Lettre ouverte aux évêques du Conseil permanent.

Lettre ouverte aux évêques du Conseil permanent.

Comment peut-on appeler les laïcs à se mobiliser contre la pédophilie en ignorant le travail de ceux qui ont joué les lanceurs d’alerte ? 

Mes pères, 

Je viens de lire votre Message publié ce 12 septembre, au nom de vos frères évêques, à l’attention du “peuple de Dieu qui est en France“. Vous avez choisi de vous faire l’écho de la Lettre au peuple de Dieu du pape François, justifiée par les derniers rebondissements, dans notre Eglise catholique, des scandales de pédophilie qui défigurent le message d’amour, reçu du Christ, que vous et nous avons pour mission commune d’annoncer aux hommes et aux femmes de ce temps.

Je vous remercie pour l’hommage rendu aux prêtres, pour l’expression à leur égard de votre « estime et affection » qui sont aussi les nôtres. Les savoir aujourd’hui objets de suspicion nous est insupportable, tant chacun de nous peut témoigner, pour l’immense majorité d’entre d’eux, de leur intégrité morale, de leur unique passion pour l’Evangile. Leur blessure est aussi notre blessure.

Mais comment vous dire, mes pères : votre texte est encore pétri de cette prose ecclésiastique qui ne nous parle plus. Parce qu’elle est faite d’une contrition à laquelle vous semblez vous résoudre, faute d’avoir pu y échapper. Vous nous invitez à lire la Lettre du pape François. Et de fait, il faut la lire. Mais depuis sa publication ont surgi des accusations qui le visent personnellement, à travers le texte de Mgr Vigano, et auxquelles, à ce jour, il n’a répondu aux journalistes que par une pirouette dans l’avion qui le ramenait d’Irlande au Vatican : «Je dirais simplement ceci : lisez-le attentivement et faites-vous votre propre jugement personnel. Moi je ne dirai pas un mot sur cela. Je crois que le document parle de lui-même.» 

Eh bien non ! Quelle que soit l’affection que je porte au pape François pour nombre de ses combats, je ne saurais me satisfaire de cette esquive. A accusations précises réponse circonstanciée. Nous attendons toujours ! 

Appeler à la suite du pape « chaque baptisé, quelle que soit sa responsabilité dans l’Eglise, à s’engager “dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin » est bien. Ajouter que « c’est par l’engagement et la vigilance de chacun que nous parviendrons à vaincre cette calamité des abus dans l’Eglise » est parole de sagesse. 

Mais sur ce terrain, mes pères, il est des laïcs et des clercs qui vous ont devancé depuis longtemps. Qui ont été plus perspicaces et peut-être plus courageux que vous. A une époque où nombre d’entre nous, qui nous voulions lanceurs d’alerte, avons eu à affronter votre scepticisme, votre indifférence, voire parfois le témoignage non dissimulé de votre agacement.

Dans une récente interview à la Croix, Mgr Ravel, archevêque de Strasbourg confie avec une naïveté qu’il reconnaît lui-même : « Je n’avais qu’une vision, j’ose dire, intellectuelle et théorique des choses » avant qu’au cours de ces cinq dernières années, la rencontre de victimes, ait transformé son regard. Mais ces « victimes » que vous ne rencontriez pas, mes pères, nombre d’entre nous avaient recueilli leurs témoignages et entendaient se faire leur porte parole. Qu’avez vous fait, alors, de notre engagement de baptisés auquel vous nous appelez solennellement aujourd’hui ?

En 2010, avec une vingtaine d’amis, majoritairement laïcs, hommes et femmes mais également prêtres, tous engagés dans la vie de notre Eglise, j’ai signé sur le site du Monde un texte intitulé : « Face aux abus sexuels, la désolation et le pardon du pape ne suffisent pas ». Loin d’accabler l’Eglise – notre Eglise – et de nous poser en procurateurs, nous écrivions : « Nous ne pouvons pas nous laver les mains de cet état de fait. Nous avons été à la fois victimes et participants de ce qu’il faut bien appeler « une structure de péché ». (…) le péché de l’Eglise et de ses serviteurs, nous devons tous y faire face. »

C’était il y a huit ans, sous le pontificat de Benoît XVI. Lisant ce texte, remis en ligne sur les réseaux sociaux, un ami commentait ces jours derniers : « J’étais loin de ces questions à l’époque et je viens de découvrir ce texte avec sidération : tout y était dit. Déjà. » Oui, tout était dit… ou presque. Et que nous avez-vous répondu mes pères, à l’époque ? Rien ! Nous étions simplement, à vos yeux, responsables du trouble qui commençait à gagner le peuple croyant ! 

Alors, nous appeler aujourd’hui à l’engagement comme si vous en étiez les instigateurs, sans avoir le moindre mot de reconnaissance pour ceux qui vous ont précédé dans ce combat, au nom l’Evangile, ça nous fait mal. Non que nous attendions quelque forme de reconnaissance que ce soit. Je sais que ce n’est pas le genre de la maison. Mais peut-être ce minimum de justice qui procède de l’esprit de vérité. 

 

 

 

55 comments

  • Etant l’un des signataires de cette lettre , avec toi ,je partage tes remarques, mais j’avoue que je n’attendais pas de réaction particulière des destinataires, tant nombre de ceux-ci ont toujours donné l’impression qu’ils appartenaient, collectivement, ( personnellement c’est très différent) à une autre planète , en tous cas à une planète qui ne rencontre pas la notre. En 2001 , avec René Rémond j’avais préfacé un livre : Une Eglise pour le XXIème siècle ( ed. Bayard/DDB), qui partageait les centaines de réactions que nous avions reçues à la suite d’un modeste article, :10 propositions pour l’Eglise du XXIème siècle. Silence radio.
    Alors , en saluant ton initiative, je la prolonge : quel mouvement, communauté , groupe prendra l’initiative de proposer un vrai rassemblement des laïcs ? Ce serait une réponse à la lettre du pape.

    • « C’est la lutte finale… » un vrai rassemblement de laîcs, et qui donc mettrez-vous dans ce « vrai rassemblement »?

  • Pour ma part je ne signerai jamais une lettre ouvertement accusatrice destinée aux évêques et ressemblant beeucoup trop à « ah tu vois jt’e l’avais bien dit, hein !  » D’autre part aujourd’hui il n’est nullement établi que l’Eglise de France soit dans une situation comparable à celle de Pennsylvanie.

    Quant à l’attitude de François je ne sais trop quoi en penser et je ne suis pas du tout en état de lui dire ce qu’il a à faire car je crois que « quelqu’un d’autre »s’en charge

    • Vous ne signerez jamais… C’est votre problème pas le mien ! Vais-je battre ma coulpe parce qu’avec d’autres, en effet, nous avons vu là où les évêques refusaient de voir ?

      Pour le reste, si l’Eglise de France n’est pas concernée, alors pourquoi cette lettre du Conseil Permanent ?

      • Allons René les Evêques n’auraient rien dit vous vous en offusqueriez également et vous n’auriez pas tort d’ailleurs.
        De plus je ne dis pas non plus que les cas de pédophilie ne peuvent en aucun cas concernés les membres du clergé français (hélas!)

  • Ce qui importe aujourd’hui, ce n’est pas de savoir si quelques-uns, prophètes hélas trop peu nombreux et insuffisamment écoutés, ont eu raison hier avant la majorité des autres, mais de chercher les solutions pour aujourd’hui et demain… Je fais confiance au Pape. Il va parler et agir. Donnons-lui le temps et les moyens d’une parole et de décisions justes et efficaces. Et cherchons, agissons, prions avec lui !

    • Bernard, le texte du pape est paru il y a deux semaines. Et voilà celui de la Cef qui n’en est jamais qu’une pâle copie. Où est l’imagination, où est l’audace de proposer quelque chose de concret en réponse à l’appel du pape François ? Rien ! Et on nous propose de nous convertir et de prier… comme la Vierge à Bernadette de Lourdes en 1858 ! On progresse !

      • Mon cher René, je préfère néanmoins que le Pape prenne le temps de décisions historiques et fondamentales plutôt qu’un discours précipité et mal ajusté à la crise. On sait trop ce qu’il en est dans le monde politique où l’on se contente souvent de réactions superficielles et affectives…

      • Mais oui comme la Vierge en 1858.! Prier pour se convertir avec la grâce de Dieu c’est aussi actuel en 2018 qu’à l’époque de premiers hommes conscients d’être des enfants de Dieu

      • René, bien avant la Vierge à Bernadette de Lourdes en 1858, c’est le Christ lui-même qui nous a recommandés, il y a de cela 2000 ans « Veillez et priez » !
        Je pense que nous avons tous à nous convertir, et c’est concret, même si c’est plus tendance de faire des remontrances au pape ou à nos évêques…

        • Sauf que ça devient la panacée… S’il suffisait de veiller et prier pour résoudre nos problèmes, cela se saurait. Il y a des jours où je trouve que la formule « aide toi et le Ciel t’aidera » a ausssi du sens ! Et si ma mémoire est bonne c’est bien dans la perspective de faire des réformes que le conclave a élu le pape François en 2013…

          • Bien sûr, René, cela n’exclut pas d’agir, nous sommes d’accord là-dessus, je réagissais juste à une remarque qui semblait faire de la prière une recommandation dépassée de la Vierge à Lourdes en 1858 en précisant que le Christ nous avait dit cela bien avant une apparition, que c’était rapporté dans l’Evangile et que ce n’était pas dépassé !
            Quant au Conclave, je n’étais pas dans le secret des votes, mais je pense que l’Esprit Saint s’en est occupé…

        • Prier pour accompagner l’effort de discernement et d’action, oui … pour somnoler, ronronner,ou pire, touiller son moi ou sa conscience, ce serait misérable.

  • « Depuis quelques mois notre église est durement mise à l’épreuve »… on croit rêver d’une telle phrase ! Peut-être faudrait-il qu’on plaigne et que l’on pleure à chaudes larmes sur tous les prêtres pédophiles (des centaines si ce n’est des milliers sur la planète) qui (malheureusement sans doute) ont fini par se faire pincer sur leurs pratiques abjectes, destructrices de vies à jamais. Je n’insiste pas, on connaît parfaitement les dégâts irréparables que les pédophiles prêtres, évêques et archevêques commettent.
    (J’emploie le présent cas rien ne démontre que le phénomène soit éradiqué…) Et c’est eux qui s’estiment « mis à l’épreuve » !…
    On se contente d’une petite phrase sur les victimes, pour ensuite se justifier à longueur de paragraphes… on parle du soutien et de l’affection entière pour les prêtres… quant aux victimes ! Bah c’est pas leur problème semble-t-il !

    Ils osent poursuivre :
    « c’est par l’engagement et la vigilance de chacun que nous parviendrons à vaincre cette calamité des abus dans l’église ». ( le bel euphémisme ! )

    Ah voilà, c’est le peuple de Dieu qui est responsable, pas les curés ! Eux, ils n’ont rien fait que prendre des plaisirs anodins avec les sexes des enfants… et puis ils sont excusables, ils ne se rendaient pas compte des dégâts qu’ils causaient.
    Comment des évêques peuvent écrire un tel texte et le signer tous ensemble. Faut croire que le Saint Esprit a jeté l’éponge à l’égard de ces gens…

    Autrement dit, ce texte n’apporte rien, strictement rien c’est tout l’inverse. À sa lecture je ressens un dégoût profond, connaissant un certain nombre de victimes du curés salauds car, il faut être clair, tout cela c’est du verbiage ecclésiastique, toujours aussi mielleux, de cette douceur hypocrite dont ils sont coutumiers. Qui n’a pas connu l’onctuosité cauteleuse de ces messieurs les ecclésiastiques face à leurs responsabilités, qu’ils n’assument pas.

    Non, vraiment, c’est désespérant.
    Ce texte est proprement imbuvable.
    On peut cependant se dire que très peu de personnes vont lire ce verbiage. Et c’est sans doute mieux ainsi.

    Enfin, je comprends parfaitement vos propos. Ce n’est pas : « je te l’avais bien dit avant ». C’est beaucoup plus profond. Les propos des évêques sont offensants vis-à-vis des laïcs engagés dont vous êtes. Et même vis-à-vis de toute personne, même athée, qui a plus d’une fois tirée la sonnette d’alarme sans jamais être entendu et bien au contraire être rejeté et méprisé.

    Alors les mea culpa d’aujourd’hui, c’est de la roupie de sansonnet.

    • N’exagérez pas la lecture – partiale – que vous faites de ce texte. Je crois que le souci qu’il manifeste aujourd’hui des victimes est sincère et tous les prêtres ne sont pas des pédophiles avérés, ou en puissance. Simplement on était en droit d’attendre autre chose !

  • Je me mets en réserve de l’église institution.
    Du haut de mes 76 printemps, aussi loin que peut remonter ma mémoire, l’église institution a toujours été remise en cause pour des questions de sexualité, plus ou moins camouflées sous d’obscurs et ennuyeux concepts philosophiques ou théologiques. Il a fallu toute la force de conviction de « Père Doudou » vicaire de ma paroisse d’alors, pour que ma mère me donne mon premier cours d’éducation sexuel à l’occasion de mon admission en sixième. Je ne vous citerais pas nombre de personnes qui ont directement participé à ma prise de conscience de ce que recouvre vraiment la sexualité, pour m’arrêter sur les conséquences immédiates de cette tragédie : Que dire à mes enfants et à fortiori à mes petits enfants qui ne comprennent pas que je puisse continuer à cautionner une institution incapable de se remettre en question ? Que dire à des responsables paroissiaux qui traitent « d’obsédé sexuel » quiconque ose aborder la question ? Que répondre aux parents d’enfants ayant choisi d’être homosexuel pour des raisons qui leur sont personnelles , que l’église institution n’a pas de réponse correcte à leur proposer et qu’elle les a abandonnés, comme elle abandonne sans scrupules les divorcés remariés…Que dire à cette maman d’un jeune de 16 ans qui refuse que l’on aborde le problème du viol dans le cadre d’une discussion de groupe reposant sur une vidéo choisie, sous prétexte qu’il est « fragile et qu’il doit être protégé ». Que penser de ce gynécologue qui dit protéger la vie en refusant l’IVG mais en omettent, à ma connaissance de préciser s’il s’agit d’un avortement thérapeutique, ou post traumatique (comme suite d’une viol) ou d’une IVG dite de confort ; Certes tout médecin est censé protéger la vie…mais quelle aurait été sa position à Récif en mars 2009 lorsqu’il aurait dû prendre rapidement position pour sauver la vie de cette enfant instrumentalisée, engrossée, transformée en poupée gonflable par le décérébré de service ? Lequel, d’ailleurs n’a pas été excommunié, car l’avortement est, paraît-il plus grave que le viol d’une enfant de 9 ans !!!
    Je sais que ces affaires sont délicates, et doivent être traitées avec discernement. Les coups de menton nous rassurent mais ne nous donnent pas la solution. Je sais aussi l’abnégation et le courage de ceux qui s’emploient dans l’ombre à adoucir les conséquences de ces postures pharisiennes. C’est pourquoi :
    Je soutiens les efforts du pape François, quelques soient les révélations placées sous le coude du Judas de services.
    J’exhorte chaque baptisé(e) à faire la paix en lui, faute de quoi, il (elle) ne pourra participer sereinement à l’effort de rénovation vital qui s’impose désormais à tous.
    J’exhorte nos théologiens de tous poils à faire preuve d’innovation et de rénover complètement notre conception de la sexualité, comme ont essayé de le faire nombre de pères de l’Église, ou de théologiens ,de penseurs et écrivains récents, comme Maurice Zundel, Paul VI, St Jean Paul II, Benoit XVI, le pape François. (A ce sujet, je n’ai pas encore pu voir son dernier film, et, s’il est aussi bien que le premier, je lui souhaite un franc succès)…
    En attendant que cela se décante, et pour être cohérent avec moi-même, je déclare me mettre en réserve de « l’église institution » simplement pour pouvoir continuer à regarder mes enfants et petits-enfants en face, et me regarder moi-même, chaque matin sans rougir, devant ma glace.

  • Quand l’inconscience devient indécence ou la persistance du cléricalisme .

    Merci d’abord à René pour sa prise de parole courageuse et juste .
    Pour ma part je serai beaucoup moins diplomate .
    Par ce texte les évêque se moquent du monde et le plus grave est qu’ils n’en ont pas conscience .

    J’exclus à priori l’hypothèse d’un texte motivé par le pur cynisme qui serait l’interprétation normale à la première lecture pour qui ne connait pas les évêques de France .

    Je crois au contraire que les évêques son sincères dans ce qu’ils écrivent et c’est cela qui est grave et difficilement excusable .

    Comment en effet peuvent ils appeler les fidèles à la vigilance alors qu’ils se sont bouchés les yeux et les oreilles quand ces mêmes fidèles ont appelé leur attention et pas seulement dans la tribune donné au  » Monde  » sur la question de la pédophilie des clercs par quelques fidèles clairvoyant et courageux ?
    Comment Luc Ravel dont je ne soupçonne pas l ‘honnêteté intellectuelle peut il affirmer ne rien connaitre de la réalité des conséquences de la pédophilie des clercs sur leurs victimes ? dans quel monde vivent ils ?
    Quand on lit le texte de la CEF on ne peut donc qu’en déduire que nos évêques avouent donc ne ne connaître strictement rien des « joies et des espoirs , des tristesses et des angoisses des hommes de ce temps  » .Gaudium et spes ? inconnu au bataillon épiscopal . Quel aveu .

    Cette inconscience publiquement revendiquée devient indécente lorsque dans une posture explicitement cléricale , ils appellent les fidèles qu’ils n’ont pas voulu entendre, à parler et à prendre à leur charge la lutte contre la pédophilie des clercs . Cette demande est particulièrement hypocrite puisque les fidèles ne sont juridiquement et culturellement que des mineurs vis à vis d’un clergé omnipotent et qu’elle ne vise qu’à défausser une fois de plus les évêques de leur propres responsabilités .

    Ce texte pitoyable , dit en réalité trois choses sur la posture des évêques :
    ils sont inconscients des réalités vécues par les hommes de ce temps (gaudium et spes:un chiffon de papier )
    -ils ne veulent pas assumer leurs responsabilités et veulent faire aussi porter le fardeau par les fidèles qu’ils ont toujours refusé d’écouter sur ces questions .
    – ils restent fondamentalement dans une posture explicitement cléricale , en continuant à donner des leçons quand ils sont eux même pris la main dans le sac .

    Enfin répéter servilement les propos du pape sans jamais les développer les concrétiser et les placer dans le contexte spécifique de l’Eglise qui est en France : quelle indigence intellectuelle et morale ainsi dévoilée .

    Quand prendront ils enfin conscience que leur naïveté affichée leur inconscience revendiquée est non seulement méprisante pour les fidèles , mais discrédite plus encore si cela est encore possible le discours moral de l’église auprès de la société .

    La seule chose que l’on puisse leur demander : Qu’ils travaillent sérieusement pour lutter contre la pédophilie au sein de l’église , mais surtout qu’ils se taisent enfin . Simple question de décence et de respect pour le peuple de Dieu et pour le monde .

    Mais c’est sans doute trop leur demander .

    • Il eût mieux valu au contraire que l’Eglise soit moins tributaire de l’air du temps, ce qui l’aurait peut-être amené à prendre davantage conscience de la gravité des actes de pédophilie.
      L’air du temps des années 70 et 80, l’apologie de la pédophilie dans certains milieux intellectuels bien-pensants qui, eux, n’ont jamais fait leur « mea culpa » et plastronnent toujours dans les media, vous le trouverez ici :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Apologie_de_la_p%C3%A9dophilie

      • Beurk, c’est « courage fuyons » que vous proposez. L’air du temps (Cohn-Bendit …) que certains médias et milieux élitistes ont vendus -comme repoussoir ou comme nirvana- est, comme l’indique le lien que vous indiquez, un « faux air du temps » dont quasi personne n’a été dupe. Cette falsification a son alter ego aujourd’hui -islam égal migrants égal barbarie totalitaire- que propagent les mêmes genre de médias et d’élites. C’est aussi Beurk que la signature de HV en 1968!
        * Parmi l’élite arrogante et masquée, on trouve « Courage » cette œuvre apostolique catholique née aux USA – https://fr.wikipedia.org/wiki/Courage_international – que l’Emmanuel tente de propager en France. On a honte de se dire catho avec un tel machin, il faut virer tout cela! Allez François, encore un effort.

      • A Michel de Guibert.
        Que voulez vous demontrer ?
        Rappelez vous ce vieux principe juridique : Nemo auditur propriam turpitudinem allegans .Le fait que la société civile ait en effet, à une certaine période été laxiste avec ceux qui promouvait la pédophilie n’explique ni n.excuse en rien l’attitude des clercs pédophiles et celle de ceux qui les ont protégés . Un crime est un crime quelque soit son auteur .De plus , l’église pretend annocer l’Evangile ,ce qui aggrave son cas .

        • A Guy Legrand
          Je suis complètement d’accord avec vous !
          Je ne voulais rien démontrer si ce n’est que les temps ont changé…

  • Pingback: 12 septembre 2018 | Au fil des jours, dans la suite du Synode de la famille

  • Grand merci et à rené et à Guy Legrand pour protestation et pour leurs jugements sur le comportement de la hiérarchie ecclésiastique ainsi que sur ses carences.
    Les évêques demandent « l’aide » des laïcs en la matière et un engagement de leur part.
    Une manière d’avancer serait qu’ils engagent des laïcs compétents dans les matières concernées et leur commandent des travaux utiles :
    – au niveau des diocèses ou des régions, des cellules composées de juristes et de psychologues aptes à recevoir les plaignants et les victimes (des institutions issues de l’Eglise sont aujourd’hui trop discréditées)
    – des enquêtes conduisant à des dossiers et éventuellement à des procès, (Il s’agit de sortir d’une conception ecclésiastique de méfiance à l’égard de la justice ‘civile’)
    – l’élaboration, avec des juristes ecclésiastiques, d’une procédure interne à l’Eglise qui offrirait des solutions raisonnables aux cas prescrits, et plus généreuses que celles de la justice ; prescriptions plus longues, tarifs de réparation annoncés, …)
    – l’accueil des victimes par des psychologues laïcs,
    – l’étude par des psychologues des dysfonctionnements dans le clergé,
    – etc … etc.
    Que cela devienne l’affaire des laïcs (chrétiens ou pas, la question ne doit pas se situer là), puisque l’on a perdu confiance dans l’Eglise.
    Il ne peut s’agir, pour les évêques, de faire appel à des bonnes volontés, à des associations qui fonctionnent dans l’Eglise.
    Mais ils doivent commander des tâches à des laïcs compétents dans les domaine de la justice et de la psychologie, à des gens qui pensent et parlent ‘laic’.

  • En quelques mots, Merci René et à tous ceux qui l’approuvent.
    Laissons les impuissants -clercs et laïcs, pape en tête hélas- tenter de nous associer à leur fausse honte, tant la leur, collective, est habile à mettre en avant des excuses, nous refusant ainsi le soin de leur en trouver. Si ce n’est pas bas, c’est plus grave: incroyable incompréhension des hommes !
    Mon évêque qui est un des signataires, je l’ai vu cette année présider l’inhumation d’un de nos (pas de ses) diacres à Mâcon. était ce jour là remonté dans mon estime car il faisait corps avec une assemblée multicolore -de peau et de religion- de 500 personnes, car le nombre de célébrants était réduit, car la prière de l’assemblé a été simple et peuplée de belles musiques jouée par des musiciens de l’assemblée. Vous venez d’altérer ce beau souvenir Mgr, par solidarité avec vos frères évêques sans doute, et eux par solidarité avec vous sans doute aussi. Ah! l’esprit de corps.
    Si Mgr vous lisez ces lignes, il serait heureux que l’homme que vous êtes y apporte, ici, quelques mots d’homme.

  • « Ce qui est scandaleux, c’est non seulement la pédo-criminalité, mais la couverture de la pédo-criminalité », s’indigne le père Vignon.  »
    Tout ceux qui sont défaillants sur le sujet, maintenant je suis pour le dégagisme (…) Qu’on laisse la place à d’autres qui sauront faire », insiste-t-il, las des excuses. (voir ci-dessous)
    https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/les-actualites-de-7h30-pedophilie-dans-l-eglise-un-pretre-appelle-au-degagisme-7794765352

  • Etonnement et perplexité .

    J’ai lu avec attention la prise de parole courageuse de Luc Ravel . On y discerne la volonté de se poser les bonnes questions et d’aller jusqu’au bout de la démarche notamment lorsqu’il déplore n’avoir de compte à rendre à personne dans l’exercice de sa fonction épiscopale . Il ne faut donc pas douter de sa réelle volonté de faire évoluer les choses .

    Ce qui me trouble profondément , et parce que Luc Ravel est honnête ,c’est qu’il affirme dans son interview dans » La Croix « , concernant les conséquences sur les victimes des abus sexuels des clercs  » n’a voir eu pendant longtemps qu’une vision intellectuelle et théorique de ces choses  »

    Comment cet homme, évêque, peut il faire ainsi et je le crois, de manière honnête , le constat de son ignorance concrète des réalités vécues par les êtres humains . Il est diplômé d’une des plus prestigieuses écoles de la république et a donc bénéficié d’ une formation intellectuelle solide qui contribue à l’ouverture d’esprit et donne les outils pour comprendre son environnement . Il a de plus reçu, en principe, une formation humaine et spirituelle de bon niveau dans le cadre d’un séminaire d’une église catholique « experte en humanité  » . Il a ensuite exercé des fonctions comme prêtre puis comme évêque aux armées qui devraient lui avoir permis de toucher du doigt , sinon de partager « les joies et les espoirs , les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps  »
    En dépit de tout cela , il exprime le constat d’un terrible échec : il n’était pas à même, malgré sa bonne volonté, sa formation et son expérience de comprendre et de partager ce que vivent les victimes de la pédophilie .

    Sans prétendre épuiser toutes les causes de cet échec , qui au delà des fautes personnelles sont sans doute structurelles, je pense néanmoins que l’église catholique , du fait même de son histoire et de son positionnement surplombant les sociétés humaines s’est elle même rendue incapable de nourrir et de vivifier son lien au monde et à la réalité .

    L’église a la prétention de faire le catalogue objectif du contenu de la Révélation en faisant l’économie d’avoir à se situer dans l’histoire . Elle appréhende la foi comme un contenu purement théorique et abstrait et non comme le déchiffrement du sens de l’expérience rendu possible par la communication d’autres expériences tant anciennes (relatées dans l’Ecriture ) que contemporaines (ce que vivent les hommes de ce temps et pour ce qui nous préoccupe ici les enfants victimes des abus sexuels des clercs )

    La prise de parole de Luc Ravel montre l’étendue du fossé qui sépare l’église des hommes de ce temps et explique sans doute l’indigence irresponsable du texte commis par la conférence des évêques de France .

    Si vraiment l’église souhaite combler ce fossé , il ne suffit pas d’appeler en théorie les fidèles à la rescousse , il faut organiser l’église et sa gouvernance pour que ceux ci puissent concrètement participer au rapprochement de la hiérarchie cléricale et du monde pour mettre fin à la situation actuelle : une parole des évêques incapable de faire sens , avec pour seule excuse « nous ne savions pas « 

  • Faisons plus attention aux silences – coupables ! – qu’aux paroles – parole, parole ! – :

    Pédophilie : les silences coupables de l’archevêque de Strasbourg (Emmanuelle Anizon, nouvelobs, 11/9/2018, voir ci-dessous)
    https://www.nouvelobs.com/societe/20180911.OBS2174/pedophilie-les-silences-coupables-de-l-archeveque-de-strasbourg.html

    Pédophilie dans l’Église : un prêtre appelle au « dégagisme » (Amandine Begot, RTL, 13/9/2018, voir ci-dessous)
    https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/les-actualites-de-7h30-pedophilie-dans-l-eglise-un-pretre-appelle-au-degagisme-7794765352

  • Tout cela ce n’est que des mots….. il faut des actes… des agissements… des décisions. Que l’Église se décide enfin, bon sang !
    Laissons les prêtres se marier, comme les rabbins, les imams, les pasteurs etc… (chez lesquels on ne parle pas de ce problème !) et, déjà, il y aura moins de problèmes de ce genre et, au moins, ils sauront de quoi il s’agit quand ils nous parlent de famille.
    Il est plus que temps que tout cela cesse… il y a assez de victimes. Plus de « faux-culs » qui nous distillent de bonnes paroles, mais des gens responsables, sensés, et en phase avec le temps.
    Voilà l’avis d’une personne qui est bien déçue de notre Église catholique.

  • A Francoisjean
    J’abonde complétement dans votre sens et se mettre en réserve de  » l’institution » est une tentation pour beaucoup y compris pour moi mais là n’est pas l’e plus important
    car Saint Jean nous dit l’essentiel  » celui qui aime connaît Dieu  » et c’est un superbe programme !
    Pas facile à vivre je le reconnais ….
    P.S Les demandes de pardon de nos différents évéques nous lassent ,c’est le moins que l’on puisse dire……

  • Je découvre votre blog par l’intermédiaire de celui « Au fil des jours, dans la suite du Synode de la famille » (excellent blog !). J’ai aussi eu le privilège, il y a quelques années, d’entendre Guy Aurenche lors d’une rencontre Fondacio (je ne m’exprime présentement pas au nom de Fondacio, je tiens à le préciser} et j’en garde un souvenir ému. J’espère, comme beaucoup de commentateurs de ce blog, je pense, participer humblement à l’annonce de la Bonne Nouvelle. Mais tout cela n’est pas le sujet !

    À la « lumière » (pardon pour les guillemets) des commentaires parcourus, je crains avoir la prétention d’être, moi aussi, capable de m’exprimer à peu près correctement en français. Cela fait-il que ce que j’écris est pertinent ? Loin de moi cette idée ! Cependant, bien que croyant de plus en plus aux vertus du silence, j’y déroge présentement (mais ne sommes-nous pas des êtres de contradiction… ?).

    Après une journée de réflexion, je peine à ne pas réagir à ce passage : « Mais depuis sa publication ont surgi des accusations qui le visent personnellement, à travers le texte de Mgr Vigano, et auxquelles, à ce jour, il n’a répondu aux journalistes que par une pirouette dans l’avion qui le ramenait d’Irlande au Vatican : «Je dirais simplement ceci : lisez-le attentivement et faites-vous votre propre jugement personnel. Moi je ne dirai pas un mot sur cela. Je crois que le document parle de lui-même.»

    Eh bien non ! Quelle que soit l’affection que je porte au pape François pour nombre de ses combats, je ne saurais me satisfaire de cette esquive. A accusations précises réponse circonstanciée. Nous attendons toujours ! »

    Alors d’une part le mot « pirouette » me paraît totalement injuste et injustifié, d’autre part « VOUS » attendez (et si j’en crois les commentaires suivants, « les lecteurs de ce blog attendent »…) ! Je veux m’inscrire en faux contre cette affirmation ! Non seulement je n’attends rien mais, qui plus est, je trouve la réponse de François lumineuse. Qu’elle ne soit pas entendue et/ou écoutée est, à mon humble. avis, triste. Est-ce surprenant… ? N’en est-il pas ainsi depuis que le monde est monde ?

    Je me refuse à hurler avec les loups et je n’ai aucun espoir de dialogue sur ce genre de blog. Vous avez désormais mon adresse de messagerie. Si vous le souhaitez, je serai heureux d’échanger avec vous ; non seulement sur la phrase de François, mais également sur le problème de la pédophilie qui ne saurait se limiter aux commentaires autant ineptes qu’inconséquents (oui, je m’autorise, moi aussi, la colère) que les propos de votre lettre ouverte ont pu susciter.

    Fraternellement

    • Que vous répondre ? Que j’ai, depuis 2013, pris la défense du pape François en bien des circonstances, avec une telle constance qu’on peut difficilement m’accuser de hurler avec les loups. En revanche, sur le dossier de la pédophilie, je me suis parfois interrogé sur sa volonté réelle de faire toute la lumière et de prendre réellement le problème à la racine. Le texte de Mgr Vigano, malgré ses outrances, ses sous-entendu, ses intentions ouvertement malveilantes qui ne trompent personne, porte des accusations qui demandent éclaircissement. Et notamment sur l’attitude ambigüe de l’Eglise face au comportement homosexuel qui lui fait, d’un côté, condamner les actes (non les personnes nous sommes d’accord) et par ailleurs sembler couvrir de tels comportements au sommet même de l’appareil ecclésiastique. Vous me direz : « N’en est-il pas ainsi depuis que le monde est monde ? » Deux attitudes possibles face à cette contradiction : soit plus de rigueur et de lutte objective contre l’homosexualité dans l’Eglise, ce qui semble être la ligne de Mgr Vigano et de ses “amis“… soit, pour l’Eglise, une révision sans doute déchirante de son enseignement sur ces questions de morale sexuelle, ce qui est mon analyse personnelle également partagée avec d’autres.

      Etant bien entendu, dans mon esprit, qu’il y a quatre niveaux qu’il ne faut pas confondre : les actes homosexuels eux-mêmes entre adultes consentants, les actes homosexuels vécus par des clercs ayant fait vœu de célibat… donc de continence, les abus sexuels dont peuvent s’être rendus coupables des clercs et qui s’ils ne sont pas toujours de nature pédophile n’en sont pas moins coupables, enfin l’existence ou non d’un lobby homosexuel au Vatican.

      Je persiste à penser – et je nourris ma propre réflexion d’échanges fréquents avec des amis vaticanistes peu suspects d’hostilité vis-à-vis de François – que le pape ne peut pas, à un moment ou à un autre, ne pas répondre sur telle ou telle mise en cause personnelle. Sauf à affaiblir un peu plus encore sa position… pour la plus grande joie de ses ennemis… car il en a.

      Pour ce qui est d’un échange privé, ce blogue permet de me joindre. Mais, si vous me permettez, je trouve un peu facile de se situer au-dessus de la mêlée et de considérer, depuis son Aventin, que tout propos qui ne vous convient pas est inepte et inconséquent… Je n’approuve pas tout ce qui s’écrit sur ce blogue, même si j’en suis le modérateur attentif. Ce qui me conduit à ne pas valider tout ce qui est posté en commentaire. Je n’ai pas toujours le temps – ni peut être les moyens – d’argumenter à hauteur de ce qui serait nécessaire. Une manière aussi de me refuser à avoir systématiquement le dernier mot ce qui a pour effet de clore le débat avanat de l’avoir commencé. Et j’observe que ce sont souvent les commentateurs eux-mêmes qui rectifient tel ou tel commentaire précédent qui pouvait justifier des réserves. Ces imperfections sont la loi du genre pour qui veut débattre ou pour le moins écouter ceux qui ne pensent pas comme lui. Et soit dit sans offenser personne, ce n’est pas l’Eglise catholique aujourd’hui, dans ses structures, qui offre le lieu de l’échange et de la confrontation. Par peur de diviser le peuple chrétien. Comme si le débat avait pour seul effet de rendre visible ce qui divise alors qu’il peut aussi permettre de s’accorder sur des points de convergence…

      • « pour l’Eglise, une révision sans doute déchirante de son enseignement sur ces questions de morale sexuelle »
        => C’est aussi mon avis.
        La morale sexuelle est un domaine dans lequel l’enseignement du magistère reste inaudible par la société, y inclus une large part des fidèles engagés.
        Tout à pourtant été tenté : la force, la douceur, la culpabilisation, la mobilisation, rien n’y à fait, la morale sexuelle reste une épine dans le corps de l’Eglise.

        Passée la réaction épidermique, l’épine à causé une inflammation, puis une infection.
        Nous sommes maintenant au stade ou l’infection s’est propagée, la gangrène s’installe. Elle devient tellement visible que les médias la commentent, elle devient tellement visible que la « tête de l’Eglise » ne peut plus l’ignorer. Et quand elle la regarde, elle prend peur. Les lettres envoyées aux fidèles cherchent à déclencher une réponse immunitaire – même si elles sont pénibles à recevoir pour ceux qui sont déjà bien conscients du problème.

        Les réactions sont variées. Il y a ceux qui nient l’évidence, qui prétendent que la gangrène de la société est telle qu’il ne faut pas regarder la notre, que c’est la saleté de la société qui cause notre infection. Il y a ceux qui font dans le « dégagisme », pensant que supprimer les cellules « infectées » suffira, comme si drainer le pus pouvait suffire à arrêter une infection dont la cause est toujours la. Il y a ceux qui pensent qu’en prenant de bonnes mesures prophylactiques pour l’avenir, les choses vont s’arranger d’elle mêmes (un peu comme s’imaginer guérir d’une grippe en se lavant régulièrement les mains).

        La question que je me pose – et dans laquelle je place de grands espoirs – c’est de savoir :
        – quand la crise sera suffisamment grave et évidente pour qu’on se décide à traiter la source ?
        – est-ce que l’Eglise devra finalement amputer un membre pour contenir la gangrène ?
        => A quand le prochain concile :-), a quand le prochain schisme 🙁

        • De votre commentaire avec lequel je suis largement en accord, je ne reviendrai ici que sur votre dernière phrase, interrogative : A quand le prochain concile, à quand le prochain schisme ?

          Je ne crois pas à la tenue d’un nouveau Concile au sens où nous l’entendons généralement. Le processus est trop lourd. Il y a aujourd’hui deux fois plus d’évêques qu’en 1962 à l’ouverture de Vatican II. Où les rassembler ? Comment animer un collectif de 5 000 personnes extrêmement diversifié ? Impensable !

          En revanche on sait que l’une des réflexions du pape François, étayée par celle de nombreux théologiens depuis longtemps, porte sur l’instauration de patriarcats catholiques continentaux. Rien ne s’opposerait dans l’avenir à ce qu’il existe un patriarche par continent, le pape faisant fonction de patriarche pour l’Europe chargé – c’est au fond sa mission historique – de veiller à la communion entre les Eglises. C’est au niveau de chacun de ces patriarcats : Europe, Afrique, Amérique (Nord et Sud), Asie… que pourraient être nommés les évêques et organisés des conciles régionaux chargés d’adapter le magistère aux réalités locales (je pense à l’ordination d’hommes mariés par exemple…)

          Mais ne nous faisons pas d’illusion, cette perspective, si elle devait être avancée par le pape François, susciterait de vives oppositions. De la part de tous ceux qui estiment que la grandeur de l’Eglise catholique et sa force dépendent étroitement de son système de gouvernement centralisé et qu’on ne peut pas prendre le risque pour l’unité de l’Eglise de rompre avec l’uniformité actuelle. De belles empoignades en perspective…

          Belle transition vers votre deuxième interrogation qui porte sur un schisme possible. J’observe que le Vatican ne considère plus les Lefebvristes comme schismatiques… Au motif qu’ils sont en désaccord sur des questions de pastorale pas de doctrine. Ce qui ne me convainc pas tout à fait. Car enfin, la reconnaissance des autres religions comme porteuses d’une part de l’éternelle vérité de Dieu mise dans le cœur de tout homme n’est pas de l’ordre de la simple pastorale… pour m’en tenir à cet exemple. Et si Rome fait tant d’efforts pour faire revenir les Lefebvristes dans le sérail de la sainte Eglise catholique, c’est bien parce qu’ils en sont sortis.

          Je pense que dans l’esprit de l’institution romaine, il n’y a schisme que dans la mesure où des clercs font ouvertement scission… et avec eux des évêques. Il n’y aurait de schisme qu’en termes de structure cléricale et hiérarchique. Dans ce schéma les fidèles laïcs ne comptent que pour du beurre. C’est si vrai que l’éloignement de millions de fidèles, depuis des décennies, évoqué par certains sous le nom de schisme silencieux, est interprété à Rome en termes d’apostasie.

          Derrière cette facilité de langage se cache de fait une vraie question… Ceux qui quittent aujourd’hui l’Eglise ont-ils envie de faire scission, de s’organiser autour d’une doctrine différente à transmettre à leurs enfants, d’assurer la pérennité de leur regroupement et de s’en donner les moyens institutionnels ? Pardonnez la rudesse de mon propos mais pour faire un schisme il faut avoir la foi chevillée au corps. La foi de ceux qui sont tentés de partir est-elle assez vive pour qu’ils investissent l’énergie nécessaire à une telle séparation ? Je n’en suis pas sûr. Je pense que nombre d’entre eux considèrent qu’après tout c’est la foi qui sauve et non l’appartenance à une Eglise et qu’au jour du Jugement, si jugement il y a, ce sera au regard de leur fidélité à Matthieu 25 (J’avais faim et vous m’avez donné à manger…) et non d’une quelconque appartenance ou de leur assiduité à la messe dominicale.

          Sincèrement je ne vois pas aujourd’hui, et d’une certaine façon cela pourrait me désoler, l’esquisse d’un vrai schisme. Je redoute plutôt qu’à l’enfermement d’une certaine Eglise sur des crispations sectaires et identitaires, éventuellement renforcée par une prochaine élection pontificale qui ferait repartir le balancier en sens inverse, ne réponde surtout une immense indifférence.

        • Un schisme est en cours, depuis peu après l’intronisation de JPII (vers 1980, la dérive commença). Ce schisme s’est traduit depuis 40 ans par une hémorragie (image proche de la gangrène, mais pour ne pas voir une hémorragie, faut être aveugle et sourd), lente d’abord, puis croissante qui a atteint le point de non retour: l’institution a quitté l’Eglise (ce que j’exprimais maladroitement en 2008 à la création de la CCBF). En réaction à une sécularisation qu’elle aurait pu accompagner elle opposa une incapacité butée. Elle colderomanisa rensoutana son clergé, soutins les scouts d’Europe, des charismatismes douteux, … fit des grandes messes, JMJ … complètement à côté de la plaque. Y aura-t-il un « prochain pape »? Quelle que soit l’échéance qui aux mains de François, elle approche.

      • J’accueille votre reproche du sentiment donné de se mettre trop facilement au-dessus de la mêlée. Croyez que je le regrette ! J’ai un jour entendu cette phrase : « Quand vous sortez inchangé d’un dialogue, c’est certainement que vous avez fait un monologue. » Le fond de mon propos était d’alerter sur la difficulté de rentrer dans un véritable dialogue dans un blog où, malheureusement, j’ai le sentiment de ne lire trop souvent qu’un long amoncellement de monologues.
        En l’occurrence, je ne parviens pas à comprendre le sens de votre réponse à ma remarque initiale (portant sur la critique du mot « pirouette » que nous aviez utilisé). Pourtant, j’ai la conviction intime que nous partageons fort probablement des valeurs communes.
        Aussi, je ne crois pas utile de perdre plus de temps en écrits stériles (mais c’était ma crainte initiale). J’entends votre désir et votre espoir de vouloir dialoguer par l’intermédiaire de ce blog. Force est de constater que j’en suis incapable.
        Peu importe ! Je vous prie de m’excuser et reste à votre service si, un jour, un véritable échange vous tentait.

        • Cher monsieur, s’agissant de la réponse faite par le pape François relative aux accusations de Mgr Vigano, je parlais effectivement de pirouette. Vous m’avez fait savoir que contrairement à moi vous pensiez que la réponse du pape était à la fois pertinente et suffisante.

          Je crains que d’autres n’aient partagé mon sentiment puisque les responsables du C9 qui entourent et conseillent le pape ont fait savoir, en fin de semaine dernière que, sans en préciser la date, le Saint-Si!ge s’apprétait à apporter les « éclaircissements nécessaires » à propos des protections dont Mgr McCarrick aurait bénéficié, protections qui sont au cœur des accusations portées par Mgr Vigano contre le pape François.

          • J’ose encore une remarque : je n’ai pas utilisé les mots « pertinente et suffisante » pour parler de la réponse du Pape à la question posée mais « lumineuse ». Je vous accorde que ce mot n’était pas le mieux choisi et je veux bien le remplacer par « pertinente ». En revanche, non je ne dis pas que cela soit « suffisant ». Au contraire, je regrette que cela ne le soit pas ! Vous semblez trouver une satisfaction et démontrer la justification de votre lettre par la décision des responsables du C9 d’apporter des précisions qualifiées de nécessaires par ce même C9. Mais nécessaires en quoi ? Parce que nous vivons dans une société où il suffit qu’une accusation soit portée pour qu’il faille nécessairement s’en justifier ?

            Mais de deux choses l’une : soit ces précisions seront insuffisantes, voire mensongères, et cela prouvera alors que François n’aura pas fait « une pirouette » mais aura gravement trahi bien au-delà des seuls croyants, rajoutant une souffrance insupportable aux victimes (et je sais de quoi je parle en utilisant ce mot), soit ces «éclaircissements » seront suffisants auquel cas, le propos de François prendra, à mon avis, tout son sens et aura été tout sauf une « pirouette ». Car son invitation était bien à ce que toute personne prenant la peine de se pencher sur les propos de Vigano (ou d’un autre) veuille bien se donner la peine de réfléchir, se fasse son idée en son âme et conscience. Et je ne trouve pas ce geste de confiance désinvolte.

            Non, dans les deux cas, je ne trouve pas votre mot adapté. Je le trouve même gravement inadapté. Mais vous avez parfaitement le droit de ne pas être d’accord et le trouver juste ! Je ne tiens pas à avoir raison envers et contre tout, j’essaie seulement de chercher et de réfléchir (je commence cependant à me demander s’il n’est pas outrecuidant de partager un autre avis ici ?).

            Ce que je crains, moi (mais c’est sans importance au regard du drame vécu par les victimes) est que quoi que dira ce conseil, il y aura toujours des personnes pour défendre l’indéfendable (c’est ignominieux mais c’est ainsi et c’est grave et, évidemment, je ne le défendrai jamais, n’en déplaise à certains) et d’autres pour de toute façon nier la réalité des faits et attendre une nouvelle polémique pour atteindre ce qui leur est insupportable par tous les moyens.

            En attendant le résultat de ces considérations, chaque jour des enfants continueront de se faire violer (voire battre à mort) souvent au sein même de leur famille. Et pas que par des prêtres ou ecclésiastiques (mais ce qui est encore plus odieux d’une personne ayant autorité, nous sommes d’accord je pense. Idem pour un prof, un ministre, un policier, un médecin, etc.)

            Ps: je crois avoir essayé de dire de deux façons différentes ce qui me venait en vous ayant lu. Ce n’est pas grave si je ne parviens pas à me faire comprendre. Soit je m’exprime trop mal, soit je suis inaudible. Inutile d’insister dans les deux cas. Je vous remercie néanmoins.

    • A Olivier ,
      Votre post est très révélateur d’une certaine mentalité catholique qui refuse de regarder la réalité des faits et préfère toujours le déni , tant ils ont peur que le réel mette à bas leurs petites constructions fantasmatiques sacralisées .

      Ce n’est pas attaquer le pape que dire qu’il est aussi le produit d’un système dont nous savons aujourd’hui qu’il a organisé la « protection  » des prêtres criminels . Ce n’est pas attaquer la personne du pape que de lui demander de rendre compte de la manière dont il a pris progressivement conscience de cette réalité et comment et à partir de quand il a concrètement agi, dans les fonctions précédentes qui ont été les siennes pour lutter contre cet entre soi corporatiste qui a consisté à couvrir sciemment des crimes .
      A partir du moment ou l’on accepte ce qui est avéré , à savoir qu’il s’agit non seulement de manquements personnels mais aussi d’une question structurelle dans le fonctionnement de l’église , il est légitime que l’on questionne ceux qui , par leurs fonctions ont été confrontés à cette « structure du mal  » fût il aujourd’hui le pape .

      C’est pourquoi je souscris totalement au questionnement de René , parce qu’il est nécessaire au travail de vérité , sans lequel il n’est pas possible de lutter efficacement contre la pédophilie des clercs et le système organisé de protection de ceux ci .

      Merci de revendiquer aussi ouvertement le camp que vous avez choisi , celui de ceux qui ne veulent pas traiter ce problème au fond et qui se contentent de mesures cosmétiques et de belles paroles pour ne pas questionner leur vision de l’église qui sacralise le prêtre selon une conception de la religion qui n’a que peu de rapport avec la foi au Dieu de l’Evangile .

      • Guy, il m’est véritablement difficile de vous répondre car j’ai peur d’être blessant.
        En fait, je crois que je vais vous remercier ! En m’insultant gravement ainsi par des accusations autant infamantes que diffamantes, en me prêtant une mentalité que j’abomine et exècre au plus profond de mes tripes, en me caricaturant à l’opposé de ce que je suis, vous ne faites qu’apporter de l’eau au moulin de ce que j’essayais d’exprimer à René ; à savoir la difficulté de dialoguer ainsi sur un blog ou un forum.
        Certes, nos propres mots peuvent facilement trahir notre pensée ! De là à en comprendre strictement le contraire : c’est édifiant !
        Maintenant, vous pouvez ne pas me croire. Mais dans ce cas, je vous supplie d’avoir l’honnêteté intellectuelle de me joindre par courriel (René ayant mon adresse, je l’autorise sans souci à vous la communiquer). Je vous donnerai mon portable si vous le désirez et je suis convaincu que nous passerons un moment bien plus constructif (car si je partage votre rejet d’une Eglise aveugle, dans le déni, etc., je conteste vigoureusement votre analyse simpliste de la cause de ces maux. Or c’est peut-être là que nous pourrions nous enrichir l’un l’autre de nos propres connaissances et expériences). Dans le cas contraire, restons en là ! Bien à vous.

  • Permettez moi de reprendre la parole, pour préciser ce que j’entends, – et j’ai l’impression d’être le seul à m’entendre -, par me mettre en « en réserve de l’église institution ». Il ne s’agit pas de botter en touche, d’évacuer le problème en attendant que cela se passe… mais de sortir du système pour changer notre théologie de fond en comble.

    Au sortir d’un cours du père Jean Boursette sur l’ancien et nouveau testament, j’ai eu l’impression d’avoir survécu à un désastre nucléaire ! Après avoir fait le deuil de mes illusions d’enfance, j’ai fait mienne, ce que le père Boursette avait appelé la « Théologie d’en bas ». Celle-ci me paraissait plus conforme à ce que j’avais compris de l’enseignement du Christ.

    Certes, je ne suis ni philosophe, ni théologien, mais chacun constatera que toute loi n’est pas directement applicable sans bémol, faute de quoi, il semble être nécessaire d’écrire autant de lois personnalisées qu’il existe d’êtres humains sur terre. Il me semble donc que l’attitude d’une Église digne de ce nom, qui veut suivre l’enseignement de son fondateur est dans la Miséricorde et non dans un fondamentalisme aussi destructeurs qu’inhumain.

    Nous vivons actuellement en direct le passage relatif à la femme adultère, que St Jean conclut comme ceci : « …Femme, où sont–ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur », et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas : va, et désormais ne pêche plus. ». Je note que le Christ n’approuve pas son acte, mais Il donne toutes ses chances de rédemption à cette femme, ce que la lapidation n’aurait pas fait. Que n’a-t-on fait la même chose, à Récife en 2009 !

    La remarque sur l’homosexualité faite plus haut dans ce blog, m’interpelle personnellement, car elle correspond à un quiproquo qui m’a séparé d’un couple d’amis. En effet, au sortir d’une réunion organisée par le diocèse sur ce thème, et dirigée par un couple courageux, mais manifestement soumis à une censure locale, nous nous sommes violemment accrochés sur le caractère inné ou acquis de l’homosexualité. Je n’ai pas d’opinion arrêtée sur cette épineuse question, mais je sais que l’interventionnisme de l’église institution sur ce thème amène à penser qu’elle considère cette état comme contraire à la nature et qu’elle veut y remédier ; le livre de Philippe Arinio est tout à fait démonstratif sur ce point, et ce couple d’ami le considère comme « de la merde ».

    Coincé par une théologie d’en haut qui reste en service malgré quelques aménagement conciliaires, je ne peux que souffrir une rupture injustifiée, car, en mon for intérieur, je pense que ces personnes ont surtout besoin qu’on les laisse vivre en paix. Surtout, avec ce que l’on est obligé de vivre en ce moment, et, … que l’on ne me parle pas de protection de nos enfants !

    C’est pourquoi, j’assume avoir dit soutenir le pape François, qui fait ce qui est humainement faisable dans ce panier de crabe (sur le bord duquel il faut se mettre pour tenter d’éviter les coups de pinces). Par exemple, dans le cas des divorcés remaries, il introduit la notion d’un discernement qui s’inscrit contre un juridisme exacerbé, propre à l’église institution. C’est, vous me l’accorderez un premier pas énorme qui se doit d’être souligné.

    Je terminerais par deux remarques :
    • Alors qu’ils allaient couler devant Malte, St Paul conseilla de jeter la cargaison à la mer pour sauver les personnes présentes sur le bateau.
    • Le testament du Christ, vu selon St Jean, nous demande de nous aimer les uns les autres et non d’aimer dieu.
    Jean 13:34 « …Je vous donne un commandement nouveau : aimez–vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez–vous les uns les autres… »

    • Le passage de votre témoignage relatif à l’homosexualité ne me semble pas très clair. Vous vous êtes, dites-vous, fâché avec un couple d’amis. Mais le sens de l’animation des responsables du diocèse n’est pas très claire, ni ce que vous entendez par « soumis à une censure locale ». Allaient-ils dans le sens du livre de Philipe Arino qui correspond à l’enseignement du Magistère ? Vos amis portent un jugement sans appel sur ce livre et vous même semblez plaider pour plus de bienveillance dans l’église sur ces questions… Alors où se situe le motif de votre dsaccord d’avec vos amis ? Je ne comprends pas bien !

      • Philippe Ariño est un personnage controversé, d’une grande sincérité, mais souvent confus…
        Il me semble qu’il n’y a pas une typologie unique de l’homosexualité, et qu’il est assez vain de vouloir trancher entre l’inné et l’acquis, entre ce qui relève de l’affectif et du sexuel, etc.

  • Nous entrons là dans le vif du sujet. Vous me permettrez donc de ne pas préciser davantage le problème de l’homosexualité, car il ne s’agit pas de désaccord mais de guerre fratricide ! J’ai donc « flouté » l’histoire au maximum en date, et lieu et personnage. Je voudrais simplement insister sur le fait que c’est nous tous qui, par notre Magister désincarné, et nos étiquettes diaboliques provoquons tous les problèmes dans lesquels nous sommes empêtres. La soi-disant bévue du pape évoquant, dans le cas particulier du désespoir de parents paniqués par l’orientation sexuelle de leur enfant a été comprise comme « retour au bercail » par l’ensemble de la communauté gay…ainsi que par de nombreux commentateurs. Vouloir ramener au bercail les brebis que nous avons-nous-même égarées ressemble plus à l’expression d’un régime totalitaire que de celle d’une vie d’Amour. Je ne suis pas grand clerc en la matière, mais n’est-ce-pas l’essence du message du Christ que de vivre la Miséricorde : Il me semble qu’il ne peut exister d’Amour véritable sans Miséricorde. Depuis 20 siècles le Magistère règne sans partage et, à la lecture de l’histoire, je ne vois pas de réel progrès de l’humanité. Je constate même que ce sont les nations les plus cultivées qui ont réalisé les plus grands ravages. Si nous nous efforcions de lire, comme le suggéraient par exemple le père Boursette, le père Maurice Zundel, l’ancien testament à la lumière du nouveau, la miséricorde tiendrait dans nos propos la place qui lui est due, c’est-à-dire la première. Il ne s’agit donc pas de la bienveillance que vous évoquez, mais de la Miséricorde de Dieu lui-même que défend le pape François en dépit des entraves qu’on lui impose. Il ne s’agit pas de croire en Dieu, mais de croire en l’Homme… Le Père est amoureux fou de l’Humanité, et il serait bon que cela se manifeste par autre chose qu’un dévergondage sans âme et sans scrupule.

    • La miséricorde est plus facile à détourner -idéologiquement parlant- que la colère. Elle fait facilement joli alors qu’elle se doit d’être « virile », droite, action et non fuite. C’est un mot piège, comme tant d’autres.

    • Je ne suis pas de ceux qui pensent « A tout péché miséricorde ». Je m’explique.

      Si le risque zéro n’existe pas, la tolérance zéro doit pouvoir exister.
      A ce propos, j’estime que le « dégagisme » prôné par le Père Vignon peut être d’un réel secours.
      Car sachant qu’il risque le « dégagement », le prêtre pédophile en puissance sera incité à s’abstenir de passer à l’acte
      (pareille incitation à s’abstenir n’existant pas s’il peut compter sur l’impunité que lui réserve la miséricorde inconditionnelle, comme c’est encore le cas aujourd’hui).

  • Veuillez bien m’excuser de mon retard, René Poujol, à saluer votre lettre à l’attention de la Conférence des Evêques. La lettre d’alerte que vous aviez publiée à plusieurs en 2010 était un message clairvoyant pour lutter contre les délits et de crimes sexuels à l’encontre des enfants. Dommage que vous n’ayez pas été écouté.

    Les enfants victimes sont soumis à de telles pressions, manipulations, chantage, dénigrements voire des violences physiques pour inverser la culpabilité et les faire taire, qu’ils n’osent dévoiler spontanément que des décennies après. Les fondateurs de la Parole Libérée sont également des lanceurs d’alerte et grâce à leur courage, ils ont permis à de nombreux hommes de dévoiler des violences sexuelles à l’encontre des hommes, ce qui restait encore un tabou en France. Malgré la durée de leurs souffrances, ils ont lancé des propositions de réforme à l’Eglise de France, en octobre 2017. Quelle a été la suite?
    https://www.laparoleliberee.fr

    Leur contribution est incontournable pour améliorer la prise en charge des victimes, reconnaître le préjudice financier, éclairer sur les obstacles du droit canon sur plusieurs plans, de la prescription, le droit à l’information lors des procédures canoniques, la comparaison avec d’autres pays en Europe, etc.

    Ne faudrait-il pas de plus lancer en France une enquête épidémiologique sur les agressions sexuelles à l’encontre des enfants (jusqu’à 18 ans) par des prêtres, des religieux et religieuses conduite par une instance indépendante à l’Eglise comme aux Etats-Unis, Australie et ces jours-ci en Allemagne ? Et une étude pour évaluer quelles pourraient être des actions de dépistage des risques de délits et crimes sexuels dès la première année du séminaire avec l’aide d’experts indépendants de l’Eglise afin de mettre en place une prévention ?

    La Conférence des Evêques ne pourrait-elle pas accueillir toutes propositions d’actions de lanceurs d’alerte, les examiner et avancer avec eux pour mieux protéger les enfants des risques de délits et crimes sexuels au sein de l’Eglise ?

  • Revisitant les commentaires, je m’aperçois avec stupéfaction et la plus grande gêne que je m’y suis adressé à René sans la majuscule de tête. C’est impardonnable même si j’avais rédigé ce texte en toute hâte au milieu de la nuit et (le 13/09) sans prendre un temps suffisant de relecture. Je prie René par ailleurs d’accepter mes excuses et vous prie, mes voisins commentateurs, de ne pas considérer comme une pénible incivilité ce qui fut une négligence de rédaction. Désolé de cet impair dans ces échanges empreints de respect réciproque.

  • Cette omerta n’est pas spécifique aux sujets qu’il aborde -crimes sexuels et maltraitance- elle imprègne, depuis fort longtemps * la pratique et l’organisation de l’instituions que les prêtres ouvriers ont, a raison, qualifié de « le système ». La manière dont il disqualifie hâtivement la note de Vigano (à la suite du FinancialT time) laisse perplexe. Son papier vise plus à laver l’Honneur de François, que celui de l’Eglise.
    * Premier repère ; la « donation de Constantin », réputée écrite en 317, réputée fausse depuis le début du XVI ème, qualifiée de « diabolique » par un « disciple d’Abélard au XIII ème après que l’orthodoxie ait émis des doutes fondés sur sa véracité, au XII ème. Ce faux a été le principal outil de suprématie du droit divin sur les pouvoirs temporels; il est aussi le fondement du droit canon médiéval, qui imprègne toujours l’actuel.
    Repère récent (1929) la vraie donation de Mussolini qui sauva les finances à sec laissées par BXV à PieXI.
    Repère contemporain (22 juin 2004 et 3 octobre 2013) le lettre *d’un des plus éminents lord anglais et banquier international de premier plan aux cardinaux Bertone et Nicora mettant en garde l’Etat du Vatican (gestion financière, …) et remarquant leur mollesse feinte (en d’autres termes, mais c’est fort clair), … lettre envoyée à nouveau au Vatican en 2013 par l’ambassadeur de Grande-Bretagne alors que la COSEA était en train d’être minée par les vieux trucs mous de la Curie.
    L’Etat du Vatican est, depuis longtemps, infesté par l’omerta. Ce fait est en train de devenir un secret de polichinelle malgré les efforts pour que ça ne se sache pas.
    * On trouve le contexte de ces envois et un extrait de la lettre en faisant une recherche : « Lettre de 2004 de Thomas Stonor aux cardinaux Bertone et Nicora ».

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