Burqa or not burqa ?

Interdire ou non le port de la burqa sur le sol français est une question « sensible » qui suscite, légitimement,  débat et controverse. Mais je crains qu’il n’y ait un moment où il faille prendre le risque ( le moindre ?) d’une opinion tranchée.

Voilà des semaines que la souris me démange d’écrire, dans ce blog, sur la burqa et la question de sa possible  interdiction. Je dois cet aveu qu’au fil des jours et des arguments j’ai oscillé tantôt pour l’interdiction, tantôt pour la tolérance… vilain mot d’où est exclue toute notion de respect.

Il serait trop facile d’ironiser ici sur les hésitations de la classe politique et ses contradictions. Mais peut-on à la fois dire comme Nicolas Sarkozy, le 23 juin dernier, que « La burqa n’est pas la bienvenue sur le territoire de la République » ,  répéter comme le faisait hier Eric Raoult dans son rapport parlementaire : « c’est toute la France qui dit non au voile intégrale » et… se voiler pudiquement la face ?

Le port de la Burqa, les musulmans le reconnaissent eux-mêmes, ne répond à aucune obligation de l’Islam et n’a donc d’autre signification religieuse que celle qu’une minorité intégriste veut bien lui donner. Pour l’avoir courageusement rappelé, récemment, l’imam de Drancy, en région parisienne, s’est trouvé agressé et menacé de mort. Ce qui n’est pas admissible. La République est terre de liberté pour toutes les religions. Mais de même que tout ne peut pas être assumé dans la foi, tout ne peut pas être assumé dans la République.

Nos cultures, notre civilisation reposent sur la dignité de la personne, de toute personne. Mais la notion même de personne suppose un nom et un visage. Les nazis l’avaient bien compris qui transformaient les patronymes en simples matricules. Relisons Walt Whitman dans son long poème Feuilles d’herbe : « Qu’y a-t-il de plus subtil que ce qui m’attache à l’homme ou à la femme qui me regarde dans les yeux ? »  C’est là notre tradition culturelle au sens le plus noble du terme. Quelle existence sociale et citoyenne  peut avoir une personne qui, volontairement, masque son visage, nous signifiant ainsi que nous ne serions pas dignes de le voir ? Pour le croyant, c’est le visage de l’autre qui nous dit « quelque chose » du visage de Dieu… Que peut nous dire un regard voilé ?

Faut-il voter une loi d’interdiction ou se satisfaire de l’arsenal juridique existant pour simplement exclure des lieux publics le port de la burqa assimilé à un « signe ostentatoire », déjà réprimé par la loi de 2004 ?

Je puis comprendre l’inquiétude qu’une interdiction légale ne soit perçue comme une stigmatisation de la communauté musulmane. Je puis partager la crainte qu’ici ou là, dans certains pays islamistes, une telle loi – mais plus encore son application, au besoin par la force et sous l’oeil des caméras donc du monde entier –  ne soient utilisées pour nourrir un ressentiment anti-français et anti-occidental. Au risque même de menacer la vie de certains de nos ressortissants.

Mais soyons assurés que de toute manière, ces pays et leurs dirigeants sauront toujours trouver l’alibi nécessaire au déchainement de la haine et de la violence, s’ils en décident ainsi.

Je crains donc, pour ma part – mais cela n’engage que moi – qu’il ne faille se résoudre à prendre le risque, encore une fois bien réel, d’une interdiction totale et de son application, sauf à laisser les islamistes triompher et peu à peu nous dicter leur loi. Ce combat nous le devons aux citoyens de ce pays, au premier rang desquels la communauté musulmane elle-même, désireuse de s’intégrer dans la République.

7 comments

  • Il y a quelque temps,je lisais dans mon quotidien de l’est de la France,2articles côte à côte;l’un traitant de la possible interdiction de la burka par une loi,l’autre relatant les péripéties d’étudiantes s’étant fait renvoyer du lycée car étant vêtues de shorts (qui,au vu de la vidéo sur internet,faisaient plutôt penser à des bermudas).
    Que la burka soit indésirable en France,voilà un fait unaniment reconnu (Pourquoi seulement en France d’ailleurs,que dit l’Europe?)Maintenant,avoir recours à une loi pour l’interdire peut faire mettre le doigt dans un engrenage vicieux.Etre puni si l’on est trop habillé;l’être aussi si on l’est à peine pas assez??? où est la limite?Nos demoiselles et dames sont agréables à regarder lorsque elles ont une jolie silhouette et sont court-vêtues.Faudra t-il une loi aussi qui interdira la mini-jupe et le short.Il est déjà fait reproche aux jeunes d’avoir presque tous la même tenue « jean-baskets »Faut-il donc condamner tout le monde à porter ce qui s’apparenterait à un uniforme dans la rue??

  • si comme vous, je pense qu’une loi est difficile sur le sujet même , du moins d’emblée piégée….par contre l’impossibilité de se présenter non reconnaissable dans des démarches ou action quotidienne me parait indispensable.++++sinon cela rend très difficile la vie de certains professionnels.
    en dehors de cela il ne faut pas avoir peur de dire que la burka et elle seule est indigne pour une femme!!!!!
    des paroles de certains laisseraient supposer qu’ils aimeraient bien que certaines soient en burka….je souris….ou je devrais en pleurer?
    cela rejoint d’une autre façon le sujet traité par la Croix sur ce que j’appellerais la « maltraitance » des jeunes filles dans notre société y compris dans nos collèges catholiques.
    je n’ai pas tout lu , mais ce n’est pas la mixité qui est en cause, c’est un non respect de la personne humaine, car même si certaines ne facilitent pas les choses cela n’excuse rien+++
    cela se voit parmi les jeunes mais dans d’autres domaines les moins jeunes…..dans ce domaine j’ai une certaine expérience concrète….
    bonne journée
    claudine

  • Les différents grands responsables religieux de notre pays, y compris le président de la confèrence des évêques, n’ont pas de positions tranchées, laissant l’état laïc devant sa décision. Aux dires des croyants musulmants le port de la burqa n’a rien à voir avec la religion. Ainsi quelques centaines de personnes expriment par leur tenue vestimentaire le refus du mode de vie occidentale et de la vie à la française.D’autres gens fuient leur pays où ils peuvent pas vivre. Ils choisissent la France et seraient heureux de s’y intégrer. Or on ne les accueille pas. On les traite mal. On les reconduit chez eux. Et cela concerne 30.000 personnes par an ! Je n’oublie pas la question. Ma réponse est : » not burqa ».

  • En fait, dans un paysage MULTICULUTREL FRANCAIS, il ne faut pas “détonner”. Et puis l’expérience nous l’a montré plus les politiques et les législateurs taperont sur les “mauvais” musulmans plus ils se radicaliseront, on n’obtient rien par la force. Les politiques devraient commencer par Mettre plus d’argent dans l’éducation national, embaucher plus de personnel dans les écoles, et apprendre aux jeunes à penser par eux-mêmes, leur apprendre leur histoire aux sens large, celle de la colonisation, de l’Afrique qui a une grand histoire avec la France. C’est en éclairant et nourrissant les esprits, en transmettant des connaissances qu’on fait reculer l’obscurantisme à tous les niveaux ! Donc au lieu de réprimander, formons les jeunes esprits !

  • Princesse

    Vous assimilez l’idée d’interdiction à une réprimande qui prise de la sorte ne peut que susciter des ranceurs et dramatiserinutilment le débat mais comme le dit la note de René Pujol la question qui est posée estavant tout celle de la dignité des femmes.

    Fallait-il vraiment débattre de cette question sur la place publique, politiser le débat, en faire un argument électoraliste dans un sens comme dans l’autre ? C’est cette instrumentalisation outrancière qui fait des ravages et qui stigmatise inutilement la communauté musulmane. Peut-être fallait il agir sans ce tapage médiatique.

    Vous nous parlez de multicuralisme mais là aussi , il y a de quoi être sceptique. Certains de mes proches ont vécu au Maroc sans jamais y avoir croisé une seule femme en burka…

    Quant à la liberté , je me demande s’il est vraiment possible d’être libre en étant fanatique..

  • je pense que s’il faut être prudent dans le domaine,
    mais, il y a des circonstances où la Burka est non recevable.
    il y a des frontières à ne pas franchir ….demander à ce que l’on puisse reconnaître quelqu’un me parait évident pour une vie en société.
    Dans le domaine public on ne peut se promener cagoulé.
    et le médecin sait combien tous les arguments invoqués pour la justification de la burka sont faux…..

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