est vraiment gentille par rapport aux critiques acerbes, vis-à-vis des médias de Frédérique Bedos ! En outre, quand on a à sa disposition un outil pareil, on ne le met pas sous le boisseau, et surtout, on ne termine pas sur une photo du mur des lamentations, je pense, et une mangeoire dans laquelle trône le plus grand manque de foi que je connaisse : car, s’Il est ressuscité, est vivant en nous, nous attendons quoi ? S’il revient, c’est qu’Il est parti…

    Tous vos témoignages hurlent Sa présence en nous… Relisez la petite voix qui susurre chez Frédérique Bedos, vous ne croyez tout de même pas qu’il s’agisse d’un phénomène hallucinatoire ? (Cf ma jeune lycéenne) Et cet hymne au pardon du Dr Bram Bakker, mon épouse et moi-même en avions les larmes aux yeux ! Et je ne parle pas non plus de cette foi simple, dite du charbonnier habitant nos sportifs et transformant, pour moi, réellement les stades en messes populaires…

    Au nom de quoi, au nom de qui décide-t-on que ces témoignages sont moins pertinents que les interminables élucubrations théologiques, métaphysiques, philosophiques plus ou moins teintés de jansénismes dont on nous rabat les oreilles sous des prétextes divers ? Parce que jésus aurait dit… Ce magasine les réfute simplement page 50 ! et les témoignages font le reste.

    Ce n’est pas parce que 4 cardinaux émettent des « doubias » (vis-à-vis de l’exhortation apostolique du pape François sur la famille) que nous devons trembler dans notre culotte. En fait, ce que chacun dit dans cette revue est Parole divine au même niveau que celle de ces cardinaux. Je ne leur dénie pas le droit de parler, c’est de leur responsabilité, mais je leur dénie le droit d’occuper tout seul l’espace vocal. Maurice Zundel disait que tout ce qui n’interpelle pas l’homme de la rue est vain !

    Au total, mes félicitation enthousiaste à l’équipe de Pascal Obispo, qui comprend des gens que j’aime bien : Frédéric Lenoir, Xavier Emmanuelli (j’ai été trésorier local temporaire chez MSF), et les autres que je vais relire. Merci de m’avoir fait connaitre ce magazine. Mais, à mon sens, il mérite que lui soit fait, sur ce fil, une meilleure présentation.

    « La lettre tue, seul l’Esprit vivifie » (St Paul 2 cor 3 :6)

    • Merci pour ce témoignage qui appelle tout de même un bref commentaire. Clôre le magazine sur la photo d’une mangeoire vide où une pancarte indique « Je reviens bientôt »… n’est pas l’expression d’un « manque de foi » mais de la foi elle-même. Nous venons d’entrer dans la période de l’Avent. Or l’attente dont il s’agit n’est pas celle de la naissance du Christ qui appartient au passé, mais bien l’attente de son retour à la fin des temps comme il l’a promis à ses disciples. Le christianisme n’est pas une religion cyclique de l’éternel retour, fermée sur le toujours semblable, mais une religion porteuse d’un sens de l’Histoire, ouverte sur l’avenir. « Jésus, reviens ! » est une prière familière de tout chrétien !

      Je ne suis pas sûr que je dirais avec vous que « tout ce qui est dit dans cette revue est Parole divine ». Mais je vous accorde que si l’on admet que l’Esprit souffle où il veut, indépendamment des appartenances religieuses, il est de simples paroles humaines qui « disent Dieu » plus parfaitement que de grands discours théologiques bien charpentés. Gardons-nous simplement de penser que chacun aurait sur Dieu, par grâce divine, une vision parfaite et juste qui n’aurait pas besoin d’être validée par ses frères.

      Heureux que ce magazine vous ait « parlé ». Il n’est pas l’alpha et l’oméga de ce que l’on peut dire sur Jésus et n’a pas cette prétention. Certains se montrent d’ailleurs fort critiques à son sujet. Je persiste à penser que libérer la parole sur Jésus est une bonne chose même si cela ne peut être qu’une étape dans un processus de foi. Aller « plus loin » sur ce fil, pour en assurer la promotion, comme vous le suggérez, n’est pas dans mon propos. Et c’est accorder à ce modeste blogue plus d’importance et d’audience qu’il n’a.

  • « Dans une salle d’attente, les gens sont obligés d’attendre. Et attendre, c’est la passivité…» possibilité que développe votre consœur Élodie Maurot , dans « la Croix du 02/12/2017…elle reprend ce thème d’une façon plus traditionnelle dans son article du 01/12/2017.

    Je me permets de reprendre la parole, car il me semble que nous touchons ici le cœur de la « disputatio » entre les fondamentalistes et les progressistes. Sauf mauvaise compréhension de ma part, ce fut aussi le cœur de la divergence d’opinion entre le père Teilhard de Chardin qui attendait la Parousie et le père Maurice Zundel qui proclamait que «…Le vrai problème n’est pas de savoir si nous vivrons après la mort, mais si nous serons vivants avant la mort…» M. Zundel, A l’écoute du silence, p. 52. Cité dans son ouvrage « L’au-delà, ici et maintenant. Essai sur la mort dans la pensée de Maurice Zundel » de Michel Fromaget, Maître de conférences à l’Université de Caen.

    On peut, comme le souligne votre consœur attendre la vie future en se justifiant pas la loi, par l’angoisse, ou répondre avec le père Maurice Zundel, cité par Michel Fromaget : « …C’est là ce qu’expose Zundel, sans autre précaution, et de manière mémorable, à l’un de ses interlocuteurs qui lui demandait quel serait son sort dans «l’autre vie». Zundel lui répondit: «Une autre vie, ça ne m’intéresse pas. Je crois à la vie d’un Autre en moi, à la vie d’un Autre. C’est là la vraie question! Je crois à la vie d’un Autre! Car la vie éternelle c’est la vie d’un Autre confiée à ma vie. Et voilà le vrai problème, voilà la vraie question, voilà le risque infini. Je crois à la Vie d’un Autre dans ma vie.

    Nous serions des punaises, des fourmis… Notre vie serait un parfait zéro, si elle n’était que notre vie, si tout gravitait autour de ce petit moi qui n’est qu’un grumeau cosmique. Ce qui fait de la vie humaine une chose si grande, si pathétique, c’est que dans cette vie se joue une Tragédie Divine, c’est que dans ma vie, se situe, se joue la vie d’un Autre! Toute l’Histoire humaine a son sens dans ce drame divin…»  (Zundel M, « Ton Visage, ma Lumière », pp.146-147 cité dans l’ouvrage de Michel Fromaget).

    Par conséquent, l’attente n’est plus ce phénomène passif, générant l’usage d’un dieu jackpot (Seigneur, fait que…) mais celle de celui qui travaille à l’éclosion de l’Amour emprisonné en chacun de nous. Blaise Pascal a écrit ; « Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde: il ne faut pas dormir pendant ce temps-là ». Je crois fermement que l’Esprit habite, et non souffle, au plus profond de chacun de nous et que notre rôle de baptisé commande que notre témoignage, étonnant et compréhensible, ainsi que le soulignait le père Maurice Zundel lors d’un Jamborée scout (pentecôte 1957 ?) permette l’éclosion de cette Présence Divine en chacun de nos frères.

    « ..Et le roi leur répondra: Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites… » Bible Louis Segond « …Par la Loi, je suis mort à la Loi afin de vivre pour Dieu ; avec le Christ, je suis crucifié. Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi… » (St Paul Galates 19-20)

    Avec mon cordial salut scout

    • Je me reconnais sans difficulté dans ce que vous écrivez. Sauf que vous partez d’une vision de l’attente purement passive, pour mieux la réfuter. Vision qui n’était absolument pas la mienne parce qu’elle n’est pas davantage celle de l’Eglise à laquelle j’appartiens, lorsqu’elle parle de l’Avent comme symbolisant l’attente du retour du Christ.

      Pour le reste votre commentaire me fait penser à cette observation de l’abbé Pierre qu’il est des Béatitudes qui sont écrites au futur, mais trois au présent dont celle-ci : « Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux.» Il en concluait que le Royaume est déjà présent ici-bas. Que tous les persécutés pour la justice, quelle que soit leur croyance, sont dans le Royaume. Avec pour conséquence qu’être dans le Royaume suppose ce combat pour la justice ici et maintenant, sans chercher à s’évader dans un au-delà de la vie, même si cette promesse peut nourrir notre espérance.

  • Veuillez m’excuser de ne pas avoir été assez précis. Dans l’Église qui est aussi la mienne, l’avent explicite une grande fresque de la vie de Celui qui a bouleversé l’histoire du monde et qui en est le sens profond. Et c’est bien parce qu’Il en est le Sens, le Sacrement de notre histoire que la liturgie résume en quelques mois la chronologie de Sa Vie.

    Mais nous ne parlions pas de cela mais de la dernière page du magazine que vous nous avez recommandé. Celle-ci me semble être tout simplement en contre sens par rapport à ce sens de l’Histoire Incarné par NS Jésus Christ qui est, faut-il le rappeler, vraiment ressuscité, comme aime le dire nos frères orthodoxes. Et ce, même en esprit, comme le souligne le père Moingt. Je ne crois pas que la lycéenne qui posait cette question à son amie, pendant la messe : « Alors, il est vivant, ou il est mort ? » se serait contentée d’une explication un peu trop convenue.

    Le séisme initié par « Humanae vitae », que les auteurs de l’ouvrage « plaidoyer pour un nouvel engagement chrétien » considèrent comme une nouvelle affaire « Galilée », n’a pas fini d’entamer durablement la crédibilité de l’enseignement de notre Eglise. Si vous y ajoutez de grandes maladresses, comme par exemple celle d’affirmer sans honte que le viol est moins grave que l’avortement, vous comprendrez sans peine qu’à la moindre notion de morale les jeunes se ferment immédiatement comme des huitres. Leur méfiance n’a d’égale que notre bêtise.

    On aurait pu imaginer, par exemple un triptyque comprenant à côté du mur des lamentations et de cette belle mangeoire, une belle colombe auréolée de lumière.

    Est-il présomptueux de dire que suivre le petit Jésus ne suffit plus, la foi suppose une Rencontre, comme le disent plus ou moins distinctement les témoignages de votre magazine. Nous sommes, nous, baptisés, responsables des conditions de cette rencontre.

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