Retour sur 2022, au travers des articles les plus lus de ce blog

Retour sur 2022, au travers des articles les plus lus de ce blog

Annus horribilis pour l’Eglise catholique en France, en attendant les rendez-vous de 2023. 

Il me semble normal de rendre compte à mes lecteurs, une fois l’an, de l’activité de ce blog. Il reste un lieu d’expression et de dialogue modeste, qu’une consœur journaliste bienveillante a dit récemment être « très suivi » (1). Depuis douze ans qu’il existe son audience n’a cessé d’augmenter sans pour autant le faire sortir d’un positionnement « de niche ». Son contenu est aujourd’hui essentiellement axé sur la vie de l‘Eglise catholique qui ne saurait se réduire à l’institution, sa place dans la société française et le monde contemporain. Ce qui, de fait, ne passionne guère les foules. Revenir sur cette année 2022 est l’occasion de vérifier, au travers des thèmes abordés dans les billets et de leur audience respective, que l’on a bien connu là une annus horribilis dans l’Eglise catholique en France. Autant en prendre acte tout en se réjouissant des débats provoqués par cette épreuve de vérité.

Au cours de l’année écoulée, Cath’lib a offert à ses lecteurs dont un millier d’abonnés, vingt-deux « billets ». Cela correspond à 197 959 pages vues par 62 908 visiteurs, soit une hausse de 18% par rapport à 2021 confirmant la trajectoire des années précédentes. (2) Trois critères permettent d’évaluer l’impact de chaque article : son audience (nombre de lectures), le nombre de partages de cet article sur Facebook (3) et le nombre de commentaires postés sur le blog lui-même.

Le palmarès des articles les plus lus, partagés et commentés, figure dans le tableau ci-dessus. (4) On le voit, cinq articles classés dans les sept premiers concernent deux événements qui ont fortement marqué l’opinion publique catholique au cours de l’année. Le suicide de François de Foucauld, prêtre du diocèse de Versailles et l’affaire « Santier » du nom de l’ancien évêque de Créteil. Il se trouve que l’un et l’autre étaient des proches. Il est intéressant de noter qu’en césure des autres sujets composant le top 12 de l’année, figure un article de 2020 (5) qui sur trois ans totalise près de 23 000 « vus » ce qui est significatif d’un vif intérêt. L’article est intitulé Derrière la querelle sur les messes, un rapport de forces. Rédigé au moment des confinements et de l’interdiction momentanée des cultes publics, il analyse comment ces événements sont venus exacerber des dissentions déjà largement ancrées et depuis des décennies, dans le catholicisme Français.

La vie de l’Eglise avant les débats éthiques ou la vie politique.

Les articles suivants concernent l’analyse des sociologues Jean-Louis Schlegel et Danièle Hervieu Léger sur la crise que traverse le catholicisme français, la suite du rapport Sauvé et ses déconvenues romaines, la vie de l’Eglise au travers du Synode sur la synodalité qui a mobilisé inégalement les fidèles et le débat récurrent sur l’ordination d’hommes mariés. En revanche le classement 2022 confirme le moindre intérêt des lecteurs de ce blog pour les questions touchant aux débats sur la bioéthique (fin de vie et avortement), sur la vie politique (présidentielle et législatives) ou sur la manière dont les jeunes générations catholiques se situent par rapport à l’évolution de l’Eglise. Entre palmarès de tête et wagon de queue figure en douzième position, la reprise du chapitre de conclusion de mon livre Catholique en liberté : La liberté des enfants de Dieu, qui concluait la publication intégrale sur 2021-2022 de cet ouvrage. Belle leçon de modestie. Une chose apparaît en tout cas fortement : l’année 2022 aura été marquée, concernant ce blog et compte tenu de l’actualité, par un recentrage sur l’Eglise de France et une moindre prise en compte de l’actualité vaticane. La mort de Benoît XVI aura été le thème du vingt-deuxième et dernier billet de l’année, mis en ligne le 31 décembre. Son audience sur 2022 limitée à quelques heures ne pouvait être significative. Dix jours après (au 9 janvier) elle reste tout de même modeste aux environs de 2 500 lus.

Sans vouloir être aussi exhaustif dans l’analyse, l’approche de ces vingt-deux articles au travers du nombre de partages sur Facebook et de commentaires sur le blog, nuance de manière intéressante ce premier classement. 

Des articles largement partagés et commentés

Si le suicide du père de Foucauld arrive largement en tête des « partages » ce ne sont pas les « affaires » Santier – Ricard qui suivent immédiatement mais plutôt les articles relatifs à la vie de l’Eglise en France : suite du rapport Sauvé, analyse de l’épisode confinement, ordination d’hommes mariés, diagnostic des sociologues sur une Eglise au bord de l’implosion. L’approche en fonction du nombre de commentaires corrige un peu le classement en montrant que les affaires relatives aux évêques Français mis en cause a tout de même nourri largement l’échange entre lecteurs de ce blog. 

Qu’ajouter à cet aperçu ? Que ces articles sont régulièrement signalés et commentés (6) sur des fils Facebook « amis » dont je remercie les animateurs : Pape François, Eglise en chemin; Catholiques en liberté : un espace de parole; Réflexion théologique; Abus en Eglise ou Conférence catholique des baptisé.e.s francophones. Nombre d’articles sont repris par la revue Golias Hebdo (merci à son directeur Christian Terras) et par la newsletter Notre pain quotidien éditée par mon ami le p. Jean-Pierre Roche pour ses désormais six cents abonnés. Reprise également, de manière plus ponctuelle lorsque l’article parle du Vatican, par le site de référence international il Sismografo. 

Blogueurs et « influenceurs »

En toute immodestie, il me semble significatif de citer dans ce bilan d’année ce passage du livre de Danièle Hervieu-Léger (7) revenant sur les périodes de confinement de 2020 marquées, pour les religions, par une suspension ou une règlementation des cultes. J’ai dit plus haut combien cette question avait rencontré l’intérêt des lecteurs de ce blog, jusqu’à aujourd’hui. Analysant les remous suscités au sein de l’Eglise catholique, elle évoque la place prise par des « médiateurs laïcs » dans ces débats. Je la cite : 

« Il est intéressant de remarquer le rôle joué dans ces discussions par des journalistes catholiques qui ont livré leur vision des choses dans les médias, sur les réseaux sociaux et sur leurs blogs, et suscité en retour beaucoup de commentaires. Je pense par exemple à René Poujol, à Michel Cool-Taddeï, à Bertrand Révillion, Daniel Duigou ou Patrice de Plunkett… et aussi à des blogueurs importants comme Koz (Erwan Le Morhedec), voire à des internautes très engagés et « raisonneurs » sur ces questions. Leur rôle de médiateurs laïcs entre réflexions des théologiens de métier, prises de position cléricales ou épiscopales et fidèles catholiques prompts à s’enflammer a été tout à fait intéressant du point de vue de l’émergence d’un débat public dans l’Église. Ces personnalités ne sont pas répertoriées comme des figures de proue de l’avant-gardisme progressiste : ce sont des catholiques conciliaires mainstream, publiquement engagés comme tels. Ils ont contribué de façon importante, avec des différences entre eux d’ailleurs, à porter dans la discussion, argumentaires très articulés à l’appui, des questions incisives sur la signification de cette rhétorique de l’« urgence eucharistique », sur le retour en force (bien en amont de la pandémie) du thème de la « Présence réelle » dans la prédication, et sur le renforcement de l’identité sacrale du prêtre qui leur est liée de façon transparente. » (p.49)

C’est bien la première fois depuis douze ans, que je vois notre modeste contribution d’animateurs du débat dans l’Eglise pris en considération et évoqué publiquement, en tant que journalistes honoraires devenus libres de tout ancrage dans une rédaction, (ou blogueurs). Cela tranche heureusement sur le silence abyssal qui entoure le plus souvent cette forme d’engagement ecclésial qui, de fait, échappe à tout contrôle hiérarchique suscitant, ici ou là, méfiance ou irritation. Une fois de plus voilà une forme de reconnaissance qui nous vient « de l’extérieur ». Au moment où la Cef semble préférer mettre en avant les jeunes « influenceurs » catholiques

Un lieu d’échange et de dialogue en liberté. 

Ce texte me semble constituer une bonne transition vers ce qui me tient tout particulièrement à cœur. Et qui touche à la raison d’être même de ce blog comme lieu d’échange et de dialogue « en liberté ». Depuis quelques années déjà, le noyau dur des commentateurs réguliers de ce blog (une dizaine de personnes que je remercie vivement pour leur confiance et leur fidélité) s’est élargi aux femmes absentes lors de son lancement, ce qui l’équilibre et l’enrichit. Il représente un certain pluralisme de sensibilités au sein de l’Eglise, même imparfait. Chacun ayant sa part de responsabilité pour que l’expression de chacun soit respectueuse des personnes et ne sombre pas dans l’agressivité et le procès. La bonne surprise de l’année écoulée a été de voir apparaître, à la faveur de tel ou tel billet, des commentateurs ponctuels qui sont des acteurs connus de la vie de l’Eglise mais également des personnes ne s’étant jamais manifestés jusque-là ! L’univers de ce blog est donc composé, j’en ai fréquemment le témoignage, de lecteurs fidèles majoritairement silencieux ( souvent par peur de ne pas trop savoir comment s’exprimer) qui me disent s’enrichir de la réflexion des uns et des autres et de l’espace de liberté qu’il crée, au-delà de l’apport initial de mes billets dont ils me remercient. 

La difficile rencontre intergénérationnelle

Mon regret est tout à la fois quantitatif et qualitatif même si ce dernier terme doit être éclairé. Le quantitatif tient à l’audience modeste de ce blog, alors même que celles et ceux qui le découvrent m’expriment parfois leur intérêt et leur reconnaissance. Il peut être amélioré grâce à vous tous en le faisant connaître, voire en abonnant directement vos amis par une procédure simple qui respecte totalement leur liberté. 8) J’entends par regret portant sur le qualitatif l’absence notable de jeunes lecteurs/commentateurs… même lorsqu’ils sont visés ou interpellés par tel ou tel billet. Mais c’est hélas le lot de nombreux lieux d’Eglise y compris parmi les équipes qui se sont réunies au cours de l’année 2022 pour préparer le synode sur la synodalité à l’invitation du pape François. Mais je sais la réponse qui me sera sans doute opposée d’un blog de « boomer » (entendez : catholique conciliaire progressiste) qui ne rejoint pas leur sensibilité.

Continuer, ne pas continuer la tenue de ce blog ? Il m’arrive de me poser la question. Car si l’écriture m’est nécessaire comme moyen d’élaboration de la pensée, au regard des questions qui nous bousculent, publier – contrairement à ce qu’on pourrait croire – n’est pour moi que secondaire et contingent à l’envie que peuvent avoir les autres de me lire ou non. Sans doute ce qui me motive le plus est-il le sentiment d’une sorte de devoir moral de continuer, avec d’autres, à parler libre et fort, sans prétention, au sein d’une Eglise dont je me refuse à désespérer parce qu’elle reste mon Eglise. 

Une année 2023 riche de rendez-vous

Outre les événements qui sauront nous surprendre au cours des prochains mois, il est déjà des rendez-vous qui justifieront sans doute de nouvelles publications : le suivi des dossiers des abus dans l’Eglise, l’annonce prochaine des conclusions de l’enquête ouverte par les frères dominicains sur les “dérives“ des frères Thomas et Marie-Dominique Philippe, l’étape continentale du Synode sur la synodalité prévue pour début février puis la publication d’un nouvel instrumentum laboris (document de travail) pour la phase suivante, le dixième anniversaire en mars de l’élection du pape François, le bilan au printemps des groupes de travail mis en place par la Conférence des évêques de France suite au rapport Sauvé… et sûrement la publication de tel ou tel ouvrage qui me semblera intéressant. 

Permettez-moi de conclure sur un livre, tout à fait passionnant, que l’on doit au cardinal Jean-Claude Hollerich, jésuite, archevêque de Luxembourg, choisi par le pape comme rapporteur général du futur synode sur la synodalité de 2023-2024. C’est dire le rôle clé qui va être le sien au cours des deux prochaines années pour accompagner François dans ses désirs de réforme. Il écrit notamment : « Dans notre langue et dans notre façon de concevoir les choses, le passé est derrière nous et l’avenir devant nous. Or, dans l’Egypte ancienne, c’était le contraire : le passé était devant parce qu’on le connaissait et qu’on le voyait, et l’avenir, que l’on ne pouvait voir puisqu’on ne le connaissait pas, était derrière. L’Eglise catholique me semble avoir encore tendance à raisonner comme les Egyptiens, mais cela ne fonctionne plus. Dieu nous ouvre l’avenir. (…) Quand on parle de la grande tradition de l’Eglise on enjolive trop souvent une époque précise qui n’a jamais existé telle qu’on la décrit. Certains prétendent que la messe était beaucoup plus belle autrefois. Mais de quelle messe parlent-ils ? La plupart du temps ils imaginent un passé qu’ils érigent en tradition et qu’ils idéalisent, et c’est cela précisément qui a conduit la civilisation égyptienne à sa chute. Elle n’avait plus la force de se réformer. » (9)

Heureuse année à tous ! 

  1. Bernadette Sauvaget, Libération du 27 décembre, p.2
  2. 62 908 visiteurs dont certains sont des lecteurs réguliers ce qui situe l’audience réelle du blog dans une fourchette comprise entre 3 000 et 5 000 lecteurs, sauf pics exceptionnels.
  3. Ce chiffre est public et peut donc être vérifié par chacun. Il figure au bas de chaque article dans un petit cartouche portant le logo de Facebook. 
  4. Tous ces articles restent accessibles sur le blog, soit en faisant défiler la page d’accueil, soit en consultant l’onglet « Archives » en haut de page.
  5. Et non de 2021 comme indiqué par erreur dans l’encadré.
  6. Il ne m’est pas possible de faire ici mention des commentaires suscités par chaque article sur les réseaux sociaux. 
  7. Danièle Hervieu-Léger et Jean-Louis Schlegel, Vers l’implosion ? Seuil 2022, 400 p.,23,50 €.
  8. Il suffit d’inscrire leur adresse mail en page d’ouverture dans la fenêtre de droite (Abonnez-vous à ce blog) située sous les commentaires récents. Cet abonnement, gratuit et résiliable à tout moment, ne sera efficient que s’ils valident le mail qui leur sera aussitôt adressé. Si vous engagez une telle démarche, prévenez-les. 
  9. Cardinal Jean-Claude Hollerich, Trouver Dieu en toutes choses. Ed. Salvator 2022, 172 p. 18 €.

29 comments

  • Bonne et heureuse année 2023 ! Je vous ai découvert en 2022 pour tout dire réservée mais finalement votre professionnalisme est réel. Votre blog est intéressant. Que 2023 continue de nous apprendre comment fonctionne notre institution ecclésiale avec ses rouages et ses huiles !

  • Belle année nouvelle, cher René.

    Vous citez le Cardinal Hollerich écrivant : « le passé est derrière nous et l’avenir devant nous (…) Dieu nous ouvre l’avenir »… ce qui me paraît d’une grande banalité !
    La liturgie, elle, nous parle toujours au présent, hodie, aujourd’hui, et cela me paraît plus juste et plus fécond que de rêver au passé ou de fantasmer sur l’avenir !
    Le Cardinal John Henry Newman écrivait si justement : « L’instant présent est le huitième sacrement, car il est le pont qui relie l’éternité de Dieu et notre finitude. »

    • a Michel
      Jean Sulivan parlait du sacrement de l’instant .
      D’accord avec vous sur le fait que la liturgie nous parle au présent . Encore faut il que sa forme puise concrétiser cette affirmation si l’on souhaite qu’elle soit autre chose qu’une affirmation théorique Et c’est là ou réside toute la difficulté : Comment en même temps dire fidèlement la foi de ceux qui nous ont précédés et exprimer la nôtre dans une forme qui soir-t en phase avec les mentalités des hommes et des femmes de ce temps ?.
      A l’heure ou il est tendance de dire le confiteor , le gloria et le credo en latin , combien sommes nous encore à le comprendre ?
      Un rite qui n’est pas compris et pas mis en lien avec la vie vécue des croyants , aussi sublime soit il sur le plan esthétique ,risque de demeurer vide de sens . Or l’Evangile , l’eucharistie sont destinés à tous sans aucun prérequis d’ordre culturel.

      Dire que la liturgie c’est le présent , je suis d’accord avec vous . A condition de dire concrètement comment .

    • Il est banal de dire que le passé est le passé et l’avenir l’avenir, si ce n’est pour signaler que, pour les égyptiens de siècles précédent notre ère, le passé était l’avenir et l’avenir le passé: sacré renversement qui n’est en rien banal!
      Au delà de la critique de l’Institution (« L’Eglise catholique me semble avoir encore tendance à raisonner comme les Egyptiens »), JC Hollerich invite à avoir l’esprit ouvert sur l’inconnu et corrélativement à ne pas l’enfermer dans ce qui a été. Il rejoint ainsi totalement et sans restriction cette remarque lue hier soir sur la faille majeure qui fausse la pensée médiévale dont l’emprise sur l’Institution demeure: fausse aujourd’hui aux sens profonds, y compris artistique, musical!
       » Tout commença de changer à mes yeux quand je plongeai dans la scolastique puis dans l’exégèse. La pensée médiévale me frappa vite par la valeur intemporelle qu’elle reconnaissait aux sentences. Thomas d’Aquin confronte (videtur quod…, videtur quod non…) des textes de Moïse, d’Aristote et du pseudo-Denys, avec une naïveté abasourdissante de métaphysicien. Comme si ces penseurs étaient ses contemporains à lui. Comme si les termes, sous prétexte qu’ils avaient tous été traduits en latin, pouvaient avoir le même sens alors qu’ils n’émanaient ni de la même langue, ni de la même culture, ni de la même époque. »
      Jean Massin (1917-1986, infirme de naissance,défroqué, historien, musicologue et écrivain) ajoute malicieusement, alors qu’il avait 60 ans:
      « Je n’aurai peut-être pas été aussi vite si sensible à cette absurdité si dans le même temps, étudiant l’histoire des dogmes je n’avais appris de mes maîtres jésuites l’importance capitale du contexte historique pour saisir le sens d’un texte patristique. »
      Extrait de « Le gué du Jabok – le rire d’un infirme » (Stock 1980,page427).

      • Pour « rebondir » come on dit parfois sy-ur cette question, passionnante, des dogmes, voici encore un extrait du livre du cardinal Hollerich dans le même livre :

        « L’évolution des dogmes me fascine. Le problème qui se pose aujourd’hui est que nous concevons le dogme comme un processus clos et ne voyons pas à quel point il est ouvert et a besoin de médiation. (…) Le christianisme est condamné à disparaître si nous ne faisons que répéter les formulations de la foi qui se veulent intouchables et définitives. Il nous faut, au contraire, intégrer une nouvelle façon de penser la foi au sein de la réalité vécue des hommes d’aujourd’hui dans leur quête de Dieu. La théologie, dans son ensemble, est encore rédigée dans un langage et une pensée que les gens ne compfrendront plus dans cent ans. » P.23

        En réponse à son interviewer il reconnaît que cette incompréhension est déjà actuelle : « Il nous fait apprendre, dès maintenant, à penser autrement. »

        • A rené
          La question est moins celle du contenu des dogmes que de la forme de leur expression à un moment de l’histoire et donc de notre rapport à la Tradition .
          Comme le souligne les théologiens Elian Cuvilier et Jean Daniel Causse , » le concept de Tradition veut dire que personne ne pense , ne croit , ni ne prie sans prendre place dans ce qui a déjà été pensé , cru et prié « .

          « La Tradition est à la fois ce qui permet un passage entre le passé et le présent et ce qui manifeste une précédence . »
           » mais le paradoxe de la Tradition est qu’elle ne peut pas se donner à l’identique , elle se transforme dans l’acte même de la transmission  »
           » ce n’est pas celui qui est fidèle à la lettre qui transmet mais celui qui consent à la traduction à la trahison même et donc à l’interprétation  » (Interprétation qui oblige à replacer le texte dans ses contextes historiques , sociologiques , linguistiques etc… pour tenter dans apercevoir la permanence du sens .)
           » Le fondamentaliste est l’homme de la fidélité absolue mais à cause de cela il ne transmet rien « .
           » La Tradition permet à chaque génération et à chacun individuellement d’avoir une dette de reconnaissance à l’égard de ce qui précède comme aussi une liberté et un rapport critique  »

          J’emprunte toutes ces citations à E Cuvilier et J D causse dans leur livre  » Traversée du christianisme  »

          Pour rebondir sur le remarque de Michel relative à la liturgie . Celle ci doit pour témoigner du message qu’elle porte et dire le présent de la présence divine signifier à la fois cette reconnaissance et cette liberté

           » On ne transmet pas la foi comme un sac de dogmes  » ( Gerhard Ebeling)

          J’assume parfaitement cette faute de gout de préférer « Dogmatik des christlichen Glaubens  » aux hypothèses gazeuses sur la notion de transfert de responsabilité dans l’appréhension de la rédemption .

        • René, excusez moi mais tout de même, que la Tradition consiste seulement à s’en tenir à la définition donnée au moment de sa définition comme si il n’y avait plus rien à dire sur le sujet et que c’était une une affaire close définitivement, sinon pourquoi donc s’interroger

          • Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que vous voulez dire. Mais la tentation d’enfermer un dogme dans la définition qui en a été donnée au moment de sa promulgation me semble être hélas, la pratique dominante dans notre Eglise. Au moins au niveau du CEC.

          • @ Dominique,
            le problème est ce fixisme : « il n’y a plus rien à dire » car « affaire close définitivement ». Même quand les mots utilisés n’ont plus le même sens ? Même quand des nouvelles catégories de pensées apparaissent (la liberté de conscience individuelle par exemple) ?
            A mon sens vous confondez La Tradition avec le fixisme : c’est qui ramènerai l’Église en un musée gardien d’un dépôt fixe !
            Où est la vie, la fécondation d’un monde qui ne peut plus vous comprendre car ne raisonnant plus dans les mêmes catégories de pensées que chez les gréco-romains de l’époque de Saint-Augustin ?
            Le monde a changé, on ne peut lui faire comprendre notre foi uniquement avec les même mots que Saint-Augustin. Et ceci n’est pas trahir. Saint-Augustin, lui a aidé à faire passer l’expression de le foi du monde araméen au monde gréco-romain. Ce monde gréco-romain, et ses catégories de pensées, n’est plus… Il y a encore beaucoup de travail pour exprimer notre foi aujourd’hui. Et peut être même avec des mots, et catégories de pensées, différentes d’un continent à l’autre.

  • Merci pour vos nombreux articles cherchant avec passion le juste milieu . Je vous souhaite une bonne et féconde année 2023 . Que vos articles soient encore plus lus , partagés et commentés . Il m’est arrivé d’en envoyer certains au Bandundu province du Congo Kinshasa.

  • Bien évidemment il faut continuer !
    Votre blog, et celui de Jean-Pierre Roche, sont des lieux où la parole peut s’exprimer librement sans être jugée ! Les sujets proposés nourrissants et très intéressants car documentés et désireux d’être constructifs et non simplement critiques !
    Merci !
    Très bonne année à vous et à vos lecteurs.
    Merci à Michel de Guibert pour cette très belle phrase que je ne connaissais pas, du cardinal Newman.

  • Merci et bonne année, René, de la part d’un lecteur régulier intervenant peu mais nourri par vos réflexions et les débats qui la complètent. Votre blog est utile.

    Sur l’absence de jeunes lecteurs, peut-être est-elle aussi à rattacher au média ? Le format blog me semble malheureusement ne plus tenir la corde, mais vous en savez certainement plus que moi sur la justesse ou non de ce point.

  • Merci pour vos voeux et merci pour votre blog et la pertinence de vos propos.

    Je partage votre inquiétude concernant la jeunesse catholique. Celle que je côtoie semble peu préoccupée par les « convulsions » et l’avenir d’une Eglise en crise. Elle fait le dos rond en s’accrochant à ses convictions catholiques et en refusant de s’impliquer clairement dans le débat.

    Par ailleurs, pourriez vous traiter également les sujets de l’oecuménisme et de l’unité des chrétiens qui pour moi, sont des facteurs important d’un retour du catholicisme aux valeurs évangéliques.

    Merci. Continuez.

  • Bonne année René, sachant le soin attentif et l’opiniâtreté dont vous témoignez et ce qu’ils représente de temps, d’attention et j’ajouterai de tendresse, moi qui suis plutôt maladroit en la matière.

  • Merci René,
    de vos vœux.
    A vous aussi Heureuse année 2023.
    Merci pour votre blog que j’ai découvert il y a un peu plus d’un an. Vos articles sont très intéressants et riches. Continuez à nous en faire cadeau. Les échanges sur votre blog sont aussi très intéressants. Mon travail ne me laisse pas beaucoup de temps pour y participer, mais je m’y intéresse dès que je peux. Je vais d’ailleurs lire votre article classé en 5° position sur la liturgie (j’avoue ne pas l’avoir lu).
    A chacun Bonne Année.

  • Bonne année à vous René et merci pour ce blog, qui ouvre un espace de réflexion sur l’Eglise hors des sentiers battus.

  • Merci pour ce retour chiffré !

    Je réagit face à l’interrogation de l’absence de « jeunes » : je ne suis pas sur que ce soit une question de sensibilité religieuse.
    Je vois plutôt deux raisons :
    – le format
    – la population actuelle des lecteurs et contributeurs

    Concernant le format : les billets de ce blog sont longs, ils sont denses, de même que les commentaires. C’est indéniablement un gage de qualité, mais cela sélectionne de fait les lecteurs disposant de temps pour se concentrer => c’est rarement ce dont disposent les jeunes (ou moins jeunes) couples avec enfants. C’est encore pire si l’on souhaite commenter, la moindre réponse ici nécessitant de prendre le temps de se poser.

    Il m’est arrivé plusieurs fois d’entamer dans les commentaires des discussions très intéressantes que je n’ai jamais pu finir faute de temps pour répondre à mon interlocuteur – je le regrette, mais cela a finalement plutôt tendance à m’auto-censurer : ne pas initier une conversation que je sais ne pas pouvoir finir.

    Bref, le format sélectionne globalement les retraités ou les personnes avec grands enfants (ou sans enfants) qui disposent de plus de temps – c’est en cela très similaire à ce qu’il se passe dans l’Eglise.

    Le problème, c’est que cette population est assez spécifique dans son histoire, et qu’il me semble qu’il s’est creusé un fossé avec les générations suivantes. On le voit dans les votes (https://www.marianne.net/politique/macron/pourquoi-les-vieux-votent-ils-macron-et-les-jeunes-melenchon), mais c’est aussi vrai dans les préoccupations sociétales, et tout autant dans le rapport à l’Eglise, vue comme une mère qui a donné la foi et qu’on ne peut donc pas trahir.

    J’avais déjà signalé sur ce blog ce décalage et souvent cette incompréhension générationnelle dans mon entourage. On m’a alors recommandé en plaisantant de changer d’entourage.

    Bref, deux raisons auxquelles personne ne peut grand chose : difficile de réduire le format des billets sans les dénaturer, difficile de mettre dehors les lecteurs actuels, et impossible d’en faire venir d’autres de force ! Il faudra donc s’accommoder de la situation.

    • Réflexions intéressantes sur les raisons pour lesquelles le blog de René est marqué « boomers ». Les générations suivantes sont, je suppose pour vous Emmanuel, les générations X et Millennials, peut-être même Y (respectivement personnes nées entre 1965-80, 1981-96, 1997-2012). J’ajouterai cependant la remarque que chaque génération se croit spécifique vers 15-30 ans pour se rendre compte ensuite qu’elle ne l’est pas « plus » que les précédentes: elle l’est au moins autant, et sans doute plus car « le temps accélère » *. De plus la spécificité de chaque génération est d’une autre nature tant le monde change. Et c’est là que le bât blesse l’Église-Institution qui, regardée avec du recul et pas que de l’intérieur, ne peut plus masquer la crise dans laquelle elle est depuis 250 à 300 ans (époque des Lumières) et qui se demande -n’est-il pas bien tard vus la fonte des effectifs actifs- comment y échapper.

      * L’accélération du temps ressort par exemple de l’augmentation du temps de vie qui est passé au cours du XX ème siècle de 500 000 à 700 000 h quand le temps de travail sur une vie passait de 200 000 h à 67 000 h: le temps de travail sur une vie est passé de 40% à 10%.

    • J’entends votre argumentation. Mais vous l’avez compris ce « format » m’est nécessaire pour m’expliquer déjà à moi-même ce sur quoi je m’interroge. Et répondre à mes propres objections. Alors, à la limite, je me fiche de n’être pas rejoint par ceux qui trouvent cela inabordable. Mon seul regret est de ne pas rejoindre un plus grand nombre de ceux qui, précisément, sont en attente de ce que je leur offre.

      Concernant les jeunes vous avez raison même si certains d’entre eux (plutôt intello) écrivent eux-même sur leurs propres supports des textes aussi longs que les miens et souvent dans un langage beaucoup plus universitaire ce qui correspond à leur formation. Mais précisément si on ne se positonne pas soi-même sur ce registre là, on a l’impression que ça ne les intéresse pas.

      Pour ce qui est des « préoccupations sociétales » j’observe simplement qu’ils gobent, comme leur génération, le discours prétendument émancipateur de ces réformes dont ils ne perçoivent pas (hormis certains d’entre eux qui ont lu notamment Michéa) qu’elles sont devenu le nouveau moteur du capitalisme mondialisé. C’est le même libéralisme économique exacerbé qui, par le biais des pesticides, augmente la stérilité masculine ce qui, en retour, fait un public de choix pour la PMA (95% des PMA sont faites à la demande de couples hétérosexuels infertiles). Double bénéfice ! Dont on fait une lecture finalement moralisante en termes d’émancipation ! Et c’est moi qui serais rétrograde ? J’assume !

      Simplement je crois qu’il y a à creuser du côté de l’intergénération. Mais peut-être ailleurs… Je ne fais de procès à personne.

  • J’ai écouté avec beaucoup d’intérêt l’interview du cardinal Hollerich par Philippine de Saint Pierre .
    Sa réflexion sur le contenu du synode de l’église qui est en Allemagne ainsi que sur le manque de participation des jeunes est subtile et profonde .
    Sa remarque sur la théologie de la libération qui aurait été trop marquée par la marxisme , ne fait pas la différence entre le marxisme comme philosophie politique et l’oeuvre de Marx comme pensée de l’aliénation .

    Ce qui amoindrit la portée de son propos est qu’il prend comme hypothèse que l’église tout en étant à l’écoute du monde et les catholiques dans le monde , elle ne serait pas comme structure elle aussi influencée par le monde tel qu’il est . On retrouve dans ses propos ce qui fut aussi le présupposé de Benoit XVI : la vision d’une église , hors sol , flottant quelque part entre le ciel et la terre telle qu’ont pu la penser les pères de l’Eglise tout imprégnés de philosophie grecque .

    En écoutant cet homme ouvert et subtil dans son analyse des contributions du synode j’ai pu mesurer l’ampleur du décalage culturel entre le cadre de pensée du magistère et nos mentalités contemporaines . Et à quel point il constitue un obstacle pour rendre audible la voix nécessaire et qui pourrait être prophétique de l’Eglise .

    Par son envergure intellectuelle et spirituelle , le pape Benoit XVI aura grandement contribué à mettre en évidence le fait que la cadre de pensée du magistère catholique n’est plus capable de dialoguer avec la culture du monde d’aujourd’hui . Comment alors prétendre annoncer l’Evangile ?

    L’oeuvre de benoit XVI me fait penser à la doctrine élaborée par les pilotes de la flotte de la marine nationale qui connaissaient dans les moindres détails tous les atterrages et les enseignaient de manière complète et précise . L’invention des radars , sonars et autres aides à la navigation ont rendu cet immense savoir inutile .

    Pour prendre une comparaison triviale ; l’église continue à construire des châteaux fort sans aucun doute superbes à l’heure ou le combat se déroule dans le ciel entre missiles et antimissiles .
    Ou pour reprendre les mots de Moshe Dayan en 1967 : la sécurité d’ Israel ne se défend pas sur ses frontières terrestres , elle se joue à la verticale du Caire .

    Le document final du synode sera sans doute un remarquable travail de synthèse , de compréhension contributions de toutes les partie de l’église et de rédaction . Un objet de musée ?

  • Bonjour à vous et félicitations pour cette nouvelle année pour votre blog.

    Je me permets de commenter ici alors que c’est quelque chose que je fais habituellement peu de manière générale. Cependant, je me suis senti interpellé par la mention des jeunes qui fréquenteraient peu votre blog et commenteraient. Il est vrai que je ne suis relativement plus tout jeune, allant vers mes trente ans, mais je lis votre blog depuis plusieurs années, disons depuis l’époque de la manif pour tous.

    Votre blog fut très intéressant en ce qu’il me permettait de disposer des opinions et réflexions de ce que l’on pourrait appeler le catholicisme réformateur ce qui fut toujours instructif. Cependant, des réflexions personnelles qui vont bien au-delà des articles de votre blog ont fait que je ne me suis jamais complètement à votre tendance.

    Je pense que cela tient à une tendance de la jeunesse catholique où finalement même ceux qui sont les plus progressistes se tournent vers les courants classiques pour disposer ne serait-ce que des bases du christianisme. Cela n’est peut-être pas votre tasse de thé mais il suffit de voir le public auquel est confronté le frère Paul-Adrien : adolescentes en trop-top et jeunes à casquette pour faire court. Pourtant, ces jeunes écoutent un prêtre relativement conservateur dans sa théologie. Ce fut d’ailleurs une expérience que j’ai moi-même eu où ce sont des vidéos de sédévacantistes qui m’ont donné les bases de théologie liturgique. Cela ne veut pas dire que j’y adhère tout comme les adolescentes en trop-top du frère Paul-Adrien ne vont pas devenir des militantes de la manif pour tous mais cela donne des bases que le catéchisme ordinaire (je suis allé jusqu’à ma confirmation) ne donne plus.

    Je pense que la différence de générations joue à plein. Je me rappelle d’une statistique qu’avait montré Guillaume Cuchet ou Yann Raizon du Cleuziou et qui montrait le pourcentage de catholiques selon les décennies de naissance : on passait de 75% pour les générations des années 40-50 à seulement 40% voire 30% pour les années 90-2000. Pour un chrétien de ma génération, la question est moins de faire un débat sur l’évolution de l’Eglise ou de ses dogmes que de ne serait-ce trouver un autre chrétien.

    Voilà ce post est déjà trop long mais j’espère avoir contribué positivement à ce blog que j’apprécie malgré nos divergences.

    • Un grand merci pour ce commentaire. Je peux souscrire sans grand souci à votre analyse. Je crois, comme vous, que l’efet générationnel joue à plein. Chaque génération se positionnant fort légitimement par rapport à l’héritage reçu ou à l’héritage manquant… Et je comprends fort bien que de jeunes catholiques qui n’ont reçu aucune culture chrétienne soient en recherche de vérités sur la foi plutôt que de débats sur l’évolution de l’Eglise. Au moins les uns et les autres devraient-ils pouvoir se parler…

      Ce n’est bien sûr pas un hasard si j’ai publie Catholique en liberté (Salvator) à l’occasion des dix ans de ce blog. J’y reprenais et développais nombre d’idées évoquées dans tel ou tel billet. Permettez-moi de vous « offrir » ici ce commentaire d’un jeune lecteur ami de votre génération. J’ai supprimé deux noms propres : (un établissement d’enseignement supérieur et un écrivain).

      « En te lisant, quelque chose en moi a été confirmé : je n’y connais vraiment rien en matière d’Église, de doctrine, et d’histoire du catholicisme. J’avais lâché ces bondieuseries il y a déjà 6 ou 7 ans, et c’est par ton intermédiaire que je retourne peu à peu à la lecture et à la compréhension du magistère. La raison en est simple: j’avais été dégoûté de ce que j’avais reçu à xxx et il me semble que ton livre a l’immense vertu de parler aux gens « comme moi ». Tout en douceur, en sagesse, en questionnement. Et tu sais taper du poing sur la table quand il le faut, ce qui n’est pas pour me déplaire.

      Je ne suis pas en phase avec toi sur bien des points (l’adoration, la place de l’eucharistie, les sacrements) mais ta critique apporte quelque chose de très frais sur ma foi. En fait, on devrait populariser ce genre de vision critique chez les « jeunes cathos », cela leur ferait beaucoup de bien.  En te lisant, je prends conscience que l’Eglise est aussi très politique, au mauvais sens du terme. Je crois que j’en étais resté à ma vision enfantine de la curie, où tous les prêtres sont des saints hommes. Je découvre la lune me diras-tu. Mais non, je crois que cette vision est partagée par beaucoup de jeunes croyants. Répandre cette vision critique est une urgence, donc, mais le vrai problème, si je peux me permettre, c’est que ce n’est pas à toi de le faire désormais, mais à nous, les jeunes générations. Aussi sommes-nous trop divisés pour nous mettre d’accord et agir ensemble.

      J’ai beaucoup cheminé ces dernières années, en partie grâce à toi, et le moment est venu pour moi de dire à quel point l’approche spirituelle que m’a transmis un xxx (auteur connu) se découvre et laisse entrevoir toutes ses limites. Il y a un dogmatisme presque niais. La citation de Péguy que tu mentionnes frappe juste :  » Parce qu’ils n’ont pas le courage d’être du monde, ils croient être de Dieu ». C’est vrai. Avec eux, je ne saurais être trop dur au risque de manquer de reconnaissance, mais quand même, si ce sont eux qui m’ont fait entrer dans l’Église, ce sont aussi eux qui m’en ont fait sortir. »

    • Bonjour Palex !…
      J’ai 77 ans, et je fais partie des baby-boomer, soixante-huitards, etc…etc…
      Mon parcours chrétien : la totale, y compris l’école libre jusqu’en 1re et le scoutisme.
      Trois ans de noviciat dans une petite congrégation religieuse, de mars 1968 à janvier 1971 où j’ai attrapé le virus de la Bible, sur laquelle aucun enseignement religieux ne m’avait été dispensé auparavant, si ce n’est la lecture des petits livres consacrés à la lecture des Évangiles rédigés à l’époque par l’abbé X. de Chalendar (avant qu’il ne devienne le curé du « Trou des Halles », comme il disait…).
      Après cette expérience de vie religieuse, j’ai décroché de toute pratique religieuse, tout en gardant une vraie passion pour l’étude de la Bible. J’ai été « rattrapée », il y a une quinzaine d’années, par une expérience que je qualifie de conversion : « Si c’est vrai, alors il faut que je fasse… », ce que j’ai fait.
      Ce dont je suis sûre aujourd’hui, c’est que si le virus de la Bible n’était pas resté actif pour moi durant toutes ces années d’éloignement de l’institution, je n’y aurais jamais remis les pieds.
      Je me définis aujourd’hui comme chrétienne de tradition catholique, et je ne déserterai pas l’Église catholique, l’institution au sein de laquelle j’ai été baptisée, tout simplement par fidélité au message de l’Évangile : il m’impose de ne pas la fuir, en dépit de tout ce qui m’y met en colère.
      Tout ça pour dire que je trouve très triste que ce que je vois passer comme « culture chrétienne » pour votre génération fasse l’impasse sur l’appropriation personnelle du message biblique.
      Je comprends que les débats sur l’évolution de l’Église soient secondaires pour vous, la recherche d’autres chrétiens « avec qui causer » étant prioritaire.
      C’était d’ailleurs une des choses que j’ai faite au terme de mon expérience de conversion : trouver d’autres chrétien(ne)s avec qui vivre et partager ma foi.
      Cette quête s’est d’ailleurs transformée au cours des années : le groupe que j’ai trouvé s’est révélé être un « laboratoire de la fraternité évangélique » plus qu’un lieu de ressourcement spirituel.
      Cependant, et c’est une de mes colères contre l’Église catholique romaine, en particulier en France, si elle proposait, au lieu de rites, de dévotions et de règles morales, la découverte et l’appropriation personnelle et collective du message de l’Évangile dans ses manifestations sociales, en particulier dans ses assemblées liturgiques, elle serait peut-être plus crédible…
      Si fossé générationnel il y a, pour le combler, il faut trouver des moyens de se causer, c’est-à-dire de s’écouter mutuellement et de chercher à se comprendre.
      Ainsi, pour donner un exemple, si je comprends parfaitement que les jeunes n’aient aucun attrait pour les assemblées liturgiques souvent poussiéreuses des paroisses lambda, j’aimerais comprendre pourquoi les rites liturgiques d’avant Vatican II les attirent autant…
      Voilà ce que m’inspire votre témoignage, Palex.
      Bon courage pour la suite !…
      Une suggestion : dimanche prochain aura lieu, dans l’Église catholique, la célébration du Dimanche de la Parole, institué en 2019 par le Pape François.
      Si vous en avez le courage, prenez le temps de lire le message du Pape François qui instaure ce Dimanche de la Parole.
      Vous le trouverez à l’adresse web suivante :
      https://www.vatican.va/content/francesco/fr/motu_proprio/documents/papa-francesco-motu-proprio-20190930_aperuit-illis.html

  • Merci à vous M. Poujol, et à tous les commentateurs réguliers ou non de ce blog, car pour ma part, étant justement un « jeune » de 38 ans, époux et père de famille, fort occupé, si je ne contribue que fort peu, sachez que j’ai toujours plaisir à lire régulièrement les articles publiés et leurs forts intéressants commentaires, qu’ils soient actuels ou ceux des années passées… Quoi qu’il en soit, je vous invite à continuer et que ce blog reste toujours en ligne, car son contenu apporte beaucoup.
    Il en est comme des livres, on en lit beaucoup, ils nourrissent nos réflexions, mais on n’est pas forcément là pour dire merci à leur auteur ou à commenter (et parfois, pour simple cause de temps qui nous manque).
    Je relis aussi toujours avec plaisir les archives du blog « États d’âme » de François Vercelletto (Ouest France) comme divers supports de presse chrétienne de toutes tendances éditoriales et sensibilités, et suis de près les évolutions de nos chères Églises (Catholique, Orthodoxe, d’Orient, Anglicanes, Protestantes / évangéliques et de nos sociétés humaines), il y a tant de belles choses de faites et tant d’autres belles à faire (sans oublier de nettoyer ce qui les salit, et pour ça d’avoir conscience de leurs histoires, qui s’inscrivent tant dans la grande Histoire Humaine…) !
    Merci beaucoup, et continuez !

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