Mauvaise vie

Pour qui avait connaissance du livre de Frédéric Mitterrand, l’avis de tempête semblait inévitable dès sa prise de position en faveur de Roman Polanski. Mais l’outrance des accusations ne doit pas masque une vraie question : la fonction ministérielle exige-t-elle  de son titualire des brevets de moralité ?

Frédéric Mitterrand est homosexuel, soit ! Il est peu probable qu’il ait choisi cette inclination par plaisir ou par vice, comme on disait autrefois. Il lui est arrivé d’aller en Thaïlande pour assouvir une faim qui, au-delà des corps, possède toujours sa dimension de quète spirituelle. Ce qui, paradoxalement, peut précisément justifie r la sévérité des jugements liés à ce comportement. Il y a éprouvé, relate-t-il dans « Mauvaise Vie »  la jouissance escomptée et ce dégoût profond de lui-même que Beaudelaire décrit si bien dans ses poêmes.

D’évidence, il n’a « abusé » de personne. A le lire, un doute demeure, néanmoins, sur l’âge de ses partenaires. Le mot « gosse » n’est pas neutre, sous sa plume. Mais on veut entendre sa condamnation ferme de la pédophilie. Demeure le malaise éprouvé à l’évocation  de relations « tarifées ». La prostitution reste sans doute le plus vieux métier du monde mais elle fait l’objet, même dans nos sociétés sécularisées, d’une juste réprobation. L’interpellation biblique, faite à Caïn : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » n’en finit pas de résonner à nos oreilles. Ici, la réponse, hélas, est claire : un homme dépossédé de sa sexualité et du sens intime qu’il peut lui donner, pour la transformer en moyen de survivance. Comme d’autres sont contraints de vendre leur sang ou leur rein !

Dès lors, les propos de Frédéric Mitterrand ramenant tout cela à une simple « erreur » nous laisse perplexe ! Il y a bien longtemps que, pour beaucoup, dans notre société, plus rien n’est péché. Pour qui ne croit pas en Dieu, la chose est concevable. Le glissement s’était opéré vers la « faute », qui pouvait justifier encore un jugement moral. Désormais il n’est plus que d’erreurs de comportement… dont il suffirait de prendre acte. Le mal n’existe plus, le monde est envahi d’erreurs !

Sans doute demande-t-on d’abord à un ministre d’être un « bon » ministre, dans son domaine de référence. Et nul ne conteste à Frédéric Mitterrand d’être un homme de culture. Mais que l’opinion continue d’exiger d’un homme public un code moral personnel qui lui serve aussi de garde fou dans son action politique, ne semble pas excessif ! Quant à considérer que Frédéric Mitterrand serait le seul au gouvernement, à ne commettre que des erreurs… c’est là un autre débat. Un vrai.

2 comments

  • MALHEUR A QUI PAR QUI LE SCANDALE ARRIVE !

    L’affaire Mitterand revèle deux aspects paradoxaux qui sont:
    – La complaisance face aux vices de toutes sortes pourvu que cela marche en librairie
    – Le fait selon lequel des hommes de pouvoir ont le courage ( ou l’absence d’amour propre) de montrer qu’ils restent des êtres humains comme les autres, capable du bon comme du pire

  • Je m’amuse à lire Très honoré de vous faire rire, je le prends pour un compliment…

    des hommes de pouvoir ont le courage de montrer qu’ils restent des êtres humains …..capable du bon comme du pire.
    Parce que vous pensez qu’il y a des gens qui ne le savent pas !

    Les naïfs courent les rues

    Ce serait bien, je trouve, que l’on dise et redise à chacun que nous avons besoin de ses qualités, de ses compétences, là c’est formidable …Ben oui !
    mais du reste , on n’en a rien à faire, qu’il le garde pour lui.
    Ha ça c’est bien vrai !!

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