Coucou, le revoilou !

Coucou, le revoilou !

Il y a tout juste trois mois, je prenais congé sur ce blogue… me voici de retour ! 

 

Guignol

Trois mois sans être présent sur les réseaux sociaux. Eh bien, si, c’est faisable ! Sans être présent ou plus exactement sans être «visible» car il m’est arrivé, je le confesse, de me connecter sur facebook pour prendre l’air du temps. Tel un drone silencieux mais non impassible, tenté parfois de lâcher quelque scud. Mais c’eut été rompre avec la mise en réserve que je m’étais volontairement imposée. Ma surprise – heureuse – a été de découvrir que malgré mon silence, ce blogue avait continué d’être visité, certes modestement, mais tout de même… Merci à toutes celles et à ceux qui sont venus se recueillir sur ma tombe !

 

En écrivant ces lignes, me revient en mémoire, une réflexion de Jacques Rivière (1) : «L’homme qui s’est dégagé de la religion s’aperçoit un jour combien elle se passe facilement de lui et à quel point ça ne change rien du tout qu’il ait cessé d’y croire.» L’observation reste pertinente dans sa formulation première. Mais changez le mot «religion» par «réseaux sociaux» et vous obtenez un résultat également digne d’intérêt.

 

Oui, la blogosphère – Dieu merci – a survécu sans trouble à ma mise en réserve. Une observation dont je pourrais tirer quelque amertume mais qui m’incite plutôt à me poser cette question : revenir, pourquoi pas, mais pour quoi faire ? Pas plus que mon départ, mon retour ne va faire le buzz. Et ce n’est pas l’objet de la manœuvre. Des coups reçus ce Printemps il me reste quelques cicatrices sensibles et un paysage amical étrangement dégagé… Cela me semble suffisant pour m’inviter à réorienter, à l’économie, ma vie… d’internaute !

 

La seule chose qui m’importe vraiment reste ce blogue (j’aime assez la francisation du mot). Parce que le journaliste en moi reste aux aguets, que la vie de notre Eglise et plus largement les mouvements de société et la production intellectuelle continuent de me passionner. Je veux y voir la preuve d’une bonne résistance au vieillissement ! Et je sais d’expérience que la meilleure manière de clarifier en moi quelque pensée est encore de chercher à l’exprimer par écrit. Dès lors, pourquoi ne pas continuer à la partager avec celles et ceux qui me disent trouver là matière à nourrir leur propre réflexion ? Et qui ont plaisir à me lire. Si ! cela existe !

 

Je reviens donc, sur ce site, avec une ambition modeste. Pas plus qu’hier je ne songe à commenter toute l’actualité, au quotidien. C’est une exhaustivité pour laquelle je ne me reconnais plus ni goût ni compétence. Je dis ne me reconnais «plus» car j’ai connu, dans ma vie professionnelle, cette excitation et cette obligation d’éditorialiser, chaque lundi, sur les événements de l’heure. Etais-je compétent sur tout ? Je tentais de l’être ! Et il fut bien des jours où cette exigence de polyvalence m’a pesé. Heureux homme qui n’a plus à s’acquitter de cette tâche et qui sait, de surcroît, que nul ne l’attend sur ce terrain… à  commencer par lui-même !

 

Mais, n’en doutez pas, l’actualité Vaticane (je prie sincèrement chaque matin pour que notre pape François n’attrape pas quelque mauvaise indigestion) motivera sans doute tel ou tel papier, et cela très vite puisque c’est début octobre, très près de la Saint-François d’Assise (le 4 du mois) que l’on devrait connaître les premières recommandations de réforme de la Curie, formulées par la commission de huit cardinaux que préside Mgr Oscar Maradiaga.

 

Le 15 juin, en prenant congé, j’évoquais, de manière elliptique, la teneur de mes devoirs de vacances : la co-écriture d’un livre, avec un ami prêtre. Je peux en dire plus. Jean-Marie Viennet (pas Vianney…) fut longtemps vicaire général du diocèse de Berfort-Montbéliard. Mais également secrétaire général d’Emmaüs international, confident et confesseur de l’abbé Pierre, qu’il a accompagné dans de nombreux voyages à travers le monde. Depuis plus de vingt ans il installe, chaque semaine, sa «camionnette» sur les marchés, équipée de deux chaises et une table, pour accueillir et écouter les gens. L’abbé Pierre lui avait conseillé : «Surtout ne leur parle pas de Dieu, c’est eux qui t’en parleront.» C’était bien vu. C’est exactement ce qui se passe !

 

Nous projetions d’écrire sur le Père qui, pour lui comme pour moi, fut une rencontre déterminante dans nos vies. Mais écrire quoi ? Je vais vous faire une confidence. Il y a de cela quelques nuits, j’ai fait un cauchemar, ce qui, chez moi, est extrêmement rare ! Je rêvai qu’aucun éditeur ne voulait de notre manuscrit. Avec cet argument décisif que sur l’abbé Pierre «tout a déjà été écrit». Et j’ai souvenir de leur avoir répondu en songeant à la rentrée littéraire : et sur la passion amoureuse ? Bon, je sais, c’est facile ! Preuve, tout de même, que nous maîtrisons un peu le cours de nos rêves !

 

Il existe d’excellents ouvrages sur l’abbé Pierre ou de lui (2). J’ai pu le vérifier en préparant notre travail. Et d’autres, assez nombreux, qui ne valent pas tripette ! Il ne suffit pas de mettre bout à bout les aphorismes pieux du vieil abbé ou d’organiser en chapitres quelques pseudos confidences pour donner accès à la pensée de l’homme et au mystère de sa vie. Or cet homme reste un mystère, même si l’on connaît son «secret» : la brûlure qui, à 14 ans, l’a saisi à Assise, comme Moïse au Sinaï. Montrer combien cette rencontre avec son Dieu est la clé de compréhension de toute une existence, voilà ce qui nous a motivés, Jean-Marie et moi. Le «Castor méditatatif» de sa troupe scoute fut essentiellement méditatif, là où chacun le croit castor.

 

La seule chose qui m’avait échappé, au moment de me mettre à l’ouvrage… était la proximité du 60e anniversaire de l’appel de l’hiver 54 que nous célébrerons… le 1er février prochain : «Mes amis, au secours… !» Occasion idéale pour faire paraître un livre que, là aussi – soyons honnête – personne n’attend vraiment ! Il fallait faire vite, car il ne sert à rien d’imprimer… si l’on ne mobilise le réseau, en amont, pour que l’ouvrage soit annoncé, et largement disponible le jour venu. D’où la «ponte» de 310 000 signes en six semaines… dont le dernier (signe) – un point, tout ce qu’il y a de plus commun – fut déposé, sans contrôle d’huissier, le lundi 2 septembre dernier à 18 h 10… Nous avons bon espoir que le pari soit tenu. Je vous en reparlerai le moment venu.

 

Pour l’heure goûtons la joie simple des retrouvailles.

 

 

 

 

PS. Pardon pour le titre un peu facile de cet article. Il me permet de rendre un hommage affectueux à un autre ami, trop tôt disparu : Jacques H., dont c’était là l’expression favorite lorsqu’il venait nous voir, impromptu !

____

  1. Ecrivain, Jacques Rivière était le beau-frère d’Alain Fournier, l’auteur du Grand Meaulnes, dont il avait épousé la sœur : Isabelle. Il fut le directeur de la Nouvelle revue française (NRF), de 1919 jusqu’à sa mort, en 1925. Cette citation est tirée de son livre : de la Foi (DDB éditions) p.88.
  2. Pardon de n’en citer momentanément que trois : L’abbé Pierre, Emmaüs ou venger l’homme, entretiens avec Bernard Chevallier, paru au Centurion (aujourd’hui Bayard) en 1979, qui reste, à mes yeux, le livre de référence ; Testament, publié chez Bayard, sous sa signature en 1994 et L’abbé Pierre, fondateur et rebelle, de Laurent Desmard et Raymond Etienne qui revisite de l’intérieur, l’histoire d’Emmaüs de 1949 à aujourd’hui. (DDB éditions)

7 comments

  • J’attends aussi avec bonheur la visite du pape François à Assise. Mon bon guide en cet endroit, en particulier aux Carceri, a été en bon nombre d’occasions l’abbé Pierre ; un lieu où sa vie a pris tout son sens, un lieu où il m’a permis de rencontrer Dom Helder Camara, Isidore de Souza, le cardinal Etchegaray. Je trouve qu’aux Carceri le Saint Esprit sait souffler et qu’il fera de même pour le pape François.

  • Merci pour votre retour.
    A plusieurs reprises, en lisant des commentaires de blogues divers, en parlant avec des amis, j’ai été confrontée à ces questions : « Qu’est qu’un blogue? A quoi ça sert? Pourquoi commenter? »

    Est-ce un journal intime? Un carnet de notes ? Un carnet de bord? Un tract, une affiche? Une collection de textes, de réflexions, de billets ? Une feuille de chou? Rien de tout ça et tout ça à la fois . De plus, me direz-vous , à l’heure de la sur-information, pourquoi rajouter de l’écrit et du lisible?
    Petites pensées et préoccupations dévoilées, sorties de l’intime . D’où naît ce désir de donner à voir, à montrer , à offrir ( oui, pourquoi pas ?) ses propres mouvements de l’âme, ses coups de coeur ou de colère, ses enthousiasmes, ses agacements ?
    Peut-être que tout simplement, nous nous sentons solidaires de la condition humaine .
    Nous sommes réceptifs par nos pensées, nos yeux, nos oreilles, notre coeur à l’universel et il est peut-être plus agréable ou confortable de partager que d’emmagasiner.
    Bonne rentrée et à nos claviers!

  • Interviewé à cette occasion par le JDD, l’abbé Pierre a déclaré : « si l’attachement des Français continue, c’est parce que les gens, tout le temps, ont besoin de s’accrocher à des absolus, à des croyances profondes. Ils ont besoin d’une figure d’un bonhomme qui incarne des valeurs basiques, pures ». « Aujourd’hui, je ne descends plus dans la rue pour lutter auprès de ceux qui en ont besoin, je n’en ai plus la force mais je n’arrête pas le combat », a-t-il ajouté. « Tant qu’il y aura encore en France plus d’un million de familles mal logées et 800.000 sans abri, il n’y aura pas d’honneur ni pour moi ni pour quelqu’un d’autre ».

Comments are closed.