Pédocriminalité : l’Eglise « concernée » ou responsable ?

Pédocriminalité : l’Eglise « concernée » ou responsable ?

Les réticences de l’épiscopat à reconnaître la responsabilité collective de l’Eglise plombent leur appel à la solidarité financière. 

L’Assemblée plénière d’automne de la Conférence des évêques de France, qui vient de se tenir à Lourdes du 5 au 10 novembre était attendue avec un intérêt particulier. Outre le choix des dossiers abordés, toujours significatif des priorités retenues par les évêques, elle marquait surtout la prise de fonctions de la nouvelle Présidence, élue au printemps dernier. Nombre de commentateurs avaient alors retenu comme particulièrement significatif le « passage de relais » entre deux générations d’évêques. Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims âgé de 57 ans succédant à Mgr Georges Pontier, de dix-neuf ans son aîné, désormais archevêque honoraire de Marseille. Ce « coup de jeune » étant encore renforcé chez les vice-présidents : Mgr Dominique Blanchet, évêque de Belfort-Montbéliard (53 ans) et Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Amiens (56 ans).

L’écologie intégrale : les évêques ouvrent le dialogue

De cette « première » les grands médias nationaux ont surtout retenu l’invitation faite à deux fidèles par diocèse (le plus souvent des laïcs) d’accompagner leur évêque à Lourdes pour participer aux deux premières journées de la rencontre, consacrées au défi de l’écologie intégrale. Un thème de travail que les évêques ont inscrit à leur agenda pour trois ans. Cette expérience synodale, à ce jour inédite, a permis d’associer dans une même réflexion évêques et fidèles – souvent jeunes – engagés dans ce défi écologique, dont six ont pu s’exprimer en séance plénière devant l’ensemble des participants. (Voir résumé vidéo) Une heureuse innovation qui pourrait devenir la marque durable d’une vision renouvelée des Assembles plénières. 

Dans son discours de clôture du 10 novembre, le Président de la CEF est longuement revenu sur l’enjeu de cette mobilisation. Reprenant à son compte le constat dressé par le pape François dans son encyclique Laudato si’ : « Nous Occidentaux, réalisons que le mode de développement que nous avons construit depuis l’industrialisation mais plus encore depuis la fin de la deuxième guerre mondiale a épuisé la planète. Il ne pourra certes pas être étendu à tous les peuples de la terre et il ne pourra durer très longtemps dans nos pays eux-mêmes. » Saluant la force de témoignage des intervenants, il a poursuivi : « Nous restons impressionnés par les conséquences qu’eux en ont tirés pour vivre d’une manière qui soit bénéfique pour la planète et pour l’ensemble de l’humanité. Ils nous ont fait sentir l’urgence des changements nécessaires aussi bien dans nos habitudes quotidiennes que dans les grandes orientations de nos sociétés. Ils nous ont persuadés que la conversion méritait d’être vécue, même si l’humanité entière ne s’y engageait pas. »

Occasion pour évoquer, dans ce même discours, le récent synode sur l’Amazonie, en présence de Mgr Emmanuel Lafont évêque de Cayenne qui revenait de Rome où il avait participé aux travaux ; pour appeler à l’estime et au soutien à l’égard du monde agricole confronté à une mutation radicale des modes de production ; pour interpeller les pouvoirs publics tant sur l’enjeu de réformes sociétales qui ouvrent sur « un vaste marché de la procréation » que sur le projet de quotas en matière d’immigration « qui donnent l’impression que notre pays va aller prélever dans les autres les forces vive dont il a besoin. » 

Pédocriminalité : une certaine confusion

Sans être réellement nouveau, le discours est ferme. Mais sera-t-il entendu au-delà du seul cénacle des communautés catholiques ? La question vaut d’autant plus d’être posée que le dossier sur la pédocriminalité dans l’Eglise, particulièrement sensible, est venu jeter le trouble. A huis clos, le 7 novembre, les évêques ont entendu un premier rapport d’étape de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (CIASE) dont ils avaient voté la création il y a un an, de la bouche même de son président, Jean-Marc Sauvé. Dans cette intervention il a fait part du sentiment « d’effondrement » des membres de la commission, à l’écoute de certains témoignages, parmi les 2 800 cas qui se sont fait connaître. Le rapport final, on le sait, n’interviendra qu’en 2021. De même les évêques ont-ils pris connaissance de l’avancée des groupes de travail sur le nécessaire « maintien de la mémoire » à propos de toutes ces affaires de pédocriminalité, de prévention, d’accompagnement des prêtres mis en cause et enfin de définition d’un « geste financier » à l’égard de toutes les victimes. Et c’est là que le bât blesse. 

« Nous avons compris que les personnes victimes ne demandaient pas de compassion, ni de compensation de leurs souffrances. Elles veulent la vérité. » a déclaré Mgr Eric de Moulins Beaufort dans son discours de clôture. Le constat est pertinent et rend d’autant plus incompréhensibles les mesures annoncées concernant le versement d’un « somme unique et forfaitaire » à toutes les victimes reconnues qui en feraient la demande. « Cette somme d’argent proposée n’est ni une indemnisation qui dépend de la justice de notre pays ou de la justice canonique ni une réparation. Elle vise à reconnaître que la souffrance des personnes victimes tient aussi à des manquements d’ordres divers au sein de l’Église. » peut-on lire dans une déclaration solennelle. Son montant (qui ne devrait pas excéder 5 000 €) et ses modalités de versement seront soumis aux évêques lors de la session de printemps de l’Assemblé plénière, en avril prochain. Le financement de cette mesure pourrait être assuré en partie par un appel au don des fidèles. 

Vous avez dit « responsabilité » ? 

Double malaise : pourquoi autant de précipitation dans le versement d’une somme forfaitaire qui, de toute manière, sera symbolique, alors-même que le rapport Sauvé, qui aurait pu fournir une sorte de préambule, n’est attendu que pour 2021 ? Et pourquoi cet appel au soutien financier des fidèles alors même que ces dérives criminelles ne leurs sont pas imputables, mais aux clercs ? J’ai entendu, le 9 novembre dans son « point presse », Mgr de Moulins Beaufort évoquer le silence (coupable) des familles, la responsabilité collective de l’ensemble du corps ecclésial. On peut entendre l’argument. Mais quel sens peut bien avoir cet appel à une co-responsabilité pécuniaire alors que dans leurs déclarations, les évêques eux-mêmes se disent certes « engagés » (Mgr de Moulins Beaufort) par ces affaires mais sans que le mot « responsable » ne soit prononcé à aucun moment ? De peur, sans doute, que cette « responsabilité » s’ils l’admettaient ouvertement, ne se retourne juridiquement contre eux. Mais du coup le message devient totalement incompréhensible. 

Les évêques ne seraient-ils responsables qu’à titre individuel, pour leur seul diocèse et pour la seule durée de leur mandat épiscopal ? Ce qui équivaut à faire porter, le cas échant, le poids de la faute à leurs prédécesseurs et eux seuls ? Belle solidarité dans la « succession apostolique » dont ils se réclament ! N’y a-t-il donc aucune instance pour assumer une responsabilité morale collective au nom de l’Eglise et de l’institution directement mise en cause par le pape lui-même ? Et pourtant, n’est-ce pas là le préalable nécessaire à tout appel à la solidarité des fidèles ? Le 12 mars 2000, dans son homélie pour la journée du pardon, à l’occasion de l’année sainte, Jean-Paul II déclarait : « En effet, « en raison du lien qui, dans le Corps mystique, nous unit les uns aux autres, nous tous, bien que nous n’en ayons pas la responsabilité personnelle, nous portons le poids des erreurs et des fautes de ceux qui nous ont précédés » (Incarnationis mysterium, n.11).

Des associations de victimes que l’on consulte sans les entendre vraiment

Le sentiment dominant, concernant ces affaires de pédocriminalité, est encore qu’au delà de quelques engagements collectifs a-minima arrachés par la CEF à un collège épiscopal fortement divisé sur cette question comme sur bien d’autres, chaque évêque entend gérer la chose en toute indépendance, en fonction de son « opinion publique » diocésaine. C’est-à-dire, bien souvent, une majorité de fidèles lassés de tous ces déballages qui, pensent-ils, ne les concernent pas directement et un clergé exaspéré de se savoir l’objet potentiel de toutes les suspicions. Gestion « ad intra » d’une crise majeure qui demanderait toute transparence vis-à-vis de la société. Gestion qui met en porte à faux celles et ceux qui, depuis des années, dans l’Eglise, s’épuisent à jouer les médiateurs entre la société civile, en droit de demander des comptes, et une institution qui semble ne toujours pas prendre la mesure des enjeux. 

Le temps de l’Eglise – autant dire l’éternité – n’a jamais été le temps commun. Mais à trop tergiverser et vouloir se situer en surplomb des associations de victimes que l’on consulte sans les écouter vraiment, l’institution prend le risque de se retrouver demain en porte à faux lorsque la commission indépendante qui, elle, semble prendre ses interlocuteurs au sérieux, révèlera publiquement l’étendue du désastre.

162 comments

  • Même question, et même réponse, a propos de vouloir rendre l’homosexuel(le) abstinent(e).
    Liste « à la Prévert: énigme des eunuques, ambiguïtés pauliniennes, compréhension malsaine de la Genèse, dérive de mots et d’idée venues du monde grec, mariologie. Jusqu’ici, tous ceux et celles qui ont alerté sur la misogynie de l’institution sont morts avant de voir quelque effet sérieux, et le maximum a été fait pour qu’ils soient oubliés. Ces dernières années ont vu les fillettes vouée à l’accueil et les garçonnets à l’autel, et des parents accepter cela. Andr Vint-Trois s’est fendu d’un blagounette en réponse à la question d’un journaliste « des femmes-prêtres? »Honteux.
    Lueur d’espoir avec François, Reinhard Marx, le synode amazonien et quelques autres qui ont grandement besoin de ne pas rester seuls parmi les loups. En ce sens, je me sens responsable. Sans nous qui percera ce puissant abcès?
    Des discours académiques de Moulins-Beaufort long et soporifiques, je n’attends rien. Le temps de l’éternité, François Mauriac en parlait un peu comme vous faites René, c’était en 1943-44 après avoir écrit « il faudrait que tout le vieux système saute » ajoutant qu’il faudrait attendre la grâce. La grâce, mais c’est nous et pas le bla bla.

    • Qu’est-ce que vous seriez heureux si la Commission Sauvé avait reçu des dizaines de milliers de témoignages et non pas 2800 ,chiffre scandaleux il n’est pas question de le nier, mais c’est loin d’être le tsunami tant espérer par certains.
      oui;cent fois oui, l’Eglise-institution connait une crise d’une immense gravité…mais elle en a connu d’autres et en connaîtra d’autres de façon certaine, mais lorqu’on est chrétien catholique on sait absolument que dans l’Eglise il existe ds personnages fort peu recommandables mais que ce n’est pas çà qui compte en priorité.

      • Vous affirmez « lorsqu’on est … ». On est très différent.
        A moi la vie a appris qu’au contraire et quel qu’en soit le prix, il faut s’opposer à la pente de l’excuse qui, en actes et en pensées, aide les loups à conduire les moutons à l’abattoir. Être ou non chrétien catholique n’a pas d’importance car il y eut et aura toujours des courageux, des téméraires, des lâches, des arrivistes, des naïfs, des aristos, des hommes de peu … Chacun est responsable de ses choix et ,ici, le votre est fade à mes yeux.
        Deux citations devises:
        … les gens qui aiment ne doutent de rien, ou doutent de tout (Balzac, Une ténébreuse affaire.
        L’honneur, laissons-le à qui le voudra, mais le danger, la peine, réclamons-les toujours (Charles de Foucauld, le jour de sa mort)

        • « Il faut s’opposer à la pente de l’excuse » : entièrement d’accord.

          L’excuse et la désinvolture sont autant de droites de plus grande pente…
          Entre la désinvolture et le discernement, à chacun de choisir.

        • «Combattre le désinvolte car il est porteur de possible tragédie en ne prenant pas au sérieux la gravité du lien, sa place et en en prenant à son aise avec la vérité. L’étymologie apprend que le mot vient de l’italien desinvolto qui signifie développer, dégager. Littéralement la désinvolture serait l’action de dégager. Opter pour la désinvolture, c’est se dégager de devoir répondre de soi, de ses jugements et de ses conduites devant le vrai. » (Véronique Margron, « Un moment de vérité », Ed. Albin Michel, p.120-121, voir ci-dessous)
          http://www.aquarelles-expert.be/DESINVOLTURE.pdf

      • « Voilà ce qui justifie pleinement le travail de la Miviludes [Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires]. Car sa force, c’est justement d’être une structure transversale, qui peut entendre la plainte des victimes d’abus de pouvoir, qui souvent ne savent pas à qui s’adresser. Car le fonctionnement sectaire ne relève pas d’abord du champ religieux, mais bien du champ politique, puisqu’il s’agit toujours d’une entreprise qui vise un pouvoir totalitaire. » (Sr Véronique Margron, rcf.fr, 12/11/2019, voir ci-dessous)
        https://rcf.fr/la-matinale/la-miviludes-et-les-derives-sectaires

  • Personnellement, je trouve cela super que les victimes des curés puissent toucher un peu d’argent qui leur permettra d’acheter des actions de La Française des jeux, avec les sous que le bon peuple chrétien aura remis à la quête pour financer l’opération plutôt que distribuer aux pauvres, comme il est dit dans l’Évangile. Malheureusement Jésus n’avait pas prévu la pédophilie des curés. Comme quoi le côté omniscient a quand même des défaillances…

    Par ailleurs j’admire votre optimisme dans cette phrase « le temps de l’église, autant dire l’éternité… ». Certes, vous ne serez pas contemporain de sa disparition, mais Les générations futures… probablement ! Remarquez ça risque d’être au profit de l’islam… de Charybde en Scylla en quelque sorte…

    Oui je sais, encore un commentaire qui va vous agacer… Avec ma sympathie toutefois, et croyez qu’elle est sincère, malgré les apparences… je vous tiens pour ce qu’on appelle communément « un homme de bonne volonté »…

  • René,
    Je suis globalement d’accord avec toi, mais sous une seule réserve !
    L’église ce n’est pas les clercs, mais tout le peuple de Dieu, donc tous les chrétiens ,quelle que soit leurs fonctions au sein de « l’institution. » N’oublions pas que cette « institution » s’est construite au fil des siècles avec l’assentiment des chrétiens de chaque époque.
    Je ne suis donc pas choqué que « l’institution » face un appel au peuple de Dieu pour financer la mesure adoptée.
    Quant à la notion de « responsabilité collective » je suis d’accord, elle mériterait d’être clairement affirmée et ce qu’elle qu’en soit les conséquences juridiques et financières.

    Un blog comme le tien, à condition qu’il soit lu par les évêques et les prêtres ne peut que contribuer à un renouveau de l’institution, et il est nécessaire pour nous tous.

    Merci

  • Ce qui me désespère c’est de constater une fois encore comment des hommes de bonne volonté se révèlent collectivement incapables de transcender et de dépasser une logique institutionnelle anachronique inapte à appréhender les questions telles qu’elles se posent .
    En effet , cette décision de « reconnaissance  » de la souffrance des victimes cherche à éviter celle de la reconnaissance de la responsabilité de l’institution ecclésiale dans l’organisation d’un silence forcément complice qui a aggravé cette souffrance en l’ignorant ou en voulant la nier .
    Cette décision est donc irresponsable .Elle est en plus inconsciente car elle donne une réponse avant même que la question soit pleinement circonscrite par la CIASE qui voit son travail court circuite et donc sa méthode visant d’abord à établir la réalité matérielle des faits, discréditée .
    Enfin demander aux laïcs baptises qui sont totalement étrangers à la gouvernance
    de l’institution ecclésiale d’endosser par leur contribution une responsabilité qui n’est en aucun cas la leur , confine à l’indécence.
    Si nos évêques étaient des cyniques assumés cette décision serait aussi logique que moralement criticable .Mais la plupart d’entre eux sont des hommes de bonne volonté qui sont inaptes à un discernement critique vis à vis du fonctionnement structurel d’une institution à laquelle ils s’identifient .totalement .

    Comment alors ne pas désespérer d’une institution ecclésiale en plein naufrage .?

  • « la souffrance des personnes victimes tient aussi à des manquements d’ordres divers au sein de l’Église. » (cf. déclaration solennelle de Mgr Eric de Moulins Beaufort)

    Au lieu de se préoccuper de la souffrance des victimes, c’est la responsabilité des auteurs de viol qu’il était impératif de souligner et de mettre en avant.
    Et même en s’autorisant de commettre pareille inversion, Mgr Eric de Moulins Beaufort reste dans le flou : « tenir aussi à », « des manquements », « d’ordres divers ».

  • Cher René, j’approuve votre analyse. Dans le monde de plus en plus étroit de l’entre-soi catholique, l’emploi du sophisme pour éviter de se prendre la réalité gigantesque de la crise des abus en pleine figure, abus de ceux qui les ont commis et de ceux qui les ont couverts, se généralise jusqu’à l’absurde.

    C’est ainsi qu’on entend que l’Eglise est dans la Passion. Quelle infâmie de faire une telle comparaison avec l’innocence absolue de Jésus alors que ce sont des évêques et des prêtres qui ont commis ces actes et les ont couverts au point qu’une des premières prises de parole de Mgr de Moulins-Beaufort avait été d’en reconnaître la portée « systémique ». Cela avait éveillé l’espoir que la prise en compte de la crise avancerait enfin.

    Et puis Lourdes arrive et flop, flop, flop. Il s’agissait de sauver l’Eglise en France et voilà qu’il ne s’agit plus que de sauvegarder les associations diocésaines et leurs économes. Nos évêques qui sont censés voir en avant pour mieux conduire le peuple croyant qui leur est confié nous sortent des raisonnements de comptables et d’épiciers quand on attendait d’eux une parole salvatrice. En cherchant à sauver leurs petites féodalités au détriment du bien spirituel commun, ils ne se rendent pas compte qu’ils vont tout perdre, peu à peu.

    Tel évêque qui n’aura bientôt plus que 15 prêtres pour son diocèse rural n’en dépense pas moins plusieurs millions d’euros pour son seul évêché. Et s’il était le seul. Quand une institution va s’effondrer, elle bâtit, c’est un fait historique. Les petits monseigneurs à courte vue choisis par le nonce, aux fesses tâtées comme des melons, vont devoir constater la baisse du denier et dans quelques années, contraints et forcés, en arriver à la fusion de leurs diocèses. Leur féodalité ne pourra se maintenir qu’à ce prix.

    Mais, dira-t-on, vous êtes si exigeant, que doivent-ils faire ? C’était pourtant bien simple d’être à la hauteur. Il suffisait de se demander où se trouvait le Christ. Et on peut dire sans risque d’erreur qu’Il est avec les victimes. Alors, mes petits seigneurs, que faites-vous donc à côté de vos coffres ? Faites attention que ce ne soit Jésus lui-même qui ne mette en pratique sa parole, ll en serait bien capable, et qu’il ne vous mette une de ces meules de moulins au cou pour vous précipiter au fond de la mer. Sauf si vous acceptez d’ouvrir les yeux et les oreilles, que vous voyiez et vous écoutiez enfin ce que les victimes d’abus vous disent et non pas ce que vous en interprétez.

    Pourquoi continuer à avancer de biais alors qu’il vous faut marcher droit, de face et courageusement ? La réconciliation avec le peuple de France se ferait alors rapidement : ils ont mis le temps, se dirait-on, mais enfin, ça y est, ils ont compris et ils agissent. C’est ce que vous pouviez faire à Lourdes et vous avez, une fois de plus, manqué l’occasion. Nous continuerons donc à vous attendre, avec Jésus et le reste du peuple. Ubi victimae, ibi Jesus. Là où sont les victimes, là se trouve Jésus. Et même si Jésus va vous faucher votre porte-monnaie, selon son habitude, il fera de vous ce que vous n’auriez jamais dû cesser d’être, des successeurs d’apôtres plutôt que des mauvais gérants de la succession dite des apôtres. Normalement, ce sont les pasteurs qui sont en tête du troupeau. Et là, c’est tout le troupeau et Jésus qui attendent les bergers. Revenez vite. Soyez ce que vous n’auriez jamais dû cesser d’être. Vous serez vite pardonnés.

    Mais attention, si vous tardez, ça n’est pas le troupeau qui sera attaqué par le loup cette fois, mais vous-mêmes. Somme toute c’est votre intérêt de vite le comprendre et de régler avant tout autre question, même légitime, cette crise des abus et de leur couverture qui détruit inexorablement la crédibilité de l’Eglise. Rappelez-vous, Jésus : et les vaches seront à nouveau bien gardées.

    Merci donc cher René de dire ces vérités et merci d’accepter les réflexions qu’elles me suscitent en écho. Fraternellement et amicalement.

    • « cette crise des abus et de leur couverture qui détruit inexorablement la crédibilité de l’Eglise » : je suis du même avis.

      Hélas, la « désinvolture » de ceux qui ne voient dans cette crise qu’un « détail de l’histoire » ne les aide en rien à s’en convaincre.

    • L’institution ecclésiale , du fait de son concubinage avec le politique inauguré avec Constantin, a oublié un principe fondamental de l’Israël antique .On ne peut pas être simultanément roi et prophète . -Le roi assure l’unité de la communauté a tout prix y compris en piétinant la finalité de cette communauté .La cohésion devient une fin en soi au détriment de la mission
      – Le prophète rappelle à temps et à contretemps l’exigence de la mission y compris en s’opposant au roi .Ce qui lui vaut d’être précipité du haut des murs de Jérusalem quand son message fragilise l’unité .
      Aujourd’hui comme hier l’évêque ne peut pas remplir ces deux missions qui ne peuvent pas être confiées à la même personne .
      Ayant oublié ce principe , la logique de l’institution ecclésiale est paradoxale .Ne nous étonnons pas alors que nos évêques ne soient que des administrateurs plus ou moins habiles , plus ou moins compétents ayant pour seule motivation la pérennité de l’institution à laquelle ils s’identifient totalement. A ce titre , quoi qu’on pense de l »attitude de Ph Barbarin , il a fait avec zèle ce que l’institution attendait de lui .C’est quand elle prétend avoir le monopole de l’annonce de l’Évangile que l’institution ecclésiale qui n’est pas la totalité de l’Eglise est mensongère .

  • « Je ne suis pas opposé à ce que l’on demande au peuple de Dieu de se cotiser, mais à la condition que les clercs martèlent : « C’est notre faute, nous ne pouvons pas payer et, à grande honte, nous sommes obligés de vous solliciter. » Il faudrait que cela soit dit comme ça !

    Il ne faudrait pas mettre sur le même plan la responsabilité de familles silencieuses et celle de clercs prédateurs. » (réponse de François Huguenin, recueillie par Xavier Le Normand, La Croix, 11/11/2019, voir ci-dessous)
    https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Pretres-pedophiles-responsabilite-systeme-clerical-doit-etre-rappelee-2019-11-11-1201059733

  • « Les actes de pédophilie sont abominables. Le bon développement des enfants relève de la responsabilité des adultes. Abuser d’eux est criminel. On ne le dira jamais assez. Et pourtant, c’est ce qu’ont fait des prêtres à travers le monde, trahissant la confiance qui leur était donnée en raison de leur fonction d’autorité religieuse. »

    « Les tentatives de relativiser ces affaires en disant que la majorité des actes de pédophilie se déroulent dans les familles, comme dans les institutions scolaires ou dans d’autres religions n’enlèvent rien à l’ignominie de ces actes. Les fautes des uns n’excusent pas les fautes des autres, surtout de la part de ceux qui se sont engagés dans le célibat consacré et qui ont reçu la mission d’annoncer l’Evangile. »

    « Ainsi donc il faut bien affronter aujourd’hui l’indéfendable. »

    « Ne nous étonnons pas aujourd’hui de l’explosion médiatique qui est à la hauteur de l’incohérence abyssale des actes et des paroles dans le contexte actuel d’exigence d’authenticité. D’autant que l’Eglise se veut la gardienne la plus stricte des comportements sexuels. »

    « Nous sommes ainsi devant une des crises morales les plus graves de l’Eglise, qui devrait lui rappeler l’humilité de notre commune et mystérieuse humanité. Nous devons aussi nous demander comment des prêtres et des religieux ont pu en arriver là et pourquoi la hiérarchie n’a pas su réagir à temps. » (Robin Person, theabstraction.org, 8/10/2017, voir ci-dessous)
    http://theabstraction.org/le-scandale-de-la-pedophilie-dans-leglise-catholique/

  • 1/ Deux laïcs par diocèse. Comment ont-ils été choisis? Quelle place leur a été laissée dans les débats? Quand à leur place dans les médias, on connait la réponse!
    2/ Quels évêques utilisent la minuscule possibilité qui leur est laissé -et à eux seuls- d’ouvrir à des filles la possibilité de servir à l’autel? C’est en 2004 que la congrégation pour la doctrine de la foi de JR a posé de gros verrous pour mettre fin à cette pratique: n° 47 et note 122, https://fr.wikipedia.org/wiki/Servant_d%27autel#Le_cas_des_filles. Comment François pourrait-il recevoir servants et servantes d’autel à Rome l’an prochain sans avoir mis ces textes à la poubelle?
    3/ Merci à René et à Pierre Vignon en particulier pour votre réflexion sur construire la veille de sa mort.

    • Jean-Pierre,

      J’ai du mal à comprendre vos remerciements formulés bizarrement ainsi : « …pour votre réflexion sur construire la veille de sa mort. »

      Quant à moi, je remercie le Père Pierre Vignon de s’exprimer clairement comme suit :
      « Nos évêques qui sont censés voir en avant pour mieux conduire le peuple croyant qui leur est confié nous sortent des raisonnements de comptables et d’épiciers quand on attendait d’eux une parole salvatrice. En cherchant à sauver leurs petites féodalités au détriment du bien spirituel commun, ils ne se rendent pas compte qu’ils vont tout perdre, peu à peu. » (Père Pierre Vignon, voir ci-dessous)

      « Pourquoi continuer à avancer de biais alors qu’il vous faut marcher droit, de face et courageusement ? La réconciliation avec le peuple de France se ferait alors rapidement : ils ont mis le temps, se dirait-on, mais enfin, ça y est, ils ont compris et ils agissent. C’est ce que vous pouviez faire à Lourdes et vous avez, une fois de plus, manqué l’occasion. » (Père Pierre Vignon, voir ci-dessous)
      https://www.renepoujol.fr/pedocriminalite-leglise-concernee-ou-responsable/comment-page-1/#comment-97504

      • Désolé pour l’absence de guillemets à « construire la veille de sa mort ». Pierre Vignon rend compte ainsi d’un indice matériel actuel et d’un fait historique: « Tel évêque qui n’aura bientôt plus que 15 prêtres pour son diocèse rural n’en dépense pas moins plusieurs millions d’euros pour son seul évêché. Et s’il était le seul. Quand une institution va s’effondrer, elle bâtit, c’est un fait historique. »
        Ce fait historique renvoie aux monumentaux bâtiment monastiques du second XVIII ème, construits pour quelques dizaines de moines, et aux remplacement d’églises rurales par de vastes nefs durant le second XIX ème, et alors que l’exode rural était en cours. A chaque fois, ces signes matériels de vitalité ont précédé une crise majeure, les révolutions démocratiques fin XVIII ème, la crise moderniste fin XIX ème.

    • « la doctrine de la Foi de JR »
      Diable en2004 .L ‘ignoble JR de Dallas était donc à la tête de la congrégation pour la doctrine de la foi????
      Quelle fantastique nouvelle!!!

      • Comme vous savez que JR est devenu pape en 2005, je ne comprend pas ce qui ressemble à un sarcastme. Que voulez-vous dire quant au fond?

    • Les deux laïcs qui accompagnait leur évêque ont été choisi par l’évêque et non par les communautés chretiennes .Donc et c’est logique ils ont servi à conforter et mettre en valeur la posture de l’évêque . A leur place j’aurai choisi un membre de mon fan club pour dire combien mon action pastorale est remarquable et une  » bonne « victime d’un prêtre pedo criminel ,(c’est à dire quelqu’un qui ne remet pas en cause la structure clericale) , pour signifier que je suis à la lettre les directives sur ce sujet et que je fais preuve d’une compassion autorisée envers les victimes qui ne risque pas de questionner le caractère systématique de la pedocriminalite clericale .Ces deux accompagnateurs pouvaient en effet servir à faire une bonne opération de communication pour mon diocèse .Il n’y a pas de petit profit dans la gestion prudente d’une carrière ecclésiastique.
      Je précise que cette manifestation de mon mauvais esprit n’ a aucun rapport avec une situation existante ou pouvant exister .

      • Guy, toujours un peu caricatural. Et je pourrais vous décrire, de la même manière, l’élection des deux délégués par « les communautés » selon un principe démocratique que Staline n’aurait pas démenti. Il est des paroisses de ma connaissance où les laïcs n’ont rien à envier aux clercs en matière de cléricalisme.

        • A René , vous avez raison, et la désignation par les laïcs de leurs représentants n’est pas en soi une garantie .Tout dépend effectivement de la procédure de désignation .
          Je voulais juste insister sur l’occasion manquée de signifier que l’Eglise c’est aussi le peuple des baptisés et que lui demander de désigner lui même ses représentants aurait permis de signifier fortement que les évêques reconnaissaient les fidèles comme des partenaires adultes et responsables pour »reparer ensemble »l’eglise et restaurer la confiance , mise à mal par leur silence coupable sur la pedocriminalite des clercs. Meme le plus cynique des évêques aurait pu trouver un intérêt à cette approche .

  • « Depuis plusieurs mois, l’appellation de cette réparation a donné lieu à un débat sémantique apparemment byzantin, mais qui reflète en réalité une question de fond : l’Eglise catholique se reconnaît-elle une responsabilité, en tant qu’institution, dans les violences sexuelles commises par des clercs sur des enfants au cours des dernières décennies ? » (Cécile Chambraud, Le Monde, 8/11/2019, voir ci-dessous)
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/08/pedophilie-a-lourdes-l-eglise-debat-de-sa-responsabilite_6018525_3224.html

  • Dans la préface du livre de Rene , Robert Scholtus souligne combien René aime son église et souligne à juste titre qu’il faut beaucoup de bienveillance pour ne pas désespérer d’elle en ce moment .Sans aucunement douter du courage et de l’espérance qui motivent l’ecriture de ce livre , je m’interroge sur l’expression « aimer l’église  » Peut on aimer une institution qui est une entité impersonnelle .En ce qui me concerne j’aime (et il ne s’agit pas ici de la dimension sentimentale du fait d’aimer ) des personnes concrètes qui constituent l’eglise ..Je suis très proche et estime profondément au moins d’un évêque alors que je suis en désaccord avec la plupart des décisions récentes du collectif episcopal. Je respecte profondément l’engagement de catholiques que je connais quand bien même celui ci s’incarne dans des mouvements qui se situent aux antipodes de la définition de ma foi au Christ (renouveau charismatique par exemple ) J’aime, estime et respecte des personnes , des clercs comme des laïcs, des hommes et des femmes aussi différents de ma sensibilité croyante soient ils .Mais vis à vis d’une institution fut elle l’eglise , mais liens sont d’un autre ordre .Celui de la confiance que je ne lui accorde plus au vu des positions individuelles et collectives et du comportement des évêques notamment sur cette question de la pedocriminalite qui a (définitivement?)rompu ce lien .

    • Aimer l’Eglise, c’est, selon moi, – et sans doute est-ce là ce que suggère Robert Scholtus – intégrer le fait qu’on n’est pas chrétien tout seul, voire avec quelques autres que l’on se choisit « comme amis » alors que la fraternité s’impose à nous du fait même de notre commune filiation. Même si, comme dans toute fratrie, on peut se sentir plus d’affinités avec les uns qu’avec les autres. Aimer l’Eglise c’est admettre que sans son existence – qu’il faut savoir différencier d’une forme historique de césaro-papisme – le message de l’Evangile ne serait pas parvenu jusqu’à nous. Aimer l’Eglise c’est poser pour principe que transmettre ce qui nous est le plus cher – notre adhésion aux Evangiles et à la personne de Jésus – n’est sans doute possible qu’au travers d’une Eglise instituée, quels qu’en soient les contours, qui nous survivra. Si nous vivons notre foi en solitaires, et même si elle éclaire notre vie jusqu’à notre dernier souffle, qu’adviendra-t-il de ce « feu » après notre mort ? Aimer l’Eglise c’est se dire qu’on ne change vraiment que ce qu’on aime. Et que si nous croyons à la parole du Christ « je suis avec vous jusqu’à la fin du monde », encore faut-il se donner les moyens pour que ce « vous » devenu « nous » soit un minimum organisé pour perdurer. Au regard de cette évidence les crimes et lâchetés de l’institution, au travers des siècles et aujourd’hui encore, si elles sont pour moi cause de souffrance, ne peuvent suffire à me pousser hors de l’Eglise. Je suis citoyen Français et n’imagine pas, pareillement, renier ma nationalité et remettre mon passeprot parce que je serais en désaccord avec des politiques que je réprouve, avec des groupes dont je combats les idées…

      • J’adhère complètement à votre profession de foi .Ce qui nous différencie est sans doute le degré de confiance que nous accordons à la dimension institutionnelle de l’Eglise ..Votre génération a vu l’église être capable d’un aggiornamento extraordinaire avec Vatican II .La mienne a constaté un retour en arrière surprenant par sa rapidité .
        Ayant servi l’Etat pendant 40 ans , je connais la nécessité des médiations institutionnelles et leur rôle fondamental , aussi imparfaites soient elles, pour que nous vivions sereinement , paisiblement et aussi fraternellement que cela est possible .Mais contrairement à l’institution ecclésiale qui se prétend l’Eglise , l’État ne prétend pas être la nation et reconnaît la légitime distance entre ces deux entités qui est l’espace de nos libertés .
        Je me situe dans cet espace refusé entre l’Eglise et l’église n’ayant plus aucune confiance dans l’église institution qui a trompé et méprisé et qui persiste dans cette attitude (cf les décisions de a dernière’A G de la CEF) les catholiques de base , engagés dans l’église, dont je suis .Une position inconfortable et dans laquelle on se retrouve sans l’avoir voulu ; de même nature , mutatis mutandis que celle des dissidents du bloc de l’est avant son implosion . Je ne quitterai pas l’Église à qui je dois de m’avoir transmis la foi au Christ , Je ne peux plus être solidaire de son institution dont le fonctionnement structurel (indépendamment des hommes qui la composent) voile plus qu’elle n’annonce le Dieu de Jesus Christ par son arrogance et ses compromissions . Chacun d’entre nous, dans nos moments de lucidité reconnaît qu’il est perfectible , les institutions humaines elles même reconnaissance qu’elles doivent évoluer. L’institution ecclésiale continue à se croire une « société parfaite  » comme elle se définissait elle-même avant Vatican II . Ma génération aura vu l’eglise faire une révolution complète (à 360 degrés )et donc revenir à son point de départ d’avant Vatican II . De quoi malmener l’espérance raisonnable que l’on souhaiterait conserver envers son institution .

      • Si le Père a tant permis que l’Eglise perdure, c’est qu’il y avait une bonne raison ! Je suis gnostique (pour ceux qui ne le sauraient pas) mais je suis chrétienne avant tout, et je vois les églises catholiques comme des « phares » dans des villes ou des villages, où peuvent venir s’éclairer intérieurement et se réchauffer spirituellement des êtres qui se trouvent – ou pas – dans l’obscurité de leur vie, et de leur ville. Le dogme c’est autre chose.

        Quand on voit les églises en Amérique Latine, c’est incroyable de constater que les gens y rentrent et sortent en permanence, elles sont bondées à tout moment de la journée (un peu comme l’était la Mosquée des Omeyyades à Damas, avant la guerre). Et ce ne sont pas des touristes mais des fidèles.

        Si l’Eglise s’éteignait, que deviendraient tous ces gens ? Ce serait la fin du monde pour de bon.

        • Comme le dit A Rouet , l’Église est
          bien vivante .Encore faut il se donner les moyens de le discerner . Elle a su , au cours de son histoire s’adapter aux contextes historiques , sociologiques et politiques dans lesquels elle devait annoncer l’Évangile (cf les paradigmes de H Kung) Aujourd’hui le paradigme médiéval sur lequel repose encore l’organisation de son institution , ne fonctionne plus . Mais il reste absolutise par les clercs qui l’assimilent à la réalité de l’Église toute entière et se crispent pour le maintenir à tout prix . Le désintérêt pour le sacerdoce ministériel dans sa forme actuelle, la fuite des fidèles, les dérives et abus de pouvoirs ne questionnent toujours pas leurs certitudes du bien fonde de cette forme médiévale d’église qui serait « voulue par Dieu » et sacralisée à ce titre . L’Eglise vit , les témoins de l’Évangile sont nombreux , mais l’institution ecclésiale, ne veut ni ne sait les voir parce qu’ils n’entrent pas toujours dans son propre cadre qu’elle a sacralisé .Tant pis pour elle .Laissons les morts enterrer leurs morts .En christianisme la seule condition du salut est le soin accordé à son prochain ( J Moingt ) Tous ceux qui vivent selon ce précepte constituent l’Eglise .Et elle est
          bien vivante , je le constate tous les jours , n’en déplaise à ceux qui veulent l’enfermer dans leur modèle étroit et anachronique pour le seul motif qu’ils y exercent le pouvoir . Au vu des abus criminels qu’ils ont laissé s’y développer, leur discours est définitivement disqualifié .Un autre modèle d’église est possible , je veux toujours croire qu’il prendra forme le moment venu .

          • Oui je suis entièrement d’accord avec vous mais il n’empêche que c’est aussi ce clergé qui maintient ces bâtiments debout, avec des prêtres qui disent la messe dedans. Si ces prêtres (et pasteurs) ne s’y trouvaient plus, alors ce ne serait plus le temple de Dieu mais des salles de réunion… C’est pourquoi tout n’est ni blanc ni noir. Pour ma part mon seul phare est la parole de Jésus, l’évangile, que cette parole soit partagée sur Internet ou dans une église, ou en famille. Si on garde cette parole (et uniquement elle) comme « centre de gravité » de notre spiritualité chrétienne, alors l’Eglise sera protégée par le Père comme Jésus l’a promis en Jean 14:23. Mais si on oublie ou bafoue cette parole, l’Eglise sera sans protection et dépérira.

    • Luc Ravel , un des seuls évêques à assumer publiquement la responsabilité du fonctionnement structurel de l’institution ecclésiale dans la non dénonciation de la pedocriminalite des clercs . Le seul a prouver qu’être évêque n’empêche pas d’être lucide et courageux .

  • Les victimes n’ont pas de « statut de victimes » dans la justice de l’Eglise. (cf. Omerta – LA PÉDOPHILIE DANS L’ÉGLISE DE FRANCE, Sophie Lebrun, Éd. Tallandier, p.80)

    C’est sous les coups de sang de l’opinion publique et les coups de butoir de la justice des Etats à faire valoir leur autorité que l’Eglise reconnaît petit à petit qu’elle ne peut plus, ne doit plus être celle qui décide de juger ses prêtres. « Il y avait une sorte d’exemption légale du prêtre, exemption dont l’origine était la sacralisation immodérée du prêtre » diagnostique Luc Ravel, archevêque de Strasbourg (cf. Omerta – LA PÉDOPHILIE DANS L’ÉGLISE DE FRANCE, Sophie Lebrun, Éd. Tallandier, p.85)

    Le tournant mondial, aux yeux d’Olivier Bobineau, sociologue et coauteur d’un livre sur la crise pédophile dans l’Eglise, se fait dix ans plus tard seulement. « Le 11 mai 2011, Benoît XVI promulgue une circulaire qui indique que la justice des Etats doit passer avant toute autre considération … Ce texte qui peut sembler minime aujourd’hui, a été une révolution : cela faisait 922 ans que, pour des mises en cause de membres de l’Eglise catholique, c’était la Curie romaine qui était en charge de l’instruction. » (cf. Omerta – LA PÉDOPHILIE DANS L’ÉGLISE DE FRANCE, Sophie Lebrun, Éd. Tallandier, p.87)

    • Sur deux aspects fondamentaux, la contribution de koz choque:
      – N’avoir pris la mesure du pb qu’au printemps 2019 revient à avouer être mal informé et/ou croire que le nuage de Tchernobyl ne peut pas atteindre la France.
      – Dire que l’Église comprend le clergé et les fidèles, n »est guère cohérent avec la manière de voir de l’institution pour laquelle l’Église ce sont tous les baptisés.

      • J-P G : Entièrement d’accord avec votre premier point : constater qu’une personne éditorialiste du journal la Vie (groupe le Monde) (qui tient par ailleurs un blog – peu soucieux du principe du contradictoire) admette sa méconnaissance du sujet est un aveu surprenant sur une posture principalement « militante » qui interroge et pose la question de la véritable nature d’un « journalisme catholique ». Est-il possible ? N’est-il qu’un journalisme d’opinion ? que René Poujol me pardonne : j’ai toujours pensé que ce « journalisme » confessionnel né à la fin du XIXe siècle, pour les besoins de la cause, restait dans l’orbite (ou était même constitutif) d’une « technostructure cléricale ». Même Henri Tincq ancien journaliste du Monde, ne lève pas mes doutes à ce sujet avec son dernier livre dans lequel, s’interrogeant honnêtement sur sa pratique professionnelle, il met le doigt sur le problème général. En fait, tout est parti de certaines rédactions de journaux aux Etats-Unis et cela interroge.

        • Koz n’est pas journaliste (et donc pas éditorialiste) à la Vie. Il est chroniqueur au titre de la notoriété qu’il s’est acquise dans la cathosphère au travers de son blog Koztoujours.

          Que des journalistes de la presse catholique puissent s’autocensurer « pour les besoins de la cause » est possible, mais pas davantage que d’autres journalistes qui, sur d’autres sujets, sont eux sous la sujettion d’empires industriels, de partis politiques ou de groupes de pression idéologiques.

          Il n’est pas interdit de penser que, même parmi des jour alistes catholiques, il puisse y en avoir qui soient aussi honnêtes et courageux.

  • « Mgr Ravel, quant à lui, ne mâche pas ses mots : « Au lieu d’être prophètes, en avance sur le temps du monde, nous avons été pharisiens, en retard sur le temps de l’Évangile […]. Nous avons laissé des situations se compliquer ou se poursuivre avec des victimes nouvelles. En toute impunité, ou presque, des pervers ont continué d’agir. Nous avons laissé l’Église s’assombrir et s’habituer à vivre dans l’obscurité au point que la sortie de la caverne irrite nos yeux habitués aux ténèbres. » L’archevêque de Strasbourg assène encore : « Ce qui nous arrive ressemble plus à un cancer métastasé qu’à une fièvre passagère ou une gêne locale […]. Certains prêtres rechignent encore à se reconnaître responsables. Coupables, seuls les auteurs le sont : d’abord les auteurs des faits et puis ceux qui en ont été les témoins. Mais, solidairement, nous sommes responsables. Penser le contraire relève d’une immaturité dans son sacerdoce. Le sacerdoce est parfois compris comme une affaire de travailleur indépendant installé à son compte […]. Il n’y aura pas de retour en arrière, de remise des compteurs à zéro, de redémarrage comme « avant ». » (OMERTA – LA PÉDOPHILIE DANS L’ÉGLISE DE FRANCE, Éd. Tallandier, p. 128-129)

  • Ce dossier [de Bernard Preynat], à bien des égards, est un cas particulier. L’Église n’a pas tout de suite pris la mesure de la gravité des faits, estimant qu’ils étaient anciens. Le cardinal Philippe Barbarin, alerté dès 2007, n’a informé Rome qu’en février 2015 après avoir reçu la lettre d’une victime. C’est déjà un grand retard. La procédure canonique engagée à l’encontre de Bernard Preynat a commencé, en 2016, sous une forme juridique administrative. Or elle ne permettait pas aux victimes de demander réparation et elle mettait l’archevêque de Lyon en position d’être juge et partie. Cela a provoqué, à raison, un conflit majeur. Le 6 août 2018, la justice de l’Église a enfin ouvert un procès pénal visant Bernard Preynat, en ayant en plus levé la prescription, et a rendu son jugement dix mois après avoir commencé le travail. On voit bien que ce cas a cumulé beaucoup de défaillances ! La justice de l’Église a été « travaillée » de l’intérieur par cette affaire Preynat. On a procédé et on procède encore par tâtonnements. Les procédures ne sont pas encore suffisamment claires pour ces dossiers. (Entretien de Sophie Lebrun avec Marie-Jo Thiel, La Vie, 5/7/2019, voir ci-dessous)
    http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/la-condamnation-de-bernard-preynat-est-un-message-fort-05-07-2019-99182_16.php

  • Espérons déjà qu’à la suite de cette commission, il y aura davantage d’attentions et de compassions (pour utiliser un terme catho….) de la part des membres de l’eglise envers les souffrances de toutes les victimes des abus sexuels du clergé de par le monde !

    • Je l’espère aussi. Sans volonté de justice il est vain de nous ressortir les préceptes évangéliques. Et je reste effondré de voir qu’il est encore des lieux d’Eglise où « sauver l’institution » (pour peu que ce soit encore possible) semble plus urgent que le devoir de justice et de réparation envers les victimes.

      • En regardant le « j’accuse  » de Polanski je n’ai pu m’empêcher de faire le parallèle avec le cas Barbarin .Oui il y a toujours des hommes pour qui « l’honneur »de l’institution qu’ils servent et qui souvent le leur rend bien, est érigé en impératif catégorique. Bien sûr, ils ne se sont pas sali les mains, ils ne sont pas acteurs directs , ni à l’origine de l’injustice. Mais par leur inaction ou leur silence face au crime ils en deviennent complice .Le plus tragique est qu’ils croient justifier leur conduite par leur sens du devoir , et leur conception pervertie de la fidélité qui aliène leur discernement et annihile leur conscience . Ils deviennent alors indifférents à la souffrance de l’innocent qu’ils ne voient plus , qu’ils nient au seul motif de l’intérêt supérieur de l’institution .
        C’est la logique inhérente à l’armée disent Gonse et Henry à Piquart .C’est votre conception de l’armée , ce n’est pas la mienne répond celui ci . Vous n’avez fait que votre devoir dit Dreyfus à Piquart .C’est bien là le drame de Barbarin et de tous les évêques qui sont restés silencieux ou ont couvert ces crimes .Lorsque qu’une certaine conception du devoir s’oppose à la conscience, ils ont choisi leur conception du devoir . Ce qui différencie l’armée au temps de Dreyfus de l’eglise , c’est que cette dernière n’existe que pour annoncer un message qui met fin au fait que que l’on puisse justifier de sacrifier des innocents pour la survie de la collectivité . Proclamer que l’on a le souci des plus faibles , fustiger en permanence la société au nom de cet idéal et se montrer incapable concrètement de prendre le parti des victimes de la pédophilie des clercs , voilà ce que signifient le comportement et l’attitude de Barbarin lors de son procès. Boisdeffre a sacrifié sa conscience à sa conception de
        « l ‘honneur  » de l’armée. Barbarin et ses semblables n’ont pas seulement sacrifié leur conscience à « l’honneur  » de l’église, ils lui ont sacrifié l’essence même du message évangélique dont ils prétendent avoir le monopole de l’interprétation .

        • Merci pour cette analyse lumineuse. C’est exactement ça : « Lorsque qu’une certaine conception du devoir s’oppose à la conscience, ils ont choisi leur conception du devoir . » Tous ces gens n’auraient pas dû entrer dans l’Eglise mais dans la Gendarmerie (Je demande par avance pardon aux Gendarmes dont je respecte la mission). La conscience sent et voit mais le sens étroit du devoir empêche de le reconnaître. On tombe alors sous le coup de l’enseignement de Jésus : ils ont des yeux et ne voient pas, ils ont des oreilles et n’entendent pas. Ces gens-là obéissent à leur Surmoi et préfèrent se crever les yeux et les tympans. Pourquoi nous choisit-on des responsables de cette nature ? La crise est profonde dans notre Eglise, pas tant dans le peuple chrétien que dans ses chefs qui sont incapables de voir et d’entendre. Et s’ils le font, ils sont impuissants pour agir. Nous avons un besoin urgent d’évêques capables de s’indigner et de le dire à haute voix. Nous avons à notre tête des technocrates épiscopaux, des cérébraux qui tournent à vide, alors que nous attendons des hommes, certes instruits et intelligents, mais avec un cœur et des tripes, capables de s’émouvoir. Devant le constat de la pauvreté humaine et sous-culturée de notre épiscopat, ne soyons pas pris de découragement. La grandeur de l’âne lui vient de ce qu’il porte le Christ Jésus. Finalement, on demande de la grandeur d’âne ! Messieurs nos chefs, que vos oreilles soient grandes. Face à ce qui se passe, on a besoin de vous entendre braire !

          • À Pierre Vignon
            Vous êtes ,me semble t’il , un peu trop optimiste, à l’égard de la réalité de la logique de l’institution ecclésiale .Non ceux qui sont aujourd’hui évêques ne se sont pas trompés dans leur choix , ils répondent parfaitement à ce que l’église attend d’eux et à ce qu’ils attendent de l’église .
            L’église attend d’eux une obéissance absolue qui leur fera toujours choisir la logique de l’institution car elle fonctionne toujours sur le vieil adage :hors de l’église point de salut .
            Ils attendent de l’église qu’elle apaise leur insécurité ontologique en leur permettant de régler une fois pour toute la question qu’ils fuient comme la peste et qui pourtant se pose à tout homme : la difficulté est moins de faire son devoir que de chercher à savoir où est son devoir .
            Vous minimisez ensuite le poids des structures et son influence sur le comportement des hommes .La plupart de nos évêques cherchent vraiment à vivre de l’Evangile , mais au fur et à mesure de leur élévation la fonction l’emporte peu à peu sur l’humanité , la logique institutionnelle sur la personne . J’ai un lien de profonde amitié avec un évêque récemment promu archevêque. Si l’homme privé reste profondément inspiré par l’évangile dans sa parole et ses actes , le fonctionnaire de Dieu a toujours choisi la logique de l’institution y compris au prix de l’inhumanité parfois .Nous avons eu des discussions difficiles sur ce sujet . .Complexite et ambivalence de la personne humaine et de son comportement , condition commune à nous tous dont le statut clérical n’exonère pas .

            J’ai été surpris et déçu que suite aux révélations sur les errements de l’institution ecclésiale qu’aucun évêque ne demande à redevenir simple prêtre pour signifier la priorité donnée au témoignage de l’Evangile ,quand bien même le droit canon ne permet sans doute pas cette occurrence .Mais juste pour le témoignage , juste pour signifier qu’ils donnaient encore priorité à la conscience.Juste pour se désolidariser de cette logique structurelle qui a permis et couvert ces crimes .
            Même dans l’armée que j’ai servi pendant quarante ans ,la liberté de conscience existe plus que dans l’église .Encore faut il accepter d’en payer le prix comme l’ont fait en leur temps Jacques de Bollardiere ou Helie Denoix de Saint Marc .

        • « Ne pas » dénoncer, c’est tout le problème de l’omission » et du « silence ».
          Le « silence » propre à toutes les institutions, en particulier l’Eglise catholique.

          Ce qui me fait souvenir de l’envolée lyrique de l’Avocat Général : « … quelle que soit la cause, aussi juste soit-elle ».
          Ainsi donc, s’il y a lieu de considérer indépendamment l’Impératif Catégorique (cf. Kant) et la Loi, faudrait-il en conclure que dans la Loi française, le « délit par omission » n’est que « de la poudre aux yeux » ?

          • A Robert. Il ne s’agit pas ici d’une simple omission. En n’informant pas la justice des faits dont il avait connaissance, Barbarin s’est substitué à la justice , seule compétente pour qualifier les faits et permettre d’engager d’éventuelles poursuites avant que l’action judiciaire soit prescrite ..Il s’agit donc d’une obstruction au fait que justice soit rendue . Curieuse manière de prendre soin des plus faibles .

          • Absolument pas, Guy, les faits étaient déjà prescrits et Philippe Barbarin n’a rien « couvert ».
            Du reste c’est aussi la position du ministère public et du Procureur de la République.
            Justice sera rendue le 30 janvier.

          • La question que l’on peut tout de même se poser est de savoir si c’était à lui de prendre en considération la prescription (Dieu merci, les faits sont prescrits) ou si c’était de la responsabilité du Parquet auquel il restait néanmoins tenu de dénoncer des faits criminels dont il avait connaissance. Renonçant à cette dénonciation, au motif que l’on sait, il se voit forcément accuser d’avoir voulu en priorité protéger l’institution. Car, prescription ou pas prescription, les victimes restaient les victimes et avaient droit à être reconnues publiquement comme telles.

          • A Michel C’est effectivement la position du ministère public , mais pas celle du juge de la première instance .Jusqu’à preuve du contraire le procureur est l’avocat de la société , il n’est pas le juge.
            Je connais trop les motivations de ceux qui voient dans le jugement condamnant Barbarin un complot des adversaires de l’eglise .Si on se donne la peine de lire le jugement on s’aperçoit qu’il n’en est rien .Par contre ce jugement pose effectivement la question de savoir si le fait de ne pas dénoncer des faits dont certains etaient prescrits , est ou non constitutif d’un délit. Mais si la question est légitime en droit , rendre la justice ce n’est pas seulement pratiquer de la technique juridique .Rendre la justice , c’est , tout en respectant rigoureusement le cadre légal, faire droit aux victimes qui ont subi un préjudice. De la part de ceux dont le fond de commerce est soi disant le souci du plus faible , on pourrait s’attendre à ce que ne sort des victimes ne leur soit pas a ce point indifférent

          • Les faits étaient très anciens, et le P. Preynat n’avait pas récidivé depuis près de 20 ans… erreur d’appréciation sur ce qu’il convenait de faire peut-être, mais certainement pas complicité.
            Quant à accuser d’indifférence aux victimes, on est là dans le procès d’intention…

          • A Michel, Si le mot indifférence aux victimes vous déplaît, merci de proposer autre chose pour nommer : le refus de recevoir les victimes réunies dans « la parole libérée »
            Le refus de leur demander pardon .Barbarin a demandé pardon à Dieu mais pas aux victimes .
            Le fait de se présenter soit même comme une victime (cf interview de complaisance a Radio Notre Dame du printemps dernier)

          • Vous êtes, Guy, toujours dans le procès d’intention.
            Que savez-vous de ce qu’a dit Philippe Barbarin aux victimes qu’il a reçues ?
            Il y a eu d’autres affaires plus récentes à Lyon, qui ont fait moins de bruit et qu’il a traitées comme il convenait.
            Dans l’affaire Preynat, devenue l’affaire Barbarin par un curieux glissement, Barbarin est effectivement une victime, victime d’une injustice, même si bien sûr elle n’est pas comparable à celle subie par les victimes du P. Preynat.

  • Ah! mon « cher » Guy, quel plaisir infini de te retrouver tel que tu es dans tes opinions toujours si mesurées et pleines de respect vis -à- vis de ces nullités que sont nos évêques du moins à te lire. D’ai_leurs, c’est bien simple: pour être évêque la seule qualité qui importe c’est d’avoir une âme de lâche c’est là l’essentiel

  • « La question n’est pas le cardinal Barbarin, la question c’est l’institution Eglise, il faut maintenant qu’elle ait un genou à terre pour qu’elle soit humiliée, qu’elle reconnaisse ses fautes »

    • A Michel .
      Vis à vis de la loi de la République , la seule question qui se pose est celle de savoir si oui ou non Barbarin a effectué son devoir de citoyen ou s’il a commis un délit. Le procureur , comme les parties civiles et le juge de première instance
      comme celui de l’appel sont d’accord sur ce point quand bien même ils en tirent des conséquences divergentes .
      Pour un catholique , il ne s’agit pas non plus de poser la question en terme d’humiliation .Mais n’est il pas souhaitable que l’institution questionne aussi son fonctionnement structurel quand il fait obstacle à sa capacité à annoncer l’Évangile ?
      Je ne sais si Michel adhère à la citation non référencée qu’il nous soumet .Si il l’a fait sienne il se situe dans la mentalité antidreyfusarde que j’évoquais plus haut : L’eglise est sacrée, son comportement n’est pas criticable et peu importe que ce soit au prix de la souffrance des innocents .
      Sans doute suis je mal catholique , mais je tente d’ être chrétien .

      • Sans voulor vous offenser il me semble qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire (chez moi aussi bien sûr)

      • Ce qui n’est pas faux dans la citation postée, c’est que le Cardinal Barbarin sert de bouc émissaire dans cette affaire et que l’on cherche effectivement à atteindre à travers lui l’institution Eglise.
        Ce qui serait erroné dans le propos de Samuel Pruvot si c’était son point de vue, ce serait de penser qu’il faut exonérer l’Eglise institution de sa responsabilité au motif que les procès qui lui sont faits ne sont pas tous honnêtes ni dénués d’arrière-pensées.

        • A Michel, Barbarin est moins un bouc émissaire que le symbole d’une forme de pensée et d’un comportement propre à la hiérarchie cléricale hérités de l’histoire . Il est ici jugé , qu’il soit acquitté ou condamné comme un simple citoyen . Penser que ce procès relève du règlement de compte c’est faire a la justice un procès d’intention .

          • A Michel.
            Comme archevêque celui de Lyon est responsable ,c’est a dire devant répondre, du fonctionnement de la structure à la tête de laquelle il a été placé et des actes passés présents ou à venir commis par le clergé placé sous son autorité .C’est cela sa fonction .Il ne peut donc pas être une victime quand on lui demande des comptes et seulement d’assumer sa fonction .
            Je n ’emets aucun jugement sur la personne de Ph Barbarin , L’homme Barbarin n’est pas le sujet .Il ne s’agit ici que des agissements du fonctionnaire clerical . On ne juge pas un symbole , mais on demande au chef (au seigneur en langage clerical )d’une structure de répondre des actes commis par les membres de cette structure dont il est responsable . Quand bien même l’homme privé Barbarin serait un saint , quand bien même sa personne serait un parangon d’humanité et de compassion , parce qu’il incarne une fonction il doit assumer sa responsabilité .C’est ce refus d’assumer ce qui est l’essence même de sa fonction qui est choquant .
            Cher Michel dans votre souci de défendre par principe l ‘institution ecclésiale et les évêques , vous mélangez l’homme et la fonction..

          • Oui Michel , c’est aux hommes et non aux structures que le droit pénal demande des comptes .C’est là le drame des responsables de ces structures qui ont sacrifié leur humanité et leur conscience à la logique de la structure .Ils ne comprennent pas en quoi ils sont coupables .Barbarin est aussi une victime consentante de la logique cléricale qui sacralise l’institution et demande qu’on lui sacrifie sa conscience et son humanité . L’institution ecclésiale comme toute structure qui se sacralise elle même ressemble à Saturne dévorant ses enfants .

          • C’est très grave ce que vous dites là, Guy !
            Qui vous permet de juger ainsi l’homme en affirmant droit dans vos bottes que Philippe Barbarin a « sacrifié son humanité et sa conscience » sur l’autel de l’institution !
            « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ; de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera. »(Matthieu 7, 1-2)
            « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. » (Luc 6, 37)

  • René; il n’en reste pas moins qu’à ce jour le Parquet estime qu’il n’y a rien, juridiquement parlant ,à reprocher au Cardinal Barbarin lequel aurait pu ou aurait dû intervenir d’une autre façon à l’égard des victimes

    • Permettez-moi de penser que la position du Parquet n’est… que la position du Parquet ! Et que sur la base des mêmes faits d’autres porter un ju!gement différent. C’est si vrai que le tribunal a prononcé une condamnation à six mois avec sursis alors que la réquisition du Parquet avait été la même.

      • Si vous lisiez la plaidoirie très charpentée du procureur votre point de vue changerait peut-être, mais suis-je trop optimiste?. Dans ce cas je le déplorerais,et je ne sous estime ni ne condamne les plaintes des victimes, loin de là;Les victimes sont des victimes et il n’y a rien à leur reprocher mais le Cardinal qui a commis certes des erreurs qu’il a lui-même reconnues n’en est aucunement responsable.

  • INFRACTION « INSTANTANÉE » ou « CONTINUE » DE NON-DÉNONCIATION
    La proposition de loi issue de la mission de consensus 2016-2017 (voir lien ci-dessous) prévoit notamment :

    – d’allonger le délai de prescription de l’action publique pour les crimes et les délits d’agressions sexuelles commis à l’encontre des mineurs (art 2) ;

    – d’instituer une présomption de contrainte pour qualifier de viol une relation sexuelle entre un majeur et un mineur dans deux hypothèses : l’incapacité de discernement du mineur ou l’existence d’une différence d’âge significative entre l’auteur majeur et le mineur (art 3) ;

    – d’étendre la surqualification pénale de l’inceste aux viols et agressions sexuelles commis à l’encontre de majeurs (art 4) ;

    – d’aggraver les peines encourues pour le délit d’atteinte sexuelle sur mineur de 15 ans (art 5) ;

    d’affirmer le caractère continu de l’infraction de non-dénonciation des agressions et atteintes sexuelles commises à l’encontre des mineurs afin de reporter le point de départ du délai de prescription au jour où la situation illicite prend fin (art 6).

    La loi a été adoptée le 3 août 2018.

    http://www.laparoleliberee.org/les-dossiers-juridiques

    • Loi n° 2018-703 du 3 août 2018

      VII. La non-dénonciation des agressions et atteintes sexuelles devient une infraction continue
      La commission des lois du Sénat a modifié le régime de la prescription de l’infraction de non-dénonciation des agressions et atteintes sexuelles commises à l’encontre des mineurs.
      En effet, il convient de préciser que la prescription d’une infraction court à partir d’un délai qui varie en fonction du caractère de l’infraction qui peut être soit instantanée ou continue.
      La prescription d’une infraction instantanée court à partir du jour de la commission des faits.
      En revanche, la prescription d’une infraction continue commence à courir à partir du jour où l’infraction a cessé tant dans ces actes constitutifs que dans ses effets.
      Jusqu’à la réforme opérée par la loi du 3 août 2018, la nature (infraction instantanée ou continue) du délit de non-dénonciation des agressions et atteintes sexuelles était incertaine.

      Les articles 1er et 5 de la loi du 3 août 2018 ont donc modifié les dispositions de l’article 434-3 du code pénal.

      Désormais, il s’agit clairement d’une infraction continue, dont la prescription ne court pas tant que la personne elle-même n’a pas dénoncé les faits aux autorités administratives et/ou judiciaires.

      Ce dispositif incitera donc très fortement les personnes concernées à dénoncer les faits de mauvais traitements et d’atteintes sexuelles sur mineurs, lesquelles s’exposent à des peines de prison de 3 ans et de 45.000 euros d’amende, portées à 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende lorsqu’il s’agit d’un mineur de 15 ans.

      Texte de l’article 434-3 du code pénal modifié par les articles 1er et 5 de la loi n° 2018-703 du 3 août 2018 :
      « Le fait, pour quiconque ayant connaissance de privations, de mauvais traitements ou d’agressions ou atteintes sexuelles infligés à un mineur ou à une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge, d’une maladie, d’une infirmité, d’une déficience physique ou psychique ou d’un état de grossesse, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives ou de continuer à ne pas informer ces autorités tant que ces infractions n’ont pas cessé est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende.
      Lorsque le défaut d’information concerne une infraction mentionnée au premier alinéa commise sur un mineur de quinze ans, les peines sont portées à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.
      Sauf lorsque la loi en dispose autrement, sont exceptées des dispositions qui précèdent les personnes astreintes au secret dans les conditions prévues par l’article 226-13. » (voir ci-dessous)
      https://www.juritravail.com/Actualite/arnaque-violence/Id/291024#form

  • Le 9 décembre 2019, 120 supérieur.es majeur.es étaient réunis à Paris pour une journée de partage et de réflexion sur le thème de l’emprise et de l’abus.
    Introduction de la journée par Sr Véronique Margron, présidente de la Corref :

    « As-tu donc oublié que l’homme préfère la paix et même la mort à la liberté de discerner le bien et le mal ? (…) Tu as accru la liberté humaine au lieu de la confisquer et tu as ainsi imposé pour toujours à l’être moral les affres de cette liberté. (…) Nous les persuaderons qu’ils ne seront vraiment libres qu’en abdiquant leur liberté en notre faveur. Eh bien, dirons-nous la vérité ou mentirons-nous ? Ils se convaincront eux-mêmes que nous disons vrai, car ils se rappelleront dans quelle servitude, dans quel trouble les avait plongés ta liberté. » (Fédor Dostoïevski (1821-1881), Les Frères Karamazov, voir ci-dessous)
    https://www.viereligieuse.fr/Journee-Emprise-abus-de-pouvoir-abus-spirituels-sur-mineurs-et-personnes

  • « Les Légionnaires du Christ, un scandale au Vatican » (vidéo interne à Légion du Christ, avec – a posteriori – les commentaires accablants de victimes, voir ci-dessous)

    https://www.bing.com/videos/search?q=p%c3%a9dophilie+Eglise+Christ&view=detail&mid=6FD5AD895850CFD25C0A6FD5AD895850CFD25C0A&FORM=VIRE

    La pédophilie aura été le révélateur de désinvolture, de mauvaise foi, de fausseté et de mensonges au sein de l’Eglise catholique, hiérarchie incluse

  • Tant qu’on refusera – parce qu’il s’agit d’une décision délibérée – de distinguer les actes, les sexes, les âges et les circonstance, ce qu’à tort ce blog considère comme des « affaires de pédophilie », au sein de l’Eglise ou non, on n’avancera jamais.

    • Il faudrait développer un peu. Pour ma part, dans ce blog, je ne parle pas – je ne parle plus – de pédophilie mais de pédocriminalité. Je n’ai jamais confondu pédophilie et éphébophilie (et leur transcription criminelle) sachant que dans bien des cas il s’agit d’actes posés sur des adolescents pubères et non sur des enfants, pas plus que je ne confonds avec les actes d’abus sexuels sur adultes psychologiquement fragiles… Si c’est là ce que votre commentaire sous-entend. Pour autant chaque fois qu’il y a rapport sexuel contraint, à plus fortes raisons avec un mineur en deçà d’un âge de consentement égal (et si possible crédible), il y a agression. On le voit bien avec l’accusatrice de Gabriel Matzneff « consentante » à l’époque des faits et qui avait alors 14 ans… Quant à la notion de circonstances je ne vois pas en quoi elle disqualifierait les actes même si elle peut ultérieurement être prise en compte par des tribunaux au moment de prononcer une peine. Rester sur une réflexion/accusation aussi vague, c’est sombrer à votre tour dans l’amalgame « délibéré » que vous dénoncez par ailleurs…

      • Malheureusement vous ne vous situez pas sur un plan juridique, pourtant essentiel. Par exemple vous évoquez une transcription criminelle alors qu’il s’agit presque toujours de délits. Vous faites par ailleurs une confusion en ne distinguant pas atteinte sexuelle et agression sexuelle. Quant à la référence à Gabriel Matzneff, elle doit faire mention de la prescription et faire – comme le font les tribunaux – appel à des contextes sociétaux différents.

        • Je ne confonds rien du tout et je m’interroge sur le sens de vos propos… Faut-il créer un concept de pédodélictusosité entre pédophilie et pédocriminalité ? Faut-il renoncer à lutter contre les dérives pédocriminelles au motif que certaines ne seraient que délictueuses ? Je m’interroge sur vos arrières pensées ? Etes-vous en train de nous expliquer qu’au fond tout cela n’est pas aussi grave ? Personne ne demande que Gabriel Matzneff soit traduit devant les tribunaux ! En tout cas, pas moi ! Et quel que soit le contexte, il faut croire que sa victime d’il y a quarante ans n’a finalement pas si bien vécu la chose puisqu’elle en fait aujourd’hui un livre d’accusation…

    • À Bunel :

      Pédocriminalité : le problème essentiel réside dans un pouvoir mal géré , permettant de couvrir les agressions sexuelles et les viols grâce à la désinvolture, la mauvaise foi, la fausseté et les mensonges au sein même de l’Eglise catholique, hiérarchie incluse.

    • À Bunel,

      Bien d’accord que pour « avancer », il faut « distinguer », comme l’affirme d’ailleurs Véronique Margron ci-dessous :

      « L’abus d’autorité, qu’elle soit parentale, morale ou ecclésiale, permettant la proximité avec le mineur et l’obtention de sa confiance, se trouve confondu et englobé dans la notion fausse d’abus sexuel. C’est faire un coupable amalgame entre l’agression ou le viol et la circonstance qu’est l’abus d’autorité. L’édulcoration des mots, là encore, participe à la minoration des faits et de leurs conséquences, car l’imprécision de l’abus n’est pas aussi évocatrice que de nommer l’agression ou le viol. Pire, ce terme peut porter en lui une idée de justification puisque l’abus est compris comme le franchissement d’une limite mal définie ou comme un simple excès. Et non comme la transgression claire d’un interdit. Abuser c’est – seulement – aller trop loin… Ambiguïté détestable. En langage courant, l’abus se définit en effet comme le mauvais emploi, l’excès. En termes juridiques, l’abus ne se conçoit pas sans un droit préalable qui serait mal employé, tout est alors question de limite et de proportion. Mais en matière de délinquance sexuelle, il n’y a pas de droit préalable susceptible d’abus. Il n’existe aucun droit sexuel sur un enfant, ou une personne vulnérable, dont on pourrait finir par abuser. Ainsi l’abus sexuel n’existe pas. La brutalité des faits et leurs conséquences sont quant à eux bien réels. Vouloir les masquer derrière des termes atténués revient, là encore et toujours, à les nier.
      La première justice à rendre aux victimes est l’utilisation des mots adéquats. (extrait du livre « Un moment de vérité » de Véronique Margron avec Jérôme Cordelier, éd. Albin Michel, 2019, p.83-84)

      • Ca ne l’empêche pas de mentir lorsqu’elle dit que la pédophilie est un crime. La pédophilie n’est pas une qualification juridique. Les mots ont un sens, tout spécialement en droit.

    • À Bunel,

      Le formalisme que vous faites est destiné à ne pas condamner, en définitive.
      Alors que dans l’extrait ci-dessus, Véronique Margron fait du formalisme parce qu’elle cherche à rendre « la première justice » aux victimes.
      Deux points de vue diamétralement opposés, me semble-t-il.

      • Vous me prêtez des intentions que je n’ai pas. C’est le propre des personnes qui savent leur orientation fragile. Comme juriste je condamne toute violation de la loi pénale.

        • Pour faire plus ample connaissance, il pourrait être intéressant de connaître ce que préconise le juriste que vous êtes sur l’introduction ou non – dans la loi française – d’un âge théorique en-dessous duquel sera supposée systématiquement l’absence de consentement du mineur à la relation sexuelle, comme c’est d’ailleurs le cas dans une dizaine de pays d’Europe comme également aux Etats-Unis.

          • Je suis plutôt favorable mais je suis encore plus favorable à une harmonisation de tous les âges plancher tant sur le plan civil que pénal.

      • En fait ce n’est pas nécessaire. De plus ça risquerait d’être retoqué par le Conseil constitutionnel parce que ça violerait le principe d’individualisation de la peine.

        • « … le Conseil constitutionnel n’a pas considéré que l’application obligatoire de peines minimales en cas de récidive, était contraire au principe d’individualisation des peines, comme le soutenait les auteurs de la saisine. Il juge, en effet, que « le principe d’individualisation des peines […] ne saurait faire obstacle à ce que le législateur fixe des règles assurant une répression effective des infractions. » (voir ci-dessous)
          https://www.cabinetaci.com/principe-individualisation-des-peines/

          Pour ce qui est de la présomption de non-consentement d’un mineur à une relation sexuelle avec un adulte, il me semble que le Conseil constitutionnel estimerait pareillement que ladite « présomption de non-consentement » n’est pas contraire non plus au principe d’individualisation des peines.

    • « …il s’agit maintenant que le législateur inscrive dans la loi qu’un moins de quinze ans ne saurait par essence être consentant à un rapport sexuel avec un adulte. C’est pourtant un principe simple à appréhender ; qui sont ceux qui font mine de ne pas le comprendre ? » (Commentaire de William Docam, blog Mediapart, 2/1/2020, voir ci-dessous)
      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/020120/pedocriminalite-ceux-qui-se-moquent-de-nos-luttes-aujourd-hui-seront-la-risee-de-demai/commentaires

    • Aux termes du droit pénal français, à l’occasion d’une « atteinte sexuelle », seule la présence de violence et/ou de contrainte et/ou de menace et/ou de surprise qualifie cette « atteinte sexuelle » en « agression sexuelle ».

      Alors que la démonstration de violence, contrainte, menace ou surprise n’est jamais simple voire est souvent difficile, la « sidération », elle, est évidente chez tout mineur – en-dessous d’un âge plancher – à l’occasion d’une « atteinte sexuelle » perpétrée par un adulte.

      L’état de sidération du mineur étant présumé par défaut, la présomption de « non-consentement à la relation sexuelle » en a été déduite dans les législations des pays suivants : Espagne, Etats-Unis (12 ans), Angleterre et Pays de Galles (13 ans), Allemagne, Autriche, Belgique, Italie, Portugal (14 ans), Danemark (15 ans), Suisse (16 ans).

      • Puisque vous citez ici la courageuse Denise Bombardier, qui s’est fait injurier (qualifiée de « mal baisée » ou de « coincée »ou de « pudibonde ») par toute la bien-pensance et l’intelligentsia de l’époque (c’était de mémoire en 1990) pour avoir réagi vigoureusement et justement lors d’une émission Apostrophes avec Gabriel Matzneff, permettez-moi de dire ici que je trouve insupportables cette bien-pensance et cette intelligentsia qui naguère faisaient l’apologie de la pédophilie et pétitionnaient pour l’abolition de la notion de majorité sexuelle et qui aujourd’hui changent leur fusil d’épaule en criant haro sur le baudet, le sinistre Matzneff, bouc émissaire et victime expiatoire de leurs propres turpitudes.

        • Il y a du vrai dans ce que vous dîtes, à deux bémols près:

          1/ A ceux que vous pourfendez à juste titre pour avoir retourné leur veste, il faudrait ajouter toutes les institutions – compris des collèges et des lycées – qui portent les noms de Montherlant, Gide, Verlaine et bien d’autres. Si Gallimard retire le livre de Matzneff de ses publications, débaptisons un nombre important de rues, de places et d’institutions. Et cessons de mettre les œuvres – même expurgées – dans les manuels scolaires.

          2/ Vous semblez dire que l’époque post-soixante-huitarde constituait une anomalie dans l’histoire de France. Mais jusqu’au milieu du 19ème siècle, soit pendant près de 2000 ans, il n’y avait aucun âge seuil de consentement sexuel. Il fut porté la première fois à 11 ans en 1832, puis à 13 ans en 1863, pour le faire correspondre au début de la puberté, qui permettait « de supposer une volonté intelligente et libre chez un enfant âgé de plus de treize ans ».

    • Voici ce que je te Véronique Margron:

      « Je suppose que chaque membre de la Commission accepta sa mission après avoir pris connaissance de l’état d’esprit et de la position de l’Eglise catholique sur les abus sexuels sur mineurs. Ils furent exprimés avec une singulière vigueur lorsque sœur Véronique Margron participa à l’émission du 18 novembre 2018 « Le Jour du Seigneur » sur France 2. Elle prononça cette phrase surprenante, qui sonnait à la fois comme un avertissement et comme une instruction : « Il n’y a pas d’échelle dans le crime ». Pourtant une double contre-vérité ! D’abord parce que, en droit français, l’utilisation du mot « crime » est réservée aux infractions les plus graves, celles qui relèvent d’une cour d’assises. Or 90% des abus sexuels sur mineurs imputés à des prêtres furent qualifiés de délits et sanctionnées par les tribunaux correctionnels, le plus souvent avec modération. Mais surtout parce que, fort heureusement, il existe une échelle des infractions et une graduation des peines ! L’abus de langage de sœur Véronique, qui ne relève pas de la bourde puisqu’elle le renouvela quelques jours plus tard par écrit dans le magazine La Vie, nivelle volontairement tous les actes sexuels commis avec ou sur des mineurs au niveau des plus graves atrocités, ce qui est effarant. En ajoutant que « ce crime engendre une souffrance qui ne diminue jamais dans la vie », la même religieuse proféra une nouvelle contre-vérité qui devrait de surcroît faire désespérer les jeunes victimes d’abus sexuels, auxquelles elle prédit un avenir de souffrances sans fin. Pour elle, ni espoir de rebond, ni ouverture à la résilience ! Même les féministes les plus virulentes et la presse la plus outrancière ne proférèrent de telles énormités ! « 

      • Je connais suffisamment Véronique Margron pour affirmer ici que vous dévoyez sa pensée même si, de fait, on peut discuter de la pertinence de « la lettre » de ses déclarations.

        Elle parle de manière générale de « crime », non pour qualifier la gravité de tel ou tel acte par rapport à tel autre, mais pour opposer la notion de pédocriminalité à celle de pédophilie longtemps utilisée de manière abusive puisqu’au sens strict ce mot n’a aucune connotation d’abus.

        Je trouve réellement que vous lui faites un mauvais procès. Ce qui me semble d’autant plus regrettable, s’agissant de l’Eglise catholique, qu’elle fait partie des seuls qui ont réellement, et depuis logtemps, une attitude courageuse sur ces questions.

        • ‘C’ est ce que j’ai dit à M Sauvé quand la Commission m’a entendu en novembre dernier. Sœur Véronique devrait pratiquer la mesure et l’humilité

          • Non on n’a pas le droit d’être injuste, encore moins de mentir. Je ne juge pas cette sœur, que je ne connais pas. Je juge la véracité d’une déclaration publique, plusieurs fois réitérée. Une déclaration sèche, tellement excessive qu’elle est contre-productive. Une déclaration qui venait d’une personne si haut placée dans la hiérarchie de l’Eglise de France qu’elle est indécente, quand on sait à quel point elle s’est fourvoyée. Nous avons besoin, d’amour, de compassion, de pardon, de tout ce que Dieu nous demande d’éprouver. Pas de vengeance, de haine et d’arrogance.

          • Sauf que c’est là uniquement votre « ressenti » que je ressens,à mon tour comme injuste. Point ! Passons à autre chose !

  • Je suis un peu (euphémisme) effaré de lire dans « La Croix » de ce jour que Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque auxiliaire de Lyon, relisant le procès Preynat, préconise de refuser l’absolution aux pédophiles.
    Je n’y lis pas l’attitude de Jésus avec les pécheurs.

    • Je n’ai pas lu, mais je pense qu’il s’agit de leur refuser l’absolution aussi longtemps qu’ils ne se sont pas dénoncés aux autorités judiciaires. Ce qui est tout de même différent !

        • Dès lors que tout citoyen est tenu par la loi de dénoncer les faits dont il aurait connaissance, si le prêtre donne l’absolution sans garantie que l’agresseur se dénonce… la société civile finira par remettre en cause le secret de la confession puisqu’objectivement le prêtre se ferait complice !

          • Dans un autre domaine qui est le mien et qui concerne le secret médical, menacé d’être battu en brèche dans les cas de violences conjugales, je crains la perte de confiance du patient envers son médecin.
            A plus forte raison, concernant la confession, le prêtre ne peut conditionner l’absolution à la loi civile.
            L’absolution nécessite la contrition, la réparation quand elle est possible, et la ferme volonté de ne plus pécher, mais pas le chantage à la dénonciation.

          • Je sais, René, c’est toute la difficulté, mais il n’est pas interdit au prêtre confesseur, comme au médecin, de tout faire pour que le pénitent, comme le patient, sorte de ses turpitudes…
            Je ne sais pas si les victimes du père Preynat demandent la levée du secret de la confession ?
            Dans le cas du père Preynat, il semble que les paroles du Cardinal Decourtray (hors contexte de confession) aient été un électrochoc et qu’il n’ait plus recommencé ses agissements délictueux après 1991.

      • Oui, en effet, René, mais j’y vois tout de même une instrumentalisation du sacrement qui me gêne.
        Dans le même article, Mgr Gobilliard n’écarte la levée du secret de la confession que parce qu’elle empêcherait selon lui la possibilité de recueil d’aveux complets et serait « contre-productif ».
        Cela me gêne grandement aussi.

        • Il y a tout de même un paradoxe à refuserl’absolution à un divorcé remarié au motif qu’il vit une relation adultère permanente… et à donner l’absolution à un prédateur sexuel sans obligation pour lui à se dénoncer. Si l’Eglise ne bouge pas sur une question comme celle-là, encore une fois, elle risque d’avoir du mal à défendre le secret de la confession que la société ne tolèrera plus.

          • si je vous comprends bien l’Eglise doit donc renoncer au secret de la confession pour ne pas heurter la société c’est bien çà?

          • Ce n’est pas ce que je dis, mais une fois de plus vous aimez me faire dire ce qui vous arrange pour mieux pouvoir dénoncer ce qui vous semble être ma position.

          • Certes le secret de la confession est menacé, comme ailleurs ou en d’autres temps l’objection de conscience, mais rien ne justifie de l’enfreindre.

          • Pourriez-vous sortir de cette forme de simplisme de la pensée ? Et admettre que « de fait » le secret de la confession est interpellé dans notre société lorsqu’il apparaît que des prêtres pédophiles ont, grace à lui, et donc avec la complicité de l’Eglise, échappé à la justice des hommes. Comme si la pédophilie n’était qu’un péché, que l’Eglise peut pardonner sans autre considération pour les victimes, alors que c’est également un acte délictueux voire criminel qui exige réparation et éventuellement condamnation, donc « publicité ». Reconnaître qu’il y a, à ce jour, tension entre les deux logiques, n’est pas prendre position unilatéralement pour la société contre l’Eglise. C’est admettre que là comme ailleurs, la réalité est complexe, et que l’Eglise serait avisée de considérer que la « plainte » est légitime. Se crisper sur un non possumus est la meilleure façon de se voir un jour contrainte. Alors qu’elle pourrait au moins réfélchir à la question…

          • Je suis peut-être « simpliste », René, mais je pense pour ma part que le secret de la confession doit être absolu et qu’il relèverait de l’objection de conscience si demain des lois civiles devaient vouloir le supprimer.
            Disant cela, j’espère que vous me ferez la grâce de penser qu’il ne s’agit nullement de couvrir quelque délit ou crime que ce soit.
            Du reste, si le secret n’était pas absolu, j’imagine que les auteurs de délits ou de crimes n’iraient jamais voir un prêtre pour se confesser !
            Ce serait alors « contre-productif » pour reprendre les mots de Mgr Gobilliard !
            Mais surtout le sacrement ne doit pas être instrumentalisé, même pour une bonne cause.
            J’assume ce que vous considérez comme du « simplisme »
            « Heureux les pauvres en esprit… »

          • Pardonnez-moi, ce ne serait « contre productif » qu’au regard du sacrement… Encore un regard uniquement intra ecclésias sur une réalité qui a également son volet social. Mais la société civile dont nous sommes aussi vous et moi, vous dira que ce qui lui importe, elle, c’est d’éradiquer la pédocrimnalité, pas de venir en aide à l’Eglise catholique pour maintenir la pratique de la confession… Même si j’a conscience de jouer un peu ici la provoc…

          • René, le point de vue de Mgr Gobilliard à propos du caractère « contre-productif » de la levée du secret de la confession ne visait pas le sacrement lui-même, mais bien le volet social et judiciaire :
            « Je pense, après avoir consulté des psychiatres, que lever le secret de la confession empêcherait la possibilité de ce recueil d’aveux si rares et serait contre-productif. »

    • «refuser l’absolution aux pédophiles » est conforme au Canon 1395 §2 du Droit Canonique qui précise que de « justes peines » devront être infligées au contrevenant.

      Eu égard à la gravité de l’infraction, il m’apparaît normal, dans ce cas, d’en référer à la société pour la spécification de « justes peines » appropriées, préalablement à une remise d’absolution.

      Que dans ce cas gravissime, justice civile et justice ecclésiastique ne restent pas sourdes l’une à l’autre mais coopèrent va permettre à la victime de se sentir entourée et secourue de manière suffisamment crédible.

      • Je ne suis pas juriste, mais si la victime se manifeste, c’est bien sûr très différent de la situation d’un pénitent entendu en confession et de la levée du secret de la confession…

      • La prise de conscience de l’Eglise – avec plusieurs dizaines d’années de retard, comme toujours, hélas – en vue de prévenir désormais la pédocriminalité de la part de ses clercs était nécessaire mais elle n’est pas suffisante.

        En effet, malgré la mise en œuvre d’un dispositif de prévention, il est certain que de nouveaux cas de pédocriminalité continueront d’exister à l’avenir.

        Aussi, la procédure de prévention devra-t-elle prévoir également un traitement spécial à appliquer lorsque la prévention aura échoué (« traitement en cas d’échec de la prévention»).

        Pour tout clerc qui se sera rendu coupable de pédocriminalité, le Code canonique a prévu – au Canon 1395 alinéa2 – que lui soient infligées de « justes peines, y compris, si le cas l’exige, le renvoi de l’état clérical ».
        Reste donc à préciser ce qu’il convient d’entendre par « justes peines »
        (étant donné le niveau de gravité de l’infraction et son effet dévastateur sur la victime, les « justes peines » ne peuvent raisonnablement se réduire à quelques prières à réciter dans un coin).

        Pour toutes ces raisons, joindre justice civile et justice ecclésiastique (voir mon post précédent) doit être prévu, à mon avis, dans le « traitement en cas d’échec de la prévention ».

        P.S.
        Quant à se demander si notre attitude ne s’oppose pas à l’« attitude de Jésus avec les pécheurs », il s’agit là d’une question « indécidable », à moins d’estimer qu’au XXIème siècle, la vie en société n’a guère évolué depuis 2.000 ans, ce qui est absurde.

        Ce qui est certain, en revanche, c’est que le déni dont font l’objet mes interventions sur ce blog – une quarantaine pour le présent billet – s’oppose, lui, sans aucun doute, à l’attitude de Jésus.

        • Robert, la prise de conscience tardive n’est pas seulement le fait de l’Eglise, mais celui de toute la société (cf. l’affaire Matzneff), mais bien évidemment ce manque de lucidité est plus grave venant de l’Eglise « Mater et Magistra » qui aurait dû être plus lucide que la société.
          Quant à parler de « déni dont font l’objet vos interventions sur ce blog » parce que nous ne répondons pas à chacun de vos innombrables posts, excusez-moi, mais c’est du procès d’intention ou de la paranoïa.

  • Le secret de la confession comme le secret professionnel est une bonne chose, une garantie pour la liberté individuelle . On peut cependant penser qu’il ne peut-être à ce point absolu qu’il ait pour conséquence de couvrir des crimes et des délits. Le pretre est aussi un citoyen qui doit respecter la loi de son pays .
    Le jugement en première instance de Ph Barbarin évoque ce point en soulignant que le cardinal a eu connaissance des crimes de Preynat dans un cadre qui n’était pas celui de la confession et que l’on ne pouvait évoquer ce secret pour le dédouaner de sa responsabilité. Est ce à dire à contrario , dans le cadre légal actuel qu’un prêtre qui a connaissance d’un crime ou d’un délit dans le cadre d’une confession peut invoquer ce secret pour justifier de son silence ?

    • Guy,je regrette mais pour moi un Chrétien Français en l’occurrence est en premier lieu un Chrétien et doit donc en premier lieu servir Dieu et se conformer à la loi française que si celle-ci est en conformité avec la loi divine. Pour moi un prêtre doit faire passer la loi française qu’en second et c’est ce que faisaient les Français qui czchaient les Juifs pendant la guerre, non,
      Certes,nous ne sommes plus dans ce cas,mais cela ne change rien

      • Non ! Ceux qui cachaient les juifs désobéissaizent simplement à une loi inique. On ne put pas dire que l’exigence d’avoir connaissance des faits de pédocriminalité pour les juger et rendre justice aux victimes… soit un e loi inique !

        • IL n en reste pas moins qu’un Prêtre est tenu au secret de la confession et peu importe la loi française dès lors. J’ai parfaitement conscience que cela soit très problématique à appliquer ,mais le Prêtre est là pour entendre les péchés et les pardonner au nom de Dieu,mais pour moi il n’a pas à de’venir un auxilliaire de la Justice des hommes pour autant et dans ce cas il doit bien entendu rappeler à ce pénitent que l’absolution ne le dispense aucunement de se dénoncer, bien au contraire
          A vrai dire je vois difficilement un pédophile s’embarquer dans une telle démarche…mais…

  • Non ,René,si comme vous dîtes l’Eglise se voit contrainte je n’imagine pas une seconde que le magistère se soumette à cette contrainte et souvenez-vous du fiLm d’ Hitchcock LA LOI DU SILENCE

  • Je rappelle que selon la justice le conjoint d’un assassin ,n’est pas tenu d’aller le dénoncer à la Justice Pour ma part,si un de mes proches venait vers moi pour m’avouer qu’il a commis un acte de pédophilie, je ferais bien sûr l’impossible pour tenter de le convaincre d’aller se dénoncer,mais pour autant je n’irais pas le dénoncer.

  • Michel, comme je l’ai dit dans un message qui n’est pas paru, moi non plus je ne vois pas comment il pourrait se faire que ll’auteur d’un crime pédophile aille voir un prêtre pour se confesser si en plus le secret de la confession est levéIl gardera son secret et l’Eglise lui aura refuser tout secours ce qui ne me paraitrait pas du tout normal
    J’imagine que quand on a une telle charge sur la conscience ce n’est pas d’un délateur qu’on a besoin

    • Je suis bien d’accord, Dominique, ce qui n’exclut évidemment pas que le pénitent tire les conséquences de sa confession, laquelle implique la contrition, la réparation quand elle est possible, et la ferme volonté de ne plus pécher.
      Mais lui fermer l’accès au sacrement pour ne pas laisser penser qu’on « couvre » ses crimes ou ses délits, cela me paraît grave.
      Dans ces affaires de pédophilie, ce n’est pas le secret de la confession qui a empêché l’émergence des faits et leur traduction en justice.

      • Marie-Jo Thiel, dans La Croix du 20 janvier : « Bernard Preynat a aussi expliqué s’être plusieurs fois confessé de ses actes. Il faudrait avancer sur cette question, sans remettre en cause le secret de confession, pour que le prêtre puisse surseoir à l’absolution sacramentelle tant que le pénitent n’est pas allé se dénoncer ; car malheureusement un sujet pervers peut acquiescer à la demande du confesseur, mais n’obtempérera pas… »

        • J’ai écrit précédemment :
          « «refuser l’absolution aux pédophiles » est conforme au Canon 1395 §2 du Droit Canonique qui précise que de « justes peines » devront être infligées au contrevenant. »

          Ce que j’ai écrit là va d’ailleurs dans le même sens que ce que Marie-Jo Thiel a écrit dans La Croix du 20/1/2020, à savoir qu’il faudrait « que le prêtre puisse surseoir à l’absolution sacramentelle tant que le pénitent n’est pas allé se dénoncer ».

          Face au crime de pédocriminalité, faire coopérer justice ecclésiastique et justice civile me semble souhaitable, en effet, pour tenter de résoudre le problème.

          • A Michel :

            Le souhait que j’ai exprimé ci-dessus :
            « Face au crime de pédocriminalité, faire coopérer justice ecclésiastique et justice civile me semble souhaitable »
            ne vous inspire-t-il pas ?

            … ou vous en tenez-vous à la formule « Couvrez ce souhait que je ne saurais voir » ?

          • La pédocriminalité, en s’attaquant à l’innocence sans défense, est considérée – et elle doit l’être – comme l’un des pires crimes auxquels la justice ait à répondre.
            Aussi, faire en sorte que, dans ce cas-là, justice ecclésiastique et justice civile coopèrent ne me semble pas un effort inutile.

          • A Michel,

            Sur la répression de la pédocriminalité, je suis curieux de connaître votre analyse quant à une coopération entre justice ecclésiastique et justice civile (pareille coopération est d’ailleurs souhaitée également par Mgr E. Gobilliard).

          • Puisque vous m’interpelez, Robert, je vais tenter de vous répondre, mais je ne suis ni juriste ni canoniste.
            Il me semble qu’il vaut mieux laisser la justice civile mener l’enquête en cas de signalement, c’est plutôt le point de vue de l’évêque de Strasbourg, Mgr Ravel, et cela me semble sage.

        • René, le Christ a toujours a toujours pardonné mais jamais en demandant à condition de… il a pardonné à la femme adultère uniquement en lui disant d’aller et désormais de ne plus pécher.
          Rien d’autre.Or nous avons à l’imiter et cela bien évidemment au risque de ne pas être compris et même, le cas échéant d’être condamné
          Quant au « triste sire » auquel vous faites allusion,je me garderais bien de condamner les prêtres qui lui ont accordé l’absolution d’autant plus que je ne sais pas la teneur des échanges qu’ils ont eu ensemble,et que finalement ce triste personnage ô bien longtemps après… a cessé ses activités criminels

          • Le Christ nous a aussi demandé de ne pas scandaliser les plus faibles et d’être toujours dans une démarche de justice vis-à-vis des petits… Ne retenir de son enseignement que l’inconditionnalité du pardon en oubliant qu’il y a des victimes et que ces victimes ont pu être tenues dans l’ombre et ignorées, du fait même des circonstances du pardon ne me semble pas recevable pour quelqu’un qui se veut tout simplement fidèle à l’evangile.

          • A Dominique,

            La « protection des enfants » inclut désormais un volet juridique car l’humanité a évolué. En l’ignorant, on risque de « passer à côté de l’essentiel », comme le déclare Laurence Beneux :

          • René, les victimes n’ont pas été tenues dans l’ombre et ignorées du fait des circonstances du pardon, mais du fait que personne ne les a prises en considération à l’époque puisque les faits étaient connus.

        • A Michel,

          « Robert, vous confondez justice ecclésiastique et sacrement de pénitence. » écrivez-vous.

          D’autre part, vous avez écrit précédemment :
          « L’absolution nécessite la contrition, la réparation quand elle est possible, et la ferme volonté de ne plus pécher »

          L’absolution, la contrition et la ferme volonté de ne plus pécher sont de l’ordre du sacrement de pénitence.
          La réparation est de l’ordre de la justice.

          Alors n’ergotons pas.

  • Pardon et justice .
    Le pardon ne peut pas être un moyen d’échapper à l’exigence de justice .Pour être deux domaines séparés, ils n’en sont cependant pas moins liés . Comment peut on honnêtement envisager de demander pardon et espérer qu’il soit accordé alors même que préalablement on n’a pas tout fait pour rétablir la justice ?
    Rétablir la justice est le socle à partir duquel la démarche de pardon peut se déployer.

    La justice a pour finalité de rétablir un équilibre dans la relation, mis à mal par le dommage créé .
    Le pardon a pour finalité de se dire l’un a l’autre que le dommage créé peut-être dépassé et il permet ainsi d’ouvrir un avenir à une relation abîmée . Le pardon ne peut pas être unilatéral .Pour qu’il soit effectif encore faut il que l’auteur du mal le demande à la victime et que la victime l’accepte .
    C’est la raison pour laquelle , les cérémonies de demande de pardon à Dieu pour les actes de pedocriminalite des clercs organisées alors qu’ aucune action en justice n’avait été initiée par l’église , que les demandes de pardon n’ont pas été sollicitées auprès des victimes et que celles ci n’avaient pas accordé (le pouvaient elles ?) leur pardon , me sont apparue comme un summum d’hypocrisie et d’instrumentalisation de la démarche de pardon .

    • il me semble que dans la confession c’est le pardon de Dieu que l’on demande, et pas du tout celui de la victime et le prêtre n’est pas là pour parler au nom de la victime ni pardonner en son nom bien sûr.

      • J’ai vraiment l’impression que sur cette question on tourne en rond. Et je souhaite qu’on en reste là ! Je voudrais simplement – c’est ma préprogative d’animateur de ce blog – souligner ce qui me semble tout de même problématique : l’obsession du pardon pour le coupable (que je ne conteste pas) qui fait totalement occulter le fait de savoir s’il peut ou non récidiver et faire d’autres victimes, et les souffrances de sa ou ses victimes. Autant de questions qui me semblent prises en compte par la société civile et relativisées par la communauté catholique au motif que la priorité doit aller au pardon. Au point qu’on entend parfois tel ou tel évêque se soucier de savoir si les victimes sont capables de pardonner à leur bourreau… avant même de s’être inquiétés de leur état de santé ! Et l’on s’étonne que l’Eglise fasse l’objet d’un rejet dans une partie de l’opinion ! Bref, de nos débats dans ces pages je retire l’impression d »une incapacité à admettre la complexité du réel, le fait qu’il existe des priorités antagonistes, et donc qu’on préfère se voiler la face et réaffirmer haut et fort, puisqu’on est entre cathos, n’est-ce pas, que le pardon (et le secret de la confession qui va avec) doit primer sur toute autre considération.

        • Mais René,que le réel soit très compliqué qui le remet en cause,qui en doute Mais en tant que cathos n’avons-nous pas à avoir un regard différent de celui des non-cathos et justement en matière de pardon.notamment?
          Que l’Eglise fasse l’objet d’un rejet dans une partie de l’opinion publique,mais on devrait presque s’en réjouir au lieu de s’en lamenter.Il ne me semble pas que le Christ dans son enseignement nous ait annoncé un avenir radieux, loin de là
          « Le Fils de l’homme quand il reviendra trouvera-t-il la foi sur terre? »

  • René, me soupçonnez-vous donc de ne pas me préoccuper du sort des victimes de ces crimes?
    Il n’en reste pas moins que les horribles auteurs de ces crimes ont droit au pardon comme n’importe lequel d’entre nous.Bien sûr que ce pardon ,lequel n’est donné que dans le secret n’améliore en rien le sort des victimes aussi innocentes soient-elles mais ne leur retire rien non plus et ne dispense pas pour autant le bénéficiaire de ce pardon de se mettre en règle vis_à vis de la Justice des hommes.

    • Bienvenue sur ce blog puisque c’est votre première contribution. Et merci pour ce lien. Mais j’avoue mes réticences à transformer ce lieu de dialogue où chacun est invité à exprimer ses convictions en simple « boite à idées » ou revue de presse.

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