Le jour où François Fillon a voulu devenir mon ami.

Difficile d’échapper à Facebook, d’autant qu’intégrer ce réseau rend parfois bien des services. Mais la notion « d’amitié » qui lui sert de moteur recèle bien des ambiguités.

Lorsqu’il y a quelques semaines, a été créé sur Facebook la « grande famille Pèlerin », difficile pour celui qui était alors directeur de la rédaction de ne pas répondre présent, en limitant tout de même le dévoilement de son intimité. On n’est jamais trop prudent.

Depuis, je me suis fait des « amis ». Ou tout du moins, j’ai validé comme tels d’anciennes relations, effectivement amicales, comme moi peut-être égarées sur la toile. Bien que, encore une fois, l’appartenance à ce type de réseau soit loin d’être sans intérêt. Le journaliste peut témoigner être, par ce biais, entré en contact direct avec un VIP que son « cordon sanitaire  » tenait à distance, se faisant juge de l’opportunité de ses relations…

Depuis cette entrée dans la grande famille, il n’est de jour que Facebook ne me signale le désir brûlant de telle ou telle personne de nouer avec moi des relations d’amitié, ce qui ne pourrait qu’enrichir le nombre de mes relations et me permettre de m’en prévaloir publiquement, aux yeux du monde entier.

Il s’est trouvé, parfois,  que des noms « me parlent » car étant des amis d’amis communs, il n’était pas étonnant qu’on se rencontre. Plus surprenant a été, pour moi, de voir s’allonger la liste d’illustres inconnus persistant à faire antichambre devant ma porte.  Comme un grand Seigneur… j’ai laissé poireauter. Puis vint le choc ! François Fillon, me dit facebook un beau matin, attachait le plus grand prix à ce que je fasse désormais partie de ses « amis ». Bigre !

Me doutant bien que mon auguste personne ne l’intéressait guère, je soupçonnai néanmoins le service de communication de Matignon d’avoir lancé loin le filet… mais avec quelle intention ? Dubitatif,  je laissai un temps le Premier Ministre faire antichambre à son tour. Après-tout n’était-ce pas un juste retour des choses  ? Jusqu’au jour où je découvris – ne me demandez pas comment, j’ai déjà oublié – que le François Fillon en question ne faisait pas fonction de Premier Ministre, mais de nouveau rédacteur en chef du journal MACADAM !

On a beau être un peu « puceau » des pratiques de la toile on finit tout de même par soupçonner puis vérifier, quelques mécanismes… élémentaires. Aucun des demandeurs – sauf exception – n’a jamais fait la moindre démarche pour me demander de devenir son « ami ». Mais la puissance des logiciels est désormais telle que Facebook peut décider que les  amis de vos amis  vont automatiquement vous demander de devenir le leur… Vous le saviez, bien sûr ! Moi pas !

Du coup, je me fends désormais d’une bafouille à chacun des « demandeurs »  pour expliquer, benoitement, que j’ai l’amitié en trop haute estime pour me prévaloir de celle de gens que je ne connais, comme on disait chez moi : « ni des lèvres ni des dents ». Mais que, comme je ne suis pas un sauvage, et qu’en bon (faut voir !) journaliste  je carbure à la rencontre, je veux bien, au moins, faire connaissance… et plus (de bavardage) si affinités !

Comme me le suggère un internaute facebookeur comme moi, voilà un magnifique sujet de dissertation pour des élèves de terminale : « Choisit-on réellement ses amis sur facebook ? » A vos copies !

One comment

  • « Choisit-on réellement ses amis sur facebook ? »

    Choisir ? Oui, mais à l’aveuglette peut être.
    Réel ? Non, sans se rencontrer pour partager au moins un café chaud 😉 par exemple.
    Amis ? A long terme, pourquoi pas.
    Facebook ? C’est un outil comme l’argent. Attention aux abus en tout genre.
    Conclusion, c’est bien les progrès multi-médiat lorsque l’on est loin de ses amis ou bien encore invalide, handicapé. Attention aux mineurs et aux personnes fragiles.

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