Ne me protégez pas du risque de vivre !

Ne me protégez pas du risque de vivre !

Les aînés ne sont pas une variable d’ajustement des politiques sanitaires. 

Le 15 avril, auditionné par les membres du Sénat, le professeur Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique sur le coronavirus, a annoncé que 18 millions de personnes, représentant les catégories de français les plus fragiles, ne seraient pas concernées par le déconfinement annoncé par Emmanuel Macron pour le 11 mai prochain. Parmi elles, essentiellement « les personnes les plus âgées au-delà de 65-70 ans » ! On comprend la logique, purement médicale, qui consiste à éviter la contamination des « personnes à risque » aussi longtemps qu’on ne dispose pas de vaccins, afin de contenir l’engorgement des hôpitaux. Sauf qu’un telle annonce est irrecevable et ne sera pas reçue. Parce que les aînés, dont je suis, ne sont pas une variable d’ajustement des politiques sanitaires en temps de pandémie mais des citoyens libres, disposant des mêmes droits que l’ensemble des Français. 

Un confinement des « vieux » jusqu’à la fin 2020 ?

Quelques jours plus tôt, c’est Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne qui préconisait un confinement des seniors, dans tous les Etats membres de l’Union, jusqu’à la fin de l’année 2020… On croit rêver ! C’est d’hommes et de femmes dont on parle ici, pas de volailles en batterie ! Déjà, fin janvier, une enquête du Ministère français de la santé révélait que un tiers des résidents en Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) étaient en « situation de détresse psychologique ». Avant même l’entrée en confinement. C’est dire que parmi les milliers de morts de ces dernières semaines certains se sont laissés mourir de tristesse et de désespoir. Une autre enquête par sondage, plus récente, situe à 37% le pourcentage de français de tous âges – avec une forte proportion de jeunes – qui seraient atteints d’un même sentiment de détresse. Or, un nouveau mois de confinement général est encore devant nous. Et au-delà du 11 mai, on prévoit son maintien pour 18 millions de Français… C’est tout simplement impossible, impensable ! Discriminatoire et inconstitutionnel considère le généticien Axel Kahn !

Loin de moi de minimiser le dévouement, le professionnalisme, l’effort consenti par le personnel sanitaire et hospitalier avec le soutien de millions de travailleurs de l’ombre, toutes professions confondues. De même je puis « comprendre » l’inquiétude d’une possible seconde vague épidémique à la faveur d’un relâchement de la mobilisation. J’entends les difficultés d’approvisionnement sur le marché mondial lorsque c’est la moitié de la planète qui est en pandémie. Et les incertitudes qui demeurent sur les dates auxquelles seront disponibles, en quantité suffisante : masques, tests, traitements, avant la découverte d’éventuels vaccins. Mais encore une fois l’humain est ainsi fait que ses besoins essentiels ne se réduisent pas au manger et au boire.

Imagine-t-on mettre l’Académie Française sous perfusion ? 

Le 11 mai devrait donc marquer le début d’un lent processus de déconfinement. Dont la priorité semble être de remettre à flot, progressivement, notre système éducatif puis l’ensemble du secteur économique. Quels que puissent être, ultérieurement, les contours de cet « après » à construire, dont chacun semble conscient qu’en effet, il ne pourra pas être dans le droit fil du passé. Et sur lequel le Président de la République semble vouloir engager le débat avec le pays. Sauver l’économie, quitte à hiérarchiser dès à présent les secteurs à sauver par priorité dans une perspective de transition, n’est pas se résigner à sauver le capitalisme ou la globalisation. C’est d’abord sauver des emplois, sauver des familles, sauver des vies. Et je ne prendrai pas, pour ma part, la responsabilité d’affirmer ici que la priorité serait uniquement sanitaire, que laisser dépérir le vieux monde serait la meilleure façon de faire émerger le nouveau. Je laisse à ses partisans d’en assumer le coût politique et social… 

Pour autant, faut-il convaincre ces 18 millions de seniors, fragilisés par l’âge de leurs artères ou de leurs poumons, qu’il y aurait pour eu quelque grandeur d’âme à renoncer à toute vie sociale pour sauver notre système de santé ? Le 11 mai, les moins de 65 ans (ou de 70 ans) vont progressivement reprendre le chemin d’une vie normale, pas les autres ? Soyons sérieux ! Imagine-t-on assigner par décret les chefs d’entreprises seniors au télétravail ? interdire de mairie les élus à la retraite ? tenir quelques vétérans de l’audiovisuel durablement éloignés des studios ? confiner un tiers des sénateurs dans leur circonscription ? mettre l’Académie française sous perfusion ou cloîtrer le clergé catholique d’âge canonique dans les sacristies ? Et puisque c’est impossible, réservera-t-on cette ghettoïsation au seul « petit peuple » ?

Est-ce ainsi que les hommes vivent ? 

Les septuagénaires que l’on entend vouer au confinement éternel sont les enfants de Mai 68 qui ont pris cinquante ans d’âge. Ce ne sont pas tous d’anciens gauchistes, ou d’anciens « casseurs » mais assurément les représentants d’une génération indépendante et rebelle. Ils sont nés dans la France de l’immédiat après guerre, à une époque où, à 65 ans, on quittait épuisé le monde du travail pour entrer simultanément en retraite et dans la vieillesse, avant que de mourir. Trois quarts de siècles et une révolution de la longévité plus tard, ils incarnent cette « génération supplémentaire » (les seniors) venue s’intercaler entre la vie professionnelle et l’entrée dans la grande vieillesse fragile. Ils constituent aujourd’hui, dans la société française, des trésors de tendresse et de générosité au service de leur famille, de l’engagement associatif, de la cohésion sociale, de la vie des communautés… Et l’on imagine les mettre en hibernation pour le salut de leur corps ? Et l’âme, bordel ! eût éructé Maurice Clavel ! « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » interrogeait Aragon chanté par Léo Ferré ! Est-il impensable, dans une démocratie, d’en appeler à la responsabilité de chacun, d’inviter librement au respect scrupuleux et durable des gestes et des attitudes de distanciation sociale qui peuvent nous protéger de la pandémie ? Et respecter, du fait même, le personnel hospitalier !

J’ai eu moi-même 20 ans en Mai 68. J’ai en mémoire les affiches qui fleurissaient sur les murs de la capitale… Alors, non ! je ne veux pas perdre ma vie ou ce qu’il en reste, à regarder les autres  “gagner“ la leur ; oui je veux pouvoir jouir sans entrave du bonheur de servir la fraternité ; oui j’entends interdire à qui que ce soit de m’interdire de vivre… jusqu’à ma mort ! 

PS. Ce billet a été publié le vendredi 17 avril à la mi-journée. Il a été aussitôt très lu et partagé sur Facebook près de 500 fois dans l’après-midi (656 fois à l’heure où j’écris cette note, le compteur pouvant être consulté par chacun dans le cartouche portant le logo Facebook, au bas de cette page). Le soir même l’Elysée faisait savoir que le Président de la République n’entendait pas imposer le confinement aux plus âgés mais en appeler simplement « à la responsabilité individuelle ». Le lendemain, le Professeur Delfraissy expliquait, de son côté, qu’on l’avait mal compris, qu’il ne s’agissait nullement de contraindre qui que ce soit mais de responsabiliser les aînés du fait même de leur plus grande vulnérabilité au virus ! Dont acte !

77 comments

  • Enfin une réaction de bon sens. Sur quoi se base cet oukase. Sur le besoin de ne pas submerger les hôpitaux. Sait on que la plupart des hôpitaux de province sont vides car l’épidémie est l’épidémie de l’île de France, de l’est et du nord. On traite les vieux comme des enfants. La plupart ont moins de contact que le reste de la population car retraités et décalés dans leurs horaires. Ce professeur ferait mieux de recommander le port du masque au lieu de dire qu’il ne sert à rien.

  • « Les septuagénaires que l’on entend vouer au confinement éternel sont les enfants de Mai 68 qui ont pris cinquante ans d’âge. » Ou comment dégénèrent les plus belles utopies humaines ! La libération confinée ou emprisonnée. La génération d' »il est interdit d’interdire » ayant commencé d’ouvrir la voie à l’exaspération normative par peur de la liberté qu’elle avait prise. Ses enfants tellement saturés de progrès qu’ils ont fini par décréter psychotiquement et mondialement que la sécurité du confinement était préférable à la liberté du risque. Les scientistes anthros se sont affranchis des superstitions religieuses et nous ont appris qu’il y avait deux critères d’homminisation et de civilisation: la prohibition de l’inceste pour la seconde, et l’ensevelissement des morts, la sépulture pour la première. L’inceste n’est pas explicitement et littéralement proscrit en droit français et on laisse mourir seuls nos anciens, devenus de tristes seniors dont on bâcle les obsèques. Dix-sept ans après la canicule de 2003, la première mesure sanitaire que l’on prend est de les abandonner à leur agonie qu’on ne supporte plus, eux et les personnes vulnérables qu’on laisse quasiment sans secours (car leurs auxiliaires de vie se font porter pâles par peur d’être contaminées) « pour leur sécurité ».

    Quinze ans après la loi de 2005 ouvrant le droit au « tout accessible » pour « les personnes en situation de handicap » dans une société où il ne saurait plus y avoir de déficience biologique infirmante et intrinsèque, le président de la République nous rappelle à deux reprises qu’il nous est interdit de sortir, là encore pour nous protéger, car nous avons le mauvais œil (je suis aveugle).

    Comme il est contre la discrimination, il n’ose pas nous le dire franchement, victime de son idéologie d’après les idéologies bien que la psychanalyse nous ait promis la libération du verbe et que nous ne serions plus la société du non-dit.

    Quant à l’Europe, ses fondateurs la pensait, disait Michel Rocard au cours d’un petit déjeuner au Procope auquel j’assistai, comme une « union étroite suffisamment technique pour être irréversible ». La présidente de sa commission, elle-même sexagénaire, explique que les vétustes n’ont qu’à rester cloîtrés.

    « Et l’âme, bordel », vous exclamez-vous. Mais n’avez-vous pas été de ceux qui avez importé dans la religion la psychologie de préférence à l’âme et qui avez mis fin à une spiritualité animiste?

    Le temps médiatique est séquentiel et ce confinement commence à lasser et durer, suscitant votre propre impatience.

    Voilà comment dégénèrent les plus belles utopies humaines. Et moi, le confiné de naissance, pour faire l’inventaire, on aura tout vu.

    • Je vous laisse la liberté d’écrire que je suis : « de ceux qui (ont) importé dans la religion la psychologie de préférence à l’âme et qui (ont) mis fin à une spiritualité animiste » même si je n’en crois rien !

  • Rien à rajouter à cette très bonne et longue analyse. Je signe.
    Une telle mesure serait inacceptable et même scandaleuse . Je croie que nous revenons au Moyen Age avec le bannissement des pestiférés.
    J ai 80 ans, cancer du pancréas, guéri depuis 6 ans mes avec des fortes contraintes. Seul 3% des opérés de la tête du pancréas survivent au de là de 3 ans. Je suis donc un chanceux!!! Chanceux que je compte profiter de ma liberté encore quelques années peut-être

  • BRAVO mille fois… J’ai 91 ans, je suis en forme encore,… et me sens capable de me protéger sereinement, et responsable.. Il est vrai que je ne suius pas seul. ..
    Merci,

  • Bravo René ! Voilà qui est bien dit !
    Hier soir, un académicien, qui ne veut pas être mis sous perfusion, Alain Finkielkraut, disait sur France 5 que la vie, ce n’était pas seulement le biologique, « la vie, c’est les autres ! » Nous avons jusqu’au 11 mai pour les faire réfléchir…

  • Je comprends votre réaction, René, je suis moi-même de votre génération des 20 ans en mai 1968, celle des « aînés » du baby-boom de l’après-guerre, même si je ne suis pas encore retraité…
    Discriminatoire cette annonce, discriminatoire cette politique envisagée pour la période déconfinement ? Certes, mais le coronavirus aussi est discriminatoire !
    Le professeur Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique sur le coronavirus, a de bonnes raisons de craindre une seconde vague épidémique avec la levée précoce du confinement alors qu’il n’y a pas encore d’immunité de groupe ; ce n’est pas si simple…

    • Certes mais il a admis lui-même devant le Sénat qu’il faudrait, de toute manière : « prendre, de façon raisonnable, une certaine forme de risques ». Je ne lui en demande pas davantage. mais peut-on ignorer que le confinement tue aussi efficacement que le coronavirus ? Pardonnez-moi cette confidence intime : mon père est mort d’un Alzheimer. Comme la plupart de ces malades, dans la période où il était encore à peu près valide, il fuguait de l’établissement où il était hébergé. Et je me souviens avoir dit un jour à la directrice, soucieuse de sa sécurité, que je préférais encore la perspective qu’il se fasse écraser par quelque voiture dans un acte ultime de liberté, que de se décomposer « en sécurité » sur un lit d’hôpital.

      • Comme je vous comprends, René, mais ne dites-pas que le confinement tue aussi efficacement que le coronavirus !
        L’hécatombe liée au coronavirus dans les EPHAD a été terrible, et il y a des moyens d’humaniser le confinement sans pour autant le lever complètement.

  • J’ai 85 ans et mon épouse qui est ma contemporaine a une maladie auto-immune qui fait d’elle une personne à haut risque face au coronavirus. Je pense que par raison plus que par plaisir nous resterons confinés, au moins un certain temps, au-delà de la libération proposée aux plus jeunes. Mais ce confinement j’entends l’exercer librement et sous ma responsabilité personnelle et je trouverais scandaleux qu’il me soit imposé et que je sois obligé de demander à la police la permission de sortir de chez moi ! Autrement dit: incitation au confinement je veux bien, confinement contraint par la puissance publique: non !

  • Souvent je suis d’accord avec vous ; mais là non. Bien sûr nous restons libre de prendre le risque de mourir du corvid 19, à titre individuel ; mais comme membre d’une collectivité qui se bat contre un virus « traître », non. Je suis de la même génération que vous et je ne tiens pas à empoisonner la vie de mes neveux et nièces, petits neveux et petites nièces (je n’ai pas d’enfants), si je me retrouvais à l’hôpital où, soit dit en passant, en cas de grave atteinte, la médecine (covid ou pas) n’aurait pas de solution : les réanimations lourdes sont aussi dangereuses que le virus. De plus la vie sociale a aujourd’hui des outils qui permettent de rester en lien ( je passe des après midi au téléphone). Il y a des personnes âgées pour qui, effectivement, le confinement est très lourd. Il y en a aussi qui ne sont absolument pas raisonnables : ils vont tous les jours dans les grandes surfaces acheter trois fois rien pour dire de voir du monde ; ce n’est pas avec ceux-là que l’on va freiner l’épidémie. Encore une fois je veux bien que les gens cherchent la mort ou acceptent de la rencontrer, mais le problème c’est que, de ce fait même ils la répandent… Ma liberté s’arrête où commence celle des autres. La seule issue pour les personnes à risques, c’est la découverte d’un traitement ; c’est pourquoi j’attends les premiers résultats des tests en cours ( un vaccin sera plus long à obtenir). Sans cela, je jouerai la prudence le temps qu’il faudra.

    • Mais je crois avoir appelé à la responsabilité de chacun ! Vous évoquez des personnes âgées qui sortent déjà, chaque jour, faire des courses, alors que nous sommes confinés ! C’est assez dire que vouloir continuer à les confiner après le 11 mai ne servira à rien ! Je suis aussi soucieux que vous de ne pas peser inutilement sur la collectivité. Mais je plaide que les seniors sont des rouages essentiels de la vie familiale, sociale, associative… et que tout ne se règle pas sur WhatsApp…

      • Si vous connaissez la frontière, je suis preneur ! Et la liberté de nos enfants à être soutenus par la garde des leurs ? Et la liberté de tous les marginaux à retrouver un accueil, un lieu où trouver de la nourriture, une aide attentive ? Avec les meilleurs sentiments du monde on devient facilement donneurs de leçon !

        • « la frontière » : c’est tout le problème de la « vie en société »

          ( une « vie en société » qui est antinomique, à mon avis, avec un principe élémentaire tel que « la même liberté pour tous », même au pays des Droits de l’Homme …).

    • Merci Grigri 69 pour votre commentaire rempli de sagesse et de souci du respect des autres.
      Il y va de la responsabilité de chacun, et les soignants qui, eux, prennent des risques tous les jours, enragent de voir des irresponsables refuser de respecter les gestes barrières élémentaires.

  • Merci René d’avoir si vite réagi à cette idée saugrenue discriminante et anticonstitutionelle
    Le Professeur Delfraissy ce grand vieillard mais qu’il se confine vite lui-même et cesse de hanter les plateaux de TV en y racontant beaucoup de betises
    Moi bien que un peu « vieux » dés le 11 mai de grand matin je me mettrai au volant de ma voiture pour visiter une partie de ma famille qui m’est cher par un chemin ou un autre , les éventuels procés verbaux seront envoyés à la Cour constitutionelle . Car comme vous j’interdis à quiconque de m’interdire de vivre et d’exercer ma liberté fondamentale d’aller et de venir comme bon me semble

    • Je serai moins sévère concernant le professeur Delfraissy dont j’ai trouvé qu’il faisait preuve d’une grande humilité devant la représentation nationale. Il est dans son rôle… Sauf que ce n’est pas au corps médical de trancher sur une question qui concerne les libertés, les droits de chacun et le vivre ensemble.

    • Il est bien facile d’accuser les autres de dire « beaucoup de bêtises »… et de dévoiler dans le même temps un comportement irresponsable et égoïste dès le 11 mai au matin !
      Vous me donnez l’impression d’être un vieux soixante-huitard attardé « il est interdit d’interdire »… rien appris depuis 50 ans !

      • Michel, à votre âge, arrêtez avec ces simplismes ! Ces non-arguments ne sont pas dignes! Pensez-vous réellement pouvoir lire mon billet à la seule exégèse d’une prose soiante-huitarde atardée ? Je trouve cela blessant !

    • Le Pr Delfraissy est un éminent virologue ; il a naguère beaucoup travaillé sur le VIH et ce qu’il dit a beaucoup plus de poids à mes yeux, michel 89, que votre mépris à son égard.

      • Chacun a ses saints.C’est tout de même lui qui voulait confiné l’ensemble de la population plus de 2 mois au mépris des conséquences psychologiques , sociologiques et économiques aussi . Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a une extrême inégalité dans le confinnement entre la famille qui est confinée dans un petit 50 m² parisien et celle qui est cofinée dans une maison à la campagne entourée d’un parc d’un hectare même si cette idée vous semble soixante huitarde. On pourrait aussi évoquer sa position par rapport au traitement du Professeur Raoult mais cela nous mènerait trop loin. Quant a être responsable pour mon voyage du 11 mai soyez sûr que je prendrai le volant avec un taux zéro d’alcool en respectant le code et que si par malheur j’avais des symptômes de la maladie j ‘y renoncerais

        • Oui, il y a une extrême inégalité dans le confinement, nous sommes bien d’accord, et le risque est d’autant plus grand qu’on est confiné dans plus petit, aussi bien sur le plan sanitaire que sur le plan psychologique.
          Vous semblez faire passer les conséquences sanitaires au second plan, derrière les conséquences économiques du confinement, j’ai un peu de mal à vous suivre totalement sur ce point.
          Quant au « traitement » du très populo-médiatique Pr Raoult, ne m’en parlez pas, vous allez me mettre très en colère !

  • Bonjour
    Mon activité professionnelle s’est réduite ces-jours-ci à présider des célébrations d’obsèques. Elles se font sans organiste ni chantre, sans rassemblement familial mais avec des masques sur les visages. On ne peut pas se serrer dans les bras.
    C’est parfois lugubre… et je fais en sorte de dire qu’il faut aussi se réjouir… mais les contrastes sont violents.
    Vous savez que les sociétés de Pompes Funèbres sont engorgées ?
    Merci d’attendre qu’il y ait moins de pression sur cette activité…

    • Je crois avoir appelé à la responsabilité de chacun ! Devra-t-on demain déposer auprès des pompes funêbres une demande d’autorisation de mourrir pour s’assurer de sa possible prise en charge, dans un créneau déterminé ?

  • Merci René, de dire tout haut ce qui me fait bouillir depuis que j’ai compris la manœuvre. Nous les vieux( pas encore 70 ans!!! Et déjà vieille!!) . Laissons repartir l’économie, qui semble être la préoccupation principale, quitte à mettre nos chers petits à la crèche, Et à l’école, afin que leurs parents puissent repartir au travail. Et nous ? Restons chez nous, et tout ira de mieux en mieux. Que vont devenir les associations qui fonctionnent grâce aux vieux. Que vont devenir nos petits enfants, qui du jour au lendemain n’ont plus vu leurs grands parents uniquement derrière un écran ? Tous les liens tissés dans une vie vont-ils se réduire à des conversations téléphoniques?
    Je milite assez dans des groupes et associations de baptisés » libres et décomplexés  » pour reprendre ton expression, pour tenir et défendre le libre arbitre de chacun.
    Je ne sais pas si je prendrai ma voiture et braverai les autorités pour aller à la rencontre de ceux que j’aime, mais j’aime la perspective de pouvoir exercer ma liberté
    Françoise

    • De quelle « manœuvre » voulez-vous parler, Françoise Lachaise ?
      Pourquoi voir de sombres manœuvres là où il y a seulement des questions de responsabilité politique face à une crise sanitaire extrêmement grave justifiant des mesures e précaution élémentaires !

  • Je suis moi aussi pour la liberté individuelle….mais j’ai 5 enfants et 12 petits-enfants à qui je souhaite de continuer à vivre en bonne santé….aussi d’accord pour laisser sortir sans limite les personnes âgées qui le souhaitent…..mais en leur faisant signer un papier par lequel ils acceptent -même s’ils sont eux-mêmes infectés- de laisser la priorité aux plus jeunes en cas de saturation dans les hôpitaux……!!!

    • Je comprends l’intention sauf que votre proposition n’est pas légale. Demande-t-on à des alcooliques ou des fumeurs de signer par anticipation un papier par lequel ils accepteraient de n’être pas soigné du cancer le jour où… ? Etre responsable induit, en revanche, que l’on puisse se poser en effet soi-même la question si l’on était atteint. mais c’est une démarche libre.

    • Quel moyen de pression psychologique envisagez-vous, FRANCHOMME Pierre, pour convaincre de « laisser sortir sans limite les personnes âgées qui le souhaitent » (sic) ?

  • Qu’il est agréable de trouver une plume qui dit avec force ce que je ressens.
    J’étais moi aussi à Paris en Mai 68. et je pense toujours être utile à mes 10 petits enfants et aux autres via mes engagements associatifs (Terre de Liens, « Grands Parents pour le Climat », cellule diocésaine Laudato Si…), mon engagement citoyen comme maire d’une petite commune rurale dans les Vosges alsaciennes.
    Merci pour la référence à Maurice Clavel. De tels esprits forts et libres sont sont notre oxygène.

  • Je partage pleinement l’indignation de Rene . Il n’y a aucune raison légitime à pratiquer une discrimination en fonction de l’âge dans le processus de deconfinement .
    Notre vie en société n’est pas exclusivement déterminée par des critères médicaux et la décision de deconfinement , quand bien même elle prend en compte des critères médicaux est une décision d’ordre politique . Au nom de quel principe politique pourrait on décider de priver de la liberté d’aller et venir une catégorie de la population ? Au nom de quel principe politique pourrait on justifier que cette catégorie est à ce point irresponsable qu’il faille faire son « bien en matière de pathologie « , malgré elle .?
    Les médecins ont raison de rappeler les risques du deconfinement pour les populations les plus à risque. Mais une décision relative a notre vie commune ne peut pas être exclusivement motivée par une approche de spécialistes sectoriels aussi compétents soient ils .
    De plus la bonne santé est elle uniquement définie par l’absence de pathologie ? Quid de la vie relationnelle , de notre lien à l’environnement, de notre implication dans le vie de la cité qui sont aussi des facteurs de notre « bonne santé .?
    L’accomplissement d’une vie est il uniquement lié à la durée de la vie physique de notre corps y compris dans des conditions « inhumaines « ?
    J’arrête ce commentaire ici , car je risquerais de discerner dans le plaidoyer de René que je partage , une remise en cause de la position du magistère de l’eglise qui défend la survie physiologique à tout prix . Mais l’heure n’est pas favorable à un tel débat.

    • Au nom de quel principe, demandez-vous, Guy ?
      Au nom de ce que Lévinas nomme justement le souci de l’autre.

      • Oui je suis d’accord avec ce principe qui conditionne le deconfinement .Alors au nom de ce principe il ne faut pas non plus de deconfiner les enfants le 11 mai prochain sans avoir l’assurance qu’ils ne pourront pas se transmettre le virus dans la promiscuité des écoles.

        • Nous sommes d’accord, Guy, je relevais ailleurs ce paradoxe de protester contre le déconfinement pour les écoles et de s’insurger contre le maintien du confinement pour les personnes âgées ou vulnérables.

      • « au nom du souci de l’autre » dites-vous, il me semble qu’être partisan d’interdire aux personnes àgées de sortir quand elles en ont besoin,en respectant v bien sûr les règles commune ces n’est pas vraiment se soucier de l’ autre mais plutôt avant tout de soi car qui d’entre nous accepterait de bon cœur de continuer de vivre le confinement actuel.
        et les personnes agées souvent désorientées ,enfermées dans les EPADS
        sans plus aucun contact avec l’extérieur sauf pour celles suffisamment valides pour regarder sur un écran vous croyez que çà les aide et que c’est une vie?
        D’un autre côté cet enfermement donne un bon prétexte aux enfants qui n’allaient pas de toute façon voir leur veille maman » perce que çà leur faisait trop mal au coeur de la voir dans un état pareil » de ne plus y aller du tout
        Au bout du compte je crois que c’est encore un bon moyen pour continuer d’effacer la mort et bien souvent la décrépitude qui la précède;A toutes fins utile h je précise que j’ai 75 ans et suis donc directement concerné par le sujet

        • Il n’est pas question de plus de confinement qu’aujourd’hui, les personnes âgées ne sont pas interdites de toute sortie.
          La situation dans les EPHAD est différente, et là c’est dramatique et il est vraiment nécessaire de faire très attention, mais il est prévu de permettre des visites moyennant des précautions particulières pour les visiteurs.

          • Michel, je ne veux pas ramener ma fraise inconsidérement mais enfin, je dispose dans mon Aveyron natal d’une maison de famille avec jardin… où je ne peux pas me rendre puisque je suis confiné dans mon 65 m2 parisien. Alors nous dire qu’il n’y aurait « pas plus de confinement » qu’aujourd’hui n’est pas une réponse satisfaisante… Sans doute ne suis-je pas le seul dans ce cas. Même si cet argument n’est pas au cœur de mon propos !

          • Bien sûr, René, vous n’êtes pas le seul et il y a des situations plus difficiles.
            Ne croyez pas que je méconnais ces difficultés, mais franchement il y a des situations autrement plus dramatiques dans les hôpitaux et les services de réanimation.
            C’est d’abord à eux et à leurs proches que je pense.
            Cela dit, Emmanuel Macron vient de dire qu’il « ne souhaite pas de discrimination » des personnes âgées dans le déconfinement, mais qu’il « en appellera à la responsabilité individuelle ».
            Je souscris.

            Et j’espère vous retrouver dans votre cher Aveyron cet été, si cela est possible, pour le 15 août à Sylvanès !

          • Vous souscrivez à ce que dit Emmanuel Macron mais vous semblez néanmoins plein de réserves et d’interrogations concernant mon billet… alors que l’Elysée ratifie finalement ce qu’avec d’autres, je suggérais : renoncer à des mesures coercitives inapplicables qui auraient fait plus de mal que de bien, et appeler chacun à la responsabilité !

          • René, je souscris au souci de ne pas laisser les personnes âgées dans la solitude, notamment dans les EPHAD, et je plaide pour un droit de visite avec toutes les précautions nécessaires.
            Je ne souscris pas à certains commentaires revendiquant une sacrosainte liberté personnelle au mépris du bien commun.
            Je ne dis pas que c’est votre cas, mais c’est ce que certains de vos commentateurs ont compris de votre billet.
            Je pense qu’un déconfinement général au 11 mai serait prématuré et qu’un déconfinement sans précautions vis-à-vis des personnes âgées ou vulnérables serait criminel.
            Il y a des priorités sanitaires ; le Pr Delfraissy ne dit pas autre chose.

          • Nous tournons en rond. Puisque un déconfinement ne peut pas être réservé à quelques uns… Quoi que puissent en penser les professeurs de médecine. Je ne suis pas plus favorable à une République du corps médical qu’à une République des juges. Contrairement à vous je pense qu’il n’y a pas que des priorités sanitaires… Sinon nous nous donnons comme suprême espérance de pouvoir mourir tous ( de faim, de chômage, de misère, de solitude…) mais, Dieu merci, en bonne santé ! Ce n’est pas ma façon de voir.

    • DU ROLE D’AUTRUI

      Si la loi me dit de ne pas griller le feu rouge, c’est pour ne pas tuer autrui.
      Si la loi me dit de ne pas tuer, c’est pour ne pas porter atteinte à la vie d’autrui.

      Cette vision morale du rôle d’autrui se retrouve dans « l’impératif catégorique » kantien :
      « Agis de telle sorte que ton action puisse devenir une loi universelle d’action. » telle était sa maxime, une contrainte donc qui m’empêche de faire ce que je veux.

      Si la définition de la liberté, c’est de pouvoir faire ce que l’on veut, quand on veut, voilà donc une limite flagrante à ma liberté.

      • L’impératif catégorique peut-être positivé : « fais à l’autre ce que tu voudrais qu’on te fasse à toi-même » qui dans l’Evangile devient pour les chrétiens « Aime ton prochain comme toi-même ». Or mon prochain, aujourd’hui, est en souffrance (Migrants, SDF, jeunes à la dérive…) bien au-delà des seuls hôpitaux et je ne vois pas au nom de quelle morale purement sanitaire je devrais me dérober de mes responsabilités citoyennes à son égard, comme le font, pour leur honneur, des centaines de milliers de retraités.

        La liberté, disait souvent mon ami l’abbé Pierre, n’est pas liberté « de » mais liberté « pour ». Cest cette seconde que je revendique.

  • Le paradoxe est que, dans le même temps, de nombreuses voix s’élèvent pour juger prématurée la levée du confinement pour les écoles et que d’autres voix, majoritaires ici, la réclament pour les personnes âgées et pour les personnes les plus vulnérables…

  • Ce qu’il y a d’étonnant avec ce confinement, c’est que chacun le vit « comme il est ».
    J’en connais qui sont ravis de ne plus sortir, d’autres qui en souffrent en silence, on m’a parlé d’une personne qui se serait suicidée dès les premiers jours tant la perspective de ne plus avoir de contacts lui pesait.
    Il est tout à fait probable que le confinement tue : directement par suicide, indirectement par dépression, insidieusement parce que pour beaucoup, une vie sans les autres n’est pas une vie qui vaille la peine.
    Je suis bien en peine de juger ceux qui sortent « tous les jours » : sont-ils des irresponsables, ou bien font-ils tout simplement ce qu’ils peuvent ? Ont-ils un devoir moral de se supprimer pour ne pas être une charge médicale potentielle ?

    Je veux bien entendre que le confinement est le seul moyen de parer au plus pressé. Ce qui est étrange, c’est qu’il nous soit présenté comme un traitement « anodin ».
    On s’inquiète juste de l’impact économique, de l’impossibilité de travailler. Comme si seul Mammon méritait l’attention !
    Comme si, l’économie mise à part, on pouvait le prolonger indéfiniment. Cesser d’aller voir nos mourants, cesser d’enterrer les morts, cesser de prier ensemble !
    Si l’on accepte cela sans ciller, qu’est-ce qui nous empêchera demain « parquer les vieux » tous les hivers ? Après tout, la grippe saisonnière aussi est une pandémie ! Combien de lits de réanimation pourrait-on supprimer s’il n’y avait pas à traiter la grippe hivernale ? Il faut ici relire « SOS Bonheur », Bande dessinée très bien réalisée, dans laquelle un état à pris en charge le bonheur collectif.

    J’ai au final l’impression que l’on prend le problème à l’envers : une société ne peut pas ajuster la liberté des citoyens en fonction du nombre de lits disponibles dans les services d’urgences.
    On ne peut au contraire qu’adapter le nombre de lits dans les services d’urgence aux nécessités des besoins élémentaires, se déplacer, rencontrer les autres, partir en vacances en sont d’indéniables.

  • Des ainés ont compris la prudence d’expression de JF Delfraissy se situant au plan sanitaire (collectif) devant le Sénat comme ils ont entendus celle d’E Hiirsch s’exprimant, au plan de l’éthique, sur C’Dans l’Air hier. J’ajoute que l’entrée du principe de précaution dans notre constitution conduit à dramatiser *.
    Pour moi, je m’en tiendrais en ces matières aux décisions des autorités dans la mesure ou elles me sembleront guidées par l’intérêt collectif. La pédagogie des mesures qui seront adoptées jouera son rôle, le moment venu, étant entendu que, comme le rappelle René, confiner dans leurs chambres près de 800 000 personnes en Ehpad reviendrait à organiser une forme d’euthanasie à petit feu… il y a aussi les centres de détentions, la psychiatrie en milieu fermé,

    * – Septembre 2006, Université des CCI à Vichy. Intervention de François Bricaire, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à la Pitié-Salpêtrière, professeur à l’Université Paris IV, correspondant de l’Académie nationale de médecine pour le bioterrorisme.
     » … le principe de précaution qui régit nos politiques de santé a des incidences perverses : arrêter un phénomène pandémique est extrêmement difficile. De plus, ce principe conditionne les réactions de nos politiques et de nos experts ».
    – 13 avril 2020, https://www.letemps.ch/monde/jeanmarc-rickli-principe-precaution-un-prix-eleve
    L’interviewer: « En 2016, selon la revue «Nature», les Etats-Unis ont investi 100 milliards de dollars dans la lutte contre le terrorisme contre 1 milliard dans la lutte contre les maladies émergentes et les pandémies. N’y a-t-il pas là un déséquilibre flagrant dans l’allocation des ressources? »
    L’expert international du risque: « Imaginez un responsable politique qui, avant la pandémie, aurait proposé d’inverser ces proportions. Aurait-il la moindre chance d’être réélu? »

  • C’est bien là toute l’ambiguïté de notre condition humaine, qu’il est difficile de choisir! Mais quand je pense à ce qu’a dû supporter la petite Anne Franck, séquestrée et ne devant pas faire le moindre bruit ( ce qui émeut le plus mes petits enfants), je me dis qu’il nous faut relativiser notre situation. Si tout un chacun respectait les gestes barrières, les décideurs pourraient assouplir les règles mais voilà..

  • Certains des commentaires me laissent interrogatives. Le gouvernement, le voudrait-il, il ne pourrait pas mettre un gendarme derrière chacune des 18 millions de personnes à risque et je ne pense pas qu’il en ait l’intention. Il sera donc surtout fait appel à la responsabilité de chacun, encore que les voyages resteront sûrement surveillés (pour tous) puisque les déplacements ont contribué à la diffusion du virus. Il n’y aura, pour personne, la reprise de la « vie d’avant » le 12 mai au matin… Si des classes reprennent, ce sera dans d’autres conditions qu’avant, etc.
    A travers les réactions, ce qui me surprend, c’est chacun disant « je suis en bonne santé » comme si les personnes âgées étaient dans le déni de leur fragilité plus grande que lorsque l’on a 20 ou 50 ans (sauf maladies graves). Peut-être suis-je marquée, dans ma réflexion, par une opération subie en septembre 2017 (époque où j’avais encore de multiples activités et responsabilités), ne présentant personnellement aucun risque (ni HTA, ni diabète). Résultat 7 mois d’hospitalisation, 5 opérations et maintenant un handicap définitif à la marche. J’ai, heureusement pour moi, pu penser autrement mes liens en tous genres… et mon activité sociale.

    • Votre commentaire, Madame GRIMONPREZ, est plein de bon sens, et je vous en remercie.
      Bien entendu, il n’est pas question de confinement complet sans visite des personnes âgées ou vulnérables, mais de levée graduée et progressive du confinement avec maintien des gestes barrières de précaution et limitation des déplacements.
      Vous l’avez compris mieux que d’autres.

  • Bravo, Marguet, de relativiser notre situation. Il est vrai que nous ne sommes pas en situation de « disette », même si l’économie est malade aussi! De toute façon, quelqu’ait été la décision prise par le gouvernement, elle aurait été critiquée, par ceux « qui voient noir » si elle avait été blanche, et par «  ceux qui voient blanc » si elle avait été noire! Il n’y avait pas de solution idéale, sans effets secondaires néfastes. Alors, regardons les initiatives fructueuses de beaucoup qui ont pensé aux autres avant de penser à « leur petite personne »! Je pense à tous ceux qui privilégient leurs achats auprès de producteurs, à ceux qui interviennent auprès des sans-abris pour leur apporter réconfort matériel et moral, à ceux qui élaborent des petits plats pour les soignants, et tous les autres qui travaillent « dans l’ombre, sans faire de bruit » pour aider des « moins chanceux « qu’eux.Peut-être que pour d.autres, ce sera en restant chez eux qu’ils seront le plus efficaces pour la société. Allez, gardons sérénité et joie au coeur, et rejetons agressivité et rancoeur!

    • Merci à Marguet, et merci à vous, Odile, pour ces petites lumières que vous allumez et qui font du bien dans la lumière de Pâques et du Christ ressuscité.
      Le philosophe Martin Steffens distinguait opportunément dans les attitudes de prévention se protéger « POUR » l’autre et se protéger « DE » l’autre ; c’est bien ce qui doit nous guider dans une attitude d’altérité et non de repli sur soi.

  • Mon cher hôte
    En premier lieu : « Jésus lui dit : « Il est aussi écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » (Mat 4:7 et Luc 4 :12)
    Je m’étais juré de suspendre un peu mes interventions sur votre blog pour laisser un peu la place à d’autres voix. Mais, je ne peux, devant cette succession d’ânerie, garder le silence davantage. Je prie ceux qui seraient susceptibles de se sentir visés de bien vouloir m’excuser pour mes propos quelque peu colériques.
    Les réactions que je lis ici, sont conformes à celles qu’il me revenait de gérer quotidiennement. Ce n’est pas si simple d’expliquer à chaud des notions de « bénéfice-risque », engageant, en règle la vie intime de ses patients et de leurs proches. Devant la mort imminente, ces notions sont souvent occultées. « mens sana in corpore sano » signifie qu’une pensée saine implique un corps sain ; et j’ose affirmer qu’un être humain, en contexte de mort imminente ne peut réagir comme s’il était dans un contexte plus serein.
    Je rends donc hommage à nos gouvernants et à leur conseil qui ne se sont pas si mal comportés dans la gestion de cette crise inédite. Je rends un vibrant hommage à tous ceux qui, risquant véritablement leur vie, du manutentionnaire aux gendarmes, de la caissière au facteur, de la plus obscure aide-soignante au plus grand professeur, des techniciennes de surface aux infirmières… Tous ont tous dû soit abandonner leur famille, soit la mettre plus ou moins en danger pour accomplir une tâche « normale », ont-ils dit. Permettez-moi de trouver assez déprimant que leur dévouement soit saboté par des ego démesurés qui ont de façon normale, certes, des fourmis dans les jambes.
    Au sujet de ce virus, une seule chose est absolument certaine : c’est que nous ne savons RIEN, ou presque.
    Ceux qui franchissent sans trop de dommage la période respiratoire, peuvent voir quelque temps après, leur système immunitaire s’emballer, subir diverses réactions délétères dont la CIVD, embolies et autres désagréments ou avoir la chance de « gagner une place dans le concert des maladies auto-immunes »… S’il y a des volontaires, je vous en prie, allez-y, mais faites-nous la grâce d’y aller seul en prenant vos responsabilités et en signant une décharge au corps soignant surbooké, qui devra choisir de vous diriger en réanimation ou vers les soins palliatifs ! Au fait, n’oubliez pas, avant, de remplir le formulaire officiel au sujet de vos « directives anticipées ».
    Grâce aux bonnes mesures mises en place, une grande partie de nos concitoyens ont été et seront épargnés, s’il n’y a pas de mutation virale…et dans ce cas, sera-t-elle plus pugnace ou en voie d’extinction ? vous le savez vous, qui avez, à juste titre des fourmis dans les jambes ? Ceux qui sont spontanément résistant cette fois, le sont-ils la prochaine ? Actuellement, on pense ( ?) que l’immunité sera solide…jusqu’à quand, alors que l’on sait que pour la grippe, il faut moduler le vaccins tous les ans. Mais je n’insiste pas, il semble que beaucoup d’entre vous savent tout!
    Ah, j’oubliais… Mon neveu a tenu, pour le H1N1 le même genre de raisonnement, refusant, même malgré une téléconsultation d’une heure chrono, d’aller simplement se faire faire une radio… car, comme vous le savez, depuis Molière, les médecins sont des « c.. ». Il médite maintenant et pour l’éternité sur cette profonde pensée… il faisait partie des sujets à risque, à 50 ans !
    Merci d’avoir bien voulu me lire jusqu’au bout. Veuillez permettre à un vieux papy de 78 ans de vous dire en toute simplicité : Prenez bien soin de vous, et n’écoutez pas trop les charmantes sirènes.

    • Quel mépris et quelle suffisance ! J’aurais donc des « fourmis dans les jambes » et cela seul pourrait justifier un coup de gueule dont je découvre ce matin, si j’ai bien compris, qu’il rejoint l’assentiment du Président de la République.

      Je crains qu’ici tout dialogue soit inutile puique j’ai développé, longuement, les raisons qui me font plaider pour un appel à la liberté de chacun c’est à dire à la responsabilité car pour moi l’une ne va pas sans l’autre. Inutile donc de me répéter. Si vous êtes sourds à mes arguments, il ne m’appartient pas de vous rendre l’ouïe.

      • Méprisant, certainement pas, je vous ai en trop haute estime
        Suffisant, arrogant peut-être, mais j’assume.
        Je crois simplement, que nous, (j’ai bien dit nous), « sachant », avons une certaine responsabilité dans la gestion de cette crise. Tout ce qui peut augmenter la chienlit me paraît mortifère dans le contexte actuel : Qu’il s’agisse de dissensions thérapeutiques dans ce brouillard épais qui nous entoure et que des médias indignes diffusent sans ménagement, que ce soient des clips vidéos dignes des meilleurs films de science-fiction, que ce soient des agressions physiques d’élus de tous bords, sous des prétextes divers, en règle utilitaires, qu’il s’agisse de sondages aussi divers qu’ininterprétables du simple fait que souvent leur échantillonnage est mal défini,… bref tout ce qui entame l’entendement fragile de nos concitoyens largement traumatisés par les actions erratiques de nos élus, dont les références morales, philosophiques, religieuses se diluent dans un brouhaha assourdissant, par les instructions à géométrie variables d’une administration pleine de bonne volonté, mais que ce virus, par la situation inédite qu’il engendre, a sorti de ses rails sécurisants…
        Nous sommes vraiment en « économie de guerre », celle que mes parents m’ont décrite. Il a fallu quasiment un demi-siècle pour que les vagues qu’elle a engendrées s’estompent un peu…Je doute qu’il suffise d’un déconfinement, même bien conduit, pour que les vagues de celle-ci s’évaporent, comme par magie !
        Ne provoquons pas, chez nos soignants et tous ceux qui œuvrent dans l’ombre pour notre petit confort, le hurlement acéré de désespoir que j’ai entendu ce matin, d’une infirmière, qui, la gorge serrée, crachait sur la prime offerte, arguant qu’il lui paraissait préférable que cet argent serve à acheter des masques.
        Prenez bien soin de vous, prenons bien soin de nous tous.

        • Méprisant, si, lorsque vous laissez entendre que mon plaidoyer pour que les seniorss ne soient pas exclus du déconfinement résulterait du simple fait que j’aurais des « fourmis dans les jambes » alors que j’ai longuement argumenté !
          – maintenir ce confinement est psychologiement impossible pour les intéressés car il aurait des conséquences, même médicales, désastreuses
          – il est impossible juridiquement, car susceptible de recours devant le Conseil constitutionnel
          – il ignore complètement le rôle que les « jeunes » retraités (je ne parle pas ici des résidents en Ehpads) jouent dans la société, rôle qui va redevenir crucial au lendemain du confinement
          – il les confine, pour des raisons uniquement sanitaires qui doivent être prises en compte mais ne peuvent être seules déterminantes, dans un rôle d’assistés, au mépris de leur dignité de citoyens. Songez au fait que certains sont allés jusqu’à imaginer qu’il faille demander à son médecin traitant un « permis de sortie »… Alors que tout malade hospitalisé peut, en signant une décharge, décider de son plein gré de quitter l’hôpital… quoi qu’en pense le corps médical !

          Là sont mes « fourmis dans les jambes ». Et par ailleurs je n’oblige personne à abandonner son confinement s’il estime en conscience que c’est là, pour lui, une manière d’assumer ses responsabilités citoyennes au regard de la collectivité et de témoigner de sa sollicitude envers le personnel soignant.

          Et je me réjouis que ce bon sens n’ait pas échappé au Président de la République ni d’ailleurs, si j’en crois ses propos de ce samedi soir sur France 2, au professeur Delfraissy qui explique désormais qu’il n’a jamais été question de contraindre les plus de 65 ans à rester confinés mais simplement d’en appeler à leur sens des responsabilités. Ai-je demandé autre chose ?

          Alors vous avez parfaitement le droit de développer, ici, une analyse opposée à la mienne. Mais à la condition que ce soit avec des arguments dignes, et suggérant que ma position s’expliquerait par pur caprice égoïste, absence totale de réflexion ou immaturité coupable.

          J’entends le « revirement » de votre dernier commentaire. J’en prends acte. Mais il n’enlève rien à ce que vous avez écrit précédemment.

        • > »nous, (j’ai bien dit nous), « sachant » »
          C’est une idée que je trouve intéressante. Pour ma part, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup « d’hypothèsants », un certain nombre de « croyants », et bien peu de « sachants ». Peut-il seulement y en avoir 1 seul face à une situation inédite dans l’histoire de l’humanité ? (inédite, non par ce qui touche l’humanité, mais par les moyens que nous allons employer pour en sortir).

          L’homélie du jour du Seigneur ce matin a proposé une articulation intéressante entre « croire que l’on sait » et « savoir que l’on croit ».

          J’ai été assez naïf au début de l’épidémie pour croire qu’elle nous resserrerai les uns les autres face à un ennemi commun. Aujourd’hui, je prie juste qu’elle ne nous fracture pas encore un peu plus.

    • Merci, Françoisjean, d’être sorti de votre retrait et merci, cher confrère, pour ce coup de gueule que vous poussez, arguments à l’appui !
      Mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, et si le déconfinement, sans doute prématuré, est mal mené ou mal observé, nous verrons un probable rebond de l’épidémie, soit maintenant, soit plus tard, avec une nouvelle saturation des hôpitaux et des services de réanimation.

      • La question fondée nouvelle est « s’il y a une immunité, quelle est sa durée? ». Savoir qu’on ne le sait pas, du moins pas encore, change profondément le point de vue sur la manière de réagir à cette « vacherie » et oblige à remettre en cause notre regard, en attendant un hypothétique vaccin.

        Probable qu’il va falloir accepter que la stratégie qui a permis de gagner du temps en préservant au moins mal des vies et en évitant que les soignants soient submergés dure plus longtemps que ce que nous nous croyons capable, collectivement, et individuellement, de supporter. Probable que des essais prudents vont être menés afin de ne pas laisser sur le carreau trop de groupes (vieux, tourisme, petit commerce, grandes industries, …) et que les « retours d’expériences » prendrons plus de temps que souhaités; patience!

        Se demander qui aurait eu plus raison que d’autres à un moment ou un autre ou qui aurait été naïf semble dépassé car cela mène dans une impasse. Plus judicieuse semble la question « que suis-je capable de faire pour renforcer la résilience collective? ». S’appuyer pour renforcer cette résilience sur la bonne volonté de chacun -ce qu’a dit René même s’il a été mal compris- est alors certainement la seule manière de procéder pour ne pas mettre à mal le vivre ensemble, ou le renforcer, selon la tendance de chacun à voir le verre à moitié vide ou à moitie plein.

        • En appeler à la responsabilité de chacun, nous sommes d’accord, Jean-Pierre Gosset… mais tout le monde n’a hélas pas ce sens de la responsabilité et du souci de l’autre.
          La nécessité première qui a justifié les mesures de confinement coercitif qui déplaît à certains était la nécessité de ne pas engorger davantage les hôpitaux et les services de réanimation et de pouvoir soigner toutes les personnes atteintes, même celles qui ne veulent pas être « sauvées »!

          • Michel, ne vous faites pas plus entêté que vous n’êtes… Le « confinement coercitif qui déplait à certains » (vous auriez pu me nommer puisque j’étais visé) ne m’a pas déplu, contrairement à vos propos, dès lors qu’il était quasi généralisé à tous dans le pays. C’est la perspective de son maintien au-delà du 11 mai pour les seuls plus de 65 ans que je dénonce. Et si tout le monde n’a pas le sens de la responsabilité et du souci de l’autre, est-ce là une caractéristique des aînés ? Faut-il continuer à vendre du tabac et de l’alcool à des irresponsable ? Va-t-on décréter qu’il est des libertés publiques réservées aux seuls responsables ? Et qui en décidera ?

          • « mais tout le monde n’a hélas pas ce sens de la responsabilité et du souci de l’autre. »
            Hum… il y aurait donc d’un côté des « gentils responsables » (qui restent sagement confinés) et de l’autre des « méchants irresponsables » (qui veulent batifoler dehors).

            J’aime bien les théories simples, pour autant celle la me semble vraiment simpliste !

          • Emmanuel, J’ai été assez naïf au début de l’épidémie pour croire qu’elle nous resserrerait les uns les autres face à un ennemi commun. Aujourd’hui, je prie juste qu’elle ne nous fracture pas encore un peu plus.

          • Je pense qu’elle nous a de fait ressoudés autour du corps médical et de tous les progfessionnels qui nous sont apparus comme contribuant à notre sécurité. Mais comme toute situation exceptionnelle génère des analyses de causalité, pousse à la recherche de responsabilités, puis nourrit des débats autour de solutions, forcément alternatives… les divisions et les fracures apparaissent. Personnellement ce ne sont pas les désaccords qui me font peur. C’est l’incapacité à prendre au sérieux, à entendre, l’argumentation de l’autre pour parvenir, in fine, à un compromis, ce qui est la loi de la démocratie ; c’est la tentation – et ce blog n’y échappe pas – de caricaturer la position de l’autre pour mieux la combattre. Où pire, prèter à l’autre des intentions mesquines, égoïstes, quand ce n’est pas remettre en cause tout simplement son intelligence des événements et sa capacité à comprendre le réel.

          • La persistance de cette discussion aux parfums élitistes me surprend comme, pour les mêmes raisons, le procès d’intention fait à « certains » de penser d’abord à leur pomme.
            A titre politique je suis de ceux qui croient que les autres ne sont pas plus des enfants que chacun de nous et je regrette profondément, par exemple, que depuis la révolution, nos constitutions soient demeurées si marquée par la fronde persistante des grands qui a été une des causes de l’abandon par le peuple de la foi en les vertus par le sang. A cause de cet « esprit » frondeur de l’élite, « nos élus » territoriaux (élus au second et troisième degré voire plus: territoriaux et sénateurs) sont relégués par la constitution au rang de « mineurs » surveillés par l’État plus que comme des partenaires. Cette faille de la pensée française est à mes yeux une raison notable de l’enlisement de l’idée Européenne. Il est plaidable qu’il y a là une forme de prudence qui évite que les erreurs inévitables des électeurs aient de trop grandes répercussions. Quant à moi, je tiens qu’un peuple a, comme un enfant ou un ado, besoin, pour grandir que la tutelle le pousse au lieu de le retenir.
            Vous aurez compris que, pour moi, la relation avec l’organisation et les croyances des religions est forte. La catholique ruine de remarquable atouts par son manque de confiance en ses enfants.

  • Le Président du conseil départemental du Haut Rhin vient de lever sous certaines conditions l’interdiction des visites dans les Ehpads. Il a déclaré « je ne voudrais pas qu’on se retrouve avec des décès de pensionnaires s’étant laissés mourir de tristesse que de personnes atteintes du Covid 19 » Je partage tout à fait ce point de vue.

  • Bonjour
    Ce que vous exposez est totalement recevable.
    Ce qu’il faut rajouter c’est que ce confinement est fait certes pour diminuer la contagion mais surtout pour protéger les plus de 65ans.
    En effet pourquoi empêcher de travailler la génération des 20 50 qui risque peu et va subir la crise lourde avec chômage de masse…?
    Pour protéger les séniors.
    N’aurait-il on pas pu ne confiner que les séniors et laisser les jeunes travailler ?
    Je pose la question.
    En tout cas, il faudrait à minima que les retraités voient leurs revenus baisser à minima de 30%.
    Je rappele que les salariés du privé sont pour la plupart au chômage à 70% et que les libéraux, artisans, techniciens ont vu leur activité baisser de 80%
    Le vrai drame n’est pas encore arrivé
    Alors messieurs mesdames les aînées oui sortaient de deconfinement mais vous n’êtes pas les plus à plaindre vers ce qui va arriver, des faillites à tour de bras.

    • J’entends bien l’intention de protéger les plus de 65 ans… Et je me réjouis que le choix ait été fait, au moins pendant deux mois, de privilégier les choix humains sur les choix économiques contrairement à ce qui a été tenté, un temps, par les USA, la Grande Bretagne ou le Brésil…

      Concernant l’avenir du revenu des retraités, je ne vois pas en effet comment le montant des retraites pourrait durablement être déconnecté de la réalité de l’économie et du versement des cotisations par les actifs et les entreprises, dans un contexte de forte récession. Oui le vrai drame est devant nous ! Mais cela j’en suis bien conscient !

      Vous écrivez que nous ne sommes pas les plus à plaindre… Mais où avez-vous qu’on se plaignait ? Pour ce qui me concerne c’est précisément parce que je sais quel est aujourd’hui l’engagement de bien des retraités dans la gestion de petites communes, les solidarités intergénérationnelles familiales ou non, ou la vie associative auprès des exclus et des plus fragiles que je souhaitait leur déconfinement. Pour qu’ils puissent dans un contexte qui sera socialement difficile (litote), apporter leur contribution au Bien commun.

      J’ai lu, ailleurs parmi les commentaires suscités par ce billet, que les cimetières étaient remplis de gens qui se croyaient indispensables… ce qui m’a provoqué un vrai coup de sang. Je ne me sens nullement indispensable pour ce qui me concerne. Mais les autres me sont indispensables, et l’idée d’être « protégé » contre mon gré – au prix de ne plus servir à rien ni à personne – parce qu’il faudrait « sauver » les seniors du coronavirus m’est tout simplement insupportable. C’est le sens de mon billet.

  • Permettez-moi d’apporter quelques précisions. En effet la technique du « tweet » nous prive, en règle, de l’esprit de synthèse très utile à la compréhension de l’ensemble.
    1/ Sur un plan uniquement médical :
    « …maintenir ce confinement est psychologiquement impossible pour les intéressés car il aurait des conséquences, même médicales, désastreuses… ». Vous avez mille fois raison, avec cependant un important bémol : en effet, ce confinement « a déjà des conséquences médicales désastreuses », cela se nomme le « syndrome de glissement », et c’est catastrophique, car il devient rapidement irréversible, et conduit inéluctablement à l’exitus.
    « N’aurait-il pas pu ne confiner que les séniors et laisser les jeunes travailler ». Cela aurait pu être une bonne idée si l’on avait été certain que ce virus n’attaquait pas, en priorité absolue « les vieux ». Cette impression s’est confirmée au cours du déroulé de la pandémie, par les analyses statistiques des décès, montrant une hécatombe dans les ehpad. A ce sujet, lisez donc ce que rapportent les médias sérieuses au sujet des expériences d’autres pays; Ayons aussi une pensée pour ce courageux médecin de 70 ans qui y a laissé la vie.
    2/ Sur un plan sociétal :
    Rappelons maintenant deux principes fondamentaux, à la base de l’action du président et du conseil scientifique qui l’assiste :
    a/ ARTICLE R.4127-32 du CSP Dès lors qu’il a accepté de répondre à une demande, le médecin s’engage à assurer personnellement au patient des soins consciencieux, dévoués et fondés sur les données acquises de la science, en faisant appel, s’il y a lieu, à l’aide de tiers compétents.
    b/ Le principe de précaution est une disposition consacrée lors du sommet de Rio de 1992. Rapidement, il fut inscrit dans le droit français par la loi Barnier du 2 février 1995. Cette dernière expose que l’absence de certitudes en raison du manque de connaissances techniques et scientifiques à un moment donné doit toutefois conduire à prendre des mesures de gestion de risques appropriées à l’égard de potentiels dommages à l’environnement et sur la santé.
    (Source, cf. google)

    Le président a bien précisé « quoiqu’il en coûte ».
    « Les dernières données acquises de la science » étaient embryonnaire quant à ce virus, et les « yakatakafocon » étaient inopérants, car leurs auteurs ont été plus pressé de s’agiter dans les médias que de participer à l’élaboration de solutions acceptables dans cette conjoncture nébuleuse.

    Il a également mentionné le terme de « guerre ». Pour un papy qui a réellement effectué son service militaire dans le service de santé des armées, ce terme lui évoque une guerre NBC. C’est une vraie comparaison en vraie grandeur. Et permettez moi d’espérer qu’il ne s’agisse que d’une comparaison de circonstance, mais aussi que les autorités compétentes en tirent toutes les conséquences. Un peu de prospective ne fait de mal à personne.
    Merci pour votre sympathique patience.

  • Petite note dépressive à JP Gosset.
    J’ai répondu en médecin soucieux des deux principes ci-dessus cités.
    les excellents arguments, bien ficelles, de notre hôte sont caducs devant le principe de précaution voulu par la gauche, un des axes de conduite du pouvoir. Peut-être que ce confinement a été trop efficace ? peut-être n’y aura-t-il pas de deuxième vague ? réponse dans 6 mois, ou plus…
    Moi aussi, j’ai aussi des fourmis dans les jambes, ainsi que mon épouse qui ne tient plus en place. Nous avons 9 adorables petits enfants, dispersés en France et à l’étranger. Pourrons-nous les recevoir sans trop de risque ? si oui, tant mieux, si non, le remède n’est-il pas pire que le mal ?
    Mais je pense que ce problème va s’effacer devant la baisse massive du PIB qui s’annonce et que 75 ans de gabegies ne nous ont pas préparé à affronter. L’état est protecteur mais ruiné, alors… ?
    Jusqu’à ce jour, les « experts » se sont toujours plantés, espérons que les « petits, les sans grades » ne trinqueront pas trop.
    Le reste n’est que bavardage.

  • Un beau texte de Fabrice Hadjadj, avec des fulgurances dont il a le secret :

    « Les hommes savent qu’ils vont mourir, mais ils ne le croient guère. Tous les hommes sont mortels, certes, mais je ne suis pas un homme, je suis Fabrice, le fils de Bernard et de Danielle, avec des souvenirs trop singuliers pour entrer dans un syllogisme. Socrate est mortel, certes, mais c’est Socrate, pas moi, qui ne pourrai jamais constater mon décès. Comment serai-je mort à mes propres yeux, puisque, pour le voir, il faut que mes yeux vivent ?

    Pendant Mai 68, alors que le printemps fait semblant de ne plus connaître l’hiver, la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross achève d’écrire son fameux livre les derniers instants de la vie. Elle y distingue cinq étapes dans notre confrontation à l’irréparable : le déni, la colère, le marchandage, la dépression, puis l’acceptation, qui n’arrive qu’au bout d’un long chemin et n’a plus rien de commun avec la résignation précédente.

    En ce temps d’épidémie, par-delà le confinement, chacun y va donc de sa petite stratégie d’évitement. Surtout les intellectuels. Car les intellectuels ne sont pas aussi atteints que les bistrotiers. Leur fonds de commerce n’est pas en péril. Ce sont les spécialistes du marchandage, ou plutôt du monnayage de leurs idées, de sorte qu’ils peuvent faire comme si leur discours n’était pas pris de court. Quand ils parlent du coronavirus et de ses conséquences, ils ne se laissent pas démonter et sous-entendent comme Tarrou dans la Peste d’Albert Camus : « Mais quoi ! la mort n’est rien pour des hommes comme moi. C’est un événement qui leur donne raison. » Autant dire qu’il n’y a pas d’événement, ou que celui-ci se résorbe dans une dialectique infaillible, et que nous allons bientôt vous désigner les coupables.

    Ainsi, les collapsologues font de la collapsologie ; les altermondialistes disent que c’est la fin de la mondialisation ; les mondialistes que c’est la preuve de la nécessité d’un gouvernement global ; les anti-immigration rappellent que « Restez chez vous » fut depuis toujours leur slogan ; les tenants d’un pouvoir autoritaire célèbrent la Chine et ses prescriptions drastiques, mais un professeur de l’École normale supérieure nous assure que « le meilleur remède contre l’épidémie virale, c’est la démocratie » ; les épidémiologistes vantent les mesures préventives et n’aiment pas le docteur Didier Raoult, tandis que les infectiologues cherchent des remèdes et se méfient d’Olivier Véran ; les athées en profitent pour confirmer que Dieu n’existe pas, les fondamentalistes surenchérissent pour attester que le monde n’est qu’une vallée de larmes ; les écologistes montrent le ciel bleu au-dessus de Pékin, l’eau transparente dans les canaux de Venise, les oiseaux qui reviennent dans les villes – à quand les vautours ? –, tandis que les technologistes leur rétorquent que l’on voit bien que la Nature n’est pas une mère, puisqu’elle concocte des virus destructeurs pour ses enfants…

    La vérité, cependant, c’est qu’il y a un moment où nous sommes pris à la gorge, où nos systèmes s’effondrent, y compris ceux qui se prétendent « antisystème » et annonçaient déjà l’effondrement. Comme le dit Pascal, « Le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste ». Que nous reste-t-il alors ? Évidemment, je ne méprise pas l’ordre politique, ni la recherche scientifique, ni surtout l’effort médical : ils sont absolument nécessaires. Mais ils ne prennent pas la mesure de l’événement, ils ne nous mettent pas face à ce mal irréductible qui ne nous laisse d’autre recours qu’une supplication sans réponse : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? »

    On aurait pu prendre ses précautions, sans doute. On savait qu’une pandémie analogue à la grippe espagnole allait d’un jour à l’autre survenir. N’aurait-on pas dû avoir plus de masques ? N’aurait-on pas dû avoir plus de respirateurs artificiels ? Sans doute. Nous ne voulons pas que les masques tombent. Nous ne voulons pas être livrés au souffle de l’Esprit. Moi le premier. Notre société rêvait hier encore d’intelligence artificielle, non de respirateur. Elle redoutait surtout les virus informatiques. Le coronavirus ne pouvait que la trouver démunie. Camus le note dans ses carnets : « La rencontre de l’administration qui est une entité abstraite et de la peste qui est la plus concrète de toutes les forces ne peut donner que des résultats comiques et scandaleux. »

    Toutefois, en dehors même de l’abstraction administrative, comment n’aurions-nous pas été pris au dépourvu ? Ce virus renverse la donne. Se transmettant par une grande majorité de porteurs sains, il change les gestes de tendresse en gestes mortifères, et fait du geste barrière, de la distance, de la porte fermée, les marques d’une charité nouvelle mais problématique.

    Nous pouvons ici imiter l’étonnement de Jésus au jardin des Oliviers (Luc 22, 48) : « C’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? » Même lui n’osait pas s’y attendre. Le signe de l’amour ne pouvait pas devenir celui de la destruction. C’est pourtant le propre de la trahison d’opérer une telle inversion des signes.

    Et comment ne nous sentirions-nous pas à la fois traîtres et trahis ? Voilà que nos baisers de paix sont devenus des baisers de Judas. Voilà qu’il est bon de ne pas aller visiter nos anciens isolés et menacés par la maladie – et de regarder la messe à la télévision… Les États européens ont pris des dispositions sans précédents, comme il n’y en eut pas même pendant les guerres mondiales ; et pour la première fois dans l’histoire de l’Église, les fidèles catholiques les plus fervents seront privés de veillée pascale. Pour la première fois, l’Église, qui fait obligation de communier au moins à Pâques, publie un décret qui donne au troupeau la consigne de ne pas communier… C’est par une absence de baiser que tu accueilles le Fils de l’Homme ?

    Peut-être bien. Ce dépouillement, loin du fantasme transhumaniste, nous rappelle à notre condition de fils et de filles de l’homme et de la femme : mortels, fragiles, peccables, pouvant espérer, par-delà la santé, un salut… Oui, nous revoici humains, repris par l’histoire humaine, au point que des textes anciens ont plus d’actualité que nos statistiques : la peste d’Athènes racontée par Thucydide, celle de Florence par Boccace, celle de Londres et de Milan respectivement par Defoe et Manzoni… Le progressisme en prend un coup. Mais l’homme d’hier redevient le frère de l’homme d’aujourd’hui. La culture apparaît plus profonde et plus neuve que l’innovation technologique. Elle exprime nos attentes éternelles.

    Toute épreuve est à double tranchant. Elle n’implique pas un sursaut automatique. Par définition, elle nous met à l’épreuve, et nous la traversons en devenant soit meilleurs, soit pires. Le confinement peut nous enfoncer davantage dans le virtuel et le divertissement (le site de vidéos pornographiques Pornhub offre gratuitement ses abonnements premium) et l’euthanasie (le gouvernement, hésitant sur la chloroquine, n’a pas hésité à autoriser le Rivotril). Mais il peut aussi nous faire prendre conscience du prix inestimable de la proximité et de la présence dont nous sommes privés. Il doit nous rapprocher de l’Incarnation, et, à travers elle, de l’espérance de quitter nos tombeaux.

    La Bible s’intéresse peu à l’immortalité de l’âme. Elle en appelle à la résurrection des corps. S’il ne s’agissait que d’immortalité, nous n’aurions pas à sortir d’Égypte : le Livre des morts nous aurait suffi, avec sa pesée des esprits et son existence en apesanteur, débarrassée de toute enveloppe charnelle. S’il s’agit de ressusciter, en revanche, il faut accepter de mourir. La foi en la résurrection suppose la reconnaissance de notre mortalité sans détour, mais non sans destin, car ce lieu de la perte devient celui de l’offrande.

    La Bible s’intéresse peu à la dignité des vertueux. Elle en appelle à la rédemption des pécheurs. S’il ne s’agissait que de vertu, nous aurions pu en rester à Aristote ou Cicéron. S’il s’agit de rédemption, en revanche, il faut accepter que notre orgueil se brise. La foi en la miséricorde suppose la reconnaissance de notre misère sans fard, mais non sans force, car le lieu du péché devient celui de la grâce, et d’une grâce contagieuse, où l’on pardonne à son tour dans la grande communauté des misérables.

    Que nous reste-t-il alors ? La charité nue. Celle des soignants et des suppliants. Celle des mourants et des vivants, plus vivants que jamais, parce qu’ils ont côtoyé l’abîme, parce qu’ils ont été privés même de donner leur dernier hommage au défunt et découvert le tombeau vide, parce qu’ils ont compris que tout était perdu qui n’était pas reçu et donné. »

    • Sur « Rivotril » évitons de propager des infos bancales ou la récup de Gilbert Collard. Voir par exemple le quotidien du médecin du 6/04, la Croix du 8/04 (blog de la facultés jésuites de Paris, département éthique biomédicale), ou le Figaro du 9/04.
      Sur la mort, y reconnaître l’accouchement de l’âme me suffit alors que le salut, le jugement dernier, et j’en passe, sont trop décharnés ou mystiques. Et puis cet accouchement sera peut-être une découverte comme a été mon premier souffle dont je n’ai pourtant pas le moindre souvenir, ou ma « première fois ».

      • Je n’ai pas voulu amputer ni censurer le texte de Fabrice Hadjadj, mais je suis d’accord en partie avec votre remarque concernant les infos plus ou moins bancales parce qu’un peu rapides et schématiques.
        Concernant le Rivotril, il en va de même que pour le Midazolam (pour lequel la même autorisation de prescription en ville, hors milieu hospitalier ou soins palliatifs, avait été prévue un peu avant, en février).
        Tout dépend de la manière dont on l’administre et dans quel but.
        Le même produit peut servir à soulager une fin de vie ou à pratiquer une euthanasie qui ne dit pas son mot.
        La difficulté supplémentaire est qu’en ville il n’est plus question de décision collégiale, mais que le médecin est seul à décider.

        • L’article de la Vie du 20 avril sur le sujet me semble honnête… et nuancé. Voici le mien, mais comme le texte est réservé aux abonnés je mets ci-après le dernier paragraphe qui éclaire quelque peu les dernières lignes de votre commentaire.

          « Sur le terrain, les médecins se veulent toutefois rassurants. Les équipes mobiles de soins palliatifs et celles de gériatrie se sont organisées sur tout le territoire pour répondre aux généralistes qui se trouvent dans une situation d’urgence et donner une expertise sur l’usage de ce médicament. « C’est un important garde-fou, souligne Géraldine Texier. Cela permet la collégialité, de discuter de la prise en charge et d’affiner l’évaluation des patients. »

          http://www.lavie.fr/actualite/bioethique/faut-il-craindre-des-euthanasies-deguisees-derriere-la-crise-sanitaire-20-04-2020-105674_394.php

          • Merci René pour cet éclairage précieux.
            N’étant malheureusement pas abonné à « La Vie », je n’ai pas accès à la totalité de l’article…
            En la matière, il faut rester vigilant, sans pour autant faire de procès d’intention systématique.

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