Lettre ouverte à un nouveau baptisé qui s’interroge sur le maintien de son appartenance à l’Eglise

Lettre ouverte à un nouveau baptisé qui s’interroge sur le maintien de son appartenance à l’Eglise

La violence des débats de ces derniers mois autour du mariage pour tous à profondément divisé les catholiques au point d’en conduire certains à s’interroger sur le maintien de leur appartenance à l’Eglise. Julien (1) est l’un d’entre eux. 

 

enveloppe ouverte

LETTRE DE JULIEN

 

Cher René, le propos de votre dernier article est pertinent et j’y souscris bien volontiers.

 

Néanmoins, ces mois de luttes, de haine et de violences verbales, voire physiques, ont eu raison de ma bonne foi et de ma patience. Aujourd’hui, je réfléchis très sérieusement, alors que je « fête » mes trois ans de baptême, à la poursuite ou non de mon cheminement dans cette Eglise qui a été si laide et si odieuse pendant des mois.

 

En effet, j’ai vécu comme une agression permanente ces propos intransigeants qui interpelaient avec arrogance et excommuniaient quiconque n’entrait pas dans les rubriques du « catéchisme ». Il y a eu tant d’amalgames entre foi et politique ; tant de mélanges des genres ; tant de raccourcis et de procès d’intentions du côté des anti, qu’il était devenu impossible de discuter avec une frange non négligeable des opposants qui sombrait dans la théorie du complot.

 

Quoiqu’il en soit, dans l’Eglise, ce combat exclusif des catholiques contre la reconnaissance juridique et sociale de l’homosexualité à égalité des autres couples aura au moins permis une chose : faire taire ou partir à l’usure et au mépris, tous ceux qui auront estimé qu’une autre voie – voix ? – était cohérente avec la foi catholique.

 

Ce que vous décrivez dans cet article se confond peu ou prou avec ce que beaucoup de catholiques favorables à ce projet n’ont cessé de dire : la position de la majorité des catholiques sur le mariage pour tous a pour fondement l’homophobie inhérente au catéchisme qui, pour rappel, qualifie l’homosexualité de « dépravation » et exhorte l’Etat à en « contenir le phénomène » (cf la déclaration de Ratzinger de 2003 sur les unions homosexuelles). L’étude de l’UCL dans la Vie a d’ailleurs pertinemment dénoncé l’imposture pratique de la fumeuse distinction « actes/personnes » sur l’homosexualité.

 

Au terme de plusieurs mois de propagande interne, la communion a véritablement été déchirée et cette minorité dans l’Eglise (non négligeable !) favorable au projet de loi a été méprisée et insultée pendant des mois. Alors que l’Eglise n’a cessé de répéter ad nauseam qu’il n’y avait pas de « vrai débat » sur ce projet au parlement (entendre en réalité qu’on ne cédait pas à ses menaces !), elle a tout simplement ignoré les divergences en son sein ! A cette remarque certains objectent évangéliquement que les nervis modernistes ont toute latitude pour quitter l’Eglise. Il est vrai que les leçons d’Humanae Vitae et de ses prolongements n’ont jamais véritablement été tirées…

 

Quoiqu’il en soit, au petit jeu des excommunications entre fidèles, l’Eglise y perd son âme et son unité sur l’autel de la politique. Ce piège est une récurrence dans son histoire et sa composante humaine s’est souvent comportée « comme si l’histoire, qui est maîtresse de vie, n’avait rien à [lui] apprendre » (Cf Jean XXIII, discours d’ouverture du Concile Vatican II).

 

Maintenant que cette loi a été adoptée, validée et bientôt promulguée, il va y avoir du travail pour refaire quelque chose de ces débris de communautés. Les faits sont là : 12 000 personnes à Diaconia ; 350 000 lorsqu’il s’est agi de l’homosexualité (oui car il faut arrêter de tourner autour du pot, on ne parle pas de marier des canards et des ânes !). Les propos, y compris d’évêques ou de prêtres -j’ai pu expérimenter cela in situ…- auront permis de galvaniser une minorité de droite agressive ; mais qu’en est il des autres qui n’ont pas fait de bruits ni menacé personne ?

 

Vous avez dénoncé le « schisme silencieux » à juste titre : qu’avez vous à dire à ceux là qui continuent de partir sur la pointe des pieds blessés par l’Eglise ?

 

Quant à ces « cathos de gauche » qui ont voulu s’engager dans ce combat, ils étaient tout à fait légitimes pour le faire. Néanmoins, ils ont servi d’idiots utiles à la droite qui récupère maintenant cette initiative en se parant, en plus, d’un pluralisme de façade pour dissimuler son discours réactionnaire.

 

Ces amalgames qui auront érigé la défense d’un certain mariage civil en article de foi, comparable à la Sainte trinité, auront eu raison de beaucoup de bonnes volontés.

 

Je ne vous accable pas cher René, mais je me permets de vous faire part en toute amitié de ma souffrance. Quand je vais à l’église, plus rien n’est comme avant et je crains que plus rien ne soit comme avant. Mon espérance est partie devant ceux qui prétendent en être des veilleurs.

 

Je suis prêt à approfondir tout cela avec vous, en priant pour que votre éclairage puisse m’apporter un autre son que celui de la cloche que je subis quotidiennement.

 

Bien à vous.

 

_____

 

MA REPONSE

Mon cher Julien,

 

Notre premier contact, sur les réseaux sociaux, date d’il y a un an. C’était en avril 2012. L’éloignement géographique aidant, nous ne nous sommes jamais rencontrés. Mais j’attache de l’importance à la relation qui s’est nouée entre nous. Vous aviez pris alors l’initiative de m’écrire à la suite de la publication d’un article de mon blog : Eglise-société, vers une dérive à l’espagnole ? Vous m’y disiez votre assentiment, votre exaspération face à la montée du discours sur le «non-négociable», au sein de la communauté catholique, et votre détermination à voter pour François Hollande à la présidentielle.

 

Nous sommes restés de longs mois sur la même longueur d’ondes. Puis est venu le temps de l’incompréhension, lorsque j’ai fait connaître publiquement mon opposition à la loi Taubira puis ma décision de rejoindre, avec d’autres «chrétiens de gauche», la première manif pour tous d’envergure nationale. Nous avons échangé quelques propos acerbes avant de nous réfugier dans le silence. J’ai craint, un moment, une rupture définitive entre nous, comme je l’ai redoutée avec tel ou tel de mes amis.

 

Mes articles plus récents où j’appelais à la loyauté républicaine, à l’apaisement et à l’ouverture du débat, au sein de notre Eglise, non sur la loi elle-même mais sur la «question» homosexuelle, vous a semble-t-il convaincu qu’il nous était possible de renouer le dialogue.

 

Pardon de ce long préambule mais il m’a semblé nécessaire pour éclairer mon choix de répondre, avec votre accord, sous forme de «lettre ouverte» au message que vous m’avez adressé voici quelques jours et que je publie, en respectant votre anonymat.

 

Cher Julien, 

 

Je veux d’abord vous remercier de votre confiance. Votre lettre m’a touché parce qu’elle dit une souffrance qui, je le sais, même si je n’en ai pris conscience que tardivement, a été partagée par beaucoup, indépendamment de leur orientation sexuelle. Mais la surprise est venue, d’abord, d’une chose que vous ne m’aviez jamais confiée et qui «éclaire» votre questionnement de manière singulière : votre entrée récente, par le baptême, dans la communauté catholique. Je vous cite : «Aujourd’hui, je réfléchis très sérieusement, alors que je «fête» mes trois ans de baptême, à la poursuite ou non de mon cheminement dans cette Eglise qui a été si laide et si odieuse pendant des mois.»

 

Vous faites-là, bien évidemment, référence à la position de la hiérarchie catholique sur le projet de loi Taubira que vous avez ressentie comme détermination ou résignation à «faire taire ou partir, à l’usure et au mépris, tous ceux qui (estimaient) qu’une autre autre voie – voix ? – était cohérente avec la foi catholique.» Ce refus de tout débat dans l’Eglise, alors même que, selon les sondages, 40% des catholiques se disaient favorables à la loi, a été ressenti, par beaucoup, comme une violence insupportable. Avec le recul, je crois que cette attitude fut une erreur, même si je persiste à penser que le débat aurait du porter moins sur la question du mariage elle-même que sur l’homosexualité. Car nous percevons bien que c’est là le préalable nécessaire.

 

Le fait de savoir si l’on peut, sur cette question homosexuelle, imaginer une pluralité de positions «cohérentes avec la foi catholique» est effectivement central. Vous savez, comme moi, que la réponse du Magistère est : non ! L’homosexualité continue d’être définie par le catéchisme de l’Eglise catholique comme un comportemenr «désordonné». S’il invite à l’accueil des personnes, il condamne les actes. L’Eglise pense conforme à la «loi naturelle» d’affirmer que la sexualité humaine n’est légitime que dans le cadre du mariage monogame hétérosexuel et par l’ouverture de tout acte à la transmission de la vie. Une loi «inscrite dans la nature» et qui s’imposerait à tous, croyants et non-croyants.

 

Or les chrétiens de ce pays vivent dans une société laïque qui réfute cette argumentation et pose comme légitime l’autonomie du sexuel, tant par rapport au mariage qu’à sa finalité d’engendrement. Et nombre de chrétiens partagent cette conviction, même s’ils insistent, au nom d’une certaine conception de la dignité humaine, sur le refus de banaliser la sexualité et la nécessité de préserver son lien avec la fidélité et le sentiment amoureux. L’Eglise est-elle aujourd’hui capable d’une lecture «élargie» des notions d’altérité et de fécondité, centrales dans la Bible ? Toute la question est là.

 

Cher Julien,

 

Cette Eglise dont l’attitude vous a fait mal au cours de ces derniers mois, a néanmoins produit à l’automne dernier, sous la signature du Conseil Famille et société de la Conférence des évêques de France, un document (2) reconnaissant, par exemple, qu’il peut «exister d’autres relations d’amour» qu’entre homme et femme qui «ouvrent à un autre type de fécondité, la fécondité sociale». 

 

Dans le même esprit, je relève ce propos de sœur Véronique Margron lors des dernières Semaines sociales de France (3) : «Sur l’homosexualité, je suis toujours très soucieuse de respecter la parole de Jean XXIII lors de l’ouverture du concile Vatican II. Il nous enjoignait à ne pas faire partie – à ne plus faire partie – des prophètes de malheur. Il est indispensable que notre Eglise, que chacun de nous ici, ne soit pas du côté des prophètes de malheur qui ne savent que soupçonner nos sociétés, qui pensent qu’elles vont forcément vers le pire. (…) Comment, sans renoncer en rien à ce qu’elle croit juste, l’Eglise peut-elle manifester que les personnes homosexuelles ont bien droit à une vie heureuse ?»

 

Cette ouverture, je le sais, bien que ne répondant pas à toutes les questions, est déjà loin de faire l’unanimité. Et je devine les arguments qui nous seront opposés, toujours les mêmes : ce n’est pas là la lettre du Magistère et les propos d’une théologienne moraliste ne sauraient avoir valeur canonique. Certes, certes… Peut-être nous appartient-il néanmoins de soutenir celles et ceux qui essaient de faire bouger les lignes et de contribuer à ce que le débat soit ouvert, dans nos communautés, dussions-nous sur ce point interpeller solennellement nos évêques. Car si la Vérité n’a pas à être mise en débat, la fidélité même à l’Evangile nous invite continuellement à revisiter dans la foi, les attitudes et les paroles susceptibles d’êtres reçues comme Bonne Nouvelle par les hommes et les femmes de ce temps. La question n’est pas abstraite, il y va du sens de la vie.

 

Cher Julien,

 

Ne vous laissez pas abattre par ceux qui vous inviteront «très chrétiennement» à quitter l’Eglise si vous n’êtes pas d’accord avec elle ; ne rejoignez pas les rangs de celles et ceux qui, une nouvelle fois, comme vous l’évoquez, pourraient être tentés de partir d’eux-mêmes, «sur la pointe des pieds, blessés par l’Eglise».

 

Vous avez mille fois raison d’écrire qu’au «petit jeu des excommunications entre fidèles, l’Eglise perd son âme et son unité» et que d’évidence «il va y avoir du travail pour refaire quelque chose de ces débris de communautés.» Mais le fait même que vous évoquiez cela me donne espoir que vous restiez avec nous tous pour entreprendre ce chantier. Car avec nous, vous êtes aussi l’Eglise.

 

Mais admettez aussi que «ce petit jeu des excommunications» n’a pas été à sens unique et qu’au sein de cette Eglise, qui est la nôtre, d’autres hommes, d’autres femmes, ont pu pareillement se sentir blessés et méprisés de se trouver injustement qualifiés d’homophobes alors que leur combat, comme citoyens, était simplement de rappeler, selon l’expression du collectif Cambacérès que « traiter également des situations différentes ne crée pas moins d’injustice que traiter différemment des situations comparables.»

 

Cher Julien,

 

L’une des épreuves les plus cruelles qui traverse un jour ou l’autre notre vie de croyant est de réaliser, au hasard d’un événement, que nous nous sentons humainement plus proche de ceux qui ne partagent pas notre foi et parfois la combattent, que de nos propres frères en Christ. C’est l’épreuve que vous venez de vivre. Que vous vivez encore. Elle est déstabilisante et douloureuse. Dans ce type de circonstance, nul, me semble-t-il, ne peut faire l’économie du déchirement d’une double exigence de fidélité avec les uns et avec les autres. Car il n’est pas vrai que pour être à Dieu il soit nécessaire de n’être plus aux hommes ou au monde. Ni que pour être aux hommes il faille renoncer à Dieu. Peut-être est-ce cela, aussi, porter sa croix.

 

Les derniers mots de votre lettre m’ont bouleversé : «Je ne vous accable pas cher René, mais je me permets de vous faire part en toute amitié de ma souffrance. Quand je vais à l’église, plus rien n’est comme avant et je crains que plus rien ne soit comme avant. Mon espérance est partie devant ceux qui prétendent en être les veilleurs.» 

 

J’ignore quel cheminement intérieur vous a conduit, voici trois ans, à demander le baptême.  Mais si, comme je le suppose, la rencontre de Jésus vous a, comme nous tous, brûlé l’âme au plus profond… alors, laissez-moi vous dire, fraternellement, qu’on ne renonce pas à poursuivre la route parce qu’on a fait, en chemin, l’expérience d’une Eglise défigurée par les faiblesses des uns et des autres. Par nos propres faiblesses. D’une Eglise signe de contradiction. Restez parmi nous Julien, nous avons besoin de vous pour témoigner à ceux que les événements de ces derniers mois ont blessé, quels qu’ils soient, où qu’ils se trouvent et en premier lieu à ceux qui se savent homosexuels, que tout être qui aime «est né de Dieu et connaît Dieu.» Et que nous sommes serviteurs de tous.

 

 

  1. Le prénom a été changé.
  2. Elargir le mariage aux personnes de même sexe ? Ouvrons le débat. Note du Conseil famille et société. 28 septembre 2012.
  3. Hommes et femmes, la nouvelle donne. Bayard 2013, p. 141 et 142.

 

 

 

 

 

42 comments

  • notre pretre ecris la france est en danger
    contre nos enfants gay
    voir son blog
    blog de xavier cormary
    j’ai pris la decision de me faire debaptiser
    a la vue de ce blog et il preche cela

    • A ceux qui, comme Julien et vous Anne-Marie dites vos déceptions, je me permet d’observer que sans l’Église -les baptisés- l’institution est une outre vide à force d’exclusions, de prises de positions définitives en tous domaines, d’excès dans l’adresse.
      Au fil de la vie, expérience, « découvertes » issues de l’observation et de la curiosité, s’est imposé, pour moi, le constat que l’institution qui dénie aux baptisés d’être l’Église ment ou se trompe! Peut-elle être de l’Eglise sans l’adhésion des baptisés, dans leur diversité, dans leur évolution personnelle partagée vécue en communauté? L’idée de protéger les brebis par des mensonges, des injustices, des crimes, … par des savoirs inaccessibles au vulgus pecum qu’elle seule détiendrait … est irrecevable et grotesque. L’époque trouble durant laquelle l’institution s’organisa fut marquée par un tout petit pourcentage d’hommes mâles instruits, et cela dura 600 ans (200-800). Puis cela a été figé avant d’être barricadé face aux premiers coups de boutoir (Pierre Abélard, Jan Huss, Luther, Calvin, … ) avec le soutien des rois de droit divin, toutes évolutions ont été refusées, … le rejet de l’espérance de Vatican II commencé par la signature d’Humanae Vitae contre l’avis unanime de la commission, … et voici que tout cela, à force d’être sottement contraint, disparaît. L’institution a échappé aux hommes qui l’incarnent, ils sont prisonniers d’elle, elle que les prêtres ouvriers des années 50 appelaient « le système ».
      Cela étant, l’imperfection humaine qui est nôtre, nous la partageons avec tous les membres de l’institution, il sont tout autant que nous de l’Eglise, mais pas le système.

  • Merci René, très joyeuse fête!!! Et que l’Esprit saint vienne nous remettre a notre place . Pour ma part je devait être au FRAT Interdiction des Médecins et mon épouse 5 mois d’Hôpital. Mais Recommençant depuis 13 ans cette années a faillit me faire claquer la Porte Heureusement le Seigneur Veillait. Jusqu’à l’an dernier ma problématique était comment remplir nos églises ,hélas cette années ce fut comment ne pas les vider!!! Merci de Vous En udp PASCAL VIVET

  • Ces échanges sont très beaux, mais accordez-moi que je puisse être exaspérée par l’aveuglement qui a été le vôtre, René. Quand dans mon blog ou par des commentaires, je tentais de faire partager mon souci avant tout de l’accueil évangélique de l’autre, certain(e)s m’envoyaient gentiment promener.
    Vous commencez maintenant à réaliser le dégât fait par l’Eglise.
    J’ai aussi reçu un témoignage d’une personne nommée Julien, qui souffrait de l’attitude de la hiérarchie catholique.
    « Quant à ces « cathos de gauche » qui ont voulu s’engager dans ce combat, ils étaient tout à fait légitimes pour le faire. Néanmoins, ils ont servi d’idiots utiles à la droite qui récupère maintenant cette initiative en se parant, en plus, d’un pluralisme de façade pour dissimuler son discours réactionnaire. » je suis tout à fait d’accord avec ce point de vue.
    Je voudrais aussi dire à Julien que moi aussi, baptisée adulte, j’ai vécu et vis encore cette épreuve que vous nommez « déstabilisante et douloureuse » . Ces tiraillements et cette fidélité due aux uns et aux autres reposent sur la croix.
    J’aimerais aussi lui dire que je ne conçois pas ma vie sans « avoir demandé à être baptisée » , sans avoir reçu le sacrement de baptême . Car à partir de ce jour, un autre monde s’est ouvert…

    • Chère Brigitte, vous me permettrez d’être une nouvelle fois en désaccord. Je ne vais pas vous resservir ici mon argumentation. Je conteste l’idée que le citoyen-chrétien que je suis doive parce que chrétien, se limiter à vivre chrétiennement des évolutions de société sur lesquelles il peut agir. J’ai avec constance dit tout à la fois mon opposition à la loi Taubira et mon désir de voir enfin notre Eglise accepter de débattre sur les questions liées à la sexualité. Dois-je vous rappeler ici mon article de septembre « Et Dieu vit que cela était bon » ? Pour le reste, je me souviens aussi de la réplique ironique de nombre de vos amis lorsqu’avec quelques « chrétiens de gauche » nous avons avancé l’idée que cette loi pouvait diviser profondément le pays et qu’il fallait, du fait même, ouvrir largement le débat, non seulement au Parlement, mais dans le pays, comme cela fut fait sur la fin de vie. J’entends encore les ricanements : il n’y aurait qu’une poignée de vieux réacs pour s’opposer à une loi acceptée par une large majorité de Français. On connaît la suite. Alors je trouve bien bonne de parler de mon « aveuglement ».

  • Nous recherchons le plus souvent le consensus, mais ce qui fait lien entre les hommes n’est pas l’uniformité dans les choix de vie et de pensée. Depuis le temps, les hommes n’ont-ils pas appris à recevoir la parole de l’autre, à l’admettre ou à ne pas l’admettre mais en tout cas, à l’écouter vraiment en refusant tous nos jugements à partir de présupposés ?
    Cela ne signifie pas renier sa foi, sa pensée.
    Mais notre société refuse les différences plutôt que de rechercher un vivre ensemble et cultive la victimisation ou l’indignation.
    Sortons de ces positions porteuses de mort pour apporter un peu plus de générosité et d’amour dans le monde, ce qui serait aussi faire passer notre foi dans notre vie.

  • « JULIEN » me fait penser à un autre participant à un blog que vous connaissez particulièrement ,René.S’agit-il de la même personne? Peu importe d’ailleurs.
    Pour ma part,je comprends la tentation éprouvée par « Julien »,mais elle me semble tout de même assez peu fondée et moi qui fais partie du diocèse de Bayonne,diocèse dans lequel comme chacun sait l’Evêque a pris clairement position contre la loi Taubira je n’ai cependant jamais entendu le moindre propos homophobe tenu par cet Evêque lequel n’a jamais dit qu’il était indispensable d’aller manifester.
    Ce qui me gêne terriblement das la position de « Julien » et d’autres c’est qu’à les entendre être contre cette loi était bien évidemment être homophobe,or cela relève d’une simplification absolument abusive.
    Quant au droit des homosexuels à avoir une vie heureuse,encore faudrait-il savoir ce qu’on entend par « vie heureuse ».

    • @Dominique. Je ne sais à qui vous faites allusion et de toute manière ne souhaite pas dévoiler l’identité de Julien sauf s’il le décidait lui-même. Faut-il vous répondre point par point ? J’ignore si votre évêque a appelé à « manifester ». Ce qui est clair c’est qu’il s’est tout de même positionné contre toute solution alternative d’union civile ce qui suppose qu’il conteste la légitimité pour une société à instituer la réalité des couples homosexuels. Sur ce point je suis en désaccord. Que Julien et d’autres avec lui aient lu de l’homophobie derrière toute opposition au mariage pour tous… j’en sais quelque chose du fait des positions qui ont été les miennes. Mais au moment où la loi Taubira est devenue loi de la République, je ne vis pas que l’on puisse continuer à simplement s’opposer… sans chercher à comprendre ce qu’ont vécu les uns et les autres, ce qu’ils ont ressenti, sans chercher à nouer le dialogue. Son ressenti vis à vis de l’Eglise est partagé par beaucoup d’autres. Peut-on faire comme si cela n’avait pas d’importance ? Enfin, je suis d’accord avec vous sur le « flou » de l’expression « avoir une vie heureuse ». Peut-être cela vient-il du fait qu’aujourd’hui une théologienne moraliste catholique ne peut pas aller plus loin dans son propos, sans prendre le risque de sanctions. Et cela me désole ! Pour ce qui me concerne, mais je crois avoir été clair depuis longtemps, je considère que ce droit au bonheur suppose la possibilité d’avoir une vie sexuelle active. Et je souhaiterais que cette question puisse être débattue dans mon Eglise.

  • dans mon diocèse l’évêque dominicain a dit textuellement « ce mariage est contre nature et c’est une folie! il fallait oser,en terre albigeoise,en terre cathare,dame guiraude,a su , l’intolérance religieuse,au prix de sa vie!car saint Dominique a dit
    tuez les tous et dieu reconnaîtra les siens!!
    qu’est ce une folie
    n’est ce pas fou
    de croire en dieu!
    alors que personne ne l’as vu
    le prêtre de ma paroisse
    met sur son blog
    la France en danger
    comme il fait partie du mouvement charismatique dont le père Daniel ange,jeunesse lumière
    l’homosexualité est un danger
    je croyais au fond de moi, qu’un prêtre devait être un médiateur de paix
    je vais vous envoyer le lien
    ou est l’Évangile la dedans!
    je m’interroge, est cela l’Évangile
    en tous cas,heureusement que j’ai comme ami un frère en humanité
    un moine bénédictin qui ne partage pas du tout
    la vision étriqué de ce prêtre
    l’Évangile est partage,et bienveillance

    • Merci René de votre réponse
      Au sujet de la véritable identité de Julien je ne vous demande aucunement de la révéler ,bien sûr que non
      .Quant à Mgr Aillet je ne savais pas qu’il a pris parti contre l’union civile et s’il l’a fait je ne partage pas son point de vue.
      Quant à votre souhait que l’Eglise reconnaisse aux homosexuels un droit à une vie sexuelle active cela me parait relever de la plus parfaite utopie car enfin cela irait me semble-t-il contre tout ce que l’Eglise enseigne en la matière depuis toujours et bien entendu contre la parole de Paul.En revanche ce qui me paraitrait possible (et d’ailleurs ça se pratique déjà dans les faits)c’est de rappeler que l’acte de chair accompli dans des conditions « non licites » n’est certes pas le plus grave des péchés et qu’il s’en faut de beaucoup.
      Lorsque je dis que cela se pratique déjà dans les faits, je fais bien entendu allusion à la « clémence » avec laquelle l’Eglise accepte de marier des couples existant depuis de nombreuses années sans autre forme de procès.

    • Anne-Marie, non seulement Saint Dominique n’a jamais proféré de tels propos mais en plus il n’a même jamais participé à la guerre contre les Albigeois et s’il a lutté contre le Catharisme ça toujours été par la douceur et la persuasion.Il ne faut tout de même pas confondre Dominique et Simon de Montfort.
      Quant au Père Daniel-Ange le portait que vous en faîtes me parait d’un rélisme le plus affirmé,c’est le moins qu’on puisse dire…
      A quand l’abandon de ce climat de guerre civile ente nous « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les aqutres que le monde vous reconnaîtra comme mes disciples »

  • voici la teneur de ce blog de jeunesse et lumiere pour ma part,c’est intolerable ce discours
    17 mai 2013
    Mariage pour tous : la France en danger
    Pourquoi je me suis engagé contre le mariage pour tous ?
    La loi qui va être promulguée demain par la Président de la République permet à des personnes homosexuelles de se marier devant la loi républicaine et d’adopter des enfants.
    Cette loi modifie fondamentalement le sens du mariage républicain et de la filiation.
    D’une institution garantissant la stabilité de la cellule familiale dans la société française en crise d’avenir, le glissement qui s’opère aujourd’hui permet d’assumer désormais un lien entre deux personnes indépendamment de l’intérêt général de la société. Le mariage n’est plus au service de la société mais au service des individus qui la composent.
    Cette transformation me paraît gravissime puisque désormais, la loi peut décider que des intérêts particuliers sont recevables, sans considérer l’intérêt plus général. Les revendications de tous ordres, dans cette société française désormais capable de privilégier l’individu sur le bien commun, devraient devenir nombreuses.
    Il est à parier que les partisans de la polygamie, même si elle ne fait pas partie de notre culture, puissent invoquer désormais cette jurisprudence républicaine, au nom de l’égalité, pour bénéficier de « droits de s’aimer à plusieurs ». Et je n’ose pas penser à d’autres choix aujourd’hui inacceptables qui deviendront petit à petit légalisables…
    Plus encore, la seule justification anthropologique capable de justifier l’équivalence légale de l’homosexualité et de l’hétérosexualité (je ne parle pas de la dignité des personnes qui dans mon esprit n’est pas en cause) met en avant la théorie du genre, qui nie la différence sexuelle, et gomme l’altérité sexuelle fondée sur la nature. Etre homme ou femme n’a pas d’importance, l’important étant d’être bien dans sa peau. Encore une fois, c’est l’individu dans ses désirs, ses aspirations profondes, si respectables soient-elles, qui prime sur la personne et sur la société.
    L’adoption des enfants, qui est inhérente à la loi sur le mariage, avec la PMA et la GPA qui seront légalisés durant le prochain quinquennat présidentiel, parce que « égalité oblige » est une entreprise de destruction programmée de la famille, de l’enfant lui-même qui devient une « chose » entre les mains des adultes. Peu importe son intérêt supérieur, peu importe les conséquences sur son avenir : son présent, c’est d’avoir deux papas ou deux mamans.
    Ce qui est profondément troublant, avec la théorie du genre qui s’invite dans l’enseignement de la République dès le mois de septembre 2013, c’est que l’objection de conscience de millions de français qui se sont mobilisés pour faire entendre leur opposition, n’a pas été entendue. Les manifestations qui ont lieu depuis le mois de novembre n’étaient pas des revendications partisanes, politiques, même si des partis d’opposition essaient de les instrumentaliser contre le gouvernement et la majorité parlementaire. Non, les centaines de milliers de français qui ont fait entendre leur voix ne revendiquaient rien pour leur pouvoir d’achat, leur intérêt personnel, leurs attentes individuelles. Ils se sont levés à cause de la voix de leur conscience qui criait au fond de leur cœur que l’humanité est en danger à cause des conséquences immédiates et à long terme de cette loi.
    Le plus grave sans doute, dans notre pays, et pour ses dirigeants, est d’avoir ignoré ce cri de conscience, de l’avoir minimisé, ridiculisé, marginalisé. La loi est votée, mais la conscience, ma conscience reste révoltée et incapable d’accepter pareille évolution. Et si la loi et son application venait à museler et à interdire la liberté de conscience, alors, nous serions non seulement en danger de totalitarisme, mais bien évidemment amenés à faire des choix qui nous mettraient en danger face à un Etat qui prétendrait imposer à la conscience humaine ce qu’elle doit penser et ce qu’elle doit dire.
    « A force de tout voir l’on finit par tout supporter…
    A force de tout supporter l’on finit par tout tolérer…
    A force de tout tolérer l’on finit par tout accepter…
    A force de tout accepter l’on finit par tout approuver ! »
    [Saint Augustin]
    « A force de tout voir l’on finit par tout supporter…

    A force de tout supporter l’on finit par tout tolérer…

    A force de tout tolérer l’on finit par tout accepter…

    A force de tout accepter l’on finit par tout approuver ! »

    [Saint Augustin]

  • Je m’apprête à écrire sur le même thème: dans la lettre de Julien, au-delà des souffrances exprimée, ne retrouve-t-on pas le non négociable à rebours dans une position comme celle de Julien; L’Eglise est un tout, y compris celle de Diaconia ou des récentes déclarations du pape sur l’argent. Reste qu’il est difficile de tenir un discours exigeant sur l’éthique et l’anthropologie qui n’apparaisse pas comme jugement ou condamnation de ceux qui vivent ou pensent autrement.

    Cordialement

  • temoignage chretien edito

    Editorial de Témoignage Chrétien

    bernard STÉPHAN

    Huit mois se sont écoulés depuis le 15 août dernier et la lecture d’une prière dans toutes les églises « pour que les enfants aient tous un père et une mère ». Que retenir de cette mobilisation contre le mariage pour tous ? Un vrai conflit d’abord. Là où il était question de l’obtention de droits pour un groupe opprimé et humilié depuis des siècles, une partie minoritaire mais significative des citoyens a nié la pertinence de l’union de deux personnes de même sexe avec les mêmes droits que les personnes hétérosexuelles. Pour ces citoyens, le désir de famille des homosexuels doit rester clandestin au mieux bénéficier d’un statut de seconde zone. Un vrai loupé ensuite. Celui des responsables des Églises. Au lieu d’inviter les baptisés au dialogue et d’écouter les premiers concernés et leurs familles, de nombreux évêques mais aussi des curés ont appelé es qualités à se battre contre le projet de loi. Malgré ces appels insistants, nombre de catholiques pratiquants ont maintenu leur approbation du mariage pour tous. Témoignage Chrétien a été leur porte-parole, mais l’épisode laissera des traces que les récents et salutaires appels au calme (voir ci-contre) n’effaceront pas de sitôt. Combien de personnes homo­sexuelles et de leurs proches, se sont sentis étrangers dans leur Église ? L’unanimité était certes impossible mais apprendre à se parler était un devoir lors de ce débat sur une réforme, qui, n’en déplaise aux prophètes de malheur, ne défait pas la société. Un vrai paradoxe enfin. Au milieu du maras­me économique et social, un projet de loi sur le mariage a mobilisé comme rarement des chrétiens contre lui… Au nom des enfants dont on sait que près de 750 par an meurent de maltraitance en France. Qui s’en soucie ? Ou est passée cette fameuse intransigeance «anthropologique» face au rendement financier insensé qui fait travailler dans le monde des millions d’enfants dans des conditions infrahumaines. Deux poids, deux mesures. Révérence devant le pouvoir de la finance et ordre moral. Qui s’en indignera ? Paul Claudel disait de la colère qu’elle était l’exaspération de la pitié. Eh bien, en effet, cela nous fait pitié. Il va falloir réconcilier

    • Anne-Marie, je connais les arguments de Bernard Stéphan que je continue à considérer comme un ami, malgré nos divisions. Lorsqu’il écrit « le désir de famille des homosexuels doit rester clandestin au mieux bénéficier d’un statut de seconde zone » il montre bien, déjà, que la logique qui sous-tend la loi sur le mariage pour tous va bien au-delà de la seule adoption puisqu’elle rend possible et demain devra satisfaire le « désir d’enfant » des homosexuels. Or, mais ne reprenons pas ici une argumentation archi connue, comme les couples homosexuels sont par nature infertiles et les possibilités d’adoption limitées, se profilent déjà des appels à légaliser pour eux la PMA puis la GPA. Donc de créer une inégalité de fait pour les enfants à naître.

      Pour ma part je souscris pleinement au commentaire du collectif de hauts fonctionnaires Cambacérès, lorsqu’il écrit : « on peut soutenir que le principe d’égalité, correctement entendu, s’oppose à ce que la loi prétende étendre le mariage aux couples de même sexe, car traiter également des situations différentes ne crée pas moins d’injustice que traiter différemment des situations comparables. »


      Apprendre à se parler, c’est très bien… mais on eût aimé que ce soit vérifié déjà dans Témoignage Chrétien qui, prenant fait et cause pour la loi Taubira s’est bien gardé d’une manière générale de donner la parole à celles et ceux qui pensaient autrement. S’il faut réconcilier – ce à quoi je souscris – ce ne sera pas uniquement en conviant les anti mariage gay à reconnaître leurs erreurs et à venir quémander le pardon en chemise blanche et la corde au cou.

      • Cher René
        Je te trouve injuste avec Témoignage Chrétien qui a pris soin de relayer différentes opinions, notamment les tiennes. Et pour moi, le problème est bien là. Ce qui aurait dû n’être qu’une opinion (être pour ou contre le mariage gay) est devenue chez certains une vérité dogmatique. Si tu savais le nombre de gens qui m’ont « excommunié », m’expliquant que je n’étais plus catholique parce que je ne m’opposais pas au mariage pour tous. Cette attitude sectaire et intolérante et cette dérive politico-éthico-religieuse me paraissent bien plus grave que le fait de permettre aux homosexuels de se marier. Je n’ai jamais milité pour (ni contre bien sûr), mais je reste convaincu que le mariage vaut mieux que l’union libre.

        • Laurent, nous n’allons pas reprendre ici le débat de fond. Je me suis suffisamment exprimé sur le sujet. Et je n’ai pas changé de point de vue. Simplement j’entends les souffrances des uns et des autres. Et je crois le moment venu de tenter une réconciliation, si cela est encore possible.

          • Cher René, je ne suis pas du tout sur le débat de fond et je m’étonen de la manière dont tu balaies ma réaction d’un revers de main. Je ne trouve pas ça très agréable. Dans la forme, car c’est bien de la forme dont je parle et non du fond, je crois qu’il est trop tard pour une « réconciliation ». Il fallait éviter d’entrer dans un choc frontal. Maintenant, le mal est fait. Tu peux tenter tout ce que tu veux, la machine à laquelle je n’ai personnellement jamais voulu participer, est maintenant devenue dangereuse et incontrôlable.
            Je voudrais ici laisser la parole à Mgr Dagens qui a tout compris du piège mortifère dans lequel une partie des catholiques se sont laissées entrainer. Voici ses paroles lucides et courageuses :

            « Un certain nombre de catholiques français, qu’il ne faut pas confondre avec l’Église catholique qui est en France, sont, sans le savoir, fidèles à une tradition qui vient de très loin, bien avant la Révolution française. Ils se laissent déterminer de l’extérieur, par ce que le général de Gaulle appelait les « circonstances » de la vie politique. Ils sont pris dans des rapports de force qui leur échappent, mais en fonction desquels ils rêvent d’affirmer leur identité, de façon militante, soit en se défendant contre ceux qui les contestent, soit en participant à des manœuvres offensives, espérant retrouver ainsi des positions dominantes dans notre société.
            Cette posture militante, cette culture de combat n’est pas nouvelle. Elle correspond à cette longue tradition qu’Émile Poulat, René Rémond et bien d’autres historiens ont désignée comme celle du catholicisme intransigeant qui s’est développée tout au long du XIXe  siècle, pour résister à tous ceux qui semblaient hostiles à l’autorité de l’Église. Cette interminable guerre des deux France s’appuyait sur des idéologies consistantes, d’un côté celle qui inspirait le parti clérical, et de l’autre celle qui accompagnait la naissance et l’affirmation du projet laïque.
            On peut toujours rêver de réveiller ces vieilles querelles, en invoquant d’un côté le programme de l’Action française de Charles Maurras et de l’autre les réalisations de Jules Ferry ou les idées de Ferdinand Buisson, sans parler de la rivalité entre les curés et les instituteurs. Mais c’est peine perdue. Parce que les idéologies qui soutenaient ces projets politiques sont mortes et que personne ne peut les ressusciter, à moins de faire le choix, du côté catholique, d’un enfermement dans des réseaux serrés qui se réclameraient d’une foi pure et dure et, du côté laïque, de la remise en valeur d’une morale fondée sur des valeurs abstraites.
            Mais il faut être réaliste : certains, qui se méfient des religions, doivent se réjouir en sourdine de voir que la figure du catholicisme semble aujourd’hui se confondre avec ce courant offensif. Quelle aubaine pour eux de dénoncer ces durcissements qui se produisent sur la place publique ! Comme il serait facile d’assimiler l’Église tout entière à ces expressions musclées de la foi ! Quel triomphe si l’on parvenait à montrer que les croyants sont tous des violents et des obscurantistes ! Si les ultras devaient l’emporter chez les catholiques, alors la voie serait libre pour les ultras anticatholiques, trop heureux de relever alors le défi qui leur serait lancé !
            Il est donc urgent de raison garder et de remettre les réalités dans une perspective historique. Les affrontements qui accompagnent le projet de loi destiné à ouvrir le mariage et l’adoption aux couples de même sexe ne sont qu’un épisode révélateur de la crise du mariage et de l’effacement des valeurs communes qui fondaient notre société. Mais faut-il se résigner à ces explosions d’individualisme militant qui valent aussi pour des jeunes catholiques ? L’urgence est plutôt de lutter contre tout ce qui déshumanise notre société, contre tout ce qui envenime les pauvretés muettes, contre tous ces processus qui réduisent les personnes à des objets manipulables selon les exigences exclusives de la rentabilité financière ou technique, en tous domaines.
            Quant aux responsables de l’Église catholique en France, dont je suis solidaire, ils seraient mal inspirés s’ils cherchaient à prendre en marche le train des poussées politiques, en essayant de faire plaisir aux ultras et aux autres. Si cet opportunisme l’emportait, il faudrait en payer le prix dans quelques années. Je suis préoccupé, parce que j’ai parfois l’impression que la joie provoquée par l’élection du pape François est estompée par les crispations actuelles et que la référence à la simplicité et à la force de l’Évangile s’atténue ! Que diable, si l’on peut dire, allons-nous renoncer à nous déterminer de l’intérieur de notre foi catholique et de l’espérance que nous mettons dans la miséricorde du Christ ? Ce n’est pas de calculs politiques que nous avons besoin, c’est du courage d’être nous-mêmes, des disciples et des témoins de Celui qui est venu pour « chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19, 10) et aussi pour « réunir les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11,52).
            Mgr Claude DAGENS, évêque d’Angoulême, de l’Académie française

          • Laurent, je connais le texte de Mgr Dagens. Mais je voudrais te rappeler aussi qu’au soir du vote de la loi à l’Assemblée nationale, en première lecture, j’ai dit que personnellement mon combat contre la loi s’arrêtait là, parce que j’étais un démocrate et que je pressentais les récupérations politiciennes qui n’allaient pas manquer de se profiler. Je n’ai donc pas attendu Mgr Dagens… Pour le reste, si je regrette un engagement univoque du clergé et des évêques, ici ou là, je suis bien obligé de considérer que l’enseignement de l’Eglise sur l’homosexualité étant ce qu’il est, je ne vois pas comment les évêques auraient pu s’abstenir dans ce débat vis à vis de Rome. C’est ce regard sur l’homosexualité qu’il nous faut contribuer à changer. Rends-moi cette justice que je n’avais pas attendu que le débat sur la loi Taubira s’engage ou s’envenime pour dire mon sentiment sur cette urgence. Mon article « Et Dieu vit que cela était bon… » date de l’été dernier et je sais les coups qu’il m’a valu. Qu’attends-tu de moi ? Une reddition en rase campagne ? Un mea culpa ? En tant que citoyen, j’ai argumenté, avec d’autres (je pense à JP Rosenzweig) sur la raison dans un débat où, je le reconnais, j’ai sous-estimé « l’humain ». Suis-je impardonnable ? Tu sais l’estime et l’amitié que je te portes. De grâce ne nous faisons pas de faux procès !

  • Cher René,
    Moi, ce n’est pas une lettre que j’ai reçue, mais au moins une vingtaine (je n’exagère pas). Ces manifestations contre le mariage pour tous et la manière dont elles ont été relayées dans les paroisses, comme s’il s’agissait d’organiser les JMJ ou un pèlerinage à Lourdes, vont laisser des traces. Que ressort-il de ce mélange des genres politico-religieux, où beaucoup de curés ont oublié de commenter la parole de Dieu pour mobiliser leur ouailles et les inviter à descendre dans la rue ? Un fossé encore plus grand entre l’institution catholique et le reste de la société, et une Eglise de France profondément divisée. Il va falloir des années pour panser les plaies. Je ne parle même pas de la situation des homosexuels catholiques qui, pour la plupart d’entre eux, sont effondrés.

  • René lorsque vous manifester votre souhait que l’Eglise reconnaisse aux homosexuels le droit à une sexualité active il me semble que si elle accédait à votre souhait je ne vois pas dès lors comment elle pourrait refuser le mariage sacramentel à ces personnes, mais peut-être voyez-vous les choses différemment?

  • L’intervention de l’Eglise dans ce domaine a été pour le moins inopportune et peu audible (même si elle a eu un large écho pas toujours positif d’ailleurs), il fallait certes éveiller la conscience des croyants pour les aider à intervenir en tant que citoyens. Les débâts des semaines sociales étaient positifs et permettaient la réflexion, il aurait été utile de poursuivre à ce niveau. N’aurait-il pas fallu plus clairement distinguer mariage civil et mariage religieux?
    Dès le départ beaucoup se sont interrogés. Il semble que le sort des enfants dans les familles homoparentales mais aussi monoparentales (suite aux accidents de la vie, dècès, maladies, divorces, etc) n’apparaissait pas pris en compte dans cette opposition à la loi, en tout cas beaucoup l’on ressenti comme cela.
    Les chrétiens qui étaient contre cette opposition à la loi ou qui simplement s’interrogeaient ou émettaient des réserves sur les formes de protestation employées se sont sentis humiliés. On demandait le débat aux pouvoirs publics (en fait simplement pour qu’il y ait de leur part un changement de position) alors qu’il était interdit dans l’Eglise. Ces grandes manifestations ont attisé la tension, beaucoup se sont sentis rejetés, le clivage a donné lieu à des dérapages, il y a eu des agressions de part et d’autre. De ce fait il y a eu une crispation qui a empêché tout amendement au projet de loi. Le conseil constitutionel a à mon sens fait oeuvre utile en définissant « l’intérêt de l’enfant » comme faisant partie de la constitution.
    Merci à Julien pour son témoignage. Ressourçons nous à l’Evangile, l’Unité de l’Eglise ce n’est pas l’uniformité, chacun doit pourvoir y trouver sa place et s’exprimer.

  • Lecteur assidu de ce blog dont j’apprécie la qualité intellectuelle, mais surtout la qualité « humaniste », j’ai été touché par les propos de « Julien ».
    Pour ma part, je suis opposé à ce projet de loi et je suis allé manifester contre. Mais je voudrais dire que ce n’est pas pour autant que je porte un regard dévalorisant sur l’homosexualité. Interrogatif… certainement. Jugeant … j’espère bien que non !
    Mais surtout, ce que je voudrais dire à « Julien », c’est que ce qui fait la communion dans notre Eglise, heureusement, ce n’est pas d’abords nos idées, nos convictions, notre vision du monde, ce qui fait la communion c’est notre relation au Christ !
    Combien de fois notre Eglise n’a-t-elle pas été agitée et divisée par des questions de tous ordres, où de part et d’autres des propos peu fraternels ont pu être tenu ( je pense que Paul et Jacques n’ont pas toujours été très fraternels quand ils ont débattus pour savoir s’il fallait être circoncis pour être chrétien… ) ? Pour autant, la communion, en Christ, a toujours dépassée les divisions et les prises de position.
    Je suis opposé à ce projet de loi, mais je suis heureux que des croyants y soient favorable : il me questionne , je les questionne et ensemble nous nous rappelons que nous ne pouvons pas accaparer d’un côté ou de l’autre la prétention à une vérité absolue.
    « Julien », vous avez été baptisé au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit… pas au nom de l’épiscopat, ou du catéchisme ( et pourtant je pense que l’un comme l’autre sont nécessaires ! ). Je crois que cette épreuve que vous vivez vous permettra d’approfondir plus encore le sens de votre baptême, le sens de la communion, le sens de l’appartenance à l’Eglise du Christ.
    Si vous partez, votre présence et votre prière manqueront toujours à la présence et à la prière de l’Eglise dans ce monde !

  • Que de regrets ! Que de regrets de voir que votre voix, comme d’autres, ont été inaudibles dans ces mois de fureur qui ont agités une partie de la société française et la quasi totalité de nos médias. L’homosexualité existe et est légitime dans la France d’aujourd’hui, les personnes homosexuelles doivent dès lors pouvoir s’intégrer s’ils le souhaitent dans les structures légales qui régissent la vie de couple et de famille : de ce constat simple qui pouvait générer une multiplicité de réponses est né un moment de férocité où deux camps se sont déchirés comme des bêtes sauvages. D’un coté les homophobes-réacs, de l’autre les pervers néfastes à la société, coupables de vouloir mener par la décadence le monde à sa perte.

    Soyons clairs ; oui, il y avait des réacs homophobes, oui il y avait des allumés ayant un paquet de comptes à régler avec la société dans laquelle ils vivent si mal. Ils sont toujours là d’ailleurs, peu nombreux mais seuls survivants – repus et sombrement heureux – du conflit.

    En face, qu’avons nous ? Des centaines de milliers de personnes LGBT qui en ont pris plein la gueule. Certains au cuir épais mais qui auraient préféré ne pas se faire insulter à longueur de journée, d’autres plus fragiles, en particulier des jeunes qui ont vécu ce déversement de haine au beau milieu de la découverte ou de l’affirmation d’eux mêmes. Au final, une multiplication des actes et paroles homophobes – oui, ils existent, et pas en petit nombres, et une regression de la société française qui n’a toujours pas compris que se retourner contre une partie d’elle même, c’est se retourner contre elle même en totalité.

    En face nous avons aussi des chrétiens, particulièrement des catholiques qui en ont aussi pris plein la gueule. Car, pour une fraction non négligeable de la société française et l’immense majorité des LGBT, c’est quoi un catholique en mai 2013 ? C’est une personne plutôt bien éduquée, qui semble avoir des conditions de vie plus avantageuses que la moyenne, bien habillée et qui utilise un vocabulaire châtié pour énoncer tranquillement que le choix de l’homosexualité va provoquer la fin de l’humanité, que nous vivons une période de décadence, que deux hommes ou deux femmes ne peuvent pas être de bons parents et que, si il a des amis homosexuels, c’est tout de même « contre naturannnh »

    Pas un mot sur celles et ceux qui ont été pris entre deux feux, à la fois catholiques et homosexuels. Ou presque. On aurait d’ailleurs préféré que rien ne soit dit puisque le seul discours audible a été « on ne peut pas être catholique et homosexuel ». Parole de curé, si vous m’autorisez cette triste parodie de paroles rituelles. Pas un mot de compassion, ne parlons pas du respect minimum dû à l’autre.

    Pas un mot sur ces centaines de milliers de catholiques favorables à la réforme mais qui auraient peut être aimé que ce soutien puisse aussi être visible et objet d’un dialogue, peut être pour améliorer la loi et répondre à certaines inquiétudes, notamment sur les enfants et leur droit éventuel à avoir accès, à un moment ou un autre de leur vie, à leurs racines biologiques.

    Pas un mot sur celles et ceux qui, de part et d’autre, ont essayé tant bien que mal de ne pas rompre le dialogue malgré les différences, sommés de choisir un camp. Comme s’il y avait des camps !

    Constat amer d’une absence totale de réflexion durant des années. Le sujet n’est pourtant pas nouveau, les associations LGBT travaillent sur le dossier depuis des années. La précédente majorité a refusé de se pencher sur la question et une ancienne ministre de la famille a même totalement rejeté l’idée même de dialogue avec les associations de parents gays et lesbiens.

    Les travaux de la conférence épiscopale de France avaient pourtant été de bon augure. Que sont-ils devenus ? Qui, parmi ses membres, osera encore dire que « L’Eglise catholique appelle les fidèles à vivre une telle relation dans la chasteté, mais elle reconnaît, au-delà du seul aspect sexuel, la valeur de la solidarité, de l’attention et du souci de l’autre qui peuvent se manifester dans une relation affective durable.  » ?

    Le plus inquiétant dans ce triste bilan, c’est de voir à quel point la logique de bannissement est devenu le fondement du dialogue social : d’un coté ces LGBT qui ne peuvent pas être des chrétiens et qui sont tout juste dignes d’être tolérés à condition de rester discrets (entendez invisibles), de l’autre ces catholiques qui, décidément, sont d’indécrottables passéistes quand ils ne sont pas tout simplement des fachos homophobes que la société devrait bâillonner.

    Je suis journaliste, je suis homosexuel, je suis partisan de cette réforme. j’aurais voulu avoir des enfants, je ne les aurais pas élevé en vivant en commun avec leur mère, mais je n’aurais pas accepté qu’elle ne soit pas présente dans leur vie au quotidien. Pas plus d’ailleurs que je n’aurais accepté que mon compagnon soit considéré comme autre chose que ce qu’il aurait été : un autre parent. Social certes, mais parent au même titre que moi. Je crois avoir passé la date de péremption pour cela. J’espère que d’autres que moi pourront réaliser ce rêve.

    Oui, vous avez bien lu : j’exprime un désir d’enfant. Tout comme un homme et une femme, catholiques, mariés (pour ne prendre que cette configuration), amoureux, veulent avoir des enfants. l’enfant commence par le désir de l’adulte, le désir de ses parents. On commence à être parent avant même la conception d’un enfant. On ne l’est pour autant pas totalement à la naissance de cet enfant, je crois. On Devient parent toute sa vie, en voulant cet enfant, en l’amenant au monde, en l’élevant, en l’éduquant pour en faire un adulte.

    Cette vision est normale dans le cas d’un couple femme-homme. Elle est soumise à questions dans le cas de deux hommes ou de deux femmes. Peur de l’inconnu sans doute. On a voulu opposer un légitime « droit de l’enfant », à un supposé « droit à l’enfant » réclamé. Il ne s’agit que d’un « désir d’enfant ». S’il est légitime dans un cas, pourquoi ne le serait-il pas dans les deux autres ?

    J’aurais pourtant accepté, si ma vie avait pris cette direction, que ma famille soit mise « sous surveillance ». Si certains de mes amis lisent cela, ils vont hurler et pourtant je l’écris, sachant à quel point cette acceptation est brutale. Pour convaincre mes contemporains de ma capacité à être un bon père, alors que je suis gay, j’aurais accepté que des services sociaux viennent vérifier régulièrement. Qui, parmi vous pourrait écrire une telle phrase ? Qui saurait faire pareille concession à la peur éprouvée par les autres ?

    Nous aurions pu trouver un moment, dans ces mois écoulés, pour nous dire tout cela. Je ne doute pas que les catholiques et autres opposants à la réforme auraient eu des paroles qui m’auraient surpris, qui m’auraient interpelé, qui m’auraient peut être fait réfléchir. Qui sait ce qui serait né d’une telle expérience ?

    Nous n’avons eu droit qu’à « Mon utérus crie non » et « CacaBoutin ».

    Je n’ai, face à cela qu’une seule réponse possible : la main tendue, ouverte. Nous aurions pu bâtir ensemble. Désormais, nous ne pouvons que guérir ensemble. Ne ratons pas cela, ce serait une faute, pire, ce serait une erreur, peut être celle de trop.

    • Monsieur, vous dites des choses profondes et empreintes de douceur.
      Mais je pense que la question centrale que soulevait cette loi, n’était pas l’acceptation de l’homosexualité, même si pour certains esprits peureux ou haineux c’était le point de blocage. Même si l’Eglise a du chemin à faire dans leur acceptation.
      Cette question ne jugeait pas les deux individus voulant » former famille », mais la famille. Plus précisément la structure de la famille dans l’optique, non unique, mais prioritaire de l’enfant.

      Au fond la question était: quelle est le type de structure familiale qui accorde, à priori bien sûr, les meilleures bases pour le développement des attentes fondamentales d’un enfant. Pour certains, toutes les structures où l’amour règne ( au début au moins) sont également favorables à priori, sauf la polygamie.

      Parmi ces structures( souvent déséquilibrées, brisées ou recomposées par la vie) y en a-t-il une qui est ,
      a priori, plus stable et offrant les meilleurs bases? Pour certains, comme moi, la famille PME offre a priori
      le plus de garanties, le moins de manques, le plus de complémentarité parentale. Tout cela à égalité de qualités humaines et éducatives des parents de ces familles. Je ne suis pas favorable à l’adoption par des célibataires, même s’ils pourraient être merveilleux, car cette structure créée me semble trop déséquilibrée, posant un manque au niveau de la parenté.

      Et la structure d’une famille formée de personnes de même sexe? Offre-t-elle toutes les conditions nécessaires pour répondre aux attentes fondamentales de l’enfant? Cette structure a ceci de particulier que l’enfant, à sa naissance ou son arrivée, se découvre au milieu d’un couple doublement masculin ou doublement féminin. Privé donc, volontairement, soit d’un père, soit d’une mère et de plus d’un couple complémentaire.
      Les homosexuels(pas tous) se sentent exclus et méprisés par ceux qui comme moi souhaitent qu’ils puissent vivre ensemble heureux mais qui pensent que le couple homosexuel offre, a priori un cadre trop déstabilisant pour un enfant. C’est compréhensible vu les regards de haine ou de mépris qui les ont souvent déjà blessés.
      Je crois que l’on peut vivre en toute simplicité avec un homosexuel. Je n’aime pas qu’on me dise « Il faut les respecter » comme si c’étaient des êtres à part, des « pauvres homos ». Ils sont nos frères comme chaque homme.
      Mais voilà je pense à l’enfant qui je crois attend inconsciemment, à sa naissance ou à son adoption, un père et une mère.
      J’espère que mes propos ne vont pas vous blesser. Je souhaite aux enfants qui vivent ou qui vivront dans
      ces couples tout le bonheur que mérite un enfant. Et à vous beaucoup de joie avec la compagnie de notre
      Dieu qui n’oublie personne.
      En toute amitié. Marc

      • Cher Marc,

        soyez rassuré, vos propos n’ont rien de choquant ne de blessant à mes yeux. Vous exprimez tranquillement votre opinion sans agressivité et sans pour autant en réduire la portée.

        Nous ne referons pas le débat ici. Je crois que nous avons encore de rudes journées à vivre d’ici le 26 mai et je crains les actions lors des premières cérémonies de mariage, mais je pense surtout que nous avons tous besoin d’une pause.

        Je souhaite simplement que cette pause ne soit pas définitive et que la reprise du dialogue puisse se faire un jour prochain. C’est le plus sur moyen de faire baisser les tensions.

        En toute amitié, Manuel

  • Merci à tous de la qualité de vos commentaires. Je n’ai pas à y répondre au sens de chercher à justifier quoi que ce soit. Peut-être le temps nous presse-t-il de nous écouter, simplement nous écouter…

  • cher Julien,

    Vous confondez plusieurs aspects, le fait qu’il y a beaucoup de catholiques qui sont opposé au mariage gay ne doit pas être une raison de quitter l’Église dont vous êtes avec le baptême le membre insécable car sauvé par le Christ qui a donné sa vie pour nous racheter. Si l’Église n’est pas composée d’êtres parfaits, elle est pour autant « sainte » c’est à dire fixée à la source même de la vie éternelle puisque le Christ est à sa tête. Et c’est parce que le Christ est à sa tête qu’il faut aimer l’Eglise, son épouse. Ne pas aimer l’Eglise c’est refuser d’aimer le Christ. Evidemment il y a des aspérités déplaisantes mais seule la foi entretenue par une vie de prière et le recours aux sacrements peut en approfondissant sa relation personnelle au Christ aider à surmonter un premier dégoût. L’Eglise n’est pas une ONG elle a besoin pour exister de tous ses membres. Je te souhaite Julien d’y trouver ta place même si ce n’est pas évident.

    François

  • il ne sert à rien de quitter l’institution et encore moins de demander de rayer son baptême .
    c’est Jésus de Nazareth, Christ qui vous a interpelé et non une institution .
    il faudrait au contraire rester et parler
    par contre ne rien donner au denier du diocèse ! ah oui !

    ceux qui vous disent que c’est contre nature ou vous demande de vivre en frères ou soeurs vous pouvez répondre que c’est dame nature qui vous a fait comme cela
    pour ce qui est d’être frères ou soeurs vous ne le serez jamais car vous vous aimez d’un amour qui inclut la sexualité

    et puis souriez !! car ils sont d’une hypocrysie ou d’un embarras à pleurer car ceux qui disent cela savent très bien que parmi eux nombreux sont ceux ont une tendance homosexuelle forte …………

    vivez en conscience éclairée ………..
    eux ne la respectent pas , ni pour humanae vitae , ni maintenant

    ils ne sont pas serviteurs mais grands prêtres

    je pense surtout que l’Eglise a besoin de voix libres et évangéliques

    le Christ a dit : et toi suis moi tel que tu es

    • @ Claudine. Je ne suis pas du tout sûr que Julien revendique une identité de personne homosexuelle. En tout cas rien dans sa lettre ne le laisse entendre.

  • Non, Madame Onfray , le Christ n’a jamais dit cela,à personne:
    à la femme adultère il a dit:va et désormais ne pêches plus
    et il a laissé partir le jeune homme riche tout triste.
    Certes il n’a condamné personne ,même s’il a eu des paroles fort peu aimables à l’égard des pharisiens,mais jamais il n’a prononcé la phrase que vous lui prêtez.En revanche il a dit entre autres:
    « Soyez parfait comme votre père céleste est parfait-efforcez-vous de passer par la porte étroite-celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu… »
    Je ne crois décidément pas qu’il ait prèché un chemin de roses à ceux qui voulaient le suivre:
    « celui qui veut être mon disciple qu’il prenne sa croix et qu’il me suive »cela me semble être assez loin de ce que vous lui faîtes dire,non?

    • @ Dominique. Claudine Onfray vous répondra de son côté, si elle le souhaite. Permettez-moi néanmoins ce commentaire. Lorsqu’elle écrit « et toi suis moi tel que tu es… » je l’entends comme un appel du Christ à tout homme, quel qu’il soit, quel que soit son péché. Ce qui est de bonne théologie classique. Vous lui objectez que le Christ a dit à la Samaritaine : « va et ne pèche plus… » et donc que les homosexuels devraient entendre la même chose. Ce à quoi je ferai plusieurs objections. Cette attitude qui consiste à rappeler « les autres » au devoir de sainteté me fait penser à ce passage des Evangiles (Mat.23,4) où Jésus interpelle les scribes et les pharisiens qui « lient des fardeaux pesants et difficiles à porter, et les mettent sur les épaules des hommes, tandis qu’eux-mêmes, ils ne veulent pas les remuer du doigt. » J’entends ici leur action de grâce : « je te remercie Seigneur de ne pas m’avoir fait comme ces hommes (homosexuels)… » ce qui leur permet à bon compte de décider comment les autres devraient vivre pour plaire à Dieu.

      Permettez-moi de vous citer cette phrase de Timothy Radcliffe, ancien grand maître de l’Ordre dominicain : « L’enseignement moral de l’Eglise ne doit jamais consister à dire aux personnes qu’elles ne doivent pas aimer quelqu’un. Il doit simplement les aider à aimer mieux. Il n’y a pas d’amour humain qui n’ait besoin de guérison, qui n’ait besoin d’être conduit à la maturité et à la plénitude. Y compris pour les couples mariés.(Dans son livre : Je vous appelle amis)

      Deuxième observation, je ne trouve aucune référence aux homosexuels dans les Evangiles, alors même que la Bible a des paroles très dures à leur endroit. La question, pour suivre votre raisonnement « va et ne pèche plus… », est donc de savoir si l’homosexualité « reste » un péché. J’entends bien que pour vous, et pour beaucoup dans notre Eglise, la question ne se pose même pas. Mais j’entends aussi que beaucoup de chrétiens se la posent, tenant compte du contexte particulier de la société au temps de la Bible et des connaissances nouvelles que nous apportent les sciences humaines. Ce qu’on appelle parfois « l’amour du même », pour le disqualifier, est toujours, d’une manière ou d’une autre « l’amour de l’autre » puisque nous proclamons, dans la foi, que chaque être humain est unique. Dès lors, on peut se demander si le critère évangélique pour aborder cette question n’est pas à chercher, plus que dans la condamnation des actes, dans l’adéquation ou la non adéquation des personnes qui vivent cette inclinaison, à ce que Paul nous dit de l’amour dans son épitre aux Corinthiens (1Co, 12, 4-8). Je ne dis pas que la question soit simple mais il me semble difficile de prétendre aujourd’hui, en vérité, qu’elle ne se pose pas !

  • René, je comprends très bien votre réaction,et loin de moi l’idée que les homosexuels sont bien évidemment dans le péché et les hétéros dans la plus parfaite innocence.
    Oui,le Seigneur appelle et bien sûr qu’il ne nous demande pas d’être parfait pour le suivre,mais il nous demande de le suivre en ayant le désir de nous convertir.
    Par ailleurs je ne dis pas que l’homosexualité est un péché,et d’ailleurs ce n’est pas ce que dit l’Eglise catholique,mais il me parait évident que le comportement des homosexuels est en contradiction avec le »Croissez et multipliez « de l’Ancien Testament sans parler de l’opinion de Paul sur ce sujet.Oh bien sûr nous ne sommes plus au temps de Paul,certes,et je ne veux condamner personne,pour autant je me heurte à un mûr et ne vois pas de solution,autrement dit je suis parfaitement en accord avec la conclusion de votre message

    • @ Dominique. Merci du ton apaisé de votre réponse. Juste deux mots pour vous dire que personnellement je n’entends pas l’injonction « croissez et multipliez » comme nécessairement porteur d’une condamnation à la continence éternelle pour celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans une attirance pour l’autre sexe !

      • René, condamnation,certes pas,mais je ne vois pas comment l’Eglise pourrait reconnaître officiellement une vie homosexuelle active comme « normale »
        Il me semble que tout au long de l’Evangile le Christ appelle à l’héroîsme que nous n’atteindrons qu’avec son aide car si comme le rappelle Claudine Onfray il a dit qu’il était chaque jour avec nous jusqu’à la fin du monde ,ce n’est tout de même pas pour rien.
        je ne crois évidemment pas une seconde à la damnation des homosexuels,mais que l’Eglise approuve leur comportement me semble absolument impossible.
        A toutes fins utiles je précise que pour moi il est bien évident que la sorte d’égoîsme dont on accuse les homosexuels dans leur vie sexuelle existe bien évidemment chez les hétéros de la même façon,et lorsqu’un hétéro par exemple enjoint son épouse d’avorter son égoîsme vaut largement celui de l’homosexuel.

          • Oui, René;nous sommes effectivement en désaccord,mais la brièveté de vot votre message me pousse à penser que pour vous le débat est défini définitivement clos.
            Je le regrette

          • @ Dominique. Il n’est pas clos mais depuis bientôt 1 an j’ai du écrire des centaines de pages sur le sujet et répondre aux arguments – toujours les mêmes – de dizains et de dizaines de contradicteurs. On s’y épuise ! Avec tout le respect que je vous dois, c’est vrai qu’il y a un moment où l’on se dit qu’il faut prendre acte de nos divergences puisque d’évidence chacun entend bien rester sur ses positions. Ce n’est pas du mépris !

        • pourquoi l’homosexuel serait condamné à vivre chastement sans l’avoir choisi.
          il est évident que cela n’a rien à voir avec la continence acceptée, le célibat voulu.
          de plus la relation sexuelle humaine est justement humaine car elle n’est pas orientée par la reproduction de l’espèce mais par l’amour et le don à l’autre.
          autre question:
          c’est dame nature qui a mis au monde des hommes et des femmes dont l’attirance va vers le même sexe? ou Dieu ??

          alors comment imaginer que c’est pour leur malheur!
          Dieu nous veut heureux et souhaite que l’on rende l’autre heureux.
          alors si deux homosexuels s’aiment, leur amour est respectable dans toutes ses dimensions.
          après reste le problème de l’enfant où le médecin est plus réservé .

          c’est tout aussi absurde que de demander pour être dans les clous aux divorcés remariés de vivre en frères et soeurs …..c’est une hypocrysie ils ne sont pas frères et soeurs , mais époux !!!

          heureusement Dieu est plus grand que notre coeur

  • oui rené si j’ai pris l’exemple de l’homosexualité c’est que l’attitude des autorités dans le débat du mariage pour tous a choqué
    profondément celui qui a écrit, je pense .

    oui rené merci d’avoir si bien répondu à la phrase non dîte par le Christ
    bien sûr qu’elle n’est pas telle dans l’Evangile
    mais le Christ a demandé à Pierre : m’aimes -tu plus que ceux -ci?
    mais à tous il a dit : qui suis-je pour vous ?
    m’aimes tu ?aimes -tu ce que je fais ? suis moi

    portes ta croix , bien sûr car pour tout homme
    il y a la croix
    mais jamais le Christ n’a dit qu’elle était bonne
    elle fait partie de la vie humaine , c’est tout

    il a dit ausi : je serai avec vous jusqu’à la fin des temps ou quand 2 ou 3 sont réunis en mon nom je suis au milieu d’eux
    il n’a pas précisé des apôtres ..

    je crois que c’est la seule réponse à lui donner :
    et toi m’aimes-tu?
    c’est ce que le prêtre devrait dire à son ordination

    car l’amour est être avec , être libre et en même temps lié à l’autre
    liberté des enfants de Dieu

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