PMA : osons les questions qui fâchent

PMA : osons les questions qui fâchent

Le parlement aura donc à connaître de l’élargissement du droit à la PMA pour toutes les femmes. Un débat à risque ! 

C’est donc officiel : le gouvernement entend profiter de la révision des lois de bioéthique, en 2018, pour proposer au Parlement «d’ouvrir la PMA» aux couples de femmes homosexuelles et aux femmes célibataires. C’est ce qu’a annoncé le 12 septembre, sur RMC, la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. C’était plus ou moins une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Le 13 mars, le candidat à la présidentielle déclarait dans la Croix : «Ma conviction personnelle est qu’il faut étendre la PMA(…) Mais je respecterai l’avis attendu du Comité consultatif national d’éthique et regarderai aussi l’état de la société et des débats qui s’y jouent pour agir de manière apaisée

De la promesse électorale à la saisie du Parlement

On s’en souvient, le CCNE s’est prononcé en faveur de cette ouverture dans un avis du 15 juin 2017 (1) Reste donc à Emmanuel Macron et au gouvernement de respecter les conditions d’un débat, notamment parlementaire, susceptible d’apaiser l’opinion. Ce qui n’est pas gagné d’avance si l’on se souvient du précédent de la Loi Taubira.

S’agissant de l’élargissement à toutes les femmes, d’une Aide médicale à la procréation aujourd’hui réservée, en France, aux seuls couples hétérosexuels en âge de procréer, souffrant d’une infertilité médicale, le débat devra répondre à un certain nombre de questions qui semblent «fâcher» celles et ceux qui considèrent que l’égalité des droits doit l’emporter sur toute autre considération.

Alors au risque de fâcher, osons les formuler ici, au nom de la liberté du débat citoyen.

Treize questions pour un débat citoyen

1 – Est-il raisonnable de créer, de manière formelle, un «droit créance» à l’enfant que ne reconnaît à ce jour aucune Déclaration des droits de l’homme, pas davantage pour les couples hétérosexuels qu’homosexuels ou pour les célibataires ?

2 – Si de facto, l’enfant devenait un droit opposable, sur quelles bases juridiques refuser demain le recours à l’utérus artificiel ou à toute autre technique, pour celles et ceux qui en feraient la demande, quel qu’en soit le motif ?

3 – En l’état actuel du droit, l’enfant né de PMA n’a aucune possibilité d’accéder à ses origines paternelles. Est-il légitime de priver délibérément un enfant d’une partie de son ascendance et de sa généalogie ?

4 – Si, demain, la loi ouvrait le droit, pour tout enfant, à connaître ses origines paternelles, quelles en seraient les conséquences possibles sur le nombre de donneurs de gamètes qui bénéficient aujourd’hui de l’anonymat ?

5 – Sur quels critères, en cas d’élargissement du droit, se fera l’arbitrage de l’attribution des gamètes alors même que La France connaît, actuellement, une pénurie qui ne permet pas de répondre à la demande ?

6 – Si la France décidait de rémunérer les donneurs de sperme, pour mieux répondre à la demande, comment s’opposer ultérieurement à la même rémunération pour des donneurs de «produits biologiques» pour lesquels il existe une pénurie : sang, organes (rein, poumon, rétine etc.)

7 – La communauté internationale peut-elle accepter l’émergence d’un marché du vivant où, demain, les plus pauvres de la planète seraient incités à « se vendre» ou à «louer leur ventre», au bénéfice de plus fortunés ?

8 – Le Parlement est-il prêt à ce que la PMA soit prise en charge par l’assurance maladie ? Sinon, comment assurer une réelle «égalité des droits» entre celles qui pourront y recourir et celles qui n’en auront pas les moyens ?

9 – Quel serait le coût approximatif d’une prise en charge généralisée de la PMA par l’assurance maladie ; quelles économies devraient être réalisées et où pour préserver son équilibre financier ?

10 – Peut-on imaginer qu’à terme, une loi sur l’euthanasie vienne apporter une réponse budgétairement satisfaisante à l’élargissement des prises en charge de la Sécurité sociale, en diminuant le coût des fins de vie ?

11 – Si l’assurance maladie rembourse des frais non justifiés au plan médical, comment refuser, demain, des demandes de prise en charge pour d’autres actes, rendus possibles par les progrès de la médecine et répondant à d’autres formes de «souffrance sociale» avérée : chirurgie esthétique face au vieillissement, greffes liées au concept d’homme augmenté cher aux transhumanistes ?

12 – Si l’élargissement de la PMA est adopté en réponse à «la souffrance ressentie du fait d’une infécondité secondaire» (2) des femmes, comment, en termes d’’égalité des droits hommes-femmes, refuser demain l’accès des couples homosexuels ou des célibataires masculins à la GPA  ?

13 – Est-il légitime d’envisager à l’avenir de telles dépenses, au motif que nous vivons dans des sociétés d’opulence, lorsque les deux-tiers de l’humanité n’ont pas accès aux soins les plus élémentaires ?

Avec un peu d’imagination, il serait possible d’élargir encore la liste des questionnements auxquels les élus de la Nation devront faire face, sauf à trahir leur mission. J’entends dire, ici et là, que peu de personnes seront au final concernées par cette mesure d’égalité et qu’il n’y a donc pas de quoi en faire un drame ; j’entends également, comme en 2013 au plus fort du débat sur la Loi Taubira, qu’il s’agit-là d’une loi qui élargit des droits sans rien enlever à personne. Pour être souvent sincère, ces propos n’en sont pas moins mensongers. L’énumération des questionnements qui précède suffit à prouver qu’une certaine conception de l’égalité des droits peut conduire, à plus ou moins longue échéance, à des basculements sociétaux dignes du Meilleur des mondes.

A mes amis homosexuels…

Que l’on me permette de terminer ce billet par une adresse toute particulière à mes amis homosexuels.

J’ai pour vous estime et affection. Je sais la souffrance qui a pu être la vôtre – et qui parfois demeure – à vous sentir rejetés, méprisés, dans une société qui a longtemps considéré l’homosexualité comme une dépravation ou une maladie. Je sais, comme journaliste, les témoignages d’amour et de fidélité posés par nombre d’homosexuels au plus fort de l’épidémie du sida, lorsque leur compagnon ou leur compagne à l’agonie voyait leur propre famille se dérober.

Je suis heureux que la conjugalité homosexuelle soit reconnue par la loi et fasse aujourd’hui la quasi unanimité dans notre pays. Vous le savez, et nous en avons parfois âprement débattu, j’étais hostile à la loi Taubira parce que, par le biais du mariage, elle ouvrait un «droit à la filiation» qui nous met face à des enjeux éthiques majeurs, même s’ils concernent également les couples ou les personnes hétérosexuelles.

Je sais, parce que j’en ai eu parfois la confidence, que votre soutien à ces revendications d’égalité des droits est, pour nombre d’entre vous, une question de principe, une forme de solidarité envers la communauté homosexuelle. Alors même que vous reconnaissez n’être pas personnellement concernés.

Aujourd’hui, je vous demande, au nom de l’amitié, d’oublier un instant toute forme de communautarisme, de redevenir simples citoyens de ce pays et de répondre librement et en conscience, avec nous, avec moi, avec les élus de la Nation, à l’ensemble de ces questions dont la portée dépasse de beaucoup la simple reconnaissance à laquelle vous aspirez et avez droit.

  1. Onze des trente-neuf membres n’ont pas voté le texte.
  2. « L’ouverture de l’IAD à des personnes ne souffrant pas de pathologie responsable de stérilité se concevrait pour pallier une souffrance ressentie du fait d’une infécondité secondaire à des orientations personnelles. Cette souffrance doit être prise en compte.» (Avis du CCNE, p.23)

 

 

 

 

 

 

37 comments

  • Il est bon que la question soit enfin traitée dans un cadre démocratique afin que le débat puisse porter une parole de sagesse qui touche chaque citoyen dans ses convictions les plus intimes, là où la démocratie trouve son origine, au cœur de l’humain.
    Il ne s’agit pas d’un combat d’un avis contre un autre, d’un clan contre un autre, mais d’une recherche commune de ce qui nous fait encore plus humain ou au contraire encore plus barbare.
    Quelle forme de liberté désirons nous pour les générations qui nous suivent ? Celle de développer une attention toujours plus tendre pour la vie, ou celle de développer les droits de l’adulte au prix de la vie d’embryons surnuméraires ? Quelle éthique voulons-nous bâtir collectivement ?

  • Les mêmes causes produisant les mêmes effets, et les mêmes hommes les mêmes débats… il n’y aura pas plus de débat démocratique qu’il n’y en eut pour le mariage pour tous. La boite de Pandore a été ouverte jadis par la loi Veil, canonisée récemment par le système, la pensée unique, les médias, et même une bonne part des chrétiens…. le reste suit logiquement…PMA, GPA, euthanasie, eugénisme. La technique fait Loi . Et une minorité de catholiques, y compris dans leur propre église, sont seuls à s’y opposer ,avec une argumentation intellectuelle très solide., mais sans aucun espoir de convaincre des gens sourds à toute vrai débat, fanatiques de leur cause, les Daech de la pensée ?
    Il ne suffit pas d’avoir fréquenté Ricoeur pour être un vrai philosophe. Et Socrate sut en son temps ce qu’il en coûte d’essayer de seulement penser contre la pensée unique et dominante.
    Le décor a changé, mais la pièce reste la même. Le premier qui dit la vérité…..
    Rendez vous dans quelques mois pour en faire le constat !

  • Un débat risque d’être stérile et source d’animosités et d’anathèmes s’il démarre et se cantonne dans ‘les idées’, les argumentations.

    Mettons les choses dans l’ordre. Ce qui importe, ce sont les gens, cette voisine, ce couple, chacun avec ses projets, ses difficultés éventuelles.
    Les gens importent. Les idées sont secondaires. Plus encore les lois. Ce fut manifeste en Galilée il y a quelque temps !

    Je voudrais d’abord, avant tout débat, entendre ces femmes qui font le voyage à Louvain ou à Bruxelles à la quête d’un peu d’aide. Les entendre, elles. Ce que furent les difficultés réelles, pratiques, ensuite. Comment elles ont pu faire grandir leur garçon ou leur fille. Entendre ce dont elles avaient besoin et que leur société ne leur propose pas.

    Soyons pragmatiques, pragmatiques. C’est à la fois plus simple et moins gratifiant que de dérouler des théories, de décréter le bien et le mal. On parle tant de respect des autres. Respectons.
    Telle personne souhaite mourir dans la dignité. Aidons-la.
    Telle autre souhaite faire grandir un enfant. Aidons-la.
    Tel couple, hétéro ou homo peu importe, souhaite un enfant. Aidons-le.
    Faisons preuve d’inventivité, de liberté de pensée et d’action.
    C’est là le rôle de notre société, et particulièrement de ceux que nous avons élus pour imaginer ces aides ; de grâce qu’ils soient pragmatiques plutôt que bavards.
    Qu’ils écoutent d’abord les gens dans leurs projets et leurs besoins.
    Qu’ils évitent la paresse habituelle de ressortir les trains d’arguments tout disponibles à droite comme à gauche.
    Ne se félicite-t-on pas de ce que Mme Veil ait eu de la liberté de réflexion et de la compassion sans se laisser emprisonner par les carcans idéologiques.

    Commençons, avant tout débat, par aller écouter les femmes et les couples qui vivent ces situations, dans les pays où cela ne fait apparemment pas tant de problèmes, ou chez nous pour autant que ces personnes puissent parler en liberté, si possible en fraternité, si possible à égalité.
    Documentons-nous sur les pays qui ont jugé bon d’offrir des cadres juridiques accueillants à ces situations inhabituelles. Observons où sont les avancées en humanité et ou sont les reculs ou les dangers. Sortons de nos frontières.
    J’ai beaucoup apprécié la position de ce médecin juif soucieux de soigner.
    J’apprécierais beaucoup trouver dans les commentaires de ce blog les projets de PMA de tel ou telle, ou leur récit, leurs souvenirs.
    Et seulement après, entendre des jugements et l’indispensable débat d’idées, mais alimenté par la réalité, par l’attention, par l’humanité.
    Mesure-t-on toujours l’audace à juger les comportements d’autrui, et la part d’orgueil ou de suffisance qui peut s’y glisser ? Prudence !
    Pragmatisme. Aidons !

    • L’attention aux personnes est bien évidemment essentielle. Mais à écouter les médias radio et télévision, j’ai parfois le sentiment que le traitement journalistique, précisément, s’en tient là, et depuis des lustres. Et qu’après cette phase que vous appelez de vos vœux, et qui me semble dominer l’espace médiatique, il serait temps de se poser quelques unes de ces questions qui vous semblent du domaine des « idées », comme s’il y avait à penser un péché contre le devoir de fraternité.

      En fait, ce qui ressort de votre analyse, est une conception, aujourd’hui largement dominante, où le seul rôle de la société est de satisfaire les désirs individuels. Sans vous poser la question de savoir si l’intérêt général peut se confondre avec la somme de ces intérêts particuliers ; sans vous interroger – apparemment – sur les conditions de la cohésion sociale comme bien commun.

      J’entends bien que l’individualisme – qui n’est pas l’égoïsme – est l’une des conquêtes de la modernité. Pour ma part je lui préfère la notion de personnalisme qui, précisément, tient compte des interdépendances qui existent entre nous et des solidarités nécessaires au vivre ensemble. Notre siècle semble être à la recherche d’un équilibre, fragile et toujours à construire, entre désirs individuels et bien commun. Je ne vois pas comment nous pourrions progresser en niant l’une des composantes de cette réflexion.

    • Telle autre souhaite faire grandir un enfant. Aidons-la.
      Tel couple, hétéro ou homo peu importe, souhaite un enfant. Aidons-le.

      D’accord. Ensuite : tel enfant de femmes lesbiennes issu de PMA souhaite connaître son père génétique. Aidons-le.

      Comment proposez-vous de concilier ces deux « souhaits » d’individus aussi légitimes l’un que l’autre? Au-delà des principe, le pragmatisme c’est aussi de constater que quelque soit le choix qui est fait il y a des souhaits que la société aide et d’autre pas. Qu’en pensez-vous?

  • Je ne voudrais pour ma part qu’avancer quelques points de réflexion et des constats. Institutrice et en outre maman, je vis au quotidien avec des enfants depuis près de 35 ans, et je pense de ce fait avoir une petite légitimité à m’exprimer.

    J’ai eu tout au long de ma carrière des élèves qui n’avaient pas de papa connu ou présent : orphelins de père, enfants de père « démissionnaire » après une séparation, enfants de père connu seulement de la maman. Ils pouvaient être d’excellents élèves, là n’est pas la question, mais je constatais néanmoins à un moment ou à un autre une fêlure : quand les copains et copines racontaient leurs sorties et activités avec leur papa généralement différentes, voire plus ludiques qu’avec leur maman, au moment de la fête des pères où on réalisait une petite carte voire un cadeau pour papa – je sais que le courant de pensée pédagogique actuel proscrit ces pratiques pour coller aux nouvelles règles sociétales – quand ils n’avaient pas de repères masculins autour d’eux pour se projeter dans une ambition professionnelle ou personnelle… Il y avait chez tous ces enfants une souffrance latente plus ou moins apparente mais néanmoins présente. Je peux même parler de ma situation personnelle d’épouse quittée quand ma dernière fille avait six ans, et de tous ses maux de ventre les années suivantes pendant lesquels elle « voulait papa » qui était sa référence en matière de soins – alors qu’il assumait malgré tout son rôle auprès de nos enfants régulièrement.

    Je témoigne simplement de mon constat d’enseignante au plus près des enfants : les plus perturbés psychologiquement et scolairement sont ceux qui ne vivent plus du tout avec leurs parents (enfants placés en foyer ou famille d’accueil) et ceux dont un parent – voire les deux – est notoirement défaillant ou complètement absent. La sagesse populaire a toujours su que l’enfant orphelin ou de « fille mère » comme on disait autrefois affrontait la vie avec plus de difficultés que l’enfant entouré de ses deux parents pour l’éduquer.

    J’ai donc du mal à comprendre que l’on veuille de nos jours concevoir artificiellement des enfants en leur imposant d’emblée et pour toute leur vie cette situation. Sans compter le fait d’avoir à comprendre puis à justifier un couple parental homosexuel dès qu’on est tout petit, et de n’avoir aucun accès autorisé plus tard à ses origines génétiques. Toute mère le sait : dès qu’elle est enceinte, on l’interroge sur tous ses antécédents familiaux. La difficulté d’assumer une ignorance à ce niveau-là est déjà sans doute grande pour les enfants adoptés. A plus forte raison pour ceux qui ont été conçus en éprouvette dans le secret de leurs origines paternelles.

    • Merci de ce témoignage. Jadis on plaignait les « pauvres orphelins »… Aujourd’hui on en programme en vue d’adoption ! Je ne suis pas sûr d’y voir un progrès de civilisation !

      • Allons René, puisqu’on ne cesse de vous mettre dans la tête que c’est un progrès de la civilisation c’est que c’en est un. Quant à vous (et quant à moi bien sûr) vous êtes manifestement sans pitié à l’égard de ces malheureuses qui voudraient tant avoir des enfants mais (et pourquoi pas puisque c’est possible scientifiquement) sans avoir de rapports sexuels.

  • Je constate que vous avez repris (malgré vous sans doute) une expression affectionnée par notre président : « celles et ceux ».

    3 – Est-il légitime de priver délibérément un enfant d’une partie de son ascendance et de sa généalogie ?
    Non, d’autant que cette connaissance peut être utile pour des raisons médicales (prévention de risques liés à des maladies congénitales). Rappelons qu’un père n’est pas qu’un modèle masculin (le monde n’en manque pas), c’est aussi un géniteur.

    4 – Si, demain, la loi ouvrait le droit, pour tout enfant, à connaître ses origines paternelles, quelles en seraient les conséquences possibles sur le nombre de donneurs de gamètes qui bénéficient aujourd’hui de l’anonymat ?
    Cela a donné lieu à des dérives dans certains pays, où de généreux donneurs se sont retrouvés pères biologiques de centaines d’enfants (comment éviter alors les risques d’inceste ?). Dans d’autres pays le don de gamètes est heureusement limité. Pouvoir retracer ses origines paternelles (ce qui donne accès à l’identité du père, mais aussi à toute l’histoire familiale qui le précède) semble juste. Le donneur devrait savoir qu’il s’expose à voir son identité révélée.

    12 – (…) comment, en termes d’’égalité des droits hommes-femmes, refuser demain l’accès des couples homosexuels ou des célibataires masculins à la GPA ?
    D’aucune manière.

    13 – Est-il légitime d’envisager à l’avenir de telles dépenses (…) lorsque les deux-tiers de l’humanité n’ont pas accès aux soins les plus élémentaires ?
    Non, c’est même indécent.

    « Avec un peu d’imagination, il serait possible d’élargir encore la liste des questionnements »
    Mais le mal manque d’imagination ! Il n’est pas créatif, il se contente de solutions de facilité, il voit ce qui est à sa portée et il s’en empare.

    À travers tout ça, une évidence se fait jour : ce qui est techniquement possible se fera (légalement et illégalement, en France ou ailleurs) et l’État ne pourra mettre des barrières qui ne seront qu’arbitraires. La seule boussole qui nous reste est l’enseignement de l’Église.

    Concernant votre adresse à vos amis homosexuels, je vous conseille de vous attarder sur les travaux d’auteurs homosexuels catholiques comme Philippe Ariño, ou aux États-Unis, Melinda Selmys (Ron Belgau, Eve Tushnet, etc.) opposés à toute forme de conjugalité homosexuelle. Cette adresse trahit, à mon sens, une certaine ignorance de la vie intime de vos amis.
    La fécondité des couples qui accueillent la différence des sexes ne se situe pas seulement sur le plan biologique.

    • Lorsqu’on veut parler des hommes et des femmes, on est bien obligé d’utiliser des expressions comme « celles et ceux », sans singer pour autant – volontairement ou non – le président Macron.

      Je suis bien évidemment en accord avec les développements où vous exprimez… votre accord avec ce que j’ai écrit. En revanche, je suis réservé sur deux points qui se situent à la fin de votre commentaire.

      Si, comme vous l’écrivez, « ce qui est techniquement possible se fera », le fait de disposer d’une boussole à travers la pensée de l’Eglise reste une mince consolation. Je n’ai pas de solution, mais il nous faut réfléchir à la manière d’accompagner ce qui, à mon sens, sera un jour le retournement de l’opinion sur ces questions, lorsque les victimes prendront conscience de leurs souffrances et de ses causes.

      Pour ce qui est de la pensée de Philippe A. je suis en désaccord total. On peut me vanter son expertise, je suis bien placé – comme journaliste – pour savoir que le propre de l’expertise est, selon les personnes, de savoir défendre le noir ou le blanc avec une égale conviction, la mise en avant de savoirs équivalents et la même force d’arguments… parfaitement contraires.

      Libre à vous d’estimer que je suis dans « une certaine ignorance de la vie intime de mes amis ». Mais Philippe A. me dira que de toute manière mes amis eux-même sont dans l’ignorance de ce qu’ils vivent vraiment. Lui seul sait où est la vérité de l’homosexualité. Pour l’heure je persiste donc à penser qu’inviter les couples homosexuels (pardon : les « paires » ou les « duos ») à la continence ad vitam aeternam est pure folie.

        • S’il existe une parole du Christ pour dire que les personnes homosexuelles doivent vivre dans la continence, la référence m’intéresse.

          • Certes le Christ n’a jamais parlé d’homosexualité mais enfin il me semble que l’abstinence s’applique aussi aux héterosexuels non mariés et le Christ a même dit (je cite de mémoire) « il vous a été dit tu ne commettras pas d’adultère et moi je vous dis celui qui regarde une femme et la désire a déjà commis l’adultère dans son coeur.
            Folie?

            Assurément!

          • Pardonnez-moi mais vous mélangez tout ! Ce qui est demandé à tous les croyants c’est la chasteté qui n’a rien à voir avec l’abstinence. Et si l’abstinence est demandée, en certaines circonstances, c’est un enseignement de l’Eglise… pas du Christ ! Pourt le reste je ne vois pas ce que la notion d’adultère a à faire dans un propos sur les couples homosexuels.

      • Étant intéressé par la question, j’ai lu certains des écrits de Philippe A., et je lui accorde un grand crédit.
        Il n’est pas de ceux qui utiliseraient les expressions « paires » ou « duos » – moi non plus d’ailleurs, ni aucune des autres personnes homosexuelles que je vous ai citées, qui ont choisi, soit le mariage (Melinda Selmys), soit, pour les deux autres, le célibat continent. Étant personnellement concerné, comme je l’ai écrit plus haut, je me trouve, comme eux, pleinement d’accord avec l’enseignement de l’Église concernant les personnes homosexuelles, qui demande sans doute à être développé, étoffé, certainement pas à être modifié. Voilà des personnes qui pensent que les options que propose l’Église (la continence ou le mariage) sont des voies de bonheur beaucoup plus sûres que le couple homosexuel (et ce sont également des voies de salut).

        M. Van Reeth, vous vous trompez gravement si vous pensez que l’Église se contente d’une opposition stérile. Le discours de l’Église sur ces questions est riche et fécond. Ouvrez-vous de nouveaux horizons intellectuels et lisez d’autres livres, ne serait-ce que pour mettre vos conceptions à l’épreuve ! Le Magistère n’est pas la manifestation d’une autorité arbitraire, tyrannique et fantasque. Et si je m’oppose à la PMA, ce n’est pas « pour des raisons religieuses », comme vous dites. En revanche, le fait que l’Église en laquelle je crois tienne un discours rationnel sur tous les sujets que vous évoquez nourrit et confirme ma foi.

        • Après avoir écrit « « La seule boussole qui nous reste est l’enseignement de l’Église. », vous m’interpelez en disant « vous vous trompez gravement si vous pensez que l’Église se contente d’une opposition stérile. » lorsque j’écris moi-même :
          « Ce serait tout de même dommage d’être systématiquement opposé à toute innovation pour des raisons religieuses. »

          Non seulement vous touchez à la Sémantique (« systématique » devenant « stérile » et « ce serait dommage de …» passant à la trappe) mais vous touchez également à la Syntaxe (avec disparition de la tournure conditionnelle) de mon propos.

          Conclusion : votre interprétation n’a plus rien à voir avec ce que j’avais écrit.

          P.S.
          Systématique = qui pense et agit d’une manière rigide, péremptoire, sans tenir compte des circonstances
          Exemple : une opposition systématique

          • Penser et agir d’une manière rigide, péremptoire, sans tenir compte des circonstances, ce n’est pas stérile ? C’est productif ?
            Si l’Église est bien systématiquement opposée à certaines choses (au sens premier de « systématiquement » et pas au sens où vous l’employez), c’est en vertu de certains principes. Ça n’empêche pas de tenir compte des circonstances – au contraire.

    • « La seule boussole qui nous reste est l’enseignement de l’Église. » écrivez-vous.

      Ce serait tout de même dommage d’être systématiquement opposé à toute innovation pour des raisons religieuses – anti pilule, anti stérilisation masculine, anti homosexualité, anti genre, anti PMA, anti GPA, … – sous prétexte que les Ecritures n’en parlent pas, la véritable raison étant le plus souvent que le Magistère s’y oppose.
      Ce qui me fait penser au livre de Jacques Musset « Sommes-nous sortis de la crise du modernisme ? », publié aux éditions Karthala en novembre 2016
      (un livre auquel je me suis déjà référé précédemment sur ce blogue, mais qui n’a suscité aucune réaction : « Couvrez ce modernisme que je ne saurais voir » …?).

      • L’interpellation ne me concerne pas ! Vous admettrez néanmoins que dans mon article, les objections à la PMA n’ont aucun caractère religieux. Elles peuvent être partagées – et le sont bien souvent – par des athées ou des agnostiques.

      • Et il ne s’agit pas d’être opposé à « toute innovation » comme vous dites ! Croyez-vous que l’Église ne se réjouit pas de la plupart des avancées de la science et de la technique, quand elles sont au service de l’homme et du bien ? De plus, le discours de l’Église me semble plus original et innovant que celui qui demande d’utiliser toutes les nouvelles techniques sans ordre et sans discernement, et de s’y soumettre en quelque sorte.

  • Questions:
    – Combien les innombrables guerres du XXème siècle ont-elle fait d’orphelins sur la planète, de manière délibérée, avec, toujours, les plus motifs qui soient? Ah, oui, la guerre est justifiée, … par ceux qui ne la font jamais, ceux que G. Bernanos appelait « les gros derrières de l’arrière » … (académiciens, éminences, financiers, papes, … ).
    – Combien de jeunes enfants ont entendus « ton père était un héros, il s’est battu pour sa patrie? Beaucoup, Combien ont entendu « ton père a obéit courageusement, en tuant beaucoup d’ennemis »? Peu, il eut été indécent et dangereux de simplement le laisser entendre.
    – Chaque commune a son monument aux morts, ou ne figurent aucun « mort de la guerre après la guerre »: psychologiquement détruits, gazés, désespérés par le genre humain. Combien de communes ont un monument aux survivants et aux vivants?
    – Ces morts ont été conçus selon les méthodes ancestrales, et sont morts de même, à la fleur de l’âge en général.
    – Qui a rappelé « tu ne tueras pas »? Quasi personne, et surtout pas de clercs. Qu’est-il arrivé à ces courageux suicidaires? Ils ont été mis au ban de la société, parfois incarcérés et exterminés.
    – Qui a béni les armes et les armées, y compris de colonisation? Ceux qui enseignaient tu ne tueras pas quand il fallait et le contraire quand l’heure fut venue …

    Curieux comme l’absolu se trouve omis au gré des exigences des puissants, Nota: le concordat de 1933 a mis le clergé (kto et protestant) à l’abri de la conscription, garanti à l’institution le maintien du paiement des clercs par l’impôt (toujours en vigueur), asservit le clergé au nazisme! On peut aussi évoquer le sabordage imposé en Italie par le Vatican à l’action catholique, , …
    Ce n’est pas pareil direz-vous! A chacun de voir, … pour moi la lâcheté des actes est plus claire que les habiletés qui la cache.

    Faire la morale à tous, c’est jeter la première pierre. Sachant ce qui est à mes yeux correct et incorrect, je sais aussi que vouloir enfermer les autres dans sa propre morale dénote une addiction au pouvoir et/ou d’un manque de maturité.
    Messieurs les puissants, un peu de pitié pour les petites gens, priez votre Dieu puissant juge -qui n’est pas le mien- qu’il veuille les absoudre ( ballade des pendus, famines, guerre de cent ans). On peut aussi rappeler aux moralistes Rutebeuf, un siècle plus tôt « l’état du monde » dont cet extrait : « Le monde était bon, maintenant c’est différent car personne ne sait plus Travailler au bien d’autrui s’il ne pense pas y trouver son profit.

    • Sed non is locus disaient les latins (ce n’est pas le lieu, ni le propos). Libre à vous de vous défouler une nouvelles fois contre l’Eglise que je n’ai pas ici à défendre puisque mon argumentation contre la PMA n’a rien de religieux. Je ne vois dans ce commentaire aucune esquisse de réponse aux questions que je formule.

      • Libre à vous de souhaiter des réponses plutôt qu’un complément à vos questions. Que ce complément dérange/ »fâche » indique au moins qu’il est « dans les clous » de votre titre.

  • J’ai lu avec intérêt l’intervention de Mme Véronique Belen, car c’est, exceptionnellement ici, un témoignage prenant et un rendu d’expériences. J’entends bien les difficultés, parfois la souffrance d’enfants sans père ; j’en ai eu parfois des échos chez mes petits-enfants scolarisés.
    Les situations évoquées sont celles d’abandons par le père et je n’ai pas de doute quant aux difficultés d’enfants vivant ces abandons. Mais j’aimerais entendre d’autres cas. Les enfants en garde alternée (ce qui est en principe la majorité) connaissent-ils les mêmes difficultés, personnellement ou en compagnie des copains et condisciples ? Par exemple, lorsque les parents divorcés continuent à se respecter et à témoigner leur affection et accorder leur soutien à leurs enfants ?
    Et surtout : les enfants de couples homosexuels, masculins et notamment féminins, ont-ils des difficultés de ce type lorsque le couple reste uni et aimant ? A-t-on des témoignages à ce sujet ? De parents ? d’Enseignants ? de psychologues ? Ou, plus délicat : les enfants de mères célibataires, les a-t-on déjà entendus ? De tels témoignages seraient-ils négligeables et sans intérêt ? Je trouverais heureux que des personnes s’expriment à ce sujet.
    J’observe par ailleurs que la totalité, ou quasi, des commentaires dans ce blog vont dans le sens d’un refus, habituellement par apriori. Que le débat s’en trouve appauvri.
    Et que l’argument récurrent – il n’y en a guère d’autres – est celui de la paternité occultée et de la nécessaire souffrance de l’enfant en demande non satisfaite.
    L’argument est à manipuler avec prudence. D’une part, il n’est pas impossible qu’à l’expérience et après un temps d’observation, le silence sur le donneur ne soit pas modifié pour tels ou tels types de cas. Surtout ne considérons pas d’emblée comme inconvenant une formule parce qu’elle pourrait comporter une difficulté pour l’enfant. Ne permettons pas alors le divorce car il est cause de souffrances probables, interdisons-le dans la loi. Ne permettons pas le mariage et sa législation car une probabilité (aujourd’hui de 40%) de divorce lui est associée !
    Renversons l’apriori. Essayons le mariage à l’occidentale (c’est fait depuis quelque temps !) malgré le divorce possible, presque probable.
    Essayons le ‘mariage pour tous’ pour ceux à qui cela convient. Le ciel ne nous tombera pas sur la tête ! Essayons la PMA, essayons la GPA pour ceux à qui cela convient, malgré les probables difficultés inhérentes à ces comportements exceptionnels, et en posant bien les balises notamment contre la marchandisation. Les Hollandais essaient : ce ne sont ni des monstres, ni des inconscients, ni des dénaturés ; juste ouverts, accueillants et pragmatiques. Comment font-ils ? Il serait bien d’aller y voir.
    Ne pourrait-on espérer que la majorité à qui convient la législation courante soit accueillante à ces minorités qui introduisent de la diversité dans notre société et pour qui il suffit d’aménager la législation ! Une majorité s’honore par son attention à ses minorités. On a bien aboli la peine de mort, jadis indispensable. On peut continuer à bien faire.

    • Merci de ce commentaire. Il ne m’appartient bien évidemment pas d’obliger qui que ce soit à faire entendre un autre son de cloche sur ce blogue. S’y exprime qui veut. Mais je ferai une double observation : peut-être cela compense-t-il pour l’immense majorité des médias où l’on n’entend jamais la moindre objection vis-à-vis de ces réformes sociétales, toute évolution y étant comprise comme un progrès ; il est une autre vision du pluralisme et de la liberté d’expression qui repose sur la diversité des sources, la diversité des médias eux-mêmes.

      Pour le reste, je suis en désaccord avec votre vision des choses. Concernant les enfants, je trouve qu’il y a du sophisme dans vos propos. Toutes les observations que vous suggérez ont été faites. Et ceux qui partagent votre point de vue ne manquent pas de nous expliquer doctement – avec moultes références scientifiques – que ces situations de séparation sont sans conséquence sur le développement et l’équilibre de l’enfant. Ce que d’autres démentent, bien évidemment (Cft mon commentaire antérieur sur les expertises contradictoires). Mais après tout, cet argument serait recevable s’il s’agissait ici de la question de l’adoption par des couples homosexuels. Or nous parlons de la PMA. La question posée n’est pas celle de la capacité pour un couple homosexuel d’aimer et d’éduquer un enfant, qui n’est pas ici mis en cause. En tout cas pas par moi. Il est de savoir s’il est légitime de programmer la fabrication d’un orphelin de père pour satisfaire le désir d’enfant ou d’adoption d’un adulte. Pardon de dire les choses comme elles sont.

      Trois observations pour conclure :

      « Essayons, pour ceux à qui cela convient »… écrivez-vous. Le problème est que contrairement au discours politiquement correct, ces réformes n’impactent pas uniquement « ceux à qui cela convient » mais l’ensemble de la société qui, parfois, n’a rien demandé. La PMA pour tous sera d’évidence remboursée par la Sécurité sociale. M’a-t-on demandé mon avis ? Et si je préférais que l’argent de l’assurance maladie aille au financement du soin des maladies… et non de pratiques médicales qui n’ont rien à voir avec cela ?

      « En posant bien les balises… » écrivez-vous ! La loi Veil est l’illustration parfaite de balises qui, au fil du temps, sautent les unes après les autres jusqu’à défigurer la loi. Votons la PMA pour « toutes » les femmes donc y compris les femmes mariées hétérosexuelles qui seront légitimées à y recourir, même en l’absence d’infertilité. Après tout, pourquoi ne pas choisir son mari pour le fun et la PMA pour la reproduction (allons au bout de la provocation : le mari pour le statut social, l’amant pour le sexe, la PMA pour le bébé…) avec en prime le choix du sperme d’un VIP aux yeux bleus demain en vente libre ? Aux frais de la collectivité, bien sûr !

      « Etre accueillants aux minorités… » C’est une belle formule à laquelle je souscris sans arrière pensée. Je le dis sincèrement au regard des drames que le refus de cette prise en compte a engendrés au cours des siècles et aujourd’hui encore. Simplement je m’interroge, comme citoyen, et j’aimerais que ce débat ne soit pas occulté dans notre pays, sur les conditions de la défense du bien commun, nécessaire à préservation de la cohésion sociale, lorsque les revendications de toutes sortes de minorités viennent, de fait, ébranler le socle juridique qui jusque là permettait cette cohésion sociale. J’écris cela sans aucun a priori, mais non sans inquiétude.

  • Les couples de femmes homosexuelles et les femmes célibataires font-elles partie de la société ?
    Pourquoi les couples de femmes homosexuelles et les femmes célibataires persévèrent-elles dans leur demande d’élargissement du droit à la PMA pour toutes les femmes ? En quels termes moraux les couples de femmes homosexuelles et les femmes célibataires justifient-elles leur demande d’élargissement du droit à la PMA pour toutes les femmes ? La justification de la demande d’élargissement du droit à la PMA pour toutes les femmes est-elle seulement individuelle ? La demande d’élargissement du droit à la PMA pour toutes les femmes peut-elle être réalisée ou interdite ou réservée à certains ? Comment passer des justifications en termes moraux de la demande d’élargissement du droit à la PMA pour toutes les femmes, à des justifications en termes de justice ? Est-ce que ce ne serait pas par des « normes qui habiliteraient et contraindraient les occupations humaines » ? Or le sens du bien et du mal qui intervient dans la demande d’élargissement du droit à la PMA pour toutes les femmes et qui est à la base de la Justification en termes moraux, est un produit de la communication entre les humains. Sa formation est soumise à la puissance de la multitude. Par conséquent, le sens du bien et du mal de chacun est le plus souvent contradictoire (chacun, via l’imitation, est soumis à des injonctions contradictoires) et, si un sens commun est à même de se stabiliser à l’échelle d’un groupement particulier d’humains, ce sens commun change dans l’histoire. Si « les normes qui habilitent et contraignent » aujourd’hui la PMA changent, la justification en termes moraux prend tout son sens et chacun se retrouve avec sa liberté qu’il lui convient d’éclairer. C’est pourquoi, je vous remercie d’éclairer notre liberté de citoyen.

  • La PMA et la GPA existent et se pratiquent déjà vu que la science le permet. La question de légiférer autour de cela est inévitable et le fait que cela se pratique déjà l’y oblige en l’état. Se crisper dans les débats, avec l’idéale vision chrétienne en unique vision monocentrée, dans un monde où elle s’applique peu et se comprend difficilement ne servirait qu’à figer les positions.

    • « Et n’écoutant que son courage qui à ce moment précis ne lui disait rien, résolument il s’enfuit en courant »

    • La vision chrétienne, comme vous dites, n’a rien de réductrice. Et adopter la vision chrétienne ne nécessite pas de recourir à des arguments « religieux ». Il s’agit au contraire de faire appel à la raison et de ne pas succomber à des idolâtries ou céder à la superstition.
      D’ailleurs il n’est même pas besoin d’élargir le champ jusqu’à une vision chrétienne. Il suffit de parler raisonnablement de la PMA. Une vision humaine et raisonnable de la PMA (par ailleurs pleinement en accord avec la vision chrétienne, mais chaque chose en son temps) devrait amplement suffire.

      • Pour ma part je ne crois pas que la simple raison soit suffisante pour aboutir à la conclusion que la PMA étendue à tout le monde et la GPA pour aboutir à la conclusion que ce sont de très mauvais principes.
        est-il raisonnable d’être généreux gratuitement ?
        est-ce la raison qui va nous pousser à répondre par l’affirmative à cette question?
        Je n’en suis pas persuadé

        • Oui, je pense qu’il est raisonnable d’être généreux gratuitement. Est-ce la raison seulement ? Est-il raisonnable d’être seulement guidé par sa raison ?

  • N’être guidé que par la raison est impossible, mais mettre autant que possible la raison au premier rang, donc avant les passions -sentiments, foi, croyances, instincts-, est essentiel. C’est la voix que suivent la plupart des institutions humaines depuis notamment « les lumières » et avec plus ou moins de bonheur, pendant que les religions tentent de canaliser les passions en prêchant -en parole, actes et omissions- là aussi avec plus ou moins de bonheur.
    Jürgen Habermas et Joseph Ratzinger ont traité de Raison et Religion (conférence de Munich 2004, publiée en français en 03/2010 Ed Salvator, traduction et présentation de JL Schlegel).

  • C’est le coeur au premier rang qui comprend la raison, les sentiments, les croyances etc…. la guérison du coeur est essentielle sans elle nous blessons nous mêmes et les autres. Regardons comment le Christ s’y prend….le respect de l’autre, la patience et l’ouverture à l’autre

    • Oui et non ! Dans une lettre à Jean Cocteau, Jacques Maritain écrivait ceci que je crois juste : « Il faut avoir l’esprit dur et le cœur doux. Combien de gens qui croient avoir le cœur doux et qui n’ont qu’un esprit mou. »

  • La GPA est une pratique culturelle ancienne en Orient, au moins chez les chrétiens. Un couple Irakien a accepté de procréer pour que le couple non fertile d’un frère ou d’une sœur d’un des parents biologiques puisse avoir un enfant. Il n’est évidemment pas question d’argent, juste un cadeau. Je ne sais pas ce qu’en dit officiellement l’institution, là-bas -Chaldéens-, alors que la Genèse comporte deux cas similaires, avec une esclave et non une sœur ou belle-sœur: procréation d’Ismaël et adoption par Rachel des enfants de Bila.

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