Haïti, une tragédie qui nous renvoie au mystère du malheur.

On reste sans voix devant la tragédie qui s’est abattue sur Haïti. Sans voix mais fiers du tsunami de solidarité qui semble déferler sur notre monde. Rester à méditer sur l’immensité du mystère du mal.

Que dire, qu’écrire sur ce drame ? Les seules vraies paroles sont sans doute celles que l’on voudrait adresser au peuple haÎtien et qui ne lui parviendront pas. Des paroles silencieuses. Car que dire ? Rien mais  tenter de porter une part du fardeau ou, tout du moins, les aider à le porter.

Et ce silence même dit assez combien ce cataclysme après tant d’autres, dont le tsunami de décembre 2004, nous renvoie au mystère du mal. On le sait, on le vérifie chaque jour autour de soi, l’existence même du mal reste un obstacle majeur pour quantité d’hommes et de femmes, à la foi en l’existence d’un Dieu d’amour.  Car si l’homme, dans une dynamique de création continue ( d’affinement de son humanité ), est appelé à vaincre le  mal qu’il porte en lui, comment imaginer, rationnellement, une écorce terrestre renonçant, demain, au mal qui la tenaille ? Il est à craindre que les plaques techtoniques restent sourdes à nos appels. Ce mal là sera donc sans fin.  Et la phrase de Gustave Martelet sj, extraite d’un entretien au magazine Panorama, et reprise dans la grande encyclopédie Théo, ne suffit pas à nous convaincre lorsqu’il é crit : « Le monde n’a pas atteint sa forme définitive . »

Si Dieu existe – et telle est bien ma foi – que veut-il nous dire, nous prouver, au travers d’une nature qu’il aurait pu créer parfaite et qui, depuis des siècles,  produit par millions des victimes innocentes ?

Oui, innocentes ! Dieu merci, c’est le cas de le dire, l’Eglise catholique ne se risque pas à évoquer, lorsqu’il s’agit de ce type de mal cosmologique, la liberté de l’homme face à son Dieu. La liberté d’opter pour le bien ou le mal. Dieu merci (bis), en décalage – heureux – avec le catéchisme de l’Eglise catholique où les passages relatifs au « péché originel » sont quasiment incompréhensibles, d’autres discours sont aujourd’hui tenus par l’Eglise, même à propos de cet autre mal, que nous connaissons si bien, inhérent à la nature humaine.

Toujours dans Théo, on peut lire : « La doctrine du péché originel a été exposée de multiples manières durant l’histoire de l’Eglise. Pendant longtemps, on a lu la Genèse comme l’histoire de la faute d’un couple initial transmettant les conséquences de ses actes au monde entier. Qu’il soit ou non le premier couple de l’histoire n’a pas grande importance : Adam et Eve sont le symbole du commencement de chaque homme et de chaque femme. » 

Voilà un texte adapté à l’homme contemporain ! Combien, dans les communautés chrétiennes, en sont restés à l’ancien (?) catéchisme, parce que personne ne leur a jamais parlé ainsi ?

Haîti est dans la peine, dans la désespérance . Sans doute les communautés chrétiennes, comme les citoyens d’autres références philosophiques et religieuses de ce pays, vont-elles se mobiliser. Si dimanche, à l’heure de l’homélie, les prêtres de nos paroisses pouvaient au-delà de la nécessaire compassion et de l’appel à la prière et à la solidarité, nourrir cette réflexion sur le mal, sans doute répondraient-ils au plus profond du questionnement posé, dans bien des coeurs, par cette nouvelle catastrophe.

7 comments

  • Une réflexion sur le mal d’accord. La nature n’est pas « douce » elle n’est pas un terrain de jeux. L’homme peut le comprendre. Le mal n’existe-t-il pas avant la catastrophe ? En l’occurence, ce pays est sans économie, sans structures. La population vit dans le plus grand dénuement. Cela n’est pas la faute de Dieu. Nous sommes d’accord. Nous ne pouvons que constater notre impuissance et souhaiter au monde « un coeur de chair ».

  • Et si la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ était proposée à notre regard, pour éclairer toute notre condition d’homme dans un cosmos en évolution ?
    Du commencement, jusqu’à une Fin lumineuse…

  • Pourquoi venir,à propos de la tragédie d’Haïti,nous parler du mal qui règne à l’intérieur de l’Homme?Un tremblement de Terre n’est que la conséquence d’un déséquilibre entre les plaques qui forment notre écorce terrestre.DIEU a voulu créer un monde où il fasse bon vivre;ce qui implique que ce monde soit vivant,avec toutes les contraintes qui vont avec.Quand on Lui posait la question,Jésus Lui-même ne pouvait apporter de réponse:ni les victimes d’un drame,ni leur famille n’avaient péché.C’est tombé sur eux parce qu’ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment.
    Ceci-dit,il est bon de souligner l’élan de solidarité au niveau mondial qui s’est manifesté;ce qui prouve bien qu’il n’y a pas que du « mal ».

  • oui rien ne justifie le mal innocent, rien ne le rend moins atroce.
    devant cela on réagit par la révolte ! contre Dieu et les hommes.chacun à sa manière.
    parfois on se souvient que Dieu lui-même comme fils s’est révolté et est mort un jour sur une croix et que Dieu a refusé que la mort ait le dernier mot . Telle est notre Espérance!
    Mais devant un tel drame , comme devant tout drame humain, souvent le silence et la présence sont les seules réponses acceptables.

  • Salut et Paix
    Le tremblement de terre dans la région était prévu et la date a peut-être été avancée par les trop nombreux barrages importants qui dérangent l’équilibre de la planète.
    Où mettre l’épicentre, à quel endroit la catastrophe aurait le plus de « bonnes » conséquences ? Quel pays peut le plus profiter d’une catastrophe inévitable? Siono le pays le plus pauvre qui a besoin que tout soit enfin construit: économie, démocratie et autorité? Et que la terreur qui existe envers une partie de la population par le vaudou disparaisse? Le récit du déluge dans la Bible est-il là pour nous amuser à chercher où l’arche s’est échouée?
    Dieu ne veut pas le mal, mais Il sait s’en servir pour créer un bien que les humains sont incapables de bâtir! L’élan de solidarité qui s’étend sur toute la planète doit aussi faire réfléchir à la notion de partage. Tant que personne ne veut le comprendre il y aura des catastrophes pour nous l’apprendre!
    La prière de l’ermite accompagne tous les survivants; pour les morts, Jésus s’en charge.

  • En effet, Dieu ne nous veut pas du mal. Bien au contraire, nous pouvons penser qu’il nous montre un chemin de sagesse et de croissance. Mais quel est son message ?
    Ne veut-il pas que l’homme dépasse son égoïsme et ses petites préoccupations, pour développer la fraternité et autres qualités qu’il nous a donné ?
    Ne pousse-t-il pas les pays à s’entendre pour vivre en paix pour le bonheur de l’humanité et de la planète ?
    Pourquoi ne pas méditer sur un lien qui pourrait exister entre la catastrophe d’Haïti, pour laquelle certes beaucoup de générosité et de réactivité mais peu d’altruisme nationaux ont été démontrés, et l’occasion qui a été donné en décembre aux dirigeants de s’entendre sur la préservation de la planète et de l’humanité … le sommet de Copenhague ? Quel message Dieu nous adresse avec le séisme de Haïti ?… Peut-être que Dieu nous « secoue magnitude 7 » pour que l’on se réveille.

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