Pensées pour un confinement (3)

Pensées pour un confinement (3)

Poursuite de mes relectures vagabondes où une profonde humanité confine parfois une forme de sainteté. 

La progression de l’épidémie, la conscience de notre fragilité, la crainte de voir la mort frapper nos proches, nourrit en chacun de nous un besoin d’espérance. Est-ce bien le moment, m’interroge-t-on ici ou là, pour ajouter à la gravité de l’heure en publiant des citations qui, si belles, justes et profondes soient-elles, nous plombent parfois un peu le moral ? « Il est poli d’être gai » me souffle un ami. Certes ! Et j’ai perçu comme un signe de bonne santé de notre peuple que, face à l’adversité, l’humour ait su se faire une telle place sur les réseaux sociaux. Mais dès lors que ma règle du jeu personnelle était de puiser dans mes notes de lecture, difficile de sortir d’un certain registre, qui m’est personnel, et laisse chacun libre d’aller chercher ailleurs d’autres nourritures ! 

Cette règle du jeu explique, pareillement – je l’ai déjà dit – pourquoi ne figurent parmi ces citations, de manière générale, aucun texte tiré des Ecritures. Pour la simple raison que je ne les ai jamais recopiés dans mes carnets. Pourquoi noter les Béatitudes, Matthieu 25, le Magnificat, les Récits de la Genèse ou de la Passion, le prologue de Jean ou tel passage de Qohélet que j’ai parfaitement en mémoire  ? 

Et puis, il y a une forme de volontarisme de ma part, que l’on peut certes questionner, à m’en tenir ici à une culture profane. Non pour contester l’universalité du texte Biblique qui est l’une de ses plus grandes richesses, mais pour honorer une forme de sagesse humaine où je lis aussi la présence de l’Esprit. Voici donc les textes qui, cette semaine, ont retenu mon attention, à la faveur de la mort d’un ami, de débats sur ces agriculteurs qui « manquent de bras » alors même qu’ils veillent à notre approvisionnement, de réflexions sur l’après-pandémie, ou de méditations sur l’expérience de la solitude qu’induit notre commun confinement…  

15 – DANIEL DUIGOU

« L’important, ce n’est pas demain, mais aujourd’hui. L’important ce n’est pas ce que moi je vais devenir, mais ce que l’autre va devenir. Il ne s’agit donc pas de se demander comment je vais survivre après, mais comment l’autre va survivre demain. « La survie c’est les autres » écrit Paul Ricœur, dans ses dernières notes avant de mourir. Mon avenir c’est le futur de l’autre, ai-je envie d’ajouter. »

Daniel Duigou, Vanité des vanités

16 – SÉNÈQUE 

(Depuis le début de l’épidémie, j’appréhendais le moment où j’apprendrais la mort d’un ami, victime du coronavirus. Voilà hélas qui est fait avec la mort d’Henri Tincq. Longtemps responsables des pages religions au Monde, je le connaissais depuis nos années commune à Bayard Presse, dans la décennie 70. Au-delà de l’espérance chrétienne qui était la sienne, offerte à tous, nous pouvons aussi faire nôtre la sagesse  des anciens.)

« Si tu avais subi la pire des pertes, c’est-à-dire la disparition d’un ami, il faudrait t’efforcer de te réjouir de l’avoir eu, plutôt que de te désoler de l’avoir perdu (…) Ainsi donc, parce que tu as perdu un tel ami, tu as tout perdu ? Tant d’années de vie, si étroitement nouées, une telle intimité, un tel partage intellectuel n’ont mené nulle part ? Avec l’ami tu enterres l’amitié ? Pourquoi alors te désoler de l’avoir perdu s’il ne te sert à rien de l’avoir eu ? Crois-moi, même si le sort nous en a arraché la présence, une grande partie de ceux que nous avons aimés demeure en nous. Il est à nous le temps passé, et rien n’est plus à l’abri que ce qui n’est plus. »

Sénèque, Lettres à Lucilius

17 – SIMONE WEIL

(A la faveur de ce confinement qui entretient chez certains une « peur de manquer », voilà réhabilité le monde agricole… Mais jusqu’où et jusqu’à quand ? )

« Un système social est profondément malade quand un paysan travaille la terre avec la pensée que, s’il est paysan, c’est parce qu’il n’était pas suffisamment intelligent pour devenir instituteur. »

Simone Weil, L’enracinement

18 – NICOLLE CARRÉ

« La vie est de moins en moins dans ce que je fais et, de plus en plus, dans ce que je suis. (…) Non, je n’ai pas le temps de mourir avant d’avoir fini de vivre. »

Nicolle Carré, Préparer sa mort

19 – CHRISTIAN BOBIN

(Il faut écouter les poètes, même – surtout – s’ils paraissent désespérés. Sans doute est-ce pour eux une invitation qui nous est faite à réinvestir notre mission de ré-enchanter le monde.) 

« Les premières fissures dans la digue sont apparues il y a longtemps. Elles sont d’abord passées inaperçues puis elles se sont élargies. Maintenant la digue a cédé et un torrent de boue envahit le monde. Nous n’en sommes qu’au début. Tout le mal qu’il est possible d’imaginer sera réalisé. C’est une lame de fond puissante sur laquelle personne n’a prise. Quelques-uns y trouveront leur jouissance, tressautant comme des bouchons en surface des eaux noires. Ce mouvement prendra du temps pour s’inverser. Une renaissance viendra, c’est certain, mais ni vous ni moi ne la verrons. »

Christian Bobin, Résurrection

20 – EUGEN DREWERMANN

« Toute étroitesse de notre cœur porte en elle le danger de mettre d’autres hommes à l’étroit. Chaque rêve de notre être que nous n’osons pas vivre détruira des rêves dans le cœur d’autrui. Chaque espoir que nous refusons nous-mêmes ravira l’espoir à d’autres hommes. » 

Eugen Drewermann, De la naissance des dieux à la naissance du Christ

21 – PAUL GLYNN

« A moins d’avoir souffert et pleuré, on ne comprend pas vraiment ce qu’est la compassion, on ne sait pas réconforter ceux qui souffrent. Si on n’a pas pleuré on ne sait pas sécher les yeux des autres. Tant qu’on n’a pas marché dans l’obscurité, on ne peut aider ceux qui errent à trouver le chemin. Tant qu’on n’a pas regardé la mort en face, on ne peut aider personne à ressusciter et à goûter à nouveau la joie d’être en vie. »

Paul Glynn, Requiem pour Nagasaki

22 – ABBÉ PIERRE

« Le partage de l’humanité ne se fait pas entre les croyants et les non croyants, mais entre les idolâtres de soi et les communiants. » 

Abbé Pierre (cité dans Le secret spirituel de l’abbé Pierre)

Je vous proposerai une nouvelle sélection la semaine prochaine, si je vois que celle ci présente pour vous quelque intérêt ! Et d’ici là : prenez soin de vous ! 

75 comments

    • A Michel ,
      J’avais cité cette même phrase cette semaine à René.
      Nous exprimons la même chose dans les mêmes termes, pour une fois .Effet heureux d’un quelconque virus ?😀

      • Oserai-je vous citer aussi, Guy, surtout à vous, ce poème d’un écrivain plus que sulfureux, mais le poème est beau :

        L’ENFANT HONNEUR

        Au berceau de l’enfant Honneur
        On a vu deux fées apporter
        Deux présents pour l’enfant Honneur
        Le courage avec la gaieté.

        – A quoi, dit-on à la première,
        Sert un présent comme le vôtre ?
        – Presqu’à rien répond la première
        A donner du courage aux autres.

        – L’autre, dit-on à la seconde,
        N’est-il pas de trop pour l’Honneur?
        – Un enfant, répond la seconde,
        A toujours besoin d’une fleur.

        (Robert Brasillach)

        • A Michel
          Merci, très beau poème en effet .
          En ces temps difficiles le courage et l’honneur imposent de ne pas faire porter aux autres le fardeaux de ses propres soucis et difficultés .
          « Un homme ça s’empêche » disait Camus .Sans être hypocrite , ni faux , offrir à l’autre ce reste de joie qu’il faut parfois se forcer à
          rechercher au plus profond de nous même plutôt que nos propres souci est un acte de fraternité .

          Savoir se tenir nous disaient nos parents . Se tenir pour ne pas se répandre pour évoquer la citation du jour de René .Faute de rives, le fleuve devient marécage .

          • Oui, merci Guy, je consone avec ce que vous dites là… le souci de l’autre, la fraternité, la sobriété, l’élégance et la noblesse de l’attitude et la joie intérieure.

          • A Michel
            « L’honneur cette fidélité à ce que l’on a choisi d’etre » Helie Denoix de Saint Marc .

  • Merci pour ces petites réflexions qui nous aident à réfléchir… profitant du temps qui nous est donné/imposé. Je lisais le passage de Sénèque sur la mort d’un être cher au moment où nous rédigions un petit témoignage sur ce que nous avions vécu avec un prêtre de la Mission de France, Gilbert Delanoue, que nous connaissions depuis plus de cinquante ans, et qui vient de mourir au Havre. Les mots de Sénèque, paradoxalement, m’ont semblé merveilleusement adaptés pour évoquer le souvenir d’un ami prêtre… merci de nous les avoir offerts

  • Oui, certes, sain de sourire et même de rire.
    Ce qui n’empêche pas la gravité, et un peu de sérieux.
    Ce qui n’empêche pas non plus la lecture de vos notes de lecture qui donnent à penser.
    Tout ça n’est pas du tout contradictoire.
    L’un ne peut aller sans l’autre.
    Merci de continuer.

  • Merci, René, de nous avoir invités à relire cette belle Lettre à Lucilius à l’occasion de la mort d’Henri ! Comme de ces lignes superbes de Christian Bobin, un auteur si précieux…

  • J’ai reçu d’un ami une carte sur laquelle était inscrite cette phrase :
    « Si vous pensez être trop petit pour changer quelque chose, essayez donc de dormir avec un moustique… et vous verrez lequel des deux empêche l’autre de dormir. » (le Dalaï Lama).

  • Quelques coucous (primevère) -car la saison n’est pas aux pensées-sur des mots entendues au petit déjeuner ce matin.
    L’expert est invité à parler de l’après pandémie. Il s’exécute avec simplicité. Une voix murmure: c’est un prophète, une autre: un prospectiviste, …chacun peut imaginer une suite.
    – On apprend que Boris Johnson est hospitalisé. Une voix murmure: dommage, ce n’est pas Donald Trump, une autre: les voix de Dieu sont impénétrables, …chacun peut imaginer une suite.
    Il est poli d’être geai (le »e » est exprès) voire frivole, ou taquin, …, comme le « belge » sortant de la piscine qui s’écrie « au fond on n’est pas si cons ».

  • « …Et puis, il y a une forme de volontarisme de ma part, que l’on peut certes questionner, à m’en tenir ici à une culture profane. Non pour contester l’universalité du texte Biblique qui est l’une de ses plus grandes richesses, mais pour honorer une forme de sagesse humaine où je lis aussi la présence de l’Esprit… »
    Partageant entièrement votre façon de voir le travail de l’Esprit, je ne peux résister à la pulsion de vous partager cette présentation du blog « Garrigues et sentiers », que je découvre ce matin et dont le thème est central dans ma réflexion. Il m’a conduit, en outre à essayer de pénétrer la pensée du pape Jean Paul II dans ses conférences du mercredi.

    [Les Tentations de la chair. Virginité et chasteté – Compte rendu du livre d’Alain Cabantous et François Walter
    Publié le 6 avril 2020 par Garrigues et Sentiers
    Au moment où d’énormes scandales révèlent que virginité et chasteté semblent parfois difficiles à assumer, et où juristes, théologiens, moralistes et… opinion publique en débattent, un livre vient éclairer heureusement la dimension historique, et par là « réel », de ces vertus : celui d’Alain Cabantous et François Walter, Les tentations de la chair. Virginité et chasteté.

    Notre blog s’est intéressé depuis longtemps aux questions posées par cette « épine dorsale » et, pour certains, lumière de la vie religieuse dans l’Église catholique romaine. Nous ne pouvons qu’encourager nos lecteurs à lire cet ouvrage, riche en informations et réflexions, dont le compte-rendu ci-après donne quelques aperçus.
    G & S
    Alain CABANTOUS et François WALTER, Les Tentations de la chair. Virginité et chasteté (16e-21e siècle), Payot, 202, 415 pages, 26 €.]

      • Le rapport réside dans le fait, me semble-t-il incontestable, que les vieux thèmes qui ont, depuis toujours été centraux dans la vie et partant dans la réflexion de la société, et qui étaient plutôt l’apanage d’auteurs d’essence religieuse, (et pour cause) sont actuellement, et me semble-t-il de plus en plus, habités par des écrivains, des universitaires, des essayistes laïcs. Cela ajoute à la confusion des esprits désemparés par un enseignement ecclésiale antérieur basé sur une certaine confusion soigneusement entretenue :
        Je lis p2 de l’introduction de mon e-book : « les tentations de la chair », (que je vais acquérir) :
        [… Il s’agit d’abord, et de manière analytique, de mesurer les liens ou les distinctions possibles entre virginité et chasteté. Or, dans ce domaine, les confusions sont nombreuses et ont été souvent maintenues à dessein. Les discours des moralistes catholiques ont continûment entretenu ces ambigüités…] … je pressens déjà des réactions virulentes.
        Par ailleurs, je me permets de vous rappeler parmi d’autres, le livre d’Amélie Nothomb…la conférence d’Yves Semen sur la théologie du Corps de JPII…
        Bref j’ai depuis longtemps acquis la conviction que la Parole a un peu déserté les enseignants religieux quel qu’ils soient.
        Merci pour votre remarque.

        • Je comprends d’autant mieux ces ambiguïtés dans l’enseignement dispensé aux fidèles par l’Eglise SA, que je parlais il y a peu, de l’équivoque « Dieu Tout-Puissant », comme j’ai regretté que « Église » ait des sens si différents, comme je regrette qu’on dise facilement « évangile de …  » et non « évangile selon …  » et « épitre de Paul » pour celles qui ne sont pas de lui. Rien de tout cela n’est anodin car, à trop ânonner de telles approximations on biaise en sorte que ces approximations, crues vraies par la plupart, deviennent, de la part de leurs auteurs, de gros mensonges.
          Le résultat de tant d’ambiguïtés ressort bien de l’article de La Croix de ce jour sur ces chefs d’États qui en appellent à Dieu pour lutter contre la pandémie, et en des termes qui montrent, s’agissant au moins de Bolsonaro et de Trump, qu’ils savent très bien que l’enseignement équivoque de l’Eglise SA a été compris de travers par la majorité de leurs électeurs. Cette connaissance de la duplicité de l’Église SA, ils en usent à gogo, et l’institution adroite n’approuve ni ne désapprouve franchement, elle se tait. Ce n’est pas nouveau, certes, mais « ça eut marché » et ça marchera de moins en moins ».
          Dans le même ordre d’idées j’ai regardé « qui est » Yves Semen: un proche du grand patronat, fondateur de plusieurs instituts supérieur universitaires libres, associés à des universités publiques (Aix, Sorbonne au moins), il publie aux « éditons de la Renaissance » (groupe Editis racheté par Vivendi mammouth des médias et de contenu de la planète). Ce Monsieur semble , comme JPII, lui aussi très orienté. Je me souviens à ce propos du passage du livre de Xavier Léger rapportant la « quête au gros » chèques organisée par les Légionnaires en présence du futur saint Maciel himself, dans un grand hôtel parisien avec, pour invités, les patrons du CAC 40.
          Quant au fond, je ne suis pas sûr de comprendre votre propos.
          1/ vous regrettez des ambiguïtés enseignées par l’Église SA -sur pureté (virginité) chasteté par exemple-
          2/ puis le fait que des laïcs s’emparent de ces tels thèmes ce qui ajouterait selon vous à la confusion pour finir sur …
          3/ la conviction (constat?) que « la Parole (Verbe, Logos?) a déserté l’enseignement religieux.
          Regrettez-vous cette « sécularisation » par le « haut » ou la trouvez-vous normale, logique, salutaire, inquiétante, …? Quant à la « confusion augmentée » par l’arrivée de laïcs dans le paysage (arrivée pas vraiment nouvelle) je reste sur ma fin.

          • Vous semblez particulièrement fier de votre nouveauté : l’Eglise SA, au point de nous servir le concept à plusieurs reprises dans le même billet. Je trouve cela inutilement provocateur. Et me permettrai donc, à l’avenir, de le supprimer.

            On a le droit d’être légitimement critique vis-à-vis de l’Eglise. Après tout, toute institution est faillible puisque composée d’hommes et de femmes pécheurs… Mais s’en tenir à ce « canardage » permanent ne fait pas avancer les choses d’un pouce. Et ne voir que la face sombre de l’Eglise me semble à la fois facile, trop facile, réducteur et injuste.

            Autorisez moi cette citation de Pier Paolo Pasolini (1974) : « Si les fautes de l’Eglise ont été nombreuses et graves dans sa longue histoire de pouvoir, la plus grave de toutes serait d’accepter passivement d’être liquidée par un pouvoir qui se moque de l’Evangile. Dans une perspective radicale (…) ce que l’Eglise devrait faire (…) est donc bien clair : elle devrait passer à l’opposition (…) mais pas pour la conquête du pouvoir, l’Eglise pourrait être le guide, grandiose mais non autoritaire, de tous ceux qui refusent (c’est un marxiste qui parle, et justement en qualité de marxiste) le nouveau pouvoir de la consommation, qui est complètement irréligieux, totalitaire, violent, faussement tolérant, et même plus répressif que jamais, corrupteur, dégradant (jamais plus qu’aujourd’hui n’a eu de sens l’affirmation de Marx selon laquelle le Capital transforme la dignité humaine en marchandise d’échange.) C’est donc ce refus que l’Eglise pourrait symboliser. »

          • Merci René, pour cette mise au point ; cela devenait effectivement délétère et insupportable.

          • A Jean-Pierre :

            Par ces quelques mots « … et me permettrai donc, à l’avenir, de le supprimer. », vous aurez été prévenu.

            Car même sur ce blog, il faut s’attendre également à « la politique de la chaise vide » …

          • Je crois avoir été clair c’est la mention SA, liée au mot Eglise, qui sera supprimée ! Mais si vous voulez vous mettre en grève contre un abus de pouvoir… c’est votre droit !

          • C’est « le » dans « à l’avenir, de le supprimer » qui était peu clair pour moi, car j’interprétais « le » par « le message »
            (et dans ce cas, aucune réponse ne pourrait être faite au message qui aurait été supprimé, ce qui aurait même été pire que la « politique de la chaise vide »…)

          • J’avais bien compris, René que c’est « SA » que vous supprimeriez, c’est trop équivoque bien sur. Quant à la fierté, je ne comprend pas ce qui vous fait le penser.

  • L’acte de foi est une prière catholique dans laquelle le croyant affirme sa foi en Dieu et en l’enseignement de l’Église. … « Mon Dieu, je crois fermement toutes les vérités que vous nous avez révélées et que vous nous enseignez par votre Église, parce que vous ne pouvez ni vous tromper ni nous tromper. ». Voilà ce que j’ai appris et récite toujours fidèlement. Le tout est dans le mot « vérité ». Ce n’est pas nouveau, puisque ce questionnement est attribué à Pilate. Exprimé cette « Vérité » aujourd’hui, implique la participation de ceux qui l’ont contestée, ou la contestent. Ainsi, l’Église qui a toujours été en réforme, s’est toujours sortie, avec l’aide de l’Esprit, de situation encore plus désespérante que celle induite par le bavardage actuel. Dans ce cadre, l’apport de l’histoire est incontournable. [… Si aujourd’hui la situation est devenue critique, cela tient en grande partie au positivisme théologique qui se heurte à la science exégétique et à la théologie biblique…] écrit Xavier Leon Dufour dans le chapitre 1 -Qu’attendre d’un exégète- que je transcris à partir de mon e-book p13 : « Un bibliste cherche Dieu ». (même remarque que précédemment au sujet des e-book que je cite).
    Mais revenons à nos moutons : l’évolution des mots « Virginité et chasteté » me parait être une réflexion importante dans le cadre de la réflexion sur la sexualité initiée par Humanae vitae et prolongée par la théologie du Corps, l’encyclique « Deus Caritas Est », « Amoris Laetitia », et les différentes affaires de déviance sexuelle qui défraient la chronique.
    Merci pour votre écoute
    Dr François Gérémy, médecin anesthésiste réanimateur, catholique pratiquant et militant depuis 78 ans et qui entend le rester malgré les faiblesses de l’esprit qui ne se laisse pas facilement transfigurer par l’Esprit.

  • Merci René pour ces pensés qui nous fond du bien. j’aimerai bien pouvoir vous parler mais je n’ai aucun moyen de le faire ,trop petite femme d’agriculteur qui ne comptai pour rien.Mais je viens de lire votre livre catho en liberté; j’ai 72 ans et il m’a tellement rejoint, je pensais ètre seul et j’aurai des choses à vous dire, mais je suis nul en internet. Je joins mon numéro de téléphone (…) au cas où mais je ne sais pas si j’arriverai à envoyer ce message. Amitiés

    • Si, votre message est bien passé et je vous en remercie. J’ai bien noté votre téléphone et me propose de vous appeler.

  • bonjour à tous,
    Merci à René pour les extraits bien choisis.
    Quelqu’un peut-il m’expliquer ce qu’est une église SA; je n’en ai jamais entendu parler.
    Merci

  • merci pour l’info car j’étais un peu perdue dans les commentaires.
    Je vais les relire pour voir un peu plus clair.

  • […Quelqu’un peut-il m’expliquer ce qu’est une église SA; je n’en ai jamais entendu parler…]

    Il s’agit d’une interprétation erronée d’un propos constant de ma part et qui demande quelques explications reposant sur l’histoire de l’Église. Je laisse à ceux qui en sauraient plus que moins sur ce sujet, le soin de compléter et/ou de corriger ce trop rapide résumé.
    Le père jean Boursette, le prêtre qui nous a pendant 4 ans déniaisé sur la bible, nous parlait de « Pédagogie Divine ». Rappelons qu’au temps où Jésus foulait physiquement la Palestine actuelle, et ses environs, il existait déjà de nombreux courants religieux, parmi lesquels, on peut isoler les esséniens, les sadducéens, les pharisiens… les prophètes dont le rôle prétendait éveiller la conscience des souverains en poste. Il y avait donc grosso modo, un état, modulé par des mouvements religieux; La collusion entre les deux persiste encore chez nos frères musulmans et chez nos grands frères Juifs. Chez nous, elle s’exprime, du fait de son histoire, et, à la suite des accords du Latran, par l’état du Vatican ; Tout à fait officiel, il a un siège d’observateur à l’ONU, tient ambassade dans de nombreux pays, a sa propre diplomatie, sa police, sa justice, ses finances, son gouvernement……Il a, en outre la lourde tache de rendre lisible, à notre époque, la Parole dite, en son temps par NS Jésus. Cela implique une certaine continuité, et cohérence dans cette transmission, et surtout une adaptation constante basée sur l’évolution de la langue parlée, plus mobile que la langue écrite. De plus, cerise, sur le gâteau, Jésus parlait à priori l’araméen, Alexandre le grand avait imposé le grec, l’occupant romain imposait le latin, les copistes… et nos théologiens parlent français, allemand, anglais…Un grand désert culturel, en particulier religieux, associé à une culture démesurée du « tweet » conduit à des querelles sans fin et sans intérêt basées sur des réactions infantiles à l’occasion d’une expression, d’un mot, évidement compris différemment par chacun… C’est une catastrophe, car chacun, souvent en toute bonne foi, transforme chaque dialogue en joute oratoire, l’égotisme jouant à plein son rôle diviseur (le diable pour certain). En ce qui concerne la conception de la sexualité qui me préoccupe actuellement, cela nous donne, selon le cardinal Martini, un retard de près de deux siècles sur la société civile. Cela se traduit, sur un plan pratique par une dissonance entre ceux qui veulent, avec des arguments tout à fait valables, maintenir, par exemple, le célibat consacré, ce qui relève de la réglementation, donc de l’église institution, et ceux qui pensent que l’on peut évoluer sur ce point, sans trahir notre magnifique Tradition, ce qui relève de l’Église universelle. Pour compliquer encore les choses, l’humanité étant ce qu’elle est, se jouxtent des problèmes de partis, de pouvoir, d’argent, inhérent à toutes sociétés humaines, mais qui faussent une bonne intelligence des évènements actuels : exemple, dans ces histoires de pédophilie, pourquoi accorder une préférence à l’excellent livre de Véronique Margron, au détriment de celui de Marie-Jo Thiel ou de Claude Langlois, qui ont une vue plus historique des évènements ?
    Il y a donc bien une différence entre l’église institution et l’Église de Jésus Christ.
    A nous, chrétien, de savoir en exploiter les caractéristiques pour la plus grande Gloire de notre Père.

    • « dans ces histoires de pédophilie, pourquoi accorder une préférence à l’excellent livre de Véronique Margron, au détriment de celui de Marie-Jo Thiel ou de Claude Langlois, qui ont une vue plus historique des évènements ? » écrivez-vous.

      S’exprimant à propos de son livre « Un moment de vérité », Véronique Margron répond à votre question en ces termes :

      « Je me suis décidée à écrire non pour enfoncer le glaive plus avant dans l’Eglise, mais pour proposer des voies afin de sortir de ce désastre. »
      (« une vue plus historique des événements » se limitant à analyser les événements qui ont eu lieu dans le passé).

      • OUI, merci pour cette bonne remarque.
        Vous mettez le doigt là où ça fait mal…Véronique Margron propose d’excellentes voies pour sortir du désastre là où je préfèrerais que le « Sensus fidei fidelium » s’exprime réellement.
        Je vous renvoie à l’article Christoph Theobald , dans Recherches de Science Religieuse 2016/2 (Tome 104), pages 207 à 236, qui vous explique cela bien mieux que moi. Je ne vais pas copier-coller cet article (3 pages A4) mais en extraire un paragraphe significatif selon moi :
        [Pourquoi à notre époque le sensus fidei, non seulement de tel croyant mais de l’ensemble des fidèles – le sensus fidei fidelium –, prend-il tant d’importance dans le discours ecclésial et suscite-t-il autant d’intérêt parmi les théologiens ?…
        …3 On pourrait répondre à notre question initiale du pourquoi, que le déplacement du projecteur sur ce sensus – genre de « sixième sens » ou « flair » [3][3]CTI, Le « sensus fidei » dans la vie de l’Église, Éd. du Cerf,… spirituel censé être universellement répandu parmi les croyants – correspond bel et bien à la situation actuelle de l’Église : devant tenir compte d’une mentalité démocratique, elle se fierait enfin aux fidèles, leur donnant voix au chapitre, chaque fois qu’un problème d’orientation les concerne plus particulièrement [4][4]Cf. l’adage Quod omnes tangit ab omnibus tractari et approbari…. Même si l’on enlève toute connotation politique à la désignation « peuple de Dieu » – peuple qui, selon Vatican II, est le sujet prophétique de ce « sens » (LG 12) –, l’émergence, voire le retour actuel de cette notion dans le discours ecclésial (Evangelii gaudium 111) ne peut masquer l’éthos politique moderne auquel elle répond. Le sensus fidei serait donc en quelque sorte pour l’Église ce que la liberté de conscience des citoyens représente dans l’édification collective de la société…]

        Par exemple, dans ma paroisse, le questionnaire sur la famille nous est parvenu quelques jours avant « la date de remise des documents ». De plus nous avons dû répondre sur un papier vert sombre, munis d’un crayon papier noir, sous la lumière blafarde de la chapelle, entre l’offertoire et la communion !!! En ce qui me concerne, j’avais acquis et répondu quelques deux mois avant cette date grâce à l’excellent site CCBF…
        Je ne parlerais pas des synodes inaccessibles se comportant comme un conclave et sortant un compte rendu dans lequel une poule ne reconnaitrait pas ses petits….
        Etonnez-vous que le bon peuple, qui est maintenant un peu mieux éduqué aille voir ailleurs et réalise ce « schisme silencieux » bien développé par notre hôte par ailleurs.
        Ce qui me rassure sur la santé du Message du Christ, c’est que de nombreux diocèses en France et de par le monde, ont joué le jeu.
        Notre pape François a bien besoin de notre soutien.
        Merci pour votre écoute

        • « là où je préfèrerais que le « Sensus fidei fidelium » s’exprime réellement. » écrivez-vous
          Hélas, ce vœu pieux est loin d’être exaucé…

          En témoigne d’ailleurs la même Véronique Margron, lorsqu’elle insiste « sur cet autre combat à mener face au crime : la lutte contre les désinvoltures. Celle des mots, celle des relations et des conduites. » (voir http://www.aquarelles-expert.be/DESINVOLTURE.pdf )

          La pédophilie aura été le révélateur de la désinvolture, à tous les niveaux, dans l’Eglise catholique.
          Entre désinvolture et discernement, à chacun de choisir …

    • Sur « Eglise SA ». Il est clair que Eglise désigne les murs qui abritent le saint des saints de toutes religions, et chez les chrétiens aussi l’ensemble du peuple de Dieu. Au service du peuple se trouve une organisation humaine : diacres, presbytres, évêques et Pape,
      Le mieux est de commencer par le peuple de Dieu: tous les humains depuis l’origine et sans exclusive a priori, conformément aux évangiles. L’amour de Dieu est présent en tout humain doté d’une conscience, qu’il vive avant ou après jésus. Évidemment, cette conception déborde nettement ce qu’en a dit avec simplicité François lors de l’audience générale du 12 juin 2013 ou ce qu’en dit « la loi »: catéchisme dans la complexité de ses renvois et de son vocabulaire (article 9 paragraphe 2, n°782).

      • L’amour de Dieu est une expression ambigüe dont on ne sait jamais si elle recouvre l’amour que Dieu porte à ses créatures ou l’amour que celles-ci témoignent à son égard. Pour le reste je vous trouve un peu sévère. Si, comme souvent, le CEC est très langue de buis, l’enseignement conciliaire sur l’universalité du salut est très clair et je n’ai jamais enten du François dire autre chose : Dieu parle au cœur de tout être humain et le salut est offert à tous, bien au-delà des seules frontières visibles de l’Eglise.

        • L’expérience que j’ai de l’amour, synonyme de foi et confiance, m’a appris qu’il n’est plein que réciproque et qu’il peut être plein même imparfait. Dieu ne demande pas d’être adoré, mais d’éviter les idoles, les images; il souhaite être aimé de nous du mieux que chacun peut. Ainsi, s’il m’est arrivé de « tendre la joue gauche » ce n’était par amour de ce prochain mais par amour pour Dieu et respect de l’autre, ou par lâcheté ou par épuisement.

    • Dois-je vous rappeler que l(Eglise -institution pour laquelle vous avez une affection très)( très) particuliere ) s’est bien gardée dans » dominus Jésus » de prétendre qu’elle était l’Eglise du Christ.lL’Eglise du Christ…mous n’avons pas fini de la découvrir…

      • Sauf que Dominus Iesus insiste bien – hélas – sur le fait que c’est l’Eglise catholique et elle-seule qui détient la totalité de la vérité.

  • Si vous relisez ce document vous constaterez qu’il affirme que l’Eglise du Christ SUBSISTE dans l’EGLISE Catholique et nullement autre chose.; pour moi quand on en est à subsister le moins qu’on puisse dire c’est qu’on n’est vraiment pas en grande forme.
    J’ai suffisamment étudier ce texted’une part, d’autre part étant membre d’un couple mixte j’aurais bien évidemment réagi si ice que vous lui prêtez était fondé

    • D’autres l’ont fait. Je pense à mon ami Michel Kubler membre du groupe des Dombes, dont les prises de position dans la Croix n’ont pas eu l’heur de plaire à Rome.

      • Ne vous en déplaise sur le plan de la foi j’accorde davantage d’importance à « ROME » qu’à Michel Kubler (et aussi à la lecture objective des textes)

    • Subsiste? Ce peut-être en plénitude ou, comme vous dites, en partie. Je n’ai pas trouvé l’item qui permettrait de clarifier le contexte et donc le sens, plein ou partiel.
      Nombre d’esprits compétents ont reçu cette déclaration comme un déplacement pas anodin de curseurs vers un retour à la tradition (avant Vatican II) au point que sa réception par nombre de milieux compétents a suscité une émotion considérable *.
      Pour mémoire, un document authentique du Pape n’engage pas l’infaillibilité mais requiert la soumission religieuse de l’intelligence et de la volonté!
      Affirmer « pas infaillible mais soumission » oblige les honnêtes gens conscients de la pilule qu’on prétend leur administrer à rester dehors: la soumission est une porte fermée.
      * Par exemple: https://www.letemps.ch/societe/declaration-dominus-jesus-nen-finit-faire-vagues

  • A propos de l’institution ecclesiale .

    Comme tout groupe humain l’Eglise peuple de Dieu a besoin d’une structure institutionnelle pour assurer son unité et simplement la faire vivre concrètement .Il me semble donc naïf et vain d’opposer Eglise peuple et église institution .

    Comme toute institution l’église a tendance à lier voire à subordonner l’accomplissement de sa mission à sa pérennité . La tentation de considérer l’institution comme une fin en soi et d’y céder concerne aussi l’église comme toutes les autres institutions humaines .
    Elle est donc concernée bien qu’elle le nie , par ce rapport dialectique entre fidélité à la mission et continuité de la structure sans laquelle le message ne serait pas transmis et l’unité pas assurée .

    Aujourd’hui , vu l’évolution des mentalités , l’accession au savoir par un nombre croissants de fidèles, le modèle institutionnel de l’église néanmoins adapte à une époque où les conditions étaient tres différentes , devient contreproductif .L’église reste néanmoins figée sur celui ci , qui n’est pourtant que le quatrième de son histoire ( juif, hellénistico romain , romain et féodal) du fait de sa crispation née de son combat contre la Réforme ( Concile de Trente ) puis contre le modernisme (Concile Vatican I ) Ceux ci l’ont conduit à absolutiser et à sacraliser sa forme d’organisation , lui faisant oublier une des conditions de sa fidélité à sa mission résumée par un adage de sa plus ancienne Tradition : ecclésiala semper reformanda.

    L’évolution de plus en plus rapide de nos sociétés y compris dans ses régressions obscurantistes et la progression du savoir , élargissent encore un peu plus le fossé entre la réalité vécue et la forme de plus en plus inaudible par laquelle l’institution tente toujours de transmettre et de témoigner du message évangélique .
    Le hiatus est devenu tel que l’église risque de ne plus pouvoir transmettre l’Evangile au plus grand nombre et de devenir une secte .Et ce d’autant plus que l’air du temps est au repliidentitaire ..

    La seule possibilité d’évolution est que l’institution puisse être légitimement en permanence questionnée « Que fais tu de ton message  » pour combattre la sclérose qui menace toujours ceux qui cèdent à la tentation de l’autoreference idéologisee en fidélité au Christ (exemple la position de Jean Paul II sur le célibat sacerdotal)
    La tradition de l’Eglise nous donne cependant les outils pour l’éviter. Parmi ceux ci , la notion de réception par le peuple fidèle qui conditionne la validité des textes magisteriels .
    L’avenir de l’Eglise et de sa nécessaire institution passe par l’organisation d’une tension équilibrée entre le magistère, les théologiens et le peuple fidèle dans la reconnaissance de la nécessité intrinsèque de chacun de ces trois composantes de l’Eglise et du rôle de limitateur de dérives de chacun sur les deux autres .

    Les principaux obstacles à cette évolution pourtant fidèle à la plus ancienne Tradition
    sont : la sacralisation du prêtre qui entraîne le clivage clercs fidèles et l’omnipotence des clercs dans l’organisation du pouvoir dans l’institution ecclesiale .Celle ci faute de contrepouvoirs institués ne peut se réformer ni évoluer d’elle-même .

    • J’avais l’intention de préciser ma pensée sur l’expression « Eglise SA » après Pâques. Il n’y a jamais eu harmonie entre la tête et le peuple et c’est dans la nature des organisations humaines, sauf que la nôtre se prétendant infaillible exige la soumission de ses membres qu’elle compte au nombre de baptêmes, déduction faite des décès. C’est absurde -voir *- même si chaque religion se fait plus grosse que le bœuf.
      Le divorce entre peuple et institution est devenu si grave et profond que refuser de nommer revient à tout mettre sous le tapis. Quand on sait où ont conduit cette pratique (culte de l’obéissance, secret pontifical) se taire revient à en être complice, fusse a son insu.

      * Proportion de ktos en France: 66% selon l’Eglise (wikipédia, chrétiens par pays en 2015); 56% en 2012 (pour 85% en 1986) pour CSA, note d’analyse de mars 2013; 50% selon sondage Odoxa 2019 pour TC.

  • […L’amour de Dieu est une expression ambigüe dont on ne sait jamais si elle recouvre l’amour que Dieu porte à ses créatures ou l’amour que celles-ci témoignent à son égard…].
    J’adhère complètement à ce questionnement, et je voudrais y apporter l’état de ma réflexion actuelle.
    Tout repose sur une notion qui nous avait, en son temps, été développée par le père Jean Boursette. Il différenciait, dans sa lecture de la bible, l’interprétation selon une « théologie d’en haut », basée sur un Dieu externe à l’homme, tel que décrit dans l’AT et un « théologie d’en bas », basée sur le Christ, spécifique du NT. La théologie d’en haut nous mène de Dieu vers l’Homme, la théologie d’en bas, nous mène de l’Homme vers le Père. Toute l’ambiguïté de la notion d’Amour de Dieu, et le vocabulaire qui en découle, repose en fait sur ce constat. Dans ce cadre, l’église institution, qui est un État au vrai sens du terme ne peut prétendre, comme le souligne notre ami internaute Dominique, être l’Église du Christ, mais en est, si l’on peut dire, le support logistique. Ceci pourrait signifier, qu’avant de vouloir sauver ou conserver l’institution, il serait bon d’écouter Notre Père nous parler à travers le « Sensus fidei fidelium » : ce qui, pour moi semble donner la préférence à la théologie d’en bas.
    Dans cette acceptation, ma découverte de la Théologie du Corps, admirablement décrite par le St Pape Jean Paul II lors de ses conférences du mercredi, a été l’étincelle qui m’a enflammé, en me révélant le sens profond de notre pratique de la méthode Ogino que nous observons depuis quelques 53 ans. Loin d’être un exercice spirituel, elle devenait ma participation personnelle, physique, spirituelle à la Vie du Père qui m’avait conçu Son enfant pour que puisse, moi-même engendrer Nos Enfants. « Deus Caritas est », dans une certaine mesure, ne dit pas autre chose.

    […Le corps en effet – et seulement lui – est capable de rendre visible ce qui est invisible : le spirituel et le divin. Il a été créé pour transférer dans la réalité visible du monde le mystère caché de toute éternité en Dieu et en être le signe visible…].
    Jean Paul II ; in TDC 019 – Le Sacrement du mystère de la vérité et de l’amour – Le 20 février 1980 Publié par Incarnare le samedi 05/09/2009

    • J’entends bien votre propos sur les deux lectures de l’Amour de Dieu… Mais que vient fairen ici la théologie du corps dont vous savez comme moi que, pour le coup, elle ne rejoint aucun Sensus fidei fidelium ? Que cette réflexion vous importe – c’est le moins que l’on puisse dire – est respectable. Mais elle semble devenir le tout de votre réflexion sur l’Eglise. Souffrez – en ce Vendredi aint – qu’on ne vous suive pas !

      • Bien sûr, et ce n’est pas le but de cette réflexion personnelle.
        Je conçois ce fil comme une « disputatio », cher à notre Moyen Âge. Je vous suis infiniment reconnaissant de vos remarques. Cette réflexion s’inscrit dans un plus large contexte d’étude exégétique de la Bible (actuellement, avec Roselyne Dupont Roc de l’ICP, dans le cadre du forum « Jésus », initié par le CCBF, et qui se base sur l’encyclopédie « Jésus », publiée sous la direction de Joseph Dore et coordonnée par Christine Pedotti).
        Je suis amené à constater le hiatus qui existe entre une Tradition basée, entre autres, sur une philosophie grecque rejetant le Corps, car, ne pouvant, étant imparfait, abriter un esprit parfait, et un grand mouvement, en partie extérieure à l’église-Etat. Ce dernier s’exprime par une revalorisation du Corps dans toutes ses composantes. (Lisez, par exemple, « Soif » D’Amélie Nothomb, où « les corps abstinents » d’Emmanuelle Richard), et une parfaite adaptation de sa parole avec ses actes.
        En fait, comparons toutes les préoccupations de ce fil, avec, par exemple, ce clip de « Grand Corps Malade » sur You Tube de ce jour : effets secondaires (https://youtu.be/09U4LVKEfhU), et le hiatus dont je vous parle, devient évident.
        Nous sommes le sel de la terre, pas la salière !
        « J’ai à vous le dire, je ne vous demande pas de le croire » (attribué à Bernadette Soubirous)

      • le sensus fidei fidelium il me semble que çà devient l’arme massue de tout ceux qui rêvent ,sans le dire bien sûr d’une nouvelle église à peu près parfaitement démocratique
        par ailleurs qui peut donc étre considéré comme faisant réellement partie des « fidelium » tout ceux qui se disent cathos même s’ils ne pratiquent plus du tout depuis leur première communion? Je veux bien croire à la réalité du sens de la foi des fidèles mais qui sont les fidèles, tout ceux qui ont été baptisés,sans aucune distinction ?

        • Dominique, vous voilà une fois encore plus papiste que le pape. Relisez les livres de Bernard Sesboué sur le sujet. Relisez le cardinal Newmann qui vient d’être canonisé. Il enseigne qu’il y a trois sources de l’autorité dans l’Eglise : la tradition, la raison et l’expréience qu’il situe respectivement dans la hiérarchie, les théologiens et les fidèles. Lorsqu’il y a convergence des trois (pas forcément dans l’unanimité) on peut évoquer le sensus fidei fidelium… Ce qui a été le cas à de nombreux moements dans l’histoire de notre Eglise. Par allergie à tout changement vous voilà en permanence dans l’idéologie et le complotisme !

          • Je ne prétends en rien être un spécialiste de Newmann mais d’après ce que je lis notamment sur le site de Persée qu’il est bien téméraire de le placer tant dans le camp des progressistes que dans celui bien sûr des Tradis Newmann n’a jamais contesté l’autorité des Evêques et appelait à voir en eux les successeurs directs des Apôtres (pas très dans l’air du temps me semble-t-il,)

        • Dominique, pour l’institution tout baptisé est kto (66% en 2015). Pour beaucoup ce sont ceux dont la vie montre que l’évangile est à peu près leur boussole, quelques uns estiment que ce sont les fidèles à la messe dominicale et à la communion (2% des français?), … Perso, je fait confiance à ceux qui se disent ktos, soit 50% des français dont l’immense majorité a d’autres chats à fouetter que la plupart d’entre nous ici.

          • si vous m’aviez dit le contraire c’est là que j’aurais bien été surpris et même stupéfié
            je ne crois décidément pas que la vérité se trouve dans les chiffres d’approbation,cela arrive parfois ,certes, mais c’est plutôt rare et puis je ne vois rien dans l’Ecriture qui puisse le suggérer et quand même lorsque le Christ a dit »…le Fils de l’homme quand il viendra trouvera-t-il la foi sur terre » il ne me semble pas que cela annonce un avenir spécialement radieux pour ceux qui tant bien que mal se seront donné du mal pour le suivre.

          • Jésus, en parlait de foi aux humains de son temps le faisait en référence à leur vie, et accessoirement en référence aux lois issues des écritures. Indéniablement, Jésus a relativisé la loi et courroucé le temple.
            De même Newman fut intellectuellement et théologiquement, eu égard à l’époque, du courant moderne, notamment en s’opposant à l’infaillibilité et en veillant au respect mutuel entre anglican et catholiques. Quant à « manquer de respect » aux évêques nul n’y pensait au XIX, c’était bien trop tôt alors que la perte des Etats pontificaux saignait encore.

    • « le sens profond de notre pratique de la méthode Ogino que nous observons depuis quelques 53 ans » Je vous signale que depuis au moins 20 ans vous pouvez oublier cette méthode à moins que vous n’ayez retrouver une jeunette…. . Nous nous avons eu un quatrième fils que nous aurions pu appeler « ogino » !!
      Je pense aussi que le vendredi saint à 12 h c’est le moment de penser à Jésus qui est sur le chemin du Golgotha et qui souffre infiniment puisque c’est Dieu qui monte vers ce lieu portant tout le mal et la souffrance du monde et de toutes les générations

      • Merci beaucoup pour votre sollicitude. Mais, comme le disait le Général De Gaulle affirmant devant un parterre ébahi, qu’il n’allait pas, à 70 ans débuter une carrière de dictateur, de même, je crois pouvoir affirmer que je ne vais pas à 78 ans débuter une vie de patachon ! Je me suis, avec mon épouse, occuper de nombreux jeunes de tous âges et de toutes conditions et ai été amené à échanger avec eux du problème majeur qu’est la vie sexuelle. Et c’est bien grâce à cette vielle méthode, qui n’a rien de contraceptive, que nous avons pu entrer dans le vif du sujet. Il s’agit, en fait d’une excellente façon d’acquérir une maitrise de soi, et surtout de respecter sa compagne.
        Elle entre en symbiose parfaite avec « Humanae vitae » qui prône, selon moi, dans son essence, la paternité responsable, et surtout est un ostensoir merveilleux à la Théologie du Corps, telle que je pense l’avoir comprise. Vous soulignez, par votre remarque le gouffre abyssal existant entre ce que devrait être l’enseignement de notre Église en ce moment, et la triste réalité, que soulignait, en son temps, entre autres, le cardinal Martini.

  • Non Monsieur GOSSET , Newmann ne s’est pas opposé à l’infailibilité papale mais à ses possibles excès, et lorsque ce dogme a été défini cela ne l’a pas du tout poussé à revenir vers l’ Anglicanisme pour autant. Par ailleurs pour en savoir davantage sur la pensée très subtile de l’intéresseé sur le libre -arbitre je vous suggère de lire sur le site de koztoujoursun un article très documenté.Il suffit de taper ‘libre arbitre et Cardinal Newmann »

  • La période trouble qui conduisit au vote de l’infaillibilité eut son pendant avec le concile impérial de Constance qui déclara la prééminence du concile sur le Pape. Un siècle plus tard, Robert Bellarmin, docteur de l’Église et grand inquisiteur, écrivit « Lorsque nous affirmons que l’Église ne peut se tromper, nous l’entendons tant de l’ensemble des fidèles que de l’ensemble des évêques, … » (en cohérence avec le décret de Gratien).
    Newman prit en effet des positions aux angles arrondis en se contentant de signaler les risques de l’infaillibilité. Un de ces risques est illustré par l’expression « requiert la soumission  » qui accompagne un document authentique comme Domine Iésus.
    L’excellente présentation de l’histoire de la primauté de Klaus Schatz https://www.persee.fr/doc/medi_0751-2708_1993_num_12_25_1290_t1_0143_0000_2 peut se résumer par « Il doit y avoir harmonie entre le Pape et le Concile ».
    Eh bien, je ne suis pas d’accord non plus avec Schatz car cela revient à considérer le peuple comme un enfant. Je tiens qu’aujourd’hui il n’est plus possible d’écarter le peuple.

    • Si le peuple (moi y compris bien entendu) était adulte il y a bien longtemps que la paix devrait régner sur terre , or ce n(est pas le cas me semble -t-il d’une part, d’autre part je ne vois pas ce qui nous permet de considérer que nos prédécesseurs étaient des enfants et donc des incapables alors que nous nous sommes des grands, na!

      • « En une certaine période de son histoire (XVIIe à 1950-60) l’Eglise, trop hautaine et arrogante, a souvent pris les gens pour des petits enfants ou des imbéciles. »

        Denis Moreau, Comment peut-on être catholique

        « Quand les textes (magistériels – CEC) s’appuient sur l’Ecriture, ils font en général l’impasse sur l’exégèse proposée par les spécialistes, lui préférant une herméneutique qui rend le texte compatible avec l’enseignement que l’on cherche à fonder. »

        André Wénin (in : Synode sur la vocation et la mission de la famille)

        et tant d’autres qui disent la même évidence…

        • « l’évidence » moyen de la Foi,vraiment??? et puisque les Exégêtes, eux, ont forcément raison suivons les,et surtout pas ce que disent les me membres de la haute hiérarchie de l’Eglise Catholique, une bande de bornés indécrottables voir parfaitement hypocrites à lire certains participants à votre blog…

          • Vous êtes sur répondeur automatique mon cher Dominique. « Il suivait son idée, c’était une idée fixe et il s’étonnait de ne pas avancer… »

      • Comme c’est le cas de tous les dogmes, l’« infaillibilité pontificale » (voir plus haut) est – en termes de pure logique – de l’ordre du « non décidable ».
        Toute justification – ou au contraire toute dénégation – requiert donc autre chose qu’un raisonnement de pure logique.

        Et de manière générale, les raisonnements autres que ceux de la « pure logique » étant accessibles à plus de monde, voilà pourquoi ils sont utilisés, en particulier par l’Eglise.

  • oh René, le gentil complément que vous m’adressez il me semble que je suis largement en droit de vous le retourner car depuis combien d’années j’entends la ritournelle selon laquelle l’Eglise n’a jamais fait que maintenir le « bon, peuple » dans l’ignorance dans le seul but de maintenir son pouvoir et que donc il faut être bien sôt pour penser que non et ainsi la soupçonner de bonne foi. Certes je suis loin de penser que l’ensemble des membres de cette j hiérarchie, abhorrée comme il se doit, étaient tous de bonne foi,certes pas et que certains assurément étaient plein d’arrivisme d’orgueil et de mépris mais tout ces travers ne sont pas l’exclusivité des membres de cette ignoble hiérarchie.
    A vrai dire je suis quelque peu fatigué de ce discours parfaitement manichéen selon lequel la vérité se trouve entièrement dans un camp,celui des « Chrétiens d’ouverture » ceux d’en face n’étant intrinsèquement que des imbéciles, des ignares des hypocrites,des demeurés() liste non exhaustive bien sûr)

    • Donc nous nous insupportons mutuellement… ce qui n’est pas vraiment une découverte ! Même si caricaturer ma position personnelle vous permet de la réfuter avec plus d’assurance. Mais c’est la loi du genre !

      • Je n’ai pas dit que c’était VOTRE position personnelle car je la crois plus subtile que çà mais de certains autres assurément

  • Sortant de mon silence pendant le Triduum pascal en pleine période de confinement lié à l’épidémie du covid-19, je découvre avec une certaine stupéfaction tous les messages et commentaires et toutes ces polémiques inutiles et délétères sur l’Eglise…
    Je me croyais revenu au temps où Byzance assiégée discutait du sexe des anges !

    • Appeler à la modération à la fin de cette guéguerre entre les deux courants principaux de notre Eglise serait donc une « querelle byzantine » ?

      • Ce n’est pas appeler à la modération qui est en cause, mais l’aspect « hors sol » de ces querelles pendant le Triduum pascal et la pandémie de coronavirus !

    • Entièrement d’accord, Michel : à propos d’ « infaillibilité pontificale » et autres sujets « non-décidables » (voir mon post précédent), le débat ne peut être que vain
      (« Vanité des vanités, … »)

  • Le moment est venu de revenir à ce SA associé à l’Église.
    La richesse a toujours été, forcément, un souci pour l’institution. De tous temps des figures de l’Église ont abordé le sujet en mettant leurs forces au services du dénuement et des oubliés, François d’Assise, Charles de Foucault, l’abbé Pierre et pourquoi pas Coluche. En 2003, les semaines sociales en France ont choisi le thème de l’argent, Benoit XVI confronté à des affaires de blanchiment a tenté, comme il fit en matière d’abus sexuel, de mettre de l’ordre, là aussi sans succès. Le sujet fut repris par François rapidement et de manière systématique quand il confia au cardinal Pell la mission de présider aux travaux confiés aux plus importants cabinets d’audit de la planète, en lui donnant « carte blanche » pour que sortent de l’ombre les secrets des coffres, des comptes et des archives. Selon G Pell, cette mission puis sa nomination comme ministre de l’économie aurait été à l’origine de solides inimitiés qui pourraient avoir conduit à l’affaire Pell. Il y a peu, des placements dans l’immobilier, effectués avec l’argent collecté pour le « denier de St Pierre », ont fait parler parmi d’autres.
    En fait, depuis la fin des États du Vatican, personne ne semble savoir, pas même les Papes, si l’institution se dirige vers la faillite ou si elle abrite des fortunes incalculables, ou encore si elle sert de paravent à des opérations bizarre au service de « on ne sait pas ».
    Mais ce devrait être aussi et d’abord aux fidèles d’être au clair avec eux-même. La transparence serait exigeante quand le maintien de l’opacité rassure (il ne faut pas mêler la religion et l’argent). C’est comme si, sachant le sujet essentiel, il était convenu de faire confiance à a providence. Mais alors, ils font comment pour « faire des miracles » les patrons (papes et Curie)? Ben ils se débrouillent, selon les opportunités que leur présente l’histoire du moment.
    La « rente » que procure à l’Institution l’Eglise d’Allemagne trouve son origine dans la généralisation du lien entre l’Etat et l’Eglise (steuerkirche) fruit du concordat avec Hitler, qui a permis aussi d’exonérer le clergé du service militaire et de rendre responsable les évêques de l’encadrement « politique » de leurs prêtres. De même le concordat avec Mussolini a permis de retrouver un État et de recevoir une « manne financière » en contrepartie de la perte des « Etats », de remettre la foi catholique au rang de religion de l’Etat italien, en contrepartie l’Église d’Italie a sabordé l’action catholique laissant le terrain aux organisations fascistes. Rien n’est gratuit.
    Comme convenu, je ne reviendrai pas sur ce sujet pourtant d’importance majeure.

    • Que l’Eglise ne soit pas au clair avec les questions d’argent est une évidence. De là à parler d’Eglise SA à propo de tout et s’importe quoi, comme si elle se réduisait à cela, il y a une marge. Et pour moi une ligne rouge ! C’est tout !

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