Derrière la querelle sur les messes, un rapport de forces

Derrière la querelle sur les messes, un rapport de forces

Combien de temps encore accepterons-nous que la Cef se trouve paralysée par le diktat de quelques uns ? 

Le Conseil d’Etat a donc répondu par la négative à la demande de suppression d’interdiction de célébrer des messes publiques durant la période de confinement. Une « déception » que le Président de la Conférence des évêques de France, Mgr Eric de Moulins Beaufort, demande aux catholiques de vivre en responsabilité. Peine perdue ! Ici et là, des groupes de catholiques ont choisi de manifester contre l’Etat liberticide. Une mobilisation où l’on peut lire aussi le désarroi profond d’une frange du catholicisme français de voir la pandémie accélérer la décléricalisation de l’Eglise pour redonner toute sa place au sacerdoce commun des baptisés. Derrière la querelle sur la messe, alimentée par l’aile la plus conservatrice de l’épiscopat français, c’est donc une certaine vision de l’Eglise, une ecclésiologie, qui est mise en accusation et une épreuve de force qui est ouvertement engagée. 

D’autres façons de nourrir leur foi

Faisons bref : on peut penser – en tout cas c’est mon analyse – que l’épiscopat était légitime à engager un recours devant le Conseil d’Etat demandant une non suspension des messes publiques durant la période de reconfinement. Dès lors qu’il en acceptait par avance la décision. C’était la demande de nombreux fidèles plaidant que l’accès au culte ne pouvait être considéré comme besoin « non essentiel ». Et les évêques avaient en mémoire l’ordonnance du même Conseil d’Etat, en date du 18 mai dernier qui avait reconnu le caractère « disproportionné » de l’interdiction de tout culte dans les églises et sommé le gouvernement, de proposer « des mesures d’encadrement moins strictes ». Le contexte, il est vrai, était différent. Nous étions alors dans la perspective d’un déconfinement progressif alors que nous vivons, à l’inverse, le passage à un nouveau confinement. Le Conseil d’Etat, on le sait, n’a pas suivi la requête des évêques, arguant de la gravité de la situation sanitaire et du fait que, contrairement à ce qui a pu être dit : « certains lieux de culte manquaient aux règles de protection sanitaire édictées » Sans qu’aucun foyer d’infection n’ait pour autant été décelé. 

Rappelons que sur cette question d’autres voix, d’autres positions se sont fait entendre dans l’Eglise, voix de laïques, mais également voix d’évêques, pour inviter les croyants, non à la résignation ni à la relativisation de la place centrale de l’Eucharistie dans leur vie spirituelle, mais à puiser dans la riche tradition chrétienne d’autres façons de nourrir leur foi durant une période où, compte tenu des circonstances, l’accès au culte public était momentanément interdit. Et où le devoir des croyants était d’abord de se montrer solidaires de leurs frères. On retrouve une même conviction dans un texte, très commenté, de Mgr Mario Grech, nouveau secrétaire général du Synode des évêques (1) : « l’Eucharistie n’est pas la seule possibilité pour le chrétien d’expérimenter le mystère et de rencontrer le Seigneur Jésus. »

Quoi qu’il en soit, la décision du Conseil d’Etat, on pouvait s’y attendre, a déchaîné les passions dans certains milieux catholiques. Dans un twitt Philippe de Villers évoque un « retour à la Terreur ». Dans la foulée on a vu des groupes de catholiques organiser des prières publiques à Versailles et Nantes. Tandis que les réseaux sociaux, comme aux plus beaux jours de la Manif pour tous de 2012-2013, bruissaient de l’appel de jeunes prêtres à rejoindre les prochaines manifestations programmées à travers la France. Le 12 novembre (le lendemain de la mise en ligne de mon article) une trentaine de villes semblaient déjà concernées par de tels rassemblements qui, localement, divisent déjà profondément les communautés.

Le « cavalier seul » de cinq évêques

Réactions également parmi les personnalités et évêques signataires de la Tribune du Figaro du 2 novembre par laquelle ils faisaient connaître, les premiers, leur décision de saisir le Conseil d’Etat. (2) La date est importante à souligner. Nous étions la veille de l’ouverture de l’Assemblée plénière des évêques au cours de laquelle son Président, Mgr Eric de Moulins Beaufort, entendait annoncer la décision collégiale (*) de la Cef d’engager le recours que l’on sait. C’est donc bien sciemment que ces cinq évêques (2) connus pour incarner la ligne la plus conservatrice de l’épiscopat Français et la plus allergique au pape François, ont choisi de faire « cavalier seul », pour mieux se démarquer d’un épiscopat et de ses instances dirigeantes jugés trop complaisants et timorés dans la lutte contre « l’antichristianisme » supposé du gouvernement.

La souffrance des fidèles à se voir privés des messes dominicales est compréhensible,  même si la durée envisagée à ce jour pour le confinement n’excède pas quatre semaines. De même est légitime l’inquiétude de nombreux évêques qui, à l’instar de l’archevêque de Strasbourg, constatent que : « le pourcentage de ce phénomène (non retour à la messe à la suite du déconfinement de juin) tourne autour de 30 %, ce qui vient accélérer la chute de la pratique dominicale » Et, de manière parallèle diminue les ressources des diocèses et paroisses. Mais au-delà, les réactions les plus violentes viennent de milieux qui voient là un accélérateur imprévu de la remise en cause du modèle clérical. Alors qu’ils sont porteurs d’une vision de l’Eglise centrée sur le prêtre, son caractère sacré, et sur la dimension sacrificielle de l’eucharistie. A leurs yeux, la moindre concession faite à l’obligation de la messe dominicale au motif qu’il existerait « d’autres manières de rencontrer le seigneur Jésus » serait, à terme, consentir à une forme de reniement. 

« Ce sera un suicide si, après la pandémie, nous revenons aux mêmes modèles pastoraux que nous avons pratiqués jusqu’à présent. »

Dans son entretien à la revue jésuite italienne Civilta cattolica publié le 14 octobre dernier, le nouveau secrétaire général du Synode des évêques, nommé en 2019 par le pape François et qui sera fait cardinal le 28 novembre prochain déclare ceci : « Pendant la pandémie, un certain cléricalisme est apparu, même via les réseaux sociaux. Nous avons été témoins d’un degré d’exhibitionnisme et de piétisme qui a plus à voir avec la magie qu’une expression de foi mûre. (…) De nombreuses initiatives pastorales de cette période ont été centrées sur la seule figure du prêtre. L’Eglise, en ce sens, semble trop cléricale et le ministère est contrôlé par des clercs. Mêmes les laïcs sont souvent conditionnés par un modèle clérical fort. (…) Il faut réfléchir, s’interroger sur la richesse des ministères laïcs dans l’Eglise. (…) Ce sera un suicide si, après la pandémie, nous revenons aux mêmes modèles pastoraux que nous avons pratiqués jusqu’à présent. » Venant d’un proche du pape François la charge est rude. On comprend qu’elle puisse ébranler en certains milieux. Et pourtant, cette pensée rejoint les textes du bénédictin François Cassingéna-Trévedy (3) et du théologien tchèque Tomas Halik qui ont nourri en profondeur la réflexion de très nombreux chrétiens durant le premier confinement. Comme elle rejoint, plus largement, une sensibilité catholique présente en de nombreux lieux de la vie de l’Eglise et de la société française mais moins agressive – donc moins visible – sur les réseaux sociaux, nourrie de la pensée de Joseph Moingt et de Dominique Collin comme du dernier ouvrage de Loïc de Kérimel : Pour en finir avec le cléricalisme. (4)

Des consensus qui conduisent à l’immobilisme 

Il faut regarder les choses en face : cette épidémie est venue exacerber des dissentions déjà largement ancrées et depuis des décennies, dans le catholicisme Français. Accentuer des antagonismes sur la compréhension que les uns et les autres se font de l’Eglise et de son mode de présence dans la société. On comprend le souci du Président de la Conférence des évêques, de vouloir en minimiser la portée, en soulignant que l’Assemblée plénière est moins un lieu de débat que de communion fraternelle entre les évêques. Sauf que l’observation de la réalité nous dit autre chose. Elle nous dit que sur la plupart des dossiers brûlants, le souci de gommer les divergences et de ménager des consensus face aux exigences de moins en moins tempérées des « ultras » conduit le plus souvent à l’immobilisme et à la paralysie. 

Conclure sur la pédocriminalité… avant même d’avoir le rapport demandé à la CIASE ! 

Dans son discours de clôture, Mgr Eric de Moulins Beaufort a annoncé la tenue, du 22 au 24 février prochain, d’une Assemblée plénière extraordinaire pour « prendre des mesures définitives » sur le délicat dossier des scandales de pédocriminalité dans l’Eglise en France. Et cela, à quelques mois de la remise du rapport de la CIASE nommée par ses soins. Le même jour, ouvrant l’Assemblée générale de la CORREF (Conférence des religieux et religieuses de France) également à l’origine de la commande du rapport de la Ciase, sa présidente, sœur Véronique Margron, déclarait : « Dans un an, nous aurons le rapport de la Ciase. Nous devrons alors prendre toutes nos responsabilités. » Dans un an …

Quelle logique peut-il y avoir à conclure un dossier avant même d’avoir pris connaissance du rapport d’experts que l’on a soi-même diligenté ? Certains font d’ailleurs observer qu’à aucun moment les évêques ne se sont réellement donné les moyens de nourrir efficacement la réflexion des quatre groupes de travail mis en place. Notamment en ne faisant appel à aucun « expert extérieur » susceptible de les éclairer. Parce que, quelles que soient les orientations données par le pape François et la volonté affichée des instances dirigeantes de l’épiscopat Français, un certain nombre d’évêques n’en veulent pas. Qu’ils sont « maîtres en leur diocèse » et n’ont pas de compte à rendre à une instance collégiale, la Cef, dépourvue de tout pouvoir contraignant au regard du droit canonique. Tous les ingrédients semblent donc réunis d’un échec au printemps prochain, précédant une possible déflagration à l’automne lorsque Jean-Marc Sauvé fera connaître les conclusions de sa commission.

Des « promesses d’Eglise » en mode rodage

Deux semaines avant l’ouverture de cette même Assemblée plénière d’automne, le collectif Promesses d’Eglise, a rendu public le texte de sa charte. Né de l’appel du pape François à « lutter contre cléricalisme », lancé en août 2018, dans sa Lettre au peuple de Dieu, il regroupe une quarantaine de mouvements et services d’Eglise. Et il est vrai que mettre autour de la même table les Associations familiales catholiques (AFC) et le CCFD tenait un peu de la gageure. On peut comprendre le souci des deux évêques accompagnateurs, NNSS Blanchet et Fonlupt, de « tenir cette dynamique dans la durée », c’est-à-dire de ne pas précipiter les choses de manière à pouvoir maintenir le dialogue. Mais enfin, dix-huit mois de travail pour accoucher d’un texte où il est dit au paragraphe six : « Nous voulons porter un regard critique sur notre gouvernance et l’exercice de l’autorité au sein de nos organisations afin que la transformation de nos pratiques puisse inspirer l’Eglise pour qu’elle devienne « toute entière synodale »… voilà une audace qui laisse sans voix ! Comment des baptisés, hors organisations, également « pressés » par l’appel du pape François, pourraient-ils se reconnaître dans ce « compromis » entre des services d’Eglise sous tutelle épiscopale, des mouvements traditionnellement rétifs à toute initiative du pape François et d’autres qui entendent surtout préserver leur marge d’autonomie au regard de l’institution ? Autant dire que dans la perspective de la préparation du « synode sur la synodalité » nombre de laïcs entendent bien ne pas se laisser confisquer la parole.

J’entends déjà les critiques et je les accepte, dans un esprit de dialogue. Mais enfin : à l’heure où l’Allemagne qui, il est vrai en a la culture ecclésiale, se risque à un synode national et affronte courageusement ses divergences, deux ans après que des laïcs Chiliens aient pris l’initiative d’un « synode autoconvoqué et autogéré » en marge d’un épiscopat déconsidéré, quarante mouvements et services d’Eglise sensés représenter à eux seuls les laïcs, en sont à rédiger entre eux un code de bonne conduite… alors qu’il y a le feu à Notre Dame et à notre Eglise ! On pense à cette apostrophe du Jésus de Joseph Delteil à l’adresse du pape, dans son roman Jésus II : «  Fous-y du sperme, quoi, dans ton eau bénite ! » (5)

Où est l’écoute du peuple de Dieu dans sa diversité ?

Où trouver l’écoute du peuple de Dieu dans sa diversité ? II aura fallu l’archevêque de Poitiers, Mgr Wintzer pour sauver l’honneur de l’épiscopat en osant évoquer publiquement la « candidature » d’Anne Soupa à l’archevêché de Lyon, et reconnaître  qu’elle soulevait des questionnements qui n’étaient pas médiocres. On se désespère de voir nos évêques n’entendre, n’écouter, n’assumer que cette partie du peuple de Dieu qui est placé directement sous leur autorité hiérarchique. Toute parole non autorisée surgissant ailleurs étant par principe une parole vaine ou irresponsable. A moins qu’elle ne soit tout simplement inexistante. 

Avec qui partagerai-je cette confidence d’un ami à la lecture de mon livre paru il y a un an (6) et qui rejoint tant d’autres témoignages reçus : « Tu as retenu la porte (de l’Eglise) et évité que je la laisse se refermer définitivement. Me donnant même envie de l’entrebailler davantage. » Pour combien de temps ? J’entends en écho la phrase du pape François dans son entretien aux revues jésuites de l’été 2013 : « Parfois celui qui s’en est allé l’a fait pour des raisons qui, bien comprises et évaluées, peuvent le conduire à revenir. » (7) Qui s’en soucie ? Une nouvelle pédagogie de la Messe (**) n’y suffira pas davantage que le renvoi au Catéchisme de l’Eglise Catholique, préconisé par le Synode sur la nouvelle évangélisation de 2012. Mais peut-être la parole de catholiques libres, oui ! Et il en est des milliers tenus dans une forme d’ignorance ou de mépris. Jean Sullivan, dont on célèbre le quarantième anniversaire de la mort, avait vu juste : « C’est un symptôme terrible : l’Eglise n’est pas seulement désertée par les ouvriers, elle l’est par des hommes libres. » (8)

Sans doute suis-je allé – et trop longuement – au-delà de ce qu’un article « normal » me commandait d’écrire. Que l’on me fasse au moins crédit d’une totale sincérité, dépourvue de tout calcul, de toute ambition. Il y a longtemps que j’ai renoncé à vouloir devenir cardinal ! Mais oui, il y a chez beaucoup d’entre nous aujourd’hui une forme de profonde lassitude malgré le refus de toute résignation. Alors que nous sommes disponibles pour un dialogue qui ne nous est pas proposé. Les nécessaires « compromis » de l’heure n’exigent pas que l’on se rende au chantage d’un catholicisme identitaire moins préoccupé d’évangélisation que de pouvoir clérical. Au point d’en ignorer un autre visage d’Eglise.

  1. Il s’agit d’un long entretien publié par la revue Civiltà cattolica, 14 octobre 2020. 
  2. Les signataires sont NNSS Aillet (Bayonne), Cattenoz (Avignon), Ginoux (Montauban), Macaire (Saint Pierre et Fort de France) et Rey (Fréjus-Toulon). Parmi les intellectuels également signataires : Rémy Brague, Charles Beigbeder, Chantal Delsol, Fabrice Hadjadj ou Jean d’Orléans, comte de Pari… Cinq autres évêques, non signataires de la tribune du Figaro, ont individuellement engagé un recours similaire devant le Conseil d’Etat : NNSS Aumônier (Versailles), Dufour (Aix-en-Provence), Malle (Gap et Embrun), Ravel (Strasbourg) et Valentin (évêque auxiliaire de Versailles). 
  3. Il faut lire, notamment sa lettre du 23 mai 2020 consacrée à l’Eucharistie, aujourd’hui accessible uniquement sur son compte Facebook.
  4. Joseph Moingt, dernier livre publié : L’Esprit du christianisme: religion, révélation et salut, Temps Présent Editions, 2018 ; Dominique Collin : Le christianisme n’existe pas encore, Ed. Salvator, 2018, 192 p. ; Loïc de Kérimel : Pour en finir avec le cléricalisme, ED. du Seuil 2020, 300 p. 
  5. Joseph Delteil, Œuvres complètes, Grasset, p.530. 
  6. René Poujol, Catholique en liberté, Salvator 2019, 220 p. 
  7. Pape François, l’Eglise que j’espère, Flammarion-Etudes 2013, p.98
  8. Jean Sulivan, Petite littérature indivieduelle, Gallimard, p. 12

(*) Note rajoutée le 13 novembre. Dans une lettre aux catholiques du pays d’Aude, publiée sur le site du diocèse, Mgr Alain Planet, évêque de Carcassonne & Narbonne précise : « Le recours pour la reprise du culte a été interjeté par le Conseil permanent (de la Cef) sans consultation prélable des évêques. » Ce qui apporte un autre éclairage.

(**) Note rajoutée le 16 novembre. Le MOOC de la messe (formation sur la messe en six semaines, par vidéo), lancé en septembre 2020 semble remporter un réel succès avec 32 000 inscrits. Sauf que 86% d’entre eux vont à la messe toutes les semaines et 76% ont un engagement dans l’Eglise. Autant dire que la réalisation manque son objet : convaincre de retourner à la messe les fidèles qui ont décroché à la suite du confinement.

426 comments

  • Merci pour cet article.

    Il est bon en effet de rappeler que Marie est d’abord une «  fille d’Israel » et non une «  déesse «  hors sol. Ainsi toutes les statues ou peintures de la Vierge qui la représentent comme une blonde aux yeux bleus ( comme aussi celles qui représentent Jesus ainsi ) me font penser à de l’idolâtrie, même si les différentes « apparitions «  leur donnent souvent raison ( ou le contraire ), alors que Marie n’est guère bavarde dans les Évangiles, sauf dans les magnifiques dialogue de l’Annonciation et du « Magnificat » ou «  tout « de l’A et du N. T. est résumé.
    L’exaltation de la virginité de Marie n’a de sens que par rapport à cet événement inouï de l’Incarnation.

    Et s’il est vrai que cette virginité a historiquement donné aux femmes une autre destinée que d’être épouse et mère, il est aussi vrai que la contre partie en fut aussi le mépris et tout aussi paradoxalement l’obsession bien archaïque de la sexualité et du « péché de chair », double du mépris des femmes bien réelles.

    Tout cela ne fait plus sens actuellement ou les femmes ont acquis leur autonomie par d’autres moyens.

    Par ailleurs, je pense personnellement que le célibat n’a de sens que dans la vie monastique qui est une vie totalement «  à part « .

  • Dans le journal le Monde un entretien très intéressant avec l’historien James D. Tabor (qui enseigne le judaïsme ancien et les débuts du christianisme à l’université de Caroline du Nord (Etats-Unis), dont il dirige le département des études religieuses) : « Comment Marie, la juive mère de Jésus, est devenue la vierge qui enfanta Dieu » :
    https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2020/08/15/comment-marie-la-juive-mere-de-jesus-est-devenue-la-vierge-qui-enfanta-le-fils-de-dieu_6049008_6038514.html
    Le Monde publie aussi : un entretien avec l’historien Simon Claude Mimouni (directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études. Spécialiste du judaïsme et du christianisme antiques), auteur d’un ouvrage sur Jacques, frère de Jésus : « Ce que l’on sait des frères et sœurs de Jésus » :
    https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2020/12/27/ce-que-l-on-sait-des-freres-et-s-urs-de-jesus_6064581_6038514.html
    Marie est une femme.

  • Au fil des siècles on n’a cessé de « désincarner » Marie. Vierge avant, pendant et après. Enlevée au ciel et directement « couronnée ». Conçue sans péché, comme si le péché et le sexe étaient directement liés. Peut-être parce que le sexe rappelle la mort, mais tout ce qui est humain, terrestre, la rappelle, quand ce ne serait que les besoins vitaux comme manger et dormir. Or Marie et Jésus y ont été soumis.

    Ça n’ajoute personnellement rien à mon appréhension de Dieu et du Dieu fait homme que Marie soit vierge, femme hors du commun, je dirais presque : au contraire. Il s’agit avant tout d’une construction théologique (élaborée par des hommes), encouragée ou étayée il est vrai par la foi dite « populaire », qui voit Marie comme la mère et la femme parfaites. Encore faut-il s’entendre sur le sens de ce dernier mot.

    • La conception de Marie « sans péché » (dongme de l’Immaculée conception) n’a aucun lien avec la sexualité… On affirme par là, simplement – si je puis dire – qu’elle est née sans la souillure du péché originel cher à Saint-Augustin. C’est la conception virginale de Jésus sous le seul effet de l’Esprit saint (et donc sans lien charnel avec son Saint Joseph « son très chaste époux ») qui elle, a rapport, avec la sexualité et laisse dubitatif bien des contemporains.

      • Oui merci René. Vous avez parfaitement raison de relever cette grossière erreur de ma part, d’autant que je sais ce que veut dire « conçue sans péché ». Cette insistance lourde et continuelle sur la virginité de Marie m’a sans doute brouillé l’esprit. Ceci dit, la « pureté » de Marie repose sûrement autant sur son immaculée conception que sur sa virginté, qui ne font sens pour moi ni l’une ni l’autre. C’est très personnel bien entendu.

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