François face à la pédophilie : le soupçon

François face à la pédophilie : le soupçon

Il est difficile de dire que rien n’a été fait mais aussi douloureux de constater que l’essentiel reste à entreprendre. 

(Cet article a été repris, par lien, sur le site d’informations internationales sur l’Eglise et le Vatican Il Sismografo, auquel j’adresse ma profonde gratitude.)

«La question de la pédophilie risque de devenir une épine dans le pontificat de François» prophétisait le vaticaniste italien Marco Politi dans un article du 3 mars 2016. (1) Près de deux ans plus tard les faits semblent lui donner raison. La gestion calamiteuse du dossier Barros, lors du récent voyage du pape François au Chili a marqué la limite du discours sur la “tolérance zéro“ qui reste pourtant, officiellement, la ligne du Vatican. Et la non-reconduction, à sa demande, de la pédopsychiatre française Catherine Bonnet au sein de la Commission pontificale chargée de lutter contre la pédophilie, met à nouveau en lumière les frilosités ou la paralysie de cette structure. Au point que la question est désormais posée de savoir si ces dysfonctionnements au plus haut niveau de la hiérarchie catholique sont uniquement liées aux résistances que rencontrerait le pape François dans sa détermination à lutter contre la pédophilie dans l’Eglise ou si lui-même, pour des raisons difficiles à cerner, n’en serait pas objectivement sinon le complice, du moins le spectateur résigné.

Paroles de victimes contre paroles d’évêques

En 2011, le père Fernando Karadima, une grande figure du catholicisme chilien, est reconnu coupable d’abus sexuels sur des adolescents dans une paroisse huppée de Santiago, au cours des années 1980 et 1990. Il est alors condamné tant par la justice chilienne que par le Vatican. Mais de jeunes victimes du prêtre, parmi lesquels Juan Carlos Cruz, mettent également en cause, dès 2005, pour fait de complicité, le père Juan Barros présenté comme «l’homme de main» de Karadima qui, disent-ils, «assistait aux abus sexuels». Aussi, lorsqu’en 2015 ce même Juan Barros est nommé évêque d’Osorno, ils écrivent au pape François pour préciser leurs accusations. Ils lui font parvenir leur lettre par l’intermédiaire du cardinal O’Malley membre du C9 (2) et Président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs qui leur assurera, ultérieurement, l’avoir remise en mains propres.

Or non seulement le pape François ne revient pas sur sa nomination mais, deux ans plus tard, vivement interpellé sur cette affaire par des fidèles lors de son voyage au Chili, il prend fait et cause pour l’évêque d’Osorno : «Il n’y a pas la moindre preuve contre lui, tout n’est que calomnie.» Affirmation pour le moins incompréhensible et blessante pour les victimes qui sera ouvertement critiquée par le cardinal O’Malley lui-même. Si bien que le 21 janvier 2018, dans l’avion qui le ramène à Rome au terme de son voyage, le pape esquisse une forme de mea culpa tout en réaffirmant ses doutes sur la culpabilité réelle de Mgr Barros. Quelques jours plus tard, il décide l’envoi au Chili, pour entendre les victimes, de Mgr Charles Scicluna archevêque de Malte, Président du Collège spécial d’appel dans les cas d’abus sexuels sur mineurs de la part de clercs, au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi. (3) C’est lui qui, en 2004, a eu à connaître de l’affaire Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ, écarté de toute responsabilité dès 2006 mais dont la culpabilité n’a été officiellement reconnue par le Vatican qu’en 2010… deux ans après sa mort !

Nous en sommes là de l’affaire chilienne venue étoffer une série de faits récents qui renforcent le soupçon à l’égard du Vatican et du pape lui-même

Une démission qui en suit deux autres…

Le 17 février était rendue publique, à Rome, la composition de la nouvelle Commission pontificale pour la protection des mineurs présidée, comme nous l’avons dit, par le cardinal O’Malley. Un renouvellement marqué par le départ, à sa demande, de la pédopsychiatre française Catherine Bonnet. Dans une interview à l’Express elle s’en explique : « Je plaidais à titre personnel pour que les évêques et les supérieurs des ordres religieux aient l’obligation de signaler des suspicions de violences sexuelles sur mineurs aux autorités civiles». Elle ajoute avoir également demandé «la levée du secret pontifical» dans les cas de violences sur mineurs. Dans ce type d’affaires, cette disposition empêche en effet la justice civile d’obtenir communication des dossiers détenus par le Vatican, ce qui l’oblige le plus souvent à reprendre les enquêtes à zéro… N’ayant pu sur ces deux points obtenir satisfaction, elle a choisi de démissionner comme, avant elle et pour des raisons similaires, Marie Collins et Peter Saunders, membres de la Commission, eux-mêmes victimes de prêtres pédophiles.

Un refus obstiné de regarder le passé

Dans cette lutte officiellement engagée contre la pédophilie, il semble donc bien que la “tolérance zéro“, voulue par Benoît XVI puis reprise à son compte par le pape François se heurte à bien des obstacles, tant au niveau de la Curie que de certains épiscopats. Beaucoup souhaiteraient limiter l’action de l’Eglise à la seule prévention de nouveaux cas de pédophilie ; sans dénoncer les crimes passés ou présents dont ils pourraient avoir connaissance. Mais comment se prémunir pour l’avenir lorsqu’on refuse obstinément de regarder le passé pour tenter d’en comprendre les ressorts profonds et d’en tirer les leçons ?

Du “refus d’y croire“ au choix de la “tolérance zéro“

Regarder le passé, pour ce qui concerne le pouvoir central de l’Eglise catholique, c’est pourtant continuer de s’interroger sur les silences et l’inaction de Jean-Paul II, notamment à propos des crimes du père Martial Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ. Et s’étonner tout autant de la rapidité avec laquelle sa béatification puis sa canonisation sont venus jeter opportunément un voile pudique sur ce qui restera une faute majeure de son pontificat. Faut-il, comme le suggérait Lucetta Scaraffia, éditorialiste à l’Osservatore romano, dans la récente émission d’Arte (4) mettre le “refus d’y croire“ du pape polonais au compte de l’expérience qui était la sienne des dénonciations calomnieuses de prêtres sous les régimes communistes ? Ou expliquer cet aveuglement par le simple refus de certains, au Vatican, de condamner ouvertement le fondateur d’un mouvement catholique puissant dont les largesses financières bénéficiaient aussi aux “œuvres“ du Saint Père ?

Regarder le passé c’est, certes, prendre acte de la détermination du pape Benoît XVI a engager contre la pédophilie le combat négligé par son prédécesseur. Mais c’est également souligner que même sanctionné, le père Maciel n’a jamais fait l’objet d’un procès canonique, étant simplement invité à «se retirer dans une vie de prière et de pénitence» ce qui, apparemment, ne l’empêcha nullement de “continuer à voyager et à mener la belle vie jusqu’à sa mort» (5) Une attitude que l’on retrouve, ultérieurement, dans  la gestion de l’affaire chilienne où «plutôt que d’expulser Karadima de l’institution catholique et de l’envoyer devant les tribunaux, on lui a demandé de se retirer dans un couvent, avec quelques religieuses pour s’occuper de lui.» (6) Sans parler du refus obstiné du cardinal Ratzinger devenu pape, de jamais rencontrer les victimes du père Maciel, y compris lors de son voyage au Mexique.

Lorsque François jette le trouble

Regarder un passé plus récent c’est s’étonner de la bienveillance du pape François vis-à-vis de certains prélats mis en cause dans différentes affaires parmi lesquels le cardinal Pell, proche conseiller, membre du C9, accusé par la justice Australienne. C’est s’interroger sur sa décision de réintégrer dans le clergé catholique Don Mauro Inzoli, figure historique du puissant mouvement Communion et Libération, pourtant reconnu coupable d’abus sexuels sur mineurs… avant de le réduire à l’état laïc deux ans plus tard. C’est prendre acte du fait que, selon ses proches, il rencontre régulièrement des victimes d’abus sexuels… sauf celles du père Preynat regroupées au sein de l’association La Parole Libérée ou celles du père Maciel et du père Karadima lors de ses voyages au Mexique et au Chili. Comme s’il fallait différencier les «bonnes» victimes – discrètes – qui ont droit à la compassion de l’Eglise, des «mauvaises» – ayant choisi de parler – et donc “par qui le scandale arrive“. C’est enfin tenter de comprendre pourquoi le pape François qui a créé en 2014 la Commission pontificale pour la protection des mineurs, n’a pas jugé utile de rencontrer ses membres une seule fois en trois ans… alors qu’ils avaient, de toute évidence, des choses à lui dire personnellement.

De quoi nourrir à son endroit le soupçon de prôner la “tolérance zéro“ tout en continuant à protéger des pédophiles et leurs complices. Avec cette ultime question : pourquoi ? Faut-il incriminer le refus de collaborer d’une partie de la Curie et de certains épiscopats, notamment italien ? Faut-il mettre en cause la présence, au sein du C9, à côté du cardinal O’Malley “champion“ reconnu de la lutte contre la pédophilie d’autres conseillers tels que les cardinaux Pell et Errazuriz (7), personnellement impliqués dans des soutiens coupables à des prédateurs pédophiles ? Faut-il aller plus loin encore et, comme le suggèrent certains, imaginer que des adversaires de la première heure du pape François aient pu, cyniquement, lui cacher le passé sulfureux de tel ou tel nouveau collaborateur qu’il venait de se choisir pour mieux le mettre en difficulté le jour où le scandale éclaterait ? Ou faut-il conclure simplement de ces faux pas que, finalement, le combat contre la pédophilie ne serait pas pour lui une réelle priorité ?

L’Eglise est-elle prête au vrai changement ?

A moins qu’il ait tout simplement conscience d’avoir sous-estimé les bouleversements culturels qu’impliquerait pour l’Eglise la simple prévention de nouvelles dérives pédophiles. Trop de reportages publiés par les médias, illustrent l’immaturité de certains clercs face à la sexualité humaine ce qui, en cas de manquement à leur devoir de continence, les rend incapables de différencier des relations “normales“ avec des adultes consentants, de relations contraintes avec des enfants. Et cela alors même que l’on continue de donner en exemple des mouvements, communautés ou diocèses où la formation des prêtres repose, précisément, sur un «retrait du monde» au motif de les mieux préparer à en affronter demain les séductions… Trop d’enquêtes mettent en évidence, dans ces affaires, une vision sacralisée et absolue de l’autorité liée au sacerdoce. Et cela alors même que de jeunes prêtres semblent tentés d’y trouver une forme d’identité. Trop de blocages viennent de la pratique du secret dans les procédures canoniques, justifiée par le désir de protéger les personnes. Et cela alors même que trop de victimes, à cause de cette opacité, se voient refuser une juste reconnaissance et réparation des crimes qu’elles ont subis. Mais l’Eglise est-elle prête – et capable – de repenser tout à la fois sa vision de la sexualité, sa conception de l’autorité, sa pratique du secret ?

Il appartient au peuple chrétien de se saisir de ce combat.

Une récente interview à la BBC de Juan Carlos Cruz, accusateur de Mgr Barros dans l’affaire chilienne, se termine sur cette question : « Avec tout ce qui vous est arrivé, avez-vous quitté l’Eglise catholique ? Avez-vous perdu la foi ? » Voici sa réponse : « Je suis toujours catholique. Je vais à la messe tous les dimanches. J’aime mon Eglise. J’ai de grands amis prêtres et je sais qu’il y a beaucoup plus de bons prêtres que de mauvais prêtres. Je ne vais pas laisser ces gens me faire perdre ma foi en Dieu. »

Dans son encyclique Laudato si’ le pape François analyse que la nécessaire révolution écologique se heurte aujourd’hui à l’immobilisme des Etats et des organisations internationales, compromises dans des intérêts tant politiques que financiers. Dès lors, déclare le pape, il appartient au peuple de se saisir directement de ce combat. Osons ce parallèle : la lutte contre la pédophilie dans l’Eglise semble aujourd’hui se heurter à l’immobilisme de l’institution elle-même, compromise dans d’autres formes d’intérêts tout aussi politiques et financiers. (8) Il appartient donc au peuple chrétien de se saisir aussi de ce combat. (9) Certains catholiques, en toute fidélité au pape François, ont choisi de mener les deux, conjointement.

 

  1. Marco Politi est notamment l’auteur de François parmi les loups, Ed. Philippe Rey 2015, 288 p.
  2. Titre donné au Conseil des cardinaux nommé par le pape François pour le conseiller sur les réformes à engager dans l’Eglise.
  3. A l’heure où je rédige ce billet, la presse annonce que Mgr Scicluna a du être hospitalisé à Santiago.
  4. L’Eglise face aux scandales pédophiles, Arte 20 Février 2018.
  5. Pedro Salinas, L’heure de Barros est-elle arrivée ?, article du 9 février 2018 traduit par Xavier Léger et publié sur le site L’envers du décor.
  6. ibid
  7. Ancien archevêque de Santiago du Chili, il a été un ardent défenseur du père Karadima et aujourd’hui de Mgr Barros.
  8. Le film diffusé par Arte met notamment en évidence le refus par l’épiscopat américain, dans certains Etats, de revoir à la hausse les délais de prescription en matière de crimes pédophiles, de peur que de nouveaux dossiers, aujourd’hui prescrits, soient rouverts ce qui pourrait coûter à l’Eglise des centaines de millions de dollars supplémentaires d’indemnités à verser aux victimes. Dans ce combat, le meilleur allié des évêques semble être… le lobby des assurances.
  9. C’est dans cet esprit que vient d’être créé le 15 janvier, à Santiago, en marge du voyage du pape François au Chili, un réseau international Ending Clerical Abuse, à l’initiative d’une dizaine d’associations de victimes de prêtres pédophiles dont La Parole Libérée pour la France.

161 comments

  • Je partage beaucoup de vos interrogations face au décalage entre l’affirmation : « tolérance zéro »! Et les faits. Les freins mis par la Curie et certains épiscopats ne me semblent pas suffire à expliquer certaines décisions du pape François
    Je crains qu’il ne soit pas crédible tant qu’il n’aura pas « coupé quelques têtes d’évêques » embourbés dans ce type d’affaires. Et qu’en est-il pour lui-même en Argentine ? Il est vrai que sous la dictature Pinochet, comme sous d’autres, on peut toujours craindre des affaires montées de toutes pièces… C’est ce qui a rendu Jean-Paul II aveugle dans ce domaine.
    En tout cas notre Église va rester pour longtemps non crédible dans ce domaine…

      • Philippe, je pense que le commentaire de Régine et Guy Ringwald auquel tu sembles faire référence, entendait souligner que les véritables prophètes étaient ceux qui de fait avaient concrétisé cette « prise en main du combat par les laïcs », les fidèleds d’Osorno, plus que le rédacteur de cet article qui se contente, lui, de formuler la chose… même si c’est méritoire !

  • Cher René

    Depuis 2 ans et demi, j’ai tout lu sur le sujet.
    Pas un article n’est passé entre les mailles du filet, y compris à l’international.

    Celui ci est peut-être le meilleur que J’ai lu. En tout cas le plus en phase avec ce que nous avons essayé de démontrer.

    Bravo.
    François

    • Merci François. Cet article se veut aussi un hommage au combat que vous menez avec votre association la Pärole Libérée, et qui, à notre tour, nous oblige à sortir du silence et de l’indifférence.

      • Vous avez su trouver les mots et mettre en lumière la vérité.
        Les choses ne seront désormais plus comme avant et le monde se réveille sonné de ce constat.
        Heureusement une poignée d’hommes sont là comme notamment le père Stéphane dont j’admire la droiture et la franchise exempte de toute agressivité.

        Face à ce constat, nous ne pouvons être qu’ inquiets de l’avenir de cette institution compte tenu de la transmission générationnelle de cette culture et cette appartenance.
        Pour chaque fidèle qui quitte aujourd’hui l’église, c’est une branche entière qui se sectionne.
        Et la situation, déjà très critique, n’avait pas besoin de ça.

        La suite probablement dans 1 génération…

        Merci encore pour ce fabuleux hommage. Nous sommes tres fier si nous avons pu suciter cela.

        • Bonjour François,
          Il n’est pas sûr que chaque chrétien qui quitte sa « pratique » soit une branche perdue. Certes, la situation paraît fort critique – pas d’hier ! – ce qui n’empêche pas qu’au delà des apparences, certains de ces chrétiens et de leur rejetons, ces branches qu’on pourrait croire mortes, marcotent, s’enracinent autrement, …
          La foi de Théodore Monod * -« Il serait plus courageux d’avouer que les mots humains sont incapables d’exprimer l’inexprimable, que le silence est la seule réponse à certains grands problèmes »- est plus immortellement profonde, vraie et libre que celle dictée par des empereurs romains.
          * Un prêtre de l’église assyrienne de l’est me raconta un jour « sa vie », en commençant ainsi: Théodore Monod disait « ma foi est celle des chrétiens d’avant 385 ? J’ai cette foi, pas plus, je ne veux pas ajouter chaque fois des choses ». En plus précis:
          http://www.theolib.com/articles/monod.html

          • Vous voulez dire 381, je suppose ?

            (Je me permets, pour les non-initiés, de préciser ce commentaire : 381 est en effet la date du Concile de Constantinople qui, avec celui de Nicée en 325 constitue les deux premiers Conciles œcuméniques d’où est sorti le texte du symbôle ou Credo dit de Nicée-Constantinople. René Poujol)

          • Michel de Guibert, j’ai vérifié, c’est bien 385 que mon interlocuteur a mis dans la bouche de Th Monod. Si ce n’était pas un erreur il peut faire référence au 2d concile de Césarée, ou à celui de Sangarum en Bithynie. Il peut être signalé que jusqu’au XXème siècle, synode et concile furent synonymes, … et que le glissement de sens des mots est rarement anodin!
            Ce genre de sujet mérite de dépasser le cercle des initiés, pour atteindre celui des curieux, car l’histoire étant un outil de pouvoir, chaque Église a la sienne … Se faire une idée de celle des autres est utile pour que l’œcuménisme ait quelques chances de progresser.

          • Jean-Pierre Gosset, je pensais de fait au Concile de Constantinople en 381, dernier concile œcuménique commun à toutes les Églises, et notamment à l’Église assyrienne (appelée à l’époque Église d’Orient car en dehors de l’empire romain) qui a de fait refusé le Concile d’Éphèse (431) définissant Marie comme Θεοτόκος (Théotokos, Mère de Dieu) ; mais il y a eu aujourd’hui des professions de foi communes entre cette Église et les Églises catholiques et orthodoxes.
            Après, je ne sais si votre interlocuteur fait allusion à ces Conciles locaux ou s’il s’est trompé de date…

  • Cher Monsieur Poujol,

    Je viens de lire votre chronique sur le soupçon par rapport au Pape François. J’apprécie la façon remarquable dont vous venez d’exposer la situation et les questions qu’elle suscite.

    En ce qui concerne l’affaire Karadima-Barros, nous avons appris ces jours-ci que la première dénonciation pour mœurs concernant Karadima remontait à 1983. Depuis le cardinal Fresno, tous les cardinaux ont protégé cet homme. En 1952, il a réussi à devenir le responsable de la Pieuse Union du Sacré-Cœur. Il en a fait une gigantesque affaire immobilière. Il s’est introduit dans les coulisses du pouvoir chilien et il a hébergé un des assassins du général Schneider, membre du commando organisé par la CIA pour empêcher l’accession au pouvoir de Salvatore Allende. Son avocat pour ses affaires de mœurs a été le frère de cet assassin. Karadima était un des soutiens de Pinochet et par la suite les nostalgiques du général se retrouvaient dans sa paroisse. En même temps, Karadima s’abritait derrière la figure de saint Albert Hurtado pour couvrir son système d’emprise. La famille du saint a dénoncé la manipulation publiquement en 2011. Karadima s’est infiltré à la nonciature où fut en particulier en poste quelqu’un que j’estime très moyennement, le futur cardinal Sodano, secrétaire d’Etat de Jean-Paul II et encore doyen du Sacré-Collège. Il est à noter que Karadima a également été protégé par notre nonce actuel en France, Mgr Luigi Ventura, qui fut nonce au Chili de 1999 à 2001. Karadima avait réussi à influer sur les nominations épiscopales. Petit détail savoureux : le nonce actuel, Ivo Scapolo, qui a tout fait pour essayer de sauver la mise à Barros, passait ses vacances d’été chez la tante de Barros à Madrid. C’est tout le petit monde de la haute société chilienne qui est en train de se faire pincer avec cette histoire. Et les compromissions sont monstrueuses. Les victimes sont d’une dignité inouïe.

    Il est incompréhensible que le Pape François se soit compromis de cette façon par rapport à Barros. C’est grâce à des articles comme le vôtre que l’on peut espérer qu’il va totalement redresser le cap et sauver sa tête (en tout cas celle du successeur de Pierre si ce n’est la sienne) en décapitant une bonne demi-douzaine de cardinaux qui mériteraient de l’être, en commençant par le cardinal Barbarin qu’il soutient également de façon outrancière.

    Votre lucidité et votre franchise relèvent de la parrhésie qu’invoque tout le temps le pape François. Je vous félicite pour ce que vous faites et je vous encourage chaleureusement à poursuivre.

    • Votre remarque relative au Cardinal Barbarin est injuste car il n’était pas en charge du diocèse de Lyon quand se sont produits les faits anciens qui lui sont reprochés aujourd’hui, et dans d’autres affaires plus récentes il a parfaitement appliqué la tolérance zéro.

          • Je valide cette réponse… qui n’en est pas une. Ces deux documents sont intéressants qui illustrent comment les mêmes qui aujourd’hui s’érigent en procurateurs contre l’Eglise, pour des affaires de pédophilie, plaidaient pour sa dépénalisation il y a quatre décennies. Pour autant , je ne vois pas très bien en quoi ils constituent une « réponse » à François Devaux, qui saura répondre s’il le souhaite. Sauf à vouloir suggérer que l’Eglise aurait fermé les yeux volontairement sur les agissements criminels (aux yeux de la loi alors en vigueur) de certains prêtres, au motif qu’elle-même jugeait légitime une telle dépénalisation ? Et donc qu’aucun archevêque de Lyon n’aurait commis la moindre faute ? Je n’ose l’imaginer !

            On peut retrouve le texte de Jacques Dugué qui constitue une véritable apoligie de la pédophilie, sur la page même de Libération où il fut publié : http://www.bafweb.com/Lib19790126.html

          • Merci René pour le lien direct vers l’article de Libération de 1979.
            Bien entendu il ne s’agit pas d’une réponse à François Devaux, juste un lien en regard d’un autre lien vers « Libération »… autre temps autres mœurs…
            Vous avez parfaitement compris mon propos qui visait à illustrer comment l’on est passé dans les milieux bien-pensants de l’apologie de la pédophilie dans les années 70 à sa condamnation aujourd’hui, notamment après la sinistre affaire Dutroux.
            Bien évidemment cela ne légitime en rien pour autant les silences coupables de l’Église à l’époque.
            Bien au contraire l’Église aurait dû en la matière montrer une exigence éthique supérieure à celle de l’époque.

      • Je suis édifié par votre zèle pour la défense du cardinal Barbarin mais il me semble que vous n’êtes pas suffisamment informé. Il ne s’agit pas d’attribuer au cardinal ce qu’il n’a pas pu faire, vous avez raison, mais lorsque une des victimes l’a informé, comptez le nombre de mois qu’il a attendu avant de réagir et vous comprendrez ma remarque. On a appris par la suite qu’il a d’abord dit qu’il avait été mis au courant en 2014, puis à Céline Hoyeau vers 2007-2008, puis Isabelle de Gaulmyn a révélé qu’il était au courant depuis 2004-2005. Veuillez consulter la chronologie des faits https://www.laparoleliberee.fr/les-faits/chronologie-factuelle/ De plus, avant de comprendre que la question de la pédophilie du clergé dans l’Eglise était un problème à régler de suite, il a enchaîné les maladresses dont celle du « grâce à Dieu, les faits sont prescrits ». C’est finalement contraint et forcé par l’ensemble de ses confrères évêques, devant la tempête médiatique, qu’il a fini par prendre quelques mesures, non sans déraper encore quelquefois. Ses conseils, parmi les meilleurs de France, et aussi les plus chers, puisqu’utilisés par les patrons du CAC40, ont eu toutes les peines du monde à obtenir de lui qu’il se taise. Depuis qu’il le fait, ça va mieux. Mais le mal est fait. Pour en revenir à ses conseils, il n’a pas oublié de les remercier. C’est ainsi qu’on la vu porter en juillet dernier, de la part du Pape François, une relique du Pape Jean-Paul II à M. Didier Pineau-Valencienne pour la chapelle de sa propriété en Vendée. J’aimerais bien que vous me disiez où se trouve l’injustice quand un cardinal archevêque de Lyon se comporte comme un prince entretenu par les fortunes de France pour « se défendre » contre des victimes qui ne lui ont jamais demandé que d’être reçues et écoutées afin que des mesures soient prises. Les voyages privés en avion à Rome pour faire rencontrer le Pape François à l’un ou à l’autre ont aussi été une des formes de remerciement. Soit dit en passant, je le trouve très fort : il a réussi à transformer ce qui n’aurait jamais dû rester que l’affaire Preynat en affaire Barbarin, qui est désormais devenue mondiale. Chapeau, Monsieur le Cardinal. Pour le coup, c’est le Pape qui devrait d’ailleurs le lui retirer, son chapeau. C’est juste ce que je voulais dire.

        • Merci pour cet article, René, absolument parfait. C’est agréable de voir qu’on est de moins en moins isolé dans cette cause. La vérité commence à faire trembler l’édifice, et c’est tant mieux.

          Pour compléter la réponse de Barracuda, j’ajouterais que le plus choquant dans l’attitude du Cardinal Barbarin, c’est la mise en place de toute une stratégie pour calmer / faire taire les victimes. C’est cela qui est vraiment révoltant: des rencontres organisées entre Preynat et des victimes pour OBLIGER ces dernières à PARDONNER SANS QU’ON LEUR RENDE JUSTICE (afin qu’ils nous foutent la paix?), un discours se voulant rassurant de la part de l’évêque auxiliaire: « Ne vous inquiétez pas, ce prêtre est sous haute surveillance! Nous l’avons sous contrôle! »
          Ce type de stratégie indique que Barbarin savait bien que Preynat avait commis des crimes gravissimes.
          Il a fait un choix, qui n’est pas en son honneur. Plutôt que de le sanctionner, il l’a laissé en liberté et même lui a offert une belle promotion.
          Circonstance aggravante pour Barbarin: si ses prédécesseurs ont fait des fautes encore plus graves, ils agissaient selon le modus operandi de l’Eglise au siècle dernier. Ce n’était pas le cas du Cardinal Barbarin.

  • Entre l’émission sur ARTE et cet article tout est dit sur le silence de l’Eglise et de son chef ! Il y a des têtes a couper chez les évêques …. On attend la tolérance zéro promise dite et redite !

  • L’Eglise est-elle prête – et capable – de repenser tout à la fois sa vision de la sexualité, sa conception de l’autorité, sa pratique du secret ?
    La bonne question à laquelle je m’associe volontiers… Un grand merci René pour la justesse de ton billet.

  • Merci beaucoup pour cet article qui sonne juste…
    Espérons que beaucoup le liront et seront capables de se poser à leur tour les bonnes questions…
    Nous devons apprendre à sortir du silence…

  • Intéressante synthèse sur des développements qu’on pouvait voir venir. En effet, la conclusion pose une bonne question. En continuant à démêler l’écheveau, on aura peut être les réponses aux interrogations qui subsistent. Cela risque d’aller loin.
    Mais surtout, il faudrait ne pas oublier que si l’affaire Karadima ressort aujourd’hui dans toutes ses dimensions, c’est parce que des laïcs, à Osorno, au sud du Chili, se sont dressés contre l’évêque qu’on pensait pouvoir leur imposer au nom d’une autorité supérieure. Leur résistance a été –et demeure- exemplaire et peu commune. C’est plutôt là que nous voyons le prophétisme.

  • Merci René pour cet article qui est aux antipôdes de la culture du secret et du double langage de certains dirigeants ecclésiastiques. Et de ce côté l’émission d’Arte est éclairant. La Fédération des Réseaux du Parvis, informée par des membres travaillant en lien continu avec les laïcs d’Osorno, suite à un vote lors de sa dernière assemblée générale, a décidé d’interpeller le cardinal Parolin et le cardinal O’Malley, avant le voyage du pape François au Chili. Voici la lettre qui avait été envoyée
    https://www.dropbox.com/s/6h2zdmmveajxg39/parvis2018_orsono_vatican1_190.pdf?dl=0

  • Il y aura toujours de « bonnes gens » désireux de croire … sans se soucier de savoir. Au milieu de ces Hommes de foi se cachent des corrompus, bien abrités par un statut et le pouvoir de l’institution. Heureusement pour l’Église le courage d’ouvrir les yeux grandit chez les Hommes de foi, ce qui oblige à bien distinguer l’erreur/le péché de la corruption * … La Bible propose un exemple fort de corrompu: le roi David!
    Il ne faut pas écarter non plus une part d’inné dans la corruption ** ce qui n’enlève rien à l’obligation de discernement faite à l’autorité qui doit protéger d’abord les victimes sans oublier d’essayer de protéger les corrompus d’eux-mêmes, … mais d’abord les victimes!
    Il devient en effet clair que le discours sur la corruption de clercs ne peut plus être un placebo destiné à cacher son incapacité à agir, …. c’est à dire à se réformer à la base … secret, pouvoir, statut, sont en question depuis trop de siècles! Tout retard creuse l’ornière sectaire.

    * https://fr.aleteia.org/2016/01/30/pape-francois-soyez-pecheurs-mais-pas-des-hommes-corrompus/
    ** http://www.lemonde.fr/societe/article/2007/04/11/tolle-chez-les-scientifiques-apres-les-propos-de-nicolas-sarkozy-sur-la-genetique_894367_3224.html

  • Les opinions, avis, jugements sur cette triste affaire doivent tenir compte du contexte social et politique du Chili des temps d’Allende et de Pinochet jusqu’au retour de la démocratie. La fracture au sein de l’église catholique du Chili était réelle entre les fidèles de la Secretaria de la solidaridad du cardinal Silva Enriquez et ceux qui soutenaient peu ou prou le régime de la Junta de gobierno des quatre généraux. Cette opposition interne laissa plus que des traces; des animosités réelles , animosité de classes sociales malheureusement existante chez les catholiques chiliens. Ce contexte peut expliquer la grande prudence du Vatican.
    Mais il eut été sage de déplacer Mgr Barros devant une opposition si affirmée d’une partie de ses fidèles et de le remplacer par un Evêque irréprochable et politiquement neutre.
    Par ailleurs je ne pense pas qu’il soit bon d’utiliser ce blog pour vider ses querelles ou faire part de position trop affirmée. Le Pape François a pris la sage décision d’envoyer en mission le meilleur pour prendre la bonne décision. Prenons en acte.

    • J’entends votre propos mais concernant des accusations – confirmées – de pédophilie, le contexte politique chilien ne justifie rien et ne peut, hélas, qu’aider à mieux comprendre pourquoi et comment le pouvoir politique a couvert de tels agissements de la part d’une institution ecclésiastque qui soutenait officiellement le régime. Regardons les réalités en face. Une fois encore se trouvent ici mélés le sexe, le pouvoir et l’argent – et pas forcément au service du Royaume de Dieu – contre lesquels le Christ n’a cessé de mettre en garde.

      Vous parlez de « déplacer » Mgr Barros… Désolé mais s’il est réellement complice des abus commis par Fernando Karadima, c’est le démettre de ses fonctions qui eut été la bonne décision. Attendons de voir ce que Mgr Scicluna conclura de ses rencontres.

      Enfin, pour ce qui est de ce blogue, je suis aussi soucieux que vous, puisque c’est le mien, de faire en sorte qu’il échappe à toute dérive. Néanmoins lorsque les éléments publiés sont des faits (je pense aux deux commentaires signés Barracuda) il faut avoir l’humilité de les accepter comme tels, même s’ils dérangent. C’est précisément la chance d’un lieu comme celui-ci que ces choses là puissent être dites, dès lors qu’elles ne sont pas de l’ordre de la diffamation.

  • L’Eglise est elle prête au vrai changement ?

    Je souscris bien entendu à ce paragraphe comme à la totalité de ce billet .

    Il me semble que parmi les causes structurelles qui empêchent l’Eglise de changer il y a :

    – sa conception de la sexualité qui repose sur des fondements anthropologiques dépassés ( pas de prise en compte du rôle de l’inconscient ), voire carrément erronés .
    – sa conception du prêtre comme un homme choisi, mis à part, lévitant quelque part entre la condition humaine et la divinité. Conception fondée sur un déni de réalité qui ferait statutairement (donc réellement selon le schéma de pensée catholique romain ) échapper le prêtre aux contingences de la condition humaine.
    – son rapport à la société civile et à ses institutions parmi lesquelles la justice à laquelle elle estime encore trop souvent y compris en France ne pas être obligée de rendre des comptes (cf le cas de Mgr Picand qui passe encore pour de nombreux catholiques pour un martyr, pour ne pas avoir signalé un prêtre pédophile à la justice civile ).
    – son rapport à l’éthique de responsabilité: l’église est incapable de se rendre compte des dégâts sur les enfants victimes de ces crimes. Si les évêques envisageaient un instant la situation des enfants victimes, lequel d’entre eux (hormis quelques cyniques) accepterait que l’honorabilité de façade de l’institution écclésiale soit payée d’un tel prix ?

    Je crois de plus que c’est la conception du prêtre qui constitue le principal obstacle à ce changement nécessaire , en ce qu’elle rend la pédophilie des clercs proprement impensable.

    Au delà des manquements personnels de tel ou tel évêque qu’il appartient à la justice civile et à elle seule de qualifier, c’est le refus de questionner cette conception abstraite du prêtre qui constitue sans doute encore aujourd’hui le verrou majeur pour que les évêques, malgré la bonne volonté de certains, soient toujours incapables de penser donc de lutter contre la pédophilie des clercs.

    Voilà pourquoi, malgré la bonne volonté de la plupart des évêques dont je ne doute pas, et quoi qu’elle en dise, l’Eglise ne peut pas lutter efficacement contre la pédophilie des clercs.

    C’est donc au peuple chrétien d’inciter voire de forcer le magistère à ouvrir enfin les yeux sur la réalité telle qu’elle est.

    A défaut, ce sera la justice civile et l’on jettera alors en pâture à la vindicte publique des hommes qui n’auront été avant tout que des fonctionnaires sans conscience personnelle d’un système qui en fin de compte les détruit aussi .

    • Tout cela est très juste, je suis par ailleurs tenté de relier le point 1 : « Une conception anthropologiquement dépassée de la sexualité » avec le 4eme : « le magistère est incapable de se rendre compte des dégats ».

      => Les deux sont intimement liés. Le magistère ne parvient pas a comprendre la gravité des faits parce qu’il ne parvient pas a comprendre à quel point la sexualité touche les hommes, dans leur corps, leur esprit, et leur âme. Et donc à quel point le viol détruit le corps, l’esprit, l’âme. Car c’est bien la destruction de l’âme qui conduit certaines victimes de pédophilie au suicide.

      Reconnaître l’impact de la sexualité sur la personne toute entière, corps âme et esprit , reconnaître sa capacité à détruire comme à faire grandir l’âme pose un problème colossal au magistère :
      – le principe de continence périodique – ou permanente pour les couples qui ne parviennent pas à identifier les jours fertiles – vole en éclat. Puisqu’il ne faut pas craindre ce qui abîme potentiellement le corps (les contraceptifs), mais ce qui abîme l’âme (=interdire aux époux de s’aimer dans toutes les dimensions)
      – le célibat des prêtres : si la sexualité est capable de détruire – et inversement de faire grandir – l’âme, comment expliquer que les prêtres en soient privés ? Quand bien même ils ne ressentent pas de désir dans leur corps, pourquoi ne devraient-il pas connaitre l’union corps/âme/esprit que connaissent les couples ?

      Rien que ces deux questions sont susceptibles de faire voler le magistère en éclat.

      • Les prêtres, et tous ceux qui font voeu de chasteté, ne sont pas privés de sexualité : tous nos actes sont sexués que nous en soyons conscients ou non. Ils vivent donc à leur manière un équilibre corps, coeur, esprit. Ne pas confondre sexualité et génitalité.

        • Attention à l’emploi de la notion de “vœu de chasteté“ qui, concernant les prêtres et les religieux est en fait un engagement à la continence (comme l’Eglise en fait obligation à tout célibataire homme ou femme). La chasteté étant d’un autre ordre puisqu’elle concerne également les couples mariés.

          • En effet ,la chasteté concerne tous les chrétiens parce qu’elle est avant tout une attitude de respect dans le rapport a l’autre . On peut donc ne pas etre chaste en etant continent et vivre chastement les rapports sexuels. Limiter la chasteté a l’absence de rapports sexuels c’est lui enlever sa dimension profondément spirituelle. Une fois encore en voulant objectiver a tout prix ce qui relève de la démarche spirituelle une certaine approche catholique lui fait perdre son sens profond

        • C’est une question que je ne parviens pas à trancher :
          – soit on considère que l’Eglise appelle à la continence des hommes qui, pour diverses raisons, vivent déjà leur sexualité hors des rapports charnels, auquel cas il n’y a pas de soucis (c’est le célibat pour le royaume, voir Mt 19:12)
          – soit on considère que l’Eglise demande à des hommes de s’abstenir d’une partie d’eux même, donc de gommer leur sexualité. Ce dernier cas n’est possible que si l’on considère que la sexualité n’a qu’une faible importance.

          La ou je n’arrive pas a trancher, c’est que je considère que la première hypothèse est la seule acceptable, alors que des prêtres et des proches de prêtres m’ont fait comprendre qu’ils vivent majoritairement dans la seconde.

          • Je ne suis pas sûr que cette présentation soit la bonne. Il est des « débauchés » qui, à un moment de leur vie, ont décidé de devenir « eunuques pour le royaume… » et, apparemment, s’y sont tenus. Je pense, bien sûr, à Saint Augustin et au père de Foucauld. Aujourd’hui encore où les vocations « tardives » sont plus nombreuses, on voit accéder au sacerdoce dont ils acceptent les exigences, des hommes qui peuvent avoir eu une vie sexuelle active et donc, le plus souvent, en contradiction avec l’enseignement de l’Eglise puisqu’en marge du mariage religieux. Et cela ne les empêche pas de faire de bons prêtres.

            Il me semble, pour ma part, que la vraie question est celle du discernement que chacun peut opérer – au besoin en se faisant aider – sur sa capacité à vivre de manière équilibrée et dans la durée, une continence acceptée. Je crois la chose possible… mais pas forcément pour tous les candidats au sacerdoce. On peut imaginer à 25 ou 30 ans être en mesure de rester toute un vie fidèle à ses engagements, avec la grâce de Dieu, et découvrir dix ans plus tard que l’on a besoin de la tendresse d’un compagnon ou d’une compagne, sans que la grâce de Dieu soit en défaut.

            J’ai toujours pensé que la phrase de l’Evangile « Il y en a qui se feront eunuques pour le Royaume de Dieu » devait être entendue comme : certains choisiront librement cet état de vie. Le problème est qu’à partir du moment où vous vous sentez “motivé“ pour le sacerdoce, et qu’on vous y appelle, cette liberté vous est ôtée.

            Il y aurait encore beaucoup à dire sur cette question mais nous ne sommes pas là vraiment dans notre sujet qui est celui de la pédophilie. Même si je ne sous estime pas le débat récurrent d’un lien possible avec l’obligation du célibat ecclésiastique.

          • Il y a aussi des veufs qui deviennent prêtres, j’en ai connu, et qui font de bons prêtres, et même d’excellents prêtres.
            L’obligation du célibat pour les prêtres ordonnés est une vraie question, mais je ne crois pas qu’il faille faire le moindre lien entre cela et la pédophilie, laquelle, on le sait bien, sévit d’abord dans l’intimité des familles.

  • Il a été décrété un jour, par certains, que pour l’Eglise catholique le prêtre, du fait de son ordination, était par l’opération du Saint-Esprit, bien sûr, un homme hors du commun, navigant quelque part entre ciel et terre; cette affirmation ne repose sur strictement rien de concret si ce n’est que le chrétien de base considérait en effet que ce qui sortait de la bouche de “Monsieur le Curé“ ne pouvait être que parole d’Evangile, tandis que de son côté le non croyant en pensait autant de “Monsieur l’Instituteur“ lequel était lui aussi détenteur de la vérité.

    Eh non ! Tout cela n’existe plus, mais nier cette évidence et affirmer à longueur de temps que ces fichus c… d’Evêques ne veulent pas le savoir, tout préoccupés qu’ils sont de la prétendue survie de l’Eglise, est beaucoup plus confortable. Pour autant je ne nie pas le fait que bien des prêtres aient pu ne voir aucun inconvénient à être considérés ainsi par leurs ouailles.

  • Merci pour cet article
    Merci a tous ces soldats de Dieu qui se lèvent pour combattre le bon combat de la foi
    Aujourd hui Dieu accomplit une parole de l’Evangile de luc 1-51
    Il élève les humbles, il chasse ceux qui ont le cœur orgueilleux et les renverse de leurs trônes.
    L’Eglise doit être reconstruite sur les fondements bibliques.

  • La vieille culture ecclésiale, non seulement déteste le scandale et l’empressement, pourtant marque de fabrique de la culture du monde actuel ; mais elle encourage tellement à ne pas concevoir certaines formes de réalité, au nom d’un regard bienveillant, que ces vieux intellectuels raffinés sont bien incapables de regarder au fond de la crasse pour y trouver de vrais remèdes! Il était aisé de recouvrir ou de rester dans le déni.
    Le déni est devenu difficile tellement la réalité a rattrapé l’Église à tous ses niveaux. Hélas les vieux réflexes demeurent. Il faut du temps pour changer de culture, déjà en entreprise, plus en société mais ne parlons pas de l’Eglise!
    Peut-être effectivement faudra-t-il que les fidèles exercent une saine pression et un argumentaire bien construit pour pousser à des actions de lutte plus fortes!
    Bel article René!

  • Un rapport faussé au pouvoir.
    Avant même d’être une déviation de la sexualité, l’abus sexuel – donc la pédophile – est la manifestation d’une déviance dans le rapport que l’on entretient avec son propre pouvoir. C’est-a-dire le fait de considérer l’autre a fortiori le plus faible comme un objet pour son désir et donc aussi pour son desir sexuel.

    Pour lutter contre la pédophilie, le premier préalable est donc de questionner son rapport au pouvoir. Sur cet aspect l’Eglise (mais elle n’est pas la seule concernée) souffre toujours du handicap de s’être crue une “société parfaite“ dont on ne pouvait, sauf à pêcher gravement, questionner le pouvoir absolu. Je crois que c’est aussi ce qui explique l’incapacite de certains évêques a comprendre le phénomène : que des laics, des sans grades, contestent le pouvoir qui se veut encore absolu des clerc.

    Indépendamment du sujet évoqué, quand bien même il s’agit du crime de pédophilie, c’est bien la démarche de remise en cause du pouvoir des clercs qui leur parait incongrue.

    • Tout n’est pas faux dans ce commentaire, mais j’ai souvent plus souffert dans l’Église du cléricalisme des laïcs que de celui des clercs…

      • Merci de parler aussi du cléricalisme des laïcs lequel est loin d’être un fantasme…. certains parlent du Magistère qu’ils ne reconnaitraient en fait qu’à la condition que ce magistère se contente uniquement d’approuver leurs idées à eux
        Quant à l’appel au peuple pour imposer une réforme en profondeur bien évidemment de l’Eglise ce genre de discours a un relent d’INTERNATIONALE absolument délicieux.

        • J’ignore où vous êtes allé chercher l’idée « d’appel au peuple pour imposer une réforme en profondeur »… à moins que ce ne soit votre lecture du dernier paragraphe de mon propre billet. Auquel cas permettez-moi de la trouver inutilement polémique et de vous renvoyer au code de droit canonique qui reconnaît aux fidèles le droit d’interpeller les responsables de l’Eglise.

          • Je connais parfaitement l’existence de ces dispositios du Droit Canon qui vont même si je ne me trompe jusqu’au devoir d’interpeller les responsables ecclésiastiques. Mais pour moi le problème est qu’il n’y a aucune solution définitive à ce problème que – je le reconnais sans aucune restriction – l’Eglise a voulu volontairement ignorer et même cacher.

            De plus lorsque l’on sait de façon absolue que la très grande majorité des incestes ont lieu dans les familles mêmes il y a je crois de quoi, non pas ignorer ce problème car la souffrance des victimes est absolument intolérable mais ne pas faire en sorte qu’aux yeux de la population les prêtres soient constitués essentiellement de refoulés sexuels pervers. Or à lire les différentes solutions préconisées elles se résument essentiellement à supprimer le célibat obligatoire et à marier les prêtres et c’est à peu près tout.

            Bien sûr que prendre un engagement définitif à 25 ans est totalement fou…sauf si l’on croit que pour tenir cet engagement on ne sera jamais seul, jamais.

          • Je ne partage pas votre analyse selon laquelle rien ne pourrait être fait. Sur les trois points que j’évoque : théologie de la sexualité, conception de l’autorité et pratique du secret, bien sûr que des évolutions sont possibles.

      • Ce n’est pas le fait d’être clerc ou laïc qui nous rendrait plus ou moins vulnérables à la tentation du pouvoir. Vu ce qu’est l’organisation de l’Eglise, les risques de dérives concernent majoritairement les clercs vu que c’est a eux qu’est confié le sacerdoce ministériel hiérarchique et donc le pouvoir. Pour abuser du pouvoir encore faut-il le détenir !

        • Détrompez-vous !
          Dans mon diocèse, il fut un temps où ce sont bien les « laïcs en responsabilité » qui détenaient le pouvoir et en (ab)usaient sans aucun souci pastoral et avec une arrogance que je n’ai jamais rencontrée chez les clercs.

  • La règle du célibat fait de ces ecclésiastiques des refoulés sexuels ou des criminels sexuels.
    En effet la Sainte bible dans 1.Timothee chapitre 3 demande impérativement aux épiscopes aux diacres et aux responsables d’être mariés pour bien diriger l’Eglise de Dieu.
    Il est écrit que l’on doit appliquer les préceptes de la Sainte Parole de Dieu, sinon on péche et le salaire du péché c’est la mort.
    Aujourd hui le monde entier constate les « dégâts ».
    A nous de persévérer car la persévérance donne des victoires.

    • Je rends public ce commentaire, au nom du dialogue que je souhaite établir sur ce blogue, mais en soulignant un double désaccord.
      Le premier concerne l’affirmation selon laquelle la règle du célibat ferait des prêtres des refoulés ou des criminels. Tout cela est très excessif et ne rend service à personne en masquant les vrais questions que le célibat peut en effet soulever.
      Le second concerne la lecture que vous faites de la lettre de Paul. Il ne demande aucunement aux épiscopes et aux diacres d’être mariés. Simplement, prenant acte du fait qu’ils le sont, ce qui était majoritairement le cas dans l’Eglise primitive, il leur demande « d’être le mari d’une seule femme » ce qui n’est pas la même chose. Je ne reviendrai pas ici sur les raisons qui ont conduit l’Eglise latine à ériger le célibat sacerdotal en principe, tout en reconnaissant qu’il ne s’agit aucunement d’un dogme. Mais là encore, à caricaturer la réalité on fausse le débat nécessaire.

    • A Simone
      Votre vision de la sexualité comme moyen de purger des pulsions qui, faute d’être assouvies, se pervertissent me paraît non seulement dangereuse, réductrice, mais aussi incompatible avec la vision chrétienne de l’homme. La sexualité comme toutes les pulsions qui nous traversent ne doit ni être niée ni être assouvie telle quelle. Elle doit être humanisée pour se mettre au service d’une relation à l’autre qui soit authentique et respectueuse. Que l’on soit marié ou célibataire la seule question qui se pose à nous est la suivante : le regard que je pose sur l’autre quelque soient les modalités de notre relation est-il celui qui respecte et grandit l’autre à l’instar de celui que Dieu pose sur sa création ?

  • Essayant de résumer l’expérience vécue en Belgique quant aux crimes de pédophilie commis par des prêtres et à l’indemnisation des victimes, je propose ci-dessous un extrait du « Rapport fait au nom de la Commission Spéciale relative au traitement d’abus sexuels et de faits de pédophilie dans une relation d’autorité en particulier au sein de l’Eglise » daté du 31 mars 2011 :

    « Titre 4 : Offre faite à l’Eglise [de Belgique] d’une procédure permettant de répondre à l’attente des victimes [de pédophilie]

    Les autorités de l’Église [de Belgique] ont manifesté leur volonté d’assumer une “responsabilité morale” et ont exprimé le souhait de voir la commission spéciale faire des suggestions concernant l’indemnisation des victimes. Cette volonté pourrait se traduire par la reconnaissance, en dehors du champ d’application des articles 1382 et 1384 du Code civil, d’une obligation naturelle, telle qu’elle est prévue par l’article 1235, alinéa 2, du
    même Code.

    Propositions

    1. Il est proposé aux autorités de l’Église [de Belgique] de concrétiser cette volonté d’indemnisation, en collaborant à des procédures confiées à un tribunal arbitral, répondant, quant à sa création, sa composition et son fonctionnement, aux exigences des articles 1676 à 1723 du Code judiciaire. Ces dispositions garantissent notamment l’égalité des parties concernant la désignation des arbitres, la possibilité pour les parties de les récuser si elles ont des doutes légitimes sur leur impartialité et leur indépendance, la possibilité pour le tribunal arbitral de procéder à des mesures d’instruction, notamment des expertises.
    Le choix d’un tribunal arbitral, auquel pourraient être confiées toutes les demandes introduites jusqu’à une date à préciser, présentera l’avantage de lui permettre de développer une jurisprudence cohérente, de définir les critères sur lesquels il fonde ses décisions et d’offrir une procédure rapide et discrète. »

    Afin que des indemnisations puissent également se faire au bénéfice des victimes de pédophilie en France, la Conférence des évêques de France aurait sans doute avantage à s’inspirer de la procédure suivie avec succès en Belgique.

  • Très cher Guy,
    Pourquoi ne pas regarder ensemble ce que dit notre “chef suprême“, au sujet de la sexualite ?
    Le mariage est la base de la création, car « il n est pas bon pour l’homme d’être seul », dit Dieu
    Il les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez, déclare Genèse 1:28. Cette fécondité passe par l’union physique de l’homme à sa femme dans le but d’obéir à l’Ordre du SEIGNEUR, pour être heureux et epanouis. Dans le mariage, l’homme et sa femme sont unis en vivant leur sexualité en accord avec la Volonté de DIEU.
    Ainsi, la sexualité émane de LA PAROLE DE DIEU dès le commencement ; et cela dans un contexte bien précis : le mariage. Où l’union de l’homme à sa femme s’accomplit en obéissance au commandement Divin
    « Ne vous privez pas l’un l’autre, si ce n’est d’un commun accord… » 1 Corinthiens 7:5.

    Par contre, LA PAROLE DE DIEU condamne le libertinage sexuel:
    La convoitise, la débauche ,le mensonge, , les dissimulations,car ils enfantent d’autres péchés.
    Le but du diable est d’essayer de contourner la parole de Dieu

    • A Simone
      Je ne partage pas du tout votre lecture litterale et fondamentaliste de l’Ecriture qui vous conduit a des anachronismes incapables de faire sens. Désolé .

  • René, je n’ai jamais dit qu’il n’y avait rien à faire, absolument jamais, mais que d’après moi les « solutions » proposées par la plupart ne changeraient pas grand chose : nuance.
    Bien sûr que comme vous le suggérez la théologie de la sexualité est nécessaire mais est-elle de totalement absente à l’heure actuelle de l’enseignement donnée aux futurs prêtres ? Quant à la conception de l’autorité je crois en l’occurrence savoir que cette notion est bien dispensée aux séminaristes, mais bien sûr ensuite il arrive souvent , hélas, que celui qui en son for intérieur est de tempérament dominateur le reste malgré tout. Quant au silence que faut-il entendre par là ? Vaste sujet ? Non ?

    • Monsieur Bargiarelli,

      Contrairement à ce que vous pensez en écrivant « Mais pour moi le problème est qu’il n’y a aucune solution définitive à ce problème »,
      je vois essentiellement deux solutions pour tenter d’éradiquer la pédophilie au sein du clergé :
      (a) l’indemnisation pour les victimes (comme en Belgique, voir mon intervention précédente)
      (b) la démission de l’état clérical pour les coupables.

      A mon avis, ces deux moyens sont propres à convaincre les clercs de la gravité que constitue la recherche du pouvoir à travers la pédophilie criminelle.

  • Merci pour ces réflexions et ce dialogue.
    Il semblerait que nous soyons en train de franchir un cap en cela et je crois qu’il faut y voir un réel progrès des consciences.

    J’aimerais juste formuler 2 idées…

    – sur le voeu d’abstinence:
    Qu’est ce qui peut bien justifier une telle obligation si l’ensemble des clercs sont certains de cet engagement ?
    Pourquoi ne pas accepter l’exception et la différence ? Quel est le risque ? Qu’est ce qui justifie une telle fermeté et une telle règle ?
    L’Eglise n’est-elle pas suffisamment au pied du mur pour faire l’économie d’une telle remise en question ?
    Peut on encore nier qu’il y a fondamentalement quelque chose qui cloche au vu de l’ampleur du phénomène ?

    – sur la comparaison de la pédophilie dans les familles :
    Il n’y a à mon sens rien de comparable.
    Certes la pédophilie est partout, dans tous les milieux, à chaque strate… Sans doute pas éradicable de façon absolue (à l’image de la violence, du terrorisme…).
    Certes en terme de faits, la masse est certainement plus grande évidemment. Qu’en est il en terme de pourcentage ? On parle de 15000 clercs aujourd’hui en France.

    D’autre part, la particularité de L’Eglise est que de hauts responsables, sensés ne pas être déviants et incarner un équilibre sain, une réelle honnêteté intellectuelle et morale, des personnes qui ont toute leur tête, ont massivement, de manière universelle et sur une durée incomparable, pris pour habitude de déplacer, renommer, protéger et parfois promouvoir des personnes qu’ils savaient dangereuses et gravement déviantes (pédophilie ou pas).

    Ici, on ne parle plus de pédophilie en soi, on parle de système, d’une mécanique.
    D’une malveillance dissimulée derrière le « on n’avait pas compris que c’était si grave »…
    Comme si abuser sexuellement d’un mineur non sexué pouvait ne pas être grave… nous reformulant le même discours de mea culpa d’après Pican, Maciel etc.

    Quel homme responsable serait-il capable d’une telle inconscience ? Avec en prime les félicitations du Vatican pour n’avoir pas dénoncé les coupables…
    Ces personnes sont toujours aujourd’hui les hauts représentants de Dieu siégeant à l’Assemblée plénière de Lourdes, donnant le chemin de la moralité à des milliers de personnes.
    Cette perte de cohérence est une perte de sens de l’engagement chrétien et nul ne pourrait tolérer être associé à un tel machiavélisme s’il lui était démontré.

    • Partage complet du 2d point. Quant au 1er, le “vœu d’abstinence“, s’il était à nouveau mis sous le boisseau, ce serait la fin du lien institution/Église, le constat de rupture s’imposerait.

      Maintenant, retour sur le 2d point, pour inviter à poursuivre et amplifier la création récente, au Chili de l’internationale laïque des victimes de clercs qui vise à éviter la rupture. Encore faut-il que l’institution accepte de comprendre!

      L’exemple du lobby anti-traite d’êtres humains, fondé en 2014 à Paris, à l’initiative du Bid (le trottoir) et de la Fondation Scelles (le prétoire) vaut la peine d’être signalé, tant les ressorts et les objectifs sont similaires.
      40 millions d’esclaves ou « travailleurs du sexe » dans le monde, 70% ont entre 13 et 25 ans. Ceux qui s’en sortent tendent souvent la main aux autres, sur le trottoir et au plan systémique (droit, justice, bibliothèque, mémoire, statistique). L’obstacle principal est le lobby de la prostitution (100 milliards de chiffre d’affares … dont 30 en Europe), un lobby actif lui aussi au niveau politique (international et par pays)! Sans action aux deux bouts de la chaine – trottoir et prétoire – ce serait inefficace, sans organisation durable aussi.

      Sans l’efficacité, une victime qui pardonnerait s’enfoncerait. Pardonner les yeux levés, avec fierté, permet de sublimer la souffrances, un peu comme Jésus dit qu’il n’est pas venu abolir mais accomplir.

      Pour approfondir la puissance du lien trottoir-prétoire et la puissance de la fierté, il est possible de regarder les conférences du 1er congrès abolitionniste mondial de Paris: http://capint.wpengine.com/activity/hosting-the-first-international-abolitionist-congress/
      Comme c’est long (plus de 2 h), le programme détaillé donne une bonne idée: capint.wpengine.com/activity/hosting-the-first-international-abolitionist-congress/

  • A François Devaux
    Sur votre dernier point il y a une idéologie qui tend à assimiler l’Eglise et son institution pour mieux exonérer cette dernière d’avoir à rendre des comptes. Or l’institution ecclésiale comme toute institution humaine choisira toujours de défendre sa pérennité, y compris au détriment de sa mission. Tous les évêques, indépendamment de leur honnêteté personnelle, sont choisis sur leur capacité à sacrifier leur conscience personnelle à la logique de l’institution. De plus, l’absence de contre-pouvoir au sein de l’Eglise ne permet pas de contenir ces dérives. Tant que l’Eglise absolutisera son institution toutes les dérives de celles-ci et pas seulement la pédophile seront niées ou minimisées.

  • A François Devaux
    Les évêques ne perçoivent pas leur attitude comme du machiavélisme mais comme un sacrifice a l’intérêt supérieur de l’institution. Ils ont la même approche que des fonctionnaires staliniens et seront étonnés – en ayant le sentiment d’être trahis – le jour où, lachés par l’institution, ils seront présentés à la justice des hommes et éventuellement condamnés.

    • Il faudrait dire « des évêques » et non pas « les évêques ». En France en tout cas, ils sont suffisamment divers et opposés, pour que certains soient aussi malades que vous et moi devant la « loi du silence » qu’ils n’observent pas dans leur diocèse respectif. De là à faire bouger toute la CEF c’est évidemment différent.

      • Oui vous avez raison. Mais force est de constater que même les évêques qui refusent la loi du silence dans leur propre diocèse (j’en connais) et qui saisissent systématiquement la justice civile lorsqu’ils ont connaissance d’un
        cas de pédophilie d’un clerc ne se désolidarisent néanmoins jamais des autres évêques. La loi du clan reste la plus forte.

    • Certes…
      Mais qui constitue le corps et l’âme d’une organisation ou d’une société ?
      Ses représentants ou chacun de ses membres ?
      L’un n’est rien sans l’autre et il ne faut confondre lequel…
      On en revient à la responsabilité individuelle de chacun et la capacité d’assertivité… (voir professeur Milgram ou I comme Icare).

      Dés lors que la perversité d’un système auquel on appartient est démontrée, ont essaye de le faire évoluer. Si il fuit, on le quitte. Sinon c’est que nous sommes sous son emprise ou que nous l’acceptons.

      En effet, je ne distingue pas L’Eglise de son institution. Comment pourrais-je ?
      Peut être assistons-nous à la naissance de cette distinction au vu des récentes et progressives réactions de ses membres (fidèles et clercs), acceptant enfin d’exprimer leurs écoeurements.
      Il en aura fallu des interviews, des prises de risques, des victimes, de la détermination, de la stratégie, de la résistance à la pression de toute une culture…
      Nous ne comptons à ce jours pas plus d’une quinzaine de clercs qui soutiennent ouvertement notre action. Ceux ci représentent à mon sens L’Eglise.
      Ainsi, c’est tout un ensemble qui participe à la perennisation du silence et du crime sous la bienveillance miséricordieuse de Dieu.
      Nous avons pourtant essayé de fédérer l’indignation et jamais nous n’avons attaqué la foi. Avec une réussite de moins de 1000 adhésions.

      L’introspection doit donc être globale : clercs, fidèles, société, conseil permanent, parents, laïcs, gouvernement (exécutifs et législatifs), victimes adultes…
      Un seul ne sera jamais soumis à ce devoir : l’enfant victime, car il est par définition non responsable de l’irresponsabilité des adultes.

      • Dés lors que la perversité d’un système auquel on appartient est démontrée, ont essaye de le faire évoluer. S’il fuit, on le quitte.

        Je suis toujours frappé de voir le monde de l’entreprise où nombre de personnes s’acharnent à soutenir des systèmes où modes de travail mauvais, alors qu’ils ont pour certains la possiblité de les changer, et pour tous la possibilité de le quitter en changeant d’entreprise.

        Par analogie, comment reprocher à un évêque de se refuser à quitter son poste, alors que lui n’a aucune alternative. Il ne peut pas aller chez les concurrents pour se faire recruter !

        Je distingue personnellement totalement l’Eglise, corps mystique du Christ, composée de l’ensemble des croyants, infaillible dans sa mission, de l’institution/le magistère qui n’est qu’une petite partie de l’Eglise. Je pense ici à 1Co 12 : « Le corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieur membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps.

        Cette Eglise est forcément Une (=Catholique / Universelle) et elle n’existe qu’avec tous les croyants, qu’ils mènent une lutte avisée ou non contre la pédophilie.

        Un corps peut exprimer son indignation. Nos corps d’humains le font lorsque la tête les délaisse : burn out, crises d’angoisses, sont des symptômes d’un corps qui refuse de suivre la tête.

        Vous dites à juste titre que l’introspection doit être globale (l’excellent « Spotlight » fait que remarquer à l’identique que « s’il faut tout un village pour élever un enfant, il faut la complicité de tout un village pour en abuser »).

        Faudrait-il que nous, membres, provoquions une « crise d’angoisse » dans l’Eglise ? Enrayer la machine. Provoquer un choc suffisamment fort pour que la tête se dise : « Ce n’est plus possible ! ».

        Est-ce que cela serait bon ? Quel mode d’action adopter ?

          • Je suis d’accord que beaucoup à été tenté en passant par les circuits « standards » : compiler des données, faire remonter l’informations par la voie hiérarchique, participer aux « commissions de lutte », démissionner.
            Je salue le grand courage de tout ceux qui ont essayé, force est de constater que le résultat reste insuffisant.

            Ce qui me vient à l’esprit est plutôt des moyens d’oppositions, presque de blocage, je lance des idées pèle mêle :
            – occuper des églises pour y prier pour les prêtres et évêques connus pour leur « relative complaisance » dans les affaires pédophiles
            – instaurer une grève de la communion un dimanche par mois pour exiger des actes de la hiérarchie
            – faire une action du type « veilleurs » : debout sur des parvis, égrener les noms des victimes connues

            L’idée, c’est de déranger. Utiliser des actions « faibles » qui cherchent pacifiquement à faire avancer une cause alors que l’on est dépositaires d’aucun pouvoir.
            J’ai bien conscience que ces idées sont absurdes, peut-être dangereuses, et je ne pousse personne à les mettre en place.
            J’ai bien conscience qu’elles sont par ailleurs irréalistes : je n’imagine pas des catholiques se lancer la dedans, d’autant qu’ils devront alors faire face à la réprobation d’autres catholiques qui y verront une attaque contre l’Eglise (sentiment classique de persécution qui pousse à refuser de voir « Spotlight », a critiquer l’enquête d’Elise Lucet, et globalement a refuser d’écouter ce qui est reproché à l’Eglise).

            C’est peut-être au final le coeur du problème : est-ce que nous – croyants – avons vraiment envie de régler cette question ?
            Est-ce que moi j’en ai vraiment envie ? Qu’est-ce que je suis prêt à faire – potentiellement à perdre – pour ça ?

  • Mon cher René,
    C’est seulement à mon retour d’un long voyage vers l’île de Pâques que j’ai découvert ton texte.
    Une parole lucide, claire et courageuse… réellement courageuse!
    Sincèrement merci .

  • Bravo Emmanuel pour votre commentaire qui est tres profond
    En effet l institution en occultant la sexualite a infantilisé les responsables et les a maintenus dans une « certaine adolescence ».
    Seuls des hommes matures et enracinés dans la foi peuvent résoudre de tels problèmes.

  • Pingback: Francisco contra a pedofilia: a suspeita « Associação Rumos

  • Que les primes d’assurances versées par les épiscopats servent parfois à indemniser les victimes de leurs prêtres pédophiles, c’est vraiment un comble!

    Il faudrait avant tout exclure toute couverture de crime pédophile par les assurances, afin de responsabiliser les prêtres
    (et il faudrait démettre automatiquement de leur état clérical les prêtres qui se seront rendus coupables de pédophilie).

  • Assurances?!
    Me demandant à quelles sources se réfère R. V. Reeth j’ai trouvé un article de 2010 de P. de Charentenay *.
    On y lit ceci sur l’assurance (USA): « Dès cette époque (2004), les compagnies d’assurance ont dit aux évêques que leur police d’assurance ne pourrait pas couvrir les indemnités de tels procès. »
    On y lit bien d’autres choses que l’auteur n’écrirait certainement plus aujourd’hui, parce qu’on en sait plus, parce que le tapis a été soulevé contraignant les yeux à voir.
    On y lit notamment le besoin de remettre en cause des formations rigides et plus encore les conditions de vie faites aux prêtres … .
    Cet article a valeur historique en ce qu’il montre le difficile chemin parcouru et, à le lire aujourd’hui, que nous sommes encore loin du bout du chemin.
    Grande perplexité sur:
    – ce qui permet de dater l’origine des « pbs » aux USA aux années 60**
    – la « transparence » et cette distance avec la vérité « … jusqu’où il faut aller dans la volonté de vérité. On sait bien que la volonté de savoir peut aussi être perverse … »! Cette prudence, compréhensible, parfois, est surtout une pauvre excuse … « qui » se fait juge et expert es perversité?!

    * https://www.cairn.info/revue-etudes-2010-9-page-175.htm
    ** La méthodologie pour rassembler les documents du rapport John Lay ne peut pas permettre d’affirmer cela.

  • Concernant la « démission automatique de l’état clérical des prêtres coupables de pédophilie » (que j’ai déjà proposée plus d’une fois mais sans réaction aucune, hélas), je voudrais la commenter ici.

    Comme l’explique le théologien allemand Wunibald Müller, lorsqu’un prêtre se rend coupable de pédophilie, la faute ainsi commise est gravissime à un double point de vue :
    D’une part ce prêtre coupable fait un mal irréparable (ou du moins auquel il sera très difficile de remédier) à son prochain – qui plus est à un enfant sans défense (« ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est comme si c’était à moi que vous l’aviez fait »).
    Le mal ainsi fait étant aussi bien psychique que spirituel.

    D’autre part ce prêtre coupable fait également un tort considérable à son Eglise et au message de charité, d’altruisme et d’amour du prochain que cette dernière se propose de diffuser.

    Et l’on sait à présent que cette tendance à la pédophilie est généralement irréversible, l’évolution psychosexuelle des personnes qui en sont atteintes restant souvent bloquée au stade adolescent, pré-adolescent voire infantile.

    Aussi, en raison de leur évolution psychosexuelle défaillante et des risques de récidive encourus, il ne me semble nullement souhaitable de maintenir à tout prix les prêtres pédophiles dans leur état clérical, non seulement pour leur bien mais également pour celui de toute la communauté.

    A Jean-Pierre G.
    Concernant les assurances, je me suis référé à ce passage (voir note 8 au bas de l’article) :
    « … ce qui pourrait coûter à l’Eglise des centaines de millions de dollars supplémentaires d’indemnités à verser aux victimes. Dans ce combat, le meilleur allié des évêques semble être… le lobby des assurances. »

  • Face à l’impunité dont jouissent très souvent les agresseurs sexuels – y compris ceux qui agressent des mineurs – je suis effaré de constater la léthargie, l’apathie et l’indolence générales.

    « Pourquoi s’en préoccuper, en effet, puisque le Magistère ne s’en préoccupe pas lui-même » se diront ses thuriféraires …

  • C’est le 21 mars 2018 que sera proposé au vote des élus le texte de loi fixant à 15 ans l’âge légal en-deçà duquel un enfant n’est jamais considéré comme consentant à une relation sexuelle avec un majeur (voir ci-dessous)
    https://www.change.org/p/5162766/u/22457497?utm_medium=email&utm_source=petition_update&utm_campaign=269854&sfmc_tk=Ze3SUKk2pADfffZ7dmsxjC6G9GlUjgkR0HldwB5nIV7Zh0DJ1HALv3SIub4yoNtB&j=269854&sfmc_sub=207577173&l=32_HTML&u=48935107&mid=7259882&jb=241µ

    A titre de comparaison, ci-dessous l’âge légal de consentement à une relation sexuelle, selon les pays :
    http://www.bfmtv.com/societe/de-12-ans-a-16-ans-a-quel-age-est-fixe-le-consentement-sexuel-selon-les-pays-1313496.html

  • Concernant le sujet « Prêtres pédophiles : et maintenant que fait l’Eglise ? », un débat diffusé sur France 3 réunira ce mercredi 21 mars 2018 vers 22h30 :

    – Monseigneur Luc Crépy, évêque du Puy-en-Velay, Président de la cellule permanente de lutte contre la pédophilie au sein de l’Eglise Catholique [de France].
    – Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef du journal « La Croix »
    – François Devaux, Président de l’association « La Parole Libérée »
    – Le Père Stéphane Joulain, prêtre et psychothérapeute. Il reçoit victimes et auteurs de violences sexuelles
    – Olivier Savignac, victime d’un prêtre pédophile.

    Ce débat, organisé par Carole Gaessler, aura lieu après la projection du film de Richard Puech « Pédophilie : un silence de cathédrale » (voir ci-dessous)
    https://www.france-catholique.fr/Pretre-pedophile-et-maintenant-que-fait-l-Eglise.html

  • « Des processus plus courts en cas d’abus
    Les cardinaux ont ensuite discuté différentes options concernant la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dans l’optique de juger sur des délais plus brefs les cas d’abus sur mineurs. «Dans ce domaine, rien n’a été décidé mais clairement il y a une forte volonté», a expliqué Greg Burke au micro de Vatican News, expliquant que cela serait une évolution positive pour les victimes comme pour toute l’Église. » (voir ci-dessous)
    http://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2018-02/le-c9-etudie-des-procedures-breves-pour-les-cas-dabus.html

    « rien n’a été décidé mais clairement il y a une forte volonté » : c’est comme l’enfer, pavé de bonnes intentions…

  • « Tolérance zéro de la pédophilie » :

    Pour ce qui est de la « tolérance zéro des prêtres pédophiles », l’Eglise considère que les moyens lui manquent pour en juger.
    Aussi, l’Eglise se limite-t-elle à une « tolérance zéro de non-dénonciation à la justice » des prêtres pédophiles par leur évêque.
    En comptant ainsi sur la justice civile et sur ses aléas, l’Eglise cherche à postposer autant que possible son jugement, voire même à éviter de rendre tout jugement.

    Or, en cas de pédophilie avérée sur des mineurs, la tolérance zéro de la pédophilie devrait se traduire, pour les prêtres pédophiles, par la démission « sine die » de leur état clérical.
    Il est important, en effet, de responsabiliser ainsi les prêtres en les mettant en garde contre leur évolution psychosexuelle éventuellement défaillante.
    (de quoi donner quelques idées au C9, à la recherche de « délais plus brefs pour juger les cas d’abus [sexuels] sur mineurs », voir mon message précédent).

    Rendant la fonction plus crédible, cette procédure pourrait même pallier – dans une certaine mesure – l’actuelle « crise des vocations ».

    P.S.
    En guise de réaction à mes messages, je redoute que la léthargie, l’apathie et l’indolence – qui ont toujours prévalu – ne s’étendent encore un peu plus … (par mimétisme?)

  • Lorsque quelqu’un présente des tendances pédophiles au point de passer à l’acte, la situation est loin d’être anodine.
    Car dans la mesure où cette personne souffre d’un blocage dans son évolution psychosexuelle, il est probable que d’autres passages à l’acte suivront.

    Ainsi donc, dans le cas d’un prêtre, le renvoi de l’état clérical (cf. Normae de gravioribus delictis, Article 6, voir ci-dessous) correspondrait – ni plus ni moins – au « licenciement pour faute grave » dans le civil
    (et puisque le retour à l’état clérical a même été prévu dans le droit canonique, rien n’interdit ensuite de faire usage de cette possibilité au cas où l’innocence du prévenu serait démontrée en justice).
    https://constantiam.wordpress.com/2010/07/16/normae-de-gravioribus-delictis/
    (avantage de la procédure : une réactivité immédiate, indépendante des aléas de la justice!)

  • J’ai pris contact, il y a deux jours, avec Karine Lalieux (ancienne présidente de la Commission d’Arbitrage pour le traitement d’abus sexuels et de faits de pédophilie dans une relation d’autorité, en particulier au sein de l’Eglise de Belgique) pour lui faire part de la situation inextricable (kafkaïenne ?) en France.
    L’informant en particulier du débat « Prêtres pédophiles : et maintenant, que fait l’Eglise ?» qui aura lieu prochainement sur France 3 et terminant ainsi mon message :
    «
    A toutes fins utiles, je vous transmets ci-dessous les commentaires que j’ai publiés récemment sur le blog de René Poujol :
    https://www.renepoujol.fr/francois-face-a-la-pedophilie-le-soupcon/comment-page-1/#comment-62598
    »

    Voici sa réponse :

    Bonjour,

    Je vous remercie de m’avoir prévenue du débat qui aura lieu sur France 3 le 21 mars.
    Comme ancienne présidente de la Commission spéciale « les abus sexuels dans l’Eglise ». Je partage vos commentaires.
    La Belgique a eu le courage et la volonté politique et publique d’ouvrir le débat, de mettre fin aux tabous et de mettre les autorités ecclésiastiques devant leurs responsabilités.
    Je crois que la France devrait en faire autant, c’est fondamental pour la reconstruction et la reconnaissance des victimes.
    Bien à Vous,

    Karine LALIEUX
    Députée fédérale

      • Je préfèrerais, pour le débat qui nous occupe, me contenter d’une vérité sans capitale. Le challenge est déjà considérable. Et laissons la Vérité à son objet ou, pour nous chrétiens, à son sujet : le Christ.

    • Petit florilège de Karine LALIEUX

      « la Belgique doit montrer l’exemple à l’heure où les régressions en matière des droits de la femme montent en puissance. L’IVG doit être reconnue comme un droit fondamental des femmes à la santé et l’autodétermination. Ce n’est pas, comme le mentionne encore le Code pénal, ‘un crime ou un délit contre l’ordre des familles et la morale publique’ ! Nous souhaitons que les femmes puissent recourir à l’IVG sans stigmatisation et sans pression. Nous estimons donc que l’IVG doit être reconnue comme un acte purement médical, dont les conditions doivent être reprises dans la loi sur le droit des patients. »
      Karine LALIEUX
      https://www.karinelalieux.be/Il-est-temps-d-avoir-un-debat-serein-sur-la-sortie-de-l-IVG-du-Code-penal_a1202.html

      « Il y a un an jour pour jour commençaient au Sénat les discussions sur la réforme de la loi relative à l’euthanasie et notamment l’extension de la dépénalisation de l’euthanasie pour les mineurs.
      Le texte qui sera soumis au vote demain permet aux mineurs d’émettre la volonté de recourir à l’euthanasie ; il renforce la liberté de choix de chacun mais dans le respect des conditions précises de la loi évidemment. Chacun est libre d’interpréter ce que mourir dignement signifie pour lui, et nous n’avons pas à porter de jugement sur ces choix. Il n’est pas question d’imposer l’euthanasie à qui que ce soit, à aucun enfant, à aucune famille mais de permettre le choix à l’enfant de ne pas s’éterniser dans la souffrance. »
      Karine LALIEUX, 12 février 2014
      https://www.karinelalieux.be/Extension-de-la-depenalisation-de-l-euthanasie-pour-les-mineurs-mon-intervention-en-seance-pleniere_a1073.html

      « Concernant l’application de la loi, son contrôle et l’éventualité de son extension, il faut rappeler qu’il s’agit de questions de la compétence du Parlement, élu et représentant la population. Les communautés religieuses ou philosophiques n’ont à cet égard qu’un pouvoir d’avis strictement limité. Ainsi, l’extension de la loi nécessitera un débat parlementaire approfondi par l’audition de personnes compétentes, comme il en est d’ailleurs toujours le cas pour ce type de modifications légales !
      Karine LALIEUX, 30 mai 2012
      https://www.karinelalieux.be/Euthanasie-comme-d-habitude-l-Archeveque-Leonard-biaise-le-debat_a955.html

      • Je crains qu’avec ces commentaires « hors pédophilie », vous ne soyez hors sujet
        (ne pensez-vous pas que la discussion autour de « Euthanasie : la Régression (démocratique) en Marche » aurait été plus appropriée ?)

        • Il s’agissait juste de souligner que votre donneuse de leçons a des positions idéologiques qui ne plaident pas en sa faveur.

  • Le Magistère ayant décidé d’abandonner ses idées antiques sur la sexualité, il devra donc également adapter sa doctrine :

    Exemple1 : la pédophilie – que le Magistère a découvert récemment, à la faveur d’un « réveil tardif » comme étant un péché – mais qui, cependant, ne se trouve mentionné nulle part dans son Catéchisme (*).
    Exemple2 : l’homosexualité – taxée de péché depuis des lustres – mais qu’un possible second « réveil tardif » du Magistère pourrait faire disparaître du Catéchisme (*).

    (*) Catéchisme de l’Eglise catholique, édit. Mame/Plon, novembre 1992

    • … c’est ce qu’on appelle l’air du temps !
      Vous pourriez dire la même chose de la psychiatrie…

      • Michel, que voulez-vous dire en parlant de l’air du temps et surtout de psychiatrie ?
        L’ « air du temps » (dont vous parlez) et le Catéchisme (dont je parle) ne sont-ils pas plutôt antinomiques ?

        • Je ne suis pas sûr en effet que le catéchisme doive nécessairement suivre « l’air du temps » pour le meilleur ou pour le pire !

          Quant à la psychiatrie, je voulais dire que l’homosexualité était considérée il n’ a pas encore si longtemps comme une maladie mentale.
          Freud lui-même considérait l’homosexualité comme un Oedipe mal résolu.
          L’Association américaine de psychiatrie (AAP) a rayé l’homosexualité de sa liste des maladies mentales lors de la révision du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) en 1973.
          De son côté, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a retiré l’homosexualité de son registre des maladies mentales en 1990.

          • « Je ne suis pas sûr en effet que le catéchisme doive nécessairement suivre « l’air du temps » pour le meilleur ou pour le pire ! » écrivez-vous.

            Vous pensez donc que le Magistère a eu raison d’éviter de parler clairement de pédophilie et d’abus sexuels dans son Catéchisme ?
            Et qu’il y aurait une raison valable de protéger les clercs pédophiles au détriment de leurs victimes, comme le Magistère l’a toujours fait ?

            Je pense, au contraire, que les abus sexuels de mineurs ont fait trop de ravages dans l’Eglise et qu’il faut tout faire pour empêcher qu’ils se reproduisent.
            En particulier en mettant tout le monde en garde et en expliquant clairement de quoi il s’agit.
            Car il ne s’agit pas seulement de prévenir le « viol » mais également d’empêcher tout « abus sexuel » de la part du plus fort au détriment du plus faible.

            L’enseignement qui se dégage de l’entretien avec le Père Stéphane Joulain – merci, Michel, pour le lien – n’est donc pas réductible à mon avis à ce qu’on appelle habituellement « l’air du temps » mais nous confronte avec un « esprit neuf ».

          • Un peu d’honnêteté, ne me faites dire ce que je n’ai pas dit !
            Le catéchisme n’a pas à suivre l’actualité dans son immédiateté comme un journal télévisé.
            Mais l’enseignement de l’Église ne se limite pas au catéchisme !
            Les abus sexuels n’ont jamais été considérés comme une norme par l’Église, même s’il y a eu des négligences coupables à l’égard de leurs auteurs, surtout quand il s’agit de clercs.
            Et sans doute l’Église a manqué de distance avec « l’air du temps » quand la pédophilie était revendiquée par un certain nombre de post-soixante-huitards qui se croyaient « libérés » dans les années 70.

    • Cela me semble un peu inexact : le viol sur enfant est expressément condamné dans CEC 2356, dernière phrase : « Plus grave encore est le viol commis de la part des parents (cf. inceste) ou d’éducateurs envers les enfants qui leur sont confiés. »
      => On peut clairement y lire la condamnation de la pédophilie, en particulier lorsqu’elle est le fait d’un prêtre, éducateur dans la foi.

      Pour autant effectivement, ce n’est qu’une phrase, qui ne mentionne pas le terme « pédophilie » (ce qui pourrait laisser entendre qu’un enfant pourrait être consentant), la ou l’homosexualité est traitée sur 3 paragraphes (2357, 2358, 2359), d’ailleurs juste après le viol (c’est + que maladroit !).

      Sur le fait que « le magistère aurait décidé d’abandonner ses idées antiques », je vous trouve un peu audacieux. Faites vous référence à quelque chose en particulier ?

      • L’Article 2356 du CEC fait référence uniquement au cas du « viol … de la part d’un éducateur envers un enfant qui lui est confié » mais ne fait nullement référence à « l’abus sexuel sur mineur » en général
        (un « viol » étant un cas particulier d’abus sexuel).
        Par ailleurs, vous avez pu constater comme moi que l’Index Thématique du CEC ne mentionne ni le terme « pédophilie » ni « abus sexuel ».

        Or c’est l’abus sexuel sur mineur au sens large qui doit être réprimé, a fortiori par un prêtre (cf. l’entretien avec le Père Stéphane Joulain, cité plus haut dans cette discussion).

        Quant aux « idées antiques sur la sexualité » et à leur abandon par le Magistère, j’espère que le Cardinal Barbarin pourra y contribuer (voir ci-dessous)
        « Pédophilie dans l’Eglise: Philippe Barbarin admet un «réveil tardif»
        LYON «C’est une révolte monstre que cet homme qui a fait tant de mal ait pu continuer à être prêtre», a expliqué le cardinal… »
        https://www.20minutes.fr/societe/1985955-20161225-pedophilie-eglise-philippe-barbarin-admet-reveil-tardif

        En particulier, je suis d’avis qu’un prêtre coupable d’abus sexuel sur mineur doit être renvoyé « sine die » de l’état clérical.

        • Le Père Stéphane Joulain distingue la pédophilie de l’abus sexuel en parlant de pédophiles abstinents.
          Et le viol n’est pas un « abus sexuel particulier », mais c’est évidemment un abus sexuel particulièrement grave.

      • En réponse à la question de votre dernier message :
        « Sur le fait que « le magistère aurait décidé d’abandonner ses idées antiques », je vous trouve un peu audacieux. Faites-vous référence à quelque chose en particulier ? »

        référence peut être faite au décret publié en juin 2016 par le pape François (voir ci-dessous) :

        Vatican: Condamnation canonique de l’archevêque de Guam
        « Ce procès est considéré comme la première application du décret publié en juin 2016 par le pape François qui prévoyait la possibilité de relever un évêque de ses fonctions pour «fautes graves», notamment en cas de «négligence des évêques dans l’exercice de leur fonction, en particulier vis-à-vis des cas d’abus sexuels commis sur des mineurs et des adultes vulnérables».
        http://www.cathobel.be/2018/03/16/condamnation-canonique-de-larcheveque-de-guam/

        J’en déduis qu’aux termes du décret publié en juin 2016, le « licenciement pour faute grave » – qui a cours dans le monde des entreprises laïques – sera également utilisé dorénavant par le Vatican vis-à-vis de ses évêques.
        Dans le cas présent, l’abus sexuel sur mineur commis par l’archevêque de Guam est en réalité la « faute grave » justifiant la sanction prise à son encontre.

        Semblablement, dans le cas des prêtres, on pourrait donc imaginer que les mêmes « fautes graves » d’abus sexuels sur mineurs justifieraient comme sanction le renvoi de l’état clérical, comme suggéré précédemment.
        https://www.renepoujol.fr/francois-face-a-la-pedophilie-le-soupcon/comment-page-1/#comment-62336

        • Merci pour ces précisions.

          Pour ce qui concerne la « ligne dure » du renvoi systèmatique, je m’interroge sur les conséquences.

          Je pense que l’un des effets pervers de cette ligne dure est qu’elle peut conduire les prêtres, les évèques et même les victimes a cacher à minimiser les actes, de crainte de voir se déclencher un processus d’exclusion qu’ils ne souhaitent pas forcément.

          C’est d’ailleurs ce que l’on voit actuellement avec le pape : du fait de la « ligne dure », il se retrouve à devoir trancher « blanc ou noir » les résponsabilités des évèques : soit il le soutient sans condition (avec le risque de couvrir l’horrible), soit il lache et renvoie immédiatement.

          Par ailleurs, cette exclusion ne me semble régler ni le problème de la prise de conscience du pédophilie, ni la demande de pardon qu’il doit faire (ainsi que toute l’Eglise), ni le fait qu’on se retrouve avec un pédophile dans la nature.

          Bref, c’est une voie tentante parce qu’elle donne l’impression d’agir, elle pourrait peut-être redorer un peu l’image de l’Eglise, mais je ne suis pas convaincu de son efficacité auprès des victimes présentes et à venir.

          Mon impression est plutôt que ce n’est que lorsque l’on aura vraiment compris la gravité de la pédophilie, c’est à dire des abus sexuels, c’est à dire de l’importance de la sexualité dans la personne humaine que l’on pourra trouver des solutions.
          C’est en cela que votre idée de « l’abandon des idées antiques » m’interesse. Je pense que le magistère peine à prendre conscience de la gravité de la pédophilie parce qu’il ne parvient pas a comprendre réellement la sexualité humaine.
          (j’ai le même avis sur la société en général, dont je pense qu’elle dévalue la sexualité faute d’en comprendre l’importance. )

          • La ligne dure adoptée sous la pression de l’opinion publique par l’épiscopat risque de n’être qu’un tigre de papier .
            Je pense que le magistère de l’Eglise est incapable d’appréhender la question de la pédophilie, quelque soit sa bonne volonté, pour des raison structurelles : toute l’anthropologie du magistère repose sur des notions dépassées:

            – en ce qui concerne la sexualité , elle est réduite à sa seule dimension de procréation ignorant sa dimension relationnelle et sa dimension plaisir .
            – en ce qui concerne le comportement humain , l’Eglise veut toujours ignorer le rôle déterminant de l’inconscient dans le comportement humain .
            – en ce qui concerne le désir (pas seulement sexuel ) et les conditions de sa régulation pour que la vie en société soit possible , là encore l’Eglise minore la légitimité de ce désir et organise sa répression volontaire ou contrainte grâce à la notion de sacrifice. L’Eglise refuse de considérer la personne humaine comme sujet désirant . Elle pense toujours en terme de répression du désir et jamais en terme d’orientation vers la vie de ce désir , ce qui engendre toutes les perversions .

            Pour lutter efficacement contre la pédophilie des clercs , l’Eglise devrait mette à jour son anthropologie .
            Or , obstacle supplémentaires, l’organisation de l’Eglise s’est fondée sur cette anthropologie figée . Toute évolution de cette anthropologie impliquerait une remise en cause de la conception même de l’Eglise : conception du prêtre homme du sacré, conception très paienne des rapports du sexe et du sacré ,conception des rapports entre clercs et fidèles , conception du rapport entre les fidèles entre eux ….

            Quelque soit sa volonté de lutter contre la pédophilie des clercs (et il ne faut pas douter de celle-ci) , l’Eglise est aujourd’hui structurellement incapable d’envisager correctement les questions telle qu’elles se posent .

            Le refus des évêques d’auditionner une victime (restée catholique ) lors de la dernière assemblée de la CEF à Lourdes , son refus d’envisager que la lutte contre la pédophilie des clercs soit organisée avec les victimes (et pas seulement pour les futures victimes) constituent autant d’exemple de cette incapacité structurelle. L’Eglise n’est jamais dans une posture d’écoute , parce que toute sa légitimité se fonde sur une posture de savoir (cf le statut autoattribué  » d’experte en humanité » )

          • Il me semble que vos connaissances datent un peu, au moins sur les deux premiers points : des textes du magistère parlent clairement du bonheur du couple qui se construit dans la rencontre des corps et pas seulement dans la procréation. Hospitalisée actuellement je ne peux pas vous donner les références des textes auxquels je pense.
            Des prêtres et des évêques ( pas tous, bien sûr) n’ignorent pas l’inconscient ; certains ont même fait des travaux universitaires sur ce domaine ; certains ont expérimenté pour eux-mêmes un accompagnement psychologique (et pas seulement spirituelle).
            Par contre je ne nie pas du tout la difficulté de « l’institution » à bouger pour une bonne prise en charge de la pédophilie et je pense aussi que le passage obligé est de « penser » à partir des victimes et surtout avec elles, à l’écoute de leurs questions, de leurs critiques, de leurs cheminements.
            Fraternellement

          • Il me semble, Guy, que vous méconnaissez en matière d’anthropologie tout ce qui a été dit par Jean-Paul II sur le corps et la sexualité.

          • Le message de St Jean Paul II est effectivement très largement ignoré, y compris par les catholiques, pourtant premiers intéressés.

            Il y a pour moi un paradoxe absolu chez Jean Paul II : il est le premier (et peut être le seul) à avoir réfléchi sur l’intégration de la sexualité dans la personne humaine, et il nous a livré sur le sujet des écrits ardus et de grande qualité (lire « La sexualité selon Jean Paul II » d’Yves Semen qui fait une excellente synthèse).

            Et dans le même temps, il est aussi celui qui à durci le message déjà difficile d’Humanae Vitae, faisant taire les dissidences, allant au delà de la pensée de Paul VI (qui déclarait le besoin de prêter attention à ce que les couples sont en mesure de faire). Il a fait de la sexualité un absolu réservé à une « élite ».

            Et il est aussi celui qui, comme le rappelle l’article, a totalement passé sous silence les affaires de pédophilie.

            De la a penser que l’esprit Saint à inspiré la théologie du corps, tandis que le malin à oeuvré pour rendre Jean Paul II inaudible sur ces questions, il n’y a qu’un pas que je suis bien tenté de franchir.

          • Je vous rejoins sans difficulté sur l’analyse que vous faites des écrits et des actes de Jean-Paul II

          • Emmanuel,

            « Pour ce qui concerne la « ligne dure » du renvoi systématique, je m’interroge sur les conséquences. » écrivez-vous.

            Pour faire preuve d’un minimum d’impartialité, il faudrait aussi se demander quels pourraient être les avantages du « renvoi systématique ».
            Et là j’en vois au moins 4 :

            (a) Le « renvoi systématique » permet d’avoir une réactivité immédiate en présence d’un abus sexuel sur mineur

            (b) Le « renvoi systématique » est une sanction proportionnelle à la gravité que représente un abus sexuel sur mineur

            (c) Le « renvoi systématique » est une décision susceptible d’être inversée (au cas où l’abus sexuel sur mineur ne serait pas confirmé)

            (d) Le « renvoi systématique » est un garde-fou permettant de dissuader ceux qui seraient tentés de commettre un abus sexuel sur mineur

          • Cher Robert, la aussi je suis partagé :

            Le point (a) est correct, même si le renvoi systématique ne met pas le pédophile potentiel hors d’état de nuire. En fait on le met juste « hors d’état de nuire à l’Eglise ». C’est tout de même insuffisant.

            Sur le point (b), je suis en double désaccord :
            – parce que je trouve que le renvoi est une peine bien inférieure à ce que vivent les victimes d’acte pédophile, dont certains ne parviendrons jamais à se reconstruire
            – parce qu’il me semble absurde, et en tout cas chrétiennement difficilement défendable de chercher « une peine équivalente ». Ce que l’on doit chercher, c’est comment « sortir du mal »

            Sur le point (c), je ne suis pas d’accord non plus. Renvoyer un prêtre est une décision très difficilement réversible. Nous avons eu en France la triste affaire Outreau qui nous montre les dégâts terribles qui peuvent être causés par des erreurs de jugement.

            Sur le point (d) enfin, je ne suis toujours pas d’accord. De ce que j’ai compris dans les différents reportage que j’ai vu (Spotlight, le reportage sur France 3 et d’autres) les prêtres pédophiles semblent incapable de se rendre compte de la gravité de leurs actes. Il me semble qu’ils ne sont pas dans une logique rationnelle « coût/bénéfice ».

            D’une manière générale, je trouve que la proposition du renvoi systématique entre dans une logique comptable : on pense évaluer le dommage commis, on évalue à quel point le coupable à envie de commettre le dommage, et on calcule une punition « point d’équilibre » entre tout ça !
            Et cela ne me semble pas acceptable, parce que le crime pédophile crée des dommages non mesurables chez les victimes, alors que les coupables ne se sentent (apparemment) « pas si coupables ».

            Pour autant – et c’est la mon vrai problème – je suis bien conscient de ne pas avoir de vraies solutions à proposer.

            Je pense en tout cas qu’une vraie solution devrait :
            – offrir une réelle paix aux victimes, présentes comme à venir (soyons conscient qu’il y en aura d’autres)
            – prendre en compte le fait que le viol est un crime d’une gravité particulière, parce qu’il détruit la personne (ce qui a mon avis pose un problème dans la pensée du magistère qui sous estime le lien sexualité/personne humaine)
            – forcer le pédophile à prendre conscience de la gravité extrême de ses actes, seul chemin possible vers sa rédemption. Plus encore que l’attitude des évêques, il est insupportable de voir des anciens pédophiles parler sans remords apparents de leurs actes.
            – permettre aux évêques de poser des décisions rapides et efficaces : il faut qu’ils puissent immédiatement réagir, a la fois pour limiter le nombre de victimes comme pour limiter la gravité des actes des coupables. Cela exclu à mon avis toute décision irréversible.

            Cela n’est pas simple. J’espère qu’un jour l’Eglise parviendra à lutter efficacement contre ce mal qui la détruit de l’intérieur. Et pourquoi pas, qu’elle devienne un exemple, « la lumière du monde » pour proposer des pistes de réflexion à même de faire reculer la pédophilie à l’extérieur de l’Eglise !

          • Bonjour Emmanuel,

            Bien sûr que la solution idéale reste à trouver.
            Aussi je vous suis très reconnaissant de faire preuve d’autre chose que de « léthargie, apathie et indolence » qui menacent ce monde …

            Dans ma proposition du 12 mars dernier, l’argumentation faisait également référence au « licenciement pour faute grave » (voir ci-dessous)
            « Ainsi donc, dans le cas d’un prêtre, le renvoi de l’état clérical … correspondrait – ni plus ni moins – au « licenciement pour faute grave » dans le civil »

            Car pour protéger les pédophiles contre leur manque de maturité et pour protéger en même temps le groupe auquel ils appartiennent – en l’occurrence l’Eglise – pourquoi ne pas utiliser cet argument-massue ?
            Avec l’avantage de responsabiliser les prêtres immatures.
            Autre avantage de la procédure : une réactivité immédiate, indépendante de la justice.

  • à Grimonprez , Michel, et Emmanuel

    – Si les écrits d’un pape suffisaient à contrebalancer le la force d’inertie qui mue une institution , cela se saurait ( Cf les difficultés actuelles du pape François sur les migrants , la pédophilie des clercs , l’accès aux sacrements des divorcés remariés etc ..) J’ai admiré en le plaignant , hier soir sur FR 3 ,le courage de l’évêque Crépy qui tentait sans y réussir de faire le grand écart entre le discours que l’institution l’a chargé de porter et la réalité des faits, ( cellules d’écoute inaccessibles , refus de la CEF d’entendre un témoin… ) ; entre son positionnement dans le champ des obligations de moyen (l’église n’a jamais autant fait sur la question de la pédophilie des clercs, ce qui est vrai ) et celle des victimes qui attendent de l’église des obligations de résultats .

    – Je ne pense pas que l’on puisse invoquer les écrits de tel théologien ou pape (y compris quand il s’agit de la même personne) pour dédouaner le fonctionnement d’une institution . Ce dont je parle , c’est uniquement de la praxis de l’institution car c’est la seule chose qui a des conséquences concrètes . Quand ( et Dieu sait si Michel me l’a souvent reproché ) je critique la position de Ph Barbarin tant sur la loi Taubira que sur la pédophilie des clercs , ce n’est pas comme personne ( que je n’ai aucun titre pour juger) mais comme vecteur de l’action de l’institution écclésiale ( c’est quand même son job)

    -Enfin , la théologie du corps de Jean Paul II est , contrairement à ce que vous dites totalement aberrante en matière d’anthropologie . Emmanuel le souligne très bien: « il a fait de la sexualité un absolu réservé à une « élite » . Une fois encore c’est une question de méthodologie . On ne peut pas partir du sens que devrait avoir la sexualité pour en déduire ce qu’elle est ( méthodologie de J P II) On doit partir de ce qu’elle est pour lui donner du sens .
    De plus , vous semblez oublier que c’est lui , contre l’avis de la majorité des experts qui a pesé de tout le poids de son influence pour que Paul VI promulgue l’encyclique Humanae vitae . Qu’une fois devenu pape il soit cohérent avec lui même quoi d’étonnant ?

    PS : Je souhaite un bon rétablissement à Grimonprez et la remercie de participer à cette discussion depuis son lit d’hôpital .

  • « Abusées par leurs médecins, elles demandent l’interdiction des rapports sexuels avec les patients »

    « … rien dans la loi française ni dans le Code de Déontologie médicale n’empêche les médecins, qu’ils soient psychiatres, généralistes ou gynécologues, d’avoir des relations sexuelles avec ceux qu’ils soignent. » (voir ci-dessous)
    https://www.nouvelobs.com/sante/20180316.OBS3759/abusees-par-leurs-medecins-elles-demandent-l-interdiction-des-rapports-sexuels-avec-les-patients.html

    Tiens, tiens…
    Remplaçant « médecins » par « prêtres » et « patients » par « enfants » : et si un vide comparable existait au niveau de l’Eglise catholique ?

    • Extraits du début d’une conférence de la Pte de l’association européenne contre les violences faites aux femmes de février 2016, sous le titre « Hippocrate phallocrate », en précisant d’abord avoir entendu à la radio que des professionnels de santé serait à l’origine d’environ 3000 agressions sexuelles/an! Faudrait-il un « permis » spécial (en plus du diplôme), une ceinture de chasteté, des caméras … pour ces messieurs (dames) entre autre? Non, bien sûr, mais tout de même!
      « 2013, … lors du colloque sur la santé des femmes organisé par l’association Gynécologie Sans Frontières au Palais du Luxembourg, j’ai été invitée à répondre à la question : « Les violences sexistes au travail, qu’attend-on des soignants ? ». J’en avais profité pour rappeler que le secteur médical était parmi ceux dans lequel on retrouvait le plus d’agresseurs sexuels et pour dire, en substance, qu’on attendait a minima des médecins qu’ils n’agressent pas sexuellement leurs patientes et ne couvrent pas les violences commises par leurs confrères, … Cette présentation avait été diversement appréciée par un public essentiellement composé de soignant.es. Mme Irène Kahn-Bensaude, …, vice-présidente du Conseil National de l’Ordre des Médecins … avait déclaré, sans craindre d’être totalement indécente vis-à-vis des femmes réellement victimes de violences qui étaient au cœur de ce colloque …, qu’elle avait « subi des violences ce matin, … Elle faisait référence aux propos que j’avais tenus … sur la protection des médecins agresseurs par leur ordre. Le Professeur Henrion (Rapport Henrion, 2001), qui était mon voisin de gauche à la tribune, avait salué mon intervention… mais en aparté, tout de même pas au micro. »
      Ceci est à rapprocher de la barbarie dont fait preuve (depuis au moins 2014) un « club » d’étudiants mâles en prépa au lycée militaire de St Cyr l’École, qui se nomme « les tradis » et s’honore de participer 2/semaine à la messe en latin, … But des tradis: démolir psychologiquement les étudiantes afin d’éliminer des candidates au concours d’entrée à St Cyr Quoëtquidan alors que -selon eux, et la hiérarchie en est en grande partie d’accord, la « tradition militaire » voudrait qu’une femme ne peut pas prétendre devenir officière. Une courageuse (ou une « folle ») s’est permis de dénoncer cela au Pt de la République, enquête en cours, … Colonel directeur et aumônier militaire ne se sont, bien sûr, douté de rien … et puis que des enfants de très bonnes familles!
      La barbarie est présente partout … on la cache de honte si elle est sexiste, et on ne cesse d’en parler ad nauseam si elle est religieuse ou raciste. Pourquoi serait-elle absente des fonctions sacrées -religieuses, médicales, militaire- qui, justement, sont les plus protégées par le secret? Il ne s’agit pas d’excuser, juste d’inviter à prendre conscience du poids de tabous traditionnels malsains qui enferment les genres, la reproduction, l’Amour … qu’on retrouve dans les belles histoires qui se racontent volontiers, dans les familles, dans les légendes des saints martyrs et héros, pour glorifier sa filiation, sa nation, sa religion, sa race, sa corporation. Ces enjolivement mensongers, même (surtout?) s’ils relèvent d’un « bon esprit » sont le terreau de la gangrène.

  • Excellent documentaire sur les prêtres pédophiles en France.
    « Pédophilie un silence de cathédrale ».

    https://www.france.tv/documentaires/societe/440781-pedophilie-un-silence-de-cathedrale.html

    Vers la fin du film, Pierre -Jean 56 ans dit  » j’avais 12 ans et j’ai été violé par le père di Falco à Paris. Christian Terras publie dans son journal Golias un article en faveur de Pierre-Jean et il dévoile l’affaire .Sauvé par la prescription,, mgr di Falco est muté à Notre Dame du Laus , alors qu’il devait rejoindre Rome.
    Grâce à la parole libérée, il a eu le courage de témoigner à nouveau et il assigne mgr di Falco au civil.

    Guillaume Sérina a écrit l’histoire de Pierre-Jean :

    https://www.youtube.com/watch?v=NKg3PSXn8Wo

    Ce même monseigneur se permet d’écrire lui-même et méditer un chemin de croix à l’Eglise saint Victor à Marseille, les 23 et 30 mars ,l’invité de Mgr Pontier.

    https://marseille.catholique.fr/Careme-a-la-Basilique-Saint-Victor

    « Le silence est d’or, la parole est d’argent »!

    • La plainte déposée contre Mgr Di Falco sauf erreur de ma part a été classée sans suite par la Justice,il serait peut-être utile de ne pas l’oublier, ou si elle ne l’a pas été aucun jugement n’a été prononcé.

      • Merci de regarder le documentaire « un silence de cathedrale » et la vidéo où Guillaume Serina raconte l »histoire de Pierre-jean dans un livre « l’affaire di Falco ».
        Il y avait un autre élève concerné .
        Si les faits n’avaient pas été avérés, croyez-vous que cet homme ce serait lancé dans cette affaire coûteuse avec les services d’un avocat à l’âge de 56 ans?
        Le site de la parole libérée a encouragé cet homme à témoigner comme beaucoup d’autres qui ont été blessé dans des affaires similaires.

        Toutes les explications concernant votre remarque sont données dans ces deux documents.

        Cardinal Barbarin : »la majorité des faits sont prescrits « grâce à Dieu » …!
        La parole libérée se bat contre la prescription des faits pour que soit reconnu les crimes sur ces enfants.

        • « Classement sans suite » peut vouloir dire simplement que les faits sont prescrits mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien dans le dossier ; simplement la justice ne peut plus poursuivre. C’est pourquoi « la Parole libérée » se bat pour la suppression de la prescription ou au moins l’allongement du délai où il est possible à une victime de faire aboutir une action judiciaire

          • Je sais très bien que le « classement sans suite » n’est pas une preuve d’innocence, absolument pas, mais ce n’est pas non plus une preuve de culpabilité non plus.et en matière de pédophilie les faits se produisant dans le secret,sans témoins bien sûr,je ne vois pas comment le plaignant peut obtenir gain de cause sauf si l’auteur présumé passe aux aveux bien sûr

            Par ailleurs s i l’on commence par croire en la matière que le plaignant dit forcément la vérité où va-t-on s’arrêter. Cela dit je sais très bien que ce genre de drame peut remonter à la conscience de la victime laquelle durant tout ce temps s’est éventuellement reconnue coupable et non victime parfois des dizaines d’années après les faits. Il n’empêche qu’il ne faut pas non plus ignorer l’existence des dénonciations calomnieuses. Je ne cherche nullement à affirmer l’innocence de Mgr Di Falco mais de sa culpabilité je n’en sais strictement rien,et apparemment il ne semble pas que d’autres plaintes en la matière aient été portées contre lui par d’autres élèves

  • L’actualité de ce mois de mars 2018 semble apporter de l’eau à mon moulin, puisqu’il a été décidé récemment au Vatican de réagir à la « faute grave » que constitue un abus sexuel sur mineur dans la gestion du personnel
    cf. Vatican : Condamnation canonique de l’archevêque de Guam (voir ci-dessous)
    « Ce procès est considéré comme la première application du décret publié en juin 2016 par le pape François qui prévoyait la possibilité de relever un évêque de ses fonctions pour «fautes graves», notamment en cas de «négligence des évêques dans l’exercice de leur fonction, en particulier vis-à-vis des cas d’abus sexuels commis sur des mineurs et des adultes vulnérables».
    http://www.cathobel.be/2018/03/16/condamnation-canonique-de-larcheveque-de-guam/

    J’en déduis qu’aux termes du décret publié en juin 2016, le « licenciement pour faute grave » – bien connu dans le monde des entreprises laïques – sera également utilisé dorénavant par le Vatican vis-à-vis de ses évêques.

    L’abus sexuel commis par l’archevêque de Guam est, en l’occurrence, la « faute grave » justifiant la sanction prise à son encontre.
    Semblablement, dans le cas des prêtres, on peut imaginer que les mêmes « fautes graves » d’abus sexuels justifieraient comme sanction le renvoi de l’état clérical.

    • Dommage que ce soit une déconcentration et non une décentralisation aux conf ép de pays ou groupes de pays. avec possibilité d’appel à la congrég. pour le doc. de la foi. L’irresponsabilité va continuer!

  • « Couvrez cette pédophilie que je ne saurais voir » :
    Le Magistère a toujours fait comme si la « pédophilie » n’existait pas, allant même jusqu’à bannir purement et simplement le mot de son Catéchisme de l’Eglise catholique (édit. Mame/Plon, 1992).

    Mais heureusement que d’autres – moins hypocrites – font tout pour la combattre.

    Ainsi, par exemple, aux Etats-Unis : (cf. journal La Croix, « Jusqu’où doit-aller la transparence sur les abus sexuels dans l’Eglise ? », voir ci-dessous)
    https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Monde/Jusquou-doit-aller-la-transparence-sur-les-abus-sexuels-dans-lEglise-2018-03-22-1200925636?utm_source=Newsletter&utm_medium=email&utm_content=20180324&utm_campaign=NEWSLETTER__CRX_PERSONNALISEE&PMID=63641845bf60942d16dffea9ac2f521b&_ope=eyJndWlkIjoiNjM2NDE4NDViZjYwOTQyZDE2ZGZmZWE5YWMyZjUyMWIifQ==

    Sans être d’abord une mesure de répression, cette liste me semble publiée avant tout avec l’intention de dissuader ceux qui seraient tentés de se livrer à des abus sexuels.
    Non pas destinée à être répressive vis-à-vis de ceux dont le nom figure sur la liste, cette mesure me semble donc avant tout préventive.

    « Une telle démarche, très ancrée dans la culture nord-américaine, semble difficilement imaginable en Europe, explique le père Stéphane Joulain (1), Père blanc, psychothérapeute spécialisé dans le traitement des abus sexuels. » (cf. journal La Croix, voir ci-dessus)

    Si tel est le cas, quel(s) est (sont) donc le(s) moyen(s) mis en œuvre dans nos pays européens pour dissuader les prêtres tentés par l’abus sexuel de passer à l’acte ?

  • D’une part, je ne pense pas que jouer sur le registre de la peur soit la méthode de prévention la plus efficace.
    D’autre part la délation et la publication de liste de délinquants présumés font courir le risque de salir le nom d’un prêtre innocent, surtout lorsque les listes évoquées mettent en cause des individus, encore jamais condamnés, et dont les procès sont en instruction ou n’ont pas encore eu lieu, comme cela peut se faire aux États-Unis. Il y a eu il y a quelques années en France un enseignant injustement accusé qui s’est suicidé après avoir été mis ne cause mensongèrement par une élève.

    • >je ne pense pas que jouer sur le registre de la peur soit la méthode de prévention la plus efficace.
      Je suis bien d’accord, et je pense que c’est bien méconnaître la nature de la pédophilie que de penser qu’on l’éradiquera par la peur. A titre d’exemple, le viol est réprimandé par la loi depuis bien longtemps, pourtant il ne disparaît pas.

      Sur ce qui est de la délation qui mène à la mort d’un innocent, on peut bien sur penser à la triste affaire Outreau.

      On à aussi eu il y a quelques jours le récit de la passion qui raconte la mort d’un innocent et le suicide d’un délateur. Est-ce ce que nous voulons ?

    • Pour toutes ces raisons, j’avais été prudent en posant la question : « Si tel est le cas [la démarche américaine étant difficile à imaginer en Europe], quel(s) est (sont) donc le(s) moyen(s) mis en œuvre dans nos pays européens pour dissuader les prêtres tentés par l’abus sexuel de passer à l’acte ? »

  • Prêtres pédophiles :
    « Ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’aurez fait » : ainsi donc il existerait des prêtres qui n’ont que faire de pareille mise en garde mais qui s’en moquent éperdument …

    Afin de prévenir toute complaisance voire complicité envers la récidive – plus que probable tôt ou tard – de perversité et d’abus de pouvoir de la part de prêtres pédophiles au détriment d’enfants sans défense, pourquoi ne pas envisager cette fois le renvoi de l’état clérical ?

    A tout hasard – et en guise d’antidote contre la léthargie, l’apathie et l’indolence lesquelles, dans cette discussion, semblent inhiber chaque jour un peu plus la parole (des beaux parleurs ?) – ces deux articles :
    Pédophilie : l’échec (Philippe Clanché, 2/4/2018, voir ci-dessous)
    http://temoignagechretien.fr/articles/pedophilie-lechec

    Pédophilie dans l’Eglise: «Dans tous les cas, il faut parler, c’est la principale leçon à retenir» (Richard Puech, 21/3/2018, voir ci-dessous)
    https://www.20minutes.fr/societe/2239975-20180321-pedophilie-eglise-tous-cas-faut-parler-principale-lecon-retenir

    • Cher Robert,

      J’ai souvent du mal à saisir votre manière d’exprimer les choses, je ne sais pas si vous citez les articles en exemple de ce qu’il faudrait faire, ou de ce qu’il ne faut pas faire.
      En l’occurence, l’article de « témoignage chrétien » me semble en droite ligne avec ce que je pense : la première urgence, c’est d’écouter les victimes.
      Cela, avant même d’entreprendre des sanctions à l’égard du coupable. Sanctions d’ailleurs qui, si elle peuvent effectivement éviter la récidive, n’apporteront pas la paix à la victime.

      > »« Ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’aurez fait » : ainsi donc il existerait des prêtres qui n’ont que faire de pareille mise en garde mais qui s’en moquent éperdument »
      Ma perception des choses, c’est que les prêtres pédophiles n’ont pas conscience de la profondeur du mal qu’ils commettent. Ils savent – évidement – que ce qu’ils font n’est pas « bien ». Mais ils ignorent à quel point ils ont causé un dommage considérable.
      J’ai l’impression qu’ils ne se sentent pas plus coupables que s’ils avaient emprunté une trottinette à un gamin : « c’est mal, mais c’est pas un drame non plus ».
      Et la dessus il n’y a pas qu’eux : les évèques qui, sans être pédophiles, conseillent aux victimes de « ne pas gratter les plaies » nient pareillement la souffrance des victimes. Ils se méprennent totalement sur les conséquences.
      Et nous ? Nous savons bien sur que la pédophilie est une horreur. Avons nous conscience à quel point ?
      Je ne parle même pas du magistère qui, comme vous le faisiez remarquer, ne mentionne même pas la pédophilie au rang des abominations. Ni même d’un certain nombre de catholiques pour lesquels la pédophilie est plus un problème vis à vis de l’image de l’Eglise que vis à vis des victimes

      Une théorie – et la je reviens à ma marotte sur la sexualité et l’Eglise – c’est que le sujet est verrouillé par le magistère. Admettre que la pédophilie puisse avoir des impacts aussi graves sur les personnes, qu’elle puisse « détruire l’âme », c’est admettre un lien solide entre l’âme et la sexualité.
      C’est potentiellement mettre par terre toute une branche de la doctrine qui, encore aujourd’hui, n’envisage la sexualité que sous conditions drastiques (uniquement si vous êtes mariés, évidement hétéro, responsable dans votre paternité ET capable d’appliquer les rares méthodes de régulation autorisées par le magistère).
      C’est aussi s’imposer de dénoncer publiquement des prêtres (non pédophiles) qui, sous couvert du magistère, s’appliquent avec plus ou moins de délicatesse à démonter la sexualité de ceux qui ne rentrent pas bien dans les cases.
      C’est admettre qu’en fait, l’Eglise n’est pas autant « experte en humanité » qu’elle aimerait l’être.

      Bref, je pense que l’incapacité du magistère à lutter efficacement n’est pas liée à un manque de volonté, mais à un schéma mental qui lui interdit de réaliser l’ampleur du problème.
      Il faut que ce schéma change pour que les choses changent. Se forcer à écouter les victimes – toutes les victimes – est probablement le premier pas pour entreprendre ce changement.

      • Cher Emmanuel,

        J’ai lu attentivement votre commentaire et je vous en remercie.

        Lorsque vous écrivez : « Ma perception des choses, c’est que les prêtres pédophiles n’ont pas conscience de la profondeur du mal qu’ils commettent. »
        et lorsque je parle de « prédateurs inconscients et irresponsables »
        ne sommes-nous pas sur la même longueur d’onde ?

        Il faut non seulement écouter les anciennes victimes mais il faut également s’acharner à protéger les victimes potentielles de ces « prédateurs inconscients et irresponsables ».

        Et surtout ne pas se taire car léthargie, apathie et indolence sont des versions soft de complicité ! (voir aussi ci-dessous)
        Pédophilie dans l’Eglise: «Dans tous les cas, il faut parler, c’est la principale leçon à retenir» (Richard Puech, 21/3/2018)
        https://www.20minutes.fr/societe/2239975-20180321-pedophilie-eglise-tous-cas-faut-parler-principale-lecon-retenir

        • >Et surtout ne pas se taire car léthargie, apathie et indolence sont
          >des versions soft de complicité !
          Effectivement, sur ce point je vous rejoint absolument.

          Il est terrible de voir à quel point une énorme part de l’Eglise préfère détourner les yeux plutôt que voir la réalité en face.

          La question que je me pose est « comment forcer à regarder la réalité » ?
          – faire de soirées ciné « Spotlight » dans les paroisses ?
          – faire du lobbying auprès des AFC pour qu’elles se saisissent de la question ? (un article intéressant sur le sujet : https://blogs.mediapart.fr/merome-jardin/blog/200317/le-double-discours-des-familles-catholiques-sur-la-pedophilie)
          – organiser des conférences ? (encore faut-il en avoir le temps et le talent… et trouver des gens pour y venir)

          Je ne m’imagine pas kidnapper des évêques pour leur diffuser en boucle des témoignages de victimes, façon « orange mécanique »… mais comment faire pour qu’ils, que nous tous, ouvrions les yeux ?

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