Abus spirituels : faut-il dissoudre les communautés nouvelles ?

Abus spirituels : faut-il dissoudre les communautés nouvelles ?

Quand les Béatitudes et les Fraternités de Jérusalem ressurgissent dans l’actualité.

(Merci à Adista pour la traduction en italien de cet article et sa publication sur son site adista.it)

Difficile d’accuser l’Eglise de total immobilisme concernant la pédocriminalité dans ses rangs. Sans doute doit-on lui concéder que la réponse ne pourra être que progressive, au rythme de la prise de conscience des divers acteurs pastoraux et des fidèles eux-mêmes. Il n’empêche : les dispositifs mis en place en termes de reconnaissance et de réparation font déjà apparaître de nombreux « trous dans la raquette ». Et le refus persistant de prendre en compte des abus non directement sexuels, mais spirituels ou de pouvoir, aux conséquences analogues, devient aujourd’hui un vrai scandale. L’actualité est là pour en témoigner, concernant certaines communautés rétives au changement, sur lesquelles aucune autorité ecclésiale ne semble avoir prise. Au point de se demander si les réformer n’est pas une illusion et s’il ne faudrait pas envisager plutôt leur dissolution.

En décidant, collectivement, de suivre les recommandations du rapport Sauvé dont ils avaient pris l’initiative en 2018, les évêques de la Cef (Conférence des évêques de France) et les supérieurs et supérieures de congrégations religieuses de la Corref (Conférence des religieux et religieuses de France) ont franchi un pas décisif dans la lutte contre les scandales de pédocriminalité dans l’Eglise catholique en France. La création de deux organismes de reconnaissance et de réparation, Inirr pour la Cef et Crr pour la Corref (1) est venue concrétiser cet engagement. Même si leur ajustement à la réalité fait débat comme vient de le montrer, sur France 2, un récent numéro de Complément d’enquête. Et l’on attend désormais pour la session de printemps de l’Assemblée plénière des évêques, les conclusions des groupes de travail mis en place pour « creuser » certaines des recommandations du rapport Sauvé. 

De nombreux « trous dans la raquette » de la lutte contre les agressions en tout genre. 

Et pourtant… L’affaire « Mgr Santier » sur laquelle l’institution a volontairement fait silence au moment même où à Lourdes, à l’automne 2021, elle promettait à genoux de rompre avec cette logique du secret, est venue jeter le doute. Et il suffit de creuser un peu pour trouver bien des « trous dans la raquette » des dispositifs arrêtés. La compétence de la Ciase – et donc la portée de ses recommandations – ne concerne en principe que les agressions de nature sexuelle sur mineurs au moment des faits. Sans compter que les « victimes » reconnues de religieux découvrent au fil des procédures que toute reconnaissance-réparation dépend en réalité du bon vouloir de chaque congrégation. La réalité est différente concernant les diocèses. 

Plus grave : l’ensemble des abus de nature « spirituelle » (abus d’autorité et de pouvoir) dont ont été victimes, comme on le découvre depuis plus de dix ans, des milliers de membres de Communautés nouvelles – et dont sont victimes aujourd’hui encore des centaines d’autres – n’entre pas dans le champ des dispositions arrêtées. Alors même que les conséquences destructrices pour les personnes sont de même nature et de même gravité que pour les agressions sexuelles. Parce que l’opinion reste avant tout sensible aux crimes et délits sexuels sur mineurs ; parce que la définition même des abus de nature spirituelle reste complexe et difficile à cerner ; parce que ce type d’abus concerne majoritairement des adultes facilement soupçonnés d’avoir été consentants ; enfin parce que l’Eglise répugne à mettre en cause des Communautés Nouvelles présentées depuis un demi-siècle comme la réponse inespérée à la crise post-conciliaire, malgré les déviances avérées de nombre de leurs fondateurs.

Une exigence de réformes contrariée.

Les fissures se sont à ce point généralisées et élargies qu’une exigence de réforme radicale s’est imposée pour nombre d’entre elles. Or, l’expérience montre que sa mise en œuvre est, en réalité, contrecarrée par la mauvaise volonté des communautés elles-mêmes et le peu d’empressement des évêques et du Vatican à leur faire violence. Avec, à chaque fois, formulé le même argument : si certains fondateurs étaient pervers, les œuvres, elles, demeurent saines et portent de beaux fruits. Ce qui, précisément, est aujourd’hui questionné au vu de la quantité de « fruits pourris » – et pourris par les communautés elles-mêmes. Que l’on songe seulement aux nombreux frères et sœurs, exclus ou volontairement sortis des communautés, sans aucun soutien de l’institution ecclésiale, abandonnés à leur triste sort. Ce qui fait monter, ici et là, du côté des associations de victimes de « dérives sectaires » et des lanceurs d’alerte un question plus radicale : celle d’une possible dissolution de communautés au sein desquelles les mêmes causes continuent de produire les mêmes effets.  Multipliant les victimes qu’elle se refuse à prendre en charge.

Deux dossiers d’actualité, peuvent éclairer ce propos : le premier concerne la Communauté des Béatitudes, le second Les Fraternités de Jérusalem.

Dix victimes présumées de deux prêtres dans un pensionnat des Béatitudes…

Vendredi 13 janvier dernier, la Croix l’Hebdo, magazine de fin de semaine du quotidien catholique, publie sur seize pages une enquête de l’un de ses journalistes : Mikael Corre. (2) Elle creuse la période 1988-2007 où la Communauté des Béatitudes a eu la charge d’un internat pour garçons situé à Autrey dans les Vosges. Le journaliste a entendu vingt-quatre anciens élèves du Cours Agnès-de-Langeac qui accueillait de jeunes garçons en discernement vocationnel. Au terme de son enquête il peut écrire : « Au moins 10 anciens élèves du CAL auraient subi des actes susceptibles d’être qualifié d’atteintes ou d’agressions sexuelles, de viol ou de tentative de viol commis par deux prêtres de l’internat, les pères Dominique Savio et Henri Suso. Ces trente dernières années, plusieurs responsables de l’Église ont été alertés des agissements des deux prêtres. Les faits portés à leur connaissance n’ont jamais été signalés à la justice civile avant février 2022. Aucune enquête interne sur Autrey, aucun appel à témoignage pour identifier d’éventuelles victimes du CAL n’ont été lancés par les autorités ecclésiales, ce qui génère une profonde colère chez plusieurs victimes présumées. »

Et deux suicides !

On découvre, à la lecture de l’article que le parquet d’Epinal a bien ouvert une information judiciaire en 2002 pour « agression sexuelle par personne ayant autorité » à l’encontre du père Dominique Savio, sur plainte d’anciens élèves. L’enquête sera rouverte en 2008 et le prêtre, qui vit en Suisse, mis ultérieurement en garde à vue avant un classement sans suite pour charges insuffisantes. Et cela malgré le nombre des accusations de plusieurs victimes et le témoignage « posthume » d’un jeune garçon qui s’est suicidé en 2005. 

Le principal témoin de l’enquête journalistique, Florent, aujourd’hui âgé de 42 ans (il avait 17 ans au moment des faits) explique s’être résolu à écrire en 2011 aux autorités religieuses pour dénoncer les agissements à son encontre du second prêtre Henri Suso. Les destinataires de sa lettre sont à l’époque Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon où le prêtre s’est installé depuis 2009 et le frère Henry Donneaud, dominicain, récemment nommé par Rome comme Commissaire pontifical pour « remettre de l’ordre » dans la communauté des Béatitudes qui traverse une crise profonde. L’un et l’autre accusent réception. « Pendant les dix années qui vont suivre, commente le journaliste, Florent n’a aucune idée de ce que devient le père Henri Suso. » 

Il lui faudra attendre le 7 février 2022 pour qu’à sa demande on lui communique enfin que le prêtre : « a été reconnu coupable du délit d’abus sexuel continu sans violence sur la personne de [Florent] dans le cadre d’un procès pénal canonique en date du 2 octobre 2012 et, à ce titre, des mesures conservatoires lui ont été notifiées ». Sanction restée confidentielle au sein de l’Eglise ce qui a permis à Mgr Rey de lui confier de nouvelles responsabilités pastorales sous son nouveau nom : Marie-Bernard d’Alès. Quelques temps auparavant Florent a eu connaissance d’un deuxième cas de suicide, celui d’un certain Yann qui avait confié à son frère avoir été victime d’agressions sexuelles de la part du même prêtre. 

Une communauté « réformée » gravement mise en cause au travers d’un de ses nouveaux dirigeants.

« De son côté, poursuit l’enquête de la Croix l’Hebdo, l’autre prêtre accusé d’abus à Autrey, Dominique Savio, est revenu en France après la décision du parquet d’Épinal de classer son affaire. Il a changé de nom et se fait désormais appeler Martin de Tours ou Martin Silva. En 2015, Dominique Savio est élu assistant général – c’est-à-dire numéro deux – de la communauté des Béatitudes, qui vient de se réformer. » Il l’est toujours ! 

Et c’est bien là le cœur du problème soulevé par cette enquête : quel crédit accorder aux prétendues réformes en cours d’une communauté gravement compromise dans le passé, qui a connu de nombreux départs à la suite de ces scandales, se refuse aujourd’hui à entrer dans le processus de reconnaissance-réparation mis en place par la Corref au motif qu’elle n’adhère pas à cette instance et se trouve désormais gravement mise en cause à travers l’un de ses principaux responsables ? Comment expliquer que les autorités ecclésiastiques en charge de la Communauté puissent affirmer, à propos du père Savio, « ne pas avoir eu vent de ces faits prescrits, » alors même que la presse avait relaté l’affaire d’Autrey ?

Alors, oui, face à l’impossible réforme, faut-il dissoudre ? 

 Les Fraternités apostoliques de Jérusalem à leur tout mises en cause

Il y a cinq ans encore, les Fraternités monastiques de Jérusalem (3) bénéficiaient dans l’opinion catholique de l’effet cumulé de l’image charismatique de leur fondateur le père Pierre-Marie Delfieux (décédé en 2013), du rayonnement des offices de l’église Saint-Gervais à Paris retransmis quotidiennement par KTO et de la présence de communautés dans quelques lieux prestigieux tels que Vézelay, le Mont Saint-Michel, Strasbourg mais aussi, la Trinité-des-Monts à Rome pendant dix ans, Cologne, Bruxelles, Montréal, Varsovie…. Et puis, patatras : à l’automne 2019 parait le livre d’Anne Mardon, Quand l’Eglise détruit (4). Elle y raconte son long calvaire au sein des Fraternités monastiques et met directement en cause son fondateur, moins pour des agressions de nature sexuelle (bien que cette dimension ait été ultérieurement retenue par la Ciase) que pour une emprise de nature psychologique et spirituelle. Ces révélations qui font l’effet d’une bombe seront ultérieurement confirmées par une enquête approfondie de Sophie Lebrun dans l’hebdomadaire la Vie. (5) Les Fraternités se résignent alors à un long processus d’enquête canonique, suivi d’une assistance apostolique toujours en cours. D’autres ouvrages viendront confirmer ces dérives (6).

Le dernier en date (7), paru à l’automne dernier, possède cette particularité d’émaner d’une religieuse de la branche apostolique des Fraternités. Sœur Sabine y est entrée à l’été 2013 par désir de consacrer sa vie à Dieu dans l’adoration et l’apostolat. Elle s’est retrouvée « exclue » sans explication, six ans plus tard. Après avoir été totalement broyée, dépossédée de sa personnalité propre, moins par volonté délibérée de quelque être pervers que par la logique même d’une institution que l’on découvre au fil des pages profondément immature. Illustration que c’est bien le « système » des Fraternités de Jérusalem mis en place par son fondateur qui ici – comme ailleurs au sein de la branche monastique – est en cause. 

L’inaptitude à la vie adulte… lot ignoré des sortants de communautés.

Le long récit de cette descente aux enfers émane d’une jeune femme que l’on découvre confiante, équilibrée, généreuse, en quête de don absolu par amour du Christ et qui tombe sous la coupe d’une organisation où personne ne semble avoir été formé aux fonctions qu’il ou elle occupe, où l’infantilisation est la règle, où la spiritualisation dispense de toute réflexion critique, où l’autorité justifie l’arbitraire, où la dépossession de soi est posée en critère d’obéissance à la volonté de Dieu traduite par la prieure ce qui vaut un jour à “sœur Sabine“ d’entendre cette réplique : « Et même si on se trompait, toi, en nous obéissant, tu ne te trompes pas. » 

Durant six ans de vie religieuse, suivies de trois d’impossible reconstruction, la voilà confrontée à une hiérarchie catholique qui ne veut pas savoir ou prétend ne rien pouvoir. Elle voit à cinq reprises l’évêque de Tarbes dont dépend la communauté. En vain ! Au Vatican un monsignor affable lui explique que l’habit religieux qu’elle porte est un abus puisqu’elle n’appartient jamais qu’à une association de fidèles ! Qu’ont fait les autorités pour l’interdire ? Sortent du lot quelques figures féminines comme sœur Véronique Margron ou sœur Chantal-Marie Sorlin. Durant ces années Sabine Tainturier a le sentiment d’une totale deshumanisation. Elle écrit : « Lorsque la porte de sortie m’a brusquement été ouverte et l’avenir fermé, j’ai vécu l’humiliation de l’évidente régression qui fut la mienne. Je n’étais plus apte à la vie adulte et ordinaire. C’est le lot ignoré des sortants de communautés. »

L’abus spirituel, angle mort de la conduite ecclésiale

L’essentiel du message du livre, qu’il faut lire, est là. L’auteure qui à aucun moment n’entend régler des comptes avec son ancienne communauté et préfère se poser en témoin plutôt qu’en victime décortique de manière impitoyable les questions posées par cette dérive commune à nombre de Communautés nouvelles. « Aujourd’hui, écrit-elle, l’abus maladroitement appelé spirituel – ses mécanismes, sa gravité et ses conséquences lourdes – reste dans l’angle mort de la conduite ecclésiale. » Et au regard de l’immobilisme de la hiérarchie, de l’impréparation des « sorties » de communautés pour celles et ceux qui souhaitent reprendre leur liberté, des failles évidentes dans les processus de reconnaissance-réparation qui excluent les abus non-sexuels laissant les victimes à leur solitude et à leur désarroi, elle interpelle : « Eglise, c’est toi qui appelle des jeunes à tout donner. Ceux qui répondent puis sortent brisés tu en es responsable. Comment les accompagnes-tu ? »

Or la liste s’allonge des frères et sœurs qui choisissent précisément de “quitter“ dans de nombreuses communautés. Plusieurs dizaines semble-t-il sur une période récente pour les seules Fraternités monastiques. En 2022 les deux visiteurs apostoliques nommés par le Vatican, le frère dominicain Bruno Cadoré et la sœur auxiliatrice Emmanuelle Maupomé ont été confirmés en tant qu’assistants apostoliques des Fraternités monastiques de Jérusalem avec la charge de les aider dans un processus de discernement et de réforme. » Or, note Sabine Tainturier dans son livre, outre le fait qu’ils n’ont pas autorité sur les Fraternités apostoliques en pleine dérive, « les quatre axes de discernement et de réforme ne mentionnent pas de processus de réparation. » En sorte qu’aujourd’hui un certain nombre d’anciens frères et sœurs en sont à s’interroger sur un possible recours aux juridictions civiles pour obtenir réparation. « Si on ne peut s’appuyer sur le droit de l’Eglise devant des abus caractérisés, quelle garantie d’équité l’Eglise peut-elle donner ? » 

Devant l’impossible réforme, faut-il se résigner à dissoudre ? (8)

« Voue ne lirez pas sous ma plume que l’Eglise couvre… »

Difficile de prolonger sans lasser. Le tableau reste sombre qui pourrait faire conclure à l’indifférence et à la trahison généralisées. Or, certaines victimes-témoins des Fraternités témoignent aussi qu’il existe ici et là des oreilles attentives désireuses de débloquer des situations qu’elles n’imaginaient même pas, de « traverser cette épreuve ensemble » et d’inviter l’Eglise à tirer les conséquences ultimes de cet ébranlement, comme l’esquissait le rapport de la Ciase dans ses recommandations. Dans son enquête de La Croix l’Hebdo, Mikael Corre écrit de son côté : « Je n’aurais jamais accédé à autant d’informations sans l’aide active de plusieurs personnes très engagées dans l’Église. Ces dernières sont prêtres, religieux ou religieuses, ou encore laïcs ayant exercé d’importantes responsabilités auprès d’autorités ecclésiales. Elles aiment l’Église et veulent la servir. Toutes partagent la conviction que seule la vérité la plus stricte permettra à l’institution de se relever honorablement de la crise des abus sexuels. Ces lanceurs d’alerte, pour qui la lutte contre les abus est devenue le combat d’une vie, sont la raison pour laquelle vous ne lirez pas sous ma plume que « l’Église couvre ». Parce que eux aussi sont l’Église. »

Dissoudre ou pour le moins suspendre les entrées de novices jusqu’à nouvel ordre ? 

Pour autant la question formulée dans le titre de ce – trop long – article demeure : s’engager dans d’impossibles réformes ou se résigner à dissoudre ? Car enfin si l’on juge un arbre à ses fruits il est trop facile de se prévaloir seulement des « bons fruits », indiscutables, en refusant de regarder en face les milliers d’êtres brisés qui ne sauraient être réduits à de simples victimes collatérales de la Nouvelle évangélisation. Mais pour reprendre une expression de Sabine Teinturier : peut-on changer la nature d’un végétal ? Elle écrit encore : « Pour restaurer une cloche, il faut la refondre entièrement. » Dissoudre ne serait pas chose nouvelle au regard de l’histoire des communautés nouvelles. Citons : le Verbe de vie, le Pain de vie, la Théophanie, la Sainte Croix, Points Cœur… Et, se demandent certains, n’aurait-il pas fallu dissoudre les Légionnaires du Christ, voire même les Frères de Saint-Jean ? Et aujourd’hui Bethléem, les Béatitudes, les Fraternités de Jérusalem ? 

On objectera que dissoudre telle ou telle communauté aurait pour conséquence immédiate de plonger des dizaines, des centaines d’hommes et de femmes dans une totale insécurité : matérielle, psychologique, spirituelle… Ce qui est vrai et exigerait un accompagnement comme c’est le cas pour le Verbe de Vie dont la dissolution, annoncée depuis un an, sera effective à l’été prochain. Pourtant, n’est-ce pas aujourd’hui , dans l’indifférence générale, le sort de celles et ceux qui les ont quittées ou en ont été exclues ? Mais comment imaginer une dissolution de la part d’autorités vaticanes ou diocésaines déjà réticentes ou impuissantes à les contraindre simplement à la réforme ? 

Dans une enquête récente de Famille Chrétienne, également titrée : Communautés nouvelles, réformer ou dissoudre ? (9) Yves Hamant, qui fut en 2013 avec quelques autres « lanceurs d’alerte » à l’initiative de l’Appel de Lourdes adressé aux évêques sur la question des dérives spirituelles dans les communautés chrétiennes, s’explique en ces termes : « J’ai consulté le cardinal Georges Cottier, qui fut le théologien personnel de Jean-Paul II. Il n’excluait pas que la dissolution puisse s’imposer. Cela exige évidemment la mise en place d’un accompagnement adéquat, qu’on n’a même pas encore assuré aux personnes déjà sorties. Dans l’immédiat, des arguments de fond militent au moins pour un moratoire avec suspension des entrées jusqu’à nouvel ordre. » Est-il en effet responsable de laisser ces communautés accueillir de jeunes novices alors même que leur processus de réforme semble devoir s’étendre sur des années ?

« Plaise à Dieu, écrit Sabine Tainturier, que le trop long chemin de l’Eglise depuis l’occultation jusqu’à la reconnaissance des abus sexuels profite à la vie religieuse pour les abus non sexuels qui se commettent aussi en son sein. » Et que de simples baptisés continuent d’assumer dans l’Eglise leur fonction prophétique de lanceurs d’alerte – quitte à bousculer l’institution – au service du droit des victimes et de l’Evangile.

  1. Inirr : Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation; Crr : Commission reconnaissance et réparation. 
  2. On peut également lire l’enquête sur le site internet du titre. 
  3. En réalité les Fraternités de Jérusalem comprennent une branche monastique masculine et féminine, une branche apostolique, également masculine et féminine et une branche de laïcs, qu’il ne faut pas confondre.
  4. Anne Mardon, Quand l’Eglise détruit, L’Harmattan 2019, 22 €
  5. Sophie Lebrun, Enquête : les Fraternités de Jérusalem affrontent leur histoire, marquée par les abus spirituels. La Vie du 3 décembre 2020. 
  6. Anne Mardon, Silences dans l’Eglise, par action et par omission. Ed. L’Harmattan, 136 p.,15 € ; Anne-Charlotte de Maistre, Liturgies sous prozac, Salvator 2022, 196 p., 18,80 €. En 2020 est également paru le livre d’Erika Martino, l’Amour est plus fort que la mort, en auto-édition, disponible sur internet.
  7. Sabine Tainturier, Sois pieuse et tais-toi ! Ed. L’harmattan 2022, 260 p., 23 €
  8. Ce qui n’est pas, j’en conviens, le propos de Sabine Tainturier dans son livre, pas plus que de Mikael Corre dans la Croix.
  9. Famille Chrétienne n°2336 du du 22 au 28 octobre 2022. 

Photo © Iryna Bort. Dreamstime 

POST SCRIPTUM

Le père Dominique Savio – aussi appelé Martin de Tours – s’est retiré de ses responsabilités dans le gouvernement de la communauté des Béatitudes, ce mardi 24 janvier. Le prêtre est également visé par une enquête canonique ouverte par Mgr Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse. (la-croix.com 25 janvier)

242 comments

  • Que voulez – vous René, je suis pour le dialogue œcuménique bien entendu Mais pour moi l’unité se fera dans la diversité,diversité dans les manières d’adorer le Seigneur un peu comme celà existe déjà avec les communautés chaldéennes qui partagent avec nous exactement la même foi Bien sûr ni vous ni moi ne connaitront jamais cette unité,mais moi qui lis « Réforme » chaque semaine depuis bien longtemps aujourd’hui je ne peux que constater que la teneur de nombre d’articles sont beaucoup moins agressifs qu’avant vis à vis du catholicisme

    • Que l’unité se fasse demain dans la diversité… voilà ce que je crois également et à quoi j’aspire. Je dis simplement que c’était là l’intuition du mouvement œcuménique reprise par Vatican II par rapport à laquelle on a tout de même le sentiment d’avoir fait machine arrière sous JPII et B XVI.

  • René, pour moi avoir le sentiment de quelque chose est quelque chose de normal…mais qui ne prouve rien en fait,et il ne faut pas oublier que c’est sous le pontificat de j jEAN -Paul II qu’a été signé un accord sur le rôle de la grâce dans la justification avec l’Eglise Luthérienne (une des causes de la Réforme…°

  • @julien, il n’est nullement interdit d’avoir des doutes et qui n’en aurait pas ???
    Quant à se sentir plus catho que Chrétien je vous avouerais ma grande perplexité

  • Il me semble qu’il est assez simple de recourir à la Sainteté de l’Eglise, dans son corps inivisble qui est Corps du Christ. Elle est sainte aussi dans la mesure où elle accueille les pécheurs (dont je suis) pour les conduire à plus de sainteté. Elle est sainte en tant que sanctifiante. De fait, pour sanctifier qui que ce soit, il faut bien que sa source soit entièrement sainte, sinon elle ne pourrait pas sanctifier ne l’étant qu’à demi. La socièté ecclésiastique en tant que telle ne peut être dite sainte. Elle ne peut avoir quelque sainteté qu’en vertu de ce qu’elle reçoit du Christ,(et de la Trinité ) qui est parfaitement saint (aucunement altéré), comme sont parfaitement saints les sacrements de l’Eglise. Elle n’est ni sainte, ni parfaite en ses membres. C’est évident. Subsistit siginifie aussi que le dépôt de la foi a été transmis intégralement dans l’Eglise catholique (sans amputation des Evangiles et de toute la Bible), qui en eux-mêmes, sont la référence absolue de sa confession de foi, et donc que la foi de l’Eglise subsiste dans l’Eglise catholique, sans aunement dire qu’elle n’existerait pas et ne subsisterait pas chez les autres chrétiens. Je ne crois pas que la dite Sainteté concerne ses membres et ses représentants. On ne le sait que trop avec tous ces ignominies pas saintes du tout sinon que la source immculée du baptême entièrement saint en est vraiment souillé .

    • Sauf que l’Eglise, c’est des hommes. Et que dire que l’Eglise est sainte signifie qu’elle est sanctifiante (uniquement par les sacrements ? Et qui de plus ne sont pas la seule source de sanctification ?) est un pas de côté, ou une explicitation de plus du raccourci (« Eglise sainte ») qui montre bien que celui-ci est abusif ou bardé d’ambiguïté. Puisqu’il demande à être expliqué, reformulé, trituré dans tous les sens, bref justifié sur des pages et des pages de théologie. Ce qui n’est pas normal. Vu l’impact que la formulation a sur les consciences et l’inconscient et les dégâts qu’elle a produits.
      De plus Lumen Gentium dit clairement que la hiérarchie et le peuple de Dieu, donc l’Eglise visible et l’Eglise invisible, sont indissociables. La séparation entre les 2 tient un peu, à mon sens en tout cas, de l’artifice.
      On peut sans doute dire que l’Eglise est appelée à la sanctification. Oui, comme tout homme.
      Le Christ réside en elle de manière privilégiée ? Il ne suffit pas de le dire, comme c’est l’habitude dans l’Eglise justement, où les paroles semblent toujours performatives, il faut le prouver un minimum.
      Encore une fois, après tout rien ne serait grave si les consciences pouvaient s’y retrouver, cahin-caha, sans exploser complètement devant tant d’incohérences entre ce qui est énoncé comme Vérité et la réalité vécue.
      En réponses à ces incohérences (le mot est faible : à ces gouffres plutôt), je ne peux personnellement passer mon temps à me projeter dans les temps eschatologiques. Ceci dit, c’est certainement pour cela que j’ai été une catholique épouvantable.

    • Parfaitement, d’accord avec vous. Bien sûr que les responsables de l(Eglise sont parfaitement critiquables, ô combien, mais si on att end que se présentent des candidats à être membres de cette hiérarchie des gens absolument parfaits à tout point de vue, je pense qu’on attendra encore bien longtemps,et puis Jésus n’est pas allé chercher des gens absolument parfaits, loin de là …

      • @ Dominique Bargiarelli,
        Les humains… sont humains et pourraient bien le rester.
        Mais la vrai question est : ne faut-il pas toucher à un problème systémique qui aggrave les éventuelles tendances à la perversion ? le cléricalisme est à combattre. La sacralisation du clergé a sortir de l’Église.

        • Le commentaire de Dominique LUCAS n’est-il pas la conclusion pleine de sagesse de toutes les discussions qui ont lieu ici sur ce thème depuis trop longtemps pour que je parvienne à en saisir toute la richesse.
          À moins que Roger avec l’esprit de synthèse qui est le sien ne nous livre sa propre synthèse?

  • A partir du moment où l’on croit que Dieu s’est incarné, qu’il « s’est fait chair » jusqu’à connaître la mort, et donc partager le sort commun de toute l’humanité, et qu’une institution, l’Eglise, se dit Corps de ce Dieu, Christ, comment peut-elle penser le monde ? Est-elle en rapport avec le monde, donc extérieure à lui, ou du monde, actrice du monde et en réaité sans séparation de lui, car de la même pâte ?
    Il est certain que si l’évangile n’est pas appliqué à la lettre, si le socle n’est pas « la pierre d’angle rejetée par les batisseurs », c’est à dire le Christ lui-même, rien ne peut se faire. Mais la dynamique eschatologique s’incarne dans ce présent du Royaume  » déjà là », « parmi nous ».
    Or, c’est le travail d’historiens et non de théologiens, avec l’Affaire et le rapport sur l’Arche, qui a le plus oeuvré pour la mise au jour des scandales. Les matériaux du monde, les archives, les traces, les enquêtes. La puissance de l’histoire à l’endroit de la vérité la retrempe dans le réel du monde. Par là vient de la lumière, et avec elle de la raison, de l’entendement.
    Je pense que cette crise gigantesque, aux causes et conséquences criminelles, est aussi une crise intellectuelle, une crise de la raison, et avec elle, de la foi.
    Absolument du monde, de la même pâte que lui, sans aucune séparation de lui, l’Eglise est du monde. Quand Jeanne d’Arc a dit à ses juges se référer à l’Eglise triomphante et non à l’Eglise militante, elle a dit ce qui allait la condamner au bucher.
    Dans ces communautés, toutes aussi catstrophiques les unes que les autres,les témoignages soulignent unanimement ce point, la réflexion, l’intelligence, la liberté qu’elles donnent, sont elles aussi humiliées, bafouées, et même interdites. Il faut faire croire , à tout prix, qu’il n’ y a plus de monde, que tout est déjà saint, advenu. Hier, lors du débat donné à la Procure, Tangi Cavalin a été « cash » ( pour reprendre son expression) : si des archives ne sont pas accessibles, c’est que des congrégations romaines refusent de les ouvrir, en toute connaissance de cause, et que ce choix est « politique », comme l’ a souligné l’historien. C’est dit, sans arguties théologiques.

    • Merci Anne, de parler de cette soirée à laquelle je me suis rendue.
      Outre la colère à peine voilée de Tangi Cavalin contre une curie romaine qui fait tout pour continuer à dissimuler la vérité, et par là perpétue un système qui sème la mort et non la vie, j’ai noté la réponse de Véronique Margron à une question posée sur les « bons fruits » dont beaucoup se gargarisent. Comment parler de « bons fruits » alors qu’il est ici question de mort, de destruction, de champs de ruines, de personnes utilisées comme des objets, quasi annihilées, tout cela sur des décennies et avec l’aval de la sainte Eglise ? Les femmes qui ont commencé à parler publiquement, a-t-il été dit, et sans succès pendant 75 ans, l’ont fait lorsque leur psychisme s’est trouvé au bord de la rupture et que ce n’était plus tenable sans sombrer dans la folie.
      Il n’est pas question ici d’être parfaits, ni purs, ni saints – c’est l’Eglise qui ne cesse de parler de perfection, de pureté et de sainteté. Il s’agit de ne pas se comporter en criminels, de plus perpétuellement impunis, d’avoir un minimum de sens moral et de respect de l’autre si on n’est pas capable d’empathie et d’un peu d’humanité.

    • Anne, dans ce même débat, l’historien Antoine Mourges a répondu à Tangi Cavalin que dans des archives publiques en France les délais de consultation sont très longs aussi et que l’on répondrait non aussi, surtout sur des affaires similaires.
      On peut retrouver son intervention à 1:28 par le lien ci-dessous :
      https://youtu.be/UMUVwxjNQc0?t=5281

      • C’est vrai, Michel, Antoine Mourges a précisé ce fait, en incise. Tangi Cavalin voulait lui répondre, ce que l’animateur du débat ne pouvait permettre puisque la parole était initialement prévue pour un troisième interlocuteur.
        La remarque d’Antoine Mourgues n’avait pas d’utilité quant au fond. Cavalin, lors de son introduction, a mis en perspective dynamique scandale ( évangélique), histoire et vérité. Relève donc de ce même scandale – évangélique- de dissimulation, d’opposition au « faire de la vérité », la non ouverture d’archives vaticanes, diocésaines ou religieuses, matériau indispensable à l’historien du monde. Cavalin a particulièrement tenu à souligner la liberté et le risque pris et assumés du Provincial des Dominicains français, d’ailleurs convoqué à la nonciature. Les fameux cartons étaient disponibles dans ses murs : et l’Arche et les frères de Saint-Jean ont voulu savoir. Et il y a un homme, frère Nicolas Tixier, attaché à la vérité, si chère au fondateur de son ordre, qui a dit oui, oui, il faut savoir. et il faut savoir pour tous : le livre , le rapport, sera publié, sans relecture. ( On peut supposer que ce provincial ne sera jamais cardinal).
        Ce qui est caché sera dévoilé, promet la parole du Christ. La foi, la sainteté cachées, sans aucun doute, mais aussi les causes du scandale qui toutes s’affilient « au menteur et père du mensonge ». L’enjeu, pour un chrétien, est autre, il est eschatalogique puisqu’il est évangélique, et donc déjà présent.. Rien à voir avec un enjeu strictement historique, sociétal, politique.
        Ainsi on arrive à une situation où un historien, en faisant seulement et strictement son métier, « fait la lumière » que les chrétiens peuvent recevoir, eux, comme une lumière au nom de l’évangile.
        Cette lumière, fait-elle monde, fait-elle Eglise ? Elle fait vérité, et pour le monde, et pour l’Eglise, toute du monde.
        Il est temps de dire, qu’en effet, les chemins du Seigneur, sont impénétrables mais de plus en plus clairs.

        • Je ne vois pas, Anne, ce qui vous autorisez à dire que la remarque d’Antoine Mourges « n’avait pas d’utilité quant au fond »…
          Elle nuançait très honnêtement le propos en resituant les choses quant aux délais de consultation des archives.
          Les historiens ont été confrontés à la même lenteur d’ouverture des archives pour l’action de Pie XII pendant la seconde guerre mondiale, et notamment son action en faveur des Juifs.
          Cela n’enlève rien à vos remarques fort justes sur l’importance de faire la lumière, la lumière de la vérité.
          C’est le thème de l’Evangile de ce dimanche (l’aveugle-né), et je vous laisse méditer la péroraison :
          Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » (Jean 9, 39)

          • Pardonnez-moi, Michel, mais en tant que héros de cet Evangile, enfin comprenez-moi, en tant qu’aveugle né, ce qui m’intéresserait, ce n’est pas que certains deviennent aveugles, mais ce serait que tout le monde voie.

          • Que tous les aveugles voient, oui Julien, mais il s’agit aussi ici de ceux qui croient voir et sont aveugles…

        • Merci Anne, et ce chemin, cette lumière date de depuis que l’humanité pensante consciemment et inconsciemment existe. Qu’elle eut des lumières plus vives que d’autres, dont jésus, ne fait pas de doute…. de là à faire de chaque lumière un Dieu ou, à défaut un saint (y compris le légendaire Patrice des irlandais et bretons)…

      • Michel, c’est juste. Nous savons cependant aussi, et beaucoup en ont suffisamment pâti, que la dissimulation dans l’Eglise est particulièrement bien organisée. Aucun problème pour moi si j’avais su dès le départ qu’il s’agissait d’une institution comme les autres. Sauf qu’elle se vante de ne pas l’être, c’est même cela qui attire, et que de plus on s’aperçoit à l’usage qu’elle échappe pour une bonne part à tout contrôle du « monde ». En.vertu même de cette certitude qu’elle a d’être « à part » et – qu’elle le dise clairement – « au-dessus ». Là pour moi sont le mensonge et la trahison.
        En fait, je ne comprends toujours pas pourquoi j’ai été dupée à ce point ni dans quel but.
        Pour moi, le plus scandaleux ne tient même pas aux horreurs commises, que j’ai subies pour une part, mais à la dissimulation, la minimisation, la négation de celles-ci et à la façon dont ont été traités et sont toujours en grande partie traités par l’Eglise celles et ceux qui les ont subies.

      • Même si dans la vie publique, il existera toujours certains artifices permettant de dissimuler la vérité, en quoi l’existence de pareils artifices dédouanerait-elle l’Eglise de s’acharner à son tour à dissimuler la vérité le plus longtemps possible ?

    • Vous dites justement Anne »à partir du moment où l’on croit que Dieu s’est incarné’… ce qui suppose que Dieu (unique) n’est pas le fruit de l’imaginaire humain. Et si cette croyance était erronée, à la base, depuis disons trois millénaires alors que l’écriture a 5 millénaire, Homo sapiens 300 et homo habilis 3000.
      S’il y a erreur sur ce Dieu unique, elle est venue des chefs des descendants de la minuscule tribu Shasou (vers le fin du 2d millénaire avant notre ère) errante en Canaan puis sédentarisée en Palestine et dont le temple fut détruit par les babyloniens au 6ème siècle. Ces chefs -prêtres et rois- ont alors fait écrire par leurs lettrés-scribes les livres du Pentateuque sur la base de ce qu’il savaient de leur monde en particulier des système de domination sur un groupe et de domination d’un groupe sur d’autres, des mythes légendes et rites qui peuplaient l’imaginaire des peuples de la période Perse.
      Thomas Römer a fait entrer la Bible dans l’histoire; il a donc relativisé le mot « révélation » à la suite entre autre de Sir James Frazer (1854-1951). Dans « l’invention de Dieu » (Seuil 2014) T. Römer a reconstitué l’origine et l’histoire de l’idée d’un Dieu unique que l’article « La filature d’un théologien suisse pour connaître l’origine de Dieu » (Nic Ulm, Le Temps 27/03/2014) résume. Cette enquête semble nettement plus crédible que les fables des théologiens fondées sur « révélation » et que les théories de Sir J. Frazer.
      Si le regard porté sur Dieu unique change, celui porté sur Jésus son fils incarné change aussi, et le « commandement » de Dieu imaginé par les hommes « il ne faut pas se faire de représentation de ce qui nous dépasse » prend toute sa grandeur. Évidemment, je m’éloigne bigrement de la question des communautés nouvelles, mais peut-être faut-il s’en éloigner, et pas que des nouvelles.

      • Mais JeanPierre Gosset qui vous empêche de vous éloigner si vous le jugez utile?
        Seulement serait-il trop vous demander de ficher la paix à ceux qui continuent de croire à ses « sornettes » et qui depuis2000 ans essaient de vivre avec ne vous en déplaise

        • Votre ton péremptoire indique que le savoir vous dérange. Qualifier de sornettes les théories fin 19ème de Frazer (au temps du décryptage du cunéiforme, 1 siècle après celui des hiéroglyphes) est osé et faire de même avec Römer insensé.
          Ces 2.000 ans importent, les 5.000 de l’écriture et les 3.000.000 de l’humanité aussi. Le temps de notre enfance, vers 1950, oùon nous disait que l’humanité avait 300.000 ans selon les savants et 5.000 selon la Bible est fini. Sans nier l’importance des idées Dieux, Dieu Unique, Jésus fils du Dieu U, Salut… il faut constater que d’autres points de vue que ceux générés par le Pentateuque -judaïsmes, christianismes, islamismes- et de ses ancêtres -Mésopotamiens, Égyptiens, Perses, Hittites…) sont en train de prendre corps: la raison bouscule la révélation.
          J’en prend acte, vous rejetez et m’excommuniez. Vous être drôle Dominique!
          .

          • Oh non,je ne vous excommunie pas en vous invitant ç simplemenà respecter la foi de ceux,les pauvres.. qui croient encore à ces « sornettes »en ignorant qui plus est,les malheureux, tout de Ftazer. il me revient en vous lisant la fin d’une chanson du trèsr très catholique ô combien, Georges Brassens:
            « … j’ai peur que la fin du monde soit bien triste’
            et je vous laisse avec les Renan et autres si ça vous convient

          • Oui il eut été for dommageable de s’excommunier en raison des théories de Thomas Römer: Une de ses expressions est de dire que la Bible « n’est pas tombée du ciel » (cela s’explique bien entendu !) mais surtout jamais il ne parle de « texte inspiré » (et encore moins de « parole de Dieu »). La Bible peut être objet d’études historiques, ô combien, assurément, mais si T.Römer a été Pr de théologie protestante et a fait entrer la Bible au Collège de France, il est surtout devenu un grand archéologue (chercheur, spécialiste des textes sacrés) mais il se déclare « déiste » et le Christ ne compte guère dans sa vie dit-il lui-même (article La Vie Publié le 11/02/2022) et voir aussi sa dédicace du livre de N Charbonnel « Jésus-Christ, sublime figure de papier », réfutant l’existence historique du Christ, en en faisant une symbolisation forgée par le peuple d’Israël 😅

          • A Sophia,
            Jacob Rogozinsky élabore des théories très intéressantes sur la réalité et l’influence du récit symbolique à partir du livre de l’Exode au vu des progrès de l’archéologie biblique . Cf « Moise l’insurgé  » aux éditions du cerf .

          • Entre l’homme inspiré par l’idée qu’il se fait d’un Dieu Unique, inspiration qui aide un peuple et ses chefs -rois et temple- à tenir dans l’adversité -déluge, traversée du désert…-, et recevoir de Dieu une révélation -buisson ardent, chemin de Damas…- la différence est considérable. Les théologies juives, chrétiennes et musulmanes trouvent leur justification dans la révélation; confondue pas glissement avec l’inspiration (du Saint-Esprit). Intéressante étude -trop académique à mon goût- de ces mots par B. Seboué en 2004:  » La canonisation des Écritures et la reconnaissance de leur inspiration. Une approche historico-théologique. ».

            Dominique: Pourquoi vous mettre la rate au court bouillon en me lisant? Nous savons comme votre foi est forte et la mienne, s’il m’est permis de penser que j’en ai une, minuscule. Je vais vous partager un petit fait qui eut quelques conséquences. Appelant fin 2015 la préfecture pour aider une famille irakienne bloquée à Erbil à obtenir les passeports, je fus étonné d’être mis en relation bille en tête avec une chargée de mission du cabinet du Préfet. Je présente notre demande puis elle demande « sont-ils chrétiens? ». Je réponds sur un ton offusqué « Mais qu’est-ce que ça peut faire! » et elle explique que la France n’accueille que des personnes appartenant à des minorités maltraitées. Ma femme et moi entreprenons les démarches requises et en avisons la famille à Erbil. Comme le blocage de l’accès au consulat persiste, nous empruntons la voie politique pendant qu’une association diocésaine d’accueil de migrants emprunte la voie administrative. Finalement, après bien des méandres, le Préfet répondre au chef du service de l’immigration du ministère de l’Intérieur que cette famille et d’autres de notre département, font face au même problème. Puis nous sommes informés par la voie politique que B. Cazeneuve et L. Fabius ont diligenté l’inspection de ce consulat… Quatre mois après le coup de fil à la préfecture, la copie d’un courrier de B. Cazeneuve nous indiquait que les visas avaient été délivrés.
            Croisant quelques temps plus tard cette chargée de mission, nous nous sommes salués brièvement et chaleureusement: en quelques mots au téléphone 1 ans plus tôt, la rencontre avait eu lieu.
            Je ne sais si cette femme « a » une religion et sais qu’elle a une foi humaine, libérée de scories théologiques dont l’origine tient à des enjeux historiques de pouvoirs temporels. Pourquoi les théologies et leurs architectures de dogmes, rites… s’opposent-elles à ce qu’un Dieu Unique puisse inspirer chaque être de manière adaptée à sa singularité? Je discerne dans cette anecdote et quelques autres du même genre, la confirmation qu’il y a du bon sens dans le constat fait à l’occasion de la querelle de l’ar sacré par Marie-Alain Couturier qu’il vaut mieux [j’ajoute parfois] s’adresser à des hommes de génie sans la foi qu’à des croyants sans talent.

      • @Jean-Pierre,

        Oui, il faut s’éloigner de la question comme vous le faites. Car toute cette histoire est une question de représentation. Les frères Philippe avaient une représentation de Jésus et de la Vierge complètement dingue, mais peut-être commandée (par exemple) par ce verset d’un psaume chanté hier à l’office des laudes: « Tes fils t’épouseront », est-il dit à propos de Jérusalem. Ben voilà, le Fils de Dieu a épousé la Vierge, d’après les frères Philippe. Et si on se reporte au Christ, homme divinisé, il a dit: « Je suis le Fils de Dieu », il y a un tas de fous qui en ont dit autant, mais lui, on l’a cru, pourquoi, ou par quel hasard? Que Dieu me pardonne ma question blasphématoire! Et si on se demande si l’Eglise est sainte, la question sous-jacente est: « Est-ce que Jésus, comme on le dit, est saint, nous révèle un modèle humain d’agir sans pécher? Et là, on se pince: Jésus n’aurait pas péché bien qu’ayant menacé ses apôtres et envoyé en enfer tous ceux qui ne croyaient pas en Lui: « Celui qui croit sera sauvé, celui qui ne croit pas sera condamné. » Et tout està l’avenant. Rémission des péchés et discipline impraticable pour les ministres du culte, désactivation de la sexualité, sexualité inactive, assexualité, castration absolue, mais incarnation… Un acteur de la liturgie ne devrait pas dire ça. Sur ce, je vais boire mon café et me préparer à entendre une communication mulhousienne de Daniel Marguera que je n’ai jamais lu, et qui est invité par les Amitiés judéo-chrétiennes. Ce spécialiste de la narratologie et de la méthode historico-critique aura certainement des réponses à mes questions.

        • Vous lisant Julien, je fais le lien avec l’idée que pour si la foi prend le pas sur la raison, l’emprise et l’abus sont inéluctables.
          Cette idée m’a été inspirée par l’article que La croix a consacré aux mémoires du majordome d’Hitler. L’historien interviewé, Johann Chapoutot, y dit que « Les nazis du premier cercle sont pris dans une croyance telle qu’ils n’en sortent pas. Cette croyance donne un sens à leur vie, leur existence, leurs actes, leur histoire. »

          • C’est bien le danger. L’homme a besoin de créer du lien. Personnellement, dans l’Eglise, j’ai trouvé une famille et quand ma foi vacille, je crois avec l’Eglise, car je crois avec ma famille. On croit aussi pour « tenir » bien que la foi parle du détachement, cette forme d’indépendance affective pour personnes non carencées de ce point de vue. « Tenir » est un des leitmotiv du livre « A cause de Jésus » de Joseph Doré, archevêque émérite de Strasbourg, livre que j’ai beaucoup aimé. On croit pour « tenir » et on tient pour survivre, mais est-ce suffisant? La logique abusive n’est jamais loin de la dynamique de groupe.

            Ma réflexion sur cette crise des abus évolue et me fait penser qu’il faut certes soigner l’abuseur et l’abusé sans clouer l’un au pilori ni cesser de proposer la résilience comme horizon pour le second. IL faut les soigner tous les deux, mais on ne peut pas les soigner en même temps ni ensemble, en mettant le soin que doit prendre l’Eglise de chacun dans un unique paquet cadeau. Il faut soigner l’abuseur et l’abusé sans jamais banaliser l’abus ou le crime, et parfois le crime d’abus sexuel, de pouvoir ou de conscience. C’est un préalable. Guy Legrand a donné en son temps les étapes ultérieures du parcours de soin de l’abuseur. Pour les victimes abusées, ce parcours est individuel.

  • L’intervention de Michel de Guibert (MdG) est instructive.
    Lorsqu’il s’agit d’ajournement et d’attentisme au sein de l’Eglise, MdG dit qu’il en va de même lorsqu’il s’agit de l’Etat, et il semble en déduire que l’Eglise n’a aucune raison d’être plus performante que l’Etat
    (la lenteur de réaction à l’Etat semblant justifier à ses yeux la lenteur de réaction au sein de l’Eglise).

    Ainsi donc, puisque l’Etat se permet de ne pas réagir, d’après MdG l’Eglise a tout autant raison de ne pas réagir, à moins d’un niveau extrême de contrainte…
    (à ce propos, n’oublions pas que le Rapport Sauvé est toujours en attente de réception officielle par les autorités du Vatican, ce qui donne une idée du niveau de contrainte nécessaire pour que l’Eglise réagisse !!)

    • Droit de réponse à Robert Van Reeth

      Robert, vous êtes profondément malhonnête de me prêter ainsi des attitudes ou des pensées que je n’ai pas formulées et qui ne sont pas miennes.
      Vous vous disqualifiez par de telles méthodes.
      J’ai seulement cité par souci d’honnêteté, en réponse à Anne Thoraval, l’historien Antoine Mourges qui a répondu à l’historien Tangi Cavalin que dans des archives publiques en France les délais de consultation sont très longs aussi et que l’on répondrait non aussi, surtout sur des affaires similaires.
      Cela est facilement vérifiable par le lien que j’ai donné :
      https://youtu.be/UMUVwxjNQc0?t=5281
      Antoine Mourges a fait un énorme travail et il est peu suspect de ce que vous me prêtez quand je le cite.

        • A Robert,

          « La souffrance n’est pas étrangère à Dieu » est-il.dit dans cet article.
          Faut-il donc en arriver à cet argument-là pour que les chrétiens prennent en compte celle des victimes d’abus dans l’Eglise ? Pas dans l’Education natoonale ni le sport ni la famille, mais dans l’Eglise, catholique en l’occurence ?
          Faut-il donc en arriver à évoquer la « tristesse divine » pour que les coeurs soient touchés ? Les chrétiens ne sont-ils sensibles à l’autre qu’en référence à Dieu ?
          Je crois omprendre alors pourquoi ils sont encore si peu atteints par des souffrances finalement trop humaines (ét un peu suspectes : tout de même, dans l’Eglise !) et pourquoi certains pensent encore avant tout à la défense de cette Eglise, là où la présence privilégiée de Dieu donc, comme il est répété, peut consoler de ce que souffre l’autre et qu’après tout Dieu a souffert avant lui.

          • A Anne,

            Plutôt que de m’arrêter à l’assertion « La souffrance n’est pas étrangère à Dieu », j’avais préféré mettre en exergue l’expression
            « Gare à un christianisme apathique, incapable de prendre au sérieux la souffrance ».

            Aussi longtemps que les chrétiens se révéleront apathiques et incapables de prendre au sérieux la souffrance, la page des abus ne sera pas tournée.

          • A Anne, votre remarque m’interpelle quand vous écrivez  » Les chrétiens ne sont-ils sensibles à l’autre qu’en référence à Dieu ? » Le chrétien n’a aucun privilège pour entendre, percevoir ou répondre à une personne qui souffre mieux qu’un autre, celui qui a lu l’évangile sait que seul le bon samaritain a témoigné d’une vraie Foi (implicite, celle qui transcende toutes les appartenances). Le croyant pressent que Dieu est présent dans toute souffrance, il sait que Dieu pleure et que les larmes des souffrants sont mêlés aux siennes mais celui qui mélange la paix de l’âme avec l’apathie, fait fausse route tout autant que la soi-disant consolation religieuse. Je pense à ces mots de S. Weil cités par C.Plettner dans son ouvrage « l’inconsolation ») :
            « La religion en tant que source de consolation est un obstacle à la véritable foi : en ce sens l’athéisme est une purification. Je dois être athée avec la partie de moi-même qui n’est pas faite pour Dieu. Parmi les hommes chez qui la partie surnaturelle d’eux-mêmes n’est pas éveillée, les athées ont raison et les croyants ont tort. »
            L’Eglise au nom de l’Evangile (qui commande de combattre l’injustice et de faire preuve de compassion) doit être au 1er chef aux côté des victimes des drames des abus pour entendre, dénoncer, aider, réparer et revoir bien sûr tous les mécanismes en son sein qui permettent des abus de toutes sortes. La page est loin d’être tournée face à l’’immobilisme institutionnel c’est tout à fait vrai (ça fait mal…). Mes propos ne sont qu’un mini aparté face au vaste sujet de la question posée sur cette page.
            Si vous m’interrogiez sur le lien qui m’attache à l’Eglise je peux citer un passage du livre de Zundel à ce sujet https://mauricezundel.com/jesus-dans-leglise-et-leglise-en-jesus/ (ce petit ouvrage « émerveillement et pauvreté » est une petite pierre d’ancrage dans mon parcours).

  • A Robert,

    Hélas les chrétiens sont plus occupés à défendre leur rêve intouchable qu’à essayer de comprendre la souffrance des victimes d’abus dans l’Eglise.

    Nous, les anciens des Fraternités de Jérusalem , venons ces jours-ci d’en faire encore l’amère expérience avec un journaliste catholique : notre parole a été tronquée, déformée, et en ce qui me concerne entièrement supprimée, après des heures d’interview et des citations pourtant validées la veille de la parution et qui etaient alors correctes. Et le lendemain, ô surprise ! Nous étions quasi effacés.
    Je n’explique pas les traumatismes que cela réactive, et que du coup nous devons assumer seuls, en ravalant la souffrance.

    Car l’important semble-t-il était d »abord de montrer la contrition, la, »honte » des FMJ et leur volonté de se « réformer ». Alors que face aux anciens membres ils ne savent que sortir leurs avocats et atermoyer jusqu’à épuisement des forces de ceux qui sont déjà au fond du trou et n’ont, eux, aucun moyen pour défendre leurs droits.
    Tout cela pour quoi ? Ne pas trop contrarier les lecteurs ? Qui lisent plus pour être rassurés et confortés qu’informés ? Ou par défaut grave d’empathie personnelle ? Les deux à la fois sans doute. Ils ne savent pas ce qu’ils font, m’a dit mon médecin, pourtant catholique.

    Oui, l’apathie a de beaux jours devant elle, elle est tellement moins coûteuse que de se préoccuper du prochain qui dérange.

    Heureusement que la prieure générale des FMJ a écrit sur leur site qu’elle ne savait « comment soulager le fardeau des anciens ». Nous sommes ainsi prévenus : elle ne sait pas. Donc elle les ignore et, quand ils dérangent trop, prend les armes.

  • C’est très concret l’emprise, et en même temps très subtil, lent. Viens et suis moi, quitte tout (pour toute ta vie), je t’ai choisi(e)… Un exemple, récent, désolé c’est un peu long.
    H religieuse missionnaire âgée est placée en ehpad privé par son ordre avec une dizaine d’autres sœurs dont la moitié a plus ou moins « perdu la tête sous « contrôle » de C jeune retraitée du même ordre qui a son bureau dans l’ehpad. H a perdu l’essentiel de sa mobilité et a conservé sa vivacité intellectuelle (ex prof de fac de science,); elle poursuit, à distance une aide intellectuelle et opérationnelle à des associations du pays auquel elle a donné sa vies et maintien le contact avec des proches. Elle se mêle peu aux « activités » qu’elle estime infantilisante des autres pensionnaires et souffre de l’ambiance renfermée malgré un parc, passablement en pente et contrôle de toute sortie. Là dessus, C prend H en grippe, vexations, réprimandes…Petit à petit, au fil de quelques mois, H se confie à un proche P… qui l’écoute et la questionne. Le diagnostic est limpide, son ordre a, de facto, placé H sous tutelle: plus de carte d’identité ni passeport, plus de carte vitale ni accès à sa mutuelle, plus d’accès à son compte bancaire, allégations médicales de perte de mémoire. H espère alors beaucoup quitter cet ehpad pour le seul de sa congrégation en France, avec l’espoir d’une ambiance sereine, tout en sachant qu’il est très demandé.
    En accord avec H, P consulte un avocat. Ci-après partie de mail de P à H suite à cette consultation.
    Il faudrait que tu récupères ta carte d’identité, que tu ouvres un nouveau compte à ton nom, y fasse virer ta retraite et verses ce que tu décides sur le compte de ta congrégation.
    Si tu étais médicalement Alzheimer (expertise si tu le contestes) tu pourrais désigner un tuteur (pas de ton ordre) avec procuration sur ton compte. La banque enverra quelqu’un à ta chambre pour ouvrir ce compte et informer tes caisses de retraite du changement de compte. Tu as droit à voir ton dossier médical https://www.conseil-national.medecin.fr/patient/droits/acceder-dossier-medical.
    Si des réprimandes injustifiées et vexations continuent à t’être adressées, l’avocat conseille un dépôt de plainte au procureur de la République et surtout pas à la Police qui ne fera rien.
    On se tient au courant, … j’ai compris que tu ne sais pas qui dispose de ton compte et que tu n’en a pas les références (banque, n° de compte, procurations données).
    Peu après, alors que P rend visite à H, la provinciale de l’ordre se présente. La provinciale invite P, qui se préparait à sortir, à rester. P assiste donc à une séance de douce et inflexible réprimande, H ne peut placer un mot, elle est face à un réquisitoire.
    Constatant la situation, H ne pouvant pas agir, P prend l’initiative, sans en aviser H: il menacer la direction de l’ehpad de saisir le procureur de la république à très bref délai, en précisant que ni la direction ni le personnel de l’ehpad ne sont, à sa connaissance, en cause. H appelle P très en colère: « tu as détruit ma vie », à deux reprises. Une semaine plus tard, H annonce à P que c’est fait, elle va quitter pour l’ehpad de sa congrégation et comprend un peu ce qui s’est passé.
    H est décédée en paix il y a un an, sans avoir compris qu’elle avait passé sa vie sous emprise, sa belle vie, mais sous emprise tout de même.

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