Le Pacs a dix ans.

Né dans un contexte de forte revendication identitaire homosexuelle, le pacte civil de solidarité s’est imposé dans le paysage français de la conjugalité. S’il fait encore débat, les termes en ont profondément changé.

L’hostilité majeure au Pacs, lors des débats parlementaires, venait de la crainte, exprimée notamment par l’Eglise catholique et à l’époque parfaitement justifiée,  qu’il ne représente une étape décisive vers la reconnaissance du mariage gay, revendication majeure de la communauté homosexuelle.

Dix ans plus tard, si le Pacs a rencontré un incontestable succès puisqu’il s’en célèbre près de 150 000 par an, son enjeu idéologique semble avoir fondu comme neige au soleil puisque 5% seulement concerne la communauté homosexuelle.

En fait, les jeunes générations ont adopté largement ce mode de conjugalité qui substitue à l’institution du mariage dont beaucoup ne perçoivent ni la signification ni l’utilité (et que le politiquement correct médiatique a tendance à ringardiser), une simple démarche contractuelle qui leur semble suffisante et mieux correspondre à leur désir de liberté.

On pourra tout de même s’interroger sur la signification d’une telle évolution dans une société comme la nôtre où le législateur, théoriquement défenseur de l’intérêt collectif, estime n’avoir pas à  donner sa préférence au mariage, qui comporte pourtant des engagements et des garanties aussi bien pour le couple que vis à vis des enfants. Le rôle du législateur est-il simplement de « prendre acte » des évolutions spontanées de la société ou de s’interroger sur le minimum de garde-fous susceptibles de permettre un « vivre ensemble » dans la durée ? On attend toujours que la question soit réellement débattue  dans le pays !

Pour le reste, l’ironie de l’Histoire a voulu que ce qui était revendiqué par les uns comme un marche-pied vers le mariage homosexuel, soit aujourd’hui perçu par d’autres comme une alternative suffisante, dispensant d’aller au-delà. Et c’est sans doute là une preuve de sagesse de notre société. La revendication homosexuelle comme liberté de vivre individuellement ses préférences sexuelles est parfaitement recevable dans une société laïque. Mais la référence au monde antique, Grec ou Romain, suffit à démontrer que jamais aucune société, même tolérante vis à vis de l’homosexualité,  n’a prétendu fonder sur elle une forme quelconque de conjugalité et à plus forte raison de parentalité. Pourquoi prendre ce risque aujourd’hui ?

Y a-t-il a tirer une morale de l’histoire ? On peut toujours s’y risquer. Elle pourrait être la suivante : dans une société de liberté en quète d’éthique il est sans doute plus « moral » de permettre à des personnes homosexuelles de s’assumer mutuellement, dans la solidarité, à travers le pacs (le mariage leur étant et devant, selon moi, leur rester inaccessible) que les condamner à une forme d’errance …

Et si accéder à cette forme d’officialisation, au même titre que des couples hétérosexuel, satisfait une forme de « reconnaissance » sociale et de revendication d’égalité des droits… pourquoi pas ! La place n’en est que plus libre et finalement plus claire pour celles et ceux qui veulent s’engager dans le mariage, qu’il soit simplement civil ou religieux et sacramentel. Une fois encore il semble prouvé que le mieux peut être l’ennemi du bien !