Cathos de gauche, avec ou sans la gauche

Cathos de gauche, avec ou sans la gauche

Et si la «disparition» des cathos de gauche tenait pour une part à l’imposture idéologique d’un prétendu catholicisme décomplexé ? 

Cet article a été repris sur les sites Aleteia, et Causeur.fr que je remercie vivement. 

Dans un article récent, le politiste Gaël Brustier prend prétexte de la récente Manif pour tous, pour décrire l’évolution du rapport des forces politiques au sein du catholicisme Français. Il écrit : «L’équilibre des forces internes au monde catholique a considérablement changé en quelques années. Le quinquennat de François Hollande a bouleversé des équilibres anciens. L’organisation du pôle le plus conservateur du «peuple de Dieu» et l’affaissement des piliers traditionnels du catholicisme de gauche n’y sont pas étrangers. Le «mariage pour tous» a été un révélateur et un détonateur d’évolutions profondes. Le nombre de catholiques électoralement fidèles à la gauche a significativement baissé. Compte tenu des taux de participations élevés en leur sein, on peut supposer qu’une part non négligeable d’électeurs hier alignés sur la gauche sont tout simplement passés à droite. Aux élections européennes de 2014, la proportion d’électeurs catholiques de gauche a régressé à environ 16%, un score historiquement bas. Rappelons qu’en 1981, 35% des catholiques avaient voté pour François Mitterrand…»

L’analyse n’est pas fausse. Mais elle soulève au moins deux questions auxquelles Brustier ne répond pas : pourquoi en est-on arrivé là et cesse-t-on d’être de gauche lorsqu’on ne vote plus à gauche ?

Une nouvelle génération de jeunes intellectuels

On connaît sa thèse, superbement développée dans son livre Le Mai 68 conservateur (1). C’est «la jonction des communautés nouvelles avec la mouvance traditionaliste» (2) qui a créé le terreau nourricier de La Manif pour tous. Une idée qu’il explicite dans un autre article  avec cette formule :  «L’esprit « tradismatique » naît ainsi progressivement et précède l’enclenchement de la Manif pour tous.» Ce qui lui permet de décrire, longuement ce que le titre de l’article appelle Le réveil des tradis, avec «le retour en force des catholiques dans le débat public» Pour lui, cette tendance trouve son illustration dans la montée en puissance d’une nouvelle génération de jeunes intellectuels qui s‘expriment notamment dans la revue Limite. 

Fort bien, sauf que cela ne nous dit pas pourquoi les «cathos de gauche» auraient fondu comme neige au soleil. S’ils ont massivement refusé leurs voix au PS lors des dernières élections, ce n’est pas parce que de jeunes intellectuels catholiques battent le pavé médiatique. C’est parce que la gauche les a déçus, et notamment, pour certains d’entre eux, par son passage en force sur la loi Taubira.

Exaspérés par Sarkozy… puis déçus par Hollande

Dans son livre de 2014, Gaël Brustier analysait d’ailleurs parfaitement ce qui s’était passé.  Après avoir souligné que c’est le basculement à gauche d’une partie des catholiques «sociaux» des départements de l’Ouest, exaspérés par Nicolas Sarkozy, qui avait permis l’élection de François Hollande en 2012, il observait : «Ni à l’Elysée, ni à l’hôtel Matignon, ni même au Ministère de l’intérieur, il ne s’est trouvé un conseiller suffisamment au fait des rapports de forces internes au monde catholique et des plaques tectoniques de la société française, pour anticiper un tant soit peu le risque politique encouru. Le comble aura été de voir le Président de la République évoquer une supposée clause de conscience des maires pour se dédire dans la foulée et, finalement, faire l’impasse sur le dialogue que sa fonction et sa position lui réclamaient de conduire avec les catholiques d’ouverture.» (3)

La loi Taubira : «Une erreur électorale énorme» (Hervé le Bras)

Déjà, le 28 avril 2013, soit cinq jours seulement après l’adoption de la loi Taubira, le démographe Hervé le Bras écrivait dans Rue89 : « Si le PS avait bien analysé sa progression en 2012, comme nous l’avons fait dans notre livre (4), il aurait vu qu’elle est due à une maladresse de la droite, qui s’est déportée trop à droite. L’UMP a oublié la composante démocrate-chrétienne de son électorat. Or celle-ci n’a pas adhéré aux positions xénophobes de Nicolas Sarkozy. Les gains de Hollande ont été faits sur ce centre-droit, lié à une tradition catholique. C’est ce qui ressort clairement de la carte électorale. Avec le « mariage pour tous », le PS vient à mon avis de s’aliéner ce qui a été à la base de son succès lors des dernières élections. C’est une erreur électorale énorme.»  Et il concluait : « Il y a un moment où les politiques ne peuvent plus se cantonner à des réformes sur les mœurs. Ils faut aussi s’intéresser à l’économie. Et c’est ce virage que les socialistes ont raté.» 

Adopter un enfant mis au monde «pour» être adopté… 

D’où ma deuxième question : faut-il voter à gauche pour être de gauche ? Finissons-en avec cette question de la loi Taubira. Oui, il y a de nombreux chrétiens de gauche qui étaient favorables à cette loi. Mais il y en avait aussi – j’en suis – qui, tout en s’accordant sur une conjugalité homosexuelle qui ne leur pose aucun problème, se sont opposés à la loi pour sa dimension d’ouverture à la filiation. Au risque de bégayer je redis ici : que le mariage ouvre légalement à la filiation ; que toute filiation naturelle étant interdite aux couples de même sexe pour des raisons évidentes, ce désir de filiation suppose l’adoption ; et que dans un pays où il n’y a plus d’enfants à adopter (5) ce désir ne pourra à terme se satisfaire que par le recours à la PMA et à la GPA.

Or, il existe une différence entre : adopter l’enfant de son conjoint, né d’une précédente union hétérosexuelle, adopter un enfant dont les parents biologiques ne peuvent assumer la charge… ou adopter un enfant – je pourrais presque écrire : un orphelin – volontairement conçu et mis au monde «pour» être adopté. Je crois, là encore, exprimer l’opinion commune, y compris parmi des «gens de gauche» en disant que, dans l’adoption, le droit de l’enfant à trouver des parents adoptifs prime sur le droit des adultes à obtenir, par tous les moyens qu’offre la science, un enfant à adopter. Et qu’il y a là le risque évident d’une dérive marchande du vivant dont on est étonné qu’elle ne gêne pas davantage les contempteurs du libéralisme économique.

L’écologie n’est-elle pas conservatrice par nature ?

Dans son livre (1) Gaël Brustier situe «L’écologie humaine (comme) élément central du conservatisme nouveau» (6) qu’il pointe du doigt, notamment dans la revue Limite. Si l’on comprend bien l’écologie serait de gauche – donc émancipatrice ? – lorsqu’elle s’affiche libertaire, mais deviendrait conservatrice lorsqu’elle est simplement écologique. Si l’écologie n’est pas un combat pour la conservation de la planète et de l’environnement donc également de l’humain, de quoi parle-t-on au juste ? Que cela plaise ou non, il existe une gauche écologique conservatrice. Je revendique cette appartenance ! Et j’affirme que nombre de catholiques se retrouvent aujourd’hui dans cette sensibilité sans avoir le sentiment de trahir leurs valeurs. Pour qui voteront-ils en 2017 ? Là est bien la question. Mais si par hasard, au vu de la personnalité des candidats, ils ne votaient pas à gauche, cesseraient-il d’être de gauche ?

On pourrait poursuivre sur l’idée, à la mode et non dépourvue de fondement, d’un dépassement du clivage droite-gauche. Sauf que ceux qui, dans le monde catholique, la développent avec le plus de gourmandise en tirent généralement prétexte pour nous expliquer qu’il n’y aurait plus d’intellectuels catholiques que de droite. CQFD ! Et que nous autres, malheureux soixante-huitards conciliaires attardés serions désormais sans descendance. D’où notre aigreur bien compréhensible ! Pardon pour ce qui ne veut pas être une récupération grand-paternaliste mais, pour prendre ce seul exemple, les jeunes chrétiens de Coexister, ne sont-ils pas dans cette filiation ?

L’imposture idéologique d’un catholicisme décomplexé

En fait, l’idée selon laquelle les cathos de gauche auraient disparu – mais la gauche elle-même n’a-t-elle pas disparu ? – tient pour une large part à l’imposture idéologique d’un catholicisme prétendument décomplexé. (7) On n’existerait qu’à la condition de porter, toujours et partout, sa foi en bandouilière. C’est en tout cas ce que nous prêchent avec constance et délectation quelques évêques et abbés ensoutanés des beaux quartiers. Sauf que l’enfouissement qui a marqué toute une génération de «cathos de gauche» et que continue de vivre tranquillement une partie de la jeunesse catholique, ne procède pas d’un complexe mais d’une conviction.

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  1. Gaël Brustier, Le Mai 68 conservateur. Que restera-t-il de la Manif pour tous ? éd. du Cerf, 2014. 240 p.
  2. op cit p.121
  3. ibid p. 47-48
  4. Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, « Le Mystère français » (éd. Seuil)
  5. Et pas davantage venant de l’étranger où la pauvreté a reculé et où l’on se montre soucieux que les enfants adoptables puissent, de manière préférentielle, être élevés dans le contexte culturel qui est le leur.
  6. op cit. p.127
  7. Sans s’identifier tous à des cathos de gauche, c’est tout de même sensibilité du catholicisme Français qui vient de s’engager dans la bataille de la présidentielle avec la parution du numéro de la revue jésuite Projet consacrée au FN.
 © René Poujol

 

26 comments

  • Cher René, je me demande plus radicalement si le catholicisme, et pas simplement le catholicisme de gauche, n’a pas disparu. Le catholicisme « décomplexé » est-il bien chrétien et catholique. J’en doute beaucoup, et le catholicisme silencieux est-il lui-même catholique? Il rassemble un faisceau de croyances qui me semblent n’avoir que des apparentements avec l’expérience spirituelle dont il est question dans les évangiles comme dans « la Torah et les Prophètes ». Cela a des ressemblances, mais comme celles du Canada Dry avec l’alcool. Ce qu’il reste de la culture chrétienne, à part quelques isolas, est si pauvre, qu’on peut se demander si c’est une plante encore vivante… Et cela ne date pas de la Loi Taubira. Ce que tu évoques n’est guère que le symptôme d’une perte presque totale de la transmission. On a voulu transmettre des valeurs, on a laissé en route l’expérience fondamentale de la parole… Qu’un catholicisme maurassien occupe désormais la place, que le retour à la piété se généralise, y compris dans des paroisses et des communautés naguère plus exigeantes, tout cela s’explique parce que la nature a horreur du vide… L’Eglise n’a toujours pas voulu faire son examen de conscience sur cette panne de la transmission, préférant accuser la sécularisation et le relativisme. Elle n’est pas la seule responsable: la laïcité à la française s’est enfermée dans un refus de penser le religieux tout aussi dramatique. De part et d’autre, on en est resté à ce que Jean-François Noel appelle « le religieux infantile ». Cela ne peut pas conduire à une foi adulte… Et dans ces conditions, le catholicisme n’a guerre de chance de survivre… Et pour ce qui est de la transmission, le problème n’est pas simplement français. Ceci pour éviter de se rassurer à bon compte…

    • Jean-François, je trouve ton analyse d’un pessimisme qui me semble tout à fait excessif. Qu’un certain nombre de signes fassent apparaître un recul et une perte de substance du christianisme ici ou là, est une évidence. Mais ton propos vaudrait un débat plus serein et approfondi.

      La crise de la transmission, bien réelle, ne touche pas que l’Eglise catholique. On pourrait parler de l’école et des connaissances qu’elle est sensée transmettre, de l’armée, de la justice, du civisme… Partout où l’autorité, en somme, se cachait derrière le pouvoir. Mai 68 en ébranlant tout ce qui ressemblait à un pouvoir et en remettant en cause le « principe d’autorité » (pour moi c’est bien l’acquis de 68 auquel je suis le plus attaché) nous contraint à un long pèlerinage aux sources. S’agissant de l’Eglise catholique, le crois que le pape François a bien compris cela. Même si une partie des « fidèles » – et un certain clergé – s’en trouvent déroutés.

      Que le christianisme ne se « réduise pas à des « valeurs » c’est l’évidence même. Mais je ne vais pas m’offusquer d’une sécularisation qui « laïcise » et du coup rend pérennes, nombre de valeurs issues du chrisianisme. Et je sors personnelelment d’un synode diocésain – celui de Créteil – qui, s’il fait apparaître bien des fragilités dans le corps ecclésial, a mis aussi en lumière bien des richesses et un goûr retrouvé, précisément, pour cette Parole qui fonde la foi. Le premier chapitre des Actes synodaux portent sur ce point. Et le premier des 10 commandements du synode, qui entendent en vulgariser – sans vulgarité – les conclusions est ainsi formulé : « De la Parole tu te nourriras ».

      Dès lors lrsque tu évoques une disparition, ou simplement un appauvrissement, de la « culture chrétienne » je m’interroge sur le contenu de cette disparition. N’y a-t-il pas là une forme d’idéalisation exagérée du passé ? C’est pourquoi je me refuse à te suivre lorsque tu dis « le catholicisme a disparu » ou en conclusion ta conviction que « le catholicisme n’a guère de chances de survivre ». Je crois qu’il doit, lui aussi, vivre le mystère pascal de mort et de résurrection… comme nous devons le vivre à titre personnel. J’ai coutume de dire qu’à travers le monde certaines Eglises vivent la liesse des Rameaux, d’autres la ferveur du Jeudi Saint, d’autres encore le martyre de la mort sur la Croix ou le vide abyssal de la descente aux enfers, le Samedi saint. Peut-être en sommes-nous là dans la vieille Europe chrétienne. Mais pour ma part, je ne désespère pas du dimanche de la Résurrection.

  • Bonjour René,

    Ton analyse me semble correcte, et je suis assez sceptique sur celle de Brustier. Les instituts de sondage estiment à environ 13-15% le vote catholique. On peut estimer qu’en 2012, une partie de ces votants se sont reportés sur Hollande, parce qu’en effet ils étaient excédés par Sarko. Que ceux-là plus quelques autres de centre gauche reviennent à droite est dans l’ordre des choses, et je ne serais pas étonné que ce soit d’abord pour Juppé. Les cathos de gauche au sens strict (ceux qui depuis des années votaient à gauche) ont-ils viré à droite? Je ne vois pas ce qui permet de le dire. Ils sont comme tout le monde : ils ne veulent plus de Hollande, mais s’il y en a un autre qui leur plaît à gauche, ils voteront peut-être encore pour lui. Le problème n’est pas à mon avis (sauf marginalement), la loi Taubira, elle n’y est pas pour grand chose, mais l’état lamentable de la gauche en général. Tu as donc raison: ceux des cathos de gauche qui voteront à droite (pour Juppé sutout) resteront à gauche. De ce point de vue, je ne rejoins pas du tout l’opinion de Le Bras… Il faut quand même reconnaître, me semble-t-il, que les cathos de gauche soutenant ta position (plus que respectable et réfléchie!) n’étaient pas légion… D’accord par ailleurs avec ce que tu dis de PMA / GPA et de l’adoption. Ce n’est pas le re-passage des cathos à droite qui est nouveau, mais désormais leur passage sans réticence, « décomplexé » comme ils disent (c’est-à dire très bête) au vote FN.

    Je ne sais s’il faut tirer de cette histoire tout ce qu’on dit l’ami Jean-François Bouthors. L’effondrement culturel, et de transmission, est commun à toutes les institutions de culture et de transmission… Mon grand reproche ou grand regret est l’immobilisme de l’Eglise pour tenter de remédier , au moins un peu, à la chute des « vocations » en multipliant les ministères, les possibilités d’engagement (à temps, etc.) et en cessant de discriminer les femmes sur ce point et sur d’autres. Cela pose d’autres problèmes, et nous savons aujourd’hui que même un pape décidé à aller de l’avant se heurte à un véritable plafond de verre, à un mur curial ou épiscopal, y compris chez des prélats africains qui ne brillent pas par leur intelligence.

  • Monsieur, c’est un vrai plaisir de vous lire ! Pour la pondération irréprochable et l’acribie de vos jugements. L’hommage n’a rien de facile, car je fais assurément partie de ces jeunes catholiques « décomplexés » qui ont l’honneur de votre tribune. Je grince un peu des dents lorsque vous écrivez que « l’enfouissement qui a marqué toute une génération de ‘cathos de gauche’… ne procède pas d’un complexe mais d’une conviction ». Je sursaute aussi en lisant le commentaire de monsieur Bouthors : « le catholicisme « décomplexé » est-il bien chrétien et catholique. J’en doute beaucoup… ». Sans doute vous entendez-vous mieux là-dessus que je ne vous entends tous deux. A vous lire, je suis persuadé pourtant qu’il y a derrière ces énoncés de solides raisons et qu’il vaut mieux en discuter ensemble que de continuer à jouer d’ignorance mutuelle.

    Comme nous sommes catholiques, nos sensibilités politiques sont naturellement infusées de nos convictions religieuses. Si bien que ces désaccords politiques se teintent en même temps d’une prétention à être les tenants d’une orthodoxie religieuse. J’ai vécu toute ma jeunesse dans cette haine mutuelle que se portaient les « cathos de gauche » et les « cathos de droite », les uns reprochant aux autres de manquer de charité évangélique, les autres reprochant aux uns de brader le contenu de la foi.

    Pour autant que je puisse en juger, ces critiques étaient souvent fondées. Elles manifestaient que notre religion ne commandait plus nos positionnements politiques ; mais que c’était la politique elle-même qui avait fini par déchirer le tissu de nos vertus théologales. A vous lire, je vois bien toutefois ce que cela est lorsque la religion reprend l’ascendant.

    Vous êtes manifestement de gauche, pour ce que la gauche a toujours revendiqué de justice sociale. Mais vous êtes surtout chrétien et votre chapelle n’est pas d’abord politique : vous êtes parfaitement disposés, vous le montrez, à fausser compagnie à la gauche lorsqu’elle trahit la doctrine sociale et morale de l’Eglise. De la même façon, je suis assurément de droite, pour ce que la droite combat une tolérance relativiste qui me parait contraire à l’existence même d’une vérité dogmatique. Mais je ne suis pas prisonnier de la droite, au point d’accepter de sacrifier avec elle au culte païen de la terre de nos ancêtres.

    Le caractère volatile de l’électorat catholique me semble une très bonne chose. Nous sommes catholiques d’abord, nous n’avons donc aucun besoin de marquer la moindre déférence envers des clivages, gauche ou droite, qui ont ceci de commun qu’ils ne reconnaissent aucun horizon transcendant au-delà du politique. Les vertus que vous voyez dans la gauche sont des vertus que j’estime également, car elles sont notre partage commun. Les vertus que j’apprécie dans la droite, vous n’y êtes pas indifférent non plus. Notre désaccord politique n’est pas principiel mais prudentiel. Tant que nous sommes d’accord sur les principes d’une politique juste, nous pouvons nous permettre d’être en désaccord sur notre façon de fixer les priorités. L’essentiel est sauf.

    Peut-être serait-il temps que les catholiques cessent enfin de se laisser tenir en laisse par des clivages politiques qui ont fait éclater leur communion dans des haines exacerbées et partisanes. La guerre des tradis et des modernistes est d’abord une guerre politique. Les catholiques n’ont jamais eu à choisir entre le passé et l’avenir, entre la réaction et le progrès, car ils ont toujours eu leur étalon de mesure hors de l’histoire. Ils n’ont jamais eu non plus à choisir entre la liberté et l’égalité, car ils occupent une position où ces deux valeurs ne sont pas contradictoires, ni soumises à des intérêts de clans.

    Le concile Vatican II a donné lieu à une terrible guerre « politique », entre le camp de la conservation et le camp du progrès. Ce n’était, à l’évidence, pas un conflit religieux. Bien des années plus tard, lorsque j’ai lu Gaudium et Spes, j’ai découvert qu’il était bien plus respectueux de la tradition magistériale que je l’avais pensé, à force d’entendre les modernistes échevelés d’un camp, qui croyaient en avoir fini avec la religion de papa, et les traditionalistes enragés de l’autre, qui croyaient que la terre avait tremblé sous leurs pieds. Revenir à la lettre et à l’esprit de ce Concile, sans préjugés politiques, est un privilège des gens de mon âge. Et sans doute l’une des raisons de cette curieuse jonction « des communautés nouvelles avec la mouvance traditionaliste », que monsieur Brustier observe. Ce n’est peut-être pas la seule explication, mais c’en est une.

  • Pingback: Existe-il encore des cathos de gauche ? - Société - Aleteia : la source chrétienne de référence - Actualité & Spiritualité

  • Merci pour votre analyse très intéressante qui montre bien le désenchantement des cathos de gauche sur la politique et l’effacement du traditionnel clivage gauche/droite.

    Autant je suis d’accord avec vous sur l’analyse, autant je réfute totalement votre conclusion.
    Je pense qu’il y a un véritable changement dans les nouvelles générations.
    Une rupture générationnelle se produit depuis 20 ans entre les soixante-huitards catho de gauche que vous décrivez et la génération JP 2 / Benoit 16 et François, qui est vraiment décomplexée et qui en a marre de cette pastorale de l’enfouissement qu’elle subit depuis 30/40 ans pour les plus âgés.

    D’où acte : La manif pour tous, qui a surpris tout le monde.

    D’où acte : les groupes de musique chrétiens qui ont de plus en plus de succès, de Glorious à DAC, en passant par les Prêtres et la soeur italienne, Thérèse Vivre d’Amour ou encore Grégory Turpin.

    D’où acte : l’évangélisation de rue/de quartier qui n’est plus seulement réservée à qq illuminés ou aux protestant-évangéliques, mais concerne de plus en plus tout le monde et passe par différent biais (le porte à porte ou les discussions sur les marchés de la communauté de l’Emmanuel, l’évangélisation des plages par l’association rock’n’roll ANUNCIO, l’aide concrète au SDF – maraudes et association LAZARE qui fait des colocations jeunes professionels/SDF pour les aider à se ré-insérer, l’aide concrète dans les quartiers et banlieues avec de plus en plus de familles cathos bourges qui s’y installent pour faire ‘humanitaire’ //cf le récent livre de témoignage d’une famille à Marseille…

    D’où acte : l’éducation dans les ZEP et banlieues (regardez les Fondation Espérance Banlieue, Fondation pour l’école… et toutes les nouvelles écoles hors contrat qui se montent spécifiquement dans les banlieues par des catholiques engagés, c’est magnifique !)

    D’où acte : l’éducation affective et sexuelle des enfants et adolescents
    (Thérèse Hargot qui est lumineuse et très appréciée sur les plateaux, mais aussi Inès de Franclieu plus tradi, et la très brillante Inès du Pélissié, philosophe et excellente pédagogue… et les associations discrètes mais o combien powerful : Teenstar, Cycloshow….).

    Lisez le livre de Thérèse Hargot : une jeunesse sexuellement libérée, c’est très parlant.

    Dont acte : la politique (Sens Commun, de nombreuses mairies, avec FX Bellamy, Madeleine de Jessey comme figure de proue) et maintenant Coexistence qui prend de plus en plus d’ampleur…, mais aussi le journalisme militant, la presse féminine (Zélie), la presse d’opinion (plein d’exemples, ça serait trop long) et les blogs (Koz Toujours, Edmond Prochain…).

    Sans parler des intellectuels catholiques d’aujourd’hui (comme Fabrice Hadjadj, Jean-Pierre Denis, FX Bellamy et il en manque car je les lis pas assez ;-))

    Dont acte : dans le milieu professionnel avec CGE, les MCC, EDC, les Semaines Sociales, et tous les réseaux confidentiels de paroisse à Paris ou ailleurs….on a quitté la JOC 🙂

    Dont acte : l’humanitaire où les jeunes cathos prennent le relais de leurs ainés (Fidesco, DCC, Pour un sourire d’Enfant, Enfants du Mékong, Point Coeur, MEP…)

    Sans parler de la sphère catho-prière, des groupes de prières qui débordent dans toutes les grandes villes, des couvents qui se remplissent, des JMJ qui font carton plein, de la renaissance des pélerinages, des lieux d’accueil dans les couvents et maisons religieuses (foyer de charité, abbayes, cté de l’Emmanuel, de St Jean…) …….

    Ni des actions traditionnelles des cathos sur le pro-vie (Alliance Vita, Un de nous, WYA, SOS IVG, Manifs Survivants, Homovox, ETAPP) ou les handicapés (l’Arche, Foi&Lumière, A Bras Ouverts…+ le retentissement de page facebook comme Gaspard, Zélie ou Tombé du Nid, dans la lignée de Deux petits pas sur le sable mouillé)

    Bref, les jeunes cathos en ont marre de l’enfouissement, et ils ont bien raison !
    Soutenons-les, changeons de regard,
    et aidons les à faire revivre le catholicisme en France, dans ses pluralités et ses joies pour que la foi revienne parmi nos élus et décideurs et qu’ils prennent enfin les bonnes décisions pour notre pays, nos familles, nos enfants…L’avenir est là ! Dans l’ici et maintenant.

    • Mais votre longue énumération ne contredit en rien mon analyse. Que des jeunes « décomplexés » soient présents dans tous les secteurs que vous citez, nul ne le conteste. En tout cas pas moi. Et que cette attitude leur soit dictée par réaction contre un « ensevelissement » des générations precédentes tel qu’ils le perçoivent, le ressentent et finalement le « jugent », est également probable. Mais cela reste insuffisant pour en conclure que cet ensevelissement était le fruit d’un complexe, d’une forme de honte à s’afficher chrétien. Et partant, que ne seraient véritablement chrétiens aujourd’hui que « ces jeunes là, et plus ceux qui continuent à agir, aujourd’hui encore, avec une autre forme d’engagement.

      C’est cet ostracisme que je dénonce, cette forme d’aveuglement. Sans doute ces deux manières de vivre l’Evangile ont-elles toujours coexisté dans l’Eglise, avec des inversions de balancier assez classiques. Est-il nécessaire, pour s’affirmer bon chrétien, d’en conclure que d’autres ne le seraient pas, uniquement parce qu’ils vivent leur foi différemment ? Vous me parlez – entre autres – d’évangélisation de rue. Relisez donc l’Evangile des disciples d’Emmaüs… Jésus chemine à leur côté sans se faire connaître. Alors qu’ils s’ouvrent à lui de leur désespérance d’avoir vu leur maître crucifié au point de fuir Jérusalem et la communauté, il ne leur fait pas un cours de catéchisme sur le sens de la résurrection ! Ce n’est que plus tard, au cours d’un repas partagé à l’auberge, qu’ils le reconnaîtront à la fraction du pain ! Si c’est notre manière de comprendre et de vivre l’Evangile, allez-vous la condamner au motif que nous serions complexés ?

      • Bonjour,

        J’ai l’impression que vous n’avez pas compris mon commentaire.
        J’ai bien écrit que j’étais d’accord avec votre analyse, mais pas votre conclusion, et notamment ceci :

        « On n’existerait qu’à la condition de porter, toujours et partout, sa foi en bandouilière. C’est en tout cas ce que nous prêchent avec constance et délectation quelques évêques et abbés ensoutanés des beaux quartiers. Sauf que l’enfouissement qui a marqué toute une génération de «cathos de gauche» et que continue de vivre tranquillement une partie de la jeunesse catholique, ne procède pas d’un complexe mais d’une conviction. » »

        Non, je le redis, une grande partie de la jeunesse catholique n’a pas de complexe. Ni la conviction qu’il faut rester enfoui.

        BIen au contraire !
        Si c’était une conviction pour nos ainés,
        nous avons nous (je parle peut être un peu trop présomptueusement mais je pense être en partie représentative de ma génération : j’ai 33 ans, je suis journaliste, et j’ai été biberonnée au scoutisme, à l’Emmanuel et aux actions de paroisse de quartier), oui nous, vécu un véritable printemps / celui apporté par les communautés nouvelles, qui ont remis la foi (et pas seulement la charité) au coeur de la vie catholique.

        Donc notre génération ne vit pas comme la votre, bien au contraire,
        et n’a pas peur de s’afficher, de dire sa foi, d’aller évangéliser aux périphéries en osant parler du Christ, tout en faisant des actions charitables (car les deux font de pair).

        Cette phrase de Marthe Robin m’habite car elle résume bien ce clivage qu’on veut toujours opposer entre cathos de gauche supposés social et charitables, et cathos de droite supposés priant mais surtout intéressés par l’argent et la réussite sociale….

        Marthe Robin disait : La vérité sans la charité durcit (et on le voit avec toute les franches extrèmistes du catholicime « dur », de droite) et la charité sans la vérité pourrit (et là, on le voit dans toute cette franche de catho de gauche qui a été tellement charitable qu’elle en a oublié l’essentiel : transmettre la foi!)

        Donc oui, où sont passés les cathos de gauche ?
        Ben malheureusement ils ont disparu car ils n’ont pas su transmettre la foi à leurs propres enfants et petits enfants… Triste constat. Et Jésus lui même se l’est posé : « Dieu quand il reviendra trouvera -t-il la foi sur terre ? »

        • Je ne vois toujours pas en quoi le fait d’affirmer qu’une partie de la jeunesse catholique – dont vous êtes – n’a pas de complexe et ne partage pas la conviction qu’un « enfouissement » puisse aussi être un chemin d’évangélisation, aurait pour corollaire que celles et ceux qui agiraient différemment de vous seraient complexés. Quant au constat selon lequel les cathos de gauche n’auraient pas su transmettre la foi à leurs enfants, il contient un fond de vérité qui mériterait un plus large examen. Sauf à nous provoquer à le contester purement et simplement lorqu’il est utilisé de manière idéologique – comme c’est désormais le cas – pour discréditer une certaine sensibilité dans l’Eglise.

  • Pingback: Cathos de gauche : même pas morts ? – Le Samaritain

    • L’avortement reste un drame mais votre commentaire reste difficile à comprendre. Vous évoquez la situation des étudiantes qui sont aussi maman… Quel rapport avec l’avortement sinon, précisément, qu’elles l’ont refusé. Quant à Coexister dont la raison d’être est de favoriser le dialogue inter-religieux et plus largement interconvictionnel… en quoi serait-il concerné par la question que vous soulevez ? Quant à Diaconia, j’ignore si le rassemblement national de Lourdes a ou non évoqué cette question, mais je ne connais guère de responsables de ce courant dans l’Eglise qui se dise insensible à la question des femmes seules avec charge de famille.

  • Dans l’affaiblissement des cathos de gauche il y a une question générationnelle, celle de Rocard et des « baby-boomers » qui s’effacent progressivement. Les nouvelles générations ne sont pas marquées par les mêmes combats, luttes, le même contexte soco-politique, elles n’ont connu que « la crise » celle qui sévit depuis 1974, pas seulement depuis 2008, celles qui se traduisent par un avenir soit par un chômage de masse et toujours de plus en plus de précarité avec toujours plus de travail pour toujours moins de salaires et de protections sociales.
    Voir le livre à paraitre le 28 octobre d’Alexandre Devecchio « les nouveaux enfants du siècle » aux éditions du Cerf.

  • J’arrive bien en retard dans un débat qui ne me met pas à l’aise; Le qualificatif de catholique de gauche, de droite ou du centre me gène . Par nature le catholicisme est transversal et tout catholique qui vit de l’Evangile doit pouvoir se reconnaître dans son prochain quelque soit son opinion politique hors idéologies libertaire, nationaliste, de lutte des classes. .Les valeurs de justice social, de fraternité, celles du décalogue, sans le respect desquels la vie en société ne peut être harmonieuse, sont transversales, les différences étant limitées aux modalités de mise en oeuvre. Pour ces raisons n’étant pas un adepte des calculs politiciens je ne trouve pas grand intérêt à savoir comment les catholiques votent. Pour ces mêmes raisons, dimanche dernier, j’ai quitté la « Manif pour tous » au Trocadéro après constat de la politisation d’interventions qui débordaient largement du thème de la la famille.
    Un Evêque , devenu Cardinal, à qui l’on demandait s’il était de gauche ou de droite avait l’habitude de répondre à ses questionneurs dépités qu’il était du côté de l’Evangile. Il paraît donc normal qu’ un catholique, fidèle à sa foi, reste moins fidèle à son parti politique favori si celui-ci se détache de ses convictions.

    • Cet argument est souvent employé. Il ne me convainc guère. Il ne s’agit pas ici d’absolutiser la politique ni, à plus forte raison, de lui donner un statut qui, pour un chrétien prévaudrait sur les Evangiles. Personne n’a jamais affirmé cela. Simplement il y a des lectures différentes des mêmes exigences évangéliques, touchant a minima à ce que vous appelez « les modalités de mise en œuvre ». On peut être plus sensible à une logique qu’à une autre. C’est tout ! Pourquoi ne pas le dire !

      Je crois être très clair dans mon article : on peut se sentir et se dire d’une certaine sensibilité indépendamment du vote réel que l’on va effectuer, compte tenu des candidats et des programmes en présence. Se dire catho de gauche (même si, j’y insiste dans mon article, je ne suis plus aussi sûr de la pertinence de ces catégorisations) n’a jamais signifié pour moi que l’Evangile le fut. Cela signifie simplement que contrairement à l’angélisme du cardinal dont vous rapportez le propos (et qui à mon avis n’en pensait rien) il y a une forme d’humilité à dire ses choix, à accepter de se situer dans la réalité de la vie politique, économique, sociale, plutôt que de se réfugier dans un monde artificiellement pacifié, peuplé d’anges politiquement asexués.

      Au fond soyons clair : si je me revendique « de gauche », avec quelque provocation, c’est essentiellement pour protester contre cette attitude, assez classique dans l’Eglise catholique, où l’on masque généralement des positionnements de droite derrière un discours de neutralité… au nom des « valeurs de l’Evangile qui ne sont ni ce droite ni de gauche ».

  • Un ami m’écrit en message privé (je ne suis pas parvenu à le convaincre de publier même anonymement son texte sur ce blogue): «Ton billet entretient la confusion entre deux réalités différentes. L’électorat chrétien de gauche n’est pas à proprement parler ce qu’on appelle les cathos de gauche. Pour moi les cathos de gauche représentent ces chrétiens qui, au nom de leur foi, s’engagent résolument pour une transformation politique et sociale «de gauche» à travers l’action des partis et des syndicats. Or force est de constater qu’aujourd’hui ils ont disparu du paysage. Et cela n’a rien à voir avec la Loi Taubira. Cet effacement est bien antérieur. L’analyse que tu reprends de Gaël Brustier porte, elle, sur le recul électoral du PS qui, effectivement, s’explique en partie – mais en partie seulement – par le vote de cette loi contestée, mais sans doute tout autant par l’échec de la politique économique et sociale du gouvernement, la stagnation du chômage notamment chez les jeunes et la montée des pauvretés…»

    Il y a, bien sûr, du vrai dans cette distinction, nécessaire, entre simples électeurs catholiques de gauche et «cathos de gauche» entendus comme militant dans des organisations de gauche. Concernant ces derniers on entend deux discours : ils auraient disparu et au fond, ce serait heureux car compromettre le catholicisme avec un choix politique partisan (sous entendu : de gauche) était une faute, l’Evangile n’étant ni de droite ni de gauche. Or ces deux discours me semblent également faux.

    Si des chrétiens «de gauche», sont en effet moins présents, en tant que tels, dans la vie po et syndicale françaises que l’on sait en crise, on peut se demander si c’est là que se jouent aujourd’hui, concrètement, les transformations sociales ou plutôt dans le champ de la vie associative, de l’économie sociale et solidaire où «les cathos de gauche » sont bien présents» ?

    Pour prendre l’exemple des deux plus importantes associations de solidarité catholiques que sont le Secours Catholique et le CCFD Terre solidaire, on constate qu’elles ont, depuis longtemps, dépassé le simple caritatif pour un engagement plus politique contre les causes de la pauvreté et de l’exclusion ou les paradis fiscaux ! On le leur reproche d’ailleurs assez dans ces mêmes milieux catholiques qui claironnent la disparition des cathos de gauche.

    Les mêmes milieux ont récemment protesté contre la diffusion par le quotidien la Croix d’un numéro spécial de la revue jésuite Projet invitant à se mobiliser contre l’extrême droite. Or, cette démarche était appuyée par une dizaine d’associations ou mouvements catholiques qui, sans être explicitement «de gauche» appartiennent tous à la mouvance du christianisme social : Action catholique des milieux indépendants ; CCFD-Terre solidaire ; Chrétiens en forum ; Scouts et guides de France ; Secours catholique-Caritas France ; Justice & Paix ; les Semaines Sociales de France ; Chrétiens en Forum ; Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne ; Pax Christi ou la Délégation catholique pour la coopération. Vous avez dit moribonds ?

    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/10/07/les-catholiques-de-gauche-se-mobilisent-contre-la-progression-du-fn_5009718_823448.html#YJK7UCpeABLxlZL7.99

    Enfin, mais je ne m’y attarderai pas ayant déjà évoqué cet aspect des choses dans mon article initial, l’argument dénonçant un «détournement» coupable des Evangiles par tout engagement de gauche ne sert traditionnellement dans l’Eglise, qu’à cacher un même détournement au service des partis de droite perçu comme «naturel». C’est en ce sens que je parle d’imposture. Autant – et je l’écris sachant que tous les «cathos de gauche» ne partagent pas ce point de vue, je suis hostile à tout discours exclusif et récupérateur (L’Evangile serait de gauche, ou de droite…) autant je ne vois pas en quoi se dire catho et de gauche ou de droite serait une atteinte au message évangélique et à l’unité de l’Eglise.

  • Bonsoir,

    A. Je rappelle tout d’abord que, notamment dans ce pays, les catholiques, en particulier, ont le choix entre « la gauche »… et « la non gauche », puisque les partis politiques que l’on dit ou qui se disent « de droite » ne sont pas pleinement « de droite » (sinon les médias les diraient, AUSSITOT, « très proches de l’extrême-droite », ou « quasiment d’extrême-droite ») mais sont pleinement « de non gauche », ce qui n’est pas tout à fait la même chose, le dernier Président de la République à avoir été à peu près de droite ayant été, en ce sens, Georges POMPIDOU, mort en 1974.

    Les dirigeants des formations politiques concernées, qu’il s’agisse de formations dites « du centre » ou dites « de droite », savent d’ailleurs très bien qu’il (leur) est quasiment INTERDIT d’être pleinement « de droite », par exemple d’être contre le libertarisme, l’égalitarisme, le fraternitarisme, à géométrie variable, puisque le magistère intellectuel et moral assuré par les prescripteurs du médiatiquement correct, du moralement correct, du politiquement correct et du religieusement correct, diabolise, ringardise, stigmatise, marginalise ou ridiculise toute pensée un tant soit peu « de droite », en la faisant passer pour une pensée plus ou moins archaïque ou intégriste, ou plus ou moins fasciste ou raciste, ou encore plus ou moins nostalgique ou passéiste, même quand cette pensée est bien plus à la fois conservatrice sur le plan axiologique et réformatrice sur le plan économique que « maurrassienne », c’est-à-dire nationaliste et traditionnelle.

    B. Je rappelle ensuite que, ne nous en déplaise, il n’y a pas, d’un côté, une position idéologique légitime, qualifiable « d’authentique », et qui serait « de gauche », et, de l’autre côté, une posture idéologique illégitime, qualifiable « d’imposture », et qui serait de droite : si les uns ont « le droit » d’être vraiment de gauche, je ne vois vraiment pas pourquoi les autres auraient à la fois « le droit » d’être vraiment de droite, et « le devoir » (qui leur est si souvent rappelé !), d’accepter de se faire traiter d’imbéciles, d’imposteurs, d’intégristes, sous prétexte qu’ils sont de vraiment de droite, et pas seulement de « non gauche ».

    C. Je rappelle en outre que, dans cette affaire, en l’occurrence celle dite du mariage pour (presque) tous,

    – les catholiques et les non catholiques de droite, et pas seulement de non gauche, qui étaient contre, plutôt contre, ou sans doute pas pour,

    et

    – les catholiques et les non catholiques de gauche qui étaient, eux, pour, plutôt pour, ou sans doute pas contre,

    se sont, les uns et les autres, complètement fait avoir, dans la mesure où cette affaire a servi, entre autres choses, à faire de la diversion sociétale, à détourner l’attention de l’esprit public et du corps social, pendant toute une année, alors que, entre fin août 2012 et fin août 2013, il y a eu au moins 300 000 chômeurs de plus (certains disent : le double), et que l’on en a alors beaucoup moins parlé.

    Les uns et les autres, ceux de droite comme ceux de gauche, auraient dû défiler ensemble contre le chômage pour (presque) tous, qui concerne infiniment plus de victimes directes et indirectes que le mariage pour (presque) tous ne compte de bénéficiaires ou de destinataires, et qui n’est pas moins voulu que le mariage pour (presque) tous (nous sommes notamment en présence d’une dévaluation interne sans réduction des salaires nominaux, donc d’une dévaluation interne par privation de salaires effectifs), même si ce n’est pas par les mêmes moyens ni pour les mêmes raisons.

    D. Je rappelle enfin que le fond du problème réside dans ce qui suit : quand la gauche au pouvoir n’a plus d’argent à distribuer, quand elle ne peut plus faire une politique de gauche, dans le domaine économique et social, elle distribue des droits (cela coûte moins cher, en apparence, et à très court terme, même si cela coûte très cher, en réalité, à plus long terme), dans le domaine axiologique et moral, ce qui lui permet de continuer à pouvoir se dire de gauche sur les principes, à défaut de continuer à pouvoir être de gauche, dans la pratique.

    Je pense que le mieux, sur cette question, est de laisser la parole à Dominique Reynié : interrogé, à la radio, en mars 2015, sur cette question, par des journalistes qui faisaient semblant (et pour cause…) de ne pas comprendre pourquoi il disait « la gauche est morte », il a été obligé de « lâcher le morceau » : « La gauche est morte parce que l’on ne passera pas de 2 000 à 4 000 milliards d’euros de dette publique cumulée comme on est passé de 0 à 2 000 milliards ! » Voilà la vérité, et Dominique Reynié a même ajouté, ce jour-là : « La gauche est morte, et je ne suis pas sûr que cela soit une bonne nouvelle pour la droite », c’est-à-dire, c’est moi qui l’ajoute, pour la non gauche, qui est tellement plus de non gauche que de droite qu’elle aussi a énormément de mal à ne pas distribuer aux Français un argent qu’elle n’a pas, DONC ENORMEMENT DE MAL A NE PAS MENTIR AUX FRANCAIS, quand elle est au pouvoir.

    E. Je viens de dire pour quelle raison majeure le socialisme a laissé la place au sociétalisme, mais aussi pour quelle raison majeure le sociétalisme se prépare à laisser la place à quelques chose d’encore plus axiologiquement ou incantatoirement de gauche et d’encore moins économiquement ou opératoirement de gauche, et qui sera, je le crois, moins « solférinien » que « terranoviste », mais il me reste à compléter mon propos, en disant quelques mots, en l’occurrence à propos de la gauche, dans le christianisme catholique contemporain, dans le contexte de la France.

    Ici, en un sens, les choses sont plus simples : le christianisme catholique contemporain, en France et depuis 1945, est épiscopalement plutôt de gauche, et est fermement décidé à le rester, d’une manière telle que l’on se demande parfois si ce n’est pas avant tout ou seulement sur ce point-là qu’il est aussi ferme.

    F. Que voulez-vous, ce positionnement plutôt de gauche, même s’il condamne à une certaine forme d’angélisme, d’irénisme, d’utopisme, d’irréalisme incantatoire, est « le prix à payer »,

    – non seulement pour continuer à faire oublier l’erreur de positionnement, non marginale ni négligeable, d’au moins une partie de l’épiscopat français, entre juillet 1940 et juin 1944,

    – non seulement pour continuer à se faire accepter, le moins mal possible, par les prescripteurs du médiatiquement correct, du moralement correct, du politiquement correct et du religieusement correct dont j’ai déjà parlé, et que vous trouverez au sein et autour de magazines hebdomadaires d’information générale, de quotidiens nationaux et régionaux, de chaînes de radio et de stations de radio,

    – mais aussi parce que les évêques les plus influents sont les continuateurs d’autres évêques qui, en leur temps, ont été eux-mêmes les continuateurs d’évêques qui ont vraiment cru, je le résume, que l’Evangile est de gauche, que Jésus-Christ est de gauche, et qu’il y a un signe d’égalité entre un positionnement de gauche et un positionnement, hier, « conciliaire » et, aujourd’hui, « évangélique ». En l’occurrence, ils y ont vraiment cru, dans un contexte historique assez proche de celui de la bipolarisation entre l’Est et l’Ouest et de la bipolarisation entre le Nord et le sud, et cette croyance a amplement survécu au contexte qui lui a donné naissance.

    Je peux comprendre que ce positionnement soit jugé illégitime, intolérable ou intolérant, par des catholiques, et notamment par de jeunes catholiques, qui ont fréquemment l’impression, non infondée, d’être pris pour des « cathos fachos » par quelques-uns de leurs propres évêques, mais le pire est que ce positionnement a conduit bien des clercs à croire, puis à faire croire, en substance, que « plus on est confessionnellement et formellement catholique, et moins l’on est existentiellement et vitalement chrétien ».

    G. Réfléchissons ensemble un instant sur ce que signifie la croyance selon laquelle « plus on est formellement catholique, et moins on est vitalement chrétien » ; elle peut aller jusqu’à signifier qu’une prise en compte très explicite, très spécifique, du Credo, du Notre Père, du Décalogue, de la liturgie catholiques, qu’une mise en oeuvre très explicite, très spécifique, de la Foi, de l’Espérance, de la Charité, des sacrements catholiques, sont plus susceptibles d’éloigner que de rapprocher de « l’esprit de l’Evangile », des « valeurs de l’Evangile », etc. C’est ce qui se joue ici.

    H. Ainsi, pour un catholique de gauche, un attachement orthodoxe au contenu du Catéchisme de l’Eglise catholique sera souvent considéré comme le synonyme d’un attachement intransigeant au même Catéchisme, même quand cet attachement n’est pas pensé ni vécu, par le catholique concerné, d’une manière intransigeante, dans ses réflexions ou ses relations.

    I. Il me reste à écrire quelques mots sur « 68 » ; d’aucuns, je le sais, s’imaginent que le Concile Vatican II a été complété, et non contredit, par « 68 », le « 68 » de l’année 1968, mais moi je vous dis que s’il est vrai que s’inscrit vraiment dans le sillage, orthodoxe, du Concile Vatican II, un texte comme le Catéchisme de l’Eglise catholique, cela veut dire que le Concile Vatican II a été bien plus contredit que complété par le « 68 » de l’année 1968, car il n’y a rien de plus éloigné de la mentalité qui a sévi, parfois pour le moins mauvais, souvent pour le plus mauvais, en 1968 (la suite, plus libérale-libertaire que vraiment libératrice, ne l’a que trop montré), qu’un catéchisme catholique aussi orthodoxe que le Catéchisme de l’Eglise catholique.

    J. Je pense enfin que pour faire comprendre la différence entre la droite et la gauche, au sein du christianisme catholique contemporain, il faut faire une allusion, même un peu « capillotractée », à un autre « 68 », celui de l’année 1768, l’année de la naissance de Schleiermacher, fondateur ou précurseur du protestantisme libéral, car ce n’est vraiment pas de ma faute si le christianisme catholique contemporain de gauche, notamment épiscopal, en France, est bien plus adossé, dans les faits, à une vision des choses assez proche de celle de Schleiermacher, qu’opposé à cette vision des choses, tandis que bien des catholiques de droite, sans en avoir toujours conscience, sont bien plus éloignés, dans les faits, de cette vision des choses, proche de celle de Schleiermacher, qu’inspirés par cette vision.

    Que ceux d’entre vous qui le peuvent parcourent donc quelques lignes, ou quelques pages, sur la pensée de quelqu’un comme Auguste Sabatier, et ils y trouveront au moins une partie de la vision de Dieu, de l’Eglise, de l’homme, du monde, qui est celle de nombreux clercs catholiques, qui se disent ou qui sont plutôt de gauche, et c’est cette source d’inspiration protestante libérale, au moins autant qu’une source d’inspiration « marxisante » stricto sensu, qui constitue, à mon avis, la véritable matrice du positionnement qualifiable de catholique de gauche.

    Je vous prie de bien vouloir m’excuser, compte tenu de ce qui précède, qui est un peu long, et qui nécessite certainement des compléments et des corrections, et je vous remercie de nous donner l’occasion de réfléchir ensemble sur toutes ces questions.

    Un lecteur.

  • Pouvons nous tourner la page des « cathos de gauche », qui n’est que le transfert dans le champ religieux , des conflits et pauvretés idéologiques du champ politique français, au XIX° et XX° siècle. La gauche est morte, elle ne fut qu’une religion sécularisée, à prétention scientifique avec le marxisme comme science de l’histoire, opium des intellectuels. Il n’en reste que les dramatiques contradctions d’une pensée contrainte à reconnaître la supériorité de l’économie de marché, cohabitant avec l’omni présence en France, y compris en économie, d’un Etat redistributeur, travaillé et dominé par les fantasmes de l’autosuffisance de l’homme moderne, « créateur » de lui même , de sa société comme de son histoire.

    Soyons catholiques, cela suffit amplement à être la tâche d’une vie, sans nous croire obligés de courir après la modernité du monde, pour y être tolérés ou s’y croire présents. Bourdieu disait des petits bourgeois que c’était des prolétaires se faisant petits pour être acceptés comme bourgeois. Ainsi les cathos de gauche, se faisant petits, enfouis, comme cathos, pour être tolérés comme de gauche !
    Inventons aujourd’hui, comme à chaque moment de l’histoire, dans la liberté, la nature et les formes d’une présence au monde, personnelle et communautaire, qui soit témoignage non enfoui en quelque avortement spirituel, mais lumière du monde.

    En son temps, Mounier écrivit « Feu la chrétienté », non sans raisons. Ecrivons aujourd’hui « Feu les cathos de gauche » , libérons l’église de France du poids de sa technostructure centre-gauche, de son adhésion silencieuse à une modernité dans l’impasse, à une Europe sans racines ni projet, fantasme désertique que nos évêques confondent avec la Terre promise,

    N’en déplaise à JJ Rousseau, (et à nos évêques » ?) le lien social n’est pas « contrat », mais « alliance » ……

    • Bien pensé même si les propos sont durs. Ni marxiste, ni nationaliste, ni libertarien catholique ouvert à la gauche, au centre et à la droite, sobre et simple essayons, sans se cacher, de vivre l’Evangile et peut être notre société s’en portera mieux.

  • Quand on lit ce qui précède, on a l’impression que l’Eglise « moderne » est depuis deux siècles à gauche, qu’elle aurait même une « technostructure de gauche » (??? ) depuis des décennies, etc, etc. C’est plutôt risible. Il y a eu, durant deux trois décennies des catholiques qui ont choisi la gauche, grossièrement entre 1955 et 1985 : ils réagissaient aussi contre une Eglise exclusivement liée à la droite, à la tradition contre-révolutionnaire, opposée à la démocratie, à la laïcité, à la République, une Eglise devenue une contre-société avec ses oeuvres propres … Mais le vote des catholiques est resté, même à cette époque, à droite (il y a juste un doute pour l’élection présidentielle de 1981). Cette percée est restée : les catholiques sont libres de leurs choix politiques. Il n’y avait là aucune adhésion Mais depuis les années 90, les catholiques sont largement revenus à droite (avec peut-être, là encore, une exception en 2012, mais c’était par réaction contre Sarkozy). Cela ne me gêne pas plus que ça, tant que c’est la droite démocratique et républicaine, mais par un mouvement irrépressible, certains cathos sont aussitôt tentés par l’extrême-droite, par le catholicisme pilier de la nation et des valeurs d’ordre, d’autorité, d’identité (chrétienne, telle qu’ils l’entendent), gardien des traditions, etc. , mais pas grand chose à voir avec l’évangile vivant, qui ne se confond pas avec les Manifs pour tous et aller à la messe (en latin de préférence). Il ne faut pas tout confondre : comme baptisés et communautés de baptisés, nous pouvons confesser que nous vivons sous le régime de l’alliance (et sous beaucoup d’autres choses, par exemple l’amour du Christ et du prochain), mais comme citoyens, nous vivons dans les liens sociaux de la cité démocratique profane, dont le contrat social de Rousseau est une des théories (pas la seule)

    • Il n’y a pas de doctrine sociale du Christ.
      L’Eglise s’est efforcée de penser sa présence au monde, et particulièrement en Europe et en France, avec les bouleversements nés de la Révolution française, où déjà deux clergés s’opposent, et au XIX° siècle, les débats avec les pensées sociales, les socialismes, et d’autres courants conservateurs ou de réaction. Et il est clair que les cathos de gauche, leurs idées et idéologies qui en France dominent l’église depuis 50 ans, participent largement de cet héritage des débats et conflits XIX° et XX° siècle que la modernité ne parvient pas à dépasser.

      Les cathos de gauche en France se sont fourvoyés en flirt marxiste, en enfouissement sécularisé, tout en animant par cooptation la « technostructure » de l’Eglise, à travers l’épiscopat, le clergé et les laïcs « officiel » d’Eglise, l’action catholique, les mouvements, les médias cathos etc. Ils ont donc de lourdes responsabilités dans l’état actuel de l’Eglise de France et l’on peut craindre que leur nouvel engagement dans l’écologie, l’immigration mondialisée, ou la lutte contre leur fantasme le Front National, soit aussi peu lucide, intelligent et profondément réfléchi que leur adhésion d’hier à la lutte des classe !

      Si le Front National n’existait pas, il faudrait l’inventer, car que seraient sans lui, les cathos de gauche et leurs médias et la suite , pour se croire politiquement chrétiens ?

      Ne confondons pas ici la présence sociale de l’Eglise, Solidarnosc, Walesa, Eglise de Pologne, avec l’enfouissement sécularisé à la CFDT et au PS, ou PC des cathos de gauche à la française, avalant toutes les couleuvres d’une gauche en parfaite décomposition intellectuelle.

      Les catholiques ne sont pas obligés de reprendre à leur compte le processus bien connu de diabolisation du FN. Le FN est une création conjointe de JM Le Pen et de F.Mitterand, soucieux de lester la droite d’un parti (tel le PC jadis à gauche) d’un réel poids électoral, et en même temps infréquentable moralement, bien aidé en cela par les outrances de Jean Marie, et la pensée unique des médias et intellectuels bien pensants…. et cela souvent marché, donnant le pouvoir à une gauche parfaitement minoritaire. Laissons Mitterand à ces jeux électoraux de chef lieu de canton….
      Ouvrons aujourd’hui le débat avec le Front National, ne nous contentons pas de parler à sa place pour mieux le diaboliser, situons clairement nos désaccords.`

      Quand on ferme les yeux sur 220.000 avortements en France, d’enfants à naître, il est difficile d’entendre les leçons de Mme Quinio, catho de gauche…., sur le rejet de l’autre !

      L’origine et la fin, l’avortement, pma, gpa , mariage, famille, ou euthanasie sont aujourd’hui pierres d’achoppement d’anthropologies radicalement opposées….où sont les cathos de gauche et l’Eglise de France ?

      Certes, les catholiques vivent comme citoyens dans les liens sociaux de la Cité, et d’une Cité qui ne peut plus se penser que comme « contrat laïc » vu son pluralisme. Mais pour autant, les catholiques n’adorent qu’ un Dieu non confondu avec les idoles qu’on leur présente comme « républicaines » , valeurs républicaines , démocratiques etc. et les martyrs catholiques attestent de cette pré-éminence, du refus de soumission aux lois de la Cité, prétendument républicaines et démocratiques, lorsqu’elles méprisent les données fondamentales de leur foi.

      Liberté, égalité, fraternité….. oui mais, fraternité sans Père….ouvrons le débat !
      Travail, famille, patrie…. oui , ouvrons le débat !

      Et feu les cathos de gauche…..!

      • Tout cela est bien pensé et écrit mais avec trop de vigueur sans apprécier les considérations négatives à l’égard de Dominique Quinio.
        Tous les catholiques devraient , à quelques nuances près, avoir une vision anthropologique commune: famille, mariage, avortement, gpa, pma, euthanasie… sans oublier qu’il nous revient à nous catholique de condamner les dérives, la faute mais pas la personne. L’une des dérives les plus condamnables étant celle du droit  » fondamental » à l’avortement voté par une grande majorité droite gauche.
        Est-il possible d’être chrétien et social en cohérence avec l’Evangile sans être de gauche? bien sur que oui.
        Quant au Front National, qui bat l’estrade depuis plus de soixante ans, il peut être utile de l’écouter sur les raisons de l’échec de l’Europe, de la mondialisation, de l’intégration des migrants et ne pas suivre ses propositions sur l’éducation, la peine de mort, le laïcisme militant , son programme économique….
        N’oublions pas non plus le devoir du Pape, des Evêques de rappeler urbi et Orbi l’idéal chrétien et celui des politiques d’affronter à la réalité et de trouver un juste compromis entre l’ idéal et la réalité.
        En définitif soyons chrétiens tout en votant à droite, au centre ou à gauche mais évitons les appellations chrétien de droite ou chrétien de gauche qui n’ont plus de sens.

      • Sans doute les chétiens de gauche se son souvent trompés mais qui ne se trompe pas ? Certains évêques durant la période de l’occupation ne se son-ils pas trompés également?
        Vous affirmez que l’existence du fn est une bonne chose puisque cela donne en quelque sorte un os à ronger aux chrétiens de gauche. J etrouve cet argument bien faible lorsqu’on voit les dégâts qu’occasionnent justement l’existence ce ce parti.
        Pour ma part je suis horrifiè de voir que Madame Le Pen a de grands chances de devenir présidente de la République à l’heure actuelle

    • Oui Monsieur Schlegel, ce conservatisme assumé qui vide les églises est effarant, ne serait-ce que par le « déni de mémoire » qui lui tient lieu de raison alors qu’il s’agit de rien moins que de fabriquer une histoire qui explique tout, …. et qu’importe qu’elle soit fausse de bout en bout puisque la majorité du clergé y croit. L’autre déni, pour mémoire, est bien plus grave puisqu’il blesse la foi, non pas celle du Credo, cette loi impériale pharisienne, mais la foi celle qui habite sous une forme particulière chacun de nous, l’espérance et la charité.
      L’Église de l’après guerre semblait à l’aise au sein du peuple. Semblait car le conflit « laïcité et franc-maçonnerie » associé à la montée du maurrassisme qui précéda le conflit mondial 14/45 avait déjà fracture -droite/gauche- un édifice déjà fragilisé par la contre révolution bourgeoise (les restaurations, le 2d empire). Le conflit 14/45 agit profondément sur ces consciences, y laissa des traces profondes mal cachées par les monuments aux morts et les grands messes religieuses et Républicaines. Donc le système religieux social tint le coup en apparence, jusqu’au début des années 60 malgré les plaies sensibles laissées par les crises de la théologie et des prêtres ouvriers. Cette chrétienté fragile, coupée de sa classe ouvrière, et à nouveau secouée par les guerres de décolonisation et la honte, compris tardivement la signification de l’inachèvement du concile, … quand fut signé Humanae Vitae. Le rideau de fumée « mai 1968 » cache mal la publication d’HV de juillet 1968.

      Faire des « événements » de Mai 1968 un marqueur de changement de génération est aussi grotesque qu’avoir inventé une théorie du genre.

  • Je pense que vous ne m’avez pas compris quant au FN.
    Quant aux chrétiens de gauche, ils représentent une anthropologie, une théologie, une conception de l’Eglise, un rapport actuel au monde et à la modernité qui en France a gravement faussé la réception et la mise en oeuvre de Vatican II, et a dominé la « pensée » de l’Eglise en sa technostructure politisée, soigneusement cooptée et même parfois verrouillée .

    Il y aurait beaucoup à écrire sur ce sujet, voir par exemple les évolutions d’une revue comme « Esprit » d’Emmanuel Mounier à ce qu’elle est aujourd’hui… passons ! L’ex-penseur gauchiste à la Castoriadis, Paul Thibaud qui dirigea cette revue et en orienta les ruptures, écrit aujourd’hui dans « Causeur » !

    J’ai souvent invité les « chrétiens de gauche » au vu de leurs discours et positions, à rejoindre l’une des chapelles d’un protestantisme français qui malgré sa modernité, son progressisme, ne brille pas d’une éclatante santé. Pourquoi tiennent-ils tant à rester « catholiques » et à y guerroyer ? Là aussi, regardez le parcours d’un grand penseur comme Paul Ricoeur, au sein de ce protestantisme, qui, à force de lire Bultman, écrit dans son testament qu’il ne croit pas à la résurrection des corps, et en reste à l’espérance d’une religion réduite à l’humanisme laïc
    Mais…seule la revue Communio a eu le courage de le mentionner !

    Une relation « œcuménique » aux chrétiens de gauche serait préférable à l’actuelle confusion et position encore dominante en Eglise de France .
    Quant à la pensée politique de l’église…. mieux vaut lire Pierre Manent , Rémy Brague, ou Paul Valadier que les « communiqués » de la CEF ou la revue « Projet » ! Vous saurez excuser le ton polémique !

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