Merci mes pères…

Que les prêtres du Rhône aient été invités par leur Conseil diocésain à offrir l’équivalent d’un mois de salaire en solidarité avec les victimes de la crise est une parole d’Eglise qui vaut bien des homélies.

Il est bon de rappeler ce qu’est aujourd’hui en France le salaire d’un prêtre : un peu moins que le Smic, 900 € mensuel s’agissant du diocèse de Lyon. On pourra faire valoir qu’ils sont, pour la plupart, logés et nourris et que ce salaire est en fait une indemnité destinée à couvrir leurs autres frais. Il n’empèche ! Je connais peu d’adultes, ayant atteint un tel niveau de formation, prêts à s’investir deux fois 35 h par semaine pour un tel salaire.

Cette réalité vaut aussi qu’on y réfléchisse avant de porter un jugement définitif sur notre vieille europe, en apesanteur spirituelle, qui n’aurait plus assez de générosité pour donner des prêtres à l’Eglise alors qu’en Afrique, en Asie, en Amérique latine… On connaît le refrain ! Il sonne faux ! Il ne m’appartient pas de juger de la sincérité des vocations dans ces jeunes Eglises du Tiers monde. J’observe simplement, qu’ici et là, devenir prêtre y représente une réelle promotion sociale, comme chez nous encore, avant-guerre mais plus aujourd’hui.

Peut-être cela explique-t-il aussi, ne fut-ce que pour partie, l’importance relative des vocations issues de milieux aisés où la famille peut, à l’occasion, payer la voiture ou quelque voyage à son « jeune prêtre ».  La réflexion est certes un peu iconoclaste mais non dépourvue de fondement.  Chacun peut en voir les conséquences possibles en termes de sur-représentation d’un certain milieu social dans le clergé. Or il arrive qu’avec les meilleures intentions du monde on puisse prendre pour paroles d’Evangiles ce qui n’est en fait que les valeurs de son milieu d’origine.

Chapeau donc, mes pères, d’oser ce geste et de passer outre la fausse humilité qui aurait conduit à le taire. Il me semble qu’une saine humilité consiste à s’accepter tel que l’on est avec ses qualités et ses défauts, non à s’abaisser d’une manière qui peut, paradoxalement, être à la fois masochiste et ostentatoire. Chapeau car ce geste nous invite à nous bouger nous aussi, laïcs catholiques, dans la foulée de l’encyclique de Benoît XVI.

4 comments

  • Ayant lu cette invitation à donner 900 euros, j’ai été un peu surprise? Les prêtres ont-ils besoin d’être sollicités pour partager? Nous laicsd avons tous les jours dans nos boites aux lettres des demandes de partage. La façon de solliciter me rappelle les « sacrifices » qu’on me demandait quand j’étais petite. Et cela me gêne. Lorsqu’on est Adulte on est capable de réfléchir par soi-même à ce qu’il faut faire ou pas. Je n’ai pas encore eu l’occasion de poser la question aux prêtres que je connais, mais je vais le faire.

  • J’entends bien la parole des Evangiles : que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite. Et je pense, qu’en effet, on peut se montrer solidaires sans y être explicitement invités. Mais il est des moments où poser un acte collectif peut avoir du sens. Je trouve en l’occurrence que l’initiative est heureuse. C’est ce que j’ai écrit dans mon blog. Chacun est libre de penser autrement.

  • Il est tjs bon d’attendre pour réagir à un article. En l’occurence le site du diocèse de Lyon a mieux expliqué le sens de la démarche collective. Combien auront répondu à cette invitation.Ns ne le saurons sans doute jamais;combien de chrétiens auront été mis au courant de cette démarche?

  • Je ne sais combien répondront ! Les médias ont donné quelque écho à cette initiative, mais un événement chasse l’autre. Mais je reste, pour ma part, sensible à l’argument acancé par la lettre du 14 octobre : « Nous voudrions adresser un signe à nos contemporains pour lesquels l’image de l’Eglise est souvent celle de la prédication et plus rarement celle d’une solidarité concrète. »

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