Face à la menace d’effondrement, un Concile National…

Face à la menace d’effondrement, un Concile National…

L’urgence à réagir ne suffit pas toujours à donner les clés de l’action. 

(Cet article a été repris par la revue Golias-Hebdo dans son numéro du 8 décembre 2022. Merci à Christian Terras, son directeur, pour ce partage.)

Face à la crise que traverse l’Eglise catholique et qui fait craindre à certains – ou espérer à d’autres, comme salutaire – une forme d’effondrement institutionnel, la question refait surface de la convocation d’un Concile national. Une sorte de réflexe de salut public, de convocation d’Etats généraux, appliqués au monde religieux. C’est la proposition qui, sous la signature de Marcel Metzger, prêtre du diocèse de Strasbourg, sert d’éditorial à la dernière livraison de Golias Hebdo. Et il y a fort à parier que la réflexion, présentée sous différentes formes ici ou là, serait à même de rejoindre d’autres sensibilités ecclésiales. On peut pourtant se demander s’il ne s’agit pas là d’une fausse bonne idée !

L’affaire Santier, du nom de l’évêque émérite de Créteil, est sans doute la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Même si l’Assemblée Plénière d’automne des évêques de France, à Lourdes, déjà perturbée par la sortie de ce dossier dans la presse trois semaines plus tôt, a du assumer en sus les « aveux » écrits du cardinal Ricard. (1) Depuis, beaucoup ont eu l’occasion d’exprimer, parfois avec la violence de l’exaspération, leur honte et leur colère. D’abord à l’adresse de Mgr Santier lui-même mais également de tous ceux qui, au sein de l’épiscopat, savaient les raisons réelles de sa démission et les ont tues. L’une de ces expressions m’a tout particulièrement frappé. C’est la « Lettre à notre évêque » mise en ligne le 28 novembre sur le site du Collectif Anastasis  où chacun peut en prendre connaissance. Sous couvert d’anonymat, elle émane d’un trentenaire, bon catholique, marié et père de quatre enfants qui fait connaître à son évêque sa décision – liée  aux “affaires » récentes – de ne plus contribuer désormais au denier de l’Eglise. 

Lorsque l’exaspération gagne la jeunesse et se radicalise. 

Cette démarche éclaire une évolution récente et significative. Longtemps, la critique de l’institution cléricale à propos de ces sandales, est venue majoritairement de fidèles conciliaires, plutôt âgés, qualifiés péjorativement de boomers par les jeunes générations catholiques, accusatrices au regard de la non-transmission de la foi par leurs aînés et en quête de réassurance. Or voici que, suite aux révélations de la Ciase, l’exaspération a fini par gagner l’aile la plus traditionnelle – et/ou conservatrice – du catholicisme français pour des raisons parfaitement logiques. Comment supporter de telles dérives lorsque par conviction on continue d’accorder le plus grand respect à l’enseignement du magistère en matière de morale sexuelle ? A la veille de l’Assemblée Plénière de Lourdes, début novembre, les membres du collectif SortonsLesPoubelles (2) qui ont appelé à manifester devant les cathédrales de France appartenaient pour beaucoup, à ces jeunes générations longtemps considérés comme « dociles » à l’autorité cléricale. Un virage que les évêques peuvent d’autant moins négliger qu’il provient donc de l’aile la moins rebelle des fidèles pratiquants. 

A cela s’ajoute le fait que la critique sous-tendue par le texte est radicale. Une seule citation pour s’en convaincre : « Le caractère nécessaire et salvateur de l’effondrement de l’institution cléricale en cours ne remet pas en cause notre foi en l’Église, c’est-à-dire notre foi vécue dans la communion des chrétiens. »  Et comme pour bien enfoncer le clou, le texte poursuit : « se débarrasser de certaines structures n’implique pas la fin de l’Église » et, plus loin à propos de l’importance du ministère ordonné, de la catéchèse et de la vie sacramentelle : « nous ne partageons pas l’idée selon laquelle cela ne serait pas possible sans une forme institutionnelle. » 

Imaginer l’Eglise, demain, « sans une forme institutionnelle » et percevoir le possible effondrement de l’institution cléricale come « nécessaire et salvateur »… voilà qui va loin et donne une idée précise de l’état d’ébranlement du monde catholique, même si nombre de fidèles restent à l’écart de débats qui les dépassent.

Une proposition de Concile national qui arrive trop tard ou trop tôt. 

C’est donc dans ce contexte qu’il faut ressituer la proposition éditoriale de Golias Hebdo finalement proche du synode allemand dont on connaît à la fois l’audace, le sérieux dans la mise en œuvre et les mises en garde, qu’il soulève dont certaines très récentes formulées par les autorités Vaticanes et le pape François lui-même. Mais le calendrier est-il bien ajusté ? Cette proposition qui suit une démarche similaire de plusieurs personnalités catholiques dans une tribune à la Croix du 22 octobre 2021 n’arrive-t-elle pas trop tard ou trop tôt ? Trop tard dans la mesure où l’Eglise est déjà engagée, par la volonté du pape François, dans une démarche Synodale « sur la synodalité » qui vise précisément l’avenir de l’Eglise au lendemain des scandales qui l’ont frappée ; trop tôt si l’on considère que c’est sans doute au regard des conclusions de ce synode mondial que chaque Eglise locale pourra, le cas échéant, tenter d’en adapter les recommandations. 

Des évêques soupçonnés de « n’être plus capables d’innover« , face à des laïcs encore inorganisés.

A cette notion de calendrier il convient d’ajouter une seconde considération : tout emballement pour un concile national est sous la menace d’une double illusion. La première est de s’imaginer que le « rapport de forces » (car il faut bien aussi parler en ces termes) sera favorable à l’aile « réformiste » qui en fait la demande. Or, rien n’est moins sûr. Sauf à s’affranchir du cadre juridique en vigueur, mais comment ? Le code de Droit canonique (canons 439 à 446) donne aux seuls évêques voix délibérative dans un concile dit plénier. Même si d’autres participants clercs, religieux et laïcs peuvent être invités avec voix consultative. Et l’on peut être surpris que la proposition d’un concile national vienne précisément de Golias qui, en introduction à l’édition 2022 de son Trombinoscope, écrit à propos de l’ancien Nonce apostolique Luigi Ventura, en poste à Paris jusqu’en 2019 : « Il a accéléré le processus de repli sur soi entamé par l’Eglise en France depuis une trentaine d’années au moins en faisant nommer des évêques qui ne sont plus capables  d’innover sauf quand il s’agit “d’innover dans l’ancien“, comme le dit le sociologue et éditeur Jean-Louis Schlegel. »

A cela il faut ajouter que contrairement à l’Allemagne qui a une forte culture de collaboration entre laïcs et évêques du fait même de l’existence déjà ancienne du puissant Comité central des catholiques allemands (ZdK), la France n’en est encore qu’à ses balbutiements au travers du collectif Promesses d’Eglise, créé en 2018 au lendemain de la publication de la Lettre au peuple de Dieu du pape François consécutive aux scandales. Et il n’est pas sûr que la perspective d’un Concile national suscite un élan unanime au sein d’organisations et mouvements très clivés entre différentes sensibilités ecclésiales. Le 28 octobre dernier, deux semaines après les révélations concernant l’affaire Santier, la Croix publiait une tribune présentée en ces termes : « Plusieurs membres de Promesses d’Église réclament un changement urgent dans la gouvernance de l’institution, et la mise en place d’instances de dialogue avec l’ensemble des composantes du peuple de Dieu. » Sauf qu’à y regarder de près les quelques signataires appartenaient tous et exclusivement à l’aile dite « progressiste » de l’Eglise en France.

Un Concile national aux compétences bien en deçà des exigences de la crise…

Deuxième réserve : le même code de droit canonique limite très précisément le champ de ces Conciles. « Can. 445 – Le concile particulier veillera à pourvoir pour son territoire aux besoins pastoraux du peuple de Dieu; il possède le pouvoir de gouvernement, surtout législatif, en sorte que, restant toujours sauf le droit universel de l’Église, il puisse décider ce qu’il paraît opportun de réaliser pour le développement de la foi, pour conduire l’action pastorale commune, pour régler les mœurs, pour faire observer la discipline ecclésiastique commune, la promouvoir ou la défendre. » Bref, sa seule perspective légitime est d’adapter les dispositions du magistère universel de l’Eglise aux particularismes d’une Eglise particulière. Autant dire que le cadre ne se prête pas à des remises en question telles que celles qui sont soulevées dans l “Lettre à notre évêque“. Il suffit pour s’en convaincre de regarder le champ de réflexion du synode allemand ( l’exercice du pouvoir dans l’Eglise, les prêtres, la qualité et le rôle des femmes dans les ministères) et les recadrages romains rapportés par la Croix : « Quant aux cardinaux Luis Francisco Ladaria, préfet du dicastère pour la doctrine de la foi, et Marc Ouellet, responsable du dicastère pour les évêques, ils avaient eux aussi exprimé « franchement et clairement » leurs réserves sur« la méthodologie, les contenus et les propositions » de la démarche allemande. »

On imagine mal la Conférence des évêques de France s’engager dans une telle démarche et l’on ne voit pas quelles forces, à ce jour, au sein de l’opinion publique catholique, pourraient l’y contraindre. 

Attendre les résultats du Synode sur la synodalité…

Tout cela nous renvoie dans un premier temps à la tenue du Synode sur la synodalité voulu par le pape François. Malgré les propos satisfaits sur la mobilisation dans les Eglises particulières, on sait les réticences qui se sont fait jour ici et là de la part d’un clergé – et de fidèles – plus proches de la ligne Jean-Paul II – Benoît XVI que du réformisme Bergolien. Ce qui a sans doute influé sur la décision vaticane de prolonger d’un an le processus synodal qui aura donc deux sessions – comme pour le synode sur la famille – à l’automne 2023 et 2024. Car l’enjeu, sans cesse rappelé par le pape François, n’est pas « d’arracher des réformes » aux évêques réunis à Rome mais de mettre l’Eglise de Dieu, à tous les échelons, en capacité de dialogue et de dynamique synodale permanente. Faute de quoi, même les réformes adoptées aux deux tiers des voix, se heurteraient, comme on l’a vu pour l’accès aux sacrements des divorcés remariés et des homosexuels, à la résistance de ceux qui n’ont pas renoncé à voir le salut de l’Eglise dans une nouvelle restauration Wojtylo-Ratzingérienne, sitôt close la “parenthèse“ du pontificat Bergolien. 

Ce n’est donc, vraisemblablement, qu’à l’horizon de l’exhortation apostolique post synodale de 2025 par laquelle le pape tirera les conclusions du synode en cours, qu’il faudra se poser la question de son ajustement à la réalité hexagonale. Et l’on peut d’ores et déjà se demander si, à ce stade, des conciles provinciaux – au sens des provinces ecclésiastiques –  ne seraient pas plus pertinents et opératoires qu’un concile national, selon la recommandation argumentée du théologien Arnaud Join-Lambert. (3) 

Mais encore une fois tout dépendra ici de l’ampleur de l’effondrement au niveau institutionnel et donc de la radicalité des réponses à mettre en œuvre. Avec la crainte de devoir, au lendemain du Synode sur la synodalité, paraphraser ainsi, à propos des Pères du synode, ce qu’écrivait Jean Sulivan en 1968 de Vatican II «  le temps qu’ils ont mis à faire dix pas, les fidèles se sont éloignés de cent. » (4)

  1. Pour mémoire, Mgr Santier a admis la pratique, alors qu’il était prêtre, de confessions où les pénitents, de jeunes hommes, étaient invités à se dénuder devant le tabernacle. Sept « victimes » se seraient à ce jour fait connaître. Mgr Ricard a lui, reconnu, alors qu’il était curé s’être « conduit de manière répréhensible vis-à-vis d‘une jeune fille de 14 ans ». 
  2. Le nom du collectif fait référence au twitt particulièrement malvenu de Mgr Aupetit assimilant les révélations de Famille Chrétienne sur Mgr Santier (et peut-être aussi celles qui l’avaient contraint à la démission) à une fouille de poubelles… 
  3. Arnaud Join-Lambert, Le concile provincial, une chance pour la synodalité de l’Eglise. Centre Sèvres, Recherches de sciences religieuses, 2019/2 Tome 107 p.301 à 320. 
  4. La phrase de Jean Sulivan à propos des pères conciliaires était la suivante : « le temps qu’ils ont mis à faire dix pas, les hommes vivant se sont éloignés de cent. » 

114 comments

  • Cher René, merci pour cette analyse qui relève du bon sens. La pratique des conciles provinciaux et pléniers qui aurait dû être normale dans l’Eglise pour lui permettre de ne pas se scléroser a été refusée depuis trop longtemps pour se révéler efficace dans la situation. Elle fait figure de butte témoin géologique dans le Code de droit canonique. Ce sera très certainement une habitude à reprendre après le Synode sur la synodalité pour ne pas retomber dans les mêmes ornières. Le corps épiscopal, dont une bonne partie est constituée de petits séminaristes améliorés, n’est pas encore en état pour figurer honorablement dans de telles instances. Bon nombre en sont encore à faire sentir leur pouvoir (1 P 5, 2-3). Tous n’en sont pas réduits à ça mais il y a trop de résistance dans l’ensemble du collège pour que ça marche. Ils sont imbus de leur « plénitude du sacrement de l’ordre ». Ceux qui n’en sont pas là n’osent ni parler ni agir. Avec les révélations qui sont faites, et qui vont encore se faire, pour plusieurs d’entre eux, après le passage en cellule de dégrisement, on pourra recommencer à travailler. Nous devons faire face courtoisement mais lucidement à un manque de vision prophétique. Nul n’est besoin de hurler en meute. Peut-être l’est-il davantage de prier avec insistance pour que le Seigneur visite son peuple et y fasse surgir quelqu’un (une femme, un homme, plusieurs, je ne sais pas) qui redonne le sens à suivre ? Je suis habité par l’espérance suivante : quand une muraille s’effondre, il faut éviter de se trouver sous les décombres, et si ça se passe, c’est parce que le Seigneur a déjà préparé derrière un nouveau mur que, pour le moment, nous n’avons encore pas vu. Je garde confiance mais ça n’est pas parce que j’ai au fond de moi cette confiance que je suis moins effrayé que les autres : surtout quand les trompettes de Jéricho ne sont pas le signe de la ruine de la cité adverse mais la chute des porteurs de l’arche sainte ! Mon commentaire n’est ni impératif ni définitif, et je demande pardon aux quelques évêques de notre pays qui ne sont pas ainsi, mais il faut bien caractériser ce qui est notre situation actuelle. Quoiqu’il en soit et quoiqu’il puisse survenir, la nécessité est à la parole méditée et échangée dans la vérité de la charité. Merci René.

    • Cher P. Vignon bonjour. En cette fête anniversaire de la mort de Charles de Foucauld, Frère Charles de Jésus. Je retiens ces mots : « Vous avez tellement pris la dernière place que jamais personne n’a pu vous la ravir. » Cette phrase d’un sermon de l’abbé Huvelin.

      J’ai depuis bien longtemps, découvert cette face caché de ceux qui représentent notre Eglise. Le pouvoir, l’abus de pouvoir, et le manque d’humilité. Mais surtout ce qui est, à mon humble avis, la pierre d’achoppement : le manque de prière. Pour se confesser, il faut courir à Paris, je suis sur le 94 (Val-de-Marne), car dans ma paroisse absence totale ou simplement une heure. En fait, on a voulu lier les mains du Christ pour faire à notre guise. On a oublié de nous parler de Jésus, de sa prière, des œuvres de Miséricorde, des vertus théologales, du péché. On a peur de parler du péché, et parfois, les homélies se transforment en leçons de psychologie. On a ouvert la porte à des tas des choses pour accommoder le monde et l’on oublie les fins de l’Eglise. « Une, sainte, catholique et apostolique  » pour moi c’est LE CHRIST qui nous unit, qui nous fait devenir des frères et sœurs, serviteurs les uns des autres puisque il a voulu nous donner son exemple. Pour finir, lorsque un jour j’ai envoyé un mot sur le twitter de Mgr Aupetit il m’a bloqué sans me répondre. J’ai exposé un problème à un prêtre et comme ce problème venait de la paroisse, m’a presque expédié. Vous, prêtres, évêques, cardinaux, ( pas tous ) nous parlez d’en haut. Et évidement, lorsque comme en ce moment le voile se déchire, on ne sais pas dire grand chose que nous écrire des longues lettres presque en défendant celui qui a été la pierre d’achoppement. Je me souviendrai de l’au revoir très solennel de Mgr Santier. Je ne sais pas où nous allons. Pour ma part, je suis incapable d’aller dans ma paroisse qui n’a pas enlevé le grand panneau avec Mgr Santier. Je l’ai signalé. Pas de réponse. SILENCE. Alors je lis l’Evangile du jour, car Jésus nous parle ainsi nous donnant sa nourriture. Priez pour moi pauvre pécheur que je suis. Un jeune

      Evangile de St Matthieu (7, 21. 24-27)
      En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. Ainsi, celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc.
      Et celui qui entend de moi ces paroles sans les mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a construit sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé, ils sont venus battre cette maison ; la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet. »

      • Cher David, je suis désolé de vous répondre si tard mais j’ai eu, entre autres, des difficultés de connexion internet dans ma région montagneuse. J’apprécie ce que vous écrivez surtout parce que ça montre que vous vivez une authentique expérience spirituelle. Qui dit spirituel dit esprit et même Esprit Saint. Je ne doute pas qu’Il sait et saura vous guider sur votre chemin. C’est à votre coeur profond et à votre conscience qu’il vous faut revenir plus qu’à l’attitude éprouvante pour vous d’évêques et de prêtres. Il vous fera rencontrer d’authentiques témoins sacerdotaux qui ne feront pas écran avec Lui et qui reconnaîtront votre expérience et qui vous dispenseront la grâce dont nous avons tous besoin. Charles de Foucauld que vous citez en est le témoin privilégié, lui qui s’est laissé dépouiller à l’extrême. C’est curieux la façon dont il est mort martyr sans que ça puisse être reconnu comme tel. On ne peut pas aller plus loin dans l’abandon de sa volonté propre. Que ce grand saint au sourire si humble et si rayonnant vous obtienne ce dont vous avez besoin. Pour finir sur une note pragmatique, et sans y voir un lien de cause à effet, le rejet twitter de Michel Aupetit lui a été fatal. Avis donc aux membres du clergé : traitez bien David Gomez ! Malicieusement et profondément vôtre. Pierre Vignon

    • Merci Pierre, d’exprimer ce que nous sommes nombreux à ressentir. Quel François d’Assise rebâtira l’Eglise qui est en ruines avec la seule puissance de l’évangile ?

      • Je suis interpellé par l’opposition constante qui est faite entre l’Eglise qui serait mauvaise ou un faux témoin et « la seule force de l’Évangile » qui serait un écrit à chaque page libérateur. Or l’Evangile n’est-il pas lourd de menaces, jusqu’à celle que le maître ne reconnaisse pas tel de ses serviteurs, je ne dis pas qui soit un abuseur, mais simplement une « vierge folle », une jeune fille insensée ou imprévoyante? Gros de ce chantage aussi: « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. » Sous-entendu: « vous ne l’êtes pas si vous ne m’obéissez pas. » Jésus pleure sur Lazare et se prend à aimer le jeune homme riche, mais il rabroue la syro-phénicienne qui est obligée de se rabaisser comme un petit chien et se justifier de ramasser les miettes qui tombent de la table des maîtres. L’être humain éprouve un désir de reconnaissance. Jésus ne l’accorde pas au « serviteur inutile » qui « n’a fait que son devoir ». Or nous faisons de Jésus un homme au coeur large et débonnaire. N’est-ce pas aussi une construction?Comment prouver que l’esprit de l’Évangile tend vers la responsabilité dans la miséricorde?

        • Julien,au sujet de la syro-phénicienne je ne crois pas que le but du Christ était de la rabrouer mai au contraire d e lui faire reconnaître quuele Christ et ceux qui le suivent sont eux dans la Vérité

          • OK? Dominique. On peut même aller plus loin et supposer que la pédagogie du Christ ait été de montrer, à travers les paroles dures qu’Il lui adressait, que le salut était non pas universel, mais proposé universellement. Il n’empêche que c’est une personne qui a entendu ces paroles. Donc?

        • Julien,

          Je ne suis aucunement une spécialiste.
          Et il faudrait voir le texte original, de quel Évangéliste, le contexte, faire une comparaison entre les Évangiles qui racontent le même épisode et qui ne sont pas des reportages en direct etc…Et on ne peut séparer des fragments de l’ensemble du texte pour en comprendre la signification qui n’est jamais une condamnation des etres les plus faibles et plus démunis.
          Quant à moi, je ne lis pas tous ces épisodes de la même façon que vous. Bien au contraire…
          Car évidemment que Jesus n’est pas un être débonnaire. Il a les rugosités des prophètes d’Israel. Donc pas étonnant qu’il reprenne leurs avertissements et imprecations contre le peuple infidèle, les pharisiens et les prêtres etc…et hésite sur sa messianite.

          • Mais encore, Marie-Christine ? Car tout cela est une affaire de représentations, donc d’interprétation. L’idée aujourd’hui est de ne rien pardonner a priori à l’Eglise institution et tout aux Evangiles. Mais c’est un a priori résultant d’une évolution de l’histoire des mentalités.

          • L’idée d’avoir à « pardonner » quoi que ce soit aux Evangiles me semble curieuse. On les reçoit ou on ne les reçoit pas, on les comprend ou non, on est prêt ou pas à suivre leurs exigences, on peut chercher à entrer toujours plus profond dans l’intelligence d’un texte « éternel » incarné dans le temps et dans l’espace mais je ne vois pas ce que peut signifier ici la notion de pardon.

            Quant à ne « rien pardonner » à l’Eglise institution, si l’attitude est contestable à mes yeux – pour la double raison que je ne vois pas l’Eglise survivre sans un minimum d’institutionnalisation et que l’institution étant humaine (trop humaine ?) elle est forcément marquée par le péché – c’est sa prétention à la sainteté (qui ne concerne que l’Eglise mystique) et son refus hautain de se remettre en question qui expliquent cet excès même s’il est regrettable.

            Je viens de terminer la lecture d’un livre d’entretien du cardinal Hollerich, archevêque de Luxembourg, Président de la Commission des épiscopats de l’Union européenne (Comece) et futur rapporteur du synode sur la synodalité (Trouver Dieu en toutes choses, Salvator). Un passage a particulièrement retenu mon attention : « Dans notre langue et dans notre façon de concevoir les choses, le passé est derrière nous et l’avenir devant nous. Or, dans l’Egypte ancienne, c’était le contraire : le passé était devant parce qu’on le connaissait et qu’on le voyait, et l’avenir, que l’on ne pouvait voir puisqu’on ne le connaissait pas, était derrière. L’Eglise catholique me semble avoir encore tendance à raisonner comme les Egyptiens mais cela ne fonctionne plus. Dieu nous ouvre l’avenir. (…) (Dans l’Eglise) certains imaginent un passé qu’ils érigent en tradition et qu’ils idéalisent , et c’est cela précisément qui a conduit la civilisation égyptienne à la chute. Ele n’avait plus la force de se réformer. »

          • Pardonner aux Evangiles est une provocation un peu audacieuse, mais ça veut dire: faire place aux paroles qui en sont irrecevables en commençant par ne pas nier qu’elles le sont, sous prétexte que ce sont des Paroles de Dieu à prendre in extenso, sans filtre, sans reconnaître par exemple devant Dieu: « Je m’émerveille de ton amour, mais je m’étonne que Tu l’énonces comme un chantage, ce qui me paraît irrecevable, car ma psychologie ne saurait associer l’amour et le chantage. »

          • Il me semble que la réflexion de Mgr Hollerich, tourné vers l’avenir, a ses limites… nous vivons dans le « maintenant » (cf. 2 Corinthiens 6, 2), entre le « déjà là » et le « pas encore » et c’est l’aujourd’hui de Dieu qui nous sauve et nous rejoint dans le présent de nos vies.

            « L’instant présent est le huitième sacrement, car il est le pont qui relie l’éternité de Dieu et notre finitude. »
            Cardinal John Henry Newman

        • A Julien,
          Réflexions que je me suis faites de nombreuses fois… Tout est conditionné : l’amour, le salut et même la liberté. Sans doute parce que c’est la seule « construction » (a partir du péché originel, tellement injuste et pourtant tellement prévisible par Dieu – aurait-il « joué » avec l’homme : le fera, le fera pas? Ah zut ! Il l’a fait ! Et du coup je dois envoyer mon Fils souffrir mille morts – au fond c’est quoi tout ça ? Cette indicible souffrance, c’est quoi ? L’effroyable résultat de l’orgueil de l’homme ou de sa bêtise, de ses limites, de sa condition qui n’est par définition pas divine ?) qui permet d’expliquer l’existence du mal. Sinon le gouffre qui s’ouvre est insupportable.
          Je connais les explications théologiques qui ont été forgées et s’imbriquent parfaitement. Tout cela ne me satisfait guère non plus.
          Et on préférerait au fond – en tout cas moi – que les chrétiens se conduisent en humanistes, non par souci de l’au-delà, par peur ou à cause d’un chantage qui leur est fait (qu’on va me dire « d’amour »), mais par empathie, parce que la souffrance de l’autre est insoutenable, me taraude sans cesse et que je fais tout ce que je peux, extrêmement mal, extrêmement peu, mais j’essaie quand même, pour la lui éviter ou adoucir, quand ça dépend un minimum de moi et si j’en ai la lucidité et la capacité. Au lieu de tout remettre entre les mains d’un Dieu que finalement je ne connais pas et l’autre non plus, d’un Dieu qui prime toujours et qui ne donne pas gratuitement, sauf dans une certaine explication théologique. Comme des parents qui conditionneraient le don d’eux-mêmes à la qualité de l’amour que leur porte leur enfant.
          Je m’exprime très mal, pardonnez-moi. Et pardon aussi si je choque.

          • Réflexions que je me suis faites de nombreuses fois… »
            Ca me touche, Anne, que vous partagiez mon questionnement parce que je trouve que sur ce blog, malgré ou peut-être à cause de ce que vous avez vécu et subi, vous êtes celle qui parle le mieux du Christ et je n’ai pas choisi de le penser.

            « Tout est conditionné : l’amour, le salut et même la liberté. »
            Ma mère me disait toujours qu’une mère était la seule personne qui aimait son enfant sans condition. Mais elle y mettait ensuite tant de conditions que j’ai écrit une chanson qui commence (et je ne m’en suis pas rendu compte) par une introduction calquée sur celle de « la Mer » de Charles Trennet (j’ai assez bien connu son pianiste Roger Poully, ce doit être une réminiscence), et qui s’intitulait « la Condition », avec ou sans pied de nez. Les premières paroles en étaient une parodie de ce qu’elle me disait:

            « Je t’aimerai bien, mon enfant,
            Si tu te laves bien les dents,
            Si tu ne fais pas de bêtises,
            Ne piques pas de crises.
            Je t’aimerai bien, mon enfant,
            Si tu penses à moi très souvent,
            Je t’aimerai à condition
            Que tu passes tes leçons. »

            Et dans un aphorisme, j’écrivais que « quand une mère est conditionnelle, il ne faut pas accepter ses conditions. »

            « Et on préférerait au fond – en tout cas moi – que les chrétiens se conduisent en humanistes, non par souci de l’au-delà… »

            Y a-t-il des chrétiens? Qui peut sérieusement se dire chrétien? Pour moi, on ne peut dire que ceci: « je m’efforce, j’essaie d’être chrétien. »

            Je me souviens de l’homélie d’un prêtre que j’accompagnais à l’orgue un samedi après-midi et qui commentait l’Evangile où le Christ disait: « Je suis résurrection et vie. » Mon célébrant n’était pas, comme Guillaume Cuchet, à regretter que le christianisme perde de l’influence parce qu’on ne parle plus des fins dernières. Au contraire, cet aumônier de prison disait que la résurrection, parce que le Royaume est proche et se vit dans un « aujourd’hui », commence à présent et peu importe la suite.

            « Un chantage qui leur est fait (qu’on va me dire « d’amour… » L’amour ne connaît pas le chantage. Un ami qui me dit: « Je t’aime si tu fais ce que je veux » (et non pas « aime et fais ce que tu veux », citation que saint Augustin a beaucoup tempérée…), est vraiment un ami curieux. 

            « d’un Dieu qui prime toujours et qui ne donne pas gratuitement, sauf dans une certaine explication théologique. »
            « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement », donc nous n’avons pas reçu gratuitement, nous avons reçu en vue de donner. Quézaco?

            Oui, « la souffrance de l’autre est insoutenable. » Je ne sais pas quelle est ma pathologie, moi qui ai fait souffrir, je ne sais pas si je ne peux développer mes relations que dans une polarité sado-maso, mais quand il m’arrive d’infliger de la souffrance et dans une moindre mesure quand je vois souffrir, pour moi, la souffrance de l’autre est vraiment insoutenable. Et de faire souffrir avec mon amour de l’humanité et de chaque être humain est, pour l’affectif que je suis, un mystère que je ne m’explique pas ou qui me reste étranger.

            Je ne sais pas si j’ai été un abuseur, je n’ai pas été estampillé comme tel, mais en est-il besoin? En tout cas je rêve que dans l’Eglise, on promeuve la parole de quelqu’un qui parle de l’intérieur de l’abus. C’est cette parole qu’avec l’aveu qu’elle contient et qui m’humilie, j’essaie de promouvoir.

            J’étais très interpellé par le « Connais-toi toi-même » qu’on m’a appris l’année du bac et je crois m’être mieux connu que la moyenne des gens. Mais j’ai fait cette très difficile expérience: je me suis connu pour ne plus me reconnaître et découvrir que « je est un autre », pour devoir faire le deuil de ma continuité et de mon intégrité, non pas personnelle, mais morale.

        • Jésus accède à la demande de la syro-phénicienne, appréciant tout au contraire l’audace perséverante de sa répartie finale : « C’est vrai Seigneur, mais les enfants sous la table mangent les miettes des petits chiens ». Rentrant chez elle, elle trouve sa fille guérie.

          Si on admet que Jésus est le Fils du Père, et Dieu lui-même, fait chair, on peut admettre que l’amitié dont il parle, et à laquelle il invite d’ailleurs, engage moins à une relation peu ou prou balisée qu’à une complète aventure, un saut dans l’inconnu. Il s’agit, ni plus ni moins, qu’un dialogue entre la créature et son créateur, à l’instar de celui de la syro-phénicienne, ou d’autres, tout aussi fameux, des évangiles.

          On peut supposer que Dieu, alors, en fixe les règles et annonce la couleur : serviteur inutile ( oxymore et non seule épithète) en effet, l’homme n’ajoute ni ne retranche rien à sa gloire. Ce que l’homme fait ne décide de rien. Mérite, surplus, avantages ne valent pas un rond. Mais le saisir, « Heureux les pauvres de coeur », conduit à l’amitié. Jésus insiste même, au cas où on n’aurait pas compris  » Sans moi, vous ne pouvez rien faire », rien vivre de cette amitié, sauf à accepter « le joug léger » de son commandement.
          Et puis, pour la responsabilité dans la miséricorde, on fait difficilement mieux que  » Père, pardonne-leur, ils ne savent ce qu’ ils font ».

          Mais si Jésus n’est pas le Fils de Dieu, alors ce qu’il dit est au mieux singulier et au pire insupportable.

          • Julien,
            A mon avis, le Christ seul est chrétien.
            Pour ce qui est de faire le mal qu’on ne veut pas, hélas je suis comme vous. On ne répare jamais, on essaie je crois de restauter un petit quelque chose, au point où le monde en est, de souffler un peu de vie, de faire chaque jour reculer un tout petit peu le mal, par des gestes infimes, des engagements qui pourraient sembler perdus d’avance, mais il faut essayer, lutter, sans cesse.
            Si le Christ est dans cette lutte, très bien. S’il n’y est pas, et donc s’il n’est pas, tant pis.
            J’ai toujours en tête ces mots de Jean Sulivan (de mémoire) : « Ce n’est pas moi qui rejoins le Christ, c’est lui qui me rejoint… L’Évangile qui se dit en moi… » Je gage que ce qui se « dit en moi », ce sont les paroles qui ouvrent une sorte de voie royale au plus faible. Le reste, le salut, la vie éternelle, toutes ces choses pour moi absconses, presque ésotériques,en fait ne m’ont jamais parlé.

          • Tpout en comprenant l’intention je trouve l’affirmation paradoxale. Si être chrétien c’est être disciple du Christ, comment le Christ pourrait-il être disciple de lui-même ?

        • « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. » Sous-entendu: « vous ne l’êtes pas si vous ne m’obéissez pas. »
          Désolée, mais le grec ainsi traduit, que vous interprétez comme du chantage, a un tout autre sens si on le replace dans le contexte dans lequel il a été inséré.
          1 – Cette phrase, mise dans la bouche de Jésus, s’adresse à ses disciples après leur dernier repas ensemble, où Jésus leur fait comprendre que les autorités religieuses vont le faire mourir : il s’git d’un discours d’adieu.
          2 – Cette phrase (extraite de l’évangile de Jean, chapitre 15, verset 14) vient après une précision sur la nature du « commandement » auquel « obéir » : « Tel est mon commandement : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés » (verset 12 du même chapitre)…
          3 – Ce verset 12 reprend le contenu d’un autre verset du début du même discours de Jésus à ses disciple ; le commandement dont il s’agit est « un commandement nouveau » (ch. 13, v. 34), la nouveauté étant évaluée par rapport aux commandements donnés par Dieu à Moïse, les « Dix Paroles » de l’AT (Exode ch. 20, V. 1-17 et Deutéronome, ch. 5, v. 6-22)…
          Alors, où est le chantage ?…

          • René, en fait je ne vois pas d’emblée être chrétien comme être disciple du Christ. Ou plutôt disons que ce n’est pas la première définition qui me vient à l’esprit. J’ai même dû réfléchir avant de répondre. J’ai tort très probablement mais c’est ainsi. C’est sans doute pour ce genre de raisons que j’ai été une si épouvantable chrétienne. Comme quoi, pour moi le christianisme n’a décidément jamais eu rien d’évident…
            Ce que je voulais dire, c’est que seul le Christ met en pratique ce qu’il dit, sa parole étant une parfaite expression de lui-même. Disons alors que seul le Christ est parfaitement chrétien.

      • Je viens de relire votre adresse à Pierre Vignon du 1er décembre … il n’y avait pas de « question » à proprement parler. Mais je vais lui signaler votre demande.

  • Une fausse bonne idée
    Je partage globalement l’analyse de René sur l’opportunité de réunir un concile national même si les conséquences que nous en tirons sont sans doute divergentes . Je crois que cette forme d’église va totalement s’effondrer en occident , qu’il ne faut rien attendre sur ce plan du synode sur la synodalité . L’occident ne représente plus un enjeu pour l’église romaine et qu’en Europe comme aux USA ceux qui restent dans l’église sont favorables à un repli identitaire .  » Il est minuit docteur Metzger , il est trop tard « .

    M Metzger est un grand historien de l’Eglise dont les oeuvres sont passionnantes pour tout catholique qui s’intéresse à la vie de son église . Mais peut être est il encore trop optimiste sur la situation réelle de l’église et sur l’ampleur du dégoût et de la colère des fidèles à commencer par les plus engagés face aux révélations qui confirment chaque jour le délabrement de l’institution écclésiale .

    J’ai été heureusement surpris en lisant le lettre de ce membre du groupe Anastasis , comme en lisant la Tribune de D Moreau . Ainsi même eux pourtant bien intentionnés vis à vis de l’institution et des évêques sont écoeurés par leur attitude qui n’est que le reflet de ce qu’est l’institution ( nul procès ad hominem envers les évêques n’est pertinent pour comprendre ce qui se passe )
     » cette confiance ( envers les évêques ) est aujourd’hui brisée écrit D Moreau dans » Philosophie magazine  » .
    C’est peu dire que la coupe ou plutôt la poubelle est pleine , déborde et pue .

    Quand bien même le concile national ne serait pas limité dans le champ de ses compétences et donc incapable de se saisir juridiquement des questions qui se posent , avec qui le faire ? quelle représentativité auraient ceux qui y participeraient ? Pour que le » sensus communis fidélium » soit entendu encore faudrait il qu’il ya ait encore des fidèles qui s’engagent et s’expriment .

    Comme je l’ai dit de nombreuses fois ( Dominique et Michel pourront dire que je radote et s’inquiéter de ma possible sénilité précoce ) l’enjeu est d’envisager l’organisation de l’autorité et du pouvoir dans l’église de manière spécifique et autonome vis à vis du champ spirituel . Or poser la question ainsi , parce que c’est pourtant ainsi que le nombre , la récurrence des abus ainsi que le fait de les couvrir nous conduisent obligatoirement à la poser , c’est remettre en cause l’ecclésiologie qui fonde l’organisation actuelle de l’église .
    Et de cela , le magistère n’en veut à aucun prix . Pis il est prêt à sacrifier tous les fidèles et même l’annonce de l’évangile plutôt que de renoncer à cette ecclésiologie qui fonde son pouvoir et son statut c’est à dire pour chacun des prêtres et des évêques son identité la plus intime , la plus personnelle .

    Voilà pourquoi je pense que cette proposition de réunion d’un concile national est une fausse bonne idée .
    Une part de moi le regrette , celle qui voudrait espérer que l’église puisse se réformer avant de s’effondrer .

  • confier à un Concile hypothétique le soin de réformer l’Eglise semble peine perdue, sachant que la plupart des evêques et cardinaux sont en majorité conservateurs, âgés, incapables d’être créatifs, et innovateurs….
    c’est mon humble avis,

  • J’ai lu grâce à votre page Facebook cette « Lettre à notre évêque » et j’ai trouvé (que ses auteurs me pardonnent cette appréciation peu flatteuse !) que le boboïsme catholique y suintait à chaque ligne. « Nous sommes de bons pharisiens bien sous tous rapports et en communion avec les valeurs de notre temps, et en fonction de notre bien-agir et de la certitude où nous sommes qu’il y a « nous » et « les autres », nous estimons que l’institution ecclésiale a vécu. Pour autant nous ne nous engageons pas à ne plus la fréquenter, mais malgré notre amitié pour notre curé H…, nous ferons la grève du denier bien que notre dernière intention soit de le priver de subsides à moins de trouver un travail et de cesser de rester « affairé sans rien faire ».

    Un « concile national », apparemment ça existe? N’est-ce pas un mot gonflé d’orgueil pour ne pas parler de « synode »?
    « le sociologue et éditeur Jean-Louis Schlegel » (Gollias) qui est un de vos amis et que j’ai rencontré en une occasion est prêtre et n’en fait jamais état. Pourquoi ce silence sur son état clérical? J’ose espérer qu’il n’en a pas honte… Ca ne paraissait pas être le cas quand je l’ai rencontré lors d’une session sainte-Odile organisée par feu le service de formation du diocèse de Strasbourg.

    Le synode sur la synodalité est, je le crains, un référendum sur le référendum et une contribution de l’Eglise à la démocratie participative, démocratie du « cause toujours » qui ne se cache pas d’être consultative, même si je ne méconnais pas l’invitation louable à « marcher ensemble sous la conduite de l’Esprit ».

    Quant à la phrase de Jean Sulivan, « le temps qu’ils ont mis à faire dix pas, les hommes vivant se sont éloignés de cent. » », on peut lui opposer cette curieuse invitation évangélique (et du sermon sur la montagne en plus, que j’ai toujours lue (curieusement?) avec recul comme une invitation… à l’esclavage) : « A celui qui vous demande de faire mille pas, proposez-lui d’en faire deux mille avec lui. »

    • Jean-Louis Schlegel a été prêtre (jésuite) mais ne l’est plus. Situation somme toute assez commune de clercs qui ont choisi à un moment de leur vie de quitter le ministère pour se marier et fonder une famille.

      Pour le reste, le synode sur la synodalité est parfaitement conforme non seulement à « l’esprit » du concile dont j’entends contester l’existence ici et là, de la part de personnes qui ne l’ont jamais rencontré, mais à sa lettre. « Ce saint concile œcuménique souhaite vivement que la véritable institution des synodes et des conciles connaisse une nouvelle vigueur afin de pourvoir, selon les circonstances, de façon plus adaptée et plus efficace au progrès de la foi et au maintien de la discipline dans les diverses Eglises. » (Décret Christus Dominus n°36)

      Ne pas percevoir la nécessité d’une inculturation permanente de la foi au travers de l’Histoire c’est tout simplement nier ce qui fait l’originalité du christianisme : son incarnation.

      • Je ne savais pas pour Jean-Louis Schlegel et ai donc parlé à mauvais escient ou aurais mieux fait de me taire.
        Je note dans votre citation du Concile (que je ne critique pas et dont j’ai lu les principaux documents, je ne connaissais pas ce décret,) le côté disciplinaire des synodes…

        Je perçois ô combien la nécessité de l’inculturation de la foi catholique. J’avais même écrit une messe dont j’eus l’honneur qu’elle soit en partie télévisée par le Jour du Seigneur au début de janvier de 1997) dont je prétendais que, s’intitulant la « Messe des affamés », elle rompait avec le langage de la tribu. Je ne suis pas mécontent de la musique, mais mes paroles sont passées tout à fait à côté de l’ambitieux objectif. Comme modeste organiste liturgique, je baigne à fond dans le folklore catholique et ne me fais pas illusion que ce folklore disparaîtra quand les têtes chenues qui composent mes chères chorales tomberont les unes après les autres et peut-être moi avant elles.

        Mon frère est marié à une artiste contemporaine (nous sommes allés en Israël -ou avons faitensemble le voyage de terre sainte-. Mon frère faisait un voyage pèlerinage, moi un voyage religieux et ma belle-soeur réfléchissait à la notion d’appartenance qu’elle ne comprenait pas, c’est un très beau souvenir pour tous les trois.)Ayant lui-même beaucoup réfléchi au renouvellement du genre poétique, il a tourné et produit un documentaire intitulé « la Poésie s’appelle reviens », dont le teaser est disponible ici:
        https://www.youtube.com/watch?v=wV_f2iWo_fg

        Il m’a interpellé un lendemain de Noël: « Toi qui es organiste et aimes improviser et aimais composer, tu devrais quand même réfléchir au renouvellement de la forme liturgique, elle est usée jusqu’à la corde. »

        Je crois être un esprit assez original, mais je n’ai aucune idée là-dessus, peut-être parce que je suis comme un poisson dans l’eau dans le folklore de l’Eglise catholique, mon père m’ayant toujours reproché, à juste titre, mon côté populo (« mais d’où est-ce que tu tiens ça? ») et l’inspiration trop exclusivement religieuse de ma veine musicale.

        • Julien « je t’aimerai si… » est, pour moi, une parole qui prouve, me semble-t-il que celui qui prononce cela n’aime pas vraiment. Le Christ nous aime absolument sans aucune condition, et faire le bien en espérant une récompense quand on aura terminé notre passage sur cette terre prouve surtout qu’on n’a strictement rien compris au message de l’Evangile. Pour ma part j’imagine que lorsque je serai devant le Père Eternel je ne pourrais jamais que lui présenter le bien que je lui aurais permis de faire par mon intermédiaire

  • pour moi,prendre la décision de ne plus participer au denier de l’Eglise n’est rien d’autre qu’une forme de chantage
    pour moi l’Eglise n’est pas le marchand de salades du coin que je peux quitter quand bon me semble parce que ses « salades » sont de qualité médiocre

    • Sauf que refuser à des fidèles tout accès aux sacrements par simple refus de toucher à la discipline ecclésiastique du célibat est tout autant une forme de chantage. Le denier de l’Eglise n’est pas versé à Dieu mais à ses serviteurs !

      Si on lit entre les lignes on ne peut écarter l’hypothèse que l’intention de cette personne soit d’aider financièrement – mais directement – le prêtre de sa paroisse qu’il semble apprécier. Il m’est arrivé d’envisager la même attitude.

    • A Dominique
      En ce qui me concerne il y a bien longtemps que je ne contribue plus au denier de l’église et que j’exerce directement ma solidarité avec l’église diocésaine (et pas seulement avec ma seule paroisse) pour les raisons suivantes :
      – le budget du diocèse est opaque et le document budgétaire n’est pas accessible aux fidèles .
      – les diocèses utilisent toutes les possibilités légales pour que le budget ne dise rien de la réalité des ressources et dépenses du diocèse ( recours à des fondations et autres structures juridiques parallèles ). A titre d’exemple le diocèse de Toulon utilise plusieurs centaines de comptes bancaires pour ses activités .

      A partir du moment ou il existe cette opacité organisée , la confiance n’est pas possible .

      Autant je suis partant pour financer les communautés et exercer la solidarité envers les communautés les plus pauvres , autant je ne souhaite pas que ma participation serve ,sans que les fidèles en soient informés , à financer les voyages des évêques et la conduite de leur carrière ou la couverture et l’ex filtration de prêtres pédocriminels par exemple .

      Il n’est pas normal aujourd’hui que les évêques ne rendent pas compte de leur gestion , preuves à l’appui, à ceux qui les financent .
      La confiance n’est jamais un du . .

    • @Dominique
      il est vrai que les dirigeants autocrates de l’église continuent à tenter de nous vendre leur salade de plus en plus frelatées et pestilentielles. On comprend qu’on ne les achète plus.
      Mieux vaut donner son argent aux « Restos du cœur » ou équivalents… c’est au moins évangélique vis-à-vis des pauvres. Pourquoi financer une église qui regorge de biens tous ordres ? (Ou de tous désordres)

      • Cette réaction est intéressante car elle exprime bien ce que l’on peut entendre ici ou là. Pour autant je voudrais dire mon désaccord. On peut, et c’est mon cas, se montrer critique via-vis de l’institution catholique et ses dérives et avoir estime, amitié et confiance envers tels ou tels de ses serviteurs fussent-ils clercs. Imaginer que les pauvres seront mieux traités le jour où l’Eglise disparaîtra me semble être d’un simplisme coupable. Et un refus peut-être volontaire de voir l’apport du christianisme dans l’Histoire.

        Permettez-moi de vous offrir cette pensée de Pasolini dans ses E rits coraires : « Si les fautes de l’Eglise ont été nombreuses et graves dans sa longue histoire de pouvoir, la plus grave de toutes serait d’accepter passivement d’être liquidée par un pouvoir qui se moque de l’Evangile. Dans une perspective radicale (…) ce que l’Eglise devrait faire (…) est donc bien clair : elle devait passer à l’opposition (…) En reprenant une lutte qui, d’ailleurs, est dans sa tradition (la lutte de la papauté contre l’Empire), mais pas pour la conquête du pouvoir, l’Eglise pourrait être le guide, grandiose mais non autoritaire, de tous ceux qui refusent (c’est un marxiste qui parle, et justement en qualité de marxiste) le nouveau pouvoir de la consommation, qui est complètement irréligieux, totalitaire, violent, faussement tolérant, et même plus répressif que jamais, corrupteur, dégradant (jamais plus qu’aujourd’hui n’a eu de sens l’affirmation de Marx selon laquelle le Capital transforme la dignité humaine en marchandise d’échange). C’est donc ce refus que l’Eglise pourrait symboliser. »

        Enfin le couplet sur les richesses de l’Eglise est à la fois recevable et discutable. Il est vrai qu’elle jouit – ce sont parfois les congrégations qui tout en étant d’Eglise ont une personnalité juridique propre – de biens immobiliers de valeur. Et l’on peut de fait l’interroger sur la gestion de ce patrimoine. Mais je suis témoin du sérieux avec lequel cette question est abordée dans certains diocèses, à la demande même des prêtres et des fidèles.

        Enfin l’Eglise n’échappe pas au sort commun selon lequel il faut un minimum de biens pour pratiquer la vertu. Je retiens des scandales pédocriminels qui ont conduit certains diocèses américains à la faillite qu’il s’est trouvé de grandes fortunes aux mains de familles catholiques pour voler au secours des diocèses moyennant quoi, comme aurait dit l’abbé Pierre « des passages entiers de l’Evangile ne sont plus désormais commentés dans les homélies. » La dérive droitière de l’épiscopat américain trouve là l’une de ses sources.

        Ce n’est pas en vendant la Chapelle Sixtine au Qatar qu’on servira mieux les pauvres. Et ce n’est pas par hasard si, toujours l’abbé Pierre, qui fut un ami proche, avait choisi la parole de Paul dans l’épitre aux Corinthiens pour ses funérailles : « Quand je distribuerais tous mes biens aux pauvres, si je n’ai pas la charité cela ne me sert à rien… » C’est assez dire qu’aider les restos du cœur (dans ma paroisse on travaille avec eux) ne dispensera jamais les chrétiens de leur spécificité qui est de dire l’amour donné au nom de l’Amour reçu.

        • Pleinement d’accord avec vous et avec cette réponse, René.
          Comme est profonde cette célèbre parole de Paul aux Corinthiens :
          « Quand je distribuerais tous mes biens aux pauvres, si je n’ai pas la charité cela ne me sert à rien… »

  • En méditant l’évangile de ce jour (Mt 7, 21-27), je ne peux m’empêcher de penser à la situation de l’Eglise Catholique. « La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et a secoué la maison qui s’est écroulée complètement ». L’Eglise n’aurait-elle pas été fondée sur le roc de la Parole ? Certes, mais alors, pourquoi s’effondre-t-elle ? Jésus dit : « Ecouter la parole ne suffit pas. Il faut la mettre en pratique ». C’est donc parce que l’Eglise entend la Parole, la transmet mais ne la pratique pas qu’elle s’effondre. Plutôt que vivre selon l’enseignement de Jésus, l’Eglise a privilégié sa vie, non pas sa vie en tant que corps du Christ, mais sa vie en tant qu’institution temporelle, en tant qu’organe de pouvoir politique, moral, religieux. Elle a surtout cherché à s’imposer partout dans le monde en tant que structure religieuse dominante, seule détentrice de la vérité, en méprisant et en détruisant les cultures, les croyances et les patrimoines des peuples (à quelques exceptions près). Si c’est ainsi que cette Eglise a mis la parole de Dieu en pratique, si c’est ainsi qu’elle a rempli sa mission d’annoncer la Bonne Nouvelle du Salut aux nations, il ne faut pas s’étonner de la voir aujourd’hui s’effondrer. Les conciles, les synodes, les conclaves ne changeront rien si l’Eglise n’accepte pas de se remettre elle-même en question, de fond en comble, en commençant par revenir à la source: le Christ, les apôtres et l’enseignement des premiers pères.

    • Il y a quelques jours, dans une conférence donnée à Rodez sur l’avenir du catholicisme en France, je citais ce passage de Jean Delumeau dans son livre de 1977 Le christianisme va-t-il mourir : « Avec le recul du temps, il apparaît que le principal péché de l’Eglise au cours des âges est d’être devenue un pouvoir et donc, par la force des choses, un instrument d’oppression. La déchristianisation actuelle constitue dans une large mesure, la note à payer de cette formidable aberration qui a duré un millénaire et demi. »

      • Amen !
        Le plus gênant, à mes yeux, est le nombre de personnes qui ne semblent rêver que de restaurer cette forme d’église.

      • Le christianisme ne devait pas donner de Avec sa séparation de l’Eglise et de l’Etat, le christianisme ne devait pas donner naissance à la civilisation chrétienne. La civilisation chrétienne est une ruse de l’histoire du christianisme. Or la civilisation est une accumulation de capital, donc d’argent, et elle s’impose par le pouvoir. Mais sans la civilisation chrétienne comme il a été dit ici, on n’aurait pas connu le Christ, on L’aurait oublié.

  • Dans ma ville natale, des immeubles cossus datant de plusieurs siècles, situés dans le principal secteur commercial ont été au fil des siècles ravalés, rafistolés, repensés, mis au goût du jour. Ils se sont donnés bonne figure commerciale avec des fausses pierres de façade masquant les décrépitudes internes.
    Il y a peu de jours plusieurs d’entre-eux se sont totalement écroulés en quelques secondes ! Personne évidemment ne pense reconstruire avec les vieilles pierres ravagées par le temps et les vieux matériaux pourris récupérés dans les décombres…
    Cette petite métaphore pour dire que l’on ne peut rien reconstruire de valable avec du délabré et vérolé de partout, pourri jusqu’à l’os.
    Vos idées louables de multiplier de nouveaux comités Théodule sont totalement vouées à l’échec.
    Il faut quitter la place et s’en aller ailleurs. Ce que j’ai fait. Le monde attend une évangélisation qui s’inspire VRAIMENT de l’Évangile de Jésus-Christ est pas des règles savamment édifiées essentiellement pour dominer et non servir, c’est-à-dire carrément à rebours de l’esprit de l’Évangile. (Inutile de donner des exemples concrets et vous les connaissez tous …)

    • Je suis tout fait d’accord. Je l’ai fait. Même leur idée de denier de culte donnera rien. J’ai posté un message mais personne me donne une réponse. Je me dis que cela se passe entre soi et les amis.

  • Hey René !
    Merci pour cet article – comme les autres -, riche de ses références et de votre réflexion mesurée.
    Mais alors, dois-je pauvre laïque patienter jusqu’en 2025 ? C’est long !
    Et en attendant – si j’ai lu correctement 😉 -, écrire à mon évêché une gentille lettre expliquant pourquoi je suspends ma jubilaire contribution au denier de l’église ?
    Fraternellement,
    Marie

    • Chacun est libre de poser les actes qu’il veut poser, à titre personne, ou en groupe. Je dis simplement puisque c’était l’axe de mon billet, que s’agissant d’un Concile national, je ne vois guère – pour les raisons que je développe – de créneau possible avant les conclusions du présent synode. Sauf s’il s’agit de convoquer des Etats généraux « sauvages » hors de tout cadre canonique. Mais je ne vois pas très bien qui pourrait prendre cette initiative avec quelque chance de succès…

  • La déchristianisation doit bien davantage à mon avis à la sécularisation de nos sociétés occidentales, au consumérisme, au libéralisme capitaliste, voire à ces « vertus chrétiennes devenues folles » dont parlait Chesterton.

    • Vous n’avez probablement pas totalement tort Michel. Mais permettez moi quand même de rajouter qu’il n’est nul besoin de rajouter à ces causes externes des causes internes. Je pense en premier l’usage de mots anciens n’ayant plus le même sens aujourd’hui. Il faut parler aux humains d’aujourd’hui. De même, si la structure de l’Église et son fonctionnement est bien adapté à l’époque grégorienne, ne peut-on envisager aujourd’hui des adaptations ? Surtout, quand la forme est, fortement soupçonnée de générer des abus systémiques ? Ceci, en préservant l’essentiel : l’animation et l’organisation d’un peuple annonçant l’Évangile. Il faut accepter l’idée que tout ne se fasse pas en un seul jour, certes. Mais rejeter d’avance des propositions (la curie face au chemin synodal allemand) jugées trop vieilles de 50 ans, alors qu’ils faut toiletter des institutions ayant entre 500 à 1000 ans ne me parait pas aller dans la bonne direction.

      • Je ne vous dis pas, Dominique, qu’il ne faut rien changer dans l’organisation de l’Eglise, l’Eglise est « semper reformanda », mais je pense qu’il serait bien naïf de penser que changer les structures résoudra tous les problèmes.
        Quant à « l’usage de mots anciens n’ayant plus le même sens aujourd’hui », je ne sais à quoi précisément vous pensez ? Bien sûr, il convient d’expliquer le sens des mots quand ils ne sont plus compris, une langue évolue, mais il serait là aussi bien imprudent de se référer aux seules modes passagères du langage (exemple : le wokisme).

        • Michel,
          « Se référer qu’à une seule mode passagère », écrivez-vous. N’est-ce pas ce que l’on fait actuellement ? Les mots de de la foi date, pour la plupart depuis des grands conciles (du IV° siècle). Ne risquons nous pas d’enfermer la foi dans des mots disant autre choses qu’il y a 1600 ans ? Dans une mode trépassée (très passée) pour le coup ?
          J’accepte par avance l’idée que mes arrières petits enfants ne diront peut-être pas la foi avec les mêmes mots que moi, si c’est la même foi. Je ne m’attache pas à la mode d’aujourd’hui, ni à celle d’avant hier…
          S’il fallait pour réformer ce qui ne marche pas, (et pour être clair, le cléricalisme qui semble être la cause des abus.) d’avoir la solution qui règle tous les problèmes, on ne ferait rien.
          Donc, ne nous attaquons pas aux abus en tous genres parce que ça ne résoudrait pas tous les problèmes ?! Ou, docteur, j’ai une plaie à la jambe, mais je ne m’y attaque pas parce que ça ne guérirai pas ma rage de dent aussi ???
          Pas un peu une raison pour ne rien faire ? Non ?

  • Cette lettre de jeunes parents de 4 enfants m’a aussi profondément touché, malgré ou à cause de ce que Julien nomme « boboïsme », et en particulier cette crainte de penser bientôt que la plupart des évêques sont menteurs: « Comment des hommes sincères -car nous osons encore espérer qu’une majorité le sont- ont pu laisser dire un mensonge aussi gros? ». D’abord parce qu’elle survient alors que je re-déguste lentement le courrier que mon épouse et moi avons échangés avant nos fiançailles (1 an 68/69 elle en Allemagne, moi en France) puis lors d’une séparation avant la naissance de notre 1er enfant (4 mois 71, elle en Allemagne puis France, moi en Algérie). Nous avons aussi 4 enfants et la moelle de l’évangile était l’axe de nos vies, cela se lit à travers plein de petites choses, et l’est resté. Et aussi parce qu’une pénible longue journée récente m’a aidé à avancer grandement la relecture de Jean Barois (1913, Roger Martin du Gard), avec notamment les discussions amicales le plus souvent entre ce personnage (ado, jeune adulte amoureux, adulte et père prof de sciences naturelles) avec des clercs de types divers: littéraliste (vicaire de petite ville de campagne), symboliste (prof Suisse qui navigue entre foi et raison), directeur d’établissement d’enseignement élitiste parisien. Ce roman expose l’évolution spirituelle d’une personne et donc les idées qui agitaient les gens d’alors: idées qu’on retrouve encore largement à l’œuvre 110 ans plus tard. 
    Quand je revois nos évolution personnelle (notre famille et nos proches) je me demande où en sera ce jeune couple dans 10 ans, dans 40 ans? Que retiendront leurs enfants de ce qu’ils vivent et vivront avec ces chouettes parents? Au plan plus général, de Jean Barois je déduis, ou plutôt cela confirme, que V2 a commencé avec au moins 50 ans de retard, et que l’avoir dépouillé de sa vie, de sa vitalité, dans la foulée ne pouvait que conduire au désastre actuel. Je crois avoir déjà exprimé combien la crise des abus n’est que l’écume d’une lame de fond dont l’origine remonte au moins à la Renaissance, si ce n’est aux précurseurs comme Abélard, Jan Huss…
    Alors oui, trois fois oui, je partage le choix de ce jeune couple auquel je souhaite de maintenir l’espérance qu’ils affichent encore en l’Institution, et ke lui souhaite de ne pas recevoir en retour, comme moi il y a 30 ans de mon évêque ce laconique « je prie pour vous » manuscrit au bas d’un courrier très administratif, véritable douche froide qui m’a confirmé qu’il fallait beaucoup douter peiner avant de, peut-être, croire.
    Je sais maintenant que l’Institution comprendra trop tard qu’elle n’est pas, et c’est heureux, l’Église. A lire dans la Croix ce qui préoccupe par exemple le clergé Italien, qu’il s’agisse de l’épiscopat sur les crimes et abus sexuels, ou l’attitude du clergé ordinaire face à l’effondrement du mariage à l’église, ou encore sur la mafia qui règne sur la curie romaine, la réponse est sans appel: ils ne peuvent pas comprendre parce qu’ils ont la trouille de tomber de l’échelle: ils sont collectivement émasculés au sens spirituel et le Pape, quel qu’il soit à leur tête parce que, s’il en avait il n’accepterait ni la fonction et ses responsabilités.
    Alors, parler synode relève de la recherche, historique ou préhistorique, voire du joujou pour petit enfant.

  • Cher René, nos évêques sont trop timorés et le peuple chrétien français trop divisé pour envisager une démarche synodale nationale. On peut toujours voir ce que vont donner les synodes romains et allemands… mais le synode sert surtout à discerner la volonté de Dieu. Quand Jésus promet l’Esprit Saint à son Eglise, je doute fort que cette promesse concerne l’ institution . Elle concerne les cœurs. Quand l’Eglise ci etait au sommet de sa puissance au début du XIIIe siècle, temps des cathédrales, des croisades victorieuses et du pape Innocent III, l’Esprit s’adresse à François d’Assise et l’invite à reconstruire son Eglise qui, « tu le vois , est en ruine » ! Une fois qu’il a compris le message, François embrasse le lépreux et ouvre au hasard l’évangile pour discerner ce que Dieu attend de lui. C’est en gros ce que nous invite à faire Pierre Vignon. Dans leur livre, Schlegel et Hervieu-Leger nous annoncent une Eglise de « diaspora ». Quand le temple a été détruit, le peuple juif s’est replié sur la synagogue et la Thora. Nous, il nous reste l’Evangile et les psaumes : « Mon âme a soif de Toi… Le sacrifice qui plait à Dieu, c’est un esprit humilié… ». Ayons confiance.

  • J’ai été lire la lettre évoquée du bobo-catho, et j’ai été horrifiée de ce discours bon teint, convenu, propre sur lui, du « on-a-fait-tout-bien ». Et donc maintenant, boum, voilà que l’affaire Santier chamboule tout. Vif émoi entre mon pain bio et mes carottes sable. Et bah du coup, tiens je paye plus mon denier, et prends ça dans la gueule. si en plus on n’en a plus pour son argent.
    Quelle sinistre blague.

    • Rien de tel que la punition collective si chère a mes souvenirs de mon assez lointaine jeunesse aujourd’hui,et il est bien évident que ne plus partciper au denier du culte est la meilleurs solution au problème et les personnes percevant un salaire de l’Eglise catho vous en seront infiniment reconnaissant ,c’est bien certain

      • Pardon Domnique, je n’ai aucune opinion sur le denier du culte.
        Mais en revanche souvent, en vous lisant, ou en lisant les commentateurs qui spiritualisent la situation, me revient paradoxalement la phrase de Dante : « Vous qui entrez ici, laissez tomber toute espérance ».
        Ne faisons rien, mektoub, c’est le destin. S’accommoder du mal dans l’Eglise quand il touche les autres est un peu court. Il suffit d’avoir assisté hier au bilan de la Commission Reconnaissance Réparation, où la colère mais surtout la douleur des vctimes de l’Eglise étaient palpables dans la salle pour réaliser, enfin je l’espère, que miser sur quoi donc déjà ? la prière, l’Esprit Saint, la conversion… et leur dire quoi donc ? Que l’Espérance c’est seulement le Christ et puis débrouillez-vous avec ça, ça ne va pas le faire.

      • Confusion à tous les étages Dominique. Une punition collective est donnée par un maitre, un supérieur (ou dominant) à un groupe… Ici en l’occurrence le terme est inapproprié. Car c’est l’inverse qui se produit. C’est des membres du groupe qui proposent une action concertée, une réaction devant une situation intenable. Je ne cache pas que cette action me tente, surtout quand je vois des réactions de minimisations comme la votre… Ou comme le recadrage du chemin synodal allemand par la curie. Je veux bien d’autres actions, mais pas grand chose d’autre ne se présente.

    • Les bras m’en tombent à lire de telles caricatures « même le pain bio et les carottes sables » (absents de la fameuse lettre…) ont été appelés à la rescousse. Du coup, j’ai relu la lettre moi aussi. Et la première chose qui me vient à l’esprit c’est « qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ». Et ici, de boboïsme. L’affaire est réglée, reléguée entre les carottes et le pain. Le fond de l’affaire a disparu dans le sable des carottes !
      Drôle de procédé pour tuer débat et réflexion…
      Certes le couple, auteur de la lettre, est d’un bon milieu. Et alors, cela leur interdit de parler ? Pas un peu maoïste comme tournure d’esprit, ça ?
      Faut-il refuser la réflexion d’un couple sous prétexte qu’ils sont universitaires ?
      Ne serait-ce pas plutôt ce qu’ils disent que l’on veut masquer ? Par exemple que l’institution cléricale actuelle n’est pas une nécessité théologique… Ou encore la découverte de l’aspect systémique des abus dans le rapport de la CIASE ?
      Je ne crois pas que les écrans de fumée servent à faire avancer la réflexion.

      • « Au fond, notre choix ne relève donc pas d’une indignation morale envers la perversion de certains prêtres et de certains évêques – des pervers, hélas, il y en aura toujours –, notre choix est ecclésiologique. C’est parce que nous croyons que l’Église n’est pas liée à sa forme institutionnelle actuelle (la théologie et l’histoire nous semblent le montrer), et plus encore, que nous croyons qu’il est maintenant manifeste que cette forme-là fait obstacle à l’Évangile, que nous posons ce choix. C’est donc un choix pour l’Église et non contre elle. »
        Vous reconnaissez, Dominique Lucas, un extrait de la « Lettre à notre évêque ».
        Moi, les bras ne m’en tombent plus que le choix soit « ecclésiologique » et non « moral ».

        Bien avant le rapport de la CIASE, grâce à des amis ayant vécu des abus, grâce à des sites comme l’AVREF ou l’Envers du décor, j’ai ouvert les yeux et j’ai vu. Ce n’est pas une forme qui a détruit, c’est le déni, l’euphémisation, la lâcheté. Ce sont donc des personnes. Que le mensonge, la dissimulation les masquent, quoi d’étonnant ?

        J’ai compris plus vite ( que l’épistolier savant) et j’en suis bien contente.Je me suis moins pris le chou aussi. Intriguée, j’ai fait quelques recherches et lu Les naufragés de l’Esprit, auteurs pionniers prêchant dans le désert… J’ai commencé de découvrir l’horreur avec le témoignage de Xavier Léger sur La légion du Christ, et j’ai enchainé avec Saint-Jean puis les Béatitudes.

        Ce qui s’est fissuré, puis écroulé, ce n’est pas ma foi c’est ma représentation. De l’imaginaire, du normatif, du rassurant.Vais-je faire tout un fromage d’une représentation qui ne vaut rien ? Mais qu’elle s’effondre, et plus vite que ça !

        Cette « Lettre à notre évêque » autour d’une forme ou d’une non forme ( l’Eglise) quand des vies sont détruites, réduites à la misère, à la honte, à l’angoisse, m’indigne. Sinistre blague, oui, entre mon pain bio et mes carottes sable, c’est-à-dire dans un monde qui ne concerne pratiquement personne.

        Quant à l »Eglise a-t-elle jamais ( voir Delumeau) réconforté la foi ? Elle a transmis la Parole, c’est son seul titre de gloire. Mais quand bien même il n’ y aurait plus d’Eglise, de forme ceci ou cela, il y aura toujours des « abus », des mensonges, des dissimulations. Ce sont les hommes qui font les formes et pas l’inverse.

        Si l’illusion s’installe d’un avenir meilleur « sans-pour Eglise », elle se fera aussi redoutable que la soumission par trop aveugle aux « frères évêques », clercs , religieux ou zélés laïcs.

  • « Résurrection, insurrection ; Anastasis internationale entend réactiver la puissance politique de la résurrection du Christ.  » : tel se présente clairement – et anonymement- le projet du Collectif Anastasis dont le site a publié la Lettre à notre évêque. Il poursuit : « nous voudrions entendre le « Que ton règne vienne » évangélique dans toute sa puissance messianique pour destituer toute idolâtrie politique ou économique et profaner toute séparation pour instaurer la communion. » (https://collectif-anastasis.org/podcasts/ ). Communion de quoi ?

    Enfin cependant des questions de fond ! des réflexions qui ont manqué/manquent cruellement, étouffées par le bisounoursisme des communautés nouvelles, alors érigées au rang de salut pour l’Eglise. On voit ce qu’il en est à présent.
    Mais imaginons le catholicisme dans une cinquantaine d’années, quand chacun aura tout loisir de crever de chaud et verra, définitivement détruit, son émerveillement face à la nature. On regardera alors la neige et les glaciers dans des films et des documentaires et il faudra expliquer ce qu’étaient ces splendeurs aux enfants tout surpris. Quand les vestiges d’aujourd’hui ( des messes deçi-delà par exemple) auront disparu avec toutes nos illlusions. Que pourra bien signifier  » Que ton règne vienne » et sa potentialité politique, selon Anastasis ?
    Je crains que ces vertiges absolûment inédits ne poussent à des leurres désespérés, aux risques idéologiques et sectaires.

    Jamais sans doute la question qu’est-ce qu’être chrétien, quelle est la nature de l’agir chrétien ne s’est posée avec autant d’urgence et d’acuité. Je comprends très bien le projet d’Anastasis, mais je ne le partage pas. Jésus l’ a dit très clairement : « Mon royaume n’est pas de ce monde ». Personne pourtant n’est plus révolutionnaire que lui ; personne n’ a autant échoué que lui.
    La Résurrection sauve la mise de l’Incarnation, mais ni l’une ni l’autre ne sont pas de ce monde, quoique dans le monde. Alors la liberté, pour quoi faire s’interrogeait Bernanos ?

    François d’Assise, homme du religieux XIIIème siècle, a bel et bien donné à l’histoire le moment unique et remarquable – et si étrange- de son action. Mais son rêve a échoué. Il ne voulait aucune règle pour ses frères. La suite s’est passée pour lui dans un coeur à coeur stigmatisé et sans faire injure aux franciscains, le Poverello reste unique. L’exception qui confirme la règle. Quelle règle ? La règle de quelque chose de durablement impossible dans le monde.

    Une amie, résistante puis déportée dans ses vingt ans, me racontait avoir assisté aux entretiens tenus par le Père de Montcheuil, futur aumônier assassiné du maquis du Vercors. Les deux ont rejoint « la maison du Père » comme on dit. De leur action que reste-t-il ? La menace plane ( dénoncée par Anastasis) de temps non-démocratiques. Il reste la profondeur de personnes pour qui, finalement, aucune de ces questions ne se posait alors que l’assurance de la victoire contre le nazisme autant que de leur sauvegarde personnelle ne relevait pas de l’espoir objectif, mais de l’espérance déraisonnable.
    Pour l’espoir, Francois d’Assise, le Père de Montcheuil, cette amie, et tant d’autres, en réalité c’est raté.Le monde n’est pas plus avancé, mais plus détruit, et plus détruit, déjà, irrémédiablement. Pour l’espérance, non. N’est-ce pas au fond ce que dit Jésus :  » Le serviteur n’est pas plus grand que le maître » ?

    Faut-il choisir entre l’aporie et sa dimension politique ou le mystère et sa dimension mystique ? Et entre deux la tiédeur, le confort, le pouvoir.

  • Julien,

    Comme le dit M. Poujol, je ne comprends pas ce qu’il faudrait pardonner aux Évangiles.
    Ou on entre dans leur « intelligence « ou pas. Et ce dernier point n’est pas un reproche; chacun ayant tendance à interpréter d’après son vécu.
    Mais je persiste, quant à moi, à croire qu’un Dieu qui ne nous aimerait pas gratuitement n’est pas un Dieu mais soit une réminiscence des croyances païennes idolâtres, soit de l’inconscient qui nous amène au «  Dieu pervers ».
    La philosophe Simone Weil, touchée par les Évangiles, alors qu’elle n’en avait aucune connaissance auparavant, écrit que Dieu «  n’a créé par amour que des œuvres d’amour » et s’est effacé, d’abord dans la création puis dans l’Incarnation ( thème de la Kenose ) dans ce magnifique écrit «  Pensées sans ordre sur l’Amour de Dieu ».
    Par ailleurs, je ne confonds pas un « chantage » avec une exigence. Et l’amour vrai, si tant est qu’on y parvienne, n’est pas sans exigences.
    Et, à cette aune, j’avoue que rien ne me choque dans les Évangiles à resituer aussi dans le contexte du Judaisme de l’époque et de l’interprétation des premiers Chrétiens. Concernant la théologie du péché originel, de la reparation par la mort du Fils; c’est autre chose.

    Par ailleurs, il n’est pas question de « pardonner » à l’Eglise mais d’exiger qu’elle ne soit pas en contradiction avec ce qu’elle prône. Ce qui est tout autre chose et relève aussi de l’exigence de justice.

    Et si je puis me permettre, la célèbre citation de Socrate n’a rien à voir avec l’introspection « moderne ». Pour Socrate, se connaître consiste à prendre conscience de l’étincelle divine immortelle qui est le fond de l’âme et la vérité de notre nature . C’est pourquoi, encore pour Simone Weil, il y a des « intuitions pre- chretiennes «  dans la Philosophie antique.

  • Et c’est ainsi, MICHEL que l’on a transforme » le « serviteur inutile » en « serviteur quelconque » et que « vade retro satanas » est devenu « passe derrière moi Satan » assurément plus soft. Or nous sommes tous des serviteurs inutiles car qu’pportons-nous donc à Dieu le Pére tout puisant ?

    • Dominique, vous semblez avoir une vision bien triste de vous même – et donc de Dieu qui nous aurait faits créatures inutiles !

      Je vous recommande le psaume 138 matin et soir, au moins jusqu’à Noel.

      • Emmanuel, pour ma part j’essaie de répondre à l’amour du Seigneur malgré ma médiocrité mais comme dit je ne sais plus qui « ce que je fais quelqu’un d’autre pourrait le faire ou personne d’autre d’ailleurs; je suis donc un serviteur inutile et lorsque je partirai le monde continuera de tourner sans aucun problème…

        • Dominique, je suis en désaccord avec cette idée.
          S’il est évident que d’autres personnes pourraient faire ce que vous faites, il est très probable qu’aucun autre que vous le ferait exactement de la même manière. Nous sommes des personnes, pas des individus !

          Le monde tourne très bien depuis que Michel Ange, Saint Paul, Socrate et mes grands parents sont morts, ce n’est pas suffisant pour prétendre qu’ils étaient tous inutiles.

          Par ailleurs cette idée me semble dangereuse : à nous dévaloriser de la sorte, nous donnons libre cours a tous les manipulateurs en herbe. Bien évidement, il est illusoire à l’opposé de se croire tout puissant.

          • Pour abonder je dirai même que dès lors que tout être est unique et singulier il est serviteur utile au travers des actes qu’il pose en ce sens que s’il pose des actes faux, mauvais… il est mauvais serviteur. L’opposé de mauvais ne peut pas être inutile…

          • Mais enfin, moi qui suis un simple homme au milieu de milliards d’autres en quoi donc apporterais-je donc quelque chose au Pére tout puissant ?
            Pour moi, Dieu n’a absolument pas besoin de nous mais il a ? dans sa bonté ? accepter de nous donner un rôle à jouer,rôle que nous ne jouerons qu’avec son aide en plus A vrai dire peut-être suis je le joueur de triangle dans l’Orchestre, mais rien de plus.
            Ce n’est pas pour autant que je suis prêt à suivre le premier qui me dira après avoir beaucoup prié pour toi l’Esprit Saint m’a dit que tu devais adopter tel ou tel comportement
            Qu’on soit parfois inspiré du Saint Esprit est tout à fait possible, mais quand ?

  • A Anne
    En ce qui concerne le droit canon , on sait pourquoi il ne prend pas en compte les victimes : Parce qu’il n’a pas été conçu pour ça .
    C’est un droit qui n’envisage , dans sa dimension pénale, que les offenses faites à Dieu et à l’église comme mandataire de Dieu sur terre , Il n’est pas un droit conçu pour prendre en compte la responsabilité vis à vis d’autrui .
    C’est la raison pour laquelle jusqu’à une date récente la masturbation , l’adultère et le viol étaient considérés exclusivement comme un manquement au sixième commandement .

    De plus le droit canon n’a jamais considéré la personne humaine comme sujet de droit d’abord parce qu’il a été élaboré avant que cette notion soit reconnue dans l’organisation sociale et ensuite parce que le notion de « droit de la personne humaine  » est toujours considérée comme une infâme invention de la philosophie de Lumières (quand bien même elle est historiquement antérieure )
    C’est en cela et déjà sur ce seul aspect que l’on peut a juste titre dire que la logique de l’abus est systémique dans l’église en ce qu’elle n’est pas concevable ni pensable donc qu’elle ne peut pas être combattue .
    Toutes les bonnes intentions exprimées par les évêques se heurtent à cette réalité .

    • « et ensuite parce que le notion de « droit de la personne humaine  » est toujours considérée comme une infâme invention de la philosophie des Lumières. » »

      Comment expliquez-vous dans ce cas, Guy, que tout l’enseignement de Jean-Paul II, inspiré par le personnalisme, ait été centré sur « la dignité de la personne humaine » ?

      • Cette histoire de « dignité de la personne humaine » m’apparait comme une ruse de JPII pour donner un pendant aux « droits de la personne », version Catholique.

        « Dignité » que – bien évidement – le magistère contrôle, ce qui lui permet de dire ce qui est digne ou pas – du haut de « l’expertise en humanité » dont il serait le dépositaire.

        L’histoire récente nous montre que l’institution à une idée bien particulière de ce qui est digne ou pas, et que c’est souvent bien loin de ce que pense la société en général. Peut-être que la société se trompe, mais sur les agressions sexuelles du clergé, c’est maintenant elle qui a la main.

        • Et puis parler d’égale dignité évite d’avoir à parler d’égalité tout court. On le voit bien sur la questyion de la place des femmes das l’Eglise. Quitte à faire mentir Saint-Paul : »Désormais il n’y a plus ni hommes ni femmes… »

          • L’égalité homme femme bien sûr mais alors pourquoi donc moi en tant qu’homme je n’ai pas à partager la souffrance des femmes mensuellement ni à savoir ce que c’est que de mettre un enfant au monde?
            Inégalité absolue!
            Et puis ce n’est pas parce qu’on n’a pas la possibilité de prononcer les paroles de la Consécration qu’aux yeux du Christ ‘opn est un « catho » de qualité supérieure pour autant d’autant plus que le Christ a dit
            « ‘à qui on a beaucoup confié il sera demandé davantage »

          • Soit la dignité de la personne selon JP II est étrange, soit elle a été étrangement comprise ou pas appliquée dans l’Eglise, soit c’est parce que le droit n’a pas suivi. Ou tout cela à la fois. En tout cas, les résultats calamiteux sont là en matière de sexualité et d’emprise spirituelle effectivement.

        • Sur la dignité de la personne humaine comme ruse pour adapter le magistère au goût du jour, je ne suis pas loin de ressentir les choses comme vous. Car je n’ai jamais compris à quoi elle se rattachait sur le plan scripturaire ou dans la philosophie médiévale, qui reste quand même le point de référence préféré du magistère.

          • Julien,

            Bien sûr que si ! Contre d’autres traditions philosophiques et religieuses qui justifient l’inégalité, l’Ecriture énonce l’égale dignité de tous les etres humains puisque tous créés par Dieu, » à son image et ressemblance «,  tous également rachetés par le Christ.
            Cf St Paul «  Il n’y a plus ni Juifs ni paiens, ni hommes ni femmes .. ».
            Il s’agit certes uniquement d’une égalité spirituelle qui peut aller de paire avec de grandes inégalités de fait. Mais c’est la matrice sur laquelle s’est construite toute la civilisation occidentale et qui a pu, paradoxalement, aboutir aux déclarations des droits de l’homme.
            « Seule la civilisation germanique ( entendre européenne par la conversion des tribus germaines au Christianisme ) a pris conscience, avec l’adoption du Christianisme que l’homme en tant que tel ( c’est à dire tous les etres humains ) est en soi libre, que la liberté constitue sa nature même. Mais cette conscience est d’abord apparue dans la religion (…). Faire pénétrer ce principe ( d’égalité des toutes les personnes humaines) dans le monde exigeait un long et pénible effort d’éducation ». ( F. Hegel: «  Principes de la philosophie du droit »)

      • A Julien
        En quoi J P II a t’il tenté de concrétiser ses belles parole dans les actes et dans le droit de l’église ?
        Je ne juge pas les hommes , je constate des faits .
        Jean Paul II s’est totalement inscrit dans la logique culturelle de l’église romaine : affirmer des principes abstraits sans jamais se préoccuper de leur réalisation concrète .
        Précher la dignité de la personne humaine et promouvoir M Maciel par exemple , condamner la théologie de la libération qui elle promouvait dans un contexte précis la dignité de la personne humaine aliénée par des conditions de vie indignes etc ….
        L’institution écclésiale n’a toujours pas intégré que nos mentalités actuelles n’accordent de crédit aux paroles que lorsque lelles sont confirmées par des actes .

    • A Guy,
      Je ne vois pas la solution. Prendre en considération l’avancée des droits de la personne sera toujours pour l’Eglise un affadissement, une sécularisation, une abominable compromission avec le « monde ». Elle préfère continuer à dire à ceux qu’elle affilge elle-même « Heureux les affligés » et qu’ils doivent supporter la souffrance que le Christ a subie avant eux et puis pardonner comme il se doit. Ça a fonctionné jusque-là. Je ne suis pas sûre qu’elle puisse faire cela encore très longtemps et pourtant ça m’etonnerait qu’elle en démorde.

      • Anne, elle n’en démordra jamais sauf à ruiner à jamais le message du Christ. pardonner à ceux qui nous ont offensés,n’est certes pas une partie de plaisir et ne correspond en rien à la mentalité humaine mais si on, y renonce pourquoi dès lors se dire chrétien?
        « Père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »

        • Sauf que le Christ lui, peut formuler cette phrase parce que précisémet il est victime. Je ne conteste personnellement à aucune victime le droit de pardonner ou de demander à Dieu e pardonner. Mais il n’appartient pas à l’institution de se substituer à la victime pour pardonner à sa place ou faire pression sur elle pour la contraindre au pardon.

          • Il n’est absolument pas question de « contraindre » mais de pousser l’offensé à pardonner avec infiniment de délicatesse bien sûr, et si l’offensé ne pardonne pas aujourd’hui qu’importe, peut être qu’il pardonnera plus tard

          • D’autant que le Christ n’a pas dit qu’il pardonnait, même si on peut le supposer, mais a demandé à son Père de pardonner.
            Le pardon, tel qu’il a été présenté jusqu’ici par l’Institution, a été un puissan moyen de faire taire les victimes, rajoutant ainsi l’abus à l’abus. Et c’est en agissant ainsi, par ce « dévoiement de la Parole » comme le dit Marie Balmary, qu’elle n’est pas été chrétienne me semble-t-il.

      • A Anne
        Cette forme d’église a bâti son organisation sur une ecclésiologie qui sacralise le sacerdoce ministériel et elle est de ce fait est structurellement abusive .
        Vatican II en revenant à la tradition antérieure a tenté de redéfinir l’église à partir du peuple des baptisés sans toutefois aller au bout de la logique puisque le sacerdoce ministériel est toujours défini comme d’une autre nature et hiérarchique .
        La seule solution pour combattre le caractère systémique des abus serait de revenir à cette ecclésiologie du peuple des baptisés dans laquelle le sacerdoce ministériel serait effectivement défini comme une fonction de service et non comme un statut sacralisé . Et d’en déduire une organisation de l’institution .

        Mais de cela personne n’en veut , ni les évêques , ni les prêtres pour qui ce statut fournit une identité de substitution , ni les fidèles attachés à une forme de l’église qui est d’abord envisagée comme un moyen de structuration sociale .
        Il suffit de lire la très précise et pathétique lettre écrite par Jean Marie Guénois dans le Figaro pour mesurer toute l’opposition à un quelconque changement structurel . .

        On se contente alors de donner le change : on reconnait à Lourdes le bien fondé du rapport de la Ciase on s’engage à la transparence sur ces cas d’abus mais on continue de cacher les raisons du départ de M Santier let les sanctions canoniques visant les prêtres et les évêques . On constitue un fond d’indemnisation des victimes mais on en limite soigneusement la portée et la vitesse de traitement des dossiers . .

        L’église ne se situe toujours pas dans une logique de responsabilité du fait de ses actes . Elle se place toujours dans le champ de la charité pour calmer les esprits quand ses errements sont trop choquants aux yeux de l’opinion publique .

        D’aucuns peuvent de réjouir de ces petites avancées , elle ne servent qu’à dissimuler que la culture et les mentalités catholiques (clercs et fidèles confondus ) n’a toujours pas changé .

  • J’ajouterais qu’il y a une véritable indécence à prôner ainsi le pardon de façon si rapide et légère et surtout aux autres alors que l’on n’est pas dans leur situation.
    Cette injonction; «  il faut pardonner » ou «  je prie pour que tu pardonnes »; je l’ai reçue.
    Et je peux dire que cela fait l’effet d’une gifle balancée en plein visage et c’est d’une violence psychologique incroyable.

    • Dominique,
      ‘Avec infiniment de délicatesse ».. C’est donc que vous n’avez jamais entendu, votre dignité et vos droits les plus élémentaires ayant été gravement atteints : « BIentôt vous allez pardonner et puis tout rentrera dans l’ordre ». Et un dossier de plus classé sans suite, tandis qu’on vous renvoie à votre seule responsabilité et, accessoirement, à votre culpabilité.
      Ah ! C’est très fort ! Continuer à faire pression sur la conscience de ceux qui ont été abusés précisément au niveau de cette conscience.
      Mais ce qui me rassure pour les personnes à qui on tenait ce petit discours, c’est que ça ne marche presque plus, même si par extraordinaire elles sont restées dans l’Eglise.

    • Allons Marie-Christine je ne crois vraiment pas avoir parle du pardon de façon » si rapide et si légère comme vous dîtes Quant à votre distinction entre les Paroles du Christ et celles du Pére me laisse sans voix et « pardonne-nous nos enfances comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » qui donc a pu dure une telle énormité???
      Enfin je ne vois décidément pas de acandaleux à prier pour qu’une victime trouve le chemin du pardon à l’égard de son agresseur

      • Personne ne vous a demandé de cesser, vous, de prier pour que le pardon (et la réconciliation) vienne : ce qui suppose que les abus ont non seulement cessé mais ont été reconnu par l’abuseur. Je ne vois pas comment entamer une démarche de pardon si d’aventure les abus continuent, même avec quelqu’un d’autre…
        Moi, il me semble à la lecture de Marie Christine qu’elle parlait d’  » injonction; « il faut pardonner » ou « je prie pour que tu pardonnes » ». C’est cette injonction qui pose problème. Surtout si elle se comprend comme « tais-toi et prie » quand la victime a besoin d’être entendu, comprise et souvent rassurée sur son innocence…
        Je me permets de vous inviter à méditer cette déclaration de Marie Christine « Et je peux dire que cela fait l’effet d’une gifle balancée en plein visage et c’est d’une violence psychologique incroyable. »
        Maintenant, vous êtes libre de vouloir minimiser le tort fait aux victimes, même inconsciemment, tout en les accablant, et ceci pour mettre un écran de fumée supposé « spiritualiste » devant le problème systémique du clergé.

  • Dominique,

    Vous parlez en théorie. Ce qui ne mange pas de pain évidemment . Mais, dans une situation concrète, vous n’avez ni à contraindre ni à pousser au pardon, meme avec une infinie délicatesse. Vous avez d’abord à vous taire.
    Par simple respect, laissez l’autre libre de ses réactions. Vous n’êtes pas à sa place.

  • Dominique,

    En réponse à un autre message, vous confondez identité et égalité en dignité.
    Les etres humains tous différents ne sont pas identiques.Les enfants ne sont pas des adultes et réciproquement. Les femmes ne sont pas des hommes et réciproquement etc…etc…
    Mais c’est justement en raison de toutes ces différences qu’il ait besoin de proclamer leur égalité en droit. Sinon, ce ne serait pas aucunement nécessaire.

  • « On est quelquefois un sot avec de l’esprit; mais on ne l’est jamais avec du jugement ». La Rochefoucauld
    Merci Monsieur Poujol pour cet espace de dialogue ouvert et tenu depuis une longue durée, pour les témoignages et les éclairages construits, étayés. Sans vouloir ranimer la guerre des deux France, je trouve dans votre blog des éléments pour comprendre cette lutte entre des forces passéistes et leurs très habiles propagandistes et une pensée des Lumières, qui n’est pas incompatible avec l’Evangile. Quand je me rends à une conférence de Jean-Marc Sauvé, je ne vois pas un vilain comploteur hostile à l’Eglise-de-toujours, mais un serviteur. Merci pour le service que vous rendez à travers ce blog et aux contributeurs réguliers qui ne parlent pas dans le désert.

    • Merci de votre confiance. Je me contente d’essayer d’animer fort modestement, le type d’espace qui me semble aujourd’hui nécessaire aux croyants dans notre Eglise ultra verrouillée. Mais après tout, sans doute est-ce là la vocation propre des laïcs dont je suis.

  • Il me semble qu’une ohilosophie de la personne essentiellement relationelle serait apte à faire avancer la question. Levinas n’était pas chrétien mais lecteur du texte biblique (juif). Il a approfondi cette dimension d’interpersonnalité. C’est autre chose que la dignité de la personne et l’égaltité des individus issues des droits de l’homme C’est plus profond.Ca va plus loin.Car, par le biais de l’égalité des individus, on ne parvient pas à établir son inéniabilité. Or, l’autre, son inéniabilité ne peut être montrée et manifestée que dans une relation authentique. L’approche de Levinas insiste sur le fait qu’on ne peut accèder à l’autre qu’en se démettant de toute volonté de main-mise, de possessivité sur lui, et donc, dans le contexte des abus, on opèrerait une pure et simple négation de l’autre en s’en servant comme d’une chose à disposition de ses désirs propres. Une négation de la relationnalité équivaut, dès lors, à une mise à mort, comme le dit encore Levinas. On tue la personne en l’ignorant telle et en passant totalement au-dessus de ce qu’elle est réellement pour la travestir. Quand on se sert d’un enfant pour en jouir, on gomme son altérité, et donc, ce qu’il est réellement, pour une toute-puissance négatrice de relation interpersonnelle: qui seule peut le poser en son être propre. J’ai remarqué que, dans la pensée catholique, on parle volontiers de la personne et de la dignité personnellle (y compris St Thomas d’Aquin), mais on manque la plupart du temps le thème de la personne comme essentiellment relationnelle, supposant la vérité et vérification des deux entrant en relation et ne s’accomodant pas de relation qui n’en serait aucunement et ne validerait pas l’être personnel, mais seulement sa façade et sa forme extérieure utilitaire.

    Si l’on est personne et tout homme l’est, alors cela suppose qu’on accepte d’entrer dans des relations au vrai sens du terme, et non qu’on s’en foute complètement pour jouir de l’autre comme ça nous plait, sans prendre en considaration qu’on est face à des personnes requérant qu’elles soient traitées comme telles et non comme des torchons ou une bouteille de bière qu’on jette après l’avoir vidée de son contenu. C’est bien ça qui se passe. Les pédophiles ou les voleurs subreptices de baisers franchissent l’interdit qui les sépare de l’autre pour les réduire au même de leur inextinguible voracité. Ils prennent les autres pour une extension de leur égotisme exacerbé. Ce qui m’ a choqué en toutes ces histoires sordides, c’est l’ignorance crasse que recouvrent ces actes abusifs par rapport à l’humain comme tel. On serait pasteurs, responsables de la vie des gens, et on ignorerait complètement ce qu’est une personne humaine avec qui on ne peut entrer en relation qu’avec infini respect, se tenant soi-même en retrait pour les laisser être. Lausser-être, c’est permettre à l’altérité de se manifester dans son inconfusible particularité et spécificité. C’est ça dont ion souffre le plus; ne pas être traité comme personne humaine mais comme pion, ou moyen utilitaire et fonctionnel.

    Il y a les passeurs à l’acte, minoritaires. Et il y a tous les autres, impérieux, qui se moquent des personnes et en font des adeptes de leur groupe considérés, en gros, comme un troupeau, sans considération pour la valeur et la qualité de la relation juste, à chaque fois unique, seule importante.
    A mon avis, ce qui a manqué en tout cela, c’est un peu plus d’instruction en philosophie et psychanalyse, et moins d’activisme irréfléchi.
    Quand on pense qu’un évêque, bien noté par aillleurs, procédait à l’effeuillage de jeunes hommes dont il était responsable spirituel, et qu’il a eu ensuite des responsabilité importantes à la tête de diocèses, on se demande quelle responsabilité il était apte à prendre face à des fidèles qui sont avant tout des personnes humaines. Il devait avoir par devers lui, une sacrée dose d’insconscience et d’inhumanité par rapport à l’humain tout simplement. Il devait avoir « la tête aillleurs », à moins qu’il n’ait été à demi-fou (c’est possible). C’est ça qui est grave. C’est une incroyable ignorance, sans doute inapprise dans des études de séminaire. Il faudrait y apprendre l’humain d’abord, par de nouvelles approches moins rassises et plus modernes.

    Tous ne sont pas « comme ça », mais beaucoup sont, me semble-t-il, engoncés dans des rôles d’apparat qui les éloigne de la vérité des relations de frère à frère pour les tenir hors de l’humain et de sa simplicité. Ce n’est pas moi qui le dit, mais le Pape, qui ne cesse de le redire..

    • A Ephrem Dominique
      J’ai toujours pensé que Lévinas avait parfaitement résumé ce qu’était le message évangélique et le sens de l’incarnation par cette phrase : » la dimension du divin s’ouvre à partir du visage humain  »
      Ou pour reprendre I Bergman « il n’y a pas de moi sans toi  »

      En christianisme le souci du prochain n’est pas sacrifice de soi ou amputation de soi mais tout à fait l’inverse : un moyen d’être pleinement soi .

      Le message d’ l’institution catholique a parfois tendance confondre le « moi  » qui est ouverture à l’autre et  » l’égo « qui est la conséquence de l’ enfermement qui dégrade le « moi « . Il y a à ce titre dans un certain discours catholique notamment clérical un refus d’être pleinement humain .
      Ce qu’illustre parfaitement une citation Inepte de l’évêque D Rey « on ne devient vraiment homme qu’en se mettant à genoux . »
      Rendons cependant à cet évêque justice sur le fait de ne pas s’avancer masqué et de promouvoir une religion aliénante qui justifie ce constat de K Marx quant à la religion : le soupir de la créature opprimée .

      Peut être faut il ici mentionner l’apport de E Drewermann avec « Struckturen des Bösen » (« Le Mal « dans l’édition française ) qui définit le péché originel comme la fuite en avant de l’homme qui refuse à consentir à être lui même ; le refus de l’homme de se situer comme responsable de lui même devant Dieu et devant les hommes et donc de vivre dans la confiance .
      Au-delà de ce que l’on peut penser du comportement des évêques ces dernières années face à la pédocriminalité des clercs et au dévoilement des abus de toutes sortes , je crois que l’on peut dire que leur souci de préserver , aux prix de vies brisées l’institution écclésiale traduit essentiellement ce refus de la confiance , ce refus de s’assumer en tant que responsable , c’est à dire ce déni d’humanité . Le déni d’humanité pour soi implique l’impossibilité à reconnaitre l’humanité de l’autre et l’incapacité à comprendre en quoi l’emprise sur le corps ou sur l’esprit de l’autre aussi ténu soit il est une négation de son humanité .

      Difficile alors de les prendre au sérieux lorsqu’ils affirment vouloir nous gouverner , nous sanctifier et nous enseigner ,Ils ne s’assument pas eux m^me dans leur rapport à autrui qui est constitutif de ce qu’est être pleinement humain .

      Les abus des clercs et leur incapacité à les comprendre pour ce qu’ils sont , sont aussi le révélateur du déni d’humanité qui ronge cette forme de l’Eglise . Ce qui est quand même troublant quand on se réclame de l’incarnation du Dieu d’Abraham, d’Yitzhak et de Jacob.

      • « On ne devient pleinement homme qu’en se mettant à genoux » (sous entendu devant Dieu bien évidemment en se reconnaissant créature et rien de plus)

        • Dominique,

          J’aime bien votre positionnement, car vous tenez courageusement un discours minoritaire dont rien ne vous fait dévier, et vous vous efforcez de rester courtois, quand bien même vous auriez envie de mordre.

          Mais je ne suis pas d’accord avec vous quand vous ressortez l’idée pascalienne de la grandeur de la prosternation. « L’homme n’est grand qu’à genoux », aurait écrit Pascal.

          Laissez-moi vous narrer une petite anecdote: un tradi que j’aimais bien assiste à la messe d’un prêtre qui dit en chaire: « Il y en a assez des chrétiens à quatre pattes. » La procession de sortie a lieu, le prêtre se dispose sur le parvis pour discuter avec ses fidèles, et lui vient à quatre pattes et le brave: « Je suis un de ces chrétiens à quatre pattes que vous n’aimez plus. Nous sommes vos petites mains.Sans nous, l’Eglise ne vivrait pas. La leçon dut être inoubliable.

          Mais vous dites qu’il faut avoir à l’esprit que nous ne sommes que des créature. J’ai beaucoup de mal avec cette notion, car étant créatif, je voudrais être créateur. Et pourtant je n’ai aucun mal à reconnaître que je n’ai rien que je n’aie reçu, que le génie est le plus déterminé des êtres, ainsi que l’exprime cette coïncidence sémantique que le génitif est le complément de détermination. Mais je me dis que Dieu nous a aimés au point de nous donner des intuitions de son intention de Création pour que nous puissions l’émaner dans ce que nous essayons de faire de notre vie ou de créer en art.

          Un jour, mon ancienne compagne demande à mon meilleur ami: « Est-ce que tu crois que nous avons eu une vie antérieure? » « Pas une vie antérieure, mais une existence antérieure. Nous avons participé à l’instant de la Création, où dieu choisit les âmes qu’il allait créer, et nous les avons vues. » Je veux croire quelque chose de cet ordre, pour moi c’est le principe de l’inspiration.

          • Julien merci,en premier lieu de la teneur de vos propos à mon égard mais je dois reconnaître que parfois je ne me contente pas de me retenir de mordre, mais de mordre réellement
            Quant au reste bien sûr qu’un artiste est un créateur mais pour moi le seul véritable créateur est le Père éternel car sans Lui rien n’existerait, même pas Bach

          • A propos de cette anecdote concernant ce prêtre lequel manifestement n’aimait pas « les chrétiens à 4 pattes » il me semble que le seul qui se soit mis réellement à 4 pattes, c’est Jésus -Christ lequel « a renoncé à son rang qui le rendait égal à à Dieu » comme le dit Paul et que reprend avec raison Michel de Guibert. Par ailleurs je trouve que ce participant qui a eu l’audace de se mettre à 4 pattes devant ce prêtre a fait preuve d’un courage certain
            Par ailleurs il est clait pour moi que se mettre à genouXxdevant Dieu ce n’est pas se mettre à genoux devant Monsieur le Curé, rien à voir

          • Pardonnez-moi mais pour de bons catholiques qui aiment, à l’occasion, faire aussi la leçon (ce qui est ici possible), un Christ à quatre pattes ne me semble pas spécialement de très bon goût. Je préfèrerais d’autres images pour signifier l’humilité du Fils de Dieu.

          • En l’occurrence, René, d’après le récit de l’anecdote par Julien, le mauvais goût venait plutôt du prêtre qui avait dit en chaire : « Il y en a assez des chrétiens à quatre pattes. »

            Cela dit, la position debout est l’attitude liturgique la plus fondamentale et la plus usuelle dans la célébration de l’Eucharistie, elle est même la règle dans les Eglises d’Orient qui ne connaissent pas de chaises ni de prie-Dieu dans leurs églises (comme c’était aussi semble-t-il le cas dans nos églises et nos cathédrales depuis la primitive Eglise jusqu’à l’époque médiévale).

            L’attitude de l’homme debout a un fondement capital fortement souligné déjà par les Pères, comme notamment Saint Irénée (IIe siècle) et Saint Basile (IVe siècle) : c’est l’attitude de l’homme ressuscité, de l’homme relevé, à l’image du Christ auquel nous sommes conformés par le baptême (par lequel, plongés dans la mort et la Résurrection du Christ, nous sommes libérés du péché et de la mort) ; c’est aussi l’attitude des élus au ciel qui “se tiennent debout devant le Trône et devant l’Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main” (Apocalypse 7, 9 ; 15, 2).

            C’est déjà l’attitude des Juifs célébrant la Pâque, “les reins ceints, les sandales aux pieds et le bâton à la main” (Exode 12, 11).

            Le Concile de Nicée (325) l’avait prescrit, interdisant de s’agenouiller pendant la Cinquantaine pascale et le jour du Seigneur, la célébration dominicale étant la célébration pascale par excellence puisque c’est la Résurrection que nous célébrons tous les dimanches !

          • Anne, voyez Philippiens 2, 10 (cf. ci-dessous)

            05 Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : Le Christ Jésus,
            06 ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
            07 Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect,
            08 il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
            09 C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom,
            10 afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,
            11 et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

  • Michel,

    Bien sûr, st Paul a le sens de la formule, c’est le moins qu’on puisse dire. Toutefois, en partie pour les raisons déjà exposées et redites à Sophia, ce genre de phrases, magnifiques c’est vrai, venant d’un mystique très « eschatologique » et dont j’ai été abreuvée tandis qu’on m’anéantissait effectivement, ne me parlent plus guère. Et même je m’en méfie.
    Si l’Ecriture peut m’apporter encore parfois quelque chose, ce sera plutôt par le « Lève-toi et marche ! »
    Je ne crois pas que Dieu me veuille à genoux. Mais c’est évidemement très personnel.

    • Anne, Dieu ne demande à personne d’être physiquement à genoux et en plus par obligation ,bien sûr que non , mais ne pourrait-on pas laisser chacun choisir librement sans avoir à supporter le jugement des autres sur l’attitude physique qu’on choisit d’adopter
      l’hypocrisie en la matière est présente dans les deux camps

      • Dominique,
        Je ne parlais pas de l’attitude physique, mais de l’attitude intérieure bien sûr, bien que la première soit sans doute le reflet de la seconde et qu’elle soit assez voyante en public. Mais peu importe. Etre à genoux, c’est comme la souffrance, la miséricorde ou le pardon. Tout cela est à manipuler avec infiniment de précaution et à être exalté, si l’on s’y retrouve, dans la discrétion et surtout : seulement pour soi-même.

        • Juste en passant, après l’échange qu’il y a eu suite à la question posée par Anne, j’ai dans le cœur ces moments vécus (dans la discrétion comme le dit Anne) par Simone et Etty : « En 1937 j’ai passé à Assise deux jours merveilleux. Là, étant seule dans la petite chapelle romane du XIIème siècle de Santa Maria degli Angeli (…) quelque chose de plus fort que moi m’a obligée, pour la première fois de ma vie, à me mettre à genoux ». (Attente de Dieu, Simone Weil).
          Et il y a Etty : « mon corps tout entier est parfois parcouru du mouvement naturel de vouloir s’agenouiller, ou plutôt non, c’est autre chose: on dirait que le geste de l’agenouillement est modelé dans tout mon corps, je le sens parfois dans tout mon corps. Parfois, dans des moments de profonde gratitude, il me vient un besoin irrépressible de m’agenouiller, la tête inclinée bien bas, le visage enfoui dans les mains.»
          https://www.protestinfo.ch/201403126831/6831-la-fille-qui-a-appris-a-sagenouiller.html)

          Mais notre « cœur  » ne peut-il s’agenouiller aussi sans que personne ne le voit, devant la beauté du monde, devant un geste porteur de bonté, de grâce, de pitié… que sais-je, il y en a tant ?

          Bonne continuatin malgré les routes enneigées !

      • Des assemblées pratiquent l’exclusion, de manière plus ou moins subtile: il y a des « debout hostie dans la main », des « à genoux en tirant la langue », des qui « extériorisent la joie, la beauté… », celles avec « garçons au chœur filles au service »…Tout groupe a besoin, pour exister de manifester son unité par des gestes, attitudes, formules (chants, prières…). Un groupe qui souhaite s’élargir doit veiller à ne pas heurter trop l’infinie diversité naturelle des convictions profondes, sauf à assumer le risque d’effritement voire de disparition.
        En pays musulmans, la tradition d’effacement de la féminité dans l’espace public ne se traduit pas forcément en injonction sociale voire en police des mœurs, elle est à la base culturelle. Il n’en demeure pas moins que cette tradition recule là où son expression est libre, et est contestée là où elle ne l’est pas. Chacun peut tenter de conclure comme il l’entend… pour moi il y a hypocrisie dès qu’il n’y a pas de liberté, et de l’hypocrisie, il y en a autant dans les deux camps que chez ceux qui ne choisissent pas ou qui ne voient pas pourquoi ils devraient choisir.

  • Michel,

    Mefions nous des citations hors contexte, surtout quand elles touchent aux intuitions mystiques dans cet hymne de St Paul. Tout dépend en effet de ce que l’on entend par «  à genoux ».
    On peut être à genoux comme un esclave opprimé ou comme quelqu’un qui pense l’autre plus «  grand «  que lui ( ce qui est vrai de Dieu, le Tout Autre, mais nous sommes devenus des amis et même des fils ) et s’efface pour lui faire de la place quand il s’agit d’autrui. Les mots sont assez impuissants à dire que ce n’est pas du tout la même chose.
    Emmanuel Levinas écrit que le visage d’autrui manifeste la transcendance divine et qu’en ce sens, il est toujours « notre Seigneur ».

    • Sans passer par Levinas il me semble évident que le message du Christ nous invite à trouver un signe de sa présence même chez l’autre qui nous parait immonde »pas de çà chez moi » je ne crois pas que ce soit cette idée qui traversé les religieuses qui ont accueilli dans leur communauté certains personnages ecclésiastiques guère recommandables…

    • J’hésite à vous répondre. Mais je le fais quand même : je ne sache pas que Jésus se soit lui-même dénudé pour le plaisir et cloué sur la croix, réalité avérée par les Evangiles ; alors qu’on n’imagine guère un Jésus marchant à quatre pattes, pour reprendre une expression qui vous parle, de son plein gré… selon un imaginaire dont on ne trouve à ma connaissance nulle confirmation dans les Ecritures.

  • La pitié le chagrin
    Face à la menace d’effondrement on est tenté de se dire qu’aucun moyen ne serait efficace quand on lit la tribune de l’évêque de Grenoble publiée dans La Croix .
    On est à court d’argument , devant tant d’inconscience et d’inhumanité . Même plus de colère juste un immense chagrin et de la pitié pour ces évêques pour qui tout ce qui est humain leur est étranger .

     » Consentir à descendre dans les ténèbres » nous dit l’évêque de Grenoble , osant comparer la situation des évêques à celle des victimes de leurs clercs et de leur propre irresponsabilité .
     » Et les premières à y être descendues ce sont les victimes – pour aller vers la résurrection . » ajoute t il pour aggraver inconsciemment (?) son cas .

    Cette spiritualité de pacotille est écoeurante
    Cette manière d’assimiler le sort des évêques à celui des victimes est indécent
    Cette absence d’empathie pour les victimes , de considération pour leur vie brisés est inhumaine .
    Cette fuite dans le spirituel pour ne pas affronter en face la réalité est irresponsable
    De quelle résurrection parle t il concernant les victimes dont la vie est brisée et à qui l’église ne donne même pas les moyens matériels d’une éventuelle reconstruction ?

    Une tribune dont le seul objet est de s’apitoyer sur le sort des évêques et d’expliquer qu’en fin de compte ‘leurs défaites  » à eux , les clercs sont une condition de la résurrection .

    Comment prendre au sérieux un évêque qui nous explique que la condition des victimes est comparable à l’outre-noir de Soulages ? Faire de l’esthétisme dévoyé sur la misère des victimes , il fallait oser .

    « Notre église est blessée affirme t il , concentré sur son seul nombril . Non l’église n’est pas blessée , elle est criminelle et irresponsable . Et manifestement à lire cette infâme tribune , elle entend le rester . « 

    • Guy, la tribune en question n’étant pas accessible, il m’est difficile de porter un jugement sur ce texte, mais il ne me paraît pas aberrant de dire qu’il « nécessaire de traverser la profondeur des ténèbres pour retrouver la lumière ».
      Au-delà de cette tribune, j’ai la très désagréable impression que vous vous servez de toute parole plus ou moins bien exprimée par tel ou tel évêque pour régler vos comptes avec l’institution.
      Cette manière d’instrumentaliser les victimes pour des règlements de compte au service de votre idéologie et de votre #bashing Eglise/institution finit par devenir insupportable et indigne de vous.

      • A Michel
        Je ne mérite ni cet honneur, ni cette indignité Je ne suis pas responsables des propos de certains évêques .Je ne fais que lire ce qu’ils écrivent et contrairement à ce que vous pensez cela ne me réjouis aucunement de constater que ces évêques sont toujours imperméables à la réalité .Ils se débrouillent tellement bien tous seuls pour discréditer l’institution ecclesiale .Je n’ai nul besoin de leur venir en aide .

  • Pour moi, c’est s’interroger sur ce qu’est un humain qui se révèle central. Il est évident, à mes yeux, que de se vouloir essentielllement (et non accidentellement) à « quatre pattes » ne peut être qu’une image approximative, et fausse, la plupart du temps, pour parler de l’homme (en tous les cas, peu ragoutante, ni stimulante). Elle ne peut servir à définir l’humain, qui, quel qu’il soit, est appelé à se tenir debout, comme le rappellle Michel de Guibert (bravo pour lui !).

    Le mystère évangélique est entièrement destiné à relever l’homme, qui, de fatigué et épuisé qu’il était, est appelé à adopter la stature de l’homme debout. Le mot de l’Evangile est « egeirein », ressusciter, c’est-à-dire se réveiller d’une léthargie profonde. L’homme peut à certains moments se prosterner, si la Sainteté de Dieu et son Mystère lui est manfestée en telle ou telle circonstance, ou bien, si un pardon vital et important est requéri d’une autre personne, à certains moments exceptionnels de sa vie. Sinon ce serait, comme le pensait Nietzche des chrétiens, une manière dégradante de concevoir l’homme, ce serait l’homme esclave. Il l’est, mais pas pour toujours. Le Christ « se faisant obéissant comme un esclave, à la Croix, meurt vainqueur de toute force oppressive, (il est exalté au-dessus de tout nom au ciel et sur la terre, conclue l’Epitre aux Phillipiens 2 !). « Nous ne sommes plus des esclaves, mais des hommes libres », rappelle l’apôtre Paul.

    Ce qui me semble plus fécond à envisager, ce serait l’homme en relation (la personne), comme le suggère Levinas. N’est homme en sa pleine expression que celui qui sait se tenir en présence d’autres, qui sont, non représentés, mais effectivement et réellement, ceux qui sont indispensables à sa propre existence. Les nier reviendrait à s’amoindrir et déchoir dans sa propre humanité, à nier sa propre humanité. Supposons que je traite un enfant comme un objet consommable par l’assouvissement de pulsions, c’est l’enfant qui est rabaissé à mes yeux, et c’est moi autant que lui qui dégrade mon être en le faisant servir à des jeux profondèment injustes, c’est-à-dire inajustés à une vraie relation, et, comme, il est dit, en pieuse litote, « inappropriés ». C’est la justesse de la relation qui fait l’homme ou le défait.

    Ce qui est grave en les cas dont on parle, c’est que des hommes qui devraient être « experts en humanité », selon l’expression reçue, se montrent de petits hommes insconscients de ce qu’ils font et de la gravité de certains actes. Ce ne sont pas les actes qui sont « graves », parce que d’importante portée, mais ce sont les relations entre humains qui doivent être ajustées et considérés comme vitaux et essentiels, pour que l’autre soit reconnu tel, et non dégradé, et que j’en grandisse moi-même en mon humanité. Que je me relève (debout !) en regardant l’autre pour ce qu’il est, comme le dit Levinas, une grandeur, une hauteur, un infini (philosophiquement et non socialement, quelqu’un d’éminent, comme disait Bosssuet des pauvres, à qui tout honneur serait du. En ce sens, tout humain est un pauvre, en tant qu’il requiert instamment reconnaissance de ma part, et non, regard passant ou, pire, emprise sur mon corps et ses formes attrayantes). L’autre auquel je dois avant tout accueil inconditionnnel, avant tout échange entre nous, toute prise de parole.

    Par la considération de l’individu et d’autres individus égaux en droit, je ne peux arriver aux mêmes conclusions. L’autre, toujours selon Levinas est un absolu, en tant qu’altérité, au même titre que l’Autre absolu. Ils doivent être abordés l’un comme l’Autre en totale désappropriation de l »ego » et de ses prises, qui , alors, apparaissent comme des effractions envers ce qu’il possède en propre, à savoir son humanité, propre à chacun. Celle-là, on ne peut se l’appropier, sinon en agissant de manière complètement inhumaine et fausse.

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