La radicalité évangélique comme exigence politique

La radicalité évangélique comme exigence politique

Le livre La vie dessaisie confirme l’émergence d’une jeune génération catholique qu’on n’espérait plus et qui nous bouscule.  

(Cet article a été repris dans la Lettre NOTRE PAIN QUOTIDIEN par mon ami le p. Jean-Pierre Roche que je remercie fraternellement)

Il arrive que la teneur même d’un livre conduise celui qui en fait recension à envisager différemment son travail d’écriture ou plutôt à en comprendre la signification profonde. C’est ici le cas ! La vie dessaisie, de Foucauld Giuliani (1) nous présente la foi comme abandon plutôt que comme maîtrise de son objet : le Tout Autre. Et voilà qu’à mon tour je me sens porté au dessaisissement face à la matière du livre, de tout livre. Ne pas vouloir en rendre compte au travers d’un canevas préétabli, renoncer à en décrire l’architecture détaillée mais dire les mots qui entrent, comme rarement, en résonance avec ma propre quête et l’éclairent d’une lumière exigeante. C’est le bonheur que je souhaite à tous ses lecteurs. Tant ce livre nous bouscule dans notre manière de croire et de prendre notre foi au sérieux.

L’auteur est un jeune professeur de philosophie de 31 ans. Et ce n’est pas lui faire injure que de souligner qu’il met parfois la barre haute à son lecteur. Avec d’autres chrétiens de sa génération, il est à l’origine de la création à Paris du Dorothy, un café-atelier associatif ouvert à tous, qui porte le nom de Dorothy Day, pionnière américaine du christianisme social; co-auteur du livre La communion qui vient (2) dont il reformule ici le propos à la première personne et co-fondateur du Collectif Anatasis animé par un même « désir de produire une pensée et une action politiques ancrées dans la foi chrétienne, les ressources bibliques/évangéliques/théologiques et les diverses traditions chrétiennes. »

L’acceptation du tragique comme dépassement de la peur

Je répugne toujours un peu à la facilité de reprendre les “quatrième de couverture“ sauf lorsque je conviens que je ne ferais pas mieux pour résumer le contexte et le propos d’un ouvrage. Alors voici : « La peur de notre époque découle de la catastrophe protéiforme induite par des pouvoirs politiques et économiques adonnés à la volonté de puissance à une échelle inconnue de nous jusqu’à ce jour. Cette peur est redoublée par l’impression qu’aucune autre voie n’existe face au règne de la force. La foi en l’Evangile présente pourtant une alternative, dans la mesure où elle instille en nous la confiance en un Dieu qui cherche incessamment à transformer nos vies et à orienter le temps historique. Plutôt que de conduire à la maîtrise de toutes choses au moyen de la raison et de la volonté, c’est à un dessaisissement radical pour la charité qu’ouvre la foi. La vie  dessaisie est le processus et le résultat de cette dépossession expérimentée dans les différentes sphères de notre existence individuelle et collective. » 

L’auteur entend ici opposer à la peur qui nous désespère et paralyse, le sens du tragique qui, dans la foi chrétienne, vient de la perception de l’existence du mal en l’homme, un mal vaincu par le Christ qui toujours ouvre un passage dans nos existences. Encore faut-il que nous acceptions, en effet, de nous laisser dessaisir de nous-mêmes et de toutes nos sécurités pour reconnaître qu’il n’est, pour l’humain, aucun lieu « habitable » où « s’installer durablement » puisque sa vocation est, selon la symbolique biblique, de marcher vers la Terre Promise à la rencontre de son Dieu et, chemin faisant, d’instaurer, ici et maintenant, les prémisses du Royaume. Avec les autres, tous les autres… dans un esprit de communion. 

Le dessaisissement de soi comme condition d’ouverture à la grâce.

La vie dessaisie fait partie de ces livres que l’on referme – pour qui fonctionne comme moi – lacérés de stabilo au point de ne pouvoir les prêter à personne. Manière de fixer des pensées à approfondir, sur lesquelles revenir en une lente manducation. Tant on y pressent des saveurs nourricières. Pour celui qui fait recension de l’ouvrage, cela implique de renoncer à tout vouloir dire puisque, in fine, l’objet de sa propre écriture, au terme de sa découverte de l’ouvrage, est de renvoyer à la lecture du livre. 

Alors, allons à l’essentiel. Retenons ici que : « le péché est cette partie de nous-même qui résiste à la sanctification », que  la paix intérieure « n’est pas comparable à un bouclier qui nous protège mais à un feu qui nous éclaire »; que « la sainteté conjugue une réceptivité à la grâce recrée par elle et un sens aigu de l’action historique »; que « la vie dessaisie est renaissance et recréation de soi-même par ouverture à la grâce »; et qu’au final, car là est bien l’essentiel pour nos vies : « Etre abandonné à autrui, c’est se donner la possibilité de l’aimer vraiment et cela implique d’être pénétré de la pensée qu’il est enfant de Dieu, fait par amour et destiné à l’amour ». 

L’Eglise… un rassemblement d’assoiffés portés à la communion. 

Dans la seconde partie du livre, l’auteur éclaire la manière dont nos communautés et pour tout dire l’Eglise, se doivent d’être dessaisies d’elles-mêmes. Car c’est le manque de Dieu, la « béance qui nous travaille » qui devrait nous pousser, le dimanche, au rassemblement eucharistique en nos paroisses, pas le désir de nous rassurer d’une identité partagée. « Le sens spirituel de l’Eglise est d’être un rassemblement d’assoiffés, non d’être une réunion de personnes comblées. »; et du fait même « La communauté chrétienne est inhabitable (au sens d’une installation satisfaite) parce que Dieu envoie les chrétiens au dehors du lieu où il les convoque et s’y donne eucharistiquement. » Mais cet envoi au monde, pour transformer le monde, est de nature radicalement politique. Car il s’agit bien de l’inscription du devoir de charité dans la réalité de l’organisation sociale comme y invite depuis toujours la doctrine sociale catholique.

Faisant sienne la pensée du théologien américain William Cavanaugh, Foucauld Giuliani écrit : « L’Eglise, en ce qu’elle est un groupe social tendu vers le désir et la réalisation de la communion autour de l’eucharistie est porteuse d’une forme d’organisation collective ». Et donc d’un projet politique au sens le plus large du terme. « C’est un appel à la conversion du pouvoir politique à la volonté de Dieu, sans réclamation aucune de la confessionalisation de l’Etat, qui est lancé. » Et c’est peut-être là que le propos de l’auteur (comme la thèse défendue dans le livre La communion qui vient) se prête le plus largement au débat que d‘ailleurs il tient ouvert. Car il soulève toute la difficile « lecture », sans doute plurielle, de la vocation chrétienne à “être dans le monde sans être du monde…“ 

Une radicalité bienfaisante

Et c’est à ce point de l’interpellation que nous retrouvons, me semble-t-il, le cœur du propos de l’auteur. « La foi, écrit-il, n’est pas la connaissance d’un objet qui nous reste extérieur mais l’irruption et l’agrandissement en soi-même de la présence incommensurable de Dieu. » Ce qui suppose que nous prenions notre foi au sérieux. « Nous croyons pouvoir nous passer de la vie de prière et de l’ouverture à la grâce. Si nous ne nous donnons pas les moyens de rencontrer réellement Dieu c’est qu’en réalité nous n’y croyons pas véritablement ou que nous ne voulons pas encourir le risque d’y croire, c’est-à-dire de nous y donner pleinement. Nous sommes gagnants sur tous les tableaux: l’apparente dimension religieuse de notre existence nous confère un gage de profondeur et de sérieux moral; l’exclusion de la charge explosive au sein de cette dimension religieuse nous épargne les affres du doute, de la remise en question et de l’effort de conversion. La stérilisation n’équivaut pas nécessairement à l’acte de faire ou de déformer les propositions évangéliques. Le plus souvent elle est une manière de se rapporter à l‘Evangile tout en se protégeant de lui afin d’empêcher qu’il nous déséquilibre et nous mette en crise. On veut croire qu’on se rapproche de Dieu bien qu’on s’ingénie à le laisser à distance. La relation est illusoire, bien que proclamée; la séparation est réelle, bien qu’ignorée. »

Ne nous le cachons pas, un tel propos interroge les générations aînées sur leur propre fidélité à l’Evangile dans le domaine de l’engagement politique et social, souvent suspectées par leurs cadets d’une forme de sécularisation résignée qui en affaiblirait la potentielle fécondité. Ce qui frappe et bouleverse dans cette prose de feu, c’est sa générosité, la radicalité de la foi dont elle témoigne en la capacité transformatrice de l’Evangile. C’est la totale acceptation, pour soi-même, de ce dessaisissement qui plus que la trame est la substance même du propos. Il y a longtemps que la lecture d’un livre ne m’avait fait pareil effet ! 

  1. Foucauld Giuliani, La vie dessaisie, Ed. DDB 2022, 176 p., 16,90€
  2. Paul Colrat, Foucauld Giuliani, Anne Waeles, La communion qui vient, Ed. du Seuil 2021, 224 p., 20 €

69 comments

  • Réflexion passionnante et, me semble-t-il, plus féconde que de discuter à perte de vue sur les structures ou de prétendre défendre des valeurs.

    • Les deux me paraissent complémentaires. Mais il y a là matière à débat. J’entends dire ( et plus souvent encore je lis) que les « cathos de gauche » n’auraient pas de descendance et que cela justifierait chez eux une forme d’amertume et d’agressivité renforcée… Je ne suis pas convaincu que l’appellation « cathos de gauche » soit pertinente pour aujourd’hui même si elle décrit pas si mal une réalité passée. En réalité je pense que la descendance existe, incarnée par de jeunes catholiques comme Paul Piccarreta, directeur de la revue d’écologie intégrale Limite et une partie de son équipe, comme Samuel Grzybowski co-fondateur du mouvement Cœxister, comme ici Foucauld Giuliani et ceux avec lesquels il a co-écrit un livre précédent qui reprend les mêmes intuitions La communion qui vient (Seuil 2021).

      Simplement, c’est en tout cas mon analyse qui comme toute analyse peut être contestée, les « cathos de gauche » portaient en eux une double tension : influer, de fait, au nom de l’Evangile, dans les partis de gauche (je ne suis pas sûr que le succès ait été réellement au rendez-vous au plan politique, sans doute plus dans le monde syndical et associatif) MAIS TOUT AUTANT faire entrer des exigences émocratiques au sein de l’Eglise dont on voit bien qu’elles sont au cœur des débats actuels et de nombreuses contributions au Synode sur la synodalité. Or, à mon sens, les jeunes générations catholiques « de gauche » – car les jeunes dont je parle se démarquent franchement de la tendance identitaire qui s’exprime fortement dans l’Eglise – ne se sentent pas concernés par un débat interne à l’Eglise en termes de réformes des structures de l’institution. Là me semble être la limite de la « filiation » avec leurs aînés.

      • Précisément, René, il me semble en effet que ces jeunes ne peuvent être assimilés ni à ces « cathos de gauche » dont vous parlez qui s’intéressent essentiellement aux structures et qui fondent leur vision de l’Eglise sur une analyse marxiste, ni aux cathos identitaires, ceux que Mgr Gérard Daucourt, ancien évêque de Nanterre, appelait « les athées pieux ».

        • Réduire les cathos gauche à des adeptes d’une lecture marxiste de l’Eglise me semble quelque peu excessif. C’est ce que Jean Paul II craignait des théologies de la Libération depuis lors réhabilitées par le Vatican. Plus prosaïquement reconnaître qu’il y a – et qu’il y a toujours eu – des pratiques démocratiques dans une institution qui ne se définit pas comme telle c’est renforcer la synodalité, dynamiser les conseils pastoraux, réinterroger l’Eglise sur la place des femmes et la nature de l’autorité – et non du « pouvoir » – des clercs, exiger une consultation du peuple de Dieu dans le processus de nominateion de leur évêque… Rien de très marxiste là dedans !

          • Mais René la synodalité n’est ni de droite ni de gauche !
            Et je ne réduis pas les cathos de gauche à des adeptes d’une lecture marxiste de l’Eglise (j’avais en tête notre ami Guy Legrand en disant cela), mais vous disiez vous-même qu’ « un tel propos interroge les générations aînées sur leur propre fidélité à l’Evangile dans le domaine de l’engagement politique et social, souvent suspectées par leurs cadets d’une forme de sécularisation résignée qui en affaiblirait la potentielle fécondité ».
            A mon avis, le propos de l’auteur interroge tout autant les cathos identitaires qui défendent des « valeurs », autre forme d’idolâtrie.

          • J’ai dit que le désir de biens des « cathos de gauche » était d’introduire plus de pratiques démocratiques dans la vie de l’Eglise. Je n’ai pas prétendu qu’elle fut de gauche !

          • – Pour l’anecdote . Lors du concile de Trente , Charles de Guise cardinal de Lorraine a souhaité que les évêques soient élus par les catholiques . Son analyse et sa proposition ne devait rien ni aux idéaux démocratiques , ni et pour cause à une analyse marxiste du fonctionnement de l’église .
            Oui il y a toujours eu des pratiques démocratiques dans l’église : tous les conciles ont voté les dogmes à la majorité des participants , le pape a toujours été élu par ses pairs etc etc..;
            Mais la question que nous devons , me semble t il nous poser est celle de la cohérence entre le fonctionnement institutionnel de l’église et nos mentalités sans pour autant remettre en cause le dépôt de la foi .
            Cet exercice aussi l’église l’a fait plusieurs fois au cours de son histoire .

            Enfin précision utile : Si je considère que l’analyse marxiste et plus encore l’analyse freudo marxiste sont des bons instruments d’analyse du fonctionnement de nos sociétés , elles restent pour moi de simples grilles de lectures utiles pour comprendre le monde dans lequel nous vivons .

          • Complément accordé à la réflexion de Guy qui invite à questionner la « cohérence entre le fonctionnement institutionnel de l’église et nos mentalités sans pour autant remettre en cause le dépôt de la foi ». Ce dépôt semble tellement mêlé au fonctionnement institutionnel que toucher l’un sans conséquences sur l’autre est impossible. C’est de cette impossibilité que sont nées et ont grandis les tensions de plus en plus fortes entre conservateurs et progressistes depuis 70 ans. il est douteux que nier cette interdépendance qui fait système puisse aider à sortir de l’impasse tant il est improbable que des solutions durables aux questions organisationnelles puissent être trouvée en faisant l’impasse sur la question « de quel dépôt de la foi parle-t-on? ».
            En lisant relisant, me suis dit que ce café a quelques ressemblances avec un CPSM des nouvelles générations.

  • Un grand merci à René pour cette découverte vivifiante!
    Je voudrais revenir sur un point de son commentaire où il dit que les cathos de gauche cherchaient à influer au nom de l Evangile dans les partis de gauche ,
    Après plusieurs dizaines d années à vivre ce challenge je pense que je n agissais pas  » au nom de l Evangile » ( même si les camarades de parti savaient parfaitement que j étais catho) mais en fonction de ce que j avais compris de l Évangile ce qui n est pas exactement la même chose: c est bien moi qui agissais mais un moi baigné de la  » manducation » dont parle René

  • Un grand merci à René pour la recension de ce livre qui renoue avec quelque chose d’essentiel : le fait que la foi en l’Evangile implique aussi un engagement dans la vie de la cité .
    Cette dimension abandonnée par les catholiques identitaire au profit d’une spiritualité hors sol a été pour les personnes de ma génération absolument déterminante dans notre manière de vivre notre foi .
    C’était aussi l’intuition de ce que l’on a appelé « l’action catholique  » dont certes les modalités restent très liées à un contexte sociétal aujourd’hui disparu , mais qui n’a rien perdu de sa pertinence . Tant mieux si aujourd’hui »oui des jeunes chrétiens s’en emparent et réinventent les manières de la vivre ;

    Il ne faut pas réduire l’engagement politique , dans la vie de la cité , aux seuls cathos de gauche . En Bretagne nombres d’élus formés à la JAC par exemple ont eu des engagements dans tout le spectre de la vie politique à l’exception des extrêmes . Tous les élus de tous partis avec lesquels j’ai travaillé dans diverses collectivités territoriales m’ont toujours parlé de ‘importance de « l’action catholique  » dans leurs divers engagements . ils m’ont aussi dit toute l’importance d’avoir ce langage commun qui leur permettait de trouver des solutions concrètes pour le bien commun en dépassant les légitimes oppositions résultants de leurs divers engagements .

    Je me réjouis donc sincèrement de l’existence de ce courant chez les catholiques qui devra trouver sous des formes nouvelles la manière la plus exigeante de concilier la radicalité évangélique avec les contingences de l’engagement dans la vie concrète de la cité , avec les compromis avec le réel qu’ils impliquent .
    Ce fut en effet notre risque d’être tellement happé par le réel que nous puissions perdre de vue la radicalité évangélique etbson exigence d’être toujours en Exode .

    Il ne faut pas se le cacher , s’engager dans la vie de la cté implique de mettre les mains dans le cambouis et de vivre écartelé entre l’appel de l’Evangile et la dure réalité .

    En ce qui me concerne j’avais toujours à l’Esprit ces deux réflexion de Ricoeur :
    C’est une erreur que de faire de la politique une mystique
    L’église doit être l’éthique vivante du politique .

    Pour répondre à Michel , l’engagement dans la cité n’exclut pas un engagement dans l’église , et la réflexion et le travail sur les structures de la cité peut aussi s’appliquer aux structures de l’église . ( ecclesia semper reformanda)

  • Michel,

    En quoi Marx aurait-il eu toujours tort ?
    Bien au contraire, je pense que « l’analyse marxiste «  donne des clés pour comprendre le fonctionnement économique, politique et idéologique des sociétés. Car il existe, me semble t il, ce que l’Eglise appelle des «  structures collectives de pêche «, et ce, meme à l’intérieur de cette Église. De meme que Freud ( autre sujet ) ne doit pas être négligé pour comprendre le psychisme humain.
    Comme toute pensée, la pensée profane, meme athée, doit être prise au sérieux dans ses analyses, approuvée pour ce qu’elle apporte d’éclaircissements, réfutée en ce qu’elle a d’insuffisant ou de faux, ceci surtout lorsqu’elle est complexe et évolutive, et non «  anamethisee » immédiatement.

    Personnellement, je pense que les structures d’un système collectif ont une grande importance dans les idées et le comportement d’une personne. Et, c’est vrai, c’est une leçon d’une certaine analyse de Marx qu’il ne faut pourtant pas durcir à l’extrême.

    Pour en revenir au livre que je n’ai pas lu et à ses idées que je n’ai peut être pas du tout comprises, je me méfie aussi beaucoup a priori de termes comme «  dessaisissement «  ou mise à distance de la « raison » qui, seule permet l’analyse des choses. Pour comprendre les faits et pouvoir agir dessus, il faut, au contraire, à mon avis, ne pas se «  dessaisir « de la raison. Et je ferais donc la différence entre l’action collective qui ne peut se passer de certains outils de compréhension rationnels et l’attitude individuelle de charité et d’ouverture à l’autre.
    Bien sûr je comprends que ce « dessaisissement » s’oppose à un catholicisme de type identitaire. Dans ce cadre, je peux le comprendre.
    Ce n’est bien sûr que mon opinion.

    • A Marie Christine
      Quand je legitime l’analyse marxiste je me réfère plus au Marx philosophe de l’aliénation qu’au même déguisé en économiste.
      Peut être alors faudrait il dire « marxien » plutôt que marxiste . .
      Son œuvre comme philosophe de l’aliénation n’a rien perdu de sa pertinence , quand bien même pour certains cette alienation dans nos sociétés occidentales ne procède plus seulement du manque , mais aussi du trop plein.(de produits , d’informations , de sons , d’images … cf les liens entre obésité et appartenance a une classe sociale défavorisée)) Le » pas assez » comme le » trop » qui empêche l’homme d’être lui même .
      Je n’ai pas lu le livre dont parle René mais cet abandon auquel nous conduit la foi et qu’il.met en exergue , n’est pas nécessairement une démission du « moi » mais une distanciation vis a vis de l’ego permettant de retrouver son authentique identité de personne créée par amour selon notre foi .
      Parmi les facteurs de cette aliénation il n’y a pas que les facteurs personnels , il y a aussi les structures sociétales, ecclesiales , familiales en ce qu’elles sont aussi structures de mal et de péché .. La conversion n’a pas seulement une dimension personnelle mais aussi une dimension structurelle que la pensée de Marx et de Freud peuvent nous permettent d de mieux d’appréhender.
      Exemple : en ce qui concerne les liens entre pouvoir et sexualité dans l’appréhension de la pedocriminalite la pensée freudo marxiste est très éclairante ..

      • D’accord dans l’ensemble.

        Mais l’analyse économique et sociale de Marx n’a pas perdu, pour moi, de sa pertinence quand il s’agit d’analyser les causes des inégalités, meme si, et pour cause, Marx ne prend pas en compte les changements économiques survenus après lui qui font que le prolétariat des pays industrialisés ne s’est pas paupérisé, et que le capitalisme a changé de visage.

        C’est pourquoi, personnellement, je pense qu’il ne peut y avoir de changements sans compréhension du fonctionnement des sociétés; fonctionnement dont la compréhension justement peut échapper aux individus, malgré toute leur bonne volonté.

        Je continue donc à faire la distinction entre une analyse rationnelle des faits qui demande lucidité et refus des idéologies, même religieuses, et la démarche de conversion individuelle qui est d’un autre ordre. Pour moi, il ne peut y avoir changements sans changements des structures d’aliénation et d’exploitation qu’il faut d’abord et avant tout comprendre pour mener une action efficace, meme si la conversion individuelle, et surtout l’indignation devant l’injustice, peut être un moteur pour l’action des individus.

        L’articulation de ces deux dimensions d’engagement collectif et de conversion personnelle qui est le problème des Chrétiens ne me semble pas du tout évidente.

  • Toujours étrange d’entendre l’expression « cathos de gauche » comme s’il s’agissait d’une bizarrerie, presque d’un oxymore. Un truc pas très clair, qu’on admet quand même, avec une sorte d’indulgence (mais si, m’avait dit un vicaire, on peut être catholique et de gauche : un de mes 6 frères et soeurs l’est et personne ne l’ennuie avec ça…)
    Et de fait, vu la rareté, qui m’a longtemps choquée, ce doit l’être, bizarre et antinomique. Il doit y avoir tout un tas de raisons à cela, mais ce n’est compréhensible pour moi qu’en se plaçant sur un plan sociologique, sûrement pas spirituel.
    Vision des choses personnelle, une fois de plus.

    • un « catho de gauche » n’est-ce pas la même chose qu’un catho progressiste?
      ce qui m’interpelle chez eux ‘les cathos de gauche » c’est qu’ils ont tellement souvent fait ami-ami avec les marxistes de la CGT notamment.Sinon bien sûr on peut être chrétien de gauche,cela ne me pose guère plus de problème puisqu’il y a des « chrétiens » chez les frontistes

      Avant de me faire lapider pour le moins, je précise que la présence de »Chrétiens » dans les rangs du RN me pose tout de même plus de problème que ceux qui se trouvent derrière Mélenchon notamment personnage pour lequel je n’éprouve cependant guère de sympathie pour autant…

  • Que voilà un billet bien intéressant et qui change les perspectives. De l’air et de la fraîcheur ça fait du bien !
    Cependant le début de votre propos m’étonne : «… nous présente la foi comme abandon plutôt que comme maîtrise de son objet…. » Mais, la foi peut-elle être autre chose qu’un abandon ? ?. On ne la trouve que dans l’absence du vouloir maîtriser (et donc dominer). Ça me paraît être le BA-ba de la démarche de conversion.
    On est alors bien évidemment dans l’exact opposé du désir hégémonique du Vatican et de sa clique dominatrice sur le monde et sciemment organisé pour ce but. (Enfin voulant l’être et ne cessant de se bananer…). Vivre sa foi c’est par définition se faire le plus petit et le serviteur d’autrui. Il me semble que c’est ce que ne cesse de proclamer Jésus. Et il ajoute même que le bonheur est dans le dessaisissement et le don de soi. Le pire c’est qu’il a raison ! Le pire c’est qu’on ne l’écoute plus depuis bien longtemps, surtout dans l’église chrétienne on a fait de Jésus, un Christ fantasmé… sans Jésus incarné … !
    Pour vaincre le mal de cette errance il faut vivre la grandeur de l’humilité en acte, celle qui relève l’autre et élève l’âme jusqu’aux cieux.
    Se dessaisir d’un « petit moi » pour franchir la porte du Soi-dans-le-Tout-Autre.
    Faut-il que ce soient des jeunes adultes qui apprennent ça au vieux que vous, nous sommes !…
    Et si vous poursuiviez ce blog dans ce sens, plutôt que brasser des querelles inutiles et sans fin dans ce système boutiquier appelé Église. Je crains que cela finisse par désespérer Dieu lui-même ! 🙂

    • Je parle de « maîtrise de son objet » au sens où certains disent « posséder la foi »… et donc l’objet de la foi. La simple observation confirme que tel ou tel a une idée de Dieu ou sur Dieu, qu’il lui est impossible de questionner et qui, de fait, équivaut bien à une possession.

    • Ça commençait bien, Le Voyageur, avec de l’air et de la fraîcheur… ça se poursuit mal avec des polémiques stériles qui sont tout sauf l’humilité proclamée !

    • C’était pas si mal comme réflexion. Jusqu’à la chute ? Si nos querelles inutiles vous ennuient vous avez la liberté de vous dessaisir de tout ça ! Mais de grâce, laissez Dieu décider lui-même s’il se désabonne ou non de ce blog ! Laissez-moi quand même vous dire sans trahir de secret que si Foucauld Giuliani m’a adressé, successisvemt, ses deux livres avec une dédicace c’est précisément parce que ce blog l’intéressait… et qu’il sentait que je pouvais être réceptif à l’aventure qu’il engageait au Dorothy avec ses amis.

      • @ Monsieur de Guibert
        Désolé d’être un produit frelaté, sans fraîcheur ! Et en plus un monstre d’orgueil !
        Comme souvent vous avait l’art de jeter le bébé avec l’eau du bain.
        Mon intervention se termine par le simple constat du ton polémique qu’on lit sur ce blog 9 billets sur 10. Vous en êtes un fleuron. Difficile pour vous de voir cette réalité semble-t-il. Chacun devrait balayer devant sa porte. Je balaie devant la mienne en ce qui concerne le désespoir de Dieu dont j’ignore tout. Si à cause de cela je vais en enfer… nous y retrouverons…

        @ René
        Merci de confirmer que je ne dis pas que des conneries ici. Je suis abonné de longue date à ce blog. Je commente quand un billet présente un intérêt à mes yeux, et celui-ci me semblait être le cas. Et en effet je ne commente pas sur les querelles intérieures que vous avez à l’interne d’une sainte organisation à laquelle je n’appartiens pas. Et j’en ai déjà expliqué le pourquoi ici. Mais il se fait que Jésus est l’un de mes maîtres et constitue aussi votre référence. Préférez-vous que ceux qui ne sont pas membres de votre église cessent de vous lire ?
        En tout cas, et pour l’instant je suis comme cet auteur. Votre blog m’intéresse. Vous devriez vous réjouir que cela soit le fait d’un mécréant de mon espèce ! Je dis ça parce j’ai constaté à plusieurs reprises que vous étiez plutôt ouvert sur le monde réel, « hors les murs » et c’est tout à votre honneur.

        • Monsieur Le Voyageur (anonyme), n’est-ce pas vous qui polémiquez quand vous parlez de l’Eglise comme une « clique dominatrice sur le monde et sciemment organisé pour ce but » !

      • Un blog où l’on n’a pas peur de réfléchir et où l’on n’est pas d’accord en essayant de comprendre pourquoi sans trop s’étriper… oui, ça apporte beaucoup 😊.

  • A Marie Christine
    J’au juste tenté de dire que la notion d’aliénation chez Marx et les rôle des structures dans la responsabilité de cette aliénation dépassait largement la seule aliénation économique à laquelle on réduit trop souvent sa pensée .
    Oui l’articulation entre conversion personnelle et engagement collectif n’est ni évidente ni facile . Je persiste à penser qu’elle est néanmoins essentielle
    Cependant pour éviter de tomber dans les deux écueils habituels lorsque l’on tente cette articulation il convient de distinguer clairement ce qui relève de la foi et ce qui relève du politique pour mieux circonscrire et nommer ce qui les lie .
    Les « cathos tradi  » nient la dimension politique de l »exigence évangélique ( c’est sans doute pourquoi beaucoup vont voter pour E Zemmour alors même que son programme se réclame de valeurs antinomiques de l’Evangile) . Les » cathos de gauche  » (je ne reprends pas à mon compte cette appellation , pas plus que catho tradi ) à mon époque ,ont quelque fois subordonné systématiquement la foi au politique en croyant que l’Evangile impliquait nécessairement un engagement partisan ( Comme syndicaliste ne peux pas aller à la même église que le patron de mon entreprise entendait on quelque fois )

    Or si l’exigence évangélique est infinie et absolue , l’engagement politique est limité et ambiguë parce que déterminé par le possible ici et maintenant . Le politique s’il consiste à transformer le souhaitable en possible , relève cependant toujours en dernière instance du « possible  » .

    Voilà pourquoi j’ai cité Ricoeur qui a guidé la manière dont comme citoyen et comme chrétien je me suis engagé dans la cité :
    Le politique n’est pas une mystique ( je n’adhère aucunement à la dimension messianique du marxisme ni à celle moins explicite du libéralisme )
    L’église doit être l’éthique vivante du politique . : Le politique devient totalitaire s’il n’est pas inspiré et distingué de la « foi  » et de sa radicalité .
    Ainsi pour moi : spirituellement chrétien catholique et politiquement social démocrate je ne me reconnais aucunement dans l’expression » catho de gauche  » trop systématique et laissant croire que la référence à l’Evangile impliquerait obligatoirement un engagement politique partisan spécifique .

    • Guy Legrand

      Merci de votre réponse très intéressante et qui nous change des polémiques inutiles 😐pour s’intéresser au sujet de ce billet qui donne à réfléchir sur un problème important.

      J’en retiens si j’ai bien compris:
      1) que l’analyse marxiste ne se réduit pas au niveau économique et que Marx est un grand penseur de l’aliénation: ce qui serait son versant humaniste. Ce en quoi je suis d’accord.
      2) que la foi, comme tout choix d’existence, a nécessairement des répercussions politiques si l’on entend par politique: l’organisation de la vie collective, dans l’idéal, en vue du bien commun et, plus spécifiquement normalement pour les Cathos, en vue du souci des plus faibles et plus démunis sur tous les plans.
      3) que la politique, au sens d’un engagement précis dans tel parti, syndicat, association etc… ne peut au contraire soumettre la foi qui est transcendante. Ce fut l’erreur des chrétiens « marxistes «.
      4) que la politique demande des concessions, parfois compromissions et même certains mensonges pour un plus grand bien. Elle s’oppose donc à des choix de l’ordre de la radicalite. Le choix n’est alors pas celui du souhaitable ou de l’idéal mais celui du possible dans des circonstances données ou souvent du moindre mal.

      C’est pourquoi je pense que les cathos dits de « droite » qui, soit disant, séparent la foi de la politique, font cependant bien un choix politique, en particulier un certain choix de société conservateur voire réactionnaire ( quand ce n’est pas pire ) qui peut être en contradiction avec les «  valeurs «  évangéliques «.
      Je pense aussi que l’Evangile exige des options radicales impossibles à satisfaire par la politique. Ces options radicales sont alors seulement des orientations, des fils directeurs, des idéaux qui guident l’action au sens où il importe d’être le moins possible en contradiction avec eux.

      • J’ignore si le billet auquel vous faites référence est ma recension du livre de Foucauld Giuliani. Auquel cas je crains que votre point 4 ne corresponde pas du tout à l’analyse de l’auteur et de ses amis du Collectif Anastasis qui, à la veille de la présidentiee appelait à ne pas reélire Emmanuel Macron :

        https://collectif-anastasis.org/2022/04/07/nous-chretiens-nous-opposons-a-la-reelection-demmanuel-macron/

        L’idée de la politique comme « nécessaire » compromis (jamais loin de la compromission) est réfutée par ces jeunes militants chrétiens de gauche. Pour eux là est la source des impasses face au défi écologique auxquels nous sommes parvenus, nourris par tout les partis de gouvernement : de droite comme de gauche.

        Il y a là, d’évidence, le retour d’une forme d’anarchie chrétienne intéressante à ob server.

        • Merci René de ces éclaircissements.

          Mon message( y compris le point 4 ) répondait à l’analyse de Guy Legrand sur le sujet très important abordé par votre billet.

          Alors, effectivement, je suis en désaccord avec le point de vue de Foucault Giuliani et de ses amis. Mon choix est toujours ( question d’âge ?), dans une situation donnée que l’on ne peut pour l’instant changer, sauf miracle ou révolution ?, celui que j’estime être le moindre mal.
          Et il y a, me semble t il, une différence entre ce qu’il faudrait faire ( et il est tout à fait légitime que certains s’attellent à le promouvoir auprès de leurs concitoyens ) et ce qu’il est préférable de faire dans l’immédiat.

        • A René
          « Une forme d’anarchie chrétienne  » c’est exactement cela .
          Séduisante par sa radicalité mais condamnée à l’inefficacité parce que hors sol . Nous ne sommes pas des moines ! Nous ne vivons pas en dehors de de la communauté des hommes et des femmes de ce temps .. Nous sommes dans la cité, partie prenante de la condition de nos concitoyens dans les difficultés des situations concrètes pour lesquelles il faut chercher ensemble , par la confrontation avec autrui , des solutions concrètes .
          Ils veulent avoir les mains pures mais ils n’ont pas de mains disait déjà Péguy à propos des méthodes kantiennes . C’est à cela que me fait penser cette prise de position surtout tribunicienne de la part de ces jeunes catholiques .

          Et puis pour être franc , je les trouve un peu présomptueux ces sympathiques jeunes gens : « est-ce qu’on peut vraiment se prévaloir de témoigner du Christ ? A mon âge désormais je marche sur la pointe des pieds  » disait François Bernard Michel à l’hebdomadaire « La Vie  » ( N° 3649)

          Ensuite , non , et je m’appuie sur toute mon expérience de vie , pour réfuter votre affirmation que le compromis dans la recherche du bien commun ne serait pas loin de la compromission .

          Enfin , j’en appelle, au risques des critiques habituelles , à Levinas et à Martin Buber pour affirmer que la radicalité des choix n’est pas antinomiques de la nécessité du dialogue avec l’autre , de la rencontre de l’autre comme détenteur d’un part de vérité et comune partenaire de la recherche commune de la vérité dont nul ne peut s’affirmer propriétaire .
          Prétendre au nom de la radicalité évangélique se situer hors du jeu , hors du réel et hors du dialogue et de la confrontation concrète avec l’autre dans la recherche commune du bien commun est une forme d’arrogance ( ce qui n’est pas très grave ) mais surtout d’irréalisme ce qui l’est quand on prétend témoigner ici et maintenant du message évangélique .

          • Lorsque j’écris que leur position ouvre au débat, c’est excatement (au moins en partie) celui que vous lancez dans ce commentaire. Et je pourrais écrire des choses comparables. Une précision déjà : lorsque j’évoque un compromis, jamais loin de la compromission, c’est leur pensée que j’exprime pas forcément la mienne.

            Pour autant, si j’ai été séduit par cette pensée c’est qu’elle vient nous bousculer, remettre en question des choix qui ont été les nôtres, sans doute raisonnés à défaut d’être toujours raisonnables mais dont il n’est pas moins évident qu’ils nous ont conduit à une forme d’impasse et de crise majeure de nature écologique (au sens d’écologie intégrale si on veut bien lire sans censure Laudato si’) qui compromet notre avenir collectif et la cohésion de nos sociétés.

            Il y a chez eux, me semble-t-il, quelque chose de prophétique qu’il nous faut entendre. En sachant que tout le monde ne peut pas vivre sur ce registre là même si, chaque baptisé, est fait « prêtre, prophète et roi. » Alors moi j’ai envie de poursuivre avec eux un dialogue. ouvert et généreux. Car s’ils sont « hors sol » (encore faudrait-il préciser) ils ne sont pas désincarnés et incarnent une forme de charité bien réelle nourrie de spiritualité exigeante.

            Et encore une fois, j’apprécie qu’au côté d’une jeunesse catholique ante-conciliaire quand ce n’est pas anti et identitaire qui fait grand bruit et semble parfois moopoliser le soutien des évêque parce qu’elle sait être plus visible dans la vie paroissiale et son adulation du prêtre traditionnel, j’apprécie l’émergence d’une autre jeunesse… dans laquelle je reconnais un peu de ce que j’ai été.

      • A Marie Christine ,
        Merci de m’avoir lu et de me donner la joie trop rare sur ce blog de voir mes propos compris et non caricaturés. (Ça fait du bien )
        Oui un chrétien responsable parce que engagé dans la cité est sur une ligne de crête , toujours inconfortable .Autant je ne crois pas à une politique chrétienne , à un parti chrétien. autant je crois à l’engagement des chrétiens dans les combats collectifs dans la diversité de leur sensibilités au service du bien commun .
        Non le compromis , preuve de réalisme n’est pas proche de la compromission . Pour les séparer il y a ce que l’on appelle l’ethique individuelle et collective .

  • Depuis l assassinat de la communauté st Merry, je me désaisis de l Eglise, de son pouvoir totalitaire et vis là liberté évangélique.
    Cher René, c est fou les intentions que tu prêtes à Dieu. Je suis toujours étonné pour ne pas dire terrifié par votre science sur Dieu, sur ses désirs, son projet sur l homme etc etc

      • Au risque de me tromper je dirais qu’il s’agit principalement du sentiment que vous donnez, comme à peu près nous tous ici, de croire que Dieu va sauver l’Église même s’il est clair qu’ici ce mot Eglise recouvre divers sens et avec plus que des nuances entre les uns et les autres… comme par exemple Michel nomme polémique tout ce qui dérange « sa foi », moi qui radotes en distinguant farouchement l’Institution que j’estime profondément et foncièrement erronée, de l’Église des « gens » baptisés ou pas de « bonne volonté »…

  • En même temps Michel, si l’on va par là, cette dernière phrase est elle-même insignifiante puisqu’excessive. Alors qu’en fait elle dit quelque chose de vous.
    Pour parler de façon générale, je suis souvent attentive à l’excès, et y suis (trop ?) portée moi-même. C’est un tempérament, ça n’invalide pas ce que dit la personne. Et surtout j’ai remarqué que l’excès pouvait exprimer, violemment, ce qui a maintes fois été répété, un malaise ou un espoir très profonds, et que personne n’a voulu entendre.

    Ajout à mon dernier commentaire : la réaction excessive ne vise peut-être pas quelqu’un en particulier – la personne qui se prend ces réflexions trouve cela injuste et réagit mal à son tour – mais des situations auxquelles celui qui « invective » pense, à tort ou à raison, que l’autre participe ou pourrait participer, d’une façon ou d’une autre. Donc tout doit être expliqué, et souvent longuement et difficilement (d’où les fameuses « querelles » pourtant salutaires).
    Voilà, j’ai fini mon cours, très personnel, de psychologie et j’en admire moi-même les nuances, qui le rendent toutefois un peu laborieux 😅.

  • A Jean Pierre ,
    Si l’on prend au sérieux la promesse du Christ qu’il est avec nous jusqu’à la fin des temps , on peut effectivement croire que la succession des témoins de l’Evangile que l’on nomme Eglise , se perennisera .
    Mais cela ne dit bien évidemment rien du tout ni de la survie de l’eglise catholique , ni à fortiori de sa forme actuelle historiquement et sociologiquement marquée, ni plus encore de son institution .
    Je sais que si la foi m’a été transmise c’est aussi parce qu’il existe des témoins, une forme d’église et une forme d’institution .Que cette institution soit comme me le disait le cardinal Honoré une vieille prostituée trop fardée usée par toutes les compromissions avec les valeurs du monde ne change rien à cela .
    Aussi j’estime que mon devoir de baptisé est non seulement d’essayer de temoigner personnellement de l’Evangile , mais aussi de le faire collectivement et donc d’œuvrer à ce que les structures de l’église soient le moins possible des structures de péché .Et cela passe par un regard aussi lucide que possible sur son fonctionnement structurel . Pas pour dénigrer pour le plaisir (cela ne m’en apporte aucun) Juste pour agir en personne responsable .Le fonctionnement structurel de l’eglise est de la seule responsabilité des hommes qui la dirigent et importe aux hommes et aux femmes qui la composent .

  • A René
    Je me réjouis autant que vous de l’émergence de ce courant de pensée chez ces jeunes catholiques et pour une grande partie pour les mêmes raisons que vous . Oui ils introduisent de la différence , de la diversité dans la vie de l’église et le débat avec eux ne peut être que stimulant et vivifiant .
    Cependant ma critique de leur irréalisme demeure et à titre d’exemple :
    J »habite ne Bretagne ou je suis militant d’une association de défense de l’environnement après avoir travaillé dans la dernière parie de ma vie professionnelle dans le service public en charge de ces sujets .(aménagement du territoire , logement , environnement , risques )
    L’agriculture bretonne n’est pas sortie de son modèle économique élaboré dans les années 60 pour assurer les besoins de la population . Aujourd’hui ce modèle outre sa non viabilité économique , est en grande partie responsable de la pollution de l’eau , du développement des algues vertes sur le littoral et menace aussi la disponibilité de la ressource en eau ( assèchement des rivières et nappes phréatiques , augmentation des retenues de substitution ….)
    Les agriculteurs eux mêmes condamnés à une folle fuite en avant sont structurellement surendettés et pris en tenaille par les fournisseurs de semences et d’aliments et les multinationales déguisées en coopératives qui assurent la commercialisation de leur production .

    Face une telle situation , une posture politique radicale outre qu’elle est inapplicable condamnerait et jetterait dans la misère et la pauvreté tout les acteurs de ce secteur économique vital pour notre vie commune et déséquilibrerait des pans entiers de l’économie bretonne ( le port de Lorient doit une grande part de son traffic aux importation de tourteaux de soja pour l’élevage ) . sans compter les troubles sociaux que cela engendrerait à coup sûr .

    L’incarnation , cela veut aussi dire que la foi se vit dans la réalité de la vie concrète des hommes et des femmes de ce temps .

    Alors oui , c’est jeunes gens peuvent avoir un rôle prophétique et il est salutaire . Mais le propre des prophètes , c’est qu’ils ne descendent jamais de leur Aventin , qu’ils soufflent sur les braises sans jamais se préoccuper des conséquences concrètes et qu’ils laissent soigneusement aux autres le soin de mettre les mains dans le cambouis de la réalité .

    Les « belles âmes » c’est bien , mais elles ignorent le sens des responsabilités sans lequel la vie concrète n’a aucune chance de pouvoir s’améliorer .
    Mais n’est ce pas la spécificité d l’église catholique que de croire qu’il suffit de dire les choses pour qu’elles adviennent sans qu’il soit besoin de se préoccuper de la manière concrète dont les changements nécessaires pourront effectivement se réaliser ?

    • Il n’y a pas que les « belles âmes » qui oublient le sens des responsabilités. C’est aussi le cas de certains démocrates qui se réfugient facilement derrière l’expression d’opinions publiques formatées par certains médias sous influence. Il y a une forme d’irénisme – et d’irresponsabilité – à prendre pour expression de la volonté populaire (que les pères de la démocratie souhaitaient éclairée) des velléités dont la mise en œuvre bouleverse nos sociétés au-delà du raisonnable. Mais je sais que sur ce point nous sommes en désaccord.

      Sans doute, dans la présidentielle qui vient de vivre son premier round, Yannick Jadot a-t-il été victime de la radicalité d’EELV … sauf que cela a été au profit de plus radical que lui et pas d’une candidature de compromis. Le compromis n’a pas, à mon sens, à précéder le débat mais à le conclure. Ce qui suppose qu’en amont chacun puisse s’exprimer dans toute sa vérité, si excessive soit-elle.

      Considérer que les « prophètes » ne sont là que pour conforter les « raisonnables » dans leur sentiment de supériorité me semble être une erreur. Plaider l’éthique de responsabilité contre l’éthique de conviction n’a de sens que si la seconde, en permanence, nous oblige à redéfinir et affiner les contours de la première.

      Permettez-moi de rependre ici l’analyse que je publiais sur ce blog le 15 juin 2015 à propos de l’encyclique Laudato si’ que le pape François venait de publier. Une encyclique « radicale » que l’on peut juger être surgie d’une « bonne âme » irresponsable…

      « Mais, que l’on ne s’y trompe pas, nous dit le pape, face aux désordres du monde, ce que nous commande aujourd’hui la simple raison et pour nous chrétiens, la Bonne Nouvelle de l’Evangile, est ni plus ni moins une révolution copernicienne, une totale «conversion intérieure» du cœur et de l’esprit qui doit trouver sa traduction dans l’organisation même de nos sociétés. Car «il ne suffit pas d’inclure des considérations écologiques superficielles à la culture actuelle.» (197) Et il poursuit, comme pour enfoncer encore un peu plus le clou, face à ce qu’il redoute d’immobilisme des gouvernants, par-delà les bonnes résolutions des Conférences mondiales : «Sur ces questions, les justes milieux retardent seulement un peu l’effondrement. Il s’agit simplement de redéfinir le progrès.» (194) Un progrès qui soit à la mesure de l’homme. »

  • « simplement redéfinir le progrès Un progrès qui soit à la mesure de l’homme »

    Vaste pogramme…C’est le moins qu’on puisse dire me semble-t-il…

  • A René
    1) le désaccord entre nous n’est pas obligatoirement là ou vous le pensez .
    – Autant je suis d’accord avec vous sur le fait que les « velléités  » fussent elles à la mode , doivent être passées au filtre du discernement . Oui la véritable démocratie suppose l’adhésion éclairée et non pas seulement la prise en compte d’une expression fut elle majoritaire spontanée et parfois irréfléchie . sans doute pensez vous aux lois bioéthique .
    – Autant je ne pense pas que la question de la dignité de la fin de vie par exemple soit seulement une question de velléité . Elle est au contraire une question grave qui mérite d’être posée et envisagée sérieusement alors que les réponses traditionnelles  » le respect de la vie jusqu’à sa fin naturelle  » perdent progressivement tout sens au vu des progrès de la médecine .
    2) D’accord aussi sur le fait que le compromis intervient à la fin et conclut, et le dialogue ( recherche commune de la meilleure solution ) et le débat ( confrontation des positions ) . Mais c’est ce qui se passe en réalité pour peu que l’on s’intéresse et / ou que l’on participe au travail réel des assemblées délibérantes ( c’est en tout cas mon expérience pour avoir participé au travail des commissions du parlement européen , de l’assemblée nationale , des assemblées régionales départementales ou municipales : je crois avoir fait tout le spectre )
    3) Ce qui plombe les écologistes au plan électoral , ce n’est pas la pertinence de leurs idées , c’est leur absence totale de professionnalisme dans les métier du « politique  » . ( je me rappelle d’un représentant écolo dans un groupe d’experts de la commission européenne dont j’étais membre , se réjouissant ouvertement de la hausse du prix des carburants qui mettait à mal le secteur de la pêche en laissant les navires à quai et tout l’équilibre de nombreux territoires littoraux . Ce qui était catastrophique concernant par exemple la côte cantabrique en Espagne totalement dépendante de la pêche ) .
    Les bonnes intentions et la pertinence des analyses n’excusent pas à mon avis l’irresponsabilité politique .
    4) En ce qui me concerne je ne considère pas que l’éthique de conviction soit au service de l’éthique de responsabilité . Si j’ai cité au moins deux fois Ricoeur sur ce fil concernant les rapport du politique et de l’Eglise , c’est bien parce que je crois que l’expression de l’éthique de conviction est indispensable et a pour fonction de questionner et de stimuler l’éthique de responsabilité qui sans la stimulation de l’éthique de conviction peut effectivement dériver vers la compromission et l’immobilisme .
    5) Enfin , si j’ai pris l’exemple très concret de la situation environnementale de la Bretagne et ses liens avec l’agriculture , ce n’est pas pour minimiser la pertinence. et l’intérêt de la mise en oeuvre de Laudato Si , mais juste pour dire que son application donc sa transposition en politiques concrètes suppose aussi une prise en compte de la réalité et intègre la notion de progressivité , et de faisabilité à l’instant T. C’est un débat qui traverse certaines associations environnementales : doit on rester dans l’opposition systématique au nom de l’éthique de conviction ou peut on aussi se positionner comme interlocuteurs responsables vis à vis des communes et EPCI dans leur travail de conciliation des injonctions contradictoires ( ce qui est l’essence même du travail politique ): Exemple : comment favoriser la mixité sociale et générationnelle dans les territoires littoraux si l’on bloque le développement de l’urbanisation ( le foncier bâti et non bâti est inaccessible aux jeunes et aux classes moyennes , mais le développement de l’urbanisation mange des terres agricoles nécessaires aux circuits courts et menace des écosystèmes protégés , sans parler des capacités de rejets de nouvelles stations d’épuration rendues nécessaires par l’accroissement de population et qui ne permettront pas de respecter les objectifs de la politique de l’eau )

    Pour faire court : l’éthique de conviction ne dispense jamais de penser la complexité du réel .

  • Le prophète n’est pas le roi. Son rôle est essentiel est de s’insurger contre l’injustice et le mal, montrer que l’ordre du monde tel qu’il est peut et doit être changé. rappeler au roi ( et, en démocratie, aussi à l’opinion publique ) les exigences essentielles du bien. Mais il ne gouverne pas.

    On a absolument besoin de prophètes pour s’opposer aux idéologies et aux démagogues qui monopolisent souvent la parole publique. Cependant les prophètes qui deviennent rois risquent d’engendrer un pouvoir absolu idolâtré et de trahir ainsi leur mission permanente de contestation. On le voit bien historiquement, il me semble, dans toutes les politiques, athées ou pas, qui veulent faire descendre «  le ciel sur la terre « où établir «  le règne de Dieu sur terre «. Et le Christ a refusé le titre de roi d’Israel: son «  Royaume n’étant pas de ce monde «. Ce qui ne signifie pas que tous les royaumes terrestres se valent.

    En ce sens, pour prendre un exemple dans un autre domaine, s’opposant à Platon qui decrit une cité idéale, donc nécessairement anti-democratique puisque la démocratie vit du débat entre opinions diverses, Kant écrit qu’il est bon et d’ailleurs impossible que «  les philosophes deviennent rois et les rois philosophes ».

    • A Marie Christine,
      C’est bien là le talon d’Achille des démocraties modernes que de n’avoir pas d’institution exerçant la fonction prophétique .Cet absolu defini hors de soi même signifiant le « bien « et à partir duquel on se détermine pour agir dans la complexité du réel .
      Longtemps nous avons cru que les valeurs à portée universelle qui étaient les nôtres (droits de l’homme, laicite , égalité hommes femmes ….) pouvaient servir de références et jouer ce rôle .Poutine , les talibans et autres extrémistes islamistes nous rappellent à la réalité .Les leader spirituels ? .Leurs institutions et pas seulement l’eglise catholiques ont montré aussi leurs défaillances.. Alors les petits prophètes du quotidien guidés par leur seule conscience tels que nous le propose G Steiner ? Je ne sais pas .
      Cet appel à être un juste en parole et en acte est , en ce qui me concerne , au nom de ce précieux héritage est à mon niveau personnel une réponse à la fois dérisoire mais potentiellement féconde et en tout cas un impératif catégorique. Un honneur pour lequel on peut vivre et mourir .

  • A Marie Christine,
    C’est ce qu’avait compris l’antique Israël qui séparait strictement les fonctions des rois et celles de prophètes..Le destin des prophètes était de finir précipité du haut des remparts de Jérusalem , tant ils disaient au roi et à la société toute entière, ce que ceux ci devaient être et que si crûment ils n’étaient pas .
    Quand les rois s’entourent de prophètes cela finit mal en général pour ces derniers. Quand les prophètes deviennent roi ils finissent en tyrans .
    En écoutant le récit de la passion du Christ , j’ai toujours pensé que sa condamnation était vraiment dans l’ordre des choses tant son message est déstabilisant pour tous les pouvoirs en place et pour l’ordre social .Le mot de Caiphe préférant sacrifier Jesus pour que vive en paix tout le peuple est juste de la sagesse politique.
    Je suis allergique à une théologie de la croix doloriste et sulpicienne .La croix , c’est le juste prix a payer quand on prend au sérieux le message de l’Evangile et sa dimension prophétique.
    Je ne suis pas sûr que nos sympathiques jeunes gens qui prônent la radicalité évangélique en politique , qui suscite à juste titre l’intérêt de René, aient pris toute la mesure de ce choix : le prophète doit au moins pour lui même assumer l’ethique de la responsabilité quant à son sort à venir . Qu’il devienne roi et donc tyran ou qu’il soit jeté du haut des murs symboliques de nos cités .
    A bon entendeur…..

    • Je suis d’accord.
      Quand les prophètes s’avisent de conseiller les rois, ils finissent en général très mal. Et quand ils deviennent rois, ils peuvent facilement devenir des tyrans.
      Néanmoins, la fonction prophétique est essentielle à condition de ne pas mélanger les plans. Elle est une force nécessaire de contestation de l’ordre établi, et indique la voie à suivre.
      Je persiste à penser que l’Evangile est radical dans ses exigences et qu’au contraire, de par l’expérience historique , la politique, sous peine de différents dangers ( certitude de posséder la vérité absolue risquant d’engendrer fanatisme et intolérance à l’avis des autres ) ne peut pas l’être. Je me méfie de l’idéalisme religieux ou militant, qui, par définition, ne peut transiger avec le réel et faire place à l’´opinion d’autrui.
      « Qui veut faire l’ange risque de faire la bête. »

  • René,
    J’ai relu plusieurs fois votre billet. Je bute ici et là et j’ai besoin d’éclaircissements. Que veut dire réellement « conversion du pouvoir politique à la volonté de Dieu » ? (Si tant est que quelqu’un puisse dire qu’il sait quelle est la volonté de Dieu). Et « sans confessionnalisation de l’Etat » (heureusement !). Je n’arrive pas à comprendre et ça m’énerve 😄. Ce n’est pas une critique.

    • Ce n’est pas à proprement ma pensée mais celle de l’auteur. Je crois qu’il signifie par là, mais il faudrait que je reprenne le livre, que c’est la prétention des hommes à refuser toute transcendance dans l’élaboration des lois, qui conduit aujourd’hui à des impasses dramatiques. Et donc que, sans vouloir tirer un « programme » d’une lecture fondamentaliste de la Bible, l’interrogation sur Dieu et la logique interne à la Création, est la condition sine qua non pour que l’homme échappe à l’ubris qui le menace.

  • Merci René.
    J’ai du mal à comprendre, je l’avoue, ayant toujours voté en fonction de mes idéaux qui sont : plus de justice, plus d’égalite, répartition des richesses, protection du plus faible, égale dignité de tous, accueil de la différence etc… On peut toujours rêver.
    Rien n’a changé lorsque je suis devenue catholique, je n’ai pas voté en fonction d’une appartenance. Si mes idéaux recoupaient l’Evangile, tant mieux.
    J’ai tout de même vu pas mal de cathos voter, disant qu’ils le faisaient au nom de leur foi, pour des candidats (se déclarant parfois eux-mêmes chrétiens) qui proposaient un modèle économique assez peu évangélique. Ou qui se crispaient uniquement sur les problèmes de bioéthique et en oubliaient tout le reste.
    Donc tout cela me laisse perplexe.
    ¹

    • C’est vrai, Anne, et c’est bien peu évangélique, mais il y a en a aussi qui négligent les questions bioéthiques et qui se crispent sur autre chose…

      • Bien sûr Michel. Et il ne peut y avoir que des compromis dans un vote, aucun n’étant parfait.
        Il me semble quant à moi que l’essentiel de l’Evangile est peu respecté dans un vote à droite ou, pire, à l’extrême-droite. Mais comme je le disais, je n’ai jamais voté en tant que catholique, mais selon mes convictions profondes, privilégiant le partage des richesses et tout ce que peut défendre la gauche, en dehors même, assez souvent, des personnes qui la représentent.
        Les derniers temps que je fréquentais une paroisse, j’étais l’une des seules à penser ainsi, tandis que la plupart des paroissiens, confortable retraite, maison de campagne et discourant sur le  »droit à la propriété » et les biens acquis étaient vent debout contre les socialistes. Il est vrai que j’habite Paris. Mais est-ce une excuse ? Pour que le pauvre soit surtout une occasion de faire l’aumône ?
        Il est possible que j’exagère, mais j’avoue m’être mal remis de ce climat, avec en arrière-fond les appels à la manif pour tous.
        Voilà, c’est dit et c’est sans intention de blesser. C’est du trop-plein.

        • Anne, dans la Manif pour tous je puis vous assurer du moins à ces débuts toute sorte de gens et pas uniquement ceux qui ne vous ^plaisent pas spécialement à vous…et à moi par la même occasion

      • A Michel ,
        Concernant ces élections il ne faut pas se focaliser sur un seul thème a fortiori lorsque l’on formule mal les questions qu’il induit .
        1) J’ai toujours trouvé étonnant que les cathos aient voté Fillon au présidentielles de 2017 alors que son programme prévoyait explicitement la privatisation des services publics dont l’hôpital . Cela impliquait la financiarisation de ces services et donc les risques de derives comme on l’a constaté récemment avec les Ehpad .Cela airait instauré ensuite une médecine à deux vitesses entre riches et pauvres et donc une rupture de notre pacte social en matière de solidarité .Mais tout cela était considéré comme sans importance par les cathos au vu de ses positions sur la famille et l’IVG .
        2) De plus il me paraît abusif de mélanger a dessein les questions de la dignité de la fin de vie et de l,’euthanasie comme le font certains cathos
        Mais tout cela n’a pas empêché une fois encore le vote catholique de se porter en grande partie sur E Zemmour et Marine Le Pen dont les programmes prônent en.prime l’exclusion du pauvre et de l’étranger..
        Manifestement chez les cathos , les conseils évangéliques n’ont pas tous la même valeurs et certains n’en n’ont même aucune .

  • Vu qu’il n’est pas impossible que Madame Le Pen soit la présidente de la République à l’issue du second tour il me semble bien prématuré de discuter d’une éventuelle cohabitation, le plus important étant l’échec de Madame Le Pen me semble-t-il ,et pour moi là est le danger principal du vote blanc ou de l’abstention.

    • En effet, tout faire pour éviter Marine le Pen est le plus urgent, je suis d’accord avec vous Dominique. Et j’espère qu’une fois encore beaucoup d’électeurs hésitants auront un sursaut de lucidité. Dire que c’est la 3e fois que l’on se retrouve dans cette situation…

    • Ce qui prouve que vous n’avez pas compris le fond de mon billet. Car je ne dis pas autre chose que l’urgence à faire barrage à Marine le Pen. Simplement j’observe, autour de moi et bien au-delà, nombre d’électeurs tentés par le vote blanc ou l’abstention. Pourquoi ? Parcequ’ils ne font aucune confiance à Emmanuel Macron pour « renvoyer l’ascenseur » à ceux qu’il invite à le rejoindre. « Si c’est pour légitimer sa politique… très peu pour moi » est un commentaire que j’entends ici et là. Quelle est sa capacité à amender réellement son projet ?

      La manière dont il a « ignoré » le Parlement, verouillé par les députés LREM, durant cinq ans n’est pas bon signe. Ni la manière de « faire de la politique autrement » restée au stade du discours. Dès lors – et c’est à ce nœud que se situe mon billet – certains acceptent d’envisager un vote Macron au second tour, pour faire réellement obstacle à Marine le Pen, mais à condition – dans leur esprit – d’envoyer à l’Assemblée une majorité qui ne soit pas « aux ordres » (j’ai entendu l’expression) mais permette un réel débat démocratique et la constitution de majorités éventuellement différentes en fonction des projets présentés.

      Il n’est donc pas absurde d’évoquer une « possible cohabitation » dès à présent si elle est, pour certains, déterminante à leur positionnement au second tour : renoncer au vote blanc pour un « Macron » mais sous condition. Et spéculer sur une impossible cohabitation avec Marine le Pen ou Jean Luc Mélenchon n’a pas de sens, à ce stade, (et je n’en parle pas dans mon billet) puisqu’une cohabitation éventuelle se ferait en fonction du résultat des urnes. Voilà ! On peut considérer cette analyse comme absurde ou ne pas s’y reconnaître. Encore faut-il faire l’effort d’en comprendre la logique interne.

      J’observe d’ailleurs que sur Facebook où mon billet a été mis en lien, nombre de lecteurs expriment leur accord avec cette analyse (d’autres non, bien évidemment). Exemples :

      Jean-pierre Gueno
      Bien pensé cher René Poujol !

      Jean Claude Deprez
      Ca me semble du bon sens cher René Poujol. Apres tout, nos grands-meres disaient : « pas tous les oeufs dans le même panier »

      Jean Luc
      Bien dit !

      Bernard Yvernogeau
      je vote la France insoumise aux législatives pour obliger Macron à écouter le peuple français… dans sa totalité.

      

Gilles Bourrouilh
      Bonjour René,
      je partage totalement votre objectif des législatives !

      Emmanuel M. Maire
      Oui, René Poujol ,sauf que Macron a largement montré qu’il ne respecte pas le fonctionnement du parlement ….

      Yann Vagneux
      Merci cher René Poujol pour ta clairvoyance à laquelle je souscris totalement à des milliers de kilomètres de la France

      Et je republie ici le message reçu d’une amie deux heures à peine après avoir publié cet article : « Bonjour René, Je te réponds volontairement en privé : merci pour ce blog ! Je viens grâce à toi de décider entre vote blanc et vote Emmanuel Macron…et de
      reprendre un peu espoir pour l’avenir. » Ce qui prouve, pour le moins, que certains se retrouvent dans cette stratégie : oui à Macron, mais en le mettant sous surveillance citoyenne.

      Pour le reste : est-ce que les choses se passeront ainsi ? Bien malin qui peut le dire ! Mais encore une fois c’est une clé réelle du second tour.

      • Mais enfin cette clé sans doute bien nécessaire ,c’est aux législatives qu’elle servira, mais pas maintenant,et à lire certains commentaires on a l’impression que depuis 5 ans nous somme sen dictature.N’importe quoi,un peu comme le disait en son temps, du Général De Gaulle un ancien Président de la République dans ‘le coup d’état permanent »

          • René,je pense que si,à Dieu ne plaise,MLP est élue le 24, vous pourrez au moins vous dire que vous n’avez rien fait vous et vos amis abstentionnistes ou partisans du vote blanc, vous n’aurez rien fait pour éviter cela
            A vous de voir bien sûr

          • Dominique, vous vous scandalisez lorsque je vous reproche de ne pas savoir me lire… Où avez-vous vu que je ne voterais pas pour Emmanuel Macron ? J’écris exactement le contraire dans ce billet :

            « Cinq ans ont passé et dans la situation qui est aujourd’hui la nôtre je dis très clairement ici, comme je l’ai déjà exprimé voici quelques jours sur les réseaux sociaux (Facebook) que j’entends tempérer le choix que je ferai d’Emmanuel Macron, par un vote aux législatives susceptible de lui imposer une forme de cohabitation. »

            J’enteds tempérer LE CHOIX QUE JE FERAI D’EMMANUEL MACRON…

      • René, j’ai bien compris. Je voulais juste dire, maladroitement donc, que pour moi le problème était de virer MLP. Donc je vote Macron, même si tout ne me plaît pas chez lui, loin s’en faut. Ensuite, 2e étape, on pourra toujours tenter de corriger le tir, autant que faire se peut.
        C’est ma façon de voir les choses, c’est tout. Que d’autres veuillent des garanties avant de voter, c’est possible. Personnellement, je n’en demande pas tant. Voilà.

  • Mais René « tempéré la chois d’Emmanuel Macron » comment s’y prend -t-on dans une élection présidentielle concrètement?
    J’y vois là quasi un encouragement à ne pas voter ou à voter blanc

    Le danger pour la démocratie et même la paix civile c’est MLP qui l’incarne et personne d’autre et surtout pas Macron, loin de là et je dis çà sans pour autant être à genoux devant lui

    • On s’y prend en votant Macron, au besoin par devoir, lors de la présidentiele puis aux législatives en votant pour le candidat de sa circonscription correspondant à ses convictions personnelles (et non pour donner une majorité au président élu). Est-ce si difficile à comprendre ?

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