Euthanasie, un défi : rendre la loi sans objet

Euthanasie, un défi : rendre la loi sans objet

Si chacun, partisan ou adversaire, pouvait sortir de ses fières certitudes et accepter d’entrer… dans la complexité ! 

La proposition de loi pour une « fin de vie libre et choisie » visant à dépénaliser l’euthanasie dans notre pays n’a donc pu être adoptée le 8 avril, à l’Assemblée, faute de temps. Ses partisans misaient sur l’opportunité d’une “niche parlementaire “ vite obstruée par le dépôt de milliers d’amendements à l’initiative des adversaires de la loi. Réponse du berger à la bergère aimerait-on dire, s’il ne s’agissait d’un débat à l’enjeu symbolique aussi fort ! Car enfin, vouloir faire passer aux forceps une mesure législative aussi radicale là où d’autres réformes ont justifié des semaines de débats passionnés tenait de la provocation. L’argument le plus souvent avancé est que le débat a déjà eu lieu, qu’il s’éternise de manière choquante alors même que l’opinion publique serait favorable à une telle évolution “progressiste “. L’observateur extérieur, lui, a plutôt l’impression d’un surplace idéologique de non dialogue où chacun campe sur ses positions avec les mêmes arguments parfois éculés. Et si le véritable enjeu pour les anti-euthanasie était moins aujourd’hui de s’opposer au vote de la loi que de le rendre sans objet ? 

« Il est peu d’institutions qui autant que l’Église auront systématiquement perdu tous les combats menés depuis trois quarts de siècle. Sans remonter au divorce, dont l’introduction dans notre législation date de la Révolution française, citons : la contraception, les relations sexuelles hors mariage, l’avortement, le mariage gay, la PMA et demain, n’en doutons pas, la GPA et l’euthanasie. » Je cite ici le paragraphe introductif de l’un des chapitres de mon livre Catholique en liberté, publié à l’automne 2019. (1) Sans excès de satisfaction. 

Je pense néanmoins qu’il ne sert à rien de se réfugier en permanence dans la condamnation sans nuance des dérives libérales de nos sociétés sans prendre le soin préalable d’essayer de comprendre les raisons profondes de l’adhésion des opinions publiques. Et l’on me pardonnera de reprendre ici, largement mais avec quelques développements supplémentaires, les propos de mon livre relatifs à cette question, qui expriment toujours très précisément ma pensée. 

Il suffit que surgisse, dans l’actualité, l’un de ces drames liés à la fin de vie qui défraient régulièrement la chronique et vous entendrez l’un de vos proches, parent ou ami même bon catholique, vous confier que s’il devait se trouver un jour dans une situation comparable, il souhaiterait qu’on l’aide “à partir“. Ce fut un choc pour moi que d’entendre, lors d’une enquête journalistique, une dame âgée très pieuse m’expliquer son choix de ne pas vouloir un jour “peser sur ses enfants“ en citant la parole des Évangiles : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » N’y aurait-il là que détournement abusif et perversion du message chrétien ? 

Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous… 

On connaît la règle d’or de la morale universelle qui n’est pas exclusivement judéo-chrétienne : «Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse à toi- même.» Qui devient, positivé par l’Evangile : «Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux.» Or voilà qu’aujourd’hui, en un retournement dont nous refusons de prendre la mesure, ce précepte vient jeter un éclairage inattendu sur nos débats relatifs à la fin de vie. «Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous… » pourrait bien recouvrir aussi notre désir de terminer notre vie paisiblement, en échappant, autant que faire se peut, à l’épreuve de la souffrance et de la dégradation physique ou psychique. Ce qui est désormais rendu possible par les progrès de la médecine au travers des soins palliatifs, de la «sédation terminale» prévue par la législation française et peut-être demain par l’euthanasie. De ce point de vue, lorsque Michel Houellebecq reprend dans une tribune au Figaro du 5 avril, les propos déjà utilisés dans les colonnes du Monde en juillet 2019 à propos de l’affaire Vincent Lambert : « Personne n’a envie de mourir…» Il n’est pas sûr que ce constat soit totalement pertinent. Car il est des personnes qui, dans certaines circonstances, peuvent avoir “envie de mourir“, même si l’on sait que l’accès aux soins palliatifs est généralement dissuasif !

Si « ce que je veux qu’on fasse pour moi » est de m’aider à mourir, cela fonde-t-il moralement le droit de répondre favorablement à la demande de mourir formulée par l’autre ? Serait-ce là réellement enfreindre l’interdit Biblique « Tu ne tueras pas » ? Car qu’est-ce que tuer ? Dans sa traduction de la Bible, André Chouraqui formule le sixième commandement en ces termes : «Tu n’assassineras pas!», ce qui renvoie à l’idée de meurtre avec préméditation sur une personne qui ne demande qu’à vivre. Mais s’agit-il encore de meurtre lorsque la “victime“ est consentante voire demandeuse ? Allons plus loin car c’est en ces termes que les Eglises (et la plupart des religions) formulent leur opposition radicale à l’euthanasie : si toute vie vient de Dieu, appartient-il à l’humain de disposer librement de la sienne ? Mais si Dieu a voulu l’homme libre, peut-il lui refuser l’ultime liberté de disposer de cette vie offerte ? Et doit-on obligatoirement qualifier de mal absolu l’usage, dans ce contexte précis, de sa liberté ? 

Faut-il bénir celui qui choisit sa mort en toute liberté ?

Comprenons-nous bien, explication ne vaut pas acquiescement de ma part. J’aurai l’occasion de dire plus loin pourquoi je reste résolument hostile à toute légalisation de l’euthanasie. Je voudrais simplement, sur des questions infiniment complexes, inviter à la réflexion, ne serait-ce que pour fonder nos propres convictions et mettre en garde, les catholiques notamment, contre toute attitude trop rapide de condamnation, de dénonciation, de rejet au nom du respect d’un interdit qui s’imposerait à tous. 

Dans un livre paru en 2015 (2), le prêtre et théologien belge Gabriel Ringlet, ancien vice-recteur de l’université catholique de Louvain, témoigne de son accompagnement de personnes en soins palliatifs, dont certaines ont demandé l’euthanasie. Il s’agit le plus souvent de patients croyants, voire même pratiquants, confrontés du fait de leur choix à de profondes interrogations spirituelles. Aurait-il dû refuser tout accompagnement pour ne pas donner le sentiment de cautionner une pratique qu’il réprouvait ? (3) Difficile dilemme ! Et difficile chemin de conversion, pour nous tous, lorsqu’il évoque la nécessité de “ritualiser“ pour la famille et les proches ce moment du départ. Faut-il bénir celui qui va mourir ? Sans aucun doute ! Mais celui qui choisit sa mort en toute liberté et contradiction avec l’idée que toute vie appartient à Dieu ? 

Le faux procès fait à la loi Claeys-Léonetti

En 2004, en France, l’Assemblée votait la loi Leonetti qui, refusant toute aide à mourir, instituait le droit généralisé aux soins palliatifs par 548 voix pour, zéro contre et trois abstentions. Une unanimité sans précédent dans l’hémicycle. Douze ans plus tard, une nouvelle loi Claeys-Leonetti introduisait le droit à la sédation terminale qui permet d’arrêter toute souffrance, au risque de rendre irrémédiable le processus de fin de vie du patient. Certains y voient une forme d’euthanasie passive qu’ils dénoncent. Et voilà que de manière récurrente, sous l’impulsion de l’ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) des parlementaires demandent, avec la régularité du métronome et souvent dans le plus total mépris de délibérations parlementaires n’ayant pas encore produit tous leurs effets, un nouveau débat au motif que la législation en vigueur ne règlerait pas toutes les situations; qu’il serait urgent de dénoncer l’hypocrisie de pratiques euthanasiques cachées dans les hôpitaux; qu’il faudrait permettre aux plus modestes d’accéder enfin à un droit que les plus fortunés peuvent s’offrir en passant les frontières de l’hexagone. Sauf que ma conviction est totale qu’en matière d’égalité des droits face à la mort, les riches trouveront toujours les moyens de s’offrir le «droit de vivre dans la dignité» tant qu’il sera possible, là où les pauvres se verront offrir l’alternative d’en finir… à moindres frais. Également dans la dignité, bien entendu ! Car enfin, pourquoi continuer à investir dans l’organisation de soins palliatifs coûteux le jour où l’on disposera de cet arsenal législatif ? (4) Et la pénurie de soins palliatifs relançant alors la demande d’euthanasie, chacun y verra la preuve que sa dépénalisation était bien une nécessité. CQFD. Pourtant, la critique de la loi Claeys-Leonetti tient du faux-procès. Aucune loi ne peut régler toutes les situations sauf à rompre avec des interdits structurants . Et je me retrouve, pour ma part, dans ce propos de Marie de Hennezel, dans une tribune au Monde de 2012 :  

“Nous sommes nombreux à souhaiter que ces souffrances extrêmes puissent être soulagées au risque de transgresser la loi. Mais nous sommes conscients aussi de notre responsabilité vis-à-vis des plus vulnérables, ceux dont on décidera peut-être un jour que leur vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Le Code pénal, qui interdit au médecin de donner délibérément la mort, les protège. Une solution doit pouvoir être trouvée sans toucher à cet interdit de tuer qui structure notre société.“ 

Légaliser l’euthanasie serait ouvrir la boite de pandore

Tout est dit ! Mieux vaut sans doute « l’hypocrisie » apparente de pratiques euthanasiques exceptionnelles décidées dans le secret de la délibération entre un médecin et son patient, que la légalisation qui ouvre la boite de pandore. Mais une telle ligne est-elle encore tenable sur la durée ? 

Sans surprise, on a retrouvé dans le débat parlementaire de ce 8 avril, tous les arguments entendus depuis trois décennies, destinés à nous convaincre, notamment, que “l’encadrement“ de la pratique prévu dans la loi évitera toute dérive. Ce qui ne se vérifie pas vraiment dans des pays voisins comme la Belgique. (5) Qui ne pressent, en conscience, qu’entrouvrir la porte d’une simple exception d’euthanasie, c’est déjà enclencher le processus qui, demain, de réforme législative en réforme législative, la légitimera à grande échelle. Car toute l’histoire de ce dernier demi-siècle, dans le domaine « sociétal », illustre un même glissement de lois d’exception destinées au départ à répondre à des situations de détresse pour un nombre limité de personnes, à l’ensemble des citoyens. Nous l’avons connu pour le divorce aujourd’hui possible « par consentement mutuel » et pour l’avortement revendiqué comme droit absolu et sans contrainte. Nous le connaissons pour la PMA désormais élargie à toutes les femmes. Nous le connaîtrons, à n’en pas douter, pour le tri embryonnaire capable d’assurer à chaque couple un enfant “zéro défaut“, l’utérus artificiel dispensant des contraintes de la grossesse… mais aussi, de toute évidence, pour l’euthanasie. Parce que tout le monde y a intérêt : les caisses de retraite, l’assurance maladie, les hôpitaux au bord de l’asphyxie, les jeunes assumant le poids des vieux, les familles « souffrant de la souffrance des leurs »… et les intéressés eux-mêmes culpabilisant – ou culpabilisés – d’être devenus une charge ! 

L’euthanasie comme régulateur de nos sociétés modernes ? 

On voit combien le combat reste rude et inégal dans une société où la plupart des médias ont depuis longtemps pris fait et cause pour cette mesure « progressiste » au point de ne plus inviter dans les studios ou sur les plateaux de télévision que ses partisans. Nous l’avons encore vérifié cette semaine. Et pourtant, l’enjeu n’est rien moins que la valeur que nous attachons à toute vie dans nos sociétés libérales. Dans un ouvrage collectif de prospective publié en 1981(6), Jacques Attali, souvent cité, expliquait que l’allongement de l’espérance de vie humaine n’a d’intérêt, pour la société, que dans la perspective du seuil de rentabilité de la machine humaine. Passé soixante, soixante- cinq ans «l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et coûte cher.» D’où il concluait: «Il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement plutôt qu’elle se détériore progressivement. » Une perspective qui lui semblait d’autant plus plausible que le droit au suicide était revendiqué comme une valeur “de gauche“ et que le capitalisme, pour sa part, saurait bien trouver les outils permettant d’abréger la vie. Ce qui l’autorisait à conclure: «Je pense donc que l’euthanasie, qu’elle soit une valeur de liberté ou de marchandise, sera une des règles de la société future.» Analyse plus cynique que scandaleuse, dans la mesure où elle n’exprimait pas un “souhait personnel“ mais la vision d’un avenir probable. Qui se confirme sous nos yeux ! 

Comment ne pas soupçonner dans la précipitation de ce début de printemps à légiférer sur ce texte, un débat de circonstances dont l’un des objets inavoué pourrait être de nous aider, pour aujourd’hui et pour demain, à régler la question de la surcharge hospitalière liée à la pandémie de Coronavirus ? Ce que je pressentais et écrivais déjà dans un billet de ce blog en date du 8 février dernier. 

Etre « la conscience inquiète de nos sociétés »

Le 8 avril, la proposition de loi n’a pu être adoptée, victime d’une manœuvre parlementaire d’obstruction. Mais ne nous leurrons pas. Après l’Europe du Nord et le Canada, après les « très catholiques » Espagne et Portugal sur une période récente, notre pays à son tour basculera, un jour ou l’autre !  La seule inconnue est de savoir quand. J’imagine le procès en défaitisme que me vaudront de tels propos. Je les ai connus pour la PMA. Je les assume. Et je ne fais aucun reproche à ceux qui pensent devoir et pouvoir maintenir le combat jusqu’au bout. Car la cause est juste et digne ! 

Et pourtant, si l’essentiel était ailleurs ! Dans notre engagement à accompagner, demain, ceux qui feront malgré tout, pour eux-mêmes, le choix de l’euthanasie ? Dans notre détermination commune à rendre cette loi sans objet en permettant à chacun – non pas de mourir – mais de vivre jusqu’au bout “dans la dignité“ ? Parce que nous aurons su exiger le développement des soins palliatifs prévus par la loi. Parce que nous aurons noué des liens de proximité avec toute personne en souffrance du fait de la maladie, de son âge, de son handicap, de sa solitude, de sa désespérance ? Ce à quoi nous invite le théologien protestant Daniel Marguerat lorsqu’il écrit :  « L’Evangile est plus une force d’inspiration qu’un réservoir d’anathèmes sur la moralité du monde… L’Eglise gagne en fidélité évangélique à ne pas se poser en donneuse de leçons mais à être la conscience inquiète de nos sociétés. » (7)

  1. René Poujol, Catholique en liberté, Salvator 2019. Chapitres 12 et 16. 
  2. Gabriel Ringlet, Vous me coucherez nu sur la terre nue, Albin-Michel, Paris, 2015.
  3. On retrouve ici la même problématique que pour les bénédictions de couples homosexuels : bénir les personnes, à leur demande, équivaut-il à bénir des situations que l’on peut réprouver ? 
  4. Comme on l’a connu pour l’avortement. Dans la déferlante médiatique qui vient de saluer le 50e anniversaire du manifeste des « 343 salopes » qui a ouvert à la dépénalisation de l’avortement au travers de la Loi Veil de 1975, qu’a-t-on entendu sur l’aide publique aux femmes en situation de détresse qui souhaiteraient garder leur enfant ? Comme s’il y avait là une démarche réactionnaire. On imagine sans risque, dans quelques décennies, une commémoration similaire de la dépénalisation de l’euthanasie, faisant la même impasse sur ses possibles alternatives ! 
  5. Dans un excellent article publié dans son édition du 8 avril, le quotidien la Croix évoque la situation Belge où la légalisation date de 2012. Timothy Devos, hématologue, explique : « on constate des évolutions inquiétantes. Au début, les demandes répondaient à des maladies graves et incurables, engageant le pronostic vital à court terme. Désormais, elles concernent aussi des troubles mentaux (dépression) ou cognitifs (Alzheimer), et depuis 2014, elles ont été étendues aux mineurs. »
  6. Michel Salomon « L’Avenir de la Vie », Seghers, 1981.
  7. Daniel Marguerat in : Pape François, l’Eglise que j’espère, Flammarion-Etudes 2013, p.217.

Illustration : © Par Fanatic Studio / Gary Waters / Gettyimages

88 comments

  • René, à vous lire iL me semble que vous êtes déjà persuadé de notre inexorable future défaite et faites une fixation sur le fait incontestable que l’Eglise a perdu tous ses combats. Est ce donc que le succés d’un combat est la preuve formelle de sa justesse?
    et puis heureusement pour nous que les Douze ne sont pas partis avec des idées pareilles dans la tête me semble-t-il

    • Je ne fais une fixation que sur les réalités que d’autres préfèrent occulter pour se rassurer. Et ce n’est pas moi qui ait écrit que le succès d’un combat le légitimerait. Quant aux Douze, je me garderais bien de les mêler à un débat sur l’euthanasie.

      • Eh bien, si vous voulez, mettez De Gaulle à leur place.

        Par ailleurs qui vous a dit que ceux qui ont un avis différent du vôtre en la matière occultent quoi que ce soit et notamment leur probable prochaine défaite ?

        Quel mépris!!!

        • Saint-Paul disait qu’il avait une écharde dans le pied… (sur la nature de laquelle on s’est beaucoup interrogé) qui l’empêchait de se prendre trop au sérieux ! Vous êtes, avec constance, mon écharde ! Trouver dans mon propos, qui m’a sans doute demandé plus de réflexion et de travail que votre réplique, une forme quelconque de mépris pour qui que ce soit est tout simplement… méprisant à mon endroit !

  • Cher René, j’ai eu quelque crainte au départ en lisant le titre. Du coup, je vous ai lu attentivement. C’est une belle réflexion. Merci. La Foi chrétienne englobe tout l’humain, c’est notre chance. La résurrection du Christ emporte tout dans sa lumière : la souffrance, la mort, le désir de bonheur éternel, la conversion, la reconnaissance de son péché et son pardon, etc. C’est notre vie et notre joie de le croire. Dieu nous faisant la grâce de vivre à une époque où cette Lumière est rejetée, la tentation est en effet grande de devenir intransigeants et intraitables en nous enfermant dans la promotion de principes qualifiés de non négociables. La tentation inverse de tout avaler au nom de la fausse charité qui, curieusement pour l’occasion reprend du service, nous guette aussi. C’est pourquoi j’apprécie votre texte qui invite à imaginer et à proposer du neuf à partir de l’ancien, selon un passage fameux de l’évangile. Je n’ai jamais eu la vocation de taliban ni non plus celle d’un mouton de Panurge : je m’interdis le traitement à la kalashnikov en même temps que je me refuse à sauter du bateau avec le troupeau. Reste comme position la liberté d’orienter sa vie par sa foi dans le Bien, dans le respect de la liberté même défectueuse à nos yeux d’autrui, et l’imagination créatrice de la charité. Je pense à deux phrases de saints qui m’aident sur ce chemin. Vincent de Paul : l’amour est inventif à l’infini. Maximilien Kolbe à un médecin emprisonné avec lui à Auschwitz qui lui faisait part du scandale total qu’il éprouvait dans leur situation. Le médecin a survécu et a témoigné de la parole du saint qui l’avait apaisé : l’amour seul est créateur.

  • Le débats sur des projets de lois sociétales exigent au préalable de définir le sens des mots; progrès, liberté, avancée sociétale, valeurs de la République… dans un monde où les être humains vivent en société. La vie et la mort peuvent-elles être décidées par une majorité parlementaire, par nature, passagère? Comment se construit l’opinion publique, avec quel recul ? Une démocratie parlementaire élective est elle apte à traiter sereinement de telle question?

    • Certes, toutes ces questions sont pertinentes ! Mais s’il faut attendre d’y avoir répondu, et de s’être accordés sur les réponses, pour savoir comment se positionner dans des débats qui nous sollicitent… on n’est pas sortis de l’auberge !

  •  » Une solution doit être trouvée sans toucher à cet interdit de tuer qui structure notre société  »

    Cette phrase de Marie de Hennezel résume très bien la complexité de la question telle qu’elle se pose toujours aujourd’hui et la difficulté d’y apporter une réponse par le seul moyen de la loi .

    Les lois de 2004 et 2016 ont apporté , quoiqu ‘ait pu en dire l’institution ecclésiale, des réponses qui respectaient cette ligne de crête entre deux exigences morales essentielles mais qui peuvent se révéler concrètement contradictoires : le droit de vivre jusqu’au bout dans la dignité et le « tu ne tueras pas  » .

    Malgré ces avancées , la loi ne peut prévoir toutes les hypothèses et il se trouvera toujours des cas ou le devoir d’humanité devant une irréductible souffrance peut conduire à provoquer d’anticiper une mort inéluctable .

    Faut il alors laisser ces situations relever de la seule responsabilité des médecins , comme c’est encore aujourd’hui le cas avec les risques de dérives et l’éventuelle responsabilité pénale que cela implique en faisant porter le poids de la décision au seul médecin au lâche soulagement de la société ou faut il légiférer avec le risque de remettre en cause cet interdit fondamental qu’est le » tu ne tueras pas ?

    Je n’ai bien évidemment pas la prétention d’avoir une réponse à ces questions qui se posent toujours dans un contexte particulier ou la réalité se résume à choisir entre un mal et ce que l’on espère être un moindre mal .
    A minima elles méritent un débat approfondi et mieux qu’une opportunité de procédure législative si l’on veut y apporter une réponse qui fasse consensus dans notre société .

    PS : je serai moins pessimiste ( pour une fois ) sur la capacité de l’église à faire entendre ses raisons . . Elle a perdu tous les derniers combats non parce qu’elle apportait de mauvaises réponses , mais parce qu’elle posait mal les questions en préjugeant que la doctrine y avait toujours préalablement répondu . Lorsque l’église acceptera de regarder pour ce qu’elles sont les questions qui se posent à nos sociétés en les formulant correctement et non en les déduisant d’une réponse préalable, théorique , abstraite et absolutisée alors elle s’apercevra qu’elle a non seulement des choses à dire mais que la société est prêtes à les entendre . Le blocage entre église et société est d’abord d’ordre culturel avant que d’être éthique .
    Il suffirait que Pierre d’Ornellas s’applique à lui même les beaux principes qu’il enseigne aux autres : dialoguer et non débattre : rechercher ensemble la vérité . Mission impossible ?

  • René,en relisant ce que vous avez écrit il est incontestable que vos propos sont ô combien mesurés et paraissent tout à fait raisonnables. Sauf qu’ils me font irrésistiblement penser aux propos que certains cathos ont prononcé lors de la Loi Veil, loi qui nous a conduits où on en est aujourd’hui sans même penser à demain… Pas plus que le Père Vignon je n’ai une âme de Taliban ni de mouton de panurge et j’ai toujours désapprouvé les « commandos » qui allaient manifester leur désaccord dans les centres où se pratiquaient les avortements, mais je crois qu’il est écrit quelque part « que votre oui soit oui et votre non soit non ». Alors, je suis loin de vouloir injurier les partisans de l’euthanasie mais je pense qu’il est indispensable de leur faire connaître encore et encore notre opposition formelle sans recourir à la violence et à l’injure pour autant.

    • Dominique, je puis me retrouver dans votre analyse mais pourquoi diable m’opposez-vous la loi Veil et sa dérive alors que c’est précisément l’un des arguments que j’utilise moi-même pour justifier mon opposition à une dépénalisation de l’euthanasie ?

  • Merci René pour ce billet d’une grande lucidité, même si j’exprime des réserves sur votre idée à la Ringlet envisageant « notre engagement à accompagner, demain, ceux qui feront malgré tout, pour eux-mêmes, le choix de l’euthanasie ».
    « Rendre la loi sans objet » par le développement des soins palliatifs est sans doute un objectif plus productif que de rappeler un interdit, mais il faut aussi maintenir cet interdit de tuer, comme l’ont rappelé les médecins et soignants travaillant en soins palliatifs.
    Cette rupture anthropologique serait d’une extrême gravité.
    Avec Marie de Hennezel, je considère comme particulièrement « obscène » cette volonté de Touraine et consorts de faire passer en force l’euthanasie en pleine période épidémique qui a vu des malades plus ou moins abandonnés dans leur solitude lors de la première vague dans les EHPAD faute place dans les hôpitaux.

    • Michel,

      Je ne comprends pas. Accompagner jusqu’au bout avec humanité des personnes ne signifie pas nécessairement que l’on approuve leur choix.
      On peut par exemple accompagner des femmes qui ont avorté tout en étant contre l’avortement. C’est la personne que l’on accompagne, pas son acte.

      • Tout dépend de ce que l’on entend par cet accompagnement.
        S’il s’agit d’accompagner jusqu’au bout une personne et de la soulager, oui bien sûr.
        S’il s’agit d’entrer dans un processus d’euthanasie, il s’agit d’autre chose qu’en conscience je refuse.

        • Je suis bien d’accord avec vous Michel et je ne me vois pas assister à la piqure létale administrée à un malade même s’il la réclamée Par ailleurs tous les témoignages sont concordants pour souligner le fait qu’un malade arrivant aux soins palliatifs en réclamant une euthanasie ne la réclame plus au bout de quelques jours, il me semble donc que la seule solution se trouve dans le développement des soins palliatifs Par ailleurs vois pas comment le Parlement pourrait légiférer à nouveau devant un tel problème qui touche au sens même de l’existence humaine et puis heureusement que nos prédécesseurs voulaient à toute force maintenir la vie et n’éliminaient pas les gens souffrant d’une débilité quelconque. Certes on n’ était pas r toujours tendre avec « l’idiot du village « mais on ne l’éliminait pas pour autant alors qu ‘économiquement parlant il n’était pas des plus rentables Depuis la nuit des temps l’homme a toujours voulu lutter contre la souffrance et b voilà qu’aujourd’hui on en vient à vouloir l’éliminer en éliminant celui qui souffre oh pas encore systématiquement,non, mais n e prend le chemin. Il y a encore quelques années on plaignait le couple qui mettait au monde un enfant handicapé; aujourd’hui on en zqr à dire « mais pourquoi n’a-t-elle pas eu recous à lIVG;
          Progrès ???

          • Merci d’indiquer ce qui atteste que « tous les témoignages, …. » alors que des témoignages « fait de chair » rapportés ici vont en sens inverse et semblent, a priori, plus crédibles que cette affirmation absolue.

          • Dominique, vous est-il arrivé d’avoir un proche dans une unité de soin palliatif ?…
            Au vu de vos réactions, j’en doute…

        • Michel,
          Je ne comprends toujours pas.
          Si une personne choisit l’euthanasie et demande, non de participer concrètement au processus, mais de l’accompagner humainement, comme un humain accompagne jusqu’au bout un autre humain, je ne vois pas au nom de quoi refuser ?

          Par ailleurs, les convictions sont bien «  belles «. Mais, confronte au problème, nul ne peut dire en toute honnêteté à l’avance ce qu’il choisirait pour ses proches et pour lui même.

          nul ne sait par avance c

          • Marie-Christine,
            Je ne peux rien pour vos si vous ne voyez pas la différence entre accompagner humainement un patient en lui apportant des soins et un traitement qui le soulagent et « l’accompagner » en vue de l’euthanasie comme vous dites.
            Du reste, je ne vois pas bien de quel « accompagnement » il peut s’agir dès lors qu’il s’agit d’injecter un poison létal qui règle rapidement la question de l’accompagnement en expédiant le patient ad patres.
            Mal nommer les choses, comme disait Camus, c’est ajouter au malheur du monde.

          • A Michel
            Pour l’avoir vécu avec ma jeune sœur , morte à 30 ans d’un cancer , il y des moments où la frontière entre l’accompagnement dans les soins dits palliatifs et ceux qui accélèrent la fin de vie n’est pas seulement ténue , mais a complètement disparu . Votre distinction est théoriquement pertinente , mais se révèle parfois concrètement depourvue de signification .

          • Guy,
            Oui, la frontière peut paraître ténue, mais il y a néanmoins un fossé entre le soulagement des douleurs, y compris au risque d’abréger la vie, et le fait de donner la mort.
            L’intention n’est pas la même et le geste n’est pas le même.

  • Alors que la loi date de 2005 l’accès aux soins palliatif demeure confidentiel. Problème de cout, de formation de personnels « spécialisés » et d’information de tous les secteurs. Voter des lois sans souci du budget correspondant est « un classique ». Le corps médical est a priori réservé. Bref, une loi hypocrite qui pousse « les gens » à souhaiter passer à quelque chose de réel.
    Il meurt chaque année 140 000 personnes de 75 à 84 ans et 460 000 de 85 ans et plus. Il est estimé que 345 000 personnes aurait été justiciable de soins palliatifs. On ne disposait, jusqu’en 2012 (7 ans après le vote de la loi Leonetti), d’aucune étude scientifique portant sur les différentes décisions de fin de vie à la différence de ce qui était disponible dans la plupart des autres pays européens.

  • Comment trouver un(des) accord(s) sur les problèmes de fin de vie si l’on n’est pas capable de s’accorder sur ce qu’est la vie. Qu’est-ce que vivre ?
    N’est-ce pas la vraie question – qui que l’on soit – quoi que l’on croit – et qui que l’on croit …
    Et oui ! – Cela nous ramène comme toujours à une question basique.

  • Décidément, j’aime beaucoup les réflexions que tu nous proposes. J’apprécie particulièrement l’effort que tu demandes à ceux qui s’opposent à l’euthanasie pour comprendre ceux qui se battent pour et la piste que tu proposes pour, non pas se résigner à une défaite, mais se mobiliser pour l’accompagnement et les soins palliatifs.

    Je voudrais simplement mettre en doute l’affirmation selon laquelle l’unanimité de l’Assemblée nationale est un fait sans précédent à la Loi Clayes-Léonetti. Cette unanimité est plus fréquente qu’on ne le pense tellement on se fait une image négative des parlementaires qui seraient incapables de se mettre tous d’accord du fait de leurs postures politiciennes. Dans les six derniers mois, l’Assemblée a voté à l’unanimité la loi sur les Territoires Zéro Chômeurs de longue durée et la loi sur l’inceste.
    Merci encore de nous faire réfléchir.

    • Merci de ce message de cnfiance et d’amitié. S’agissant de l’unanimité parlementaire, elle concerne la première loi Leonetti, pas la loi Clayes-Léonetti qui a suivi et ce caractère exceptionnel est largement documenté. Ce qui n’empêche pas d’autres consensus parlementaires mais souvent avec plus d’abstentions…

      Wikipédia : « En première lecture à l’Assemblée nationale le 30 novembre 2004, la loi relative aux droits des malades et à la fin de vie devient la seule loi de la Ve République à être votée à l’unanimité des votes exprimés avec 548 voix pour et 0 contre sur 551 députés présents ».

      • 1/ L’article clé du projet de loi euthanasie étudié par l’assemblée ce 8 avril a été adopté par 240 voix contre 48.
        2/ Il n’existe toujours pas de connaissance, même approximative du nombre de personnes qui bénéficient de vrais soins palliatifs, 16 ans après un vote unanime comme l’indique le rapport de 2017 de l’IGAS « Le risque d’une absence ou d’une insuffisance de soins palliatifs existe donc pour plus de 75 % des personnes en nécessitant [des soins palliatifs]. » https://www.espace-ethique.org/ressources/etuderapport/rapport-2017-les-soins-palliatifs-et-la-fin-de-vie-domicile.
        3/ Ayant consacré 2/3 de ma vie professionnelle aux déchets, j’ai du faire avec l’hypocrisie commune face à la « fin de vie » des objets, de la matière. Hypocrisie de l’industrie, du commerce (distribution), de l’écologie dogmatique, de l’imbécile de Bernanos (on veut pas ci on veut pas ça!), de politiques de tous poils fort embarrassés et jouant à la patate chaude. Hypocrisie qui a eu son sommet à propos des plastiques (bien peu recyclables en vrai et des couts astronomiques, mais faut pas l’dire).
        4/ Là, hypocrisie médicale et de l’institution se donnent la main alors que, pour une fois, les politiques semblent tenter d’en sortir. Nota, ma maman qui aimait Jean-Paul 1er n’a jamais compris qu’il soit mort si vite et qu’il n’y ait pas eu d’autopsie. Elle, elle s’est réveillée morte un matin selon ses vœux; il est vrai qu’elle consommait beaucoup trop de médocs et que son médecin n’a pas cherché la petite bête, merci à lui.

        • Une proposition de loi ne se réduit pas à un seul article, fut-il le premier. Légalement la proposition n’est donc pas adoptée !
          Quant à l’hypocrisie, c’est la chose du monde la mieux partagée. Pour les uns il s’agit de dénoncer les euthanasies qui se font déjà, de fait, dans les hôpitaux; pour les autres l’hypocrisie consiste à nous expliquer que la pratique sera encadrée, ad vitam aeternam, sans bavure, et qu’il s’agit là d’un élargissement des droits qui par ailleurs n’enlèverait rien à personne. Ce qui est une imposture ! Le jour où l’eutahnasir sera instituée… les soins palliatifs ont du souci à se faire. Et donc leurs éventuels bénéficiaires !

          • Effectivement, on tourne vite en rond, et toujours « la vie » débordera « la loi ». Par exemple, après « tu ne tueras pas » les casuistes ont du justifier la guerre juste, notion dont les limites ont été démontrées entre autre par les croisades. Aujourd’hui, aux USA l’épiscopat, a dominante républicain, accuse le plan de relance de pouvoir servir aux IVG. Pour être audibles, ils auraient pu ajouter que ce même plan pourra servir au business des armes à feu.

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  • Impasse ?
    Il faut aussi souligner que sur ces questions nous semblons quand même être dans une impasse .

    Autoriser l’euthanasie même juridiquement très encadrée c’est remettre cause un interdit essentiel de nos sociétés . Interdit qui est , je le crois constitutif de notre conception de la personne humaine . .

    Se contenter du statu quo , en dépit des progrès des lois Léonetti et Claeyss Léonetti c’est fermer les yeux sur une réalité difficilement acceptable : fin de vie dans des conditions inhumaines , compromis au coup par coup d’équipes soignantes essayant d’alléger les souffrances sans cependant donner la mort et sur lesquelles, seules repose cette responsabilité que la société ne veut pas assumer .

    Nous sommes ici au coeur d’un noeud d’injonctions morales légitimes qui se contredisent : éthique des grands principes / morale de la réalité ;
    – éthique de conviction (tu ne tueras pas ) / éthique de responsabilité (comment soulager quand même des souffrances insupportables au nom de la dignité de ce qu’est une personne humaine ?)
    – volonté de fixer par la loi un cadre d’action clair et transparent pour assurer l’égalité de tous devant la souffrance et la mort / constat qu’il existera toujours des cas non juridiquement encadrés car inaencadrables et dont le traitement relèvera de la liberté des personnes ou de leur familles ou de l’équipe soignante .

    Seule un véritable travail de réflexion , préalable à tout projet législatif , institutionnalisé mené par tous , politiques, société civile , comme religions et courants de pensée, sans à priori d’aucun ordre peut permettre sinon d’aboutir à des solutions , du moins de poser correctement la question et d’aider chacun d’entre nous à en comprendre et en mesurer les enjeux .

    C’est aussi notre dignité collective que d’être apte à poser ces questions dérangeantes en transcendant rapports de force politiques conjoncturels et à priori philosophiques ou religieux . Nous sommes aujourd’hui confrontés à devoir nous même définir ce qu’est la vie humaine tant à son commencement qu’à sa fin , puisque les seules données de la biologie et de la physiologies se révèlent insuffisantes et de plus en plus inadaptées du fait des progrès de la médecine .

    La première question véritablement morale que l’on doit , me semble t il se poser est celle ci : voulons nous affronter cette question telle qu’elle se pose réellement dans toute sa complexité et sa difficulté à la définir ou refusons nous de la poser en nous réfugiant dans des a priori qui pour être contradictoires n’en n’ont pas moins en commun de relever de la fuite et de la démission . Sur ce point les pro euthanasie et les pro vie de principe se rejoignent dans la même démission .

    • Guy,

      Je ne pense pas que l’on puisse jamais espérer traiter de ces questions sans a priori philosophique ou religieux, et même politique, puisque justement c’est au nom d’une conception ( philosophique, voire religieuse ) que l’on se prononce en dernière instance.

      • A Marie Christine
        Il ne s’agit pas de renoncer à nos convictions , mais d’accepter de les questionner , sans être bloqué au seul motif qu’elles seraient la vérité, notre vérité .
        A titre d’exemple , j’ai connu le cas d’une religieuse qui veillait son père atteint d’un cancer en phase terminale et qui souffrait de manière atroce sans que la médecine a l’époque puisse les atténuer. ..Le médecin lui a proposé d’y mettre fin par une piqûre létale . Elle a refusé au nom de ses convictions religieuses mais est venue deux jours plus tard supplier le médecin de mettre fin aux souffrances insupportables de son père. Ce qui fut fait .

        • Grand merci Guy pour ce témoignage de profonde humanité. C’est au pied du mur qu’on voit le maçon.

        • Guy,

          Dans ce cas, je comprends ce que vous voulez dire mais reste sceptique cependant devant la possibilité d’un tel débat dépassionné, vu ce que l’on peut lire, de tout côté, sur la question tellement les convictions des uns et des autres semblent bien ancrées.

    • Je rejoins beaucoup de choses qui ont été dites. Et j’ai tendance à me taire car je me sens incapable d’avancer des arguments pertinents, tant la question me dépasse.

      La vie est ce que tout homme, de toute religion ou courant de pensée a de plus précieux.
      La simple pensée de mettre fin aux jours de quelqu’un est insoutenable. Pourtant, jusqu’où peut-on dire qu’il y a vie, consciente et digne de ce nom ? Même les chrétiens ont de quoi s’interroger, d’autant qu’eux croient en la résurrection, la prééminence de l’âme immortelle. Et, comme le précise René, « Tu ne tueras point » est en fait « Tu n’assassineras point », ce que toute morale prône.

      Je vois bien le danger qu’il y a à légiférer.
      Je vois aussi que le principe de la vie avant tout, et du coup dans n’importes quelles conditions – les soins palliatifs ne réglant pas miraculeusement tous les cas – peut ëtre une idéologie se retournant contre la personne.
      Que la très lourde responsabilité de décider pour les cas limites – extrême souffrance, vie végétative – soit laissée aux seuls médecins, qui ont prêté le serment d’Hippocrate et donc se battent pour la vie, normalement sans acharnement, n’est pas juste.

      Bref, la solution, s’il en existe une, ne peut pas être dans l’une ou l’autre posture a priori, comme le souligne Guy. Et il y a certainement nécessité d’un débat ouvert à tous, dans le respect, l’écoute, l’effort de comprendre tous les autres, qui tous ont quelque chose à dire de l’humain, de la vie et de la mort, puisque cela concerne chacun.
      Nous sommes bien démunis, collectivement, face à cette question aussi complexe qu’intime et je n’ai rien dit de plus que ceux qui se sont déjà exprimés, j’en ai peur..

  • Je n’ai pas d’opinion tranchée sur la question.

    Mais je pressens, comme beaucoup d’autres je pense, par l’expérience de la mort de proches, que des médecins ont pris sur eux d’abréger leurs souffrances, je ne sais si c’est en leur donnant une dose de médicaments susceptible de les faire mourir, ou en leur donnant délibérément la mort. La frontière est parfois bien tenue.
    Je ne le sais pas et ne veux pas le savoir.
    En tout cas, quelque soit le choix qu’ils aient fait, je les en remercie infiniment.
    Lâcheté de ma part, hypocrisie de la société: cela me semble inévitable dans ces cas tres douloureux dans lesquels il est vain, pour tout le monde, de vouloir garder » les mains propres « 
    J’ai dû aussi personnellement me battre contre une équipe médicale qui voulait à tout prix tenter de réanimer mon père tombé dans le coma, suite à son cancer en phase terminale, en invoquant un acharnement thérapeutique inutile.
    Puis, j’ai senti, sans qu’ils me le disent clairement, qu’ils voulaient mon accord pour le laisser «  partir «. Je l’ai donné à demi-mots.
    Et je ne regrette absolument rien.

    Mes propos qui ne reflètent qu’une expérience ne répondent pas à ce problème posé extrêmement difficile.

    Certes l’interdit de tuer doit être à tout prix respecte car il est constitutif de l’humanité.
    Mais comment fait on face à des situations extrêmes bien concrètes que l’on ne peut éluder, sauf en refusant de les voir dans toute leur cruauté et en «  s’en lavant les mains «  à bon compte ?
    Sur ce point personnellement, ainsi que sur la nécessité de légiférer, je ne sais pas.

    • « L’interdit de tuer doit être à tout prix respecté car il est constitutif de l’humanité » Quand je lis une telle phrase je me dis que nous avons beaucoup progressé vis vis de ceux de 14 auxquels les officiers commandaient de se faire tuer en masse sans le moindre scrupule…
      Vous partagez votre expérience de la mort de vos proches . Pour moi j’ai trouvez ma maman en grande souffrance à la maison de repos infection urinaire avec une sonde qui la faisait fort souffrir à 101 ans , quelque années après j’ai pu aussi expérimenté les souffrances causées par une telle sonde . J’ai immédiatement contacté le médecin pour lui dire que l’important ce n’était pas qu’il prolonge la vie de quelques jours de ma maman mais qu’elle ne souffre pas , c’est tout ce qui a été dit et le lendemain elle a été endormie avec des piqures à base de morphine , je suppose, et s’est éteinte paisiblement le lendemain soir .
      J’ai déjà partagé cette expérience sur ce blog, un des participant m’a dit que j’étais un meurtrier et j’avais » volé la mort de ma mère » , heureusement il n’intervient que très rarement ici . Je ne me sens coupable de rien et comme vous je me regrette absolument rien.
      Quant à ceux qui prônent le développement massif des soins palliatifs pour les 75% qui ne peuvent en bénéficier j’espère qu’ils sont prêts à voir leur CSG , CRDS et autres impôts sociaux décuplés sinon se sont de parfaits hypocrites L’interdit de tuer oui mais il y aussi l’interdit de faire et laisser souffrir inutilement. Dieu est infiniment bon il ne demande pas cela

      • Si je vous comprends bien, il faut voter l’euthanasie uniquement parce que les soins palliatifs coûteraient trop cher à la collectivité ! Et vous parlez d’hypocrisie ! Mais alors les hypocrites sont les parlementaires qui prétendent que l’accès à l’euthanasir sera « encadrée » scrupuleusement et se fera uniquement sur la base du volontariat ! Que nul ne sera contraint d’y recourir si c’est contraire à ses convictins, à ses souhaits ! C’est bien la dérive financière que vous décrivez que je dénonce dans mon article. A hypocrite, hypocrite et demie !

        • René,j e ne suis évidemment pas d’accord avec le cynisme manifesté par Michel 89420 mais je ne suis pas loin de craindre que le gouvernement, pas plus actuel qu’un autre ,ne fasse ce raisonnement et ne mette que fort peu en pratique l’idée de développer véritablement les soins palliatifs

      • Je trouve votre remarque « sociétale » sur le cout des soins palliatifs intéressante. Auriez-vous des « précisions », documentées si possible?Pour ma part, j’ai vu nos parlementaires décider en 2006 que toute habitation non desservie par l’assainissement collectif, devait être dotée d’une « installation d’assainissement non collectif » (jolie la périphrase) le cout des travaux ayant été -forcément volontairement- le cout à 5000 € par maison, soit d’un facteur 2.5 à 3.

        • Je signale deux textes sur le coût, ce frein majeur qui conduit, à intervalle régulier, à remettre l’euthanasie sur le tapis, ce frein que nient ou que rejettent les ayatollahs de la vie a tout prix, ce frein qui est profondément éthique.
          – Le premier de 2016, vite lu, est d’une économiste de la santé et se termine par: « Il faudrait surtout que les pouvoirs publics investissent davantage dans la médecine palliative. Au-delà du « bien mourir », fondamental pour chacun d’entre nous, il a été clairement démontré que l’utilisation précoce des soins palliatifs permet d’éviter l’acharnement thérapeutique, la dernière chimio qui ne sert à rien et qui coûte 15.000 euros. C’est sans doute un meilleur moyen de faire des économies à l’hôpital… https://www.allodocteurs.fr/se-soigner/economie-de-la-sante/hopitaux-le-financement-des-soins-palliatifs-inadapte_18746.html
          – Et surtout le texte du blog du gériatre catholique Michel Cavey de 2011 sous le titre « Les soins palliatifs : aspects financiers ». Pour lui, la contrainte financière est profondément éthique. Il faut lire, même si c’est un peu long, pour pleurer en pensant à tel ou tel « ancien » plus ou moins bien accompagné et comprendre ainsi qu’il faut être de pierre, cœur compris, pour se conduire en ayatollahs. https://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article97

  • Je ne crois pas qu’il s’agit d’obliger les médecins à tuer…
    Il s’agit de permettre à qui souhaite mettre fin à ses jours, de se faire..  »assister « .Comme on a fini ô par admettre qu’une avait le droit de refuser
    un enfant.
    Cette liberté des enfants de Dieu, elle restera contestée par les djihadistes
    de toutes les religions ( y compris catholique) , comme, cher René,
    votre ennemi très éclairé chez les prêtres de Saint Martin, Dom.B….

  • Monsieur Gosset,ce que je dis sur le fait que la plupart des patients en soins palliatifs demandant au départ l’euthanasie change d’avis au bout de quelques jours de présence dans le service des soins palliatifs, c’est ce que disent quasiment tous les responsables de ces services et cela depuis des années, mais j’avoue ne pas avoir interrogé Madame Renaud sur ce sujet…
    Par ailleurs je comprends très bien que quelqu’un veuille disparaitre et ne condamne absolument pas celui qui veut mettre fin à ses jours,absolument pas, mais jamais je ne l’aiderai à faire ce geste et pour moi comme pour la société il revient de tout faire ^pour l’en dissuader A ce compte là ne va-ton pas permettre à un candidat au suicide à se retourner contre celui qui se sera jeter à l’eau pour l’ empêcher de se noyer par exemple?

    • En dehors de toute considération économique; car je ne suis pas compétente sur le sujet et ignore comment peut évoluer la société sur ce plan, nous sommes devant la question morale du moindre mal pour éviter le plus grand mal. Jusque-là, c’est ce qu’ont en tête les médecins qui « aident » à mourir, me semble-t-il, quand il n’y a plus aucun espoir.
      J’ai, comme beaucoup, vécu et même assisté à cela quand un membre de ma famille, en fin de vie et terriblement dégradé, a été « endormi » par son médecin, avec l’accord de ceux qui l’aimaient. C’était pour tous une décision très difficile évidemment. Cela se fait depuis longtemps, et continuera à se faire. On emploie des périphrases pour en parler, mais la réalité est là.
      Sans doute des soins palliatifs beaucoup plus développés seraient-ils les bienvenus, au moins pour atténuer, j’espère supprimer les souffrances – ce qui revient probablement à àccélérer la fin -, mais en attendant ? Et pour les patients en vie végétative depuis des années ?
      Je n’ai aucune réponse, que des questions. Mais je continue à trouver que laisser l’écrasante responsabilité d’aider les patients à mourir au seul médecin est anormal.

    • Dominique,

      Sur un tel sujet, énoncer par avance et, avec autant d’assurance «  , que «  jamais, je ne ferai ceci ou cela «  me semble fort présomptueux et évacue bien facilement, je trouve, les cas de conscience réels qui peuvent se poser lorsque l’on est, sans échappatoire possible, confronté à une situation de grandes souffrances en fin de vie.
      Ici l’humain disparaît devant principes et convictions posées a priori.

      La comparaison avec le suicide d’une personne qui, tout au contraire, a la possibilité de continuer à vivre, n’a aucun sens.

      • Anne-Marie si une demande d’euthanasie n’a rien à voir avec une demande de suicide,je ne suis pas assez intelligent pour comprendre ,par ailleurs si vous préférez que je dise « je pense que je ne ferais ceci ou cela, si çà vous est jamais arrivé,c’est que vous êtes une femme remarquable voire exceptionnelle.
        il est décidément bien difficile d’exprimer un avis « hors politiquement correct »

  • A Michel de Guibert

    Je pense qu’il y a malentendu.
    Je parlais d’accompagner humainement et non médicalement une personne qui a choisi l’euthanasie, uniquement par sa présence, sans prendre aucune part au processus.

    • Je voudrais ici témoigner de ce que pensent les athées que je connais, dont toute ma famille. J’ai toujours vu celle-ci considérer la mort comme un mal absolu et le fait de la donner comme intolérable – être radicalement contre la peine de mort, ne pouvoir attenter même à la vie d’un animal. D’autant plus que pour les non croyants, la vie terrestre est tout ce que nous possédons. Perdre un être aimé est donc ce que l’on peut imaginer de pire, de même que sa propre mort. Je ne suis pas sûre de savoir pourquoi beaucoup de chrétiens sont pour la vie à TOUT prix. Parce que c’est Dieu qui la donne ? Mais il ne donne pas la souffrance insupportable, la déchéance du corps et de l’esprit se prolongeant sans en voir la fin, le non-sens finalement.
      C’est aussi une grave question pour ma famille. Où est la limite ? Pourquoi prolonge-t-on à ce point ce qui n’a plus grand-chose d’une vie ? Jusqu’où n’est-ce pas égoïste et une démission d’accepter que l’être aimé souffre, et s’il ne souffre plus parce qu’écrasé par la médication, ne soit plus du tout lui-même ?
      Et puis, il y a d’un côté la théorie et de l’autre la brutale expérience. Et là, nul ne sait comme disait Marie-Christine.

      • Anne je ne suis pas du tout pour la vie à tout prix absolument pas, et lorsque je servais à peu près d’aumônier dans une maison de retraite lorsque je voyais certains pensionnaires totalement et irrémédiablement désorientés je me posais la question pourquoi donc Dieu ne les rappelle t-il pas à lui? et puis je me disais que je n’étais pas à la place de ces personnes et que j’ignorais donc tout de ce qu’elles éprouvaient absolument tout. Alors j’acceptais cette situation. Vous me direz que ce n’étaient pas des proches donc que je n’étais pas vraiment touché intérieurement, et c’est vrai, mais pour moi il n’est pas concevable de décider de nous-mêmes de la vie d’un autre, frère en Christ.
        L’homme contemporain se croit de plus en plus maître de la Vie alors qu’il ne l’est pas du tout et la pandémie actuelle est bien là pour nous le rappeler…

        • Oui, Dominique, et nous n’avons pas à juger si une vie diminuée est « digne » selon la terminologie insupportable et controuvée employée par les partisans de l’euthanasie (« association pour le droit de mourir dans la dignité »).

    • Marie-Christine,de même que je n’assisterais pas sans rien faire à une tentative de suicide, de même je n’assisterais pas à une euthanasie qu’on devrait peut-être appeler une IVV (interruption volontaire de vie) pourquoi pas ?

      • Dominique, avez-vous vraiment, dans la vraie vie, rencontré quelqu’un qui, après avoir discuté avec vous, s’est suicidé ?…
        Là encore, j’en doute, au vu de vos propos…

        • Doutez donc de ce que vous voulez si çà vous fait plaisir mais il est vrai que nous nous connaissons si profondément n’est-ce pas…

  • Je viens de découvrir votre blog suite au message d’un ami (Daniel Vannier) Merci pour cette analyse d’une grande profondeur, qui permet utilement une confrontation argumentée et non un stérile affrontement entre celles et ceux qui sont pour et celles et ceux qui sont contre.
    Je me permets de vous joindre un billet que j’avais adressé au courrier des lecteurs du Quotidien Régional Ouest-France, et qui a été publié le 8 avril.
    Cordialement
    Bernard Tual

    L’édito « Accompagner la vie » publié dans Ouest-France du 28 mars, aborde un sujet essentiel avec discernement.
    Et sur ce sujet, comme sur bien d’autres, c’est bien de discernement dont nous avons besoin.
    Pour compléter cette réflexion, j’invite les lecteurs intéressés à lire l’ouvrage écrit à deux mains, intitulé Une vie pour se mettre au Monde, de Marie de Hennezel, psychologue clinicienne auteur de La Mort Intime, spécialiste reconnue de la fin de vie et de Bertrand Vergely, philosophe.
    Cet ouvrage rappelle utilement que « nous disposons déjà d’une loi – la loi Leonetti – qui encadre parfaitement la fin de vie et qui répond à la peur de mourrir, qu’il faut distinguer de la peur de la mort. Cette loi va déjà très loin et si elle était correctement appliquée, elle répondrait à la quasi-totalité des détresses de fin de vie. » Ainsi est-il vivement recommandé à tout un chacun de désigner une personne de confiance, dont le rôle sera notamment d’éclairer, le moment venu, la décision médicale.
    L’auteure s’élève contre une « conception dévoyée de la dignité,…. qui est devenue une problématique narcissique d’autonomie et qui ne peut pas être la bannière de ceux qui font la promotion du suicide… ».
    Il ne faut pas se tromper de combat, insiste-t-elle, car «aujourd’hui nous savons tous que le respect de la dignité d’une vie qui prend fin dépend plus de l’application de la loi Leonetti et de la volonté politique de dégager des moyens suffisants pour la faire appliquer, que du vote d’une loi sur l’euthanasie ».

    • L a dignité de la personne ne repose pas sur son aspect physique même si on lui a mis tout un tas de tubes pour le maintenir en vie. Un homme est digne par lui-même aussi repoussant physiquement soit-il Bien évidemment on n’a pas du tout envie d’embrasser un lépreux ou un cancéreux de la bouche ou de la langue ni même le clochard ivrogne au bas de son immeuble ou à la sortie de l’Eglise.Non on n’en a pas envie et alors? Est-il indigne pour autant…et puis c’est tellement plus confortable pour nous de voir un proche partant tranquillement sans souffrance grâce à une piqure…

      • Dominique,

        Je n’ose comprendre ce que vous semblez dire.
        Voulez vous dire que l’on serait pour l’euthanasie uniquement parce qu’ » il serait plus confortable de voir partir ainsi ses proches «  donc par lâcheté et égoïsme ?!!!!
        Je pense que vous n’avez jamais vécu la situation des souffrances d’un proche en fin de vie pour oser réduire, ,avec cette assurance tranquille, un problème si sérieux et si complexe, à ces «  arguments de bas étage «, en ajoutant, pour faire bonne mesure, la culpabilité au chagrin des survivants.
        Quel pharisaïsme !

        D’autre part, personne ici n’a nié la dignité de chaque être humain, quelque soit son aspect physique, son handicap ou sa maladie mentale. Tout doit être fait pour conserver la vie de tout être humain, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus faire autrement, étant donné ses souffrances et sa fin inéluctable.
        La commence le problème difficile dont nous traitons, pas avant !!!
        Et je ne me prononce pas, pour ma part, sur la question.

        Donc ne mélangez pas tout SVP !

        • Marie -Christine cette discussion n’a strictement plus aucun intérêt Vous vous faites un portrait on ne peut plus élogieux de ma personne
          , puisque vous en êtes là à quoi bon poursuivre…
          Bonne continuation!

  • « Il faut une très grande maturité pour comprendre que l’opinion que nous défendons n’est que notre hypothèse préférée, nécessairement imparfaite, probablement transitoire, sue seuls les très bornés peuvent faire passer pour une certitude ou une vérité  »
    Milan Kundera .
    C’est pourquoi , confronter, dans le débat , nos opinions est un premier pas pour reconnaître notre désir commun de chercher la vérité. Peut être peut il déboucher sur le dialogue qui est la méthode pour la chercher ensemble.

    • De quoi parlait donc Kundéra dans cette phrase ,n’était ce pas comme souvent de politique et dans ce cas il est manifeste qu’il a raison
      En ce qui concerne l’euthanasie
      à tort ou à raison je considère que la société n’a pas à agir en ce sens car pour moi l’euthanasie est un suicide par personne interposée.Bien sûr je ne condamne pas une personne quelle qu’elle soit qui décide de mettre fin à ses jours et je comprends que dans certains cas un conjoint décide de mettre un terme aux souffrances de son épouse je comprends cela mais sans l’approuver pour autant et je suis heurté lorsqu’une peine avec sursis (autrement dit une peine de principe n’est pas prononcée. Par ailleurs j’approuve tout à fait qu’un médicament soit administré à quelqu’un en phase terminale en sachant très bien que ce produit risque de précipiter le décès
      Au bout du compte je ne vois pas ce que je pourrais négocier avec un partisan du droit à l’euthanasie

    • Guy,

      Effectivement ce serait l’idéal.
      Mais le dialogue sur une telle question me paraît impossible, tant les convictions des uns et des autres sont hélas posées a priori, en réalité, je pense, pour se défausser devant la complexité du problème et les cas de conscience qu’il pose. C’est du moins ce que je perçois.

      • A Marie Christine ,
        La difficulté sur ce sujet très complexe et qui nous touche directement et intimement est qu’il n’y a pas de coïncidence entre ce que nous déduisons d’une réflexion raisonnée et raisonnable et l’expérience que nous pouvons faire dans l’accompagnement concret de proches en fin de vie .
        Il y donc y compris en chacun d’entre nous une contradiction .

        En ce qui me concerne et du point de vue de l’éthique raisonnée , je crois que la loi Claeys Lenonetti apporte une réponse satisfaisante dans la plupart des cas et que la brisure du tabou de « tu ne tueras pas « serait une faute dont nous mesurons mal les conséquences dommageables sur notre conception de la personne humaine .
        Cependant , pour avoir par trois fois accompagné des proches en fin de vie atteints de graves pathologies dont les souffrance étaient imparfaitement atténuées par les moyens de la médecine , je sais , et cela se pratique sans le dire , que mettre fin à leur souffrance , est aussi un acte de profonde humanité .

        L’alternative se résume en réalité à deux mauvaises solutions :
        – conserver le principe d’interdiction de l’euthanasie tout en sachant qu’elle se pratique quand même dans des cas particuliers ( moins nombreux depuis la loi Claeys Léonetti )
        – admettre le principe de l’euthanasie au risque mettre à mal la sacralité absolue de la vie de la personne humaine .

        Voilà pourquoi nous ne pouvons pas faire l’économie du débat et du dialogue , quelle que soit la difficulté à l’établir et à le mener .
        C’est sans doute la première exigence morale qui devrait s’imposer à nous .

        • La citation de Marie de Hennezel, dans mon billet, dont j’ai dit combien j’y adhérais personnellement, me semble être une manière de résoudre cette contradiction : tolérer en certaines circonstances extrêmes sans légiférer sur le sukjet pour éviter toute dérive. Mais j’ai dit aussi combien je doutais que ce fragile équilibre puisse être tenable sur la durée.

          • Je ne pense pas qu’on puisse avoir raisonnablement de certitudes sur un sujet aussi grave e. Je trouve peu rassurants ceux qui pourraient en avoir et j’espère que les personnes qui sont chargés de décider en dernier ressort n’en auront aucune, de quelque côté qu’ils penchent.

          • Oui, René, j’adhère aussi ce que disait Marie de Hennezel :
            “Nous sommes nombreux à souhaiter que ces souffrances extrêmes puissent être soulagées au risque de transgresser la loi. Mais nous sommes conscients aussi de notre responsabilité vis-à-vis des plus vulnérables, ceux dont on décidera peut-être un jour que leur vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Le Code pénal, qui interdit au médecin de donner délibérément la mort, les protège. Une solution doit pouvoir être trouvée sans toucher à cet interdit de tuer qui structure notre société.“

        • Guy,

          Je continue à ne pas pouvoir me prononcer personnellement car je ne me sens pas le droit de me mettre à la place d’autrui dans tous les cas concrets ou le problème se poserait.

          Plus encore, je sens derrière des débats apparemment argumentés, des instrumentalisations idéologiques qui m’obligeraient à me situer dans une alliance qui n’est pas le mienne.

          C’est, je pense, le grand drame de beaucoup de cathos aujourd’hui expliquant en partie leur manque de crédibilité sur toutes ces questions.

          Je sais bien qu’une telle absence de position ne peut pas être celle d’une société

  • Depuis 15 ans, la plupart des personnes en fin de vie attendent qu’une loi euthanasie devienne sans objet; depuis 15 ans médecins et soignants sont « condamnés » à faire le tri entre patients justiciables de soin palliatifs: le 1/3 qui y aura droit, et les 2/3 rejetés sur des critères purement médicaux, enfin, en principe, on est prié de le croire! Ce matin, la Croix fait le point sur la loi adoptée aux forceps il y a 5 ans qui a fait passé les prostitué(e)s du rang de délinquant à celui de victime, et inversement pour les client(e)s. Comme pour la loi Léonetti, faute de moyens, eh bien les bénévoles des associations font le sale boulot du tri entre ceux/celles qui demandent à sortir et seront aidées et les autres.
    C’est de vie, de dignité qu’il s’agit à chaque fois. Il y a beaucoup de Ponce Pilate chez les ayatollahs de « la vie a tout prix » car cela ne doit rien couter, et leurs leurs mains demeurent virginales tant qu’ils étouffent leur conscience au nom de grands principes. Etre bien propre sur soi et fait la morale, quel sale métier!

    • Jean Pierre, je crois que nous avons compris votre point de vue. Mais enfin nous expliquer qu’il est « progressiste » de généraliser l’aide des personnes à mourir puisqu’on ne se donne pas les moyens de les aider à vivre jusqu’au bout, comme le prévoit la loi votée par les représentants du peuple… me semble, pour le coup, tout aussi hypocrite.

  • Appel poignant de Philippe Pozzo di Borgo

    Un appel solennel est lancé « aux parlementaires d’aujourd’hui et de demain » par Philippe Pozzo di Borgo qui parraine le collectif : « N’abolissez pas nos vies ! » Tétraplégique depuis près de 30 ans, le héros du film Intouchables, appelle les parlementaires à considérer l’impact d’une légalisation de l’euthanasie sur les plus fragiles : « Ne voyez-vous pas la pression –pour ne pas dire l’oppression– qui monte quand une société rend éligibles à la mort les plus humiliés, les plus souffrants, les plus isolés, les plus défigurés, les moins résistants à la pitié des autres, et –certains le revendiquent déjà– les plus coûteux ? »

    « Avec toutes les bonnes intentions du monde, à l’aide de mots apparemment incontestables comme « compassion » et « dignité », ou encore « aide à mourir », voilà qu’on veut légaliser la mise à mort de certains patients par leurs soignants, en pleine pandémie, au moment où ces mêmes soignants se battent pour sauver des vies.Parrain et soutien du Collectif Soulager mais pas tuer, je lance aujourd’hui un appel solennel aux parlementaires d’aujourd’hui et de demain : n’abolissez-pas nos vies ! Surtout pas celles des plus fragiles. Vous ne vous rendez pas compte du désastre que provoque chez les personnes qui se débattent avec des vies difficiles votre soutien à l’euthanasie ou au suicide assisté comme des morts « libres, dignes et courageuses ». Aurais-je manqué de dignité, de courage et de liberté en restant en vie, moi l’intouchable, cent pour cent dépendant de l’aide d’autrui pour vivre et donc participer à la société ? Plus d’un quart de siècle de tétraplégie, marqué –j’ose le dire– par autant de joies que de douleurs réelles, m’a vacciné contre le piège du mot « liberté » : En toute liberté, après mon accident, quand je ne voyais pas de sens à cette vie de souffrance et d’immobilité,j’aurais exigé l’euthanasie si on me l’avait proposée. En toute liberté, j’aurais cédé à la désespérance, si je n’avais pas lu, dans le regard de mes soignants et de mes proches, un profond respect de ma vie, dans l’état lamentable dans lequel j’étais. Leur considération fut la lumière qui m’a convaincu que ma propre dignité était intacte.Ce sont eux –et tous ceux qui m’aiment– qui m’ont donné le goût de vivre. En réalité, affirmer qu’au menu de la vie on pourrait « choisir sa mort » est une absurdité et une violence, de même qu’il est absurde et violent d’exiger d’un soignant qu’il transgresse l’interdit de tuer. Car c’est cet interdit qui limite sa toute-puissance, nous met sur un pied d’égalité, m’autorise à exister et, si j’en éprouve le besoin, à me plaindre sans craindre d’être poussé vers la sortie. On nous dit : « C’est un droit qu’on vous propose ; il ne vous enlève rien. » Mais si ! Ce prétendu droit m’enlève ma dignité, et tôt ou tard, me désigne la porte. Ne voyez-vous pas la pression –pour ne pas dire l’oppression– qui monte quand une société rend éligibles à la mort les plus humiliés, les plus souffrants, les plus isolés, les plus défigurés, les moins résistants à la pitié des autres, et –certains le revendiquent déjà– les plus coûteux ? Avec mes amis de Soulager mais pas tuer, je lance cet appel solennel : le moment est à prendre soin les uns des autres, à accompagner chacun, à soulager toute douleur, peine et souffrance, à retisser des liens de solidarité avec les personnes malades, dépendantes, isolées. Le moment est plus que jamais à soulager, pas à tuer. »

    https://www.soulagermaispastuer.org/wp-content/uploads/2021/04/CP-Euthanasie-Lappel-poignant-de-Pozzo-di-Borgo.pdf

    • Merci Michel de nous faire connaître ce bouleversant appel de quelqu’un vraiment directement concerné par la question,c’est le moins qu’on puisse dire Dans lmême ordre d’idées je penSe aussi au film bouleersant intitulé « le scaphandre et le papillon  » réalisé il y a 4 ou 5 ans et traitant du même sujet.

  • Répondant aux questions de la CIASE, Jen-Pierre Sautreau fait cette remarque sur la souffrance lors de son audition du 15 mai 2020: « Pour revenir au cléricalisme, il y a la question de la relation à la souffrance :  » Dans son corpus, l’Eglise dit que c’est normal de souffrir pour le rachat de son âme. C’est un gros problème, car alors, ce qu’on a vécu, c’est le juste prix du paradis. L’Église a un problème avec la souffrance, elle la transforme en capital pour le paradis. » Cela s’applique aussi aux souffrances de la mort.

    • Sauf le respect que je dois à Jean-Pierre Sautreau je trouve cette approche très caricaturale. Pendant des siècles, jusqu’à la découverte notamment de la pénicyline, on ne savait pas aténuer la douleur. Les gens souffraient de maladie. Dès lors, que les réligions aient tenté de donner un sens spirituel à cette souffrance n’est pas en soi scandaleux. Je ne sache pas qu’elle s’oppose aujourd’hui au développement des soins palliatifs.

      Franchir le pas de l’euthanasie est d’une autre nature puisqu’elle reconnaît à chacun la liberté de choisir de vivre ou de mourir mais surtout exige de la société que ce droit soit reconnu et mis en œuvre. Ce qui soulève légitimement des questions éthiques, et pas seulement pour les catholiques.

      • M Poujol,

        Je ne serais pas aussi catégorique car il me semble qu’il y a bien dans la spiritualité catholique l’idée d’une valeur rédemptrice de la souffrance à l’image du Christ, de St Paul , ( «  Je complète en ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ ), de nombreux saints ( voir les souffrances de Thérèse de Lisieux, de Ste Bernadette, la stigmatisation de Padre Pio, Marthe Robin ) et les pratiques de mortification encore en vigueur ( Opus dei).

        Je sais que ma tante religieuse.décédée jeune d’un cancer, dans les années 50, et souffrant le martyre, n’a pas eu droit à la totalité du contenu des piqûres de morphine prescrites par le medecin par les infirmières religieuses parce que une telle dose «  allait la tuer «  ( sic ), selon le témoignage de proches tout à fait crédibles. Or il est évident que ce médecin voulait hâter sa fin puisque, de toute façon, elle était perdue.

        • Je ne nie pas l’existence d’une telle spiritualité. Je pose simplement comme hypothèse qu’elle tient essentiellement aux circonstances que j’ai évoquées. Mais je n’ignore pas que sur cette réalité – impossibilité de traiter efficacement la souffrance – a pu se greffer un dolorisme qui, à mon sens, n’a rien d’évangélique. Je vois Jésus soulager les souffrances, guérir, réconforter… jamais plaider pour une forme de souffrance rédemptrice.

          • René, dans le sacrifice de la Croix excusez-moi de voir « une forme de souffrance rédemptrice » s’il en est.Bien entendu il n’est pas question de chercher la souffrance pour elle-même mais de l’accepter et de l’offrir ce qui n’est pas du tout la même chose mais pour cela encore est-il nécessaire de croire à la Commotion des Saints

          • Concernant le dolorisme, je rapporte un enseignement entendu, en accord (je pense) avec ce que nous dit René :
            « C’est un dérapage de notre monde que de trop se concentrer sur l’aspect corporel de la vie (que ce soit souffrance ou plaisir). Le vrai calvaire du Christ n’était-il pas (bien plus que la croix) sa souffrance spirituelle de vouloir semer et cultiver la paix dans le monde, et de n’être ni entendu, ni écouté, ni compris, critiqué, rejeté et même condamné par la ‘religion’ (1) de l’époque ?  »
            Quelle belle invitation à nous recentrer un peu plus sur la composante spirituelle de notre vie, qui effectivement ne semble pas pouvoir se gérer par du légalisme rigoureux.
            (1) Il n’y a évidemment pas le moindre antisémitisme dans ces mots.

  • J’espère que l’appel de philippe Pozzo di Borgo sera mieux entendu par les députés que par les lecteurs ce ce blog…

    • Je crains que vous ne preniez vos désirs pour la réalité. Et que, du coup, vous ne suspectiez tel ou tel commentateur de ce blog – parmi lesquels je figure – d’une complaisance coupable vis-à-vis de l’euthanasie là où il y a simplement la prise en compte d’une réalité sociétale face à laquelle il faut bien, dès à présent, réfléchir à ;a manière de se situer « en chrétiens ». Se voiler la face en priant Dieu de faire des miracles est, à mes yeux, une forme d’irresponsabilité et de bonne conscience à moindre frais.

      • Sans doute, René, mais les argumentations (si on peut appeler cela ainsi), qui consistent à dire à l’interlocuteur que l’on voit bien qu’il n’a jamais été concerné ou confronté au problème sont particulièrement indécentes et malvenues.
        Je ne dis bien sûr pas cela pour vous, mais les personnes qui ont utilisé cette sorte d’argumentation visant à clore le bec de l’autre se reconnaîtront…
        En ce sens, l’appel de Philippe Pozzo di Borgo est le témoignage concret de quelqu’un qui a été concerné dans sa chair et il mérite d’être pris en compte.

        • Michel,

          Il serait plus honnête de vous adresser aux personnes en question plutôt que de procéder par allusion.
          Mais aucun problème: je maintiens que l’expérience vécue rentre bien particulièrement ici en ligne de compte.
          Et que, dans un tel débat, il n’est ni « indécent ni malvenu » de s’appuyer sur son expérience personnelle dans le but de contester des remarques péremptoires encore plus «  indécentes et malvenues «  dans leur simplisme.

          Et il me semble que l’exemple que vous mentionnez concerne bien elle aussi une expérience vécue.

          • Marie-Christine,

            Je ne pensais pas spécialement à vous, mais puisque vous l’avez pris pour vous, je vais vous répondre.
            Vous m’avez mal lu ou vous feignez de ne pas comprendre.
            Je ne mettais en aucun cas en cause les témoignages d’expériences vécues, bien au contraire.
            Ce que je mettais en cause, c’était la manière de clore le bec de l’interlocuteur en lui disant qu’il n’avait « sans doute pas » vécu de telles expériences et qu’il n’avait de ce fait pas voix au chapitre.
            C’est cela et uniquement cela que je trouvais « indécent et malvenu » ! C’est trop facile de vouloir clore une discussion par de tels soupçons sans rien savoir de ce qu’a vécu l’autre.

          • Marie-Christine,
            au fond tu as mis plus haut des mots sur ce que je ne formulais pas.
            Non seulement je ne parviens pas à prendre position sur ce sujet infiniment délicat mais, si j’étais tentée de le faire, j’aurais peur d’être assimilée à un mouvement ou courant de pensée idéologique, que ce soit d’un bord ou de l’autre, ce à quoi je me refuse absolument, particulièrement sur une question aussi intime.
            C’est ce qui s’est produit pour toutes les questions sociétales qui ont déchiré l’Eglise ces dernières années, rendant des positions officielles, qui pouvaient être intéressantes et apporter quelque chose, inaudibles pour beaucoup, pour moi en tout cas.

  • Correction
    Ne serait-il pas plus intéressant de se concentrer sur « le sujet » (= le thème) PLUS que sur « les sujets » (= les commentateurs) ? !

  • Proposition de loi en France – ET MAINTENANT, ON VA OÙ ?

    Courrier de la SFAP (SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ACCOMPAGNEMENT ET DE SOINS PALLIATIFS)

    Madame, Monsieur,

    Le 8 avril une proposition de loi visant à instaurer une « aide médicalisée active à mourir » par injection létale a été débattue à l’Assemblée Nationale lors d’une « niche parlementaire ». Il s’agissait d’un texte instaurant l’euthanasie et le suicide assisté, plus radical encore que la loi belge.

    Cette proposition n’a pu être votée et doit être réinscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée. Par contre l’article 1 de ce texte concernant la mise en place de l’euthanasie dans notre pays a été voté avec une très forte majorité de 240 voix pour et 48 voix contre, grâce à une adhésion transpartisane. Le résultat de ce vote est uniquement symbolique mais marque certainement une étape importante dans l’évolution des lois sur la fin de vie dans notre pays.

    La SFAP s’est impliquée de toutes ses forces dans les débats et par toutes les voies qui lui étaient ouvertes. Des liens ont été solidement noués avec des parlementaires de tous bords et, nous avons certainement renforcé notre position d’interlocuteur de référence sur les soins palliatifs auprès des politiques comme auprès des médias. Dans tous ces dialogues notre unité a été un atout majeur.

    Néanmoins nous constatons également avec tristesse notre difficulté à rendre audible et compréhensible ce qui fonde nos choix et fait notre quotidien. Notre travail, tout en nuances et en complexité, en finesse et en singularité, se prête mal à la brièveté d’un tweet – « C’est ma liberté, c’est mon choix, c’est mon droit ». La peur de la maladie, de la souffrance, de la dépendance et de la mort ne laisse que peu d’espace à la réflexion autour de la vulnérabilité, de la fragilité et de la solidarité.
    Nous avons gagné un sursis sans doute, mais ce constat nous convoque tous. La question va revenir en force dans l’actualité politique et la SFAP doit y prendre toute sa place pour expliquer, témoigner, argumenter.

    La SFAP marche sur 2 pieds : elle est à la fois une société savante qui construit et diffuse les savoirs sur les soins palliatifs, et aussi un mouvement militant qui vient témoigner auprès de tous dans notre société de l’importance de la place accordée aux plus fragiles. Chacun peut individuellement se sentir plus proche de l’une ou l’autre de ces options mais c’est parce que collectivement nous portons l’ensemble de ces réflexions qui se nourrissent l’une de l’autre que nous pouvons parler à tous et prendre notre place dans le débat national.

    Nous sommes tous la SFAP avec la richesse de notre engagement commun auprès des personnes gravement malades et de leurs proches mais aussi avec la diversité de nos sensibilités, de nos regards, de nos histoires et de nos choix personnels.
    La société espagnole de soins palliatifs se déchire sur sa stratégie après la légalisation récente de l’euthanasie et du suicide assisté, comme cela avait déjà été le cas au Québec. Ce risque de discorde ne doit pas être sous-estimé. Dans la période tourmentée qui s’annonce, où le débat va se durcir et peut-être se radicaliser, le conseil d’administration de la SFAP a comme objectif premier de ne pas laisser la division des esprits nous séparer.

    Une période de quelques mois s’ouvre pour penser, échanger, décider ensemble comment nous souhaitons être présents. Nous vous appelons à prendre la parole, à participer à la construction d’une position qui nous rassemble.

    Alors que la pandémie nous conduit, une nouvelle fois, à devoir décaler notre congrès (22-24 septembre) nous maintenons notre Assemblée Générale en distanciel le 23 juin à 19h par zoom.

    Nous vous proposons un premier rendez-vous en zoom et sur youtube dès le 28 avril à 19h pour un premier état des lieux et du rapport de force. A cette occasion, nous ferons un point complet sur la séquence politique qui s’achève, le rôle joué par la SFAP et les perspectives pour l’avenir proche.
    Pour vous inscrire =>> CLIQUEZ-ICI :
    https://us02web.zoom.us/webinar/register/WN_12HnEWAtRWOLtrG34MkVgg

    Nos expériences diverses ont également montré qu’un contact direct avec nos députés pour leur expliquer les enjeux de ces débats et la réalité des soins palliatifs est essentiel. Nous sommes toujours bien accueillis et nous ne pouvons que vous inciter tous à effectuer cette démarche. Vous trouverez sur le site intranet un kit « rencontrez vos élus » pour vous y aider.

    Nous allons avoir besoin dans les mois à venir de toutes les forces de l’esprit et de l’amitié pour conserver notre unité et trouver ensemble un chemin dans la difficulté et réunir nos diversités pour en faire notre force.

    Mon engagement est total comme l’est celui du bureau et du conseil d’administration dont le soutien sans faille est si précieux. Je veux à nouveau chaleureusement les remercier.

    Nous sommes à votre service mais plus que jamais nous avons besoin de chacun d’entre vous.

    Vous trouverez ci-dessous et sur le site de la SFAP dans un dossier dédié quelques prises de parole et articles qui nous semblent pouvoir nourrir la réflexion.

    Eric Fiat : Euthanasie : « La notion de dignité est très à la mode, mais très confuse » – 13/04/21 – Le Point
    G. Chvetzoff – Guerir ou faire mourir (Pièce jointe)
    Régis Aubry : La fin de vie mérite mieux qu’une niche parlementaire – 07/04/21 – Libération
    Ségolène Perruchio – France : faut-il légaliser l’euthanasie ? – 10/04/21 – TV5 Monde
    Les soins palliatifs, «vivoir» pas «mouroir» – 10/04/21 – Le Monde
    Ségolène Perruchio – Euthanasie: droit de mourir ou droit de tuer ? – 08/04/21 – BFM TV
    Claire Fourcade : Ça vous regarde – Loi fin de vie : paralysée par les amendements ! – 08/04/21 – LCP
    Poignant appel lancé par Philippe Pozzo di Borgo (Intouchables) contre l’euthanasie
    (Parrain du collectif « Soulager mais pas tuer ») : 8 avril 2021 (pièce jointe)
    Claire Fourcade : L’euthanasie est une option ultra-libérale – 07/04/21 – Le Drenche
    Luc Ferry : «Non à l’euthanasie» – 07/04/21 – Le Figaro
    Tribune collective «Non, nous ne pourrons pas provoquer délibérément la mort»: la tribune des médecins qui s’opposent à l’euthanasie – 06/04/21 – Le Figaro
    Michel Houellebecq: «Une civilisation qui légalise l’euthanasie perd tout droit au respect» – 05/04/21 – Le Figaro

    Dr Claire FOURCADE
    Présidente de la SFAP

  • Cher René, J’aime vos chroniques, sans en étre toujours d’accord…
    Vous pouvez me les envoyer..quand vous voulez…
    Mgr de Paris ne veut pas discuter avec les salafistes de St Merry. Mais les
    ridicules doms de St Martin continuent à étendre leur pouvoir maléfique….

    • L’adresse mail qui s’affiche sur votre message ne « passe » pas. Essayez d’inscrire vous même votre adresse mail (peut-être une autre) sur la page d’accueil de mon blog, dans la partie droite, sous les Commentaires récents, dans la case « Abonnez-vous à ce blog ». Pardon pour ce message ouvert à tous, mais je n’avais pas d’autre moyen de vous joindre.

    • J’effacerais un mot (vous devinez lequel !).
      Il est vrai que les doms de St Martins diffusent de remarquables prêches sur la vie de Jésus qui conduisent à de nombreuses adhésions.
      Le problème est que parallèlement, les doms pratiquent et instituent une « variante de religion » incohérente avec l’enseignement de Jésus, notamment la contrainte à des « règlementations » que Jésus a Lui-même beaucoup critiqué dans « sa propre religion ».
      C’est l’une des explications du fait que les églises se vident (bien avant COVID), en dérivant de l’Église à laquelle le Christ nous a invité.
      C’est aussi (je l’ai vécu ainsi) ce qui a conduit au concile Vatican II, pas toujours compris au mieux, sinon rejeté !

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