Lettre ouverte aux «Pères» du synode

Lettre ouverte aux «Pères» du synode

Mes Pères, nous voici encore dans les premières aurores de cette année 2015 qui connaîtra l’aboutissement du synode sur la famille voulu par notre pape François. 

J’en ai applaudi l’intuition, heureux d’y retrouver la générosité de regard du concile Vatican II qui a marqué ma jeunesse. J’ai suivi de près les préparatifs puis les travaux de la première session, apprécié la franchise des débats, frémi aux crispations suscitées par le rapport intermédiaire du Cardinal Peter Erdo, souffert du repli frileux dont témoigne la rédaction finale des Lineamenta qui vous ont été adressés dans la perspective de la session d’octobre 2015. Je sais combien les mois à venir seront décisifs. Comme la Lettre du cardinal Baldisseri, secrétaire général du synode, y invite, je prends donc la liberté de vous adresser cette «lettre ouverte» (1).

Je suis né catholique, d’une famille très croyante, et le suis resté à ce jour, n’ayant jamais trouvé de raison suffisante pour remettre en cause cette appartenance et ébranler ma foi au Christ. Que dire d’autre qui, sans me faire sombrer dans une forme d’exhibitionnisme, dise néanmoins mon engagement constant au sein de l’Eglise, depuis un demi-siècle (2) et précise donc le lieu d’où je vous parle ? Car c’est du cœur même de cet ancrage ecclésial que je voudrais vous dire, pour le passé immédiat, ma déception et pour l’avenir que vous tenez entre vos mains : ma confiance et mon espérance.

J’ai aimé le souffle du «rapport intermédiaire»

Du rapport intermédiaire, tellement critiqué, j’ai aimé, précisément ce souffle de liberté qui conduisait l’Eglise à se décentrer d’elle-même comme l’y invite le pape François. Assurée de la Bonne Nouvelle dont elle est porteuse, pour le couple et la famille, elle pouvait s’offrir, sur le monde, un regard optimiste et généreux. Le texte nous invitait à «percevoir les formes positives de la liberté individuelle» , à «réaffirmer la valeur et la consistance propre du mariage naturel» et «reconnaître des éléments positifs dans les formes imparfaites» du mariage civil, de la cohabitation et du concubinage, autant de types d’unions où l’on pouvait «voir des valeurs familiales authentiques» lorsqu’y trouvaient place : «la stabilité, l’affection profonde, la responsabilité vis-à-vis des enfants, la capacité à résister dans les épreuves» (2)

J’ai aimé, à propos des divorcés remariés, l’idée qu’un approfondissement théologique puisse nous aider à dépasser la seule ouverture faite à ces couples d’une «communion spirituelle» ; comme j’ai aimé cette reconnaissance que «les personnes homosexuelles ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne» et cette invitation à «prendre acte qu’il existe (chez elles) des cas de soutien réciproque jusqu’au sacrifice»… (3) Comme journaliste, j’en avais été le témoin, dans ces années 1980 où nombre de malades du sida, abandonnés par leur famille, fut-elle catholique, mourraient dans la solitude avec pour seul regard aimant, au moment de rendre leur dernier souffle, celui de l’homme ou de la femme qui partageait leur vie.

Lorsque je regarde autour de moi…

Et voilà que la synthèse finale, adoptée par les participants au Synode romain, qui sert aujourd’hui de document préparatoire au Synode ordinaire d’octobre 2015, auquel vous êtes appelés à participer, revenait sur ces «audaces». Comme si, au terme de leurs travaux : «les pères synodaux (voulaient) plutôt trouver les moyens de reproposer la beauté du mariage chrétien plutôt qu’insister sur les aspects positifs des situations problématiques.» (4) Au point de se recentrer sur l’un en renonçant à l’autre.

Mes Pères,

Lorsque je regarde autour de moi : mes propres enfants, neveux et nièces, filleuls et filleules, tous en âge de vivre en couple, j’observe une belle diversité de mariages religieux ou civil, de pacs ou de simple concubinage. Parmi eux, il en est même un qui a osé le choix radical d’une vie monastique… Orthodoxe ! Leurs propres enfants sont, pour certains baptisés, pour d’autres non, quelques-uns ayant célébré en mairie un baptême républicain. Lorsque je regarde du côté de notre famille et de nos amis, j’y découvre indifféremment des vieux couples mariés, comme nous, mais aussi des personnes seules, ou des secondes unions après divorce. Et, parmi nos proches ou connaissances homosexuels : des couples libres de tout lien juridique, d’autres pacsés ou récemment mariés.

C’est au milieu d’eux que je vis. Avec bonheur et reconnaissance. Le dimanche, à la messe, je les porte indifféremment dans ma prière. Je les vois témoigner : de fidélité dans leur couple, d’affection réciproque et de soutien, de responsabilité vis à vis de leurs enfants, de capacité à résister dans les épreuves de la vie, d’ouverture aux autres… bref de ces qualités perçues comme constitutives du mariage chrétien par celles et ceux qui acceptent que Dieu ait quelque chose à voir avec leur amour ! Ils savent que j’ai pour eux : respect, estime et affection. Et j’aimerais tant les faire partager à mon Eglise.

Ces «périphéries» où l’on semble vouloir vous dissuader de vous aventurer

Sans doute campent-ils dans ces «périphéries» que le pape François nous invite à visiter et où, soudainement, on semble vouloir vous dissuader de vous aventurer. Sauf s’il y avait  quelques âmes à ramener au bercail. «Il faut accueillir les personnes, avec leur existence concrète, savoir soutenir leur recherche, encourager leur désir de Dieu et leur volonté de faire pleinement partie de l’Eglise» (5) «Toutes ces situations doivent être affrontées d’une manière constructive, en cherchant à les transformer en occasions de cheminement vers la plénitude du mariage et de la famille à la lumière de l’Evangile.» (6)

Mais voyez-vous, mes Pères, ceux dont je vous parle n’expriment pas forcément, aujourd’hui, un désir de Dieu qui les conduirait à vouloir faire pleinement partie de l’Eglise. Ils vivent et sont heureux de vivre, apparemment sans Dieu et sans Eglise. Pourtant, comme laïc croyant, cheminant à leur côté depuis longtemps, pour certains depuis toujours, j’ai envie de continuer à incarner auprès d’eux cet «art de l’accompagnement» constitutif de mon propre baptême, qui suppose «d’apprendre toujours à ôter ses sandales devant la terre sacrée de l’autre» (7) quelle que soit son appartenance ou son projet de vie.

Lorsque l’Eglise se refuse à voir Dieu à l’œuvre dans le cœur des hommes

De la situation des divorcés remariés j’observe qu’il vous est désormais proposé «un approfondissement ultérieur» (8) et de celle des personnes homosexuelles, la recherche d’une attention pastorale se référant à l’enseignement de l’Eglise selon lequel : «Il n’y a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille.» (9)  Ce qui nous conduit à ce paradoxe que l’Eglise se refuse à voir Dieu à l’œuvre dans le cœur des personnes dès lors que cela ne correspond pas à sa compréhension du plan de Dieu. Sans même se demander si cette compréhension reste pertinente !

Mes Pères,

A quelques mois de l’événement qui marquera assurément la vie de notre Eglise, je mesure votre responsabilité et je ne doute pas une seconde de votre détermination à vouloir l’assumer en fidélité à la Parole de Dieu. Je sais les mutations de civilisations qui travaillent nos sociétés et les déchirements qui naissent de nos désirs contradictoires de liberté individuelle et de service du Bien commun. Je comprends le souci qui est le vôtre de rappeler aux jeunes générations combien le chemin d’amour, de fidélité et de fécondité qui leur est proposé répond au plus profond de leur attente et que Dieu peut les aider à l’assumer au travers des épreuves de la vie. J’adhère au regard pastoral auquel invitent les Lineamenta pour qu’au sein de nos communautés chrétiennes, personne ne se sente exclu, marginalisé, méprisé du fait de son échec, de sa souffrance, de sa différence ou de son simple désir de retrouver le bonheur.

Transformerons-nous le monde si nous ne l’aimons pas ? 

Mais les autres, mes Pères ? Tous ces autres qui, pour des raisons qui vous échappent aussi bien qu’à moi, se trouvent aujourd’hui indifférents à l’Eglise et à la religion ? Tous ces autres au milieu desquels nous vivons au quotidien parce qu’ils sont nos enfants, nos amis, nos proches… n’aurions-nous rien d’autre à leur offrir qu’une impossible invitation à la conversion ? Transformerons-nous le monde si nous ne l’aimons pas déjà tel qu’il est ; si nous ne lui disons pas qu’il est aimé de Dieu ; si nous ne savons pas nous réjouir avec lui déjà de plus d‘humanité, de solidarité ; si nous décidons de réserver notre regard et notre cœur aux seules personnes susceptibles de rejoindre le giron de la sainte Eglise catholique, apostolique et romaine ? Et serions-nous alors encore fidèles à l’Evangile de Matthieu 25, à l’esprit des Béatitudes ?

Mes Pères, je ne veux pas abuser de votre temps qui nous est précieux. La XIVe Assemblée générale ordinaire du synode à laquelle vous êtes invités à participer a pour objet : «La vocation et la mission de la famille dans l’Eglise et dans le monde contemporain». Osez discerner avec nous, généreusement, dans ce monde contemporain  tellement décrié, la multitude et la diversité des semences du Verbe, pour ensemble les faire grandir, sachant qu’il appartient à Dieu seul de décider des conditions d’entrée dans le Royaume.

© René Poujol

  1. Un ami me fait observer que l’invitation du cardinal est à répondre à l’une ou l’autre des 46 questions formulées dans les Lineamenta, pas à « pétitionner pour faire pression » sur le synode. C’est exact, mais ce n’est pas non plus mon propos.
  2. J’ai présidé, dans ma jeunesse, l’association des étudiants catholiques de Toulouse, avant que d’entrer comme journaliste, de 1974 à 2009, au sein d’un groupe de presse également catholique, Bayard, dont j’ai dirigé pendant dix ans le titre fondateur : Pèlerin. J’ai été hospitalier à Lourdes, catéchiste dans ma paroisse, chef scout, responsable départemental (94) puis membre de l’équipe nationale des Scouts de France. Aujourd’hui membre du Conseil des Semaines sociales de France, et de la Conférence catholique des baptisés francophones (CCBF), je suis aussi administrateur de l’abbaye de Sylvanès (Aveyron), à la fois lieu source de la Liturgie chorale du peuple de Dieu, et haut-lieu de dialogue entre foi et culture. J’ai consacré quelques livres à trois prêtres dont la rencontre a profondément marqué ma vie : Mgr Jacques Delaporte, archevêque de Cambrai, mon ami le frère André Gouzes op. et l’abbé Pierre. A l’heure où, pour deux ans encore, je participe à la mission du Secrétariat général du synode diocésain de Créteil, j’essaie de préserver un peu de temps pour l’écriture d’un blogue où je me présente comme «Journaliste, citoyen et «catho en liberté», blogue essentiellement consacré à la vie de mon Eglise et à son dialogue avec la société, où la présente lettre prend place.
  3. Document intermédiaire § 5, 18, 38 et 22
  4. ibid. § 48, 50 et 52
  5. Imedia, repris le 16 octobre sur le site de Famille Chrétienne
  6. Lineamenta § 11
  7. ibid § 43
  8. ibid § 46
  9. ibid question n°38
  10. ibid § 55

 

Cet article a été repris, en condensé, dans la Lettre hebdomadaire de Témoignage Chrétien, que je remercie. 

 

53 comments

  • René, il me semble que le Secrétaire du Synode invite à répondre à 46 questions précises. Pas à pétitionner à tout bout de champ. Votre billet me semble aussi malvenu que la pétition du Cardinal Burke.

    • Tiens, j’ai lu ça quelque part ! Eh bien, il faudra vous faire à l’idée que je dis ce que j’ai à dire, comme j’entends le dire. Et si le Secrétariat du Synode n’a aucune envie d’en tenir compte parce que je ne suis pas dans les clous… c’est son affaire ! Sauf qu’ici je m’adresse aux Pères du synode, et j’en connais quelques uns, qui n’ont pas forcément à demander l’autorisation de qui que ce soit pour me lire ! Et puis, au fond du fond, si j’ai mal parlé et en quoi ai-je mal parlé ?

  • « Transformerons nous le monde si nous ne l’aimons pas »? Cette parole est belle et forte. Opposée au mariage homosexuel mais pas à la reconnaissance de l’union, de l’amour qui existe là aussi, je suis touchée par votre texte.
    Sans doute parce que vivant moi même dans les périphéries de l’Eglise. Pratiquante, mais mariée avec un athée.
    Après 20 ans de mariage civil et après avoir eu 3 enfants, nous avons fait un mariage religieux ( mon mari est toujours athée, je précise) je mesure ce que c’est que d’avoir été/être aux périphéries…
    Je me sens en permanence des deux côtés, plus proche, dans mon quotidien, des gens « périphériques » et en même temps désireuse de me rapprocher aussi de cette Eglise dont j’approuve souvent les propos.
    Que l’Eglise accorde la communion aux divorcés remariés me paraît nécessaire, une façon de témoigner et de comprendre, de s’approcher des gens.Car les chrétiens doivent s’approcher de ceux qui sont sur le bord de la route. Et pas seulement attendre que les non-chrétiens les rejoignent.
    Comme je me sens seule parfois, à l’église, au milieu de tous ces pratiquants qui se ressemblent!

    Marie

  • Merci René pour cette prise de position claire et pleine d’oxygène.
    A ma connaissance, à la fin de la première session du Synode, il y a eu 118 voix pour le texte d’ouverture sur l’homosexualité.
    118/180 quand il en fallait 120…
    Je serais heureux de pouvoir poursuivre cet échange « en privé »…
    Merci encore
    François

    • François,

      Si je peux me permettre cette précision, il va de toute logique évangélique que l’ouverture aux personnes homosexuelles doit avoir lieu et de ce fait n’a pas à être un motif de tension. L’Église doit les accueillir parce qu’ils sont des hommes et des femmes aimés de Dieu indépendamment de leur orientation sexuelle. Après la question serait de savoir comment les accueillir au vue de cette orientation sexuelle. Un prêtre me faisait part de son interrogation à ce sujet en m’indiquant que rien n’était évident! Dieu ne les juge pas! L’Eglise n’a pas à les juger! Et le pape François s’est refusé à les juger! La vraie question, est comment accueillir une personne au vu de son attirance homosexuelle tout en veillant à qu’elle trouve dans l’Eglise un lieu fraternel et chaleureux ? Voilà l’enjeu !

    • François, attention de ne pas faire un contresens dans l’interprétation du vote du § 55. A vous lire, on a le sentiment que puisqu’il y a eu 118 voix, alors qu’il en fallait 120, on n’est pas loin du compte et donc que les évêques, dans leur majorité, ont validé le « texte d’ouverture » sur les personnes homosexuelles. Sauf que dans le rapport final, le texte précisément n’est plus d’ouverture… comme je l’indique dans mon article, puisqu’il se contente de renvoyer à ce que le Magistère dit sur le sujet depuis toujours…

  • Mais qu’est-ce que çà veut dire « aimer le monde » réellement en étant Chrétien?
    J’aimerais bien le savoir.Bien sûr qu’il ne faut pas le voir comme le domaine de Satan, mais il faut tout de même ne pas ignorer sa présence non plus.
    Je crains toujours que dans le but d’avoir un visage souriant on en arrive à proclamer « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ».
    Bien sûr que nous ne devons pas avoir une face de Carême, c’est bien évident mais je crois que nous devrions souvent ne pas craindre d’être un signe de contradiction face à notre société.
    Nos frères protestants luthériens et réformés nous précèdent largement en matière d’adaptation au monde, qu’en tirent-ils comme « bénéfice »?

    • Dominique, je vous retrouve bien là dans votre morceau favori et j’en conclue, avec tristesse, que vous ne m’avez pas vraiment lu !

    • « ….on en arrive à proclamer « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ».
      Bel hommage à Jean Yanne !
      et sinon….
      J’ai plutôt compris : « on en arrive à proclamer « tout le monde il est sauvé en JC, tout le monde il est aimé de Dieu » , catho/pas catho ; croyant/pas croyant ; homo/hétéro ; mariés/célib/divorcés, curés, papes, prélats du Vatican et autres dévots (si si, eux aussi finalement), etc. etc.
      Enfin je ne fais que dire autrement ce que proclame Jésus et quelques autres apôtres…. que vous aimez tant….

  • Bravo pour ce texte qui rejoint l’attitude du Christ : « Je ne suis pas venu pour les biens portants »
    Que nos Pères pour les divorcés remariés ne cèdent pas à la solution juridique de la nullité qui signifie qu’il n’y a pas eu mariage et que donc le conjoint qui est partit avait raison puisque qu’il n’y avait pas la grâce correspondante.
    Merci.

  • Bravo, René pour ce très beau texte qui permet de rendre plus concrètes des idées et des réflexions qu’il est nécessaire de pouvoir formuler pour mieux les partager.

    Jean-Luc

  • si René, je vous ai lu mais mes réflexions ne vous visent pas spécialement mais en visent bien d’autres. Je sais bien que vous ne souhaitez pas que l’Eglise se couche plus ou moins devant le monde, mais je n’en dirais pas autant de certains que je lis bien régulièrement sur différents blogs.

  • Il est indéniable que le questionnaire relatif au Synode sur la famille semble n’avoir pour seul souci que de demander aux chrétiens d’adhérer à la doctrine du magistère romain. Ce n’est pas ainsi que jen comprends le dialogue pastoral et la préparation du Synode.

    • Cher ami, venant du théologien reconnu que vous êtes, ce commentaire me va droit au cœur. C’est bien en ayant votre analyse à l’esprit que je me suis « autorisé » cette lettre ouverte, sur un point certes non central mais significatif, là où de bons amis, notamment sur Facebook, me « rappellent à l’ordre » d’un questionnaire romain qui, comme vous le soulignez, se veut à ce point étroitement pastoral qu’il ignore ou refuse tout glissement du pastoral vers le doctrinal, pourtant nécessaire. Le pape François se laissera-t-il enfermer dans ce réductionnisme ? Saura-t-il trouver les appuis nécessaires non pour opposer une majorité à une minorité mais, comme cela est souhaitable dans l’Eglise, pour créer une dynamique capable de dégager un consensus ouvrant sur de nouvelles perspectives ? Voilà bien la question qui à ce jour reste sans réponse. Et qui me conduit à penser qu’il est sans doute plus urgent, même si cela est jugé sévèrement par certains, de peser si peu que ce soit dans les rapports de forces qui se mettent en place (ceux qui les dénoncent étant en général ceux qui y recourent le plus volontiers) que répondre sagement à la copie qui nous est proposée. En tout cas, merci père pour ce bol d’oxygène aussi bienfaisant qu’autorisé.

  • René, vous êtes adhérent de la CCBF mouvement avec lequel, Christine vous le confirmera j’ai eu des échanges « musclés ». Tout s’est apaisé depuis Noêl d’une façon assez surprenante d’ailleurs… il n’en reste pas moins qu’au plus profond de moi je suis totalement allergique à la revendication dans l’Eglise, totalement car pour moi revendiquer dans l’Eglise c’est considérer que notre idée est évidemment la bonne et que le Saint-Esprit est évidemment de notre avis. Par ailleurs quand vous dîtes qu’il faut aimer le monde, pour moi c’est un peu comme si vous me demandiez d’aimer TF1. Alors pour moi je m’efforce d’aimer les gens sans esprit de jugement et cela n’a rien d’évident tous les jours, mais aimer le monde… non !

    • Dominique, je ne suis pas sûr que le ressort premier de la CCBF soit ce que vous appelez la « revendication ». Si cela m’apparaissait comme tel, j’en tirerais les conséquences. J’attache, comme croyant, la plus grande importance à être en communion avec mon évêque et mon Eglise, ce qui ne signifie pas, et là nous pouvons avoir une différence de sensibilité vous et moi, une obéissance aveugle au nom du respect du principe d’autorité. Ma génération, je le confesse, y est rebelle. C’est ainsi ! Pour le reste, il faut également comprendre ce que je veux dire par « aimer le monde ». J’entends par là ne pas nourrir un procès permanent envers tout ce qui n’est pas explicitement catholique comme si nous étions seuls détenteurs de toutes les vérités, même non spirituelles. Aimer le monde c’est l’aborder d’abord avec un regard bienveillant, ce qui ne délégitime pas l’esprit critique. Permettez-moi ce souvenir personnel : lorsque Coluche créa les restos du cœur, on fit la fine bouche dans certains milieux d’Eglise, expliquant que ce monsieur était un triste personnage et qu’il y avait déjà le Secours Catholique pour s’occuper des pauvres. Le ridicule ne tue pas ! Au terme de la première campagne des Restos, comme les rentrées d’argent avaient été supérieures aux dépenses engagées, Coluche, le mécréant, fit don des bénéfices… à l’abbé Pierre ! On ne transforme que ce qu’on aime vraiment.

    • Dominique,

      Vous écrivez que vous êtes « allergique à toute revendication »
      … et je dirais même plus, car vous me semblez être « allergique à l’expression de tout sentiment qui vous animerait » (p.ex. désir, regret, phobie, …).

      Car à vos yeux, un bon catholique ne serait jamais autorisé à s’exprimer, seulement à se taire et « à la fermer ».

      Cependant, à voir les rapports qui s’installent entre le Pape et la Curie (« Les opposants au pape » cf. le magazine de 13h15 sur France2), la préparation à la session 2015 du Synode sur la famille est bien mal partie.
      Aussi j’apprécie énormément cette Lettre ouverte aux Pères du Synode.

      • Robert, que voulez-vous que je vous dise ? Vous me voyez ainsi parce que contrairement à beaucoup d’autres, n’ayant strictement aucune rsponsabilité dans l’Eglise, connaissant pas trop mal les Evangiles ,Paul et les Actes, ne priant certes pas autant que le pape et les évêques lesquels, eux, ont une connaissance bien supérieure de l’histoire de l’Eglise et des multiples hérésies qui l’ont sillonnée, et ayant la faiblesse (?) de croire que les intéressés sont sincères jusqu’à ce qu’on m’apporte la preuve du contraire, eh bien j’ai tendance à croire qu’en règle générale leur point de vue a plus de chances d’être fondé que celui de Monsieur X ou de Madame Y et puisque voulez-vous j’ai tendance à croire qu’être à contre-courant de l’opinion moyenne est quelque chose de normal dans l’Eglise.
        Je suis bien d’accord, en tant que fidèle, nous avons le droit et même parfois le devoir de faire état de nos désaccords. Ce que je ne supporte pas c’est de proclamer que si l’Eglise ne nous suit pas elle va à la catastrophe, car en fait qu’en savons-nous ?

        • Dominique, vous écrivez « leur point de vue a plus de chance d’être fondé … »

          Mais à ce propos, un problème aigu se pose, car quel est-il ce « point de vue » ?
          Est-ce celui du pape, ou celui de la Fronde au sein de la Curie – qui s’oppose résolument à celui du pape ?
          Décidément l’Esprit Saint ne nous facilite pas la tâche, car comment savoir à présent de quel côté il penche ?

          Toutefois, la Lettre ouverte aux « Pères » du Synode devrait aider ces derniers à y voir plus clair, ne pensez-vous pas ?

        • Dominique,

          Vous tournez autour du pot lorsque vous écrivez « c’est bien là la question ».

          Ne pensez-vous pas que cette superbe Lettre ouverte aux « Pères » du synode pourra aider ces derniers à y apporter une réponse ?

          • Non, Robert, je ne tourne pas autour du pot.Je ne suis pas enthousiasmé par cette lettre car lorsqu’on parle d’aimer le monde je voudrais bien savoir de quel monde on parle. Que voulez-vous, notre monde occidental ne m’enthousiasme vraiment pas, ce monde qui a pour horizon d’être beau, riche bien portant, d’avoir le dernier modèle de super écran plat, d’être protégé au maximum par tout un tas d’assurances, tout en vivant en grande partie aux crochets des autres pays… Bien sûr si je remonte en arrière il est certain que l’on meurt moins de faim que lorsque j’avais 20 ans et ce n’est pas si mal. Aimer ce monde ? Quel programme !

          • Dominique, je crois que ma phrase est : « Transformerons-nous le monde si nous ne l’aimons pas ? » Aimer le monde n’est jamais, dans ma pensée, qu’un préalable pour le transformer. Si nous allons vers les autres, non-croyants, uniquement avec l’intention de combler chez eux ce que nous percevons comme un manque, sans prendre également acte de leurs richesses, nous sommes à côté de la plaque.

        • Dominique, la lettre de René donne des conseils – avisés me semble-t-il – aux « Pères » qui s’exprimeront sur les questions à l’ordre du jour de la session 2015 du synode sur la famille.

          Les différents problèmes relatifs à l’éthique familiale demandent indéniablement, au sein de notre Église catholique, une approche systématique au lieu de la politique de l’autruche trop souvent pratiquée jusqu’ici.

          Il s’agit donc bien de la « transformation » d’une situation existante, afin de rendre la situation plus vivable pour tout le monde, plus humaine et plus évangélique.

          Et lorsque René écrit « Transformerons-nous le monde si nous ne l’aimons pas ? » je comprends que pour arriver à une quelconque transformation, il est nécessaire avant tout d’établir une relation fusionnelle envers les situations qu’on se propose de transformer.

          En revanche, dire que le monde n’est pas idéal est à la portée de tout le monde.
          Et ne pas vouloir le changer – également à la portée de n’importe qui – c’est abdiquer et se résigner : très peu pour moi.

          • Robert, vous faites des conclusions hâtives avec ce que j’écris.
            Bien sûr qu’il faut changer le monde ou plutôt essayer de le changer. Mais pour cela je crains le regard trop indulgent sous prétexte de ne heurter personne. C’est çà ce que je redoute.
            J’ai une activité de bénévole dans une association officiellement catholique qui accueille en son sein des bénévoles de toutes convictions, ce qui est une très bonne chose. Cette association manque de bénévoles, mais si vous proposez que des personnes aillent le dimanche dans les paroisses pour faire un appel on vous répond que ce serait embétant par égard aux bénévoles non-croyants.
            Trouvez-vous cela normal ?

  • René je ne suis pas le petit doigt sur la couture du pantalon, pas du tout et si par exemple j’ai plutôt une bonne opinion de mon Evêque (celui de Bayonne!!!) je suis loin de le suivre en tout, vraiment loin parfois.
    Quant à votre génération, étant né en 1945 je ne crois pas être très loin de vous sur ce plan -là…
    Enfin loin de moi l’idée que le monde n’est que mauvais et que nous catholiques sommes les seuls détenteurs de la générosité, les seuls à avoir le sens du partage,de l’abnégation…
    Ce que nous avons et que les non-chrétiens n’ont pas c’est que nous savons que nous ne sommes jamais seuls puisque le Christ nous a dit qu’il était avec nous chaque jour jusqu’à la fin du monde.
    Quant à Coluche… l’homme s’est montré bien supérieur à l’artiste et je n’irai pas lui faire un procès parce qu’il a fait de la concurrence aux association caricatives catholiques, bien sûr que non.

  • René, je suis prêt à signer votre lettre sans en changer un seul mot.

    Mon parcours de vie qui n’est pas un long fleuve tranquille (DRM) et qui me conduit à m’approcher chaque jour un peu plus du Christ en proclamant avec une joie partagée, sa Parole aux enfants du KT me conduit à formuler aux Pères Synodaux cet avertissement fraternel :

    Mes Pères

    Si par malheur vous deviez résister à l’appel de votre pape de courir vers les périphéries, sachez que ces dernières ne n’arrêteront pas de marcher vers le Christ comme elles le font déjà. Ne vous méprenez pas, votre autorité n’impressionne que peu de croyants, ceux qui craignent le souffle de l’Esprit qui, dehors, va où il veut.
    La Barque de Pierre a besoin de ce souffle dans sa voile.
    Si vous ne hissez pas la voile, nous nous chargerons de ramer avec nos petits bras et avec notre totale confiance en Christ.

    • Parce que ,bien entendu le Saint Esprit est forcément de votre avis?
      Certes c’est possible mais comment en être certain?

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  • René,
    Catholique « de naissance », ayant choisi de vivre ma vie, autant qu’il m’est possible, guidé par l’Amour du Christ, la Bible où Dieu se révèle à nous et la Tradition de l’Eglise catholique qui nous aide à la comprendre, je vous félicite pour votre lettre ouverte (sans doute devrais-je dire ta, puisque j’ai été 10 ans responsable chez les Scouts et Guides de France) !
    Puissent les pères synodaux la lire et l’intégrer dans leurs réflexions.
    Je sais, et j’en suis convaincu, que l’Eglise ne doit pas évoluer pour être simplement dans l’air du temps. Mais, au cours des siècles, Elle a su faire évoluer sa Tradition et son enseignement sans jamais se contredire. Sur ce thème de la famille, Elle peut effectivement se « décentrer », très légèrement pour examiner, en toute objectivité, ce que pratiquent nos frères chrétiens non catholiques. La reconnaissance de la Miséricorde de Dieu par nos frères orthodoxes pour les divorcés remariés me paraît une piste à explorer. L’accueil des homosexuels par nombre de nos frères protestants peut être une source d’inspiration sans aller jusqu’au mariage, bien sûr, mais l’union civil, elle, ne me semble pas mériter d’anathème.
    Oui, je souhaite vivement que cette lettre ouverte connaisse une très large diffusion.
    Bien fraternellement.
    Pierre

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  • René, qu’il est difficile de s’exprimer sur un blog. Je ne dis pas que le monde n’est que mauvais ni que les non -croyants sont sans valeur aucune, pas du tout, mais contrairement à vous j’ai bien du mal à discerner les semences du Verbe que vous trouvez en très grand nombre.
    J’ai plutôt l’impression que notre monde occidental stagne misérablement.

  • Lettre très émouvante et très belle. Merci ! Puisse-t-elle émouvoir quelques uns de nos Pères Synodaux. Plus qu’un long discours j’aimerais rappeler que la famille est à notre époque surtout missionnaire et qu’on ne saurait l’être à coups d’interdits et d’exclusions en complets désaccord avec le message évangélique. Oui nous sommes tous des malades qui suis-je pour juger d’autres malades ? Le pape fait œuvre évangélique en se rapprochant des marges et les pères qui s’en offensent représentent le Temple et ses certitudes. Vieux drame toujourss d’actualité ! Nous appartenons a Christ mais l’Esprit n’est la propriété de personne. Appliquons « la correction fraternelle  » adaptée au temps, au lieu, à la culture pour que vive l’Esprit de l’Evangile.

  • Un ami me fait observer en « message privé » que je ne respecte pas la règle du jeu de la consultation synodale qui consiste simplement à répondre à l’une ou l’autre des questions formulées dans la seconde partie des lineamenta. Et donc, qu’à ma manière, je fais une pression injuste et injustifiée sur les Pères du synode. Que l’on me permette de lui répondre ici, indirectement, puisqu’il ne souhaite pas que je publie son message, même de manière anonyme.

    Je laisse chacun libre de répondre à ce questionnaire. Peut-être d’ailleurs y répondrai-je ponctuellement sur telle ou telle question pour laquelle je me reconnais sinon quelque compétence, du moins quelque intérêt. Mais je ne vois pas pourquoi je leur apporterai quelque publicité sur mon blogue.

    En revanche je pense que le défi auquel les Pères du synode sont confrontés, est lourd de la diversité des situations de baptisés auxquels ils vont s’adresser. Je ne leur conteste bien évidemment pas, et je l’écris de manière explicite dans mon texte, d’avoir la charge de dire, notamment à l’adresse des jeunes générations, ce que propose l’Eglise catholique au regard du mariage et de la famille ; pas plus que je ne conteste la nécessité pastorale de prendre en compte les blessures, les souffrances, de celles et ceux qui, au sein de nos communautés chrétiennes se situent un peu « en marge » par rapport à la morale chrétienne. J’observe d’ailleurs que la simple attention aux seconds suscite déjà, chez certains, nombre de réserves, comme si le rôle du synode était uniquement de rappeler un enseignement intangible.

    Reste à parler aussi – me semble-t-il – à celles et ceux qui, personnellement engagés dans les communautés chrétiennes sont quotidiennement au contact du monde réel, et déjà dans leur propre famille, composé d’hommes et de femmes qui ne se reconnaissent pas dans la foi et la pratique catholiques. Des hommes et des femmes qui, parfois, donnent un merveilleux témoignage d’amour et de fidélité, de responsabilité aussi, même si c’est « en marge » de l’institution catholique. N’ont-ils pas droit également à l’attention, à l’affection, à la compréhension de notre Eglise et pourquoi pas à l’encouragement à la rejoindre, au moment où elle entend réactualiser son message sur la famille ?

    En quoi serais-je mauvais chrétien à inviter les Pères du synode à ne pas oublier cette « frange » là ? Y a-t-il pour l’Eglise quelque risque de perdre son âme à savoir discerner la présence de Dieu au cœur de tout homme, même de ceux qui se refusent à le nommer ? Le risque ne serait-il pas, au contraire, de sa barricader dans un entre-soi comme si l’humanité sauvée se réduisait au seul petit troupeau estampillé catholique ?

  • Je découvre ce matin l’homélie aux nouveaux cardinaux du pape François. Comment ne pas y voir un encouragement à ce que les Pères du synode dépassent les craintes que j’exprime dans cet article. Lorsqu’il déclare : « La route de l’Eglise est celle de ne condamner personne éternellement. » comment ne pas penser aux divorcés remariés, et à ces hommes et femmes non chrétiens auxquels je fais référence dans mon texte lorsqu’il évoque « le Seigneur qui est présent aussi en ceux qui ont perdu la foi, ou qui se sont éloigne de leur propre foi ou qui se déclarent athées. » ?

    http://rome-vatican.blogs.la-croix.com/la-logique-du-pape-francois/2015/02/17/

    • Tout à fait d’accord avec vous, René.

      D’autre part, les cachoteries qui soutiennent que votre Lettre ouverte aux Pères du synode exercerait une « pression injustifiée » me semblent peu fondées, et cela pour plusieurs raisons :

      La première est que le seul fait de qualifier une certaine forme de communication – en particulier cette Lettre ouverte – de « pression » consiste, à lui seul, à biaiser le débat.

      La deuxième est que
      a) le questionnaire auquel il est demandé de répondre ne fait pas forcément le tour de la question
      b) des points de vue additionnels peuvent enrichir le débat
      c) penser le contraire revient également à biaiser le débat.

      La troisième est que l’ouverture, la compassion et l’intégration sont toujours préférables à l’exclusion et au déni.

  • « N’aurions-nous rien d’autre à leur offrir qu’une impossible invitation à la conversion »
    Certainement pas, mais peut-être qu’expliquer, dans la mesure du possible, bien sûr les positions prises par l’Eglise-institution plutôt que de passer notre temps à souligner ses travers serait peut-être utile, non ? Il n’est pas question bien sûr de nier les problèmes, mais de modifier notre discours perpétuellement critique et faire en sorte que notre interlocuteur ait le sentiment qu’on peut être un catho heureux et non pas perpétuellement grincheux.

    Ces réflexions ne vous visent pas spécialement René.

    • « Ces réflexions ne vous visent pas spécialement René. » :
      si je vous comprends bien, Dominique, votre commentaire du « catho grincheux » ci-dessus ne s’adresse pas seulement à René, mais à tout le monde. Aussi, je me permettrai d’y apporter la réponse que voici :

      De deux choses l’une :
      Ou bien on souhaite le changement ou bien on ne le souhaite pas.
      Si on le souhaite, on va privilégier un discours rénovateur.
      En revanche, si on ne souhaite aucun changement, on va tenter d’expliquer, en la justifiant, la situation telle qu’elle se présente (or il me semble que votre tendance première est invariablement celle-là!).
      Mais convenez quand même que justifier la situation existante alors qu’on souhaite la voir changer, c’est plutôt contradictoire car c’est vouloir jouer sur les deux tableaux.

      Quant à se montrer « catho grincheux » plutôt que « catho heureux » : le « grincheux » voit sans doute le verre à moitié vide – en faisant des propositions pour le remplir, tandis que « l’heureux » le voit peut-être à moitié plein – mais sans essayer de le remplir, lui.

      • Robert, excusez-moi,mais régler un problème en partant du principe de deux choses l’une ne parait pas un bon principe car les choses sont rarement aussi simples,ce n’est pas tout blanc d’un côté et tout noir de l’autreEt qu’en savez-vous que le « catho heureux » ne chercherait pas, lui , à le remplir lui aussi ce verre à moitié plein?

        • « Et qu’en savez-vous que le « catho heureux » ne chercherait pas, lui , à le remplir lui aussi ce verre à moitié plein? » me demandez-vous.

          A coups de miséricorde, peut-être ?
          (car pour avoir plus, les divorcés remariés risquent d’attendre une éternité…)

          • Robert, je crois vous avoir déjà dit ,moi « catho heureux » que j’étais pour une évolution de l’attitude de notre Eglise en ce qui concerne les « divorcés-remariés »

    • A Dominique:

      Choisir entre « modernisme » et « passéisme » est une gageure.
      Aussi pour ne pas vous considérer à tort comme un « homme du passé », j’aimerais vous poser une question de fond.

      Les 200 ans de retard de l’Eglise catholique – dont parlait le Cardinal Martini – nous ramènent jusqu’en 1815, bien avant la fameuse Encyclique Pascendi Dominici Gregis de Pie X.
      Car c’est à ce sujet que je m’interroge :

      Estimez-vous qu’en 2015, cette Encyclique, datant de 1907 – en particulier son esprit antimoderniste et antidémocratique – ait encore le moindre fondement ou si on peut/ si on doit, au contraire, l’abandonner et l’oublier ?

      http://w2.vatican.va/content/pius-x/fr/encyclicals/documents/hf_p-x_enc_19070908_pascendi-dominici-gregis.html

      http://www.aquarelles-expert.be/Lutte_contre_le_modernisme_Pie X_1910.pdf

      • Rien que pour vous donner la réponse que vous attendez tant de ma part je vous réponds oui sans la moindre hésitation car « homme du passé  » comme je suis je considère que toutes les encyclique absolument toutes sont paroles d’Evangile.
        Est-ce que cette réponse vous convient?

        • Dominique, prendre les écrits du Magistère pour parole d’Evangile ne me paraît pas judicieux.
          Il ne me semble pas judicieux, en effet, d’assimiler les directives disciplinaires et les réflexes d’enfermement du Magistère aux leçons d’amour et de bienveillance des Evangiles du Christ.

          « Ce qui est dramatique pour l’Eglise, c’est que ce même réflexe d’enfermement dans une doctrine intenable et d’exercice d’un pouvoir autoritaire qui ne dit jamais son nom a joué encore au XXème siècle face aux mouvements féministes, à l’émancipation du monde ouvrier, aux théologies de la libération … et que cela continue à l’égard des voix prophétiques et des forces progressistes en son sein même.
          Toujours au nom du même principe : les humains sont incapables de faire un bon usage de leur liberté ; il leur faut donc une tutelle de droit divin ou quasi divin. » (cf. Oser la bienveillance, Lytta Basset, Edit. Albin Michel, 2014)

          Le « réflexe d’enfermement » dont question ci-dessus se retrouve dans divers documents du Magistère, comme par exemple :

          – Sacrorum antistitum (Pie X, 1910) qui fustige le modernisme
          – Humanae vitae (Paul VI, 1968) qui fustige la maîtrise de la sexualité féminine
          – Mulieris dignitatem (Jean-Paul II, 1988) qui fustige l’égalité des « genres » masculin et féminin

          A noter que :
          (a) le « serment antimoderniste » imposé aux clercs par le Motu Proprio Sacrorum antistitum a été abandonné en 1967, à l’occasion du concile Vatican II.
          (b) à propos de l’Encyclique Humanae vitae, le Père Yves Congar écrivait en 1976 : « On se trouve en présence d’une non-réception, au moins partielle, de documents comme Humanae vitae. » (in Revue des Sciences philosophiques et théologiques, janvier 1976). Et à propos de la « réception, notion jusque-là très floue, le Père Yves Congar a publié, en 1972, une étude historique qui montrait que la réception n’est pas une simple obéissance du corps ecclésial à une règle donnée du Magistère : « Elle comporte un apport propre de consentement, éventuellement de jugement, où s’exprime la vie d’un corps qui exerce des ressources spirituelles originales ». Le Père Y. Congar donnait aussi des exemples de non-réception, du concile de Chalcédoine à Humanae vitae, et affirmait : « L’acceptation par la communauté est un élément pour qu’il y ait vraiment loi. Ces éléments sont, en effet, l’acte instituant, la promulgation, l’approbation par la pratique du groupe concerné. »
          (c) en enfermant les femmes dans une seule trajectoire de vie, celle du mariage et de la maternité, la Lettre apostolique Mulieris dignitatem fait perdurer l’image traditionnelle de la femme véhiculée par le catholicisme. Au lieu de libérer la femme, Mulieris dignitatem l’enferme dans un modèle contraignant ne correspondant pas à la pluralité de ce que sont réellement les femmes.

          • Dominique, j’ai souvent du mal à m’y retrouver entre vos tautologies, redondances – et occasionnelles reculades sous couvert d’ironie.

            Votre tendance à pontifier sur les blogs donne rarement une tonalité calme et respectueuse aux discours que vous y tenez.

  • Bonjour
    Lors de notre dernière réunion, nous avons lu tous ensemble cette lettre ouverte et nous nous y sommes retrouvés dans nos réflexions et nos attentes. Nous n’avons pas répondu au questionnaire trop  » fermé » et n’accordons pas confiance à ceux de notre diocèse qui sont chargés de l’interpréter et de faire suivre les résultats. Aussi vous serait-il possible de faire savoir aux pères du Synode, que nous nous associons pleinement à votre démarche et que c’est notre réponse au questionnement de l’EGLISE.

    • Merci de votre confiance. Je fais suivre votre soutien aux membres Français du Synode auxquels j’avais adressé mon texte.

  • Je découvre seulement ce jour cette lettre…Merci, René! A plus d’un titre, je partage…En concentré et rapidement: « catho heureux » « catho grincheux »  » monde qui stagne »etc..eh oui, ça bouge davantage sur d’autres continents, en effet, au Kenya, au Yemen, en Syrie…où c’est sans doute plus simple d’être chrétien!
    Mais oui, il y a de l’urgence aujourd’hui, ici aussi, « autrement » sans doutes…ce dont tu nous parles, je crois!

  • Non Robert,je ne cache pas sous l’ironie ce que vous appelez mes reculades,mais vous essayer par tous les moyens de me faire dire ce que je ne pense pas et que vous aimeriez tant que je dise pour pouvoir me ranger dans le camp des intégristes les plus acharnés.

    Robert,comme dit la chanson « et si ça n’vous plait pas n’en dégoûtez pas les autres »
    par ailleurs il me semble avoir fait preuve d’une certaine patience à votre égard lorsque je compte le nombre de fois où vous où vous avez essayé de me faire dire ce que vous espériez tant de ma part.

    Bien cordialement

  • Je découvre sur TC cette lettre ouverte, j’aurais pu écrire le même message, c’est avec plaisir que je lis l’analyse de notre milieu social et qu’il doit être pris en compte par les « Pères » du Synode. Merci pour cette réflexion

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