Catholiques et immigration : sortir de la bonne conscience

Catholiques et immigration : sortir de la bonne conscience

Les deux essais de Laurent Dandrieu et Erwan le Morhedec servent superbement, à leur manière, le nécessaire débat sur l’immigration. 

La question migratoire divise depuis longtemps le monde catholique français. La division s’est creusée de manière singulière lorsqu’il est apparu que l’essentiel de cette immigration hexagonale était désormais d’origine musulmane – arabe ou africaine – et que pour beaucoup de migrants elle serait sans retour dans leur pays d’origine. Les événements dramatiques des années 2015-2016 où l’on a vu des foules de réfugiés se presser aux portes de l’Europe a fini de creuser le fossé entre les uns et les autres.

La publication simultanée, en ce début d’année électorale, des livres de Laurent Dandrieu, rédacteur en chef à Valeurs Actuelles (1) et de Erwan le Morhedec (plus connu sous son nom de blogueur Koz-toujours) (2) possède le mérite de nous obliger à regarder en face une question dérangeante, en permettant à l’un et à l’autre d’aller au bout de leur argumentation.

Derrière ses apparences de brûlot, le pamphlet de Laurent Dandrieu, incisif, provoquant, abondamment – bien qu’unilatéralement – référencé, s’achève en pétard mouillé. Car si sa description des conséquences possiblement dramatiques d’une immigration massive sur le sol européen est après tout recevable, le propos dérape concernant la menace qu’elle ferait peser sur l’identité et la civilisation européennes et devient quasiment diffamatoire concernant la complicité objective de l’Eglise catholique et du pape François dans une islamisation de l’Europe.

Livre Dandrieu

Une menace de submersion islamique naïvement soutenue par l’Eglise ? 

La thèse ici développée, non sans talent d’écriture, est classique mais vaut d’être brièvement rappelée. L’Europe serait menacée de submersion, car «Il s’agit bien d’une invasion» (3) L’arrivée massive de migrants musulmans, que certains nous pressent d’accueillir avec humanité, n’est pas le fruit du hasard, ni la simple conséquence de guerres ou de famines. Elle résulte de la volonté délibérée de l’Etat islamique «de déstabiliser le maximum d’Etats d’Afrique et du Moyen-Orient, d’accélérer la déferlante migratoire en Europe, afin de la déstabiliser à son tour» (4) L’Islam, analyse l’auteur, est incompatible avec la culture et la civilisation européennes puisqu’il nie toute séparation entre la foi et le droit. «L’Europe est, par nature, rétive à la théocratie, quand l’islam y tend naturellement.» (5) La foi musulmane porte en elle l’exigence d’instaurer un régime islamique, partout où elle est présente.

Aussi le refus – ou l’impossibilité – d’imposer aux musulmans une logique d’assimilation induit-il le renforcement d’un communautarisme destructeur de nos valeurs, de notre mode de vie, en un mot : de notre civilisation. Or, l’Eglise catholique, par son appel constant à l’accueil inconditionnel des réfugiés – et des migrants – ainsi qu’au respect de leur identité, fait le choix de sociétés européennes sécularisées, pluri-ethniques et multiculturelles. Elle prend ainsi le risque de miner notre unité nationale et de plonger le continent européen dans la guerre civile. Dès lors, les catholiques sont légitimés à désobéir à la hiérarchie. Et cela d’autant plus que cette injonction de l’accueil de l’Autre, de nature profondément politique, procède, nous dit l’auteur : «d’une conception fallacieuse de la charité». (6).

Voici résumé en deux paragraphes ce qui nourrit quelque trois cents pages denses et argumentées que l’on ne saurait réfuter d’un revers de main. Tentons de répondre, en allant à l’essentiel !

«S’il existe une identité de la France, quand donc aurait-elle été constituée et arrêtée ?» Erwan le Morhedec

L’idée d’identité, fait ici l’objet d’une instrumentalisation malhonnête. Car s’il est évident que la France – comme l’Europe – du fait de leur Histoire, s’est construite une identité spécifique qui ne peut se confondre avec aucune autre : américaine, chinoise ou proche-orientale… le propre d’une identité est d’être dans une constante mutation, toujours enracinée, jamais la même. Or, ici, l’identité menacée dont il est question serait une Chrétienté pour une part fantasmée qui correspond sans doute à un moment de l’Histoire de l’Europe, mais qui depuis longtemps n’est plus la réalité ni de notre pays ni de notre continent. Laurent Dandrieu cite lui-même, pour le réfuter, ce propos du pape François : «L’identité européenne est, et a toujours été, une identité dynamique et multiculturelle.» (7)

Koz:Identitaire

Du fait même de sa tonalité et de sa simultanéité de parution, le livre d’Erwan de Morhedec apparaît comme l’antithèse des propos de Laurent Dandrieu. Evoquant cette question centrale de l’identité il écrit : «Dans cette conception, la France se trouve assignée à une identité figée, insusceptible d’évoluer : quoi qu’elle fasse, la France véritable est chrétienne.» (8) Il interroge : «s’il existe une identité de la France, inaltérable, quand donc aurait-elle été constituée et arrêtée ?» (9) Puis il ajoute, pour bien marquer la radicalité de son désaccord : «qu’un pays en lui-même puisse être chrétien (…) paraît aussi faux d’un point de vue spirituel que culturel.» (10)

Un déséquilibre ethnique et démographique fantasmé

Pour Laurent Dandrieu, quoi qu’on en pense, cette identité Occidentale, serait aujourd’hui menacée par l’immigration musulmane. Pourtant, on est surpris de trouver, dans son livre, quelques considérations qui en fragilisent la démonstration. Lorsqu’il reconnaît par exemple l’impossibilité «de pouvoir démontrer rationnellement les dangers culturels qu’ils (les migrants) font peser sur la société d’accueil.» (11) Ou lorsqu’il observe qu’à travers l’Histoire : «musulmans et chrétiens n’ont pu cohabiter paisiblement que dans les pays où les communautés étaient d’importance équivalente.» (12) Serions-nous donc dans une situation – ou sous une menace proche – de déséquilibre ethnique et démographique en faveur des musulmans ? Qui peut sincèrement affirmer cela ? Voilà comment une interrogation, après tout légitime, se transforme en pur fantasme idéologique.

Défendre les droits de la nation contre ceux de la famille humaine ?

Reste le plat de résistance : cette accusation portée contre l’Eglise catholique : de préférer l’étranger musulman à ses propres fidèles, d’occulter volontairement la dimension politique de l’Islam, de développer un discours «infidèle à sa propre doctrine sur le droit des nations» (13). Bref l’Eglise et le pape François seraient coupables de dévoyer le message de l’Evangile et de trahir leur mission spirituelle en se compromettant dans un engagement politique partisan. Est-il possible de répondre ici qu’au travers de son enseignement permanent depuis Pie XII – ce que ne conteste pas l’auteur – le Magistère de l’Eglise catholique se conforme bien à sa mission, selon ce que Max Wéber appelait «éthique de conviction» par opposition à une «éthique de responsabilité» ?

Il n’appartient pas à l’Eglise catholique, quoi qu’en pense l’auteur pour le regretter de proposer des solutions concrètes au problème migratoire. C’est le rôle même du politique dont le livre réclame par ailleurs la juste autonomie. En revanche, il revient bien au Magistère de rappeler que le souci de la «famille humaine» dans son ensemble doit en effet prendre le pas sur les droits des nations. C’est là une juste compréhension de la tradition judéo-chrétienne et des Ecritures pour une Eglise catholique dont la mission est, par définition,  universelle.

Lorsque Laurent Dandrieu appelle à la rescousse Saint-Thomas d’Aquin aux yeux duquel : «Il est du devoir de l’autorité politique de protéger l’état tranquille de la Cité des menaces extérieures» (14) il semble possible d’objecter que nous ne sommes plus au XIIIe siècle et que la Cité des hommes est désormais la planète terre devenue notre «maison commune». Et que tout chrétien, disciple du Christ, doit admettre qu’à côté de la charité individuelle à laquelle il est appelé, existe une forme supérieure de la charité qui est la justice. C’est le propos permanent de la doctrine sociale de l’Eglise depuis plus d’un siècle. Or aujourd’hui les conditions mêmes de la justice en termes de droits universels à la vie, à la nourriture, à l’environnement, au logement, à la santé ou à l’éducation mais aussi à la liberté de penser et de croire procèdent, de fait, d’instances politiques qui dépassent les frontières des nations.

Les supposées trahisons d’une «religion de femelles» 

Mais le plus insupportable du propos est encore ailleurs. Dans cette affirmation selon laquelle la civilisation européenne, dont le christianisme est le ciment, serait aujourd’hui condamnée du fait même des lâchetés de l’Eglise. «Le drame de l’Eglise est que ses postures humanitaristes sur l’accueil de l’Autre ont fourni l’armature des discours de ceux qui sont acharnés à détruire ce que des siècles de chrétienté ont patiemment bâti.» (15)

Et l’auteur de poursuivre : «Voilà que l’Eglise qui avait donné une âme à la domination européenne sur le monde, semble avoir oublié la vertu de force pour faire de ses fidèles des losers qui consentent passivement à leur propre submersion.» (16) On retrouve là l’accusation Nietzchéenne la plus classique, reprise notamment par Michel Houhellebecq parlant du christianisme comme d’une «religion de femelles»  (17)

Ainsi la civilisation européenne demanderait-elle aujourd’hui à être sauvée contre le christianisme qui lui a donné naissance ! Contre les valeurs spirituelles mêmes qui la fondent, parmi lesquelles l’accueil de l’étranger auquel s’identifie le Christ dans les Evangiles. Il faudrait préserver l’arbre, au besoin en le coupant de ses racines ! Sauver la culture de Chrétienté au prix de la foi chrétienne.

Face à ce type de discours qui fleurit désormais largement sur les réseaux sociaux,  Erwan le Morhedec s’étonne : «Ainsi donc le pape aurait pour rôle de “défendre la Chrétienté“, en somme de défendre une culture, une civilisation. (…) Chrétien moi-même, j’ai pourtant toujours benoîtement attendu d’un pape qu’il diffuse l’Evangile, la foi, la Bonne Nouvelle et non qu’il s’engage dans un combat civilisationnel ou convoque quelque croisade.» (18) Dès son introduction il mettait en garde : «La perpétuation de la chrétienté n’est un combat légitime que si le christianisme survit à la victoire.» (19)

Un procès en hérésie contre le pape François

On retrouve dans le livre du rédacteur en chef de Valeurs Actuelles le vieux fond maurassien dont notre pays n’a jamais su se départir. Il abonde d’ailleurs, largement hors propos, d’allusions nostalgiques au Syllabus de Pie IX (1864) condamnant tout à la fois le progrès, la démocratie, les droits de l’homme ou la liberté de pensée… à la Monarchie face à laquelle le ralliement des catholiques français à la République aurait été «un marché de dupe» (20), à l’Action Française injustement condamnée par Rome… Est-ce un hasard si l’auteur rejette en bloc l’héritage de Vatican II et notamment la déclaration Nostra Aetate sur le dialogue interreligieux ainsi que les rencontres d’Assise pour la paix initiées par Jean-Paul II ? Est-ce fortuit si, dans son déchainement contre le pape François, il cite  les cardinaux Sarah et Burke pour leur opposition farouche à l’exhortation apostolique sur la famille, Amoris Laetitia ? Un cardinal Sarah qui, il est vrai, invitait récemment de jeunes adultes scouts d’Europe à «reconstruire la chrétienté» dans le contexte d’une Europe menacée «de se suicider et de disparaître, éliminée par des peuples plus virils, plus croyants et plus fiers de leur identité…»

Sortir d’un lecture idéalisée de la question migratoire

Bien évidemment la description de la menace ne s’accompagne chez Laurent Dandrieu d’aucune esquisse des solutions à mettre en œuvre pour éviter à l’Europe cette «invasion musulmane». Même si on peut les imaginer. Au fond, tout en dénonçant l’irresponsabilité des politiques sur cette question migratoire, le livre s’exonère lui-même de toute éthique de la responsabilité pour s’en tenir à une simple éthique de conviction… diamétralement opposée à celle de l’Eglise.

Pour autant, est-il possible d’en rester à une simple réfutation de ce livre, au nom de l’évidence du message de l’Evangile, et de passer à autre chose ? Ce serait une fuite coupable ! Lorsque Laurent Dandrieu dénonce le fait que les plus pauvres parmi nos concitoyens, habitant de cités populaires à forte concentration musulmane, puissent avoir le sentiment de «n’être plus chez eux», au point de chercher à migrer à leur tour, dans leur propre pays… il dit vrai ! Lorsqu’il écrit : «L’assimilation suppose que les nouveaux venus restent minoritaires pour que l’adoption des mœurs des autochtones leur apparaisse comme la condition de leur intégration» (21) il décrit, en creux, les raisons de l’échec de nos politiques passées et présentes et de la montée des communautarismes. Lorsqu’il accuse l’Eglise de ne pas voir combien sa pieuse injonction à l’accueil de l’étranger pour être «bon chrétien» est reçue, par beaucoup, comme un discours de culpabilisation moralisatrice qui ne tient aucun compte de leurs conditions réelles de vie, il vise juste !

«Je tenais à ce que le barbare affamé rodant aux frontières eût intérêt à voir durer Rome.» Mémoires d’Hadrien

Face à l’importance de l’enjeu il appartient aux responsables politiques d’assumer toutes leurs responsabilités en trouvant les voies et moyens de concilier, tant au niveau des nations que de l’Europe «le double devoir moral de protéger ses propres citoyens et d’accueillir les migrants». (22) Au besoin en négociant au niveau international les conditions du maintien dans leur pays, avec un réel espoir d’avenir, de populations qui n’ont au fond aucun désir de «venir nous envahir».

Si l’Histoire peut nous éclairer, la littérature, qui la fait revivre, le peut tout autant. Relisons cette page de Marguerite Yourcenar où elle fait dire à l’empereur Hadrien : « Tous les peuples ont péri jusqu’ici par manque de générosité : Sparte eut survécu plus longtemps si elle avait intéressé les Hilotes à sa survie (…) J’aurais voulu reculer le plus possible, éviter s’il se peut le moment où les barbares au-dehors, les esclaves au dedans se rueront sur un monde qu’on leur demande de respecter de loin ou de servir d’en bas, mais dont les bénéfices ne sont pas pour eux. Je tenais à ce que la plus déshéritée des créatures, l’esclave nettoyant les cloaques des villes, le barbare affamé rodant aux frontières, eût intérêt à voir durer Rome. » (23)

Dans son propre livre, Erwan le Morhedec analyse : «Quand tout se dérobe sous vos pieds – religion, politique, famille, nation, etc (…) comment ne pas comprendre que certains tentent de se raccrocher à quelque permanence, à une identité, un passé qui a le mérite d’être connu – et parfois mythifié ?» (24) Mais son alarme, pour une part décisive dans l’écriture de cet essai, tient surtout à la soudaine et récente fascination d’une partie de la jeunesse catholique pour les partis d’extrême droite porteurs de cette idéologie «identitaire». «De jeunes catholiques éprouvent une attraction renouvelée pour ce Charles Maurras qui soutenait pourtant une Eglise finalement ravalée au rang de supplétif de l’ordre institutionnel, et un catholicisme félicité d’avoir amputé le christianisme.» (25)

Voilà un constat qui devrait empêcher de dormir la hiérarchie catholique et les chrétiens que nous sommes. Si l’appel incessant à l’accueil de l’étranger tient pour l’Eglise d’éthique de conviction, il lui reste à définir les contours d’une éthique de la responsabilité susceptible de détourner la jeunesse catholique de l’impasse politique, culturelle et spirituelle dans laquelle elle est aujourd’hui tentée de s’engager. (26)

Sans cette mobilisation commune des responsables politiques et religieux, tous les beaux discours visant à dénoncer la dérive identitaire liée à l’immigration ne seront que paroles verbales et bonne conscience bourgeoise.

 

PS. Le jour même où sortent en librairie les deux ouvrages qui font l’objet de ce billet, le groupe Bayard presse publie, dans la Croix et Pèlerin, une importante enquête sur le portrait – multiple – des catholiques Français. On doit cette étude, également commentée par le Monde, au sociologue Yann Raison du Cleuziou. Nombre de chiffres sont en lien direct avec le thème du présent billet auxquels ils apportent un éclairage singulier. Mais les intégrer aurait inutilement alourdi le propos, déjà consistant. Peut-être y reviendrai-je ultérieurement.

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  1. Laurent Dandrieu, Eglise et immigration, le malaise, Presses de la Renaissance, 300 p.
  2. Erwan le Morhedec, Identitaire, le mauvais génie du christianisme, Le Cerf, 174 p.
  3. Laurent Dandrieu, op cit p.279
  4. ibid p.288
  5. ibid p.124
  6. ibid p.289
  7. ibid p.88
  8. Erwan le Morhedec, op cit p.28
  9. ibid p.132
  10. ibid p.27
  11. Laurent Dandrieu, op cit p.55
  12. ibid p.101
  13. ibid p.299
  14. ibid p.224
  15. ibid p.286
  16. ibid p.2
  17. L’Obs du 8 au 14 janvier 2015, p.27
  18. Erwan le Morhedec op cit p.18
  19. ibid p.14
  20. Laurent Dandrieu op cit p.20
  21. ibid p.189
  22. ibid p.81
  23. Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien, Folio p.129
  24. Erwan le Morhedec, op cit p.44
  25. ibid p.49
  26. Le numéro d’octobre 2016 de la revue jésuite Projet, titré “Extrême droite : écouter, comprendre, agir“,  est une première démarche en ce sens. Initié et soutenu par une dizaine de mouvements et services d’Eglise ; adressé gratuitement par le quotidien la Croix à tous ses abonnés, il a été dénoncé par le FN comme une ingérence inadmisible de l’Eglise catholique dans la vie politique Française.

 

 

7 comments

  • Merci pour cette note de lecture.

    Nota: la distinction wéberienne entre éthique de conviction et de responsabilité, que vous convoquez fréquemment, permet de sortir de l’idéalisme. Mais elle n’est pas l’alpha et l’oméga de l’éthique. L’éthique de responsabilité justifie aussi souvent la compromission que l’éthique de conviction l’idéologie.

  • Il y a peu, un institut de sociologie a fait état des écart considérables entre ressenti et réalité, sur ce sujet notamment : pour les Français il y aurait 31% de musulmans en France … ils sont 7%! Voilà sur quoi surfe l’intégralisme. Beurk, quelle Trumperie!

    Ma famille a vécu en Algérie, seule famille européenne d’un immeuble de quartier populaire, elle a été fort bien accueillie. Sachant que nous allions le dimanche à la cathédrale, il ne nous regardaient pas de travers, au contraire. On s’est senti avec certaines famille « de la famill ». Même accueil quand nous nous rendons au Maroc – ni en riad ni en hôtel à touristes – dans le bled !

    Oui il existe chez nous de rudes problèmes là où l’urbanisation des grands ensembles a dérivé sournoisement en gestion électoraliste. Ce député-Maire, suppléant d’un grand ministre, a accepté le transfert de plusieurs cages d’escaliers de familles africaines de la ville du ministre à la sienne, et ce n’est pas un cas isolé, et les villes qui continuent à ne pas avoir de logements sociaux (sauf réservés à certains proches du « clan ») existent encore.
    La réalité est plus complexe puisque les zones industrielles ne sont pas proches des « Neuilly, Biarritz, … »

    Dire « l’islam est responsable » en période préélectorale est une saloperie pour porter la société au rouge vif. Prétendre que l’islam est responsable est aussi bête que dire les américains sont responsables du 11 septembre … Si le journal (Valeurs Actuelles) de ce rédac chef se souciait des pauvres, cela se saurait. En réalité il se contente (au double sens du terme) de les utiliser : Beurk, quelle Trumperie!

    Les irakiens syriens, … venus se réfugier en Europe ne le font pas de gaieté de cœur, et encore moins pour nous enquiquiner: ils veulent seulement sauver leur vie -leur avenir- et celle de leurs enfants, et si nos pauvres souffrent c’est parce que des misérables utilisent ces pauvres pour faire leurs petites affaires !

  • Dîner l’autre soir. Mon hôte se plaint de la perte des valeurs chrétiennes
    – A bon? Et c’et quoi les valeurs chrétiennes ?
    – ……
    Mon hôte fût bien incapable de les définir et celles qu’il trouvait ( charité, amour du prochain etc.) allaient à l’encontre de sa crainte réelle : celle d’un monde musulman !

    J’ai par ailleurs, parlé avec des gens d’extrême droite, non chrétiens qui sont les premiers à vouloir défendre les valeurs chrétiennes. Sur quoi je leur répond que nous chrétiens sommes les premiers concernés et pouvons nous défendre nous-mêmes au cas où.

  • Je vous remercie pour cette analyse et de ces informations.
    l’Evangile est très clair: « J’étais étranger et vous m’avez accueilli » (Matthieu 25,35). Les Libanais (moins de 6 millions) ont reçu sur le sol plus d’un million de Syriens. Les Français (plus de 65 millions) ne peuvent pas accueillir généreusement quelques 50 milles Syriens ? Cherchons l’erreur. Sur quelles racines construisons-nous notre société ?

  • Merci pour votre réflexion sur cette question difficile.
    Sans négliger la complexité du contexte sociopolitique actuel, et donc la nécessité d’une réflexion réaliste comme vous y invitez, j’ai eu envie de partager avec vous et vos lecteurs une réflexion philosophique de Paul Ricoeur sur la question de l’identité que j’ai trouvée très éclairante. Il réfléchit notamment sur la différence entre identité profonde et identité d’appartenance, et il écrit :
    « Dès que nous commençons à fantasmer l’autre, nous découvrons cette inquiétante,
    attirante, fascinante étrangeté. On peut dire qu’avec la comparaison commence une
    sorte d’ébranlement et de menace. Et pourquoi ? Parce que l’identité profonde, celle qui
    correspond à la question « Qui suis-je ? », et que masque l’identité d’appartenance, se
    découvre tout d’un coup d’une incroyable fragilité. »
    Pour ceux qui sont prêts à lire les 11 pages (on ne perd pas son temps !), cf :
    http://www.ssf-fr.org/offres/file_inline_src/56/56_P_15501_1.pdf

  • C’est pourtant simple : il s’agit de se venger sur les autres (l’islam en l’occurrence, mais je suis persuadé que s’il n’y avait pas l’islam autre chose ferait l’affaire) de la perte de ses propres valeurs. Trump en est un exemple presque trop pur, parfait.

    Je suis étonné que cette analyse, qui pourrait être faite par tout le monde, ne soit faite par personne.

  • «Le drame de l’Eglise est que ses postures humanitaristes sur l’accueil de l’Autre ont fourni l’armature des discours de ceux qui sont acharnés à détruire ce que des siècles de chrétienté ont patiemment bâti.»

    Bon, c’est du charabia (pourquoi « humanitariste » et pas « humanitaire » ?…), mais c’est surtout d’une connerie monumentale. Je n’habite plus la France, mais dans la ville de province où j’habitais dans les année 2000 l’église de mon quartier était remplie d’Africains et d’Antillais… Les Français de souche, eux, préféraient le jogging. Ils ont maintenant, c’est vrai, une nouvelle distraction pour leur week-end : le mariage gay.

    Comment ce journaliste de Valeurs Actuelles peut-il être aussi dupe, aussi bête ? Est-ce qu’il ne s »agit que de répéter le discours politique à la mode pour obtenir des postes ? Ses affirmations se détruisent d’elles-mêmes quand on observe l’évolution de notre société. C’est bien évidemment nous, les Français, qui n’intégrons plus nos propres valeurs depuis longtemps, pas les immigrés qui les refusent (ils en refusent peut-être l’immonde perversion que nous leur en offrons, ça c’est bien possible).

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