Synode : une révolution en marche… lente ?

Synode : une révolution en marche… lente ?

Faut-il vraiment s’étonner, à la mi-temps, de n’avoir pas encore le résultat du match ? 

(Cet article a été repris dans la Lettre Notre Pain quotidien et dans Golias Hebdo n°794 du 30 novembre. Merci au p. Jean-Pierre Roche et à Christian Terras pour ce partage).

La première Assemblée synodale « sur la synodalité » s’est achevée à Rome le 28 octobre, avec la publication d’une “Lettre au peuple de Dieu“ et d’un “Rapport de synthèse » de quarante-deux pages. La montagne aurait-elle accouché d’une souris comme le dénoncent certains, ou d’un véritable monstre droit sorti de l’Apocalypse comme le prétendent quelques plumes traditionalistes ? Ce qui est sûr, même si c’est peu perçu, est que la culture synodale semble faire son chemin. Et que c’est, en soi, une forme de révolution. Sera-t-elle, à terme, intégrée par l’ensemble du “peuple de Dieu“ : laïcs, diacres, religieux, prêtres, évêques…et pour déboucher sur quelles pratiques nouvelles, sur quels changements ? Nul ne peut le dire ! Sinon que la « réception » de ce synode reste, quelle qu’en soit l’issue, lourde de menaces pour l’unité de l’Eglise. 

Dans le lycée catholique du Sud-Aveyron où j’ai fait ma scolarité, l’un de nos professeurs avait la réputation d’arriver toujours en cours avec cinq minutes de retard. La « rumeur » (bienveillante) disait qu’étant asthmatique, il attendait que la poussière du couloir qui desservait les salles de cours soit retombée pour s’y risquer ! Je ne sais pourquoi c’est l’image qui, spontanément, m’est venue à l’esprit, pour justifier – ce que personne ne me demande vraiment – la publication tardive de ce billet, quatre semaines après la clôture de la première session du Synode. Donc après que la poussière des commentaires soit retombée. Entre les tenants de la « chronique d’un échec annoncé » au seul motif que le synode n’a pas voté l’accès des femmes au sacerdoce, et les pourfendeurs de « l’hérésie en marche » au motif que ce pape tiendrait la Tradition pour susceptible d’évolution, peut-être y a-t-il place pour une autre analyse du texte ! Pour moi ce rapport de synthèse est tout simplement remarquable ! 

Des textes votés à une majorité voisine des 95%

Deux mots sur sa structure. Le document ne fait qu’une quarantaine de pages, très lisibles, auxquelles chacun peut accéder notamment sur le site de la Conférence des évêques de France. L’introduction est suivie de vingt chapitres thématiques tous organisés de la même manière : d’abord les points de réflexion qui font consensus, puis les questions à approfondir dans la perspective de la seconde session du synode prévue pour l’automne 2024, enfin les propositions d’action à engager sans plus tarder. 

Rappelons ici que la pratique synodale, aussi bien pour les synodes d’évêques à Rome que pour les synodes diocésains, requiert une majorité des deux-tiers des votants pour qu’une proposition soit considérée comme adoptée. Ici, pas de vote global sur la totalité du rapport de synthèse mais des votes séparés sur chaque paragraphe, soit 273 scrutins dont le détail a été mis à la disposition de la presse, en toute transparence et qui est consultable par tout un chacun. (1) Première surprise, trop peu soulignée, la quasi totalité des votes révèlent des scores supérieurs à 95% de oui. Preuve que la quête de consensus – quoi qu’on puisse penser du résultat – n’a pas été vaine. Voilà donc une Assemblée synodale composée d’évêques et de non-évêques – une première – hommes et femmes, venus des cinq continents qui valident, avec une seule voix contre, l’introduction du rapport de synthèse et avec deux voix contre sa conclusion. Les textes les moins bien votés ont néanmoins été approuvés à 80%. Deux textes qui, comme par hasard, portent sur la question de l’accès des femmes au diaconat, sujet décidément sensible dans le monde catholique ! (2) Un score « à la soviétique » s’étranglent certains, pour mieux dénoncer les manipulations supposées du pape pour obtenir un tel plébiscite. 

De la collégialité épiscopale à la synodalité du peuple de Dieu 

Encore faut-il regarder de près ce qui fait consensus et qui pourrait être du registre de l’eau tiède. Or il n’en est rien. L’assemblée valide l’idée que la synodalité, décriée ici ou là, fait partie, en réalité, de la tradition de l’Eglise, « réactualisée » par Vatican II et « renouvelée encore par François ». Autant dire que la nouveauté introduite par le pape qui élargit la participation synodale à des non-évêques est entérinée. « La dynamique synodale articule les dimensions communautaire (« tous »), collégiale (« quelques uns ») et personnelle (« l’un ») de l’Eglise aux niveaux local, régional et universel. » (13a) (3) Ce qui suscite des cris d’orfraie dans certains milieux qui y voient une dérive potentiellement hérétique : « On entend donc passer de la collégialité conciliaire, qui ne concernait que les évêques, à la synodalité, qui va concerner l’ensemble du peuple chrétien. » Une brèche dans le cléricalisme. L’abomination de la désolation ! Même si l’église a déjà vécu pareil glissement avec les synodes diocésains longtemps réservés aux seuls clercs et élargis aux laïcs par le code de droit canonique de 1983.

L’infaillibilité du peuple croyant, tous chrétiens réunis

Le texte de synthèse synodal enfonce le clou : « Les processus synodaux permettent de vérifier l’existence de ce consensus des fidèles (consensus fidelium) qui constitue un critère sûr pour déterminer si une doctrine ou une pratique particulière appartient à la foi apostolique » ce qui élargit le champ de l’infaillibilité au-delà du seul pontife romain. (3c) De même « Tous les chrétiens participent au sensus fidei. » (7b) ce qui signifie : non seulement les catholiques : laïcs, diacres, religieux, prêtres, évêques et pape, mais également les chrétiens d’autres confessions. On est bien là dans une vision œcuménique, ouverte par ailleurs sur l’universel : la synodalité étant perçue « comme marche des chrétiens avec le Christ et vers le Royaume, avec l’ensemble de l’humanité » (1h). 

De même, font consensus l’idée que « la fraternité évangélique est comme une lampe », et donc que l’identité chrétienne procède plus d’un agir, conforme à la vie du Christ, que de l’adhésion à une doctrine ; l’idée que « unité et variété » sont à vivre comme richesse ecclésiale et non comme contradiction; qu’il existe bien des « conditions structurelles qui ont permis (…) les abus » (1e) dans l’Eglise, ce qui ratifie la notion controversée – y compris au Vatican – de “systémique“; que dans la longue histoire de l’Eglise « la proclamation de l’Evangile a été associée à la colonisation et même au génocide » (5e) ; que « c’est à une femme, Marie de Magdala, (que) Jésus a confié le soin d’annoncer la résurrection au matin de Pâques. » (9a); que la complexité des questions nouvelles soulevées dans les débats dits sociétaux oblige à reconnaître que « les catégories anthropologiques que nous avons développées ne sont pas toujours suffisantes » pour les appréhender avec justesse (15g); ou encore, dans un autre domaine, que définir la priorité de l’engagement des laïcs chrétiens comme présence au monde « ne peut devenir un prétexte pour attribuer aux seuls évêques et prêtres le soin de la communauté chrétienne. » (18b). J’ai la faiblesse de penser que tout cela n’est pas médiocre, même si, à cet stade, ces convergences ne débouchent pas encore sur des décisions concrètes. 

Vers un ministère de la Parole de Dieu ouvert aux laïcs ? 

Et pourtant, les “propositions“ formulées à la fin de chaque chapitre, constituent bien, déjà, des décisions sous forme d’orientations ou d’approfondissement à engager, dès à présent. Je note :  « expérimenter des formes de décentralisation » (5m) ; « réviser le code de droit canonique » (1r); « poursuivre la réflexion théologique et pastorale sur l’accès des femmes au diaconat » (9h); « réviser en profondeur la formation au ministère presbytéral » (11j); inclure les prêtres qui ont quitté le ministère dans un service pastoral » (11l); élaborer une configuration canonique des Assemblées continentales » (19m) où l’on peut lire l’esquisse de futurs patriarcats catholiques; ou encore, à mettre en œuvre dans la perspective de la prochaine session du synode : « encourager les initiatives permettant un discernement partagé sur les questions doctrinales, pastorales et éthiques controversées. » (15k)

Et je terminerai sur cette « proposition » dont la pertinence – et l’urgence – n’échapperont à personne : rechercher « une plus grande créativité dans la mise en place de ministères en fonction des besoins des Eglises locales, avec l’implication particulière des jeunes.» Et le texte poursuit : « Les tâches du ministère du lecteur pourraient se voir élargies (…) Un véritable ministère de la Parole de Dieu pourrait ainsi être mis en place qui, dans des contextes appropriés, pourraient inclure également la prédication. » (8n) Ce n’est pas encore l’ouverture aux laïcs hommes et femmes de la fonction homélitique différente de la prédication (3) mais reconnaître, déjà, que les ministères ordonnés n’ont pas le monopole des charismes au service de la communauté et qu’il faut en tirer clairement les conséquences est un vrai pas en avant. On m’objectera qu’ouvrir la prédication aux laïcs se pratique déjà, ici où là. Mais donner un fondement, opposable à tous, à une telle évolution, est d’une autre nature. 

Creuser les désaccords pour tenter de les réduire

Restent, je l’ai dit, pour chaque thème, des questions qui « font débat » et sur lesquelles, pour l’heure, aucun consensus n’est réalisé. Des questions qui vont nourrir les travaux préparatoires de la seconde session synodale d’octobre 2024, sans que l’on sache très bien, pour l’heure, selon quelles modalités et dans quelles instances. A dire vrai leur énonciation surprend peu, tellement on sait les sujets clivants.

Le rapport de synthèse propose de réfléchir : à la manière de mieux intégrer dans l’Eglise « la contribution de la pensée théologique et des sciences humaines et sociales » (2h); à traquer « la confusion possible entre le Message de l’Evangile et la culture de l’évangélisateur » (3h) ce qui vaut aussi à l’intérieur de l’Hexagone; à « discerner l’action de l’Esprit de la pensée dominante incompatible avec l’Evangile » (3h); à clarifier – nous l’avons déjà évoqué – la question de « l’accès des femmes au diaconat » (9j); à préciser les « conditions d’un exercice plus collégial du ministère papal » et son inscription dans le code de droit canonique (13d); à « approfondir la nature doctrinale et juridique des conférences épiscopales en reconnaissant la possibilité d’une action collégiale jusque dans les questions doctrinales qui émergent dans le domaine local » ce qui est sans précédent (19g); enfin : à « identifier les conditions favorisant une recherche théologique et culturelle qui part de l’expérience quotidienne du saint peuple de Dieu et se met à son service. » (15j) plutôt qu’une “verticalité théologique“ partant de vérités de tous ordres, toutes considérées comme également intangibles, à traduire dans un langage contemporain… Ce qui semble engagé par le récent motu proprio du pape François appelant l’Académie pontificale de théologie à une “révolution culturelle courageuse ». 

Comprenons-nous bien, ce qui fait ici consensus est le constat de désaccords sur ces questions mais tout autant la nécessité de les creuser pour tenter de les réduire. Tout cela m’objectera-t-on, a maintes fois été formulé sous une forme ou sous une autre sans guère d’effet concret. On me pardonnera la « faiblesse » – ou la naïveté – de prendre acte de propositions d’approfondissements qui me semblent essentiels car ils conditionnent, pour nombre d’entre eux, le cadre théologique, canonique et pastoral dans lequel pourraient s’inscrire des réformes à venir que le pape François n’est pas légitime à imposer… sans cet aval du Synode. 

Il est prématuré de conclure à l’échec du processus engagé…

Inutile de prolonger plus avant l’analyse de ce document. La question, à ce stade, est de savoir comment les chantiers identifiés – et on a vu leur nombre et leur complexité – vont pouvoir être menés, où, par qui et selon quelles procédures, pour éclairer la seconde session synodale d’octobre 2024 qui devra, elle, déboucher sur des propositions concrètes. Et comment les « vents contraires » qui vont redoubler de la part des adversaires de François, vont pouvoir être maîtrisés. La « Lettre au peuple de Dieu » publiée le même jour que le document de synthèse, n’apporte guère d’éclairage sur ce point. Elle souligne, certes, combien l’Eglise a besoin « d’accueilli la parole » de chacun : laïcs, laïcs engagés, prêtres, évêques… dans cette nouvelle phase préparatoire, mais sans autre précision, ce qui en fait un document un peu formel. Et rien, à ma connaissance, n’a été dit à Lourdes sur le sujet lors de la récente Assemblée plénière.

Contrairement à d’autres commentateurs, je trouve donc prématuré de conclure à l’échec du processus engagé par le pape François au motif que rien n’a encore été décidé. Encore une fois faut-il s’étonner vraiment qu’à la mi-temps du match on ne dispose pas encore du résultat final ? Et considérer que la modification même des règles du jeu, devenue nécessaire et désormais validée par le Synode de l’Eglise catholique, ait à ce point valeur négligeable ? Je n’en crois rien ! Pour autant, il est légitime de s’interroger sur les conséquences possibles des décisions qui seront prises ou non, au terme de cette consultation sans équivalent du « peuple de Dieu ». Je crois l’avoir fait, pour ce qui me concerne, en conclusion de la plupart des billets que, depuis deux ans, j’ai consacré aux bilans d’étape de ce Synode.  

Immobilisme ou changement également porteurs de risques

Je retiendrai, parmi d’autres, les contributions récentes au débat de la théologienne Marie Jo Thiel et du sociologue Jean-Louis Schlegel, tous deux pointant un risque d’implosion dans l’Eglise. « Si aucune décision notable n’est prise l’an prochain, la déconvenue risque d’être profonde » analyse la théologienne, qui laisse percevoir la menace d’une nouvelle vague de “départs“. Pour le sociologue, paradoxalement, ce ne sont pas les catholiques d’ouverture, déçus, qui prendraient l’initiative d’un schisme. « Ils n’iront pas créer une autre Église, mais continueront le combat dans l’actuelle, ou partiront ailleurs, dans d’autres Églises, ou encore se retrouveront dans des groupes affinitaires plus conformes à leur compréhension de l’Évangile. » En revanche, le schisme pourrait venir – une nouvelle fois – de la « tradisphère » qui nourrit «  les soupçons et les accusations (…) contre François de trahir la Vérité » et formule des « menaces à peine voilées de rejeter toute réforme non conforme à la « vraie Tradition ».

Une “approche renouvelée de la vocation universelle de l’Église“

Citons enfin, la sociologue Danièle Hervieu-Léger, au travers d’une tribune au quotidien catholique La Croix qui situe avec justesse la dynamique ecclésiologique du pontificat du pape François, et partant, du Synode sur la synodalité. « L’appel à faire droit à la pluralité et à l’équité culturelles au sein même de l’Église (…) participe d’une reconfiguration ecclésiologique majeure, qui place à l’horizon de l’accomplissement de l’Église, non pas l’englobement uniformisant de tous les peuples placés sous sa gouverne « jusqu’aux extrémités de la terre », mais la réalisation dynamique, à inscrire concrètement dans l’histoire, d’une communion fraternelle rassemblant ces peuples, dans leur diversité, en un seul Peuple. (…) Cette approche renouvelée de la vocation universelle de l’Église arrache la notion de « mission » à l’imaginaire de la conquête ou de la reconquête : elle la renvoie à une manière d’habiter le monde en vue d’un bien commun, inséparable de l’accomplissement communautaire et spirituel promis par le christianisme. Le pape François en convient lui-même : l’avènement de ce « style chrétien » qui requiert de « penser et travailler comme frère de tous peut sembler une utopie irréalisable ». « Nous préférons, ajoute-t-il, croire que c’est un rêve possible car c’est le rêve même de Dieu. Avec son aide, c’est un rêve qui peut commencer à se réaliser aussi dans ce monde »

Pour une Eglise tout entière synodale

Redisons-le ici d’une phrase : à ce stade du processus synodal, l’inconnu porte sur les propositions qui découleront de la seconde session d’octobre 2024, de ce que le pape François en assumera dans son exhortation apostolique post-synodale puis de la “docilité“ des évêques, des prêtres et de l’ensemble du peuple de Dieu à les mettre loyalement en œuvre. Ce qui suppose le préalable d’une entrée dans la culture synodale pour toutes les communautés, y compris diocésaines et paroissiales, ce qui reste peut-être l’enjeu ultime de ce synode. 

A l’été 2013, quelques mois à peine après son élection, le pape François déclarait dans son interview aux revues jésuites : « Nombreux sont ceux qui pensent que les changements et les réformes peuvent advenir dans un temps bref. Je crois au contraire qu’il y a toujours besoin de temps pour poser les bases d’un changement vrai et efficace. Ce temps est celui du discernement. Parfois, au contraire, le discernement  demande de faire tout de suite ce que l’on pensait faire plus tard. C’est ce qui m’est arrivé ces derniers mois. » (5)

1 – On trouvera le détail des votes dans le document du Vatican ici en lien. Il faut cliquer, en haut de page, sur : Risultati delle Votazioni.

2 – On peut lire avec intérêt l’ouvrage récemment paru aux éditions Salvator : Se réformer ou mourir, sept théologiennes prennent la parole. 184 p.,18, 80 €

3 – Ces indications renvoient au texte de la synthèse : ici chapitre 13, paragraphe a.

4 – L’homélie actualise le texte biblique et prépare les fidèles à entrer dans la célébration de l’eucharistie. Elle est réservée à un ministre ordonné (diacre, prêtre ou évêque)

La prédication, elle, peut prendre deux formes : savante, elle propose un commentaire sur un thème tiré de la Bible ; populaire elle s’attache à la dimension religieuse et morale de la vie des fidèles. Elle n’est pas réservée aux clercs.

5 – Pape François, l’Eglise que j’espère, Flammarion/Etudes 2013, p. 36

55 comments

  • Le danger, effectivement, pour nous en France, vient actuellement de la tradisphère. Ils pensent arriver à faire main basse sur l’ensemble de l’Eglise en particulier grâce aux jeunes qu’ils formatent. Leur vision est principalement politique avant d’être formellement religieuse. Ce phénomène est porteur d’une réelle hérésie. Nos cardinaux et évêques, tels des politiciens à la recherche d’électeurs, les flattent ouvertement. Ils ne l’emporteront pas car l’hérésie n’a finalement jamais vaincu dans l’histoire de l’Eglise. Mais la bataille va être rude car ceux et celles qui ont cette mentalité s’arrogent tous les droits. Ce qu’on a appelé le progressisme n’existe pratiquement plus. L’intégrisme usurpateur est actuellement « accroupi à la porte », pour s’inspirer de Genèse 4, 7 mais c’est la suite du verset qui est intéressante : « Il est à l’affût, mais tu dois le dominer. » Il est important que notre hiérarchie, actuellement empêtrée dans les présomptions d’innocence et les casiers judiciaires vierges, ouvre les yeux avant de bénir à tout va ces restaurationnistes ultra. La voie de l’Eglise est dans la mise en œuvre synodale du Concile Vatican II, pas dans la réactivation d’antiques recettes qui ont fait long feu depuis longtemps et qui conduiront l’Eglise de France à sa quasi disparition.

    • Merci Pierre. Je partage largement cette vision et cette analyse. La synodalité telle que mise en ‹œuvre par François est dans la fidélité à l’intuition de Vatican II sur l’Eglise comme peuple de Dieu. Mais, de fait, elle hérisse tous ceux qui considérent que l’aggiornamento a eu lieu et qu’il est figé par et sur les décrets de Vatican II. Ce qui est une forme d’hérésie.

    • Un théologien dominicain disait à des soeurs qui me l’ont rapporté que les théologies qui errent sont toujours des théologies sécularisées. C’est incontestablement le cas du traditionalisme dont la fin est essentiellement politique, portée par l’angoisse de voir disparaître une civilisation qui change à vue d’oeil. Mais l’autre danger de la « mondanité spirituelle » n’est pas moindre ou négligeable de voir l’Église courir après son temps toujours avec un train de retard.

      « La sécularisation » n’est pas un mal du siècle, elle est son droit. La déchristianisation est un fantasme. En revanche, « l’apostasie silencieuse » telle que Jean-Paul II la redoutait, peut être un danger réel.

      •  » Voir l’Église courir après son temps toujours avec un train de retard » est devenu une sorte de slogan dont j’aimerais bien qu’on me définisse les attendus. Car enfin, il arrive que le temps qui court, soit dans une juste course. Ce fut vrai pour l’abolition de l’esclavage et je plaide, personnellement (je n’engage personne) que c’est également vrai pour la reconnaissance du droit des femmes, -y compris dans l’église, au-delà d’un discours lénifiant sur leur égale dignité et leur complémentarité… Finalement dès qu’une évolution de l’Eglise nous déplait, nous semble incompréhensible ou inutile, il suffit de prétendre qu’elle est motivée par le seul souci de courir après son temps… Ca me semble un peu court ! Aussi court qu’à l’inverse, prétendre que la fidélité n’aurait d’autre ressort que la peur du changement…

      • Julien Weinplafzen, la finalité du traditionalisme n’est pas essentiellement politique. C’est _ à mon sens- un contre sens absolu ,la finalité du traditionalisme est de faire vivre la tradition ou ne pas l’interrompre, car c’est sur elle qu’est basée notre foi , ce continuum ,Marie-Madeleine compris. maintenant dire qu’il y a des résonances politiques chez eux , certes, mais là chacun retrouve sa liberté,. mais dire qu’il n’y a pas d’autres résonances politiques chez ceux qui veulent aller de l’avant me semble contestable. Elle sont encore plus visibles; Mais comme dit Theodor Haecker , le gourou de » la Rose Blanche », après avoir distingué César et Dieu) « le plus élevé décide de ce qui est inférieur « (1) ( C’est à dire ne renversons pas la pyramide, « Dieu premier servi  » A ce point de vue les tradis conséquents ( ceux qui tiennent les 2 bouts de la chaîne ) ont une longueur d’avance.
        (1) le chrétien et l’histoire de Theodor Haecker les provinciales le cerf p.127)

        • Bienvenue sur ce blog… où le débat se veut ouvert ! La difficulté avec ce discours sur la tradition c’est que nul ne peut expliquer concrètement et raisonnablement où la situer, pourquoi y intégrer tel concile et pas tel autre qui ont pourtant la même autorité !

          • Bonjour,
            Parler de tradition ou d’anti tradition c’est faire de la géographie en situant une idée ou un autre, ce qui effectivement n’a pas de contenu spécifique, mais il me semble que votre affirmation est insuffisante car le débat porte aussi sur le contenu de l’enseignement que l’Eglise veut donner.
            Et il est très concret quand elle se donne les moyens de parler des types d’actes qui permettent de rejoindre ou de s’éloigner de la réalisation de l’amour de Dieu.
            La construction du mariage, la justice dans le salaire, le rapport aux images, le respect du for interne et de la chasteté ou l’amour de César sont en débat.
            Et ces questions sont importantes pour parvenir à « aimer tout le monde ».
            Pour ma part, je n’ai jamais trouvé que les propositions des partisans de l’esprit de Vatican II pouvaient être tellement enthousiasmantes et solides.
            Et celles de leurs adversaires ont pu manquer de cohérence ou d’ampleur, et pour certains, cacher des trahisons de leurs intentions;
            Ce qui fait qu’on cherche toujours une proposition chrétienne qui sache tenir la largeur et la profondeur de ce qui est né de l’enseignement du Christ.

    • Vous écrivez : « Leur vision est principalement politique ». Peut-être, mais la vôtre et celle de vos confrères progressistes, ne l’est pas moins ! Je devine vos arguments : « Ah oui, mais comparaison n’est pas raison : les « progressistes » ont le droit, eux, d’imposer leur propagande, car ils sont investis de la Vérité, eux » (avec le coup de menton qui va bien) !
      Quand j’étais adolescente, notre abbé nous bassinait avec la théologie de la libération ; je pense que « sa vision était principalement politique avant d’être formellement religieuse » et qu’il espérait nous formater. Et don Helder Camara par ci, et don Helder Camara par là ! Ce qui ne l’empêchait d’offenser la charité par son persiflage, aussi insupportable que le vôtre, à l’endroit des gosses d’ouvriers.
      A force, le dégoût m’a submergée, j’ai pris mes jambes à mon cou. Je pense que je n’ai pas été la seule à fuir puisque vous avouez : « le progressisme n’existe pratiquement plus ».
      Il est drolatique de constater que des « Chrétiens d’ouverture » se permettent de taxer d’hérésie ceux qui n’ont pas les mêmes opinions politiques, ce qui, vous en conviendrez, n’est pas agir en artisans de paix. Lorsqu’eux-mêmes se font traiter d’hérétiques usurpateurs, ils poussent des cris de damnés et accusent leurs adversaires d’intolérance. C’est l’éternelle parabole de la paille et de la poutre !
      Oserais-je, à cet égard, vous rappeler que votre patron Bergoglio a clamé récemment : « todos, todos, todos » ? Oui mais voilà, qu’on se le dise, cela concerne tous ceux qui sont du même bord politique que le père Vignon, les autres, dehors !
      Toutefois, je reste persuadée qu’il y a des bons prêtres partout. Je me garderais bien, par exemple, d’affirmer que tous les prêtres progressistes sont aigris et sarcastiques sous prétexte que vous l’êtes. Les généralisations démontrent que l’on ne recherche pas le royaume de Dieu et sa justice, en conséquence je les chasse de mes pensées. Vos outrances torquemadesques suscitent ma répulsion.
      Vous concluez : « L’hérésie n’a finalement jamais vaincu dans l’histoire de l’Eglise. » Mais comme vous avez raison ! Une preuve supplémentaire : le progressisme n’existe pratiquement plus, vous-même vous l’admettez.

      • Bonjour Geneviève X,
        je n’entend pas répondre à la place de Pierre Vignon en observant que, oui, toute religion est idéologique et pas qu’au sens spirituel. La religion catholique illustre bien cette inclination pour l’ordre et le chef, émanations de Dieu, qui conduit à se méfier du « débat » (mot dont le sens a été transformé très tôt en « hérésie ») donc des errements notamment des sciences et des questionnements démocratiques. L’Institution s’est ainsi montrée très préoccupée de son autorité et de la pérenité de son existence temporelle tout en assurant que « son » Église avait les promesses de vie éternelle. Ces remarques expliquent sans doute que le nombre d’ordinations annuelles par million d’habitant soit à la baisse dans les démocraties, libérées du fascisme, d’un autocrate ou du communisme. En France cette chute incessante depuis 3 siècles est de 120 et a été marquées par les condamnations de la franc maçonnerie, des Lumières, du catholicisme libéral, et plus près de nous des prêtres ouvriers et de la contraception.

      • Bonjour Geneviève. Le mot progressiste semble être une injure pour vous. Alors, vive la régression ? Est-ce vraiment ça que vous voulez dire ?

      • Par expérience je sais ô combien il est difficile d’aboutir à un consensus quand on discute avec certains tradis, la plupart même mais il est tout aussi difficile de discuter avec les « Chrétiens d’ouverture » lesquels eux aussi sont certains de parler avec l’accord du Saint Esprit bien sûr…

        Quand donc arriverons-nous à la fin de ce si lamentable tableau que nous présentons aux yeux du monde???

  • Nous sommes victimes du « tout, tout de suite »….faut donner du temps au temps et le temps du mûrissement après que les graines aient été jetées !

    • Un danger est la « tradisphère » qui voudrait donner du temps au temps quand les statistiques montrent que c’est plié, et pas qu’en France, et pas qu’en Europe démocratique.
      Pourtant, tout le monde sait que la proportion de mariage catholique en France est passée de 80% en 1950 à 75% en 1970, 40% en 2000 et 20% en 2019 et que le nombre de baptêmes suit, la proportion rapportée au nombre de naissance étant passé de 78% en 1970 à 51% en 2000 et 27% en 2019.
      L’autre danger, plus grand sans doute, est le déni du mot systémique par le Pape lui-même. Ce mot, admis du bout de lèvres qui peinent à le prononcer quand il désigne les violences sexuelles, reste volontairement ignoré quand il a qualifie l’abus spirituel. Ce mot est de la dynamite.

      Un mot sur l’article de J.L. Shlegel et la manière dont les tradis utilisent Bernanos « L’Église n’a pas besoin de réformateurs mais de saints ». Il s’agit, de la part des tradis, d’un contresens lamentable alors que G. Bernanos entend par ce texte inachevé -Frère Martin écrit au plus tard en 1943 au Brésil- réhabiliter Martin Luther aux yeux du catholicisme et rappeler aux catholiques que si Félicité de La Mennais (1782-1854), ce prêtre qui ne voulut pas d’obsèques religieuses, qui prêcha sans relâche l’alliance de la liberté et de la religion et qui siégea comme député de la Montagne, avait été compris et suivi par l’Institution, le désastre avec le monde ouvrier aurait pu être évité . Oui, dégueulasse les intellos tradis qui trompent tant de braves gens et maltraitent la pensée d’un homme qu’ils sont incapables de comprendre.

      Une dernière remarque sur le mot sécularisation qui mériterait que son histoire soit racontée; ce dont je suis bien incapable. Si cependant il me fallait commencer cette histoire,ce serait, à partir de celle de la France, par deux évènements de la fin du 13ème siècle: le poème « l’Etat du monde » de Rutebeuf écrit vers 1250-1270 et l’affirmation politique par Philippe le Bel (1268, 1314) qu’en matière temporelle (fiscalité, monnaie) le Pape doit se soumettre au roi.

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  • La réflexion qui apparait dans la synthèse est intéressante, la méthode employée : conversation dans l’esprit, la démarche : convergence, questions à traiter et propositions (qui s’apparente à celle qui a permis d’aboutir à la déclaration commune de 1999 sur la justification) sont de nature à laisser entrevoir des germes de « synodalité ». Il est clair que cette étape n’avait pas pour objectif d’aboutir à des décisions. S’il y en a, il faudra attendre 2024 et plus.

    Dans une organisation, la mise en oeuvre d’un « projet », suite à un constat de dysfonctionnements ou à la volonté d’impulser une dynamique nouvelle, implique de conduire des changements. Généralement on s’appuie sur trois points : l’organisation, les fonctions et la culture qu’il convient au « manager » de faire évoluer. La culture étant le facteur limitant.
    Dans le cas d’espèce: « renverser la pyramide », faire évoluer les fonctions: celles des évêques investis d’un pouvoir monarchique, la fonction sacerdotale qui détient l’exclusivité des sacrements, celle du pape, sans parler des fidèles laïcs de cultures diverses et bien plus nombreux qu’évêques et prêtres. Cela prendra du temps, un certain temps, un temps certain.

    Concernant la question du diaconat féminin: une première étude a été rendue, une deuxième est en cours, à la demande du pape François. Tertulien (traité sur le baptême) interdisait aux femmes « d’eucharistier », de prêcher et de baptiser. Nous avons tout lieu de penser que cela se pratiquait déjà au II-IIIè s. Mais il est peut-être bon de s’en assurer. Par ailleurs, à-t-on déjà réalisé une étude sur la fonction sacerdotale aux temps apostoliques ?

    On pourrait se prendre à rêver, qu’a l’inverse de ce qui vient d’être évoqué, la culture synodale puisse infuser et conduire à des changements « débattus et approuvés par tous. »
     » En matière religieuse, les changements religieux, pour être bénéfiques, doivent procéder du corps entier [de l’Eglise] ; ils sont de peu de prix s’ils ne représentent qu’une initiative de la majorité. Aucun bien ne peut résulter d’un changement si celui-ci ne vient pas du cœur , s’il ne résulte pas du
    développement de sentiments jaillis librement et paisiblement du corps tout entier. » Extraits de l’introduction de Tract 90 (1841) – J. H. NEWMAN
    Le chemin risque d’être encore long.

  • La synodalité : une méthode de gouvernance ?
    Premier constat : dans l’état actuel de l’église , le pape n’avait pas le choix : .il fallait faire quelque chose pour faire évoluer l’église , sans risquer le schisme . La démarche synodale était donc nécéssaire .
    Deuxième constat : la première étape consistait à tester la méthode et non à parvenir à des décisions concrètes . Donc tous ceux qui voient des avancées sur les questions pendantes pour s’en réjouir ou le déplorer se trompent . Cette première étape a juste répondu positivement que l’on pouvait mettre certaines questions sur la table . Les membres du synode se réjouissent donc du fait que l’on peut encore se parler dans l’église sur un certain nombre de sujets , pas tous .

    En résumé le synode sur la synodalité a démontré que la synodalité était une méthode acceptable et acceptée pour se parler en sein de l’église .

    Mais une fois ceci acquis la question reste entière : la synodalité constitue t elle une mérthde efficace pour construire des consensus sur les questions qui se posent à l’église?

    De mon point de vue , je crains tout en le regrettant que la réponse soit négative .
    Pourquoi ?
    1) parce que la synodalité repose sur le fait que le consensus préexiste et qu’il suffit de se mettre à l’écoute les uns des autres et de l’Esprit saint pour le découvrit et le mettre à jour .
    Or dans toutes les sociétés humaines et l’église en est une , le consensus ne préexiste pas il est toujours à construire Au commencement n’est pas l’unité mais au contraire le libre jeu des pulsions qui engendrent des conflits . La démarche synodale repose sur l’hypothèse qu’au commencement est l’unité .
    2) parce que la démarche synodale traite ensemble deux approches qui doivent rester séparées le spirituel et l’institutionnel . Certes elles ne sont pas sans lien , et la spiritualité peut inspirer les institutions , mais elles ne peuvent pas être amalgamées .
    3) La démarche synodale peut permettre de dégager des consensus lorsqu’elles concernent des personnes ayant la même légitimité ( ex synode des évêques ) Mais partir du moment ou elle rassemble des clercs et des laics elle ne peut pas fonctionner car elle ne résoud pas la question de la hiérarchie des légitimités lorsqu’il s’agit de transcender les dissensus constatés . Quand bien même les laics participants seraient élus par leurs pairs , comment organisera t on la pondération entre les ordonnées et les élus ?
    4) on m’objectera que l’église n’est pas une institution comme les autres et qu’elle peut se dispenser d’employer les méthodes de gouvernance des autres institutions humaines et promouvoir sa propre méthode de gouvernance . Je ne crois pas qu’au plan institutionnel l’église fonctionne différemment des autres institutions humaines au seul motif qu’elle en est dans ce monde , une . Son histoire nous le démontre amplement .
    Je crains que la démarche synodale certes nécessaire reste une manoeuvre dilatoire qui repose sur l’illusion que la gouvernance institutionnelle de l’église peut résulter d’une démarche qui s’affranchit de toutes les logiques qui régissent la gouvernance des sociétés humaines .

    Au risque de passer pour un prophète de malheur , on peut en paraphrasant Churchill dire : vous avez choisi la synodalité pour éviter le schisme , vous récolterez la synodalité et le schisme . Schisme apparent si le courant traditionnel se sent désavoué , schisme silencieux, si des décisions audacieuses ne sont pas prises de tous ceux qui quitteront l’église sans bruit car ses institutions et sa gouvernance (inchangées par la démarche synodale ) constituent un obstacle dirimant à l’annonce de l’Evangile .

    La démarche synodale permet juste de gagner du temps en …. attendant un Godot qui à en croire le texte biblique ne s’est jamais intéressé aux questions institutionnelles concernant son peuple .

    La démarche synodale n’est elle pas le dernier avatar de ce qui constitue la culture catholique en matière institutionnelle :  » ce voeu désespéré d’être avant tout débarrassé de la capacité d’agir . » ( Hannah Arendt )

    • Avec le temps vous m’êtes devenu prévisible comme je le suis sans doute à vos yeux.
      Ce qui me trouble, chez vous, est cette insistance à toujours prévoir le pire au motif qu’il est inscrit dans la logique des institutions.
      Il y a chez moi, une forme d’humilité ou de grande naïveté, qui me fait, en observateur, regarder à tout instant ce qui se passe et tâcher de le décrire, sans pour autant formuler les interrogations qui me semblent devoir l’être.

      Je ne vais pas argumenter votre propos point par point.
      Mais je voudrais dire mon désaccord avec votre analyse lorsque vous écrivez que chez les catholiques le consensus préexiste contrairement aux sociétés humaines
      dans lesdites sociétés humaines les consensus se construisent tout de même par référence à des « valeurs communes » qu’il s’agit d’interpréter, mais qui transcendent les existences individuelles
      Ce n’est pas un hasard si on parle de « Déclaration des droits humains » et non de création de ces droits, pour la simple raison que ces droits préexistent à leur formulation dans des codes parce qu’ils sont inhérents à la dignité humaine.

      Je ne vois guère de différence majeure avec les modes de fonctionnement de l’Eglise dont la seule différence est de voir en Dieu la source de cette dignité.

      Que la dynamique synodale engagée par François ne nous protège pas in fine du schisme (d’où qu’il vienne) dont elle souhaitait nous mettre à l’abri ne suffit pas, à mes yeux, à la délégitimer.

      Mais je sais que je ne vais pas vous convaincre.
      Au moins me suis-je efforcé d’expliquer dans ce billet, honnêtement, ce qui me semblait en jeu.

      • A René
        Sans doute me suis je mal exprimé mais le fond de notre désaccord ne porte pas sur ce que vous dites mais sur les modalités concrètes de construction du consensus et sur la crédibilité de la fonction d’autorité .

        Oui l’église comme les sociétés civiles fonde » le vivre ensemble « à partir de valeurs communes à la société considérée . Mais la question et notre désaccord porte sur la manière concrétiser et les modalité de légitimation de l’autorité qui porte ces valeurs communes dans les réponses aux questions précises qui se posent dans le déroulement de la vie de la société : désignation des responsables , manière de fonder la légitimité , place des femmes , organisation institutionnelle etc ….

        Pendant longtemps l’église a calqué sa gouvernance sur celle de la société civile , c’est à dire en fondant la légitimité du pouvoir sur l’onction sacralisante .
        Les sociétés civiles ont évolué et aujourd’hui construisent les consensus sur le processus démocratique ( égalité , élection , débat , vote ) L’église pas .

        Aujourd’hui l’église ne peut pas remettre en cause la légitimité par l’onction sans remettre en cause tout son. édifice institutionnel . Mais la légitimité par l’onction ne fonctionne plus pour la plupart de nos contemporains y compris catholiques . Cette situation risque de sectariser l’église romaine au moins en occident .

        La démarche synodale qui ne remet pas en cause la légitimité par l’onction essaie néanmoins de donner la parole à tous ménageant la chèvre et le chou . Mais elle risque de se révéler incapable de construire un consensus lorsque au terme de la démarche synodale force sera de constater qu’il existe des dissensus sur un certain nombre de question ( organisation pyramidale , sacerdoce ministériel réservé aux hommes place des femmes …..
        Concrètement comment fera t on pour résoudre ces dissensus et construire un consensus ( qui n’est pas une unanimité mais juste une majorité ) sans recourir au débat démocratique ?

        Ce débat démocratique n’est pas possible dans l’organisation actuelle de l’église , or il est le seul moyen aujourd’hui de construire un consensus . et de rendre acceptable la décision d’une autorité

        Je ne vois donc pas ,( mais vous peut être ? ) comment on peut sortir de cette impasse .

        NB : je ne porte aucun jugement sur le type de gouvernance de l’église qui repose sur l’onction sacralisante . Mais je constate qu’elle ne fonctionne plus . Ni vis à vis de la société ni même en interne ou chaque intervention du pape est systématiquement remise en cause y compris par les plus ardents défenseurs du pouvoir sacré du pape : sur les question de rite , sur la sexualité , sur la question de l’accueil des migrants …..
        Une bonne gouvernance est une gouvernance qui fonctionne . Je pense en effet que la démarche synodale ne réparera pas une gouvernance qui ne fonctionne plus .

      • On touche là en effet à un essentiel. S’interroger sans s’autoriser à formuler l’interrogation peut ne pas relever de l’humilité ou de la naïveté; il peut s’agir de la sagesse qui consiste à se donner le temps d’approfondir ce dont il s’agit afin d’éviter de s’exprimer trop hâtivement. Il peut s’agir aussi de restriction mentale, cette « pratique » qui mène au secret, qui conduit à étouffer dans l’œuf, jusqu’à gommer de sa conscience, quelque forme que ce soit de questionnement et donc de débat au motif -profondément erroné à mes yeux- que mieux vaudrait ne rien dire, voire penser, que risquer de se tromper.

        • Désolé mais ce n’est pas mon état d’esprit. Je vous signaler, cher Jean-Pierre Gosset que ce commentaire était le 1 000 e de votre part, publié sur mon blog ! Bon anniversaire !

  • Extrait du document de synthèse synodal cité par René: » les processus synodaux permettent de VERIFIER L’EXISTENCE DE CE CONSENSUS des fidèles(consensus fidélium) qui constitue un critère sûr pour déterminer si une doctrine ou une pratique particulière appartient à la foi apostolique .

    Tout est dit : la démarche synodale n’est pas une démarche de construction d’un consensus , mais de vérification du fait que celui ci préexiste .

    Désolé , mais je ne vois pas comment une telle approche est susceptible de répondre aux questions nouvelles qui se posent et est à même de fabriquer de l’unité dans la manière d’y répondre .

    Mais bon je ne dois pas croire suffisamment en l’action de l’Esprit Saint et à son implication déterminante dans les modalités concrètes de gouvernance de l’église .

    • Une fois le consensus constitué… il existe et on peut donc en vérifier l’existence comme, pour rep^rendre mon parallèle précédent, de l’existence de droits humains préalables à toute proclamation solennelle qui VERIFIE LEUR EXISTENCE ! A moins qu’on c considère qu’il est légitime de remettre en délibéré la question de la divinité du Christ. Moi, je n’en suis pas ! Mais je ne vais pas polémiquer sur le sujet. On pourrait y passer des heures !

      • A René

        Ah bon , le consensus existe sur la place des femmes , sur le clivage clerc laics , , sur le modèle pyramidal d’organisation de l’église , sur l’égalité non pas seulement de dignité mais l’égalité réelle de tous les catholiques .. etc .. etc …

        En quoi la méthode synodale peut elle ou non permettre de construire des consensus pour que l’église puisse se repositionner ou à contrario maintenir ses positions traditionnelles sur ces questions ?

        Je ne suis pas « l’esprit qui toujours nie  » mais ayant quelque expérience concrète de la gouvernance , je ne vois pas comment la démarche synodale peut permettre de construire des consensus non pas sur le passé ou sur des grands principes , mais sur des questions concrètes de la vie de l’église . A ce jour je n’ai lu ni entendu aucun discours concret sur ce sujet .

        • Je dis peut-être une énormité, mais il me semble qu’un consensus, ça se construit au sein d’une assemblée, quelle qu’elle soit…
          Et pour le construire, il faut d’abord se mettre d’accord sur le sujet du dit consensus, puis, au minimum, se parler, de préférence en laissant de la place à l’écoute mutuelle…

          • A Marie Françoise
            Vous ne dites pas une énormité mais il vous manque quand même quelques chainons dans les étapes nécessaires pour construire un consensus et pour le légitimer .

            – En ce qui concerne la concertation ,( ce qu’a fait jusqu’ici le synode ) . il faut , pour que ce soit une véritable concertation que tous les membres de l’assemblée soient à égalité . Je ressors de mon expérience que lorsque l’un des membres est doté d’un statut supérieur sa voix inhibe celle des autres . ( avec un cardinal ou un évêque par table , on peut facilement verrouiller une concertation à fortiori si les laics présents sont choisis par la hiérarchie )
            – Il faut passer ensuite sur la base de la concertation à la phase d’élaboration d’un texte ( il semble que le synode amalgame ces deux étapes ) Mais comment élaborer un texte qui fasse évoluer les choses , sans débat contradictoire et vote ? la méthode synodale qui consiste à faire voter des textes faisant globalement consensus risque d’aboutir à des grandes déclarations de principes , mais à rien de concret puisque le concret fâche sur de nombreux points .
            – Puis vient la phase de consultation , dans laquelle il faut pondérer les légitimités : la légitimité d’un expert théologien n’est pas la même que celle d’un cardinal préfet d’un dicastère qui est différente de celle d’un baptisé qui n’étant pas élu n’a pas de mandat pour représenter autre chose que lui même etc … Le synode n’est pas un happening il s’inscrit dans un cadre institutionnel existant dont il faut tenir compte
            – Puis la phase de décision . Elle relève en l’occurrence du pape mais on voit bien que même l’intérieur de l’église sa légitimité et son autorité sont remises en cause par des dubia et des campagnes de presse . Le poids d’un synode en supposant que le pape suive le synode est il à même dans le contexte de légitimer totalement les décisions du pape ?

            Enfin les phases de la mise en oeuvre et de l’évaluation ; On l’a vu avec le motu proprio sur le rite extraordinaire , l’application concrète de décisions fussent elles papales ne relève pas de l’évidence et de nombreux évêques pour tenir compte de la réalité du rapport de force dans leurs diocèses sont restés à l’application de « summorum pontificum » . Heureusement pour l’église , la notion d’évaluation n’existe pas : qui suis-je pour évaluer l’Esprit Saint pourrait dire le pape . Pirouette facile mais contreproductive à l’échelle des hommes et des femmes de ce temps .

            Voilà , je ne suis pas très heureux d’écrire cela , mais je crois être réaliste en l’écrivant . D’aucun pourront me taxer de manquer de foi , d’espérance et de charité ( ne mégotons pas, je prends le package) mais , croyant d’une religion de l’incarnation , je ne crois pas aux interventions divines magiques qui ignorent les pesanteurs et contraintes de notre condition humaine dans l’élaboration de nos règles de vie communes .

      • A René ,
        Je suis à votre disposition pour développer sur un support approprié ce qui pourrait être une conception de la gouvernance de l’institution écclésiale .

        – En ce qui concerne la manière dont la question se pose , je me permets de vous renvoyer à mon intervention sur ce sujet lors des dernières assises. de la CCBF ( tapez  » la voix des baptisés you tube « sur votre moteur de recherche . Mon intervention de 30 minutes commence à partir de 3h21 ) .
        L’institution écclésiale étant une institution humaine , je propose de poser la question en dissociant ce qui relève du spirituel et de l’institutionnel .

        – En ce qui concerne les propositions de gouvernance , je pense qu’il faut se référer aux principes de la gouvernance démocratique . Il me semblerait en effet judicieux de créer un groupe de travail constituant pour décliner ces principes sur la base de « l’affectio societatis « de l’Eglise qui est le témoignage de l’Evangile et en tenant compte de son histoire et de sa tradition sans pour autant se laisser enfermer dans celles ci . Le rapport au monde de l’église en ce XXI ° siècle est entièrement nouveau et devrait être envisagé comme tel ( ce qui n’est pas incompatible avec le respect de la Tradition ) . En deux mots qui appellent bien sûr des développements : l’organisation de l’église pourrait reposer sur la tension entre trois pôles séparés : le magistère , les théologiens et les baptisés . Le socle en serait le sacerdoce commun des baptisés et les différents ministères seraient envisagés d’abord comme des fonctions ( L’archevêque de Poitiers P Wintzer se situe me semble t il au moins partiellement dans cette logique en souhaitant des CDD pour les évêques )et non à partir de statuts qui plus est sacralisés ..
        Je ne développe pas plus ici ce qui demanderait un gros travail de réflexion et de propositions concrètes

        Je suis bien sûr prêt m’investir dans ce type de travail même si je crois que je serai mort depuis longtemps lorsque l’institution écclésiale envisagera de traiter cette question . D’ici là , l’institution écclésiale se sera elle même réduite au rang de secte et l’Eglise se perpétuera sans doute de manière protéiforme en dehors de son institution . Et on aura perdu ce qui fut pendant longtemps la force de l’église catholique romaine : la capacité parler d’une seule voix . Mais on ne parle pas d’une seule voix au XXI° siècle de la même manière et selon les même modalités que dans les siècles précédents .

        • Cela vous surprendra peut-être mais je partage nombre de vos réflexions. J’irai écouter votre intervention aux Assises de la CCBF auxquelles je n’assiste plus… depuis que j’ai été « viré » de cette noble association dans l’indifférence générale de ses membres… Mais c’est là une autre histoire.

          Vous avancez comme réponse possible que : « l’organisation de l’église pourrait reposer sur la tension entre trois pôles séparés : le magistère , les théologiens et les baptisés. » Cela me remet en mémoire ce passage d’un ouvrage de Timothy Radcliffe : « Le cardinal Newman disait qu’il y a trois autorités dans l’Eglise : l’autorité de la tradition, l’autorité de la raison et l’autorité de l’expérience qu’il situait respectivement dans la hiérarchie, dans l’université et dans le peuple des fidèles. Il ajoutait que si l’une des trois devenait par trop dominante, le bon exercice de l’autorité dans l’Eglise risquait d’être compromis. » (Je vous appelle amis, Cerf, p.100) La question est donc d’articuler autorité et pouvoir. Mince affaire !

          Mais plus largement, vous ne répondez pas à la seconde partie de mon interpellation : comment pensez-vous mettre en œuvre ce que vous préconisez ? C’est-à-dire en vous appuyant sur quelles forces dans l’Eglise ? Lorsqu’on voit les oppositions haineuses que suscite François pour des réformes qui vous paraissent cosmétiques, on se sent saisi de vertige ! Qui imposera dans une Eglise dominée par les clercs une disparition du pouvoir des clercs ? Je pense à de Gaulle voulant faire adopter par le Parlement la suppression du Sénat ! On connait la suite !

          Et je crains que les catholiques dits « d’ouverture », peut-être encore pourvoyeurs d’idées, soient à l’image de ces Kantiens dont Péguy disait : « ils ont les mains propres mais ils n’ont pas de mains ». Ceux qui se sont éloignés de l’Eglise – ou sont tentés de le faire – par exaspération de son immobilisme et du maintien des laïcs dans un statut d’enfants à instruire, se fichent aujourd’hui comme d’une guigne de ce genre de débat. Ils ont conclu depuis longtemps, comme vous, que l’Eglise est irréformable. Et correspondent bien à ce qu’écrit mon ami Jean-Louis Schlegel dans le commentaire cité dans mon article à propos des suites éventuellement décevantes du synode en cours : « Ils n’iront pas créer une autre Église, mais continueront le combat dans l’actuelle, ou partiront ailleurs, dans d’autres Églises, ou encore se retrouveront dans des groupes affinitaires plus conformes à leur compréhension de l’Évangile. »

          Continuer le combat dans l’Eglise actuelle, ce qui est aujourd’hui encore mon choix, suppose à mes yeux qu’on ait néanmoins et a minima un peu de sympathie et de compréhension pour ce qui s’y passe et s’y tente… même modestement et qu’on pense que les choses peuvent, malgré tout, progresser. Sinon pourquoi « mener le combat » et pour quoi ? Prôner la radicalité d’une révolution que l’on sait impossible – faute de révolutionnaires – me semble être une impasse totale et finalement une manière de se donner bonne conscience ! Refuser tout compromis au nom d’un refus de la compromission ! Dans mes conférences, je cite souvent ce passage du livre de Hans Küng Peut-on encore sauver l’Eglise (Seuil 2012). Il y définit une thérapie en cinq points pour qui décide, comme lui dit-il, de rester dans l’Eglise. Le quatrième point est celui-ci : « Rechercher des solutions provisoires » comme moyen de dépasser plus vite les blocages que l’on éprouve sans attendre le grand soir. C’est ma position personnelle !

          • Il y en a qui ont été viré de la CCBF, d’autres s’en sont sentis virés car « pas à la bonne place ».
            Je précise avant de revenir au sujet qui est « comment? ».La CCBF m’a semblé porteuse de « quelque chose ». Ayant postulé pour être membre du CA lors de l’AG constitutive, j’ai mis en avant un vécu dans la mixité sociale. Mon voisin, diacre au Mans, m’a dit que j’allais être déçu. En effet je n’ai pas été élu et ait néanmoins participé à « mémoires de prêtres ».
            Comment?
            Il ne me semble possible de répondre que par un pré-requis parce que les modalités pratique ne se trouveront qu’en marchant dans « la bonne direction », ce qui n’est pas le cas actuellement malgré la « bonne volonté » de François parce que l’Institution est incapable de se purger.
            Venant de lire la tribune d’A. Join Lambert (La Croix, 29/11), qui est raccord avec le billet de René, j’ai raisonné comme suit: répondre à « comment? » passe par préciser « comment l’Institution, après s’être séparée de la classe ouvrière (1830 1955) a-t-elle pu réitérer avec l’essentiel de la génération 1945-1965? » et cela alors que la généralisation de l’enseignement et la fin du patriarcat mettait fin à l’illusion du « troupeau de brebis ».
            Classe ouvrière. Les idées de Félicité de La Mennais Montalembert, Engelbert Sterckx et Lacordaire (catholicisme libéral) ayant été rejetées le résultat, prévisible fut, un siècle plus tard, « France pays de mission ». Puis la crise des prêtres ouvriers et des théologiens a fini d’enfoncer le clou.
            Baby-boomer. Malgré la transmission de l’épisode « classe ouvrière » au sein des familles, l’époque pré-conciliaire confirmée par le concile a « redonné espoir ». Le 1er hic fut le faux pas HV du Pape solitaire suivi de 45 ans de désillusions (1968 2013). Là-dessus, débute la « crise des violences » sur fond de renforcement des tensions idéologiques (donc aussi religieuses) entre extrêmes!
            Voilà comment il aurait pu être possible de s’y prendre en 2013 2015: dire comment l’Institution aurait pu cheminer si elle n’avait pas condamné la modernité :Lumières, franc-maçonnerie, catholicisme libéral remplacé par l’Institution par le catholicisme social.
            Il semble que nous sommes entre nous ici dans la même situation de « déséglise » qui avait marqué les commentaires à votre billet de février 2022 « Jean-Marc Sauvé victime de la « grande peur » des évêques italiens ». Comme la crise des violences n’a pas être « purgée » (système!) le synode fera pschitt. Je n’en salue pas moins frère François qui a osé parler des deux terrorismes qui meurtrissent la terre sainte, propos que « le Vatican » s’est empressé de travestir. 1001ème je crois.

          • A René
            Merci pour ce post qui résume bien l’alternative telle qu’elle se pose aux chrétiens catholiques qui refusent le repli identitaire actuel : partir ou tenter de trouver malgré tout quelques raisons de rester .
            Je suis de ceux qui comme vous, veulent rester même si nous divergeons sans doute sur les modalités pour assumer concrètement notre choix .
            Je ne suis pas une » belle âme » qui se contente d’attendre un grand soir auquel d’ailleurs je ne crois pas . C’est la raison de mes engagements dans l’église et notamment à la CCBF qui est un mouvement d’église , qui a renoué le dialogue avec l’institution écclésiale et qui ne se situe pas (plus ?) dans une critique systématique de l’institution . A titre d’exemple l’archevêque P Wintzer a non seulement répondu à notre invitation pour intervenir aux dernières assises de la CCBF mais est resté toute la journée au delà de son temps d’intervention pour envisager avec nous les moyens d’être catholique et citoyen au XXI° siècle .
            Je suis de ceux qui mettent les mains dans le cambouis même si ce n’est pas de la même manière que vous . Je ne suis pas un déserteur .

            Pour répondre à votre question sur la mise en oeuvre concrète d’une réforme de l’église , je pense que vous même et peut être aussi Jean Louis Schlegel au vu de votre citation , restez enfermés  » dans la boite  » pour penser les possibilités d’être catholique aujourd’hui et d’oeuvrer à l’aggiornamento de l’église aussi indispensable qu’urgent .
            . Aujourd’hui l’institution ne s’adresse qu’aux deux pour cents des pratiquants alors que quatre-vingt dix huit pour cents de ceux qui se déclarent chrétiens catholiques n’ont plus de liens avec l’institution catholique .
            Il me semble qu’il est possible de faire quelque chose avec
            cette majorité de catholiques déclarés qui n’intéresse plus jusqu’à aujourd’hui les évêques et avec laquelle nous pouvons contribuer à renouer le lien avec l’institution écclésiale . C’est la stratégie actuelle de la CCBF que d’essayer de construire un pont entre ces catholiques qui sont aussi l’église et les évêques , dont les plus lucides ont compris que leur avenir prévisible , si on ne fait rien , est d’être pris en otage par les charismatiques et autres Saint Martin qui font une OPA sur l’Eglise de France et qui feront des évêques les idiots utiles et la vitrine présentable de leur travail d’ instrumentalisation de l’église .

            Renouer ce lien implique nécessairement que l’église évolue plus vite et plus profondément qu’au seul rythme que lui donne la démarche synodale . A titre d’exemple nous avons rédigé un document recensant tout ce qu’il est possible de faire actuellement sans demander l’autorisation de Rome et tout en restant dans le cadre de la marge de manoeuvre dont disposent les évêques .
            Il y a des marges de manoeuvre ici et maintenant . Je suis de ceux qui travaillent à tenter de les exploiter dans la logique des préconisations de H Küng que vous citez .

          • Merci de cette réponse et de cet échange qui correspond bien, à mes yeux, à ce que peut être un débat respectueux est constructif dans l’Eglise.

        • «  » » la capacité de parler d’une seule voix » Hum il me semble pourtant que cette prétendue capacité ne s’est révélée que fort rarement tout au long de l histoire
          L a marche de l Eglise n’ a jamais été un « long fleuve tranquille » loin de là me sembler-t-il

  • J’ai bien peur que ce soit encore un coup d’épée dans l’eau et qu’aucun changement si nécessaire pourtant n’advienne.
    Ce que je constate c’est que petit à petit les tradis et intègristes très insidieusement prennent toute la place (beaucoup ne s’en aperçoivent mème pas. Bientôt il nous faudra quitter le navire comme tant d’autres l’ont fait avant nous si nous ne voulons pas nous révolter.
    Mais l’église ou va t-elle aller?

    • Merci de cette première contribution à la réflexion proposée par ce blog. Je comprends et partage une part de vos interrogations. C’est bien par refus de la résignation que j’ai ouvert ce blog il y a douze ans. Se parler – et s’écouter – est déjà un premier pas.

      • « …se parler _et s’écouter est déjà un premier pas » Pour ma part sur ce blog et bien d’ d’autres bien sûr j’ai le sentiment que tout cela reste un vœu pieux car les échanges ne se font qu’entre personnes partageant le même point de vue ou peu s’en faut

        • Il fut un temps où vous preniez ici le risque de la controverser. Moi je ne contrôle pas qui vient… Mais peut-être vous-même préférez-vous d’autres lieux… où l’on pense comme vous !

          • « ..Peut être d’autres lieux…ou l’on pense comme vous! » Peut être bien, mais alors. cette remarque me semble–t-il est largement valable pour bien des participants à ce blog dont certains savent absolument ce qui est inspiré par l Esprit et ce qui ne saurait l »être Ils ont bien de la chance eux…

  • Pingback: 27 novembre 2023 | Synode quotidien

  • Pour mieux comprendre la réalité de la démarche synodale j’invite à écouter le compte rendu du cardinal Hollerich sur le site cathobel (publié le 20 novembre )
    Cette intervention est très intéressante car elle montre de la part d’un témoin honnête ce qu’a été vraiment l’assemblée synodale de Rome , ce que l’on peut en attendre et en creux ce qui pose question .

    J’en retiens pour ma part les aspects positifs sur l’amélioration du dialogue , sur le poids plus important des conseils dans la logique de gouvernance « le roi gouverne en son conseil  » qui est celle de l’église . Le cardinal Hollerich souligne bien que le synode est un organe de concertation et qu’il sera très difficile d’aboutir à des propositions susceptible de générer des décisions du pape

    Je constate aussi la non dissociation entre le contenu de la foi et les modalités de gouvernance de l’église qui me parait toujours un obstacle majeur pour une évolution de l’église dans son rapport au monde . Cette autonomie des formes de gouvernance et des institutions est pourtant un fait avéré dans l’histoire de l’église .

    Mais bon j’arête là pour ne pas froisser l’optimisme pondéré mais affiché de René quant à la fécondité cette démarche synodale .

    • Merc i d’avoir attiré notre attention sur cette conférence donnée le 15 novembre à Arlon. Voici le lien :
      https://www.cathobel.be/2023/11/au-retour-du-synode-a-rome-le-cardinal-hollerich-en-raconte-son-bilan-personnel/

      A chacun sa lecture à partir de ce qu’il attend… et trouve ou ne trouve pas. Personnellement j’ai trouvé confirmation dans les propos du cardinal de ma lecture de l’ambition du synode et des limites de cette ambition. Sans jugement de valeur. Deux idées m’ont particulièrement intéressé qui me semblent sinon répondre du moins être en résonnance avec vos « réserves » ou critiques : Je cite :

      – à propos du synode au regard des réformes à engager dans l’Eglise : « Je suis sûr que l’Eglise, dans les dix à vingt ans qui viennent, devra prendre beaucoup de décisions. Ce que nous mettons maintenant en place (dans le synode sur la synodalité) c’est une manière de prendre ces décisions, où tous participent. »

      – à propos de la nature des consensus à créer : « Il ne s’agit pas de faire un compromis (de type parlementaire) il s’agit de dire qu’est-ce que Dieu veut que nous fassions. »

      • « …dire ce que Dieu veut que nous fassions »eh bien in n’est pas sorti de l’auberge,et ce depuis 2000 ans

          • O,h bien sûr je ne propose rien en alternative , mais en matière d’organisation ou de fonctionnement je ne crois pas du tout que Dieu nous donne des instructions bien précises ,et je suis bien certain que lorsque l’inquisition a été créée ces fondateurs en toute bonne foi croyait qu’ils agissaient en accord avec le Saint Esprit et en ce qui me concerne je me garderai toujours de prétendre que je suis inpiré du Saint Esprit et ce n’est pas moi qui dirai à quelqu’un »Dieu m’a dit que tu devais faire çà et pas autre chose » et au cri de « dieu le veut »que n’avons nous pas fait!!!

  • A René
    Merci de mettre en exergue ce qui me semble
    en effet problématique dans la démarche synodale .

    -La démarche synodale comme le souligne lui même le cardinal Hollerich est une étape de concertation . Il manque quand même une étape majeure qui est la maniere d’aboutir à une proposition lorsque la concertation met en évidence des désaccords profonds .La démarche synodale est une manière incomplète pour pouvoir prendre des décisions. Il manque l’étape du débat contradictoire ou l’on confronte les points de vue . Etape que le pape considère comme sans intérêt . Le vote à la majorité des deux tiers prévue par la démarche synodale ne pouvant pas suffire à rendre la proposition acceptable en cas de clivage important . Le texte soumis au vote sera alors insipide et sans contenu réel pour le rendre votable.

    – La deuxième réflexion me semble olus grave encore car elle mélange le spirituel et l’institutionnel . Pourquoi l’expression de la volonté de Dieu ne s’incarnerait elle pas dans les moyens très humains de construire un consensus qui est le débat contradictoire et le compromis ? .C’est quand même comme cela que fonctionnait l’eglise avant qu’elle adopte le oaradigme féodal de gouvernance après olus de mille ans de fonctionnement different . Cette phrase prudente de Hollerich me semble être une derobade deevant l’obstacle.qu’est la question essentielle de la gouvernance de l’eglise .Mais on le comprend la poser explicitement conduit à saper les base de l’édifice institutionnel .clerical .

    Cela me fait penser a une histoire juive ou deux rabbins s’opposent pour savoir si le four du village est Casher . Ils accomplissent des prodiges pour prouver la validité de leur thèse et incapables de se départager en appellent à Dieu qui…..les renvoie à la Torah .c’est a dire à l’expression humaine de la volonté divine .

    • Je ne sais pas vraiment ce qu’il en est de la Torah, mais pour moi l’Evangile n’est pas l’expression humaine de la volonté divine, loin s’en faut En revanche je dirais que cette définition s’appliquerait à tous les textes du magistère et ce même si je crois à l’intervention du Saint Esprit y compris dans les textes qui ne me plaisent pas

  • Pingback: Convertissez votre curé à la synodalité ! | René Poujol

  • Un peu comme au temps du Christ, où rien n’était simple, sinon pour ceux qui sont sûrs qu’ils auraient été avec les apôtres (moi pas), certains se réclament avec fougue d’un courant, d’autres d’un autre. D’où je crois, ce constat du cardinal Hollerich « l’Église est le Peuple de Dieu en chemin avec le Christ. Sur ce chemin, il y en a qui vont vite et d’autres un peu plus lentement, certains marchent à gauche et d’autres à droite. Ce qui est essentiel, c’est que tous regardent vers Jésus. Et vous remarquerez que si je suis à droite du chemin et que je regarde Jésus, je verrai en même temps ceux qui sont à gauche. Et quand je suis à gauche et que je regarde Jésus, je verrai les personnes qui sont à droite, et je dois les inclure dans mon amour pour Jésus, ne jamais douter de leur fidélité au Christ. Si nous marchons sans regarder le Christ, alors c’est la débandade ». Ce à quoi, il ajoutait  » François ne pense pas de manière dogmatique mais de manière pastorale. « Ce n’est plus une Église qui défend un système de vérité avec lui. C’est le Christ et l’Évangile qui vont chez tous. Et cela change les perspectives ». A sa suite, je pressens, Michel Cool a pu écrire que « François est déterminé à faire entrer toute la catholicité dans la dynamique spirituelle ouverte par le concile Vatican II et jamais remise en cause par les différents papes qui se sont succédés depuis 1962 : c’est la dynamique de la conversion évangélique de toute l’Eglise ». Alors si les résultats du Synode sur la synodalité ont pu décevoir ceux qui espéraient des changements plus rapides, c’est la nouveauté de la méthode employée qui est un vrai signe d’espérance d’autant que nous n’en sommes qu’au début d’un processus bien plus large. Lorsque le pape François a nommé cet été l’archevêque argentin Mgr Victor Manuel Fernández, préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, il a par ex. stipulé dans la lettre qu’il lui a adressée : « Le Dicastère que vous présiderez a connu d’autres époques où des méthodes immorales ont été utilisées ». Il s’agissait, a ajouté le pape, « d’époques où, au lieu de promouvoir la connaissance théologique, on poursuivait d’éventuelles erreurs doctrinales. Ce que j’attends de vous est sans aucun doute très différent. » (https://fr.zenit.org/2023/07/03/lettre-du-pape-au-nouveau-prefet-de-doctrine-de-la-foi/).
    Certes, on remarque -et on peut s’en inquiéter aussi à juste titre- que de plus en plus de jeunes se rapprochent de mouvements assez traditionnalistes (même constat dans les séminaires). Mais dans ce monde où les repères se délitent, les jeunes en quête de sens, de transcendance et d’engagement, n’attendent-ils pas aussi des propositions valorisant l’intériorité qu’ils ont bien souvent peine à trouver dans le paysage catholique français ? A ce sujet, Charles Mercier universitaire et sociologue des religions avait dans le journal La VIE, apporté me semble, t-il un éclairage intéressant sur ce sujet au moment des JMJ (https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/charles-mercier-le-catholicisme-des-jmj-est-plus-divers-que-ce-qui-est-parfois-fantasme-89735.php).

  • vouloir arriver à convertir son curé à la synodalite?Pour ma part il serait avant tout beaucoup plus indispensble de convertir les « pratiquants » dont la large majorité se désintéresse totalement de ce problème et dans ma paroisse ceux qui ont participé aux petits groupes de préparation étaient quasiment tous des gens de mon âge (78 bien sonnés)voire plus et quasiment aucun jeune. alors qu’ils sont concernés au premier chef

      • Autant le dire tout de suite je ne suis pas du tout emballé par la synodalité la quelle me semble-t-il placerait les membres du clergé en quelque sorte sous le contrôle de ses ouailles un peu comme le sont les pasteurs protestants lesquels peuvent parfaitement être pousses à partir si les membres du conseil pastoral le jugent nécessaire
        Bien sûr la synodalité semble séduisante en théorie, mais en pratique que de conflits en perspective et pûis je doute fortement que cette perspective séduise beaucoup de membres du clergé mais j’oublie que pour certains on aurait nullement besoin d’eux….lesquels ont passé leur séminaire à être formatés par leurs enseignants bien sûr…
        Pour en finir je suis de plus en plus convaincu qu’il sortira une souris de ce synode à la grande déception des « chrétiens d’ouverture » lesquels sont persuadés que François se veut révolutionnaire ce dont je doute profondément car il ne se veut ^être en rien responsable d’un nouveau schisme éventuel

        • Je crains que vous ne mélangiez un peu tout. Je n’ai jamais pensé que François fut un révolutionnaire, même pas un réformateur si vous voulez mon sentiment. Juste un pasteur qui entend jouer sur la pastorale. Cela me semble très insuffisant mais ne m’empêchèrent pas d’être plutôt favorable à cette dynamique synodale qui pour moi – je sais qu’ici d’autres pensent autrement – reste un peu la dernière chance, né »pessaire même si elle est insti-uffisante.
          Pour le reste, que le clergé ne lui soit pas favorable est un vrai problème pour sa mise en œuvre mais assurément pas une surprise. La plupart des prêtres y voient à travers la mise en avant du peuple de Dieu et du rôle des laïcs, une atteinte à leur autorité. Vouloir faire ratifier par les clercs des évolutions qui rognent sur leur pouvoir me semble en effet un exercice difficile.

          • René je ne vous visais pas spécialement en parlant des « chrétiens d’ouverture » et de leur tendance à penser qu’au fond s’inquiéter de la baisse des vocations est absolument secondaire
            Quant à la « dernière chance » je crois toujours que l’Eglise à l’éternité devant elle ce qui ne veut pas dire pour autant que je pense que dans 30ans l’Eglise catholique romaine n’aura en rien changé pour autant bien sûr.
            Quant à François avant tout je crois à sa parfaite bonne foi e ce même si je ne suis souvent pas d’accord avec ses décisions car je crois toujours que le Pape r a pour tâche de conforter le peuple dans la foi;
            Parler écologie et réchauffement climatique sont chose excellentes bien sûr, mais est-ce vraiment le rôle du Pape???

  • °René (encore… ) l ‘Eglise voudrait nous maintenir dans notre statut d’enfant à instruire ? pour ma part lorsque je lis les textes du magistère (et généralement leur complexité )ce n’est pas l’impression que j’en ai,loin de là…
    par ailleurs, je n’ai aucune difficulté à reconnaitre que je suis toujours à instruire et que je n’ai pas fini ,loin, delà
    Et ce n’est pas parce que lEvangile a plus de 2000 ans que pour autant en 2023 nous avons fini d’en tirer la « substantifique moelle » et puis le Christ a dit (j’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous n’êtes pas en état de les recevoir;je vous enverrai l’Esprit Saint qui vous conduire à la Vérité tout entière par ailleurs si l’on en croit l’Apocalypse il ne semble pas que le triomphe de l’Eglise soit au programme « lorsque le fils de l’homme viendra trouverat -il-il la foi sur terre?

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