Lettre ouverte à La Parole Libérée

Lettre ouverte à La Parole Libérée

Cinq ans après sa création, l’association choisit la dissolution. Et justifie pleinement notre gratitude. 

A la fin de ce mois de mars 2021, réunis en Assemblée générale, les membres de La Parole Libérée seront appelés à voter la dissolution de leur association, créée le 17 décembre 2015 pour faire entendre la voix des victimes du (père) Bernard Preynat et plus largement interpeller l’Eglise catholique et la société sur les causes structurelles de la pédocriminalité. Dans un communiqué publié le 18 février, l’Association fait valoir qu’ayant toujours eu pour objet : « une action publique, plus politique et militante que centrée sur l’accompagnement de victimes » elle estime sa mission aujourd’hui remplie. Le communiqué salue la qualité des travaux de la CIASE qui « seront un modèle et une référence mondiale » et annonce la parution prochaine d’un livre blanc fruit de l’expertise acquise au cours de ces cinq années.(1) Les signataires concluent : « Il est l’heure pour nous de reprendre nos vies, de s’occuper de nos proches, de nos familles, de nos amis… et de continuer le combat sous d’autres formes ». Sur ce blog ou ailleurs, j’ai à plusieurs reprises croisé la route de La Parole Libérée, comme “observateur engagé“ sur les questions de pédocriminalité et de dérives sectaires dans l’Eglise. J’ai voulu répondre personnellement à ce communiqué, sous forme d’une “lettre ouverte“, que voici : 

Livre à paraître fin mars 2021

C’est avec émotion que je viens de litre le communiqué par lequel vous annoncez la prochaine dissolution de votre association. Emotion parce que cela me remet en mémoire les épisodes du combat que vous avez mené pendant cinq ans. Pour que la parole des victimes – de toutes les victimes – soit entendue et que justice leur soit rendue. Comme dans tout vrai combat des coups rudes ont été portés, de part et d’autre. Vous en avez asséné. Vous en avez reçu. Ce ne fut une partie de plaisir pour personne. Mais peut-on briser une longue tradition de silence, légitimée au nom du bien supposé supérieur d’une institution, sans faire quelques dégâts collatéraux ? Devrions-nous regretter que « ceux par qui le scandale arrive » soient enfin identifiés aux agresseurs et non aux victimes qui osaient parler ? 

C’est votre parole libérée qui nous a ouvert les yeux sur la souffrance des victimes. 

C’est pourquoi je voudrais vous dire ici ma gratitude. J’ai raconté (2) la manière dont j’ai « géré » dans les années 2000, comme directeur de la rédaction d’un grand hebdomadaire catholique, les premières affaires de pédocriminalité dont nous avons eu à connaître, dans l’Eglise. A l’époque nous avons fermement condamné les actes commis, plaidé pour qu’en ces affaires toute la lumière puisse être faite puis soutenu sans réserve les décisions de justice. Pour nous, il y allait du « Bien » de l’Eglise à accepter cette épreuve de vérité. Pourtant, à relire aujourd’hui ce que j’ai pu écrire alors, jamais – à ma grande surprise – je n’ai employé le mot “victime“. Ce qu’elles avaient pu endurer restait dans une totale abstraction, dans le non-dit. D’autant plus qu’aucune, à ma connaissance, n’avait pris contact avec notre rédaction. Ni nous avec elles. Peut-être ne se croyaient-elles pas autorisées à le faire, se sentant honteuses, coupables d’être victimes ou pire, nous percevaient-elles comme faisant nous-mêmes partie de cette institution qui, si longtemps, avait couvert leurs agresseurs et les ignorait. 

C’est votre parole libérée qui nous a ouvert les yeux sur la souffrance des victimes. Et qui a contribué à libérer notre propre parole. Dans mon livre, Catholique en Liberté (2019) j’écris ceci   : “Les événements de ces vingt dernières années illustrent parfaitement le fait que tant sur les affaires de pédocriminalité que de dérives sectaires, l’Église est incapable de se réformer de l’intérieur si elle n’y est pas contrainte par les médias et les associations de victimes prenant le relais des lanceurs d’alerte. Moi-même, me serais-je engagé dans ce combat si je n’avais croisé la route de quelques-uns de ces acteurs de l’ombre: Yves Hamant, Aymeri Suarez-Pazos, Xavier Léger, Philippe Lefebvre, François Devaux, Pierre Vignon, Olivier Savignac… » (3)

Merci de nous avoir fait dépasser la notion de « bonnes victimes »

Cet aveu s’est, d’une certaine manière, retourné contre moi. J’ai reçu, c’est vrai, de votre part, des remerciements sincères pour tel ou tel billet de mon blog qui appuyait votre combat. Mais à l’automne 2019 j’ai entendu aussi que le titre de mon livre « Catholique en liberté » était un oxymore, une contradiction dans les termes. Que je devais choisir: être libre ou catholique. Si l’Eglise, comme je l’écrivais, « était incapable de se réformer de l’intérieur » alors je ne pouvais être crédible qu’en choisissant de la quitter, voire d’apostasier. Je me souviens avoir répondu qu’il m’arrivait, comme citoyen, d’être également en désaccord profond avec ceux qui dirigeaient mon pays au point de devoir m’engager parfois dans certains combats citoyens, sans me croire obligé pour autant de rendre mon passeport et de devenir apatride. 

Comprenez-moi bien, le rappel de cette « rudesse » entre nous se veut aujourd’hui un hommage car j’y vois, de part et d’autre, une forme de vérité. Merci de nous avoir fait dépasser la notion de « bonnes victimes », qui « n’ont pas de compte à régler avec l’Eglise » et se disent prêtes au pardon et au dialogue discret… pour considérer d’une même manière toutes les victimes, au titre de leur dignité et de leur souffrance. Que certaines d’entre elles qui se reconnaissaient catholiques aient pu perdre la foi en chemin restera à jamais notre blessure. J’entends encore l’un de vous me confier : « Je n’étais pas anti, je le suis devenu. Pas à cause de ce que j’ai subi mais à cause de l’attitude de ces responsables qui sont devenus des symboles de pharisaïsme et de lâcheté à mes yeux. Comment pourrais je le vivre autrement après tout ce que j’ai vu ? »

Vous resterez, aux yeux de beaucoup, comme les « tombeurs » du cardinal Barbarin

Vous resterez aux yeux de beaucoup, comme les « tombeurs » du cardinal Barbarin devenu une sorte de bouc émissaire. La comparaison n’est pas fausse si l’on retient l’idée que le bouc émissaire « est un individu, un groupe, une organisation, etc., choisi pour endosser une responsabilité ou expier une faute pour laquelle il est, totalement ou partiellement, innocent. » (4) Oui, le cardinal Barbarin, au-delà de ses propres fautes « par omission » a payé pour ses prédécesseurs et d’une certaine manière pour l’ensemble de l’institution compromise dans ces scandales de pédocriminalité. Mais à y regarder de près, n’est-ce pas avec l’assentiment inconscient – et le secret soulagement – de certains de ses frères évêques et de la communauté catholique elle-même, peu empressés à reconnaître leur propre part de responsabilité ? 

Un texte de 2010 où nous demandions pardon

Le 9 avril 2010, avec une vingtaine d’amis (5) je signais dans les colonnes du Monde une tribune intitulée : « Face aux abus sexuels, la désolation et le pardon du pape ne suffisent pas » (6) Nous y écrivions : 

«  Ce silence n’est pas seulement le fait de l’institution. C’est aussi celui des chrétiens ordinaires, qui n’ont pas toujours tout ignoré de ce qui se passait. Certes, ils étaient aussi victimes du statut de « mineur » dans lesquels les a entretenus la société cléricale. Mais cela n’empêche pas que nous portons tous une part de la faute. 

Nous ne pouvons pas nous laver les mains de cet état de fait. Nous avons été à la fois victimes et participants de ce qu’il faut bien appeler « une structure de péché ». Certes, il y a des fautes et des crimes précis et il n’est pas question de les faire disparaître dans une forme de responsabilité collective. Cependant le péché de l’Eglise et de ses serviteurs, nous devons tous y faire face.

Parce que nous voulons vivre pleinement notre baptême, nous entendons assumer notre responsabilité de membres de l’Eglise. Dans ce drame, nous sommes solidaires : la honte de l’Eglise est la nôtre, et il importe, pour en finir avec le silence et la perversité qui s’y dissimule, que nous ne nous contentions pas du pardon des évêques et de la désolation du pape.

Il importe que nous, catholiques, en demandions aussi pardon – au nom de toute l’Eglise, parce que nous sommes l’Eglise -, aux victimes. Alors, pour tous ceux qui voient dans ces crimes des raisons de douter que le Christ est lui-même amour, vérité, liberté et justice, pourra s’ouvrir de nouveau la possibilité de l’accueillir comme authentique sauveur.

Ne pas avoir le courage de demander pardon, et ne pas s’engager à faire changer les modes de gouvernance dans l’Eglise, c’est ouvrir la porte à l’emballement des accusations et des fausses justifications, à l’enchaînement des rancoeurs sordides, à la désignation de boucs émissaires…

Les yeux fixés sur le Christ, nous demandons pardon aux victimes. Après qu’un tel mal a été commis, lui seul peut aider à trouver les chemins de la vérité, de la justice et de la paix. » (7)

Dix ans plus tard, que pourrais-je ajouter ? Rien, sinon ma détermination – notre détermination, – à continuer à nous battre avec tous ceux qui se reconnaissent dans ce combat et choisissent de le poursuivre, notamment, « de l’intéreur » au côté des associations de victimes. Oui, je vous demande pardon, comme je demande à Dieu de nous pardonner tous de vous avoir, pour certains d’entre vous, détournés de Lui. 

  1. La Parole Libérée, Marianne, n’entends-tu pas tes enfants pleurer ? Ed. du Cerf, 368 p. 20 €. Sortie fin mars 2021. 
  2. Dans mon livre Catholique en liberté (Salvator) p.38
  3. Ibid p. 45. François Devaux étant précisément le Président de La Parole Libérée.
  4. Wikipédia
  5. Les signataires de ce texte étaient: Jean-François Bouthors, Christine Pedotti, Anne Soupa, Guy Aurenche, Jean-Pierre Rosa, Gabriel Ringlet, Gilbert Caffin, Bernard Perret, Monique Hébrard, Mijo Beccaria, Jean Delumeau, René Poujol, François Vaillant, François Euvé, Dominique Chivot, Claude Plettner, Jean-Claude Petit, Daniel Duigou, Henri Madelin, Helena Lassida, Catherine Grémion, Henri Tincq, André Gouzes, Gérard Testard et Aimé Savard.
  6. Ce texte se voulait en écho à la lettre du pape Benoît XVI aux évêques d’Irlande où il disait partager le désarroi et le sentiment de trahison face aux crimes pédophiles commis dans l’Eglise de ce pays.
  7. D’où, tout de même, cette question : comment expliquer que les évêques de France soient encore, à ce jour, incapables d’adopter l’attitude qu’un groupe de laïcs et de prêtres a su penser il y a dix ans déjà : reconnaître sa responabilité collective et demander pardon ?

82 comments

  • Très cher René, une fois de plus, vous avez senti, pensé, écrit quelque chose de très beau – parce que c’est très juste, au sens le plus fort du mot. Permettez-moi à mon tour de vous remercier, simplement, mais profondément. Votre place, votre parole, votre vérité dans ce bourbier puant m’ont aidé à m’orienter, et pas seulement judiciairement, mais humainement – c’est-à-dire spirituellement. Très personnellement: merci. Guillaume

  • Merci à vous, René, pour cette lettre ouverte et la façon dont vous oeuvrez pour donner la parole aux victimes.

    J’ai dit à François Devaux que lui-même et ses compagnons ne seraient jamais assez remerciés pour le courage et la force dont ils ont fait preuve. Chemin défriché, liens denoués, parole donnée – enfin ! – à ceux qui pensaient qu’ils n’y auraient jamais droit. Et que leur souffrance était une sorte de fatalité, un destin. Cette dissolution est une nouvelle difficile à recevoir, et qui suscite en effet d’abord l’émotion, mais les membres de l’association savent ce qu’ils ont à faire : ils ont donné le maximum de ce qu’ils pouvaient. Il est temps qu’ils retournent à leur vie.

    Les victimes de l’Eglise s’entendent encore dire, ici et là : « Pourquoi n’avez-vous pas parlé plus tôt ? », « Pourquoi attendre le décès de la personne que vous mettez en cause ? » Tout simplement parce qu’avant, il était impossible de parler. Personne ne voulait entendre. Ni la hiérarchie, ni les catholiques eux-mêmes. Les premiers vous mettaient, plus ou moins poliment, à la porte. Les seconds vous faisaient taire aux premiers mots, préférant s’en tenir à une vision rêvée, fantasmée de l’institution et croyant peut-être ainsi être fidèles à Dieu. Je ne sais pas, je n’ai jamais vraiment compris au nom de quoi ou de qui les victimes étaient bâillonnées, rejetées, culpabilisées. Car ceux qui « font du mal à l’Eglise » ne sont pas les abusés, mais les abuseurs. Je ne comprends toujours pas complètement pourquoi les rôles ont été si longtemps, et sont encore parfois, inversés. La Parole libérée a permis de commencer à sortir de cette double peine.

    En ce qui me concerne, je me suis moi aussi moins éloignée de l’Eglise, dernièrement, en raison de ce que j’y avais subi dans ma jeunesse, qu’à cause des réactions, pour moi scandaleuses, des autorités. Et aussi, il faut le reconnaître, de l’immobilisme de nombre de catholiques pratiquants, comme si tout cela ne les concernait pas. Comme si, au fond, dans cet abîme-là, ils ne faisaient plus église.

    Ce n’est pas un jugement de ma part, en tout cas je ne veux pas qu’il en soit ainsi. Peut-être n’aurais-je pas fait autrement dans cette situation, qui peut savoir ? L’âme humaine est bien complexe. Il s’agit juste d’une énième tentative d’explication. Car j’ai compris, ces dernières années, qu’on ne s’expliquait jamais assez sur ces sujets difficiles, auprès de ceux qui veulent bien entendre et lire. Et je remercie sincèrement tous ceux-là.

    Merci donc à François, Xavier, Yves, Aymeri, Pierre, tous ces amis que vous citez, René, qui ont aidé à « libérer les enchaînés ». Et aux lecteurs et commentateurs de ce blog.

  • Pourquoi ce titre adressé à Marianne du livre blanc de « La Parole libérée » : « Marianne, n’entends-tu pas tes enfants pleurer ? »
    Le livre traite-t-il des violences sexuelles sur mineurs dans toute la société (plus que d’actualité aussi) ? ou seulement dans l’Eglise ?

    • Je l’ignore ne l’ayant pas lu ! Le communiqué qui annonce la dissolution semble élargir le propos à l’ensemble des problèmes de pédocriminalité dans et hors de l’Eglise. Mais je n’exclut pas que la Parole Libérée reconnaisse à la République un droit de regard sur ce qui se passe dans l’Eglise lorsque cela tombe sous le coup de la loi pénale…

    • Marianne est clairement la République laïque qui, pour la Parole Libérée a su, mieux que l’institution, écouter ses enfants en s’efforçant de leur apporter justice et consolations. C’est aussi ce qu’avait déclaré, a sa manière, G. Pontier à la CIASE en 2019 quand il a dit que si les abus ont peut-être moins touché la France que d’autres nations européennes, c’est grâce à la sécularisation/laïcité engagée dès le début du 20ème siècle (page 8 de https://www.ciase.fr/wordpress/wp-content/uploads/2019/06/2019-04-23-CR-CEF-Mgr-Pontier-et-Mgr-Ribadeau-Dumas.pdf).

    • Je lis dans la présentation du livre : »Marianne, n’entends-tu pas tes enfants pleurer ? » :
      « Aujourd’hui, ses membres ne sauraient se satisfaire d’avoir brisé l’omerta. C’est à un véritable Ségur des violences sur mineurs qu’ils appellent. À une concertation nationale incluant les autorités, les experts, les acteurs, les victimes. Et qui sans ignorer l’ampleur de ce fléau dans l’Église, s’appliquerait à tous les lieux qu’étreint ce mal : les institutions, les écoles, les clubs, les foyers, les centres de loisirs, et hélas, les familles. »
      https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/19171/marianne-n-entends-tu-pas-tes-enfants-pleurer

  • Un grand merci à la Parole Libérée, qui a ouvert les yeux en France sur les abus sexuels des prêtres et pour leur travail pour la vérité et la justice afin que l’Église sorte de son silence et ne couvre plus les abuseurs. Ils ont voulu nettoyer l’Église de ses brebis galeuses et on permis de montrer les dégâts du cléricalisme dans celle-ci. La réforme ne peut venir que de la base et elle a été bien représentée par la Parole Libérée.

  • Monsieur Poujol, grand merci à vous pour ce message si émouvant, à la «  Parole libérée «  et à tous ces «  acteurs de l’ombre «  que vous mentionnez.

    Pour ma part, je ne pense pas, que les catholiques de base, soient si responsables. En effet, comment imaginer que ceux auxquels ils avaient appris à faire une totale confiance, en raison de leur position d’éminentes autorités spirituelles qui étaient censées leur apporter rien de moins que la parole et les bienfaits de Dieu par l’intermediaire des sacrements, puissent en realite être des amuseurs et des criminels ?
    C’est tellement contradictoire que c’en est littéralement incroyable et qu’il faut du temps pour s’habituer à une telle réalité et sortir du schéma de pensée antérieur.

    La sidération, l’incompréhension des victimes, qui permettent en partie les agressions et les abus, sont les mêmes que celles des témoins possibles qui croient avoir mal vu, mal interprété, que les parents qui ne peuvent vraiment y croire, si tant est qu’ils aient été mis au courant, et que l’ensemble des fidèles tout autant sidérés et incrédules.
    Mais maintenant que la prise de conscience a commencé à se faire grâce à toutes ces personnes courageuses, et qu’elle ne pourra que s’approfondir, personne ne pourra plus dire qu’il ne savait pas, à moins de préférer le déni à la vérité.

    Il est vrai que ce qui interroge le plus est l’attitude de la hiérarchie, sa lâcheté. sa désinvolture ou tout simplement son incompétence. Au delà des personne, le système, les idées qu’il professe sur lui même pour se légitimer, son droit, sa culture du secret, ne sont pas faits en réalité prévenir derives et abus, écouter les victimes et leur rendre justice.
    Au contraire, on voit bien qu’un tout autre modèle de fonctionnement avec la présence de contre pouvois, la séparation des pouvoirs, une justice cohérente et transparente, serait seul à même d’éviter, autant que faire se peut, de telles derives et de rendre une justice correcte.

    Je ne pense pas que l’Eglise soit prête et même puisse se permettre une telle « révolution ». C’est pourquoi ma confiance envers l’institution est elle aussi perdue.

    • Là où le catholique de base est responsable, mais on voit bien que c’est au troisième degré… c’est dans son adhésion et son soutien inconditionnel à l’image du prêtre qu’on lui a inculquée dans son enfance, et donc à cette forme de cléricalisme que dénonce le pape François.

      Mais vous me permettrez d’ajouter une chose. Lorsque je relis ce texte que nous avions signé en 2010 et dont je reprends de larges extraits, je me demande pourquoi des évêques aujourd’hui mettent autant de temps et de réticences à signer ce que de simples fidèles ont su élaborer…

  • C’était un bien beau texte, en avance sur la très lente marche de la hiérarchie, mais Il ne va pas suffire aux évêques de demander pardon, si toutefois ils y pensent d’ailleurs. Si aucun changement profond, intrinsèque, n’intervient, ce serait se moquer du monde.

    J’ai entendu JM Sauvé le redire ce matin sur france inter, et je ne pense pas qu’on puisse accuser ce grand monsieur de faire du ‘bashing » : le problème est systémique. Comment les autorités pourront-elles accepter cette idée ? Le prêtre sacralisé, la culture du secret, du pardon, de l’obéissance, la vie avec les anges, l’idée qu’on n’est pas de ce monde, toutes ces choses qui semblent splendides mais, conçues de façon idéologique, se retournent et se pervertissent, détruisant le plus faible. Celui justement dont le Christ a voulu prendre soin. L’homme n’est pas fait pour le shabbat, mais le shabbat pour l’homme. Dès que l’institution n’est plus au service mais se regarde elle-même, elle est mortifère. Il faut arriver à comprendre – et ce sont tous les efforts de la Ciase – ce qui, structurellement, « théologiquement » dit JM Sauvé, avec raison me semble-t-il, ouvre un boulevard aux dérives.
    Je vois mal les évêques, le magistère, admettre cette évidence qui est pourtant la seule essentielle.

    • A Anne ,
      Je partage votre analyse . Si les évêques sont restés si longtemps dans le déni et qu’ils peinent encore à accepter la réalité des faits mis en évidence par la CIASE, c’est que la réalité vient fracasser de plein fouet la vision qu’ils ont de l’église et d’eux même .La réalité remet en cause tout leur cadre de références auquel ils ont voué toute leur vie .
      Accepter la réalité , c’est admettre que l’édifice théorique et institutionnel dans lequel ils ont trouvé refuge , qui les fait exister , qui légitime leur rôle et leur pouvoir s’effondre sur leur tête . Même si ce n’est en aucun cas une excuse , cela explique qu’ils ne peuvent toujours pas entendre la réalité .
      C’est pourquoi seule une forte pression extérieure ( justice , citoyens , fidèles lacis comme « la parole libérée ») peut les obliger à revenir dans le monde réel, à quitter leur vision fantasmée d’une église et d’un monde qui n’est pas conforme à l’idée qu’ils s’en font et qu’ils ont trop longtemps voulu imposer à la société civile .

      .

      • Oui Guy, mais évitons toujours de faire l’amalgame entre les uns et les autres comme s’ils étaient tous (les évêques) sur la même longueur d’onde et tous dans le même déni des réalités. Même si leur désir un peu maladif de ne montrer aucune divergence entre eux les conduit parfois à un unanimisme de façaade sur la base du plus petit commun dénominateur. Pour qui suit de près le dossier il est clair qu’il existe deux minorités épiscopales aux deux extrêmes : ceux qui ont voulu, compris et accepté la Mission Sauvé, ceux qui se refusent obstinément à toute démarche en ce sens au nom de la défense de la sainte Eglise et de la personne sacrée du prêtre… et « le marais » qui, semble-t-il évolue lentement dans le sens d’une prise de conscience responsable. Mais l’avenir dira ce qu’il en est vraiment !

        • à René
          Pour être clair : Je ne m’intéresse pas dans mon propos aux personnes des évêques que je m’abstiens de juger , Je ne porte attention qu’au discours qu’ils émettent publiquement au nom de l’ensemble l’épiscopat . Peu importe la manière dont ce discours est produit (consensus implicite , vote démocratique , résultats de compromis entre tendances opposées etc..) Peu importe . Il est émis publiquement , quel est son sens ? Que signifie t il de la pensée et de l’attitude de l’épiscopat français comme entité en position d’autorité .? Voilà ma seule préoccupation parce que la situation des victimes d’hier , d’aujourd’hui et de demain dépend de ce discours .
          Pour ce qui concerne la personne des évêques , je partage votre analyse . Ils sont divisés même s’ils affichent une unité de façade et j’en connais quelques uns qui ont du mal à supporter cette situation même s’ils s’y résignent au nom d’une discipline collective . .

    • Tout a fait. Et constater que la Croix cherche à effacer le rôle de détonateur joué par TC dans la création de la mission d’information du Sénat puis dans la missions que la CEF a été obligée de confiée à JM Sauué « avec carte blanche », est lamentable. Biaiser est-il le sport favori des « évêques importants » -ceux devant lesquels le marais se tait-. Ceux qui voudront parler de bashing bishop se tromperont gravement et contribueront à affaiblir une institution qui a besoin d’une « grand coup de pied dans le cul » et non de pommade dans le dos et bisous à la bague.

  • « La parole libérée » a joué un rôle fondamental : dire à temps et contretemps la réalité des faits et la faire reconnaître par la justice des hommes .
    Cette invocation à Marianne dans le livre blanc est pleinement justifiée car entre le clerc et le laïc , entre le fort et le faible c’est la république et sa justice civile qui seules ont fait reconnaitre le droit de la victime , qui ont rappelé que tous les hommes étaient égaux en droit .

    L’église , comme institution. en totale contradiction avec les valeurs qu’elle proclame ,a au contraire persisté dans le déni pour les seules raisons injustifiables à tous égards de de sa respectabilité mondaine et de la sacralisation de ses clercs .

    Non les catholiques laïcs n’ont aucune responsabilité dans ce déni pour le seul motif qu’ils n’ont dans l’église aucun pouvoir , aucune voix au chapitre ; les clercs vivant dans l’entresol d’un pouvoir qui ne se légitime que sur l’appartenance à leur commun statut sacralisé de clerc .

    L’église est restée et reste quoi qu’elle en dise en grande partie dans le déni parce que au delà des personnes des évêques , elle se réfère à un système de valeur qui n’est plus le notre depuis longtemps :
    -une organisation en ordres dans laquelle le laïcat constitue la caste la plus basse et une inégalité statutaire entre clercs sacralisés et laïcs . (la parole d’un laïc ne vaut rien lorsque son expression exprime un désaccord avec la parole du clerc ; critiquer un clerc , c’est s’opposer à la mission sacrée pour laquelle il a reçu l’onction : assurer le salut du peuple qui lui est confié . c’est stricto sensu se faire complice du démon dans le référentiel médiéval toujours en vigueur dans l’église )
    -une absence de séparation des pouvoirs qui suscite , permet et couvre tous les abus de pouvoir . (Le fait que l’évêque chargé du gouvernement du diocèse préside aussi le tribunal ecclésiastique crée structurellement les conditions de l’invisibilité et de l’impunité de tous les abus )
    – une vision d’elle même la situant en dehors de la société et la surplombant qui ne correspond pas à la réalité :l’église est partie prenante qu’elle le veuille ou non de la société des hommes de ce temps .
    – un prurit hérité de la romanité qui lui fait croire qu’il suffit d’affirmer les choses pour que celles ci soient ipso facto réalisées ; ( le pouvoir est un service donc les abus de pouvoir ne peuvent exister dans l’église )

    Merci à René de nous rappeler le texte bienvenu publié dans » Le Monde » même si avec ce que nous savons aujourd’hui il peut apparaitre comme trop bienveillant vis à vis de l’institution .
    Les évêques connaissaient l’ampleur de la pédocriminalité (la rapport de la CIASE évoque 10 000 victimes depuis les années 50 ) et nous ne le savions pas tant la culture du secret et du mépris des simple laïcs , étaient érigées en valeur éthique par ces clercs si peu soucieux des plus faibles en dépit de leur beaux discours .
    Et si la solidarité vis à vis des victimes est non pas une obligation morale , mais une simple preuve d’humanité , nous , les laïcs , les sans voix reconnue dans l’église , ne sommes ni responsables ni coupables des errements de ceux qui ont tout fait pour nous les cacher et n’accorder aucune attention à notre parole au seul motif « qu’on a jamais raison seul contre l’église  » ; argument utilisé en confondant sciemment Eglise (peuple de Dieu ) et église (institution) .

    Aujourd’hui encore , comme la dernière assemblée de la CEF vient de le montrer les évêques ne poursuivent qu’un seul but , : tourner le plus vite possible (en prenant de vitesse le rapport à paraitre de la CIASE) la page infamante de ce dossier en indemnisant les victimes comme à Lyon selon une logique de charité et non pas de justice et reprendre le « business as usual  » .
    Ce n’est pas de charité , preuve supplémentaire que les évêques n’intègrent pas la notion d’égalité de droits entre clercs et laïcs , mais bien de justice dans la manière de prendre en compte les préjudices subis dont les victimes laïques ont besoin , justice à laquelle ici et maintenant dans notre république ils ont droit .

    La parole libérée a joué une rôle essentiel en faisant reconnaitre que les laïcs sont libres et égaux en droit par rapport aux clercs quoiqu’en dise la doctrine de l’église et qu’ils peuvent le faire reconnaitre par la justice de la République meilleure garante que l’église que justice et attention soient dues aux plus faibles et aux victimes .
    Une étape essentielle a été franchie mais le combat doit continuer car l’institution ecclésiale , en dépit de ses beaux discours n’a rien compris , rien appris et persiste dans son déni bien qu’elle s’en défende bruyamment .
     » La parole libérée » a été pionnière , c’est maintenant à tous les laïcs catholiques qui savent à quoi s’en tenir de poursuivre avec vigilance cette mission conférée à notre baptême : se faire proche de tout prochain en commençant par les plus faibles .

    Comme dans les textes de Bernanos , quand les chefs ont failli , c’est le simple soldat , le simple baptisé qui devient légitime pour reprendre l’étendard de l’évangile tombé dans la fange . « La parole libérée la sorti de la boue et nous le transmet . Soyons à la hauteur de cette mission

    • Guy, si l’on prolonge votre raisonnement à d’autres situations de pédocriminalité, c’est la république tout entière, Marianne, (et donc nous tous), qui est complice des crimes commis dans la société civile, dans les familles, etc., crimes trop longtemps cachés, tus, occultés, quand ils n’étaient pas glorifiés par certains « intellectuels »…

      • A Michel ,
        Vous avez mal lu mon texte . Il ne s’agit pas de complicité , mais de capacité à protéger . J’ai simplement écrit que la République était effectivement le défenseur le plus efficace des victimes de la pédophilie des clercs car elle se fonde et met en pratique deux principes fondamentaux que sont l’égalité des citoyens devant la loi et l’existence d’une justice indépendante pour mettre en oeuvre ce principe d’égalité .
        Léglise parce qu’elle repose sur une hiérarchie entre clercs et laïcs et donc sur une inégalité de droits et parce que sa justice n’est pas indépendante des évêques ne répond pas à ces critères et ne peut donc pas protéger efficacement les victimes ni leur rendre justice .
        Que vous le vouliez ou non , la culture de l’église et son organisation reposent sur un système de valeurs antérieur à la reconnaissance de notre système actuel de valeur fondé sur principe d’égalité de principe de tous les hommes , devant la loi et de séparation des pouvoirs dans l’organisation de la vie sociale .L’ église comme institution vit et fonctionne encore sur des valeurs qui avaient cours avant le philosophie des lumières . Et comme les hommes qui la servent adhèrent par loyauté au système , ils n’ont pas conscience du terrible préjudice qu’ils font subir aux victimes de la pédocriminalité des clercs du fait m^me des règles qui président au fonctionnement de l’église .
        A titre d’exemple , tout l’argumentaire des évêques vis à vis des victimes relève de la charité alors que celles ci demandent justice . Parce que la charité est compatible avec l’inégalité de statut et que la justice implique l’égalité des hommes .

        l’église et la société ne peuvent se comprendre sur ces questions parce que leurs système de valeurs respectifs sont trop différents . La lutte efficace contre la pédocriminalité des clercs supposerait une révolution culturelle de l’église et sa conversion aux valeurs de la déclaration universelle des droits de l’homme .

        • A Guy
          Je ne pense nullement que la République soit exemplaire et soit le défenseur le plus efficace des victimes de la pédophilie (peut-être en effet des clercs ces tout derniers temps, mais pas des « laïcs » dans d’autres situations !)
          La République, dont vous êtes plus dévot que de l’Eglise, vous me faites rire quand vous évoquez le « système actuel de valeur fondé sur principe d’égalité de principe de tous les hommes  » et quand vous écrivez que « elle se fonde et met en pratique deux principes fondamentaux que sont l’égalité des citoyens devant la loi et l’existence d’une justice indépendante pour mettre en oeuvre ce principe d’égalité. »
          Tout cela est bien beau sur le papier et relève de beaux principes, mais la mise en pratique laisse à désirer.
          J’entendais aux infos comment l’Etat avait couvert la torture maquillée en suicide.
          Ces sans-abri qui peuplent nos grandes métropoles, ils bénéficient d’une égalité de principe devant la loi, mais comme disait Coluche, il y en a qui sont plus égaux que d’autres !
          La pédocriminalité a été couverte dans toutes les institutions depuis des décennies, cela commence à sortir un peu partout et M. Sauvé lui-même disait que le travail de sa commission pourrait être utile pour lutter contre la pédocriminalité ailleurs que dans l’Eglise.
          Ce qui est dramatique, c’est que l’Eglise n’ait pas fait mieux que d’autres institutions face à ce fléau.

          • Tous ces arguments ne sont pas du même ordre..

            Jusqu’a présent en effet, l’expérience montre bien que seuls les tribunaux civils ont rendu la justice, et permettent de la rendre. tant que les faits ne sont pas prescrits, justement parce qu’ils sont faits pour cela et ne substituent pas la charité a la justice n’ayant à juger que des infractions à la loi. Et les lois peuvent changer en prenant en compte le respect des droits fondamentaux de toute personne humaine.
            L’expérience montre aussi que seules la médiatisation et l’appel à l’opinion publique permettent de briser l’omerta établie.

            Par ailleurs,
            1) les autres institutions ne représentent pas la République et ne se targuent pas en plus d’une compétence spirituelle: leurs responsables n’ayant pas la même sorte de supériorité absolue et intangible.
            2) la différence, aussi déplorable soit elle, entre l’égalité de droit et l’égalité réelle de tous les citoyens concerne l’organisation économique et sociale et non le problème précis évoque ici.
            3) Que la France, en période de guerre, ait hélas permis et couvert la torture, les exécutions sommaires etc…ne concerne pas non plus le problème évoqué.

            On s’interroge ici précisément sur le système de fonctionnement qui a permis abus et déviances diverses dans l’Eglise et sur celui le plus à même de les prévenir et de les dénoncer.
            D’où on en conclut par expérience et raisonnement que ce n’est pas celui de l’Eglise. Ce qui est proprement scandaleux étant donné les objectifs et les valeurs prônées par cette dernière.

          • A Michel
            Votre souci de défendre l’institution ecclésiale vous honore mais les arguments que vous employez , empruntés au marxisme léninisme , à savoir la différence entre libertés formelles et libertés réelles ne sont pas ici pertinents.. Il ne s’agit pas ici de la république dans son ensemble , mais de du droit , des principes qui le fondent et de leur application dans le cas particulier de la pédocriminalité ..

            Force est de constater que c’est le recours à la justice civile par des citoyens victimes mobilisés pour faire valoir leur droit qui s ‘est révélée la seule voie concrète pour nommer ces crimes , et faire reconnaitre le préjudice créé envers les victimes .

            Je m’interroge donc sur les raisons de cette situation et j’avance l’hypothèse que la confusion des pouvoirs dans l’église et son refus du principe d’égalité du fait de la sacralisation du clerc sont les principales causes structurelles de son incapacité à nommer les choses pour ce qu’elles sont , à reconnaitre le préjudice fait aux victimes et à refuser de leur rendre justice .(Le fond d’indemnisation créé à Lyon et les modalités de son fonctionnement sont une nouvelle injure à l’idée même de justice) .

            A titre d’exemple , ayant été juré de cour d’assise , j’ai pu mesurer concrètement , combien le respect rigoureux d’un formalisme procédural était une garantie de la mise en oeuvre des principes de respect des droits de l’homme (droit au procès équitable ) et de l’égalité devant la loi .
            Je rappelle à cet égard que le droit canon ne répond pas aux critères du procès équitable , l’accusé n’ayant pas le droit de savoir ce qu’on lui reproche et n’ayant pas accès à son dossier .
            J’en déduis aussi que le comportement individuel de chaque évêque confronté à ces situations de pédocriminalité des clercs , est de peu de poids vis à vis de cette pesanteur structurelle et culturelle .

            C’est ce qui est un peu tragique dans la situation de la CEF:
            elle essaie de trouver des solutions à une question qu’elle est incapable de poser correctement et que la diffusion du rapport de la CIASE va l’obliger quand même à reformuler complètement .. Je n’aimerai pas être dans la situation d’Eric de Moulins Beaufort : travailler à rechercher un consensus introuvable sur une question mal posée .

          • Bien entendu, Marie-Christine, tout cela n’a rien à voir, et je suis d’accord avec vous sur la responsabilité particulière de l’Eglise dans la mesure où elle représente le Corps du Christ et devrait être exemplaire.
            Mon propos était juste un « coup de gueule » aux dévots de la République prompts au bishop bashing.
            Vous dites vous-même que « les lois peuvent changer en prenant en compte le respect des droits fondamentaux de toute personne humaine »… et là je ne peux vous suivre dans cette naïveté qui consisterait à penser que les lois changeantes vont toujours dans ce sens.
            Je prendrai un exemple : on est passé de la dépénalisation de l’avortement en 1975 en cas de détresse au « droit à l’IVG » aujourd’hui, avec même une proposition de loi de la rendre possible jusqu’à 9 mois en cas de « détresse psycho-sociale ».

          • A Guy
            Je maintiens que la justice civile s’est peu intéressé aux crimes sexuels sur les enfants jusqu’à l’affaire Outreau, même si je reconnais volontiers qu’elle a pris les choses au sérieux aujourd’hui, y compris lorsque ces crimes étaient le fait de clercs.
            Je ne connais pas le droit canon, mais s’il ne permet pas à l’accusé d’avoir accès à son dossier, « l’accusé n’ayant pas le droit de savoir ce qu’on lui reproche et n’ayant pas accès à son dossier », cela me paraît plus nuire à l’accusé qu’à la victime.

          • a Michel
            1) Dois je vous rappeler que toute personne traduite devant un tribunal est présumée innocente jusqu’à ce qu’un jugement définitif ait établi sa culpabilité .
            La justice civile respecte les droits de la personne humaine .
            2)Oui la société a été aveugle et sourde fade à la réalité de la pédocriminalité . Dans un régime de séparation des pouvoirs , la justice ne peut se saisir elle même pour engager des poursuites . C’est à l’avocat de la société qu’il appartient de la saisir soit directement pour les affaires les moins graves , soit via un juge d’instruction pour les plus graves . En matière de pédocriminalité , la mise en évidence de faits qui sont le plus souvent cachés est particulièrement difficile .

          • Mais Michel le bashing bishop ne doit pas s’arrêter aux têtes d’affiche comme l’indique la longue et instructive audition par la commission INDEPENDANTE de Christian Dubreuil (page 9/10)  » …ces faits n’ont pas été commis, ce n’est pas possible, ça n’a pas eu lieu en France, ça s’est arrêté à la frontière comme le nuage de Tchernobyl, il n’y a pas plus de prêtres pédophiles que d’enseignants ou de gestionnaires de clubs sportifs, il y a la même prévalence que dans la population… enfin tout ce que vous ont dit messieurs Ponthier, Ribadeau-Dumas et Defoix. Toutes ces affirmations gratuites…  » Ils en sont là, tous ensembles, Michel, et vous et ceux qui soutiennent cette institution dangereuse avec eux.
            Commission INDEPENDANTE grâce au courage de Christine Pedotti, Michel!

          • Je prends acte, Jean-Pierre Gosset, de votre apologie de l’amalgame.
            Ce que vous exprimez, « tous ensembles », relève très exactement du même processus qui justifie dans un autre contexte le racisme.
            Je ne mange pas de ce pain là !

      • Vous savez que pour la commission d’information du Sénat l’institution catholique est la seule de toutes celles auditionnées (autres religions, mouvements de jeunes, sports, art et culture, enseignement) à s’être fait remarquer pour ses manquements systémiques et fonctionnels. Toute personne un peu informée et qui refuse de mettre la tête dans le sable sait de quoi il retourne et ce que cela signifie … en particulier la Ciase signale que les abus sexuels sur mineurs qui concernent Marianne ont majoritairement pour victimes des mineurEs quand ceux qui concernent des clercs et religieux ont pour victimes des mineurs(sans E).

        • En effet, Marie-Christine, nous ne nous interrogeons pas ici sur la pédocriminalité existant, hélas, aussi dans les familles et la société, sur les abus de toutes sortes commis dans la vie civile, mais sur les causes spécifiques de ceux-ci dans l’Eglise, la façon dont ils ont été couverts et les moyens à mettre en oeuvre pour tenter d’y remédier.

          Dans l’ouvrage collectif « Scandales dans l’Eglise. Des théologiens s’engagent », le dominicain Gilles Berceville parle d’une « foi manipulée » : « Ce n’est pas seulement MALGRÉ leur foi que les communautés carholiques deviennent des lieux d’abus, écrit-il, c’est EN RAISON de leur foi que ces communautés donnent lieu à des formes très spécifiques, et particulièrement nocives, d’abus », le cléricalisme participant à ces « manières catholiques de commettre ou de favoriser les abus », mais aussi l’idéal mal compris de l’unité de l’Eglise, du pardon, de la sainteté.

          Car, faut-il le rappeler, la pédocriminalité dans l’Eglise vient heureusement à la lumière et est soumise peu à peu à la justice civile. Mais tous les autres abus, de conscience, de pouvoir etc… qui font d’ailleurs le lit des crimes sexuels, vont aussi être de plus en plus révélés, et eux, malgré les ravages qu’ils font sur des vies entières, seront beaucoup plus difficiles, pour ne pas dire impossibles, à produire devant un tribunal civil.

          C’est tout un inconscient collectif qui doit être interrogé. La vision de l’Eglise, du prêtre, de la vie spirituelle… travail qui incombe, me semble-t-il, à chaque catholique.

          Et oui, je suis bien d’accord : les abus commis en Eglise, qui depuis toujours se prétend experte en humanité et s’arroge le droit de faire la morale, sont plus scandaleux qu’ailleurs et le silence entretenu ainsi que l’ immobilisme actuel, constituent un deuxième scandale. L’Eglise se discrédite toute seule, c’est dommage. Elle ne rend pas justice à ses victimes, c’est inconcevable.

          • Oui Anne,

            Dénoncer et prouver des abus de pouvoir et de conscience est très difficile.
            – Car il faut d’abord en prendre conscience; ce qui n’est pas si évident quand on a appris que l’obéissance absolue, le pardon illimité, la souffrance etc…étaient des chemins obligés de sanctification.
            – Ensuite, il faut arriver à faire comprendre à qui ne l’a pas vécu les dégâts psychiques engendrés par ces types de spiritualites et de gouvernances.

            – Cependant le droit canon offre des possibilités.
            Mais encore faut il le connaître et pouvoir y avoir recours.
            Encore faut il aussi que les responsables ecclésiaux aient conscience d’être garants de son application, alors même qu’ils sont juge et partie ayant souvent à juger de communautés qu’eux ou leurs prédécesseurs ont fait venir dans leur diocèse, encouragées et encensées ou qui bénéficient de protections en plus haut lieu ou qui pourront éventuellement se faire accueillir dans un autre diocèse.

            On en revient donc toujours à la même conclusion : le droit de la personne au respect de son intégrité physique et morale dépend de pressions extérieures et de la peur du scandale public.
            Et, le comble, après des décennies de dysfonctionnements dans certaines communautés et le grand nombre de vies abîmées, les responsables qui n’ont rien voulu voir ni entendre pendant si longtemps, se rappellent soudain qu’il existe un droit canon.

            Quant à la loi, elle sanctionne bien les abus de faiblesse, la mise en danger de la vie d’autrui. Encore faut il pouvoir le prouver effectivement.

          • Sans doute avez-vous voulu écrire, Marie-Christine, que vous non « Encore faut il aussi que les responsables ecclésiaux aient conscience d’être garants de son application, alors même qu’ils sont juge et partie … » mais « Encore faut il aussi que les responsables ecclésiaux aient LA VOLONTÉ d’être garants de son application, alors même qu’ils sont juge et partie … ». Et puis, au risque d’être un peu lourd, il conviendrait, de ne pas ajouter de la misère au monde en mal-nommant les choses (Camus), car c’est de l’Institution que vous parlez, et non de l’Eglise. Christian Dubreuil (audition par la Ciase du 19/11/2019) a estimé l’institution « en situation de panique vis-à-vis de ce qui se passe et de ce qui va arriver » … car ce qui va arriver, est bien la prise de conscience par la plupart des catholiques des autres abus, et là, je trouve que l’Église peuple a une part de responsabilité, en ayant gobé l’importance donnée à ce qu’on nomme charisme, mystique.

        • Michel, je ne sais pas ce qu’il en est pour l’accusé, mais concernant la victime, dans un procès ecclésiastique, elle a en effet toutes les peines du monde à accéder à son dossier. Je suis en contact avec une ancienne religieuse, victime de viol, à qui on a fini par donner l’autorisation de le faire, après 2 ans de demandes. Ce dossier, pour des raisons administratives, venait d’être transféré à 800 km de son domicile. Elle ne pourra le consulter qu’en présence d’un tiers, ne devra ni le photocopier ni le photographier et une partie est rédigée en… latin. Si l’on ajoute que la jeune femme est étrangère et dispose de peu de ressources et d’appuis, on aura un peu compris dans quel enfer elle se débat.

          • Merci Anne pour votre témoignage.
            Je ne suis pas juriste, je faisais écho à ce que disait Guy Legrand, je pense que le Père Pierre Vignon pourrait nous en dire plus à ce sujet.

  • Cher René, je n’avais encore pas eu l’occasion de remercier pour cette lettre ouverte, bien conçue et bien écrite. Il faut vraiment dire merci à ceux qui nous ont mis le nez dans notre caca ! Que croient donc les cléricaux en essayant de tout faire pour y échapper ?
    – Ne trouvez-vous donc pas que ça sent mauvais ?
    – N’ayez crainte, Monseigneur, on a tout mis sous votre fauteuil !
    L’hypocrisie religieuse, tant décriée par le Christ, ne peut plus faire comme si ça sentait la rose.
    Ça sent franchement autre chose.
    Et dans ce cas-là, on se lève (les fesses du fauteuil et on met activement la main avec tout le monde pour le nettoyage.
    Je ne me ferai jamais, mais alors jamais, aux manières des hypocrites dans l’Eglise (ailleurs non plus).
    Je pense à Jean-Paul Ier quand il était jeune évêque en Vénétie. Deux prêtres avaient participé à une escroquerie nationale et avaient dilapidé les économies d’un nombre important de diocésains;
    Mgr Albino Luciani a réuni tous ses prêtres et leur a dit : nous allons réparer ce que deux d’entre nous ont fait. Ça, c’est de l’évêque. Il était malheureusement tellement rare que Dieu lui-même, surpris d’en trouver un de cette trempe, l’a rapidement pris avec lui. Les autres, il nous les laisse.
    C’est pourtant pas compliqué : quand ça sent, ça sent ! Et tout le monde s’y met. On s’en trouve mieux après.
    Voilà pourquoi il fallait remercier La Parole Libérée. Merci René de le dire si bien.

    • A Marie-Christine,
      Je ne pense pas que dans le droit canon, il y ait grand-chose concernant les victimes, si cette notion existe. En amont, il y a en effet des lois et des règles permettant de limiter les abus. Encore faut-il, effectivement, qu’elles soient étudiées et respectées par ceux qui ont le pouvoir et connues par ceux sur qui il est exercé. En aval, on en est à une conception très archaïque du droit. Par exemple et en résumé, une victime majeure de viol par un prêtre est appelée « complice » et le prêtre en question peut être réduit à l’état laïque, non pas parce qu’il a violé, mais s’il a donné l’absolution au ou à la « complice ». C’est cet acte là qui est jugé gravissime et entraîne l’excommunication. Je croyais avoir mal compris quand j’ai appris cela, mais ça m’a été confirmé par un official.

      • A Anne
        Le droit canon repose sur la notion d’offense à Dieu et donc indirectement d’offense à ses représentants sur terre . Il ignore totalement les droits de la personne humaine . Tout préjudice fait à autrui est envisagé exclusivement par rapport à la notion de péché . Il n’est donc pas prévu pour faire clairement la différence en fonction du préjudice fait à la victime .
        il n’envisage pas la notion de responsabilité selon la même logique que notre droit civil . Tous les devoirs sont envers Dieu et non envers autrui considérée comme une simple personne humaine ;

        • Certes ! Je n’ai pas compétence pour analyser la logique interne du Code de droit canonique. Mais enfin en bonne logique, je ne vois pas coment on peut opposer les « droits » de Dieu ou les devoirs qu’on lui doit, et les droits humains… dès lors qu’on tient compte de Matthieu 25…

          • Moi non plus René, je ne le comprends pas. Je ne crois pas d’ailleurs qu’on oppose Dieu et les hommes dans ces histoires, on fait passer Dieu – ou ce qu’on croit être Dieu – avant et on néglige l’homme. Comme si le Christ n’était pas passé par là. C’est la seule explication qui me vienne à l’esprit.
            Le p. Thomas Philippe a eu un long procès à Rome dans les années 50 et a été condamné, non pas pour viols répétés, mais pour sa théologie déviante
            : union du Christ et de Marie, (qui se traduisait par des « extases » physiques, imposées aux jeunesfemmes, mais c’était aparemment secondaire).
            Ce qui ne l’a pas empêché de continuer les deux : l’enseignement tordu et les viols.
            C’est probablement cette même logique (Dieu d’abord) qui fait que la première et souvent seule chose qui intéresse chez une victime, c’est qu’elle pardonne au pécheur comme le Christ a pardonné. Ce faisant, on nomme un crime : « péché ». C’est ce qui a été expliqué à la jeune religieuse que j’évoquais : le prêtre violeur (qui a violé non pas une fois mais de façon répétée comme c’est le plus souvent le cas) a demandé le pardon de Dieu pour avoir succombé à la tentation (il n’a pas reconnu le viol) et a promis de se convertir. Son péché est lavé. On l’a déplacé de communauté, avec interdiction d’enseigner pendant quelque temps. Il lui a tout de même été proposé, à elle, au bout de 2 ans de procès ecclésiastique, cinq mille euros, par charité, alors que sa vie entière a basculé.
            Moi aussi, je ne cesse de chercher où est l’Evangile dans tout cela.

          • À René et Anne ,
            Deux hypothèses :
            1) Dans l’eglise Catholique la pondération entre Écriture et Tradition a souvent été opérée au bénéfice de la Tradition et celle ci qu’à toujours pris en compte les intérêts de l’institution . Alors Matthieu 25 n’a pas été vraiment mis en exergue ou plutôt subordonné à d’autres priorités .

            2) La permanence de l’incarnation et la reconnaissance de la réelle présence de Dieu dans le prochain reste une idée neuve dans l’église . L’église lui a longtemps préféré et l’adoration à travers une chosification de l’eucharistie , conséquence sans doute d’un irréductible et archaïque besoin de religion primitive inhérent à la condition humaine . Cette préférence pour le pagano religieux revenant en force comme l’a montré l’archevêque de Paris lors d’une cérémonie de «  guérison où il processionnait l’ostensoir .«  : «  Il faut bien que je leur donne Jésus «  commettant ainsi trois erreurs théologiques majeures vis à vis de la doctrine catholique .en une seul phrase .

          • À Anne ,
            Je crois que la prééminence donnée à la Tradition sur l’Ecriture est due aussi à la prise en compte de l’imperium romain dont l’évêque de Rome s’est emparé lorsque l’empereur a laissé son siège vacant . C’est la spécificité du catholicisme d’avoir une forte structure institutionnelle centralisée qui présente l’énorme avantage de maintenir l’unité , mais qui risque de congeler le message évangélique .

        • Effectivement, à moins que je ne me trompe, le droit canon se base sur les infractions aux commandements divins et non sur la gravité du mal fait à la personne d’autrui : ce qui explique que la pedocriminalite ou autres agressions sexuelles soient intégrées dans le péché de non respect du sixième commandement: «  tu ne commettras pas d’adultère «  englobant, sans aucune distinction de gravité, tous les gestes «  contraires à la chasteté «  au même titre que l’adultère, donc le viol, les pratiques homosexuelles, la masturbation, la contraception etc…
          ( cf «  Le catéchisme de l’Eglise catholique « de 1992 qui doit être encore en vigueur )

          On a donc affaire ici à une liste de péchés à confesser.
          Et on comprend mieux ainsi pourquoi la pedocriminalite ait pu apparaître, du point de vue des abuseurs et de la hiérarchie d’abord comme une offense faite à Dieu donc comme un péché à pardonner et non comme un crime dévastant la vie entière de la victime.

          Le plus étonnant est que l’atteinte à l’âme d’autrui par le scandale ou l’incitation à faire le mal soient comprises dans les offenses au cinquième commandement : «  Tu ne tueras pas « et pas le viol !
          Comme si l’âme et le corps étaient disjoints.
          En revanche la torture fait à juste raison partie de la catégorie des meurtres.
          Certains demandent que les agressions sexuelles et les viols soient compris dans cette catégorie des meurtres. On pourrait en demander autant pour les « abus » spirituels qui peuvent être de véritables viols de l’âme à moins qu’on puisse déjà les inclure dans la catégorie des scandales.

          On se trouve bien là face à deux logiques différentes, l’une se basant sur les infractions aux commandements divins, donc insistant d’abord sur le péché de l’auteur à remettre en communion avec Dieu par l’aveu de la faute et le pardon, l’autre prenant en compte la gravité du mal fait à autrui donc la victime à laquelle rendre justice.

          • Sans aller chercher la condamnation de l’adultère, il me semble ,quand même, que l’application du second commandement « tu aimeras ton prochain comme toi-même « suffit largement à condamner tous les actes de pédophilie qu’on veut non?

          • À Marie Christine
            La différence entre ce qui inspire le droit civil et le droit canon est la prise en compte par la société et pas par l’eglise de la philosophie des lumières et des droits de l’homme .

          • A Guy,
            Je me suis souvent posé cette question : pourquoi
            faire passer la tradition, de plus non revisitée, avant l’enseignement du Christ ? Au nom de l’Esprit Saint qui l’a inspirée ? Hum… S’il était à l’oeuvre alors (l’a-t-il toujours été ? A-t-il toujours été écouté ?), ne l’est-il plus ? Quelle est cette immuabité ou plutôt inamovibilité ?
            Quant aux pratiques qui semblent revenir avec force : prières de guérison en groupe avec proenade de l’ostensoir, appels aux neuvaines et jeûnes collectifs etc… personnellement ça me déprime et creuse encore la distance entre l’Eglise et ma vie réelle. Ça me tombe des mains.

            Mais c’est personnel évidemment.
            Pour ce qui est de la présence de Dieu dans la persone humaine , oui, incroyable que ce n’ait pas toujours été évident. Incroyable aussi qu’il faille voir Dieu en l’autre pour ne pas lui faire de mal.

  • Merci René pour cette belle lettre ouverte bien argumentée.
    Elle rappelle, une fois de plus, les graves conséquences, sur les victimes et sur l’image de l’Église, de ces abus sexuels avérés depuis les années 1950 par au moins 1500 prêtres et religieux.
    Ce qui est particulièrement inquiétant c’est que ces abus ont été commis en majorité sur des garçons. Ce qui laisserait supposer que ces pédocriminels auraient des orientations homosexuelles quand on sait, selon Anne Soupa dans son dernier livre « Pour l’amour de Dieu », qu’après « avoir lu Sodoma vous savez que la Curie romaine est un monde d’homosexuels alors que le pape Benoît XVI a interdit l’accès à la prêtrise aux personnes homosexuelles » et en rappelant que :
    « Des prêtres enfreignent leur vœu de « chasteté » en abusant sexuellement d’êtres fragiles, les enfants, et en dissimulant la gravité de l’outrage »
    Je voudrais néanmoins y apporter deux commentaires.
    J’ai passé 7 ans en pensions et en colonies chez les frères Maristes à partir des années 1954, j’ai participé à de nombreux patronages et à des camps de scouts encadrés par des prêtres et je n’ai jamais été témoin de gestes « déplacés » ni été « victime » d’abus sexuels de la part de ces religieux chargés de nous éduquer. Et je ne vois pas pourquoi je devrais me sentir « pécheur » pour n’avoir pas dénoncé des abus, avérés, dont je n’ai jamais été le témoin. De plus il est bon de rappeler que l’Église a utilisé pendant de nombreuses années la politique du « déni », en mettant même en garde les croyants. En prétextant que ces lanceurs d’alertes, de ces abus sexuels, ne visaient qu’à salir, voire à détruire son Institution et la religion chrétienne.
    Et il faut bien reconnaître que cette politique a été très efficace et a jeté, pendant trop longtemps, le discrédit sur ces rumeurs persistantes.
    Après avoir dressé cet état des lieux catastrophique et obtenu, très tardivement, de l’Institution une reconnaissance officielle des conséquences psychosociales de ces abus sexuels sur les victimes, le plus dur sera de faire évoluer l’Église. Pour ne plus remettre des prêtres ou des religieux en situation d’échec sur le plan de la sexualité et ne plus se contenter de « donner de sages conseils pour triompher du combat contre les pulsions ».
    Je rappelle le témoignage de mon grand oncle, prêtre, dans son journal intime qui déclarait il y a déjà 70 ans : « Il faut que le monde sache dans quel désespoir un prêtre peut tomber ! » avec le célibat imposé et non laissé au libre choix des prêtres.
    Anne Soupa dans son dernier livre : Pour l’amour de Dieu, après avoir dénoncé l’art consommé de l’esquive de l’Église avec « la politique des petits pas » décrit toutes les digues « insubmersibles » qui ont été érigées par Paul VI et Jean Paul II pour que le célibat des prêtres ne puisse pas être remis en question au point d’interdire même de pouvoir reposer la question !
    Elle demande à l’Église, comme Jean Delumeau dans son livre « L’avenir de Dieu », de reconnaître, en priorité, l’égalité Homme/Femme, d’autoriser le mariage des prêtres et d’une manière générale de revoir sa position sur la sexualité en général.

    Ce n’est donc pas d’une évolution de l’Église suivant sa politique habituelle des « petits pas » dont nous avons besoin mais d’une révolution « copernicienne », et dans l’immédiat, si nous ne voulons pas que l’Église, gardienne de sa mission évangélique première, ne devienne plus qu’un refuge identitaire.
    Bernard Januel

    • Si, comme vous l’écrivez, Bernard Januel, les actes de pédocriminalité commis par des clercs concernent principalement des garçons, je ne vois pas bien comment le « mariage des prêtres » (vous voulez sans doute parler plutôt de l’ordination d’hommes mariés ?) résoudra le problème (à moins que vous ne vouliez parler de mariage homosexuel ?).
      La question de l’ordination d’hommes mariés est une vraie question qui mérite d’être posée, mais il faut la poser dans la clarté sans tout mélanger.

      • À Michel ,
        La pedocriminalite est une perversion criminelle , la plus grave ,des nombreuses conséquences du déni de réalité anthropologique sur lequel est encore fondé la vision catholique de la sexualité humaine .
        Avant de trouver des solutions comme le mariage des prêtres ou l’ordination d’hommes mariés il faut poser correctement la question de la sexualité dans son sens le plus large , c’est à dire définie comme l’expression physique du rapport à autrui . Cette expression physique doit avant tout être ajustée à l’authenticité d’une relation aimante et respectueuse à autrui . Le célibat chaste peut être juste aussi bien que le mariage , tout dépend de la personne qui le vit
        . Par contre la négation de la sexualité dans la relation avec autrui est une dangereuse illusion qui engendre désespoir , addictions , pathologies voire criminalité .
        La discipline de l’église en matière de célibat des prêtres est a minima hypocrite en ce qu’elle persiste à nier une dimension constitutive de l’être humain , voire dangereuse vu ses conséquences pour ceux qui essaient de le vivre sans y parvenir . L’église a voulu faire l’ange sur le dos des clercs , elle fait la bête comme le rapport de la CIASE le démontre en mettant en évidence le le nombres de cas d’abus pedocriminels . Et ce rapport , vu son objet ne parle pas des suicides , dépressions , addictions des prêtres incapables de se conformer à l’image illusoire du prêtre que l’église voudraient qu’ils incarnent .

        • A Guy
          Je suis assez d’accord avec la vision de la sexualité que vous exprimez et qui ne me paraît pas aller contre la vision catholique qu’en avait Jean Paul II.
          Maintenant il y a sans doute un décalage entre les belles pages qu’il écrites et la réalité vécue…

        • C’est vrai Guy. L’Eglise, persuadée qu’elle n’était pas de ce monde, a voulu faire l’ange sur le dos des clercs et, par ricochet, sur celui des enfants, des religieuses, hommes et femmes vulnérables et/ou sous autorité etc… Ce qui est dramatique, c’est qu’elle continue à le nier. Que de souffrances totalement inutiles !

          • Anne ET Guy, la phrase « vous êtes dans le monde mais vous n’êtes pas de ce monde » vous dit-elle quelque chose qui , on ne sait jamais, pourrait tout à fait expliquer la position de l’Eglise?

    • A Dominique,
      L’Eglise est pourtant parfois formidablement de ce monde, et dans la fange de ce monde, lorsqu’il s’agit d’avoir une emprise sur l’autre et de se l’approprier. Elle l’est aussi de manière stupéfiante en calculant comment esquiver la réparation et laisser le prochain, le fameux prochain « pour qui le Christ est mort » sur le trottoir, matériellement et psychologiquement. Là, tous les rouages de « ce monde » sont bons pour rejeter et fuir. C’en est incroyable quand on y est confronté. Oui, proprement incroyable. L’Evangile est alors pour le décorum, rien de plus, ne mélangeons pas les torchons et les serviettes.
      Voilà hélas ce qui me dit quelque chose. J’en ai encore eu la preuve éclatante dans un message officiel reçu ce matin. Et même moi, devenue sans doute mécréante à force de me prendre cette réalité en pleine figure, et qui m’attends (presque) à tout, j’en suis encore à peine remise de déception, de tristesse et de dégoût. Je sais malheureusement ne pas être la seule.

  • Le Président d’enquête sur les abus sexuels dans l’Église, Jean Marc Sauvé, au stade de son enquête en novembre 2019, avait dévoilé que 87 % des victimes étaient mineures au moment des faits, 61 % étaient de sexe masculin et 39 % de sexe féminin. On peut raisonnablement penser que ces proportions ont peu de chance de s’inverser d’ici la fin de cette enquête.
    Je vous rassure, Michel de Guibert, je ne mélange pas tout.
    Je souhaiterais simplement que l’Église rende optionnel, à nouveau, le choix du célibat pour les prêtres comme pour la religion protestante où les pasteurs sont libres de se marier et de fonder une famille et dans laquelle leur ministère pastoral est considéré comme « compatible » avec une vie de famille saine et équilibrée.
    Loin d’être un handicap, la vie matrimoniale d’un pasteur peut se révéler être une force lorsqu’il endosse ce rôle de guide spirituel. Confronté au quotidien à la réalité de la vie familiale, il alimente sa réflexion théologique des joies et des contrariétés qui cimentent ou délitent un couple.
    Et je ne vois pas pourquoi cette vie matrimoniale, choisie par le prêtre avant ou après son ordination, ne serait pas à la fois une source d’équilibre pour le prêtre, indispensable me semble-t-il avant d’être en mesure de soigner les âmes de ses paroissiens, et une nouvelle force pour l’Église ; à moins que nous ne soyons pas des enfants du même Dieu !
    Nous savons aussi que la prêtrise a été choisie par des hommes qui rencontraient, dans la vie civile de cette époque, de grosses difficultés à vivre leur homosexualité au grand jour mais je ne conclus pas pour autant que la majorité de nos prêtres français, sont homosexuels et que l’Église devrait aussi autoriser le mariage homosexuel pour ses prêtres.
    Les abus sexuels existent malheureusement dans toutes les confessions et des pasteurs protestants, le plus souvent des USA, ont également été accusés de tels actes envers des enfants ou des adolescents.
    Nous pourrons toujours trouver un chapelet d’objections pour justifier le « statu quo » des règles établies pour l’ordination des prêtres dans l’Église mais ce ne sera pas sans conséquences sur la pérennité et l’orientation de l’Institution.
    Vous dites : « La question de l’ordination d’hommes mariés est une vraie question qui mérite d’être posée, mais il faut la poser dans la clarté sans tout mélanger ».
    Merci de penser que je mélange tout, mais pourriez-vous nous exposer votre position, concernant le mariage des prêtres avant ou après l’ordination car ces deux types de demandes, hétérosexuelles, existent et ont toujours été refusées par l’Église depuis le XII è siècle.
    Bernard Januel

    • Bernard Januel, je voulais dire que le mariage n’est pas un remède à la pédophilie ! Voir les choses ainsi me paraît dangereux et inadapté.
      Puisque vous me demandez ma position sur la question de l’ordination d’hommes mariés à côté d’hommes célibataires, j’y suis favorable.
      Cela se pratique du reste dans les Eglises orientales catholiques comme dans les Eglises orthodoxes.
      Du reste quand des prêtres anglicans mariés sont revenus à l’Eglise catholique romaine, ils sont demeurés prêtres et mariés.
      En revanche, je ne suis pas favorable au mariage des prêtres après leur ordination.

  • Dominique,

    Pour plus de précisions, je vous invite à vous reporter au «  Catéchisme de l’Eglise catholique « promulgué sous l’égide de Jean Paul II en 1992 à la suite de Vatican II, est il précise.
    Et je pense que vous serez surpris par ces longs commentaires des dix commandements.

  • Ne pas voir la présence du Christ dans la personne de tout autre, surtout le plus faible, le plus petit, le plus malheureux, est tout bonnement contraire à l’Evangile ( Mt 25 ) et donc très étonnant.
    Car c’est pourtant l’essentiel de la «  révolution » morale et de spirituelle chrétienne qui consiste en en ce point et inspire la charité qui est bien plus que l’accomplissement de simples devoirs moraux envers le prochain puisqu’il s’agit non seulement de ne pas faire du mal ( « ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse ») mais de faire le plus de bien possible.

    D’autre part, les « droits de l’homme » sont bien fondés, en dernière instance, sur une idée de la personne humaine, de sa dignité absolue, issue du Judéo-christianisme. C’est pourquoi dissocier, voire opposer « droits de l’homme » et « droits de Dieu » paraît aussi incompréhensible.

    • Enfin, Marie – christine  » tu aimeras ton prochain comme toi-même » est-ce donc le fruit des DROITS de l’HOMME et la présence d’un avocat pour prendre en charge la défense de l’accusé,est-ce dons le fruit là aussi des Droits de l’homme
      Avant la Révolution nous étions donc dans l’obscurité la plus complète et l’Église ne s’occupait de rien, vraiment? et le Christ est-il donc venu pour surtout nous préoccuper des droits de l’homme, vraiment ?

      • Dominique,
        Cette vision de l’Eglise est théorique, c’est seulement celle dont nous rêvons, dont – pour ma part – j’ai rêvé.

        Quand je vois la façon dont elle se comporte quand elle est au pied du mur, dès que ça lui coûte, je suis rassurée de savoir que les droits de l’homme existent et qu’il n’est pas toujours possible de se comporter comme si on était au-dessus du monde, c’est-à-dire comme des voyous.

        • Eh bien permettez-moi donc de « rêver’ plutôt que de passer mon temps à me lamenter en voyant ô combien l’Eglise est infidèle au message du Christ alors qu’il est établi que si cette lamentable organisation exclusivement humaine , n’est-ce pas, n’existait pas ce serait à coup sûr le paradis sur terre.
          L’énorme ressentiment que vous avez à l’encontre de cette dernière vous interdit der regarder les choses sans passion.

          • Je pense Dominique que c’est votre désir de défendre l’Eglise-institution sans aucun discernement qui vous interdit un regard objectif.
            Si ces braves gens d’Eglise, après l’épisode de l’IVG dont j’ai déjà parlé, vous avaient, enrôlé dans une communauté déviante non reconnue et pourtant tolérée avec indulgence par la hiérarchie, laissé, au seuil de la vieillesse, sans famille, sans logement, avec des problèmes de santé et une retraite ridicule, et que tout le monde à présent, en haut lieu, alors que tous savaient, fasse la sourde oreille, sans le moindre souci de vous, vous cesseriez peut-être de rêver. Ou alors, c’est que vous êtees un saint, qui tend l’autre joue. Oui, ce doit être ça.Quant à moi, permettez-moi de ne plus être dupe des beaux discours et de me battre comme une lionne pour sortir de la précarité au moins sur mes vieux jours.

      • Dominique, vous me permettrez d’intérférer dans votre dialogue avec Marie-Christine. Bien évidemment que l’impératif d’aimer son prochain n’a as attendu la déclaration des Droits de l’Homme. Mais ce n’est pas faire un mauvais à l’Eglise (et à nous tous qui sommes l’Eglise) que de reconnaître qu’elle a parfois manqué à sa mission et trahi objectivement le message des Evangiles. Les Droits de l’Homme sont-ils, pour l’essentiel, autre chose que la sécularisation, dans nos sociétés modernes, du message évangélique ?

        A force de ressasser la formule « vous êtes dans le monde sans être du monde » trop de chrétiens finissent pas considérer que le monde ne serait que perdition. Ce qui est une aberration puisque c’est au cœur du monde que se construit le Royaume.

        Je vous invite à réfléchir à cette pensée de Frédéric Lenoir dans son livre Le Christ philosophe : « Le grand paradoxe, l’ironie suprême le l’Histoire, c’est que l’avènement moderne de la laïcité, des droits de l’homme, de la liberté de conscience, de tout ce qui s’est fait aux XVIe, XVII et XVIIIe siècles contre la volonté des clercs, s’est produit par un retours implicite ou explicite au message originel des Evangiles. »

        • René, n’ai-je donc pas suffisamment dit que oui,, cent fois oui l’Eglise est souvent infidèle à l’Evangile d’une partret et que je ne partage pas du tout l’idée que le monde n’est que corruption et que tout y est pourri?
          Quant à F Lenoir je suis évidemment bien loin de partager son appréciation de la philosophie des  » Lumières » dans lesquelles tout n’est pas à rejeter bien sûr. Étrange sans doute, mais il ne me semble pas que le Christ nous a beaucoup incité à suivre le monde mais à le convertit et donc , le cas échéant, à s’y opposer et donc ne pas craindre d’être incompris et rejetés?
          « je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups »
          Drôle de programme franchement ,non?
          Quant au Prince de ce monde,bah! il y a longtemps qu’il ne joue plus son rôle, c’est certain.

  • Anne, merci beaucoup de me canoniser et de mon vivant encore, mais je n’en demande pas tant, croyez le bien…quant à l’Eglise je continue de la croire sainte parce que fondée par Notre Seigneur ce qui ne veut pas dire du tout que ceux qui en font officiellement partie, c’est-à-dire le clergé soient saints et parfaits, loin de là. Ce sont pour la plupart de pauvres hommes comme vous et moi, avec donc leurs défauts leurs vices éventuellement, leur lâcheté mais aussi leurs qualités et pour certains leur héroïcité. Alors oui, cent fois oui l’Eglise boite et elle n’a pas fini de boiter loin de là, mais il me semble parfaitement inéquitable de souligner à longueur d’années ses tares.
    Que voulez-vous le CHRIST dès le départ a pris une belle bande de bras cassés et continue en plus avec nous …alors…

    • Dominique, il y a une dimension du débat que vous vous refusez obstinément d’intégrer et qui ârfois tranforment nos échanges en dialogue de sourds. Pour vous, si je vous lis bien, le mal dans l’Eglise ne viendrait que de la nature pécheresse des hommes et des femmes et se limiterait, dans ses effets, à leur comportement individuel. L’Eglise demeurant « sainte » en tant que communauté ce qui rend illégitime les critiques formulées à son encontre.

      Je crois que vous confondez l’Eglise corps mystique du Christ dont la sainteté n’est pas ici en cause, de l’instituion humaine. Or, le problème est que dans cette église-là, le mal n’est pas qu’individuel mais s’est traduit, au fil des siècles, parfois avec les meilleures intentions du monde, par la mise en place de structures collectives qui sont devenues autant de structures de péché. C’est ce que ne cesse de dire le pape François, notamment au regard des abus de tous ordres qui font scandale partout à travers le monde. Ce qui a pour conséquence que la conversion personnelle et permanente demandée à chacun de nous est aussi une conversion collective des structures de l’Eglise dans son mode de gouvernance. Apparemment cette idée vous « répugne » pour des raisons que je ne parviens pas à comprendre.

      • le mal n’est pas qu’individuel dites-vous? Pour moi le mal est individuel à la base ce qui conduit par contamination à le rendre » collectif.Oui le mal existe collectivement dans l’Eglise parce que certains se sont laissés contaminés et je le pense, souvent par lâcheté. comme durant la période de l’occupation où il n’y a eu que l’Evêque de Montauban Mgr Théas et le Cardinal Gerlier archevêque de TOULOUSE pour condamner ouvertement les persécutions infligées aux juifs et ce même si de nombreux évêques tentaient ,malgré leur silence, de protéger ces derniers. Pour moi le mal collectif n’existe que du fait de l’acceptation individuelle du mal

        • Dominique, vous confondez le Cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, avec le Cardinal Saliège, archevêque de Toulouse !
          Le Cardinal Saliège faisait lire le 23 août 1942 à tous ses curés cette belle déclaration :
          « Que des enfants, que des femmes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau (…) et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre époque de voir ce triste spectacle (…) Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes (…). Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier. »

          • Effectivement j’ai confondu si ce n’est que Mgr Gerlier tout comme Mgr Saliège a lui aussi été » reconnu par l’état d’Israël comme « juste parmi les Nations » du fait de son attitude durant l’Occupation Pour une raison que j’ignore on pense beaucoup plus à l’attitude de Mgr Saliège qu’à celle de Mgr Gerlier

  • René, pour moi les réformes simplement d’ordre administratif à elles seules ne feront pas réellement reculer le mal si elles ne s’accompagnent pas d’un réel désir de conversion partagée par tous or, à tort ou à raison, je vois parmi ceux qui réclament des réformes je vois beaucoup une volonté de puissance

    • On pourrait écrire un livre sur cette suspicion, chez les autres, d’une volonté de pouvoir et de puissance, là où bien évidemment, il n’y aurait chez nous que volonté de servir en « assumant le service de la décision » comme disait un de mes directeurs… Hypocrisie que tout cela !

      • Mais bien sûr, René, la volonté de puissance n’existe que chez ceux qui ne pensent pas comme moi, c’est un fait établi….D

        • Ce genre d’accusations sur les motivations des uns et des autres esquive les problèmes au lieu de les examiner avec sérieux.
          L’important ne réside pas dans la motivation impossible à discerner puisque nous ne sommes pas dans la conscience des autres mais dans le but réel poursuivi: conforter des injustices ou tenter d’en comprendre les causes et les remèdes à y apporter, à moins d’avoir décidé a priori qu’il n’existe aucun problème.

  • En dehors de toute polémique sans grande importance, je pense que ceux qui n’ont jamais eu à souffrir des «  structures de péché « dont on ne peut nier qu’elles ont existé dans l’histoire, qu’elles existent encore, surtout après la révélation de différentes formes d’abus couverts par l’institution. ne peuvent vraiment rien comprendre a la souffrance des victimes, à moins d’une conversion à l’écoute vraie et à l’abandon de manières de pensée, presque des réflexes, antérieurs
    Il y a des injustices collectives qui «  crient vers le ciel «, comme le dit l’Ecriture ( qui n’arrête pas de les souligner dans toute la Bible ) et qui demandent réparation et conversion.
    Et peu importe que ces injustices soient dénoncées par les exigences evangeliques ou, à défaut, par la société civile. Le mal est le mal. Et le bien fait par ailleurs ne l’efface pas.

    • Un grand merci René et Marie-Christine, pour ces paroles de bon sens.
      On voit qu’il est extrêmement difficile de faire comprendre à l’autre une expérience qu’il n’a pas faite. La souffrance de l’autre reste celle de l’autre, même pour les catholiques dont le prochain doit être le premier souci. Ne comptons pas trop sur la conversion individuelle, jusque-là ça n’a pas vraiment fonctionné et, de tout ce que j’expérimente, les mains dans le cambouis, en ce moment, on n’est pas tellement parti sur cette voie. Il faut des structures, des règles, des lois pour obliger. C’est dommage sans doute, mais y a-t-il le choix, au vu de ce que nous observons partout ? A moins de préférer continuer ainsi : contournement, esquive, retournement, dissimulation, petits arrangements, perversion des petites et grandes choses, plus ou moins consciemment, pour tout faire rentrer, tant bien que mal, dans des tiroirs multiséculaires et auxquels on ne veut surtout pas toucher, par peur de perdre un certain confort, par peur de perdre de vue le Christ parfois. Alors que c’est lui qui a fait éclater les structures, secoué les jougs, ouvert les chaînes.
      Et si personne ne veut bouger, les souffrances et scandales continueront et on laissera faire en espérant une hypothétique connversion individuelle, qui se fera de temps à autre en poussant parfois dehors celui qui du coup aura trop de difficultés à entériner ce qui le scandalise.
      Une question, Dominique : que proposez-vous pour les victimes, concrètement ? Car c’est du concret
      souvent d’ordre matériel, bien prosaïquement et humainement, dont elles ont vitalement besoin ? Car vous évitez toujours sougneusement d’en parler, en restant dans les généralités.

      • Ecouter la souffrance extrême et souvent irréparable des victimes mais je ne crois pas que l ‘indemnisation pécuniaire y fasse grand chose même si elle est indispensable

        • Qui écoute ? Par ailleurs, je suis de celles qui osent dire que l’indemnisation est vitale, pour compenser ce dont l’institution les a lésés (non cotisation pour la retraite – c’était « prophétique » !, soins médicaux et psy sans fin, réinsertion prenant des années, pour certains toutes les évonomies données et non récupérées).
          Car écouter est un premier pas,, très nécessaire. Ne pas laisser quelqu’un dans le dénuement total, comme ce sera mon cas dans 2 ans me semble la moindre des choses. Cet aspect revêt une importance capitale quand on y est confronté, il faut que les personnes qui ne le sont pas parviennent à le comprendre et l’accepter, malgré l’extrême trivialité de la chose, qui fait tache bien sûr. « Vêtir ceux qui sont nus etc…  » ne concerne pas que le plan spirituel. Ou alors, ce ne sont que des paroles sans conséquences ni application.

        • Dominique,

          Ce n’est pas à vous de décider le type de réparations nécessaires mais aux victimes.

          Et, par ailleurs, vous méconnaissez l’importance des idées voire des idéologies sur les comportements individuels sinon l’esclavage et toutes les formes d’oppression qui nous semblent désormais horribles, la «  révolution nationale «, les différentes formes de fascisme etc…n’auraient jamais été considérées comme légitimes dans la conscience des individus, même et parfois parce que chrétiens. L’histoire nous le montre.

          Pour finir, l’expérience montre bien aussi que la seule bonne volonté individuelle ne suffit pas à régler des problèmes et dysfonctionnements qui dépendent de structures et de types de gouvernance qui les favorisent au lieu de les empêcher.

  • Voici le texte publié ce 23 mars sur ma page Facebook, relative à un entretien avec François Devaux, Président fondateur de la Parole Libérée.

    Si, lors de leur Assemblée plénière de ces jours prochains, les évêques de France ont une soirée de libre, je leur conseille de consacrer deux heures de leur temps au visionnage de cette vidéo. Un entretien avec François Devaux, fondateur de la Parole Libérée par Pascal Hubert. Il ne s’agit pas d’une interview au sens journalistique du terme, plutôt d’une conversation à bâtons rompus. Un professionnel de l’information pensera qu’en ramassant le plus fort des propos tenus, on pourrait faire un 26’ plus percutant et d’une grande richesse informative. Mais je crois au contraire que ce qui fait l’originalité du document est précisément qu’en ne se donnant aucune contrainte de temps on voit se révéler, par touches successives, la personnalité de celui qui a en quelque sorte été pour les médias et l’opinion, le porte parole des victimes de l’ex abbé Preynat. Et qui du coup sort d’une forme de caricature. Certains pourront également être irrités par la trop grande proximité, la connivence, qui existe entre les deux protagonistes. Il faut accepter d’aller au-delà et des quelques « facilités » que cela leur autorise dans la dénonciation du système clérical. Car le fond du propos est d’une très grande force et, quoi qu’on puisse en penser, d’une grande honnêteté intellectuelle. C’est pourquoi il faut, si l’on s’intéresse à ces questions, prendre le temps d’une écoute attentive.

    Mon propos n’est pas ici – ne peut pas être – de résumer ce que dit François Devaux en deux heures de temps, depuis sa vie de jeune scout, l’agression dont il a été victime, la promesse du cardinal Decourtray faite à ses parents que la question était réglée, sa découverte en 2015 qu’il n’en était rien, sa décision de lancer une affaire vite devenue l’affaire Barbarin… et jusqu’aux raisons qui conduisent aujourd’hui l’association à se dissoudre, estimant que sa mission d’alerte a été remplie.

    Mais il faut entendre le diagnostic, sans concession, porté sur l’institution ecclésiale, jusqu’au plus haut sommet du Vatican, et sur son aveuglement, son incapacité à prendre en compte la réalité, alors même que la commission dont elle a décidé la création, la CIASE, fait, selon François Devaux « un travail exceptionnel qui deviendra une référence mondiale. » Je ne retiendrai ici que deux passages de ce long entretien. En premier lieu ce reproche fait à l’iEglise, concernant l’affaire Preynat notamment – mais on peut imaginer qu’elle concerne toutes les affaires du même ordre – de faire de l’agresseur-coupable qui n’est jamais qu’un malade, une sorte de bouc émissaire, alors que la vraie responsabilité incombe à l’institution qui a permis, par son mode de fonctionnement, la multiplication des agressions, le silence qui les a entourées, l’impunité des coupables et la plus grande indifférence à l’égard des victimes. La seconde est cette conviction appuyée que ces affaires sont dévastatrices pour l’Eglise, mais que « La réparation de l’Eglise ne sera possible qu’à travers la réparation due aux victimes. » 

  • Pour paraphraser Lacordaire : Entre le fort et le faible c’est la Parole Libérée qui libère et l’institution écclésiale qui opprime .

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