Le plus hypocrite…

« Mettre fin à l’hypocrisie… » est devenu, dans nos débats de société, qu’il s’agisse des questions liées à l’euthanasie ou à l’adoption par des couples homosexuels, l’expression la plus aboutie du politiquement correct.

Il faut dire les choses comme elle sont : la victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007, en ramenant une majorité de droite à l’assemblée, a, pour un temps, renvoyé aux calendes grecques les débats de société « requis » par certains lobbies, tant sur l’euthanasie que sur l’homoparentalité.

Or voici que deux faits d’actualité viennent de les réactiver. Au motif que la loi Leonetti de 2005 sur la fin de vie « ne règle pas toutes les situations », le groupe socialiste à l’Assemblée nationale entend relancer, dès ce 19 novembre, le débat sur l’euthanasie. Dans un autre domaine, la décision du tribunal administratif de Besançon d’autoriser l’adoption d’un enfant par deux femmes homosexuelles justifie, ici et là, la demande d’un vaste débat sur l’homoparentalité.

Dans l’un et l’autre cas, l’argument le plus souvent avancé est le même, et cela de manière récurrente : il faudrait mettre fin à l’hypocrisie. « En finir avec l’hypocrisie actuelle » concernant l’euthanasie, demande Jean-Marc Ayrault (La Vie du 12 novembre) , dénonciation de « l’hypocrisie » du dispositif actuel de l’agrément en matière d’adoption, pour Nadine Moreno, secrétaire d’Etat à la famille (Le Figaro du 11 novembre).

Ce qui est vrai est que des euthanasies peuvent être pratiquées, ici ou là, par des médecins, lorsqu’il leur semble, en conscience, qu’aucune autre solution n’est possible pour mettre un terme à des souffrances… Ce qui est vrai est que des couples homosexuels peuvent avoir, de fait, la garde de jeunes enfants, notamment  lorsque la « recomposition » des familles s’opère sur ce mode non hétérosexuel.

Faut-il pour autant considérer qu’aligner la loi sur la pratique soit souhaitable, avec précisément pour argument essentiel de « mettre fin à l’hypocrieie » ? C’est là que l’on peut s’interroger. Avec deux contre arguments. Le premier est qu’une hypocrisie peut en cacher une autre. Les « dérives » déjà observées en Belgique, pour ne prendre que cet exemple, montrent bien que des personnes peuvent parfois être euthanasiées dans des conditions qui n’ont rien à voir avec l’idéal proclamé du « droit de chacun à disposer de sa vie et de sa mort ». Gageons que le jour à l’euthanasie sera devenue légale dans nos pays, nous prendrons vite l’habitude de fermer « hypocritement » les yeux sur la liberté réelle d’acquiescement des personnes euthanasiées, à la fin qui leur sera proposée ! Vous avez dit hypocrisie ?

Il en est de même pour l’homoparentalité. Opposer, comme on le fait aujourd’hui, le « bon couple homosexuel », idéalisé, capable d’aimer un enfant sans réserve, au « mauvais couple hétérosexuel », diabolisé, où l’enfant vivrait un véritable calvaire est une carricature.

Le second contre-argument est d’avancer l’idée qu’en matière de débats de société l’argument définitif ne peut pas être le simple fait de mettre fin à l’hypocrisie. Le vrai débat porte sur les limites ou non limites de la liberté individuelle. Le désir d’adoption d’un couple homosexuel doit-il l’emporter sur le droit de l’enfant d’être élevé dans le cadre d’une famille de type hétérosexuel, ce qui reste malgré tout la réalité dominante à travers le monde ?

Le désir d’une personne qu’il soit mis fin à ses jours, sans souffrance, avec le soutien de la collectivité à laquelle elle appartient, doit-il l’emporter sur l’interdit de tuer qui transcende toutes les sociétés, de tous les temps et sous toutes les latitudes ?

Certes, dans une société démocratique il y a toujours place pour un possible débat. Mais il y a quelque perversité foncièrement anti démocratique a vouloir toujours faire appel devant l’opinion publique de la conclusion du débat pour peu qu’elle nous insatisfasse. De ce point de vue la loi Leonetti de 2005 est issue d’un vrai débat démocratique qu’il n’y a pas lieu de réouvrir. Et il y a une énorme hypocrisie, au fond très « bienpensante » à nous resservir éternellement l’urgence à mettre fin à toute forme d’hypocrisie… A moins que ce ne soit, plus probablement, une forme de terrorisme intellectuel.

2 comments

  • oui la loi Leonitti est issue d’un vrai débat démocratique fait avec prudence et humanité . Elle permet de combattre la souffrance dans le respect de la dignité de l’homme. Elle évite l’acharnement thérapeutique. Elle permet en fin de vie des traitements qui ont pour but de ne pas rajouter des jours à la vie et d’accepter de laisser le malade s’en aller…..et le plus souvent évite les demandes d’euthanasie.

    dans le premier cas, il me parait scandaleux quand de très nombreux couples stériles de peuvent accéder à l’adoption en raison du très petit nombre d’enfants adoptables en France et à l’étranger d’accéder à la requête des couples homosexuels.
    ces hommes ou ces femmes ne sont pas stériles, c’est un choix de vie , et cela ne remet pas en cause leur possibilité d’aimer .

    dans ces deux cas, le problème de l’euthanasie et de la parentalité de couples homosexuels , c’est la force de groupes de pression qui force l’interdit .
    Le médecin que je suis aurait bien aimer que beaucoup de ses patients en souffrance aient pu avoir le même appui dans leurs difficultés de tous les jours. Cela me rappelle un congrès médical pendant lequel cette question avait été posée aux groupes de pression en question et cela fait quelques années.

    La France jusqu’à présent a toujours pris le temps de réfléchir et de ne pas se laisser forcer la main mais pour combien de temps?

    Les chrétiens peuvent encore être au milieu de tous , des artisans de réflexion , de sagesse à la condition qu’ils osent affronter les défis nouveaux de notre monde en s’informant , non auprès de leurs propres groupes de pression mais auprès de ceux qui affrontent chaque jour ces nouveaux défis .

    bonne journée à vous

  • Objet: responsabilité pénale Toulouse  » Pas d’accord avec vous. Pour qu’1 acte soit pénalement sanctionné, il faut : 1 intention coupable 1 ou.. des infractions à une loi pénale, l’inobservation d’un réglement, imprudences etc – 1 ou des actes
    commis volontairement – des relations de causes à effets. Rien de tout celà n’a été prouvé au jugement. ¨pour finir comme vous, je dis heureusement que notre justice respecte ces principes.

    PS : l’émotion ne doit pas rentrer en ligne de compte dans un jugement.Très cordialement.

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