Quinze ans après sa mort, deux auteurs exercent un « droit d’inventaire » sur son pontificat auréolé de sainteté.
(Cet article est publié, simultanément, dans Golias Hebdo n°627 du 4 juin. Je remercie vivement sa rédaction d’avoir bien voulu lui faire place.)
Il aurait eu cent ans ce 18 mai, à quelques semaines du 15e anniversaire de sa disparition et du 40e de son premier voyage en France. C’est assez dire si l’année 2020 est symboliquement marquée par le souvenir de Karol Wojtyla. Et celui d’un pontificat d’exception par bien des aspects dont sa durée : 26 ans, 5 mois et 18 jours, le troisième le plus long de l’histoire de l’Eglise. Chacun garde en mémoire l’interminable agonie qui, vingt ans après l’attentat de la place Saint-Pierre, allait bouleverser des centaines de millions de fidèles à travers le monde et préparer l’opinion au « santo subito » faussement spontané du jour des funérailles. Vox populi, vox dei. La cause était entendue. Et le saint pape moralement embaumé pour l’éternité. Quinze ans plus tard, la crise accentuée de l’Eglise, le renoncement de Benoît XVI, le tsunami des scandales tant financiers que pédocriminels sont venus jeter une ombre sur ce pontificat. Au point de légitimer aujourd’hui la revendication d’un «droit d’inventaire ».
Vatican II, a minima
C’est la démarche que propose l’ouvrage de Christine Pedotti et Antony Favier : Jean-Paul II, l’ombre du saint, qui sort en librairie ce 4 juin après un long confinement dans les cartons de l’éditeur. (1) Venant d’une auteure qui, il y a peu, appelait sur Le Monde.fr à « décanoniser » Jean-Paul II, on pouvait redouter un brulôt à charge. (2) Ce que le livre n’est pas, même si la grille de lecture est engagée. Mais enfin on sait gré aux deux auteurs de nous fournir là un ouvrage très richement documenté – sans doute l’apport déterminant d’Anthony Favier, docteur en histoire contemporaine – qui ne sombre pas dans le manichéisme. L’ouvrage, qui ne prétend à aucune exhaustivité sur la vie du pape Polonais, apporte aux biographies existantes – dont celle de mon ami Bernard Lecomte (3) – un recul et un complément salutaires.
Il est essentiel, pour la compréhension, de resituer le contexte ecclésial dans lequel le cardinal Wojtyla, à la mort de Paul VI puis de Jean-Paul 1er, a été élu pape. Treize ans après la clôture de Vatican II, l’Eglise catholique s’est trouvée confrontée à une période de basculements sociétaux sans précédent, qui sont venus mettre à mal la mise en œuvre du Concile dans un monde qui n’était déjà plus celui de 1962 que l’Eglise se proposait de rejoindre et d’évangéliser. De là, le dilemme qui, depuis, n’a cessé de déchirer l’Eglise : fallait-il faire marche arrière ou considérer, à l’inverse, que l’aggiornamento – qui fut réellement « l’esprit » du Concile – devait être poursuivi à frais nouveaux ? Jean-Paul II, d’évidence plus proche de la première sensibilité, a choisi d’interpréter les actes du Concile a minima. Pour tenter de contenir les divisions et faire prévaloir une « herméneutique de la continuité ». Les deux auteurs, eux, plus radicaux, croient pouvoir affirmer à ce propos : « Il n’est pas exagéré de dire que le pontificat de Jean-Paul II a mis fin à toutes les espérances et les expériences de liberté initiées par le Concile Vatican II. »
Trois apports décisifs de Jean-Paul II dans la vie de l’Eglise
Cette lecture – qui sera contestée par certains – ne gomme pas pour autant, à leurs yeux, les aspects positifs d’un pontificat dont la première décennie fut, à sa manière, flamboyante. Au-delà de la contribution du pape Polonais à la chute du communisme – contributiont dont l’ampleur, controversée, est analysée par d’autres auteurs – , Christine Pedotti et Anthony Favier pointent trois apports décisifs de Jean-Paul II dans la vie de l’Eglise et ses rapports au monde. Le premier concerne la promotion des « droits humains » que le Magistère a longtemps situés en rivalité avec les droits de Dieu. Certes, la reconnaissance de ces droits préexistait largement dans la Doctrine sociale de l’Eglise. Mais qui en avait réellement connaissance et conscience avant que ce pape pèlerin-voyageur ne s’en fasse le héraut dans plus d’une centaine de pays sur les cinq continents ? Le deuxième apport, à la faveur du Jubilé de l’An 2000, a été de reconnaître la responsabilité collectivité de l’Eglise dans un certain nombre de crimes trahissant le message de l’Evangile : croisades, conversions forcées, inquisition… là où, de tradition, on préférait ne retenir que des dérives individuelles pour ne pas entacher l’image de « sainteté » de l’Eglise. (4)
La troisième enfin, par-delà le rassemblement d’Assise et la promotion des dialogues œcuméniques et interreligieux, qui demanderaient un examen nuancé, a été la réconciliation définitive du catholicisme avec le peuple Juif. Reconnaître en eux des « frères aînés dans la foi » qu’il n’y a pas lieu de vouloir convertir, voilà une révolution réellement copernicienne. Les auteurs écrivent à ce propos : « Le chemin que Jean-Paul II fit faire au catholicisme est décisif et il est, pour l’essentiel, à mettre au crédit de sa détermination personnelle à triompher des nombreux obstacles qui se dressèrent sur sa route. »
Des erreurs sur les femmes, les prêtres, les nouvelles communautés, la gouvernance de l’Eglise, la piété populaire…
D’autres aspects du pontificat, à l’inverse, sont versés par les auteurs au débit du pape Polonais. Non, comme on pourrait le penser, par pure idéologie « progressiste », arguant que : “de toute manière ils ne l’aimaient pas !“, mais parce qu’in fine, à y regarder de près, ils signent une forme d’échec du projet dont Jean-Paul II était porteur : restaurer la puissance de l’Eglise catholique. Or c’est bien d’une Eglise profondément en crise et affaiblie qu’a hérité Benoît XVI à sa mort et qu’il a du transmettre de manière précipitée à son successeur, dans les pires conditions, faute d’avoir su ou pu faire face. François le pourra-t-il à son tour ?
Dans sa détermination à reévangéliser la vieille Europe, le pape Polonais misait sur la famille et la place centrale qu’y tiennent les femmes « sentinelles de l’invisible » (Lourdes 2004), à l’image de Marie : vierge, épouse et mère ! En réaffirmant avec constance son hostilité à toute forme de contraception, comme il l’avait fait dès les années soixante en soutien à l’élaboration d’Humanae Vitae ; en plaidant pour « une égale dignité » de la femme, là où nombre d’entre elles, bien ancrées dans leur siècle, réclamaient en fait, « l’égalité » y compris dans la vie de l’Eglise – on songe ici aux religieuses américaines – il s’est aliéné d’incomparables pourvoyeuses de vocations.
Or, précisément, les vocations sacerdotales ont toujours été, pour Jean-Paul II la clé de voûte de la reconquête. « Si la question des prêtres, analysent Christine Pedotti et Anthony Favier, est au cœur de son pontificat, c’est parce qu’ils sont l’armée qu’il lève pour son entreprise de réarmement spirituel du catholicisme. » C’est pour servir la cause des vocations qu’il promeut la famille traditionnelle et condamne sans appel toute forme de conjugalité homosexuelle ; qu’il soutient inconditionnellement les mouvements et communautés nouvelles perçues comme autant de viviers vocationnels et ferme les yeux sur les dérives de certains de leurs fondateurs. On pense ici à Marcial Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ, dont Jean-Paul II préside à Rome le jubilé sacerdotal “pharaonique“ de 2004 – une quasi béatification de son vivant – entouré d’un aréopage de cardinaux, mais en l’absence remarquée de Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi qui lui « sait » déjà tout de ses turpitudes criminelles et en a, on l’imagine, informé le pape… en vain !
Aujourd’hui, après le passage du tsunami pédocriminel qui n’a pas encore révélé tous ses ravages – ni sans doute produit tous ses effets – et que Jean-Paul II n’a su ni voir ni prévenir, que reste-t-il de cette image idéalisée, magnifiée, sacralisée du prêtre ?
Il est vrai qu’en 2004, un an avant sa mort, Jean-Paul II était déjà très diminué. Voilà des années que la progression de la maladie de Parkinson était venue renforcer son désintérêt naturel pour la gestion de l’administration vaticane et plus largement la gouvernance de l’Eglise. Responsabilité laissée à la Curie, la légitimant de fait comme – seule ? – garante de la continuité de l’Eglise. « La curie, cette administration qui, parce qu’elle sert la papauté, n’hésite pas à désobéir aux papes. » Benoît XVI en sait quelque chose qui dut se démettre faute de parvenir à la soumettre ; et aujourd’hui François qui peine à lui imposer sa ligne réformatrice.
L’expérience du communisme de l’ancien archevêque de Cracovie lui a servi d’atout pour comprendre – et sans doute accélérer – l’effondrement de l’empire soviétique. Mais elle l’a aveuglé sur le risque réel que pouvait représenter la théologie de la libération en Amérique Latine, aujourd’hui quasiment réhabilitée. Au point de déconsidérer des personnalités aussi charismatiques que Dom Helder Camara ou Mgr Romero martyr de la foi. S’appuyer sur l’Opus Dei et les Légionnaires du Christ pour promouvoir une « piété populaire » moins politiquement engagée a eu paradoxalement pour effet de pousser des masses de fidèles dans les bras des communautés protestantes Pentecôtistes. Mouvement que François essaie aujourd’hui d’enrayer en développant, malgré un épiscopat majoritairement « Wojtylien ou Ratzingérien », ce qu’il appelle une « théologie du peuple ».
Il avait tout misé sur la restauration d’une Eglise puissante
D’autres aspects du pontificat seraient également à revisiter, avec le recul du temps. Il en est plusieurs, notent les auteurs, qui, derrière une première approche flateuse, semblent cacher un bilan plus mitigé. Deux exemples : si les JMJ ont assurément donné un coup de jeunesse à l’image de l’Eglise et galvanisé une « génération Jean-Paul II » puis « Benoît XVI », les statistiques concernant les vocations, qui en étaient l’un des enjeux, n’ont pas décollé pour autant (5); si le jubilé de l’An 2000 a drainé vers Rome, sur le tombeau des apôtres Pierre et Paul, quelque 32 millions de pèlerins, il n’a pas enrayé la baisse de la pratique religieuse dans les pays anciennement christianisés ! « A l’issue de cette longue année jubilaire, Jean-Paul II qui croit avoir remis l’Eglise catholique sur pied pour les mille ans à venir n’imagine pas que la décennie 2000 va être l’une de plus difficiles pour le catholicisme romain. » C’est peu dire !
L’heure des obsèques, en 2005, ne fut pas l’heure du bilan. Elle ne pouvait pas l’être ! Mais l’empressement à porter sur les autels ce pape d’exception fut assurément une erreur. Certains diront une faute ! Car aujourd’hui, ce qui relevait en lui – et relève toujours – d’une authentique sainteté se trouve suspecté au regard des ombres de son pontificat. « Peut-on canoniser un berger qui a laissé les loups dévorer les enfants ? » interrogent les auteurs, un peu abruptement il est vrai. (6) Mais sont-ils les seuls à penser ainsi ? même si, à ce jour, aucune preuve ne peut être apportée qu’il savait vraiment et n’a rien fait !
Les actes d’un pontificat qui ne fut pas que de sainteté !
Voilà un livre que certains pourront trouver « à charge » et qui ne l’est pas vraiment. Pour les raisons que j’évoquais plus haut et que l’on retrouve, de manière synthétique, en conclusion. « Jean-Paul II avait tout misé sur la restauration d’une Eglise puissante, affirmant la Vérité avec autorité, appuyée sur un gouvernement central fort, un pape charismatique, la main de Dieu sur terre, pouvant compter sur un clergé fort, sûr de lui et de ses prérogatives. » Aujourd’hui cette image est largement battue en brêche au niveau de l’Eglise universelle, affaiblie par les scandales pédocriminels. Chez nous, elle ne recouvre la réalité que de rares diocèses, mouvements ou communautés paroissiales de grandes villes qui s’imaginent volontiers en fer de lance, en « minorités actives », de la nouvelle évangélisation.
« François, poursuivront les mêmes, a-t-il fait des miracles depuis sept ans ? » Assurément pas ! Sauf que la crise à laquelle il doit faire face, qui ébranle aujourd’hui la puissance, la crédibilité et l’autorité de l’Eglise, s’enracine bien, pour une part, dans les pontificats précédant dont celui de Jean-Paul II ! Et que cette crise surgit dans un contexte de chamboulements planétaires : écologique, économique, migratoire, technologique, anthropologique, géostratégique et désormais satinaire… qui repose, à frais nouveaux, la question de l’aggiornamento « permanent » de l’Eglise catholique qui était, redisons-le, l’intuition profonde de Vatican II ! (7)
Alors, faire marcher arrière ou entrer avec confiance dans l’obscurité de l’avenir ? L’alternative reste aujourd’hui la même qu’à l’avènement du pontificat de Jean-Paul II. Il y a quarante ans !
(1) Christine Pedotti et Antony Favier, Jean-Paul II, l’ombre du Saint, Ed. Albin Michel 2020, 336 p. Sur son blog personnel Anthony Favier apporte quelques éléments complémentaires concernant Jean-Paul II et les affaires de pédocriminalité qu’on lira avec intérêt.
(2) Pétition initiée avec Anne Soupa aujourd’huite candidate à l’Archevêché de Lyon, l’une et l’autre cofondatrices du Comité de la Jupe et de la Conférence catholique des baptisé.e.s francophones (CCBF).
(3) Bernard Lecomte, Jean-Paul II, Gallimard collection de poche Folio 2006, 992 p.
(4) On a retrouvé le même déni dans les affaires de pédocriminalité et de dérives sectaires dans l’Eglise, où l’on n’a voulu voir, dans un premier temps, que des manquements ou des actes criminels individuels, là où le pape François a fini par reconnaître l’existence de causes systémiques (dont le cléricalisme) et donc la responsabilité collective de l’institution.
(5) Je garde en mémoire une rencontre au Vatican, dans les années 2000 où je dirigeais la rédaction de Pèlerin. Un cadinal de Curie m’avait confié que les JMJ n’avaient eu aucun impact réel sur les vocations sacerdotales. Elles avaient pu, ici ou là, conforter des vocations déjà latentes mais n’en avaient sans doute fait naître de nouvelles que de manière marginale, bien en deçà des espérances.
(6) Pour ma part, je me souviens avoir publié à deux reprises sur ce blog, lors de la béatification de 2011 puis de la canonisation de 2014, des billets exprimant une perplexité personnelle que je savais partagée.
(7) Une intuition que le pape François reprend à son compte en convoquant, pour 2022, un Synode sur la synodalité dont on voit bien qu’il est au cœur de son projet réformateur.
Merci pour cette belle recension – j’hésite aujourd’hui à lire ce livre de peur d’y perdre le peu de confiance qu’il me reste dans l’Eglise.
Sur ce point : « venus mettre à mal la mise en œuvre du Concile dans un monde qui n’était déjà plus celui de 1962 que l’Eglise se proposait de rejoindre et d’évangéliser ».
Ce qui est intéressant est que Vatican II à été vu comme un genre de « refondation » : on ouvre le capot, on ajuste ce qui doit l’être, puis on referme et on repart pour 1000 ans. Il y a un côté « plan quinquennal » presque soviétique.
Le problème est que, même pas 10 ans plus tard, le monde avait déjà trop changé. Ce problème n’est pas propre à l’Eglise : depuis 50 ans, le succès appartient aux organisations « mutantes », c’est à dire capables de saisir dans chaque instant les opportunités de se transformer. Les « traditions » qui étaient auparavant des forces sont devenues des faiblesses, bloquant quasi-systématiquement les évolutions pourtant reconnues nécessaires par la plupart (Lire à ce titre Nassim Nicholas Taleb, ou encore Philippe Silberzahn).
L’exigence d’inculturation de l’Eglise est de toujours puisqu’elle est incarnée dans un monde divers et mouvant. J’ai cété très frappé à la lecture de Bernard Sesboué, de l’insistance avec laquelle il eplique que l’enjeu principal des premiers conciles œcuméniques de Nicée et Constantinople étaient moins la fixation du dogme concernant la double nature du Christ, selon lui déjà acquise dans les communautés, que la nécessité, déjà, d’inculturer dans une culture hellénistique correspondant au nouveau terrain de la mission, un christianisme né dans une culture sémitique.
Notre confiance dans l’Eglise doit-elle dépendre de la qualité de ses pasteurs ? C’est une tentation trés humaine. Le livre de Pedotti et Favier a le mérite de rappeler que les grands hommes restent… des hommes et font parfois écran . L’épiscopat français actuel fait honnêtement son travail , mais force est cependant de reconnaître qu’aucune figure charismatique n’émerge du lot .C’est peut-être aussi bien ainsi. Mieux vaut s’adresser au Bon Dieu qu’a ses saints, dit l’adage . L’Eglise et ses pasteurs sont là pour nous rassembler dans la célébration du Seigneur, ne lui en demandons pas beaucoup plus . François, dés les premiers jours de son pontificat, a coupé court aux acclamations de la foute (« Fran-ces-co, Fran-ces-co »…) en disant que c’était le nom de Jésus qu’il fallait acclamer. Sage conseil.
Quelle lecture purement idéologique et quelle confusion entre sainteté et perfection !
Non, c’est vous qui mettez de l’idéologie dans le fait qu’un pape « canonisé » ne peut rétrospectivement qu’être encensé pour chacune de ces actions. A-t-il laissé à ses successeurs une Eglise en bon état de santé ?
Par ailleurs on peut faire siennes les réserves ici formulées sur ce pontificat sans adhérer au projet de décanonisation qui a le même côté gratuitement provocateur que la candidature d’Anne Soupa à l’Archevêché de Lyon.
Encensé pour chacune de ses actions ? Je disais précisément le contraire en disant qu’il ne fallait pas confondre sainteté et perfection !
Je vous rejoins donc complètement sur votre deuxième paragraphe, René, trouvant ridicule cette provocation qu’est le projet de « décanonisation » de Jean-Paul II auquel prétend Christine Pedotti.
Quand je parlais d’idéologie, c’était à propos de ce fameux « esprit du Concile » toujours opposé à ce qu’a dit le Concile Vatican II et qu’a mis en œuvre entre autres Jean-Paul II sans qu’il soit question de « retour en arrière »
La crise de l’Eglise ne date pas de Jean-Paul II, elle trouve ses racines bien longtemps avant, et bien longtemps avant Vatican II ; alors, il est un peu facile de dire qu’il a laissé l’Eglise dans un état pire que celui dans lequel il l’a trouvée ; je pense même que sans son pontificat elle serait sans doute dans un état pire encore…
… mais pas pire pour autant que certaines périodes de l’histoire !
Je comprends mieux ! Pour autant je pense qu’il existe, de fait, un « esprit du concile ». Bien des conciles ont été convoqués en période de crise pour trancer une question dogmatique ou doctrinale qui divisait l’Eglise. Là, pour la première fois, ce n’était pas le cas. Et je considère, avec nombre d’observateurs, que l’idée même d’aggiornamento, comme exigence d’inculturation, non pas ponctuelle pour rattraper le temps perdu, mais permanente, à travers l’institution de la synodalité, correspond bien à cet esprit du Concile.
A mon tour, je comprends mieux ce que vous voulez mettre sous ce terme « esprit du concile » ; si par là vous retenez le souci permanent d’aggiornamento comme exigence d’inculturation, si vous voulez dire qu’il faut davantage de synodalité, je peux vous rejoindre.
L’Eglise « semper reformanda », oui, mais on a tellement mis tout et n’importe quoi sous le terme « esprit du Concile » que je sors vite mes griffes quand j’entends cela !
Ni retour en arrière ni fuite en avant, vivons dans le présent !
« un pape canonisé ne peut qu' »être encensé »
Pas du tout, un canonisé n’est en aucun cas un homme parfait auquel il n’y aurait rien à reprocher. Jean-Paul II a commis des erreurs,des fautes mais celà n’enlêve rien à ce qu’il a fait par ailleurs et son ‘n’ayez pas peur » qui donc l’avait prononcé avant lui?
@Dominique.
Apparement, pas mal de monde : (https://fr.wikipedia.org/wiki/N%27ayez_pas_peur) « N’ayez pas peur est une expression qui fait généralement référence à une injonction biblique dont on relève trois cent soixante-cinq occurrences dans les Écritures1. Dans le cadre néotestamentaire, ce sont des paroles attribuées à Jésus de Nazareth à plusieurs reprises, notamment dans l’évangile de Matthieu, lors de l’épisode de la Transfiguration (Mt, 17, 72) ou encore dans l’épisode de la Marche sur les eaux, rapportée entre autres dans l’évangile de Jean (Jn, 6, 20)3. Cette phrase a notamment été reprise par le pape Jean-Paul II lors de sa messe d’intronisation, le 22 octobre 1978. »
Pour le reste il y a tout de même un problème : Canoniser quelqu’un n’est pas juste reconnaître sa sainteté (dont je ne doute pas concernant JP2), c’est aussi l’ériger en « Canon », en modèle. Ce qui est est beaucoup + soumis à discussion.
Prendre un modèle ça ne veut pas dire pour autant qu’on le prend comme unique et par faite référence puisque le seul modèle parfait c’est Jésus Christ Or aucun homme n’est parfait, Pierre n’était pas parfait, Paul non plus et quand il disait « prenez-moi-moi pour modèle il ajoutait aussitôt mon modèle à moi c’est le Christ » Je suis intimement persuadé que Jean-Paul II ,tout au long de sa s’est efforcé de suivre le Christ Trouver des fautes chez quelqu’un rien n’est plus facile surtout si en plus la personne en question ne nous plaisait pas en prenant des décisions à l’encontre de nos idées
@Emmanuel,votre discours selon lequel le « N’ayez pas peur ‘ repris par par Jean Paul ii n’en n’est pas l’auteur pour autant ne m’apprend absolument rien si ce n’est que çà souligne l’audace dont il a alors fait preuve.
Mais, Emmanuel, quelle conception de la sainteté avez-vous !
Canoniser quelqu’un,donc reconnaître sa sainteté, ce n’est pas le l’ériger en modèle.
Quand le Cardinal Lustiger voulait ouvrir la béatification de Jacques Fesch, ce n’était certainement pas pour ériger en modèle le meurtre d’un gardien de la paix.
Quand Jésus dit au Bon Larron : « Aujourd’hui, tu seras avec moi en Paradis », ce n’est pas non plus pour l’ériger en modèle (le larron dit lui-même « pour nous c’est justice »), mais parce qu’il se tourne vers Jésus et son infinie miséricorde (« Souviens-toi de moi quand tu viendras avec ton Royaume »)
Euh … bien si, c’est tout de même pour l’étriger en modèle. Sinon à quoi bon ! Concernant Jacques Faech le modèle n’est pas l’assassin mais le repenti. Idem pour le bon larron ! !
Oui, si vous voulez, René, mais le modèle n’est pas toute la vie de ces deux-là, seulement leur attitude à l’heure du supplice et de la mort.
Il en va de même pour tous les saints, idem pour Charles de Foucauld qui va bientôt être canonisé, ce ne sont pas des modèles de perfection tout au long de leur vie, mais des conversions radicales, des vies qui se tournent vers le Christ, c’est cela qui est beau.
Sauf qu’il y a les oubliés… J’ai été très proche de l’abbé Pierre qui, dans le cœur des Français, apparaissait come un saint homme ! Peu probable que le diocèse de Paris (responsable puisque c’est à Paris qu’il est mort) se précipite pour instruire un procès en béatification… Il sent trop le souffre ! Tout cela nourrit depuis longtemps ma perplexité !
@Michel et Dominique : je distingue totalement la sainteté, qui nous est donnée par le Christ, de la canonisation, qui est déclarée par l’Eglise.
L’Eglise fait elle aussi la différente, puisqu’elle parle de « canonisation » et non pas de « sanctification ».
Il faut espérer qu’il y ait bien plus de Saints que de canonisés, l’Eglise ne faisant « que » définir parmi les Saints (attestés par les miracles) ceux qu’elle « canonise » (au terme d’une enquête méticuleuse).
Par ailleurs, l’une des conséquence de la canonisation étant de permettre la vénération publique du Saint, il me semble qu’il y a tout de même un réel objectif de mettre en exemple sa vie.
Bref, je ne doute pas que Saint Jean Paul 2 soit un grand homme, je pense juste qu’on aurait pu au moins attendre les 28 ans qu’il a fallut pour l’immense petite Thérèse.
Pour la plaisanterie, on notera que l’église qui met des dizaines d’années pour se transformer n’en a eu besoin que de 6 pour déclarer Jean Paul II Saint ! Comme quoi elle sait faire les choses rapidement lorsqu’elle est motivée.
Et si vous voulez bien, j’ajoute que Dieu seul est saint !
Pour ma part j’ai toujours souhaité qu’on s’en tienne là !
@ Emmanuel
Oui, je vous suis dans votre distinction entre sainteté et canonisation, et c’est du reste la raison pour laquelle j’ai un attachement particulier pour la fête de la Toussaint, de tous ces saints anonymes dont nous parle l’Apocalypse et dont les noms sont inscrits dans le cœur de Dieu.
Je ne suis pas aussi persuadé que vous que la non partialité de cet ouvrage ne le doive majoritairement qu’à Anthony Favier .
On peut ou non partager les options de Christine .Cela ne suffit pas à mettre en doute le sérieux de son travail comme on avait pu le constater dans son livre sur Vatican II .
En ce qui me concerne je considère qu’un ouvrage engagé peut aussi être intellectuellement honnête et solidement documenté .
Personne ne peut prétendre dresser un diagnostic objectif du .pontificat de Jean Paul II .
Christine et Anthony Favier assument ces présupposés méthodologiques. On ne peut que s’en féliciter.
Ce n’est pas ce que j’ai écrit. J’ai attribué à Antony Favier le fait que le livre était très documenté, pas son impartialité qui tient de fait à l’honnêteté des deux auteurs !
Avec le recul et en lisant les textes de Vatican II , on s’aperçoit qu’ils ont envisagé la modernité à partir d’une vieille grille de lectur : la place prééminente: de l’église dans nos sociétés et le fait qu’elle soit toujours le référent principal de celles ci ( quelles s’y soumettent ou s’y opposent ).
En ce sens , dans son effort de restauration de la puissance de l’eglise , Jean Paul II a fait la même analyse, qui s’est révélée fausse .
Sesboue comme Küng insistent sur l’impératif de l’acculturation de l’eglise aux différentes sociétés au cours de son histoire .
Vatican II a fait la moitié du chemin en méconnaissant la relativité de la place de l’église dans le monde de ce temps .Jean Paul II en dépits des trois apports majeurs que souligne le livre , n’ a pas pu , voulu (?) penser une évangélisation au moyen d’ une église réellement « servante et pauvre » , ce qui constitue toujours un défi aujourd’hui
Il sera difficile à relever avec un clergé et les fidèles restant , manifestement identitaires .
La théologie de la libération malgré ses risques réels, la théologie de l’enfouissement la plus spirituellement exigeante contrairement aux apparences étaient et sont encore des voies d’avenir que l’église a rejette encore sans discernement .
J’entends bien. Cette inculturation – pour toute souhaitable qu’elle soit – est-elle néanmoins seulement envisageable ?
Le désarroi de Benoit XVI est palpable lorsqu’il dit : « Il y a cent ans, on aurait jugé encore absurde de parler de mariage homosexuel, aujourd’hui, on est excommunié quand on s’y oppose ». Il ne peut tout simplement pas comprendre que les choses changent aussi rapidement !
Est-ce que l’instabilité de la culture actuelle n’est pas telle que toute inculturation serait immédiatement dépassée ? Est-ce qu’une piste possible serait de prendre beaucoup de hauteur par rapport a notre époque ? De renoncer à prendre part à tous les débats éthiques possibles (dans lesquels il y a par ailleurs surtout des coups à prendre).
D’accepter en fait que l’Eglise n’a plus à dire au monde ce qu’il doit faire, elle doit se « contenter » d’annoncer l’Evangile.
A Emmanuel ,
Ce qui est le handicap de l’Eglise ,ce n’est pas ce qu’elle a à dire au monde mais la manière dont elle le fait :
-D’abord la méthode qui refuse de s’inscrire dans l’histoire : plaquer sans aucune chance de succès une doctrine figée, se référant à des concepts anachroniques, voire anthropologiquement faux, sur le vie concrète des gens
– Ensuite le langage qui prétend enfermer la richesse de la vie spirituelle dans des concepts juridiques .
-Puis l’interprétation sur le mode binaire permis /interdit qui exclut de pouvoir dire quoi que ce soit de la complexité ambivalente de la réalité vécue
– Enfin l’hypocrisie comme éthique puisque l’église persiste dans le déni de réalité pour ne pas questionner son langage (alors même que ses propres pratiques n’en respectent pas les exigences )
Paradoxalement lorsque l’église ne mélange pas la fin et les moyens en idolâtrant les moyens perçus comme constitutifs de son identité , son message est très bien accueilli . Notre monde entend et perçoit la nécessité du soin du prochain, du respect de l’autre parce qu’il est la condition de notre propre humanité. Malheureusement notre monde l’écoute d’autant plus qu’il n’émane pas d’une église devenue inaudible .
C’est ce qui me révolte:, cette manière de gaspiller un tel héritage dans le seul but de pérenniser cette maxime incomprise : hors de l’église point de salut . Subordonner l’annonce de l’Evangile a une forme d’église alors que c’est le contraire qu’il faut faire , que Vatican II a initié et que Jean Paul II a tué dans l’oeuf .
« Vatican II a donné à l’Eglise les moyens de guérir de ce schisme (entre elle et le monde) en proposant une conception mystique de la foi, qui , concentrée sur l’essentiel, fait appel sur l’expérience humaine et offre aux humains radicalement fragilisés par la mondialisation, les moyens de communication et par la fragmentations leurs vies , asile et solidarité pour leur existence quotidienne » J’emprunte cette citation au théologien Christophe Theobald qui résume parfaitement ce qu’est » l’esprit du concile Vatican II » (Le concile Vatican II , Quel Avenir ? Ch Theobald éditions du Cerf p 269)
@Guy : « Ce qui est le handicap de l’Eglise ,ce n’est pas ce qu’elle a à dire au monde mais la manière dont elle le fait » => les deux ne me semblent pas exclusifs, on peut tout à fait se tromper sur le fond et sur la forme 🙂
Il me semble que sur bien des sujets (le mariage pour tous, l’avortement, la pma, etc…) l’Eglise n’a en réalité pas grand chose à dire. Non pas qu’il n’y ait rien à dire dans l’absolu, mais ce sont des sujets à la fois trop récents et trop complexes pour que l’on puisse dès aujourd’hui statuer « per semper ».
Je vous rejoint totalement en tout cas sur l’accueil du message quand au soin du prochain, au respect de l’autre… et j’ajouterai même : Parler de la résurrection, de la Foi en la vie éternelle intéresse tout à fait notre époque pour peu que l’on en soit convaincu et que l’on ne cherche pas a les imposer, ou pire, à les présenter comme une rétribution de privations quelconques.
Je suis un « petit jeune » ici, né 10 ans après Vatican 2. Je ne suis pas convaincu que ce concile ait réellement donné les moyens de « guérir le schisme » qui n’a depuis cessé de s’élargir : sous Paul VI, sous JP2, sous Benoit XVI… et même aujourd’hui avec François. C’est un peu ce qui m’inquiète : la génération précédente avait probablement plus « d’atouts » ou de « moyens » que la mienne, elle n’a pas ménagé ses efforts, et il n’a pourtant pas été possible d’inverser le cours des choses.
Que voulez-vous dire lorsque vous écrivez : « Je ne suis pas convaincu que ce concile ait réellement donné les moyens de « guérir le schisme » qui n’a depuis cessé de s’élargir. » Ou plus exactement de quel schisme parlez-vous ? Le schisme Lefebvriste ? Il est postérieur au Concile ? Ce que l’on appelle le schisme silencieux : c’est-à-dire l’hémorragie des fidèles ? Mais il est également pour une part postérieur !
Je faisais référence a la citation de Guy : « Vatican II a donné à l’Eglise les moyens de guérir de ce schisme (entre elle et le monde) ».
Je ne me rend pas compte de quand il date (au moins du 28 juillet 1968, peut-être avant).
Pour ce qui est du schisme Lefebvriste, il me semble pour le coup que JP2 puis Benoit XVI l’ont contenu avec pas mal d’adresse (a mettre en perspective avec ce que cela à coûté).
Emmanuel reprenait la formule contestable de Théobald citée par Guy « schisme entre l’Eglise et le monde »…
A René ,
Le « schisme » entre les fidèles et le magistère est bien antérieur à Vatican II . Le poids de l’église dans la société
et la pression sociale qu’elle exerçait le rendait invisible .En reconnaissant la légitimité de la liberté de conscience , dans un contexte qui remettait en cause les institutions , il est devenu visible . France pays de mission date de 1943 me semble t il .Vatican II a été à la fois un catalyseur et un révélateur de ce schisme silencieux C’est pourquoi les tradis en font un bouc émissaire .
Il est clair qu’il s’agit du schisme global engagé par la fermeture prématurée du concile et la reprise en main qui a suivi, ce schisme dont Claude Dagens disait « Deux interprétations du christianisme se font face? Soit Dieu est l’anti-mal et le camp du bien fait la guerre au camp du diable; et Dieu est plus le dictateur suprême que le père du fils prodigue. Soit nous croyons que « Dieu n’a pas envoyé son fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3.17). Avec certains qui se réclament d’un catholicisme dur, implacable, intransigeant, nous n’avons pas le même Dieu. Il faudra nous l’avouer ». JPII puis BXVI craignant le père du fils prodigue ont fait sans s’en rendre compte trop de concessions au dictateur suprême.
Il n’y a pas de schisme des fidèles mais un schisme de l’institution comme l’indiquent Théobald et tant d’autres chacun à leurs manières.
Comme dans le Grand schisme de 1054 où les Orthodoxes considèrent que c’est l’Eglise catholique qui est schismatique, eux-même étant… orthodoxes !
Rien à voir avec le schisme de 1054 ou ceux qui suivirent (anglicanisme, réforme). Depuis 70 ans la majorité de l’Église, pas qu’en France, « vole de ses propres ailes » ayant appris à lire, écrire, philosopher, moraliser et théologiser sans béquilles officielles. Un théologien espagnol, jésuite si ma mémoire est bonne, avait théorisé au début du XVIIème la possibilité d’un schisme par lequel l’institution quitte l’Église. Il a déclaré impossible cette possibilité. Mais les temps ont changés, l’image de l’institution a commencé de pâlir, de plus en plus visiblement à partir de la Renaissance, et dernièrement, dernière « vague » depuis 55 ans, à partir de PVI. S’en rendant compte, l’institution n’a pas su prendre à temps les bonnes décisions en sorte qu’il faut bien admettre que l’institution et une bonne partie de ses quelques fidèles (1 petit million de donateurs au denier du culte) est en train de quitter l’Église, sauf à considérer que l’Eglise (institution et ses fidèles) se fait groupusculaire. Inconcevable? Peut-être, mais à la vitesse où cela s’est produit et se poursuit, il ne serait que temps de voir la situation sous cet angle aussi et pas que sous celui de l’Église traditionnelle que le peuple de Dieu ne reconnait plus et dont il se méfie.
A Emmanuel
La question est bien celle là .Il ne s’agit pas de prendre des positions pour toujours , figées dans le marbre .Il s’agit de donner ici et maintenant des critères de discernement pour aider chacun à toujours « choisir la vie »
(Deuteronome chapitre 30) dans la complexité des situations et les difficultés auxquelles il est confronté .L’Écriture nous dit les expériences diverses et variées contextualisees de ceux qui empruntent ou non les voies du Seigneur tout au long de la première comme de la . seconde alliance . La Tradition de l’Eglise aussi Mais plutôt que de la commenter pour la livrer à la méditation de chacun et donc nourrir sa vie spirituelle , le magistère la réécrit sous forme de code pénal.
Un vrai gâchis. Peut-être même une trahison . En tous cas une cause de désespérance , donc de schisme .
j’ai confié en ces termes mon désappointement lors de la canonisation de JPII et JXXIII a un ami prêtre : « L’un n’en avait pas besoin, pour l’autre c’est plus que discutable » et ajouté: « peut-être est-ce habile car ceux qui rejettent le 1er et adulent le second ne pourront rien dire ». Il répondit « c’est pas con ».
A l’inventaire des auteurs, j’ajouterai le nombre sans précédent de canonisations, l’absence de souci pour les finances du moins en apparence (à quand un un bilan par pontificat?), le glissement politique vers des pouvoirs forts aux Amériques, comme s’il y avait eu une diplomatie discrète commune avec les Républicains des USA et dont la condamnation de la théologie de la libération fut l’aspect visible.
Enfin, pour ce qui est de la jeunesse, l’intérêt qu’il y aurait à étudier la relation entre politique de la famille et évolution démographique, en particulier dans les pays considéré comme des bastions catholiques.
A René ,
.Sauf erreur de ma part l’appellation « grand schisme » s’applique à celui qui déchira l’église entre 1378 et 1417 .
A cette époque il y eu trois papes . . L’église a encore une grande marge de manœuvre pour atteindre ce niveau là Nos Éminences et Excellences devront encore persévérer dans leurs efforts ..Ils peuvent mieux faire .
Je me suis mis en retrait de l’église institution, pour son attitude vis-à-vis des pêcheurs que nous sommes tous, en revanche, je ne suis absolument pas en retrait mais pleinement d’Église, car nous en sommes tous les constituants légitimes et nécessaires et éternels. Nous sommes Corps du Christ, humanité de Dieu. A ce titre, mon baptême n’est pas une carte d’adhésion à un quelconque parti mais ma feuille de route en vue de la réalisation d’une mission, d’un appel, d’un témoignage personnalisé. Dans ce cadre je ne me sens pas particulièrement concerné par ces échanges certes passionnants, mais qui me semble situés à des années-lumière de l’apport, pour moi explosif, de nos papes depuis Jean XXIII.
Par Humanae vitae, la Théologie du Corps, son complément l’encyclique « Deus Caritas est », complétés par l’action du poverelo qui inspire le pape François, nous sommes au cœur de la Fécondité Divine, du Mystère Divin…On comprendra que cette évolution ne puisse se dérouler simplement, car toutes les déviances possibles sont telles qu’elles paniquent, même les plus convaincus. Poursuivons le raisonnement jusqu’au bout : en rapprochant divers évènements comme : cette campagne justifiée contre la pédophilie, laquelle ne constitue en rien une nouveauté, si l’on en croît Marie Jo Thiel, Claude Langlois, et bien d’autres…, la mise au pilori d’un certain nombre de croyants exprimant des avis, disons plus progressistes, la remise en question du bilan de l’action du pape jean Paul II, telle que décrite dans ce fil, et contestée ailleurs par son biographe, la lettre inédite de Benoist XVI mettant en cause sa propre responsabilité dans une dérive attribuée aux évènement de Mai 68… on peut simplement comprendre que nous ne sommes pas encore prêt pour l’éclosion de cette bombe à retardement, que constitue, selon Yves Semen, la théologie du Corps !
Lors de sa première catéchèse du 5 septembre 1979, s’appuyant sur Mt 19,3 Mc 10,2. le pape Jean Paul II inaugure une série de conférence visant à creuser l’expression « des origines » employée avec insistance par le Christ.
[… Cependant cette expression significative « dès l’origine », deux fois répétée, conduit clairement les interlocuteurs à réfléchir sur la façon selon laquelle dans le mystère de la création l’homme a été formé précisément, comme « homme et femme », pour comprendre correctement le sens normatif des mots de la Genèse. Et ceci n’est pas moins valable pour les interlocuteurs d’aujourd’hui que pour ceux d’autrefois…] (TDC-001)
Ces 129 catéchèses réhabilitent le Corps, et donnent une Corporéité à « l’Amour ». Ce n’est donc plus l’homme qui est image de Dieu mais le couple : « Dieu créa l’Homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; homme et femme il les créa ».
Il me semble que la difficulté est que cela change tout, conférant aux couples, la primeur dans la coopération avec Dieu, dans une grande aventure Trinitaire… c’est peut-être cela « la sainteté ». Dangereux, oui, mais n’est pas ici une redéfinition du fameux « péché originel » ? Ici, on pourrait peut-être penser à tous ceux qui ont abusé d’autrui au nom du Christ…
Notre Dieu n’a pas de mains….
Notre Dieu n’a pas de mains
Il n’a que nos mains pour construire le monde d’aujourd’hui.
Notre Dieu n’a pas de pieds
Il n’a que nos pieds pour conduire les hommes sur son chemin
Notre Dieu n’a pas de voix
Il n’a que nos voix pour parler de Lui aux hommes
Notre Dieu n’a pas de forces
Il n’a que nos forces pour mettre les hommes à ses côtés
Nous sommes la seule Bible que les hommes lisent encore
Nous sommes la dernière parole de Dieu
L’Évangile qui s’écrit aujourd’hui
(Un mystique rhénan (XIV -ème siècle) source Google)
Pour ma part, je commence à en avoir assez de ces diverses initiatives de « catholiques d’ouverture » (comme vous dites, René), ou de progressistes dans l’Eglise, souvent bien introduits dans les sphères ecclésiales, et qui semblent s’être donnés le mot depuis le confinement, pour accélérer une entreprise de discrédit de tout ce qui se passe dans l’Eglise, et notamment de tout ce qui a été entrepris par les gens de la génération précédente à la leur, qu’ils ont assez rarement critiqués aussi vertement et aussi clairement de leur vivant et quand ils étaient en responsabilité.
Christine Pedoti et Antony Favier ne font pas une critique purement « à charge », dites-vous dans votre recension. « La Croix » n’est pas de votre avis. Christine Pedoti avait initié une pétition pour « décanoniser » Jean-Paul II, elle était sur la même ligne que les gens de la Fraternité Saint Pie X qui n’ont pas de mots assez durs contre elle ou contre Anne Soupat. Rien de moins »clérical » que le principe: « Vox populi, vox Dei » en matière de canonisation. Le « peuple de Dieu » a ressenti la grandeur de ce pape, les auteurs ne la reconnaissent pas, car il paraît que le « santo subito » n’avait rien de « spontané ». Le livre le prouve peut-être, votre recension ne le développe pas.
Les auteurs décrètent que Jean-Paul II voulait restaurer « la puissance de l’Eglise catholique ». Ne confondent-ils pas la représentation qu’on a eue de l’action de Jean-Paul II dans l’Eglise et dans le monde avec les intentions du pape, lesquelles ont probablement évolué au cours de son pontificat -il y a certes eu inflexion-, sous l’effet conjugué d’un rétrécissement de son humanisme des débuts de son ministère pétrinien, d’un retour à la philosophie de sa jeunesse (« Personne et acte »), de sa maladie et de l’âge? Il n’en demeure pas moins que sa persévérance à tenir malgré sa maladie est un bel exemple de refus de reniement de la Croix et d’art de la porter en public et devant tous.
Jean-Paul II n’avait pas la limpidité stylistique de son successeur dans son enseignement, même ci celui-ci fut traversé de formules extraordinaires comme « les femmes, sentinelles de l’Invisible », cela a été souligné par un commentateur avant moi. Benoît XVI fut un catéchète hors pair, Jean-Paul II fut un pasteur. Quant à François, il ne « fait pas de miracles ». Il est certainement plus proche du peuple et de ses fidèles, mais essentiellement de fidèles qui ont son âge ou qui ont dix ans de moins que lui, il ne faut pas se le cacher, qui attendaient beaucoup de lui et qui en sont déçus, sans doute parce qu’ils croyaient que François seraient l’ambassadeur et l’instrument de leur programme et de leur agenda caché pour l’Eglise, or il n’a jamais signé de deal avec eux. Ils ont été floués et c’est justice, François est sorti de leur cadre dans lequel il n’avait jamais promis d’entrer, personne n’appartient à personne et François a échappé à des affidés à qui il ne demandait pas de tracer sa feuille de route.
Les auteurs disent encore que Jean-Paul II avait misé sur la « piété populaire ». Pardon, mais ce sont des mots de François. François a lu Michel de Certeau, Jean-Paul II pratiquait la dévotion privée (cf. sa proclamation du dimanche de la miséricorde), plutôt que la piété populaire conçue comme devant capitaliser des résultats pastoraux si on y revenait, comme ce me semble avoir été le calcul de François.
Les auteurs prétendent que François a essayé de ramener les fidèles du pentecôtisme à un catholicisme populaire, chemin inverse que celui que leur aurait fait faire l’option de Jean-Paul II pour le charismatisme. C’est oublier qu’on définissait le cal Bergoglio à son arrivée au souverain pontificat comme un « catholique évangélique », non pas proche des pentecôtistes évangéliques, mais partageant avec eux la proximité avec le texte des Evangiles, ce qu’il n’a cessé de prouver depuis en étant « un pape plein d’Evangile », contrairement peut-être à ses prédécesseurs qui étaient plus pénétrés de doctrine.
C’est en partie faire injure à Jean-Paul II de dire qu’il a fermé sciemment les yeux sur les dérives abusives de certains fondateurs de « communautés nouvelles ». Ces dérives sont vieilles comme l’Eglise. Elles sont certes inhérentes au charismatisme en tant que tel, mais elles sont surtout la conséquence d’une discipline ecclésiastique impraticable, où « qui veut faire l’ange fait la bête ». François a certes reconnu « la culture de l’abus », mais il ne s’est pas attaqué à ses causes. Il les a même banalisées en rappelant que la plupart des abus sexuels sur mineurs se pratiquaient dans les familles. Affirmer sans preuve que Jean-Paul II savait, y compris pour MartialMaciel en 2004 alors qu’il était gravement malade et à un an de sa mort, relève de la calomnie. Si pourtant il a choisi d’ignorer les abus sexuels dans l’Eglise alors qu’il refusait le préservatif comme un « moindre mal » serait une incohérence, mais tout grand homme a les siennes, et je souhaite aux auteurs de ne pas avoir les leurs.
Bref, grands diseux et petits faiseux intentent un procès à grand diseux et grand faiseux. Ca commence à bien faire.
Julien, il faudra attendre que votre colère retombe. Vous vous relirez et comme vous êtes honnête vous découvrirez vous-même les impasses auxquelles vous conduisent votre désir de défendre Jean-Paul II sur tous les fronts. Il ne servirait à rien que je reprenne vos assertions une par une. Deux points néanmoins : ce que vous appelez de la calomnie est parfaitement documenté dans le livre : si JPII était si malade en 2004 (ce qui était le cas) que ne s’est-il abstenu de dérouler le tapis rouge à Marcial Maciel alors que Ratzinger avait percé à jour les perversions du personnage ? Quant au santo subito, il est aujourd’hui admis par tous que l’opération « banderoles » fut montée par les Focolari.
Mais vous discréditez votre propos dès la première phrase en évoquant ceux « qui semblent s’être donnés le mot depuis le confinement, pour accélérer une entreprise de discrédit de tout ce qui se passe dans l’Eglise ». Parce que vous imaginez que pour publier un livre sur Jean-Paul II, à l’occasion du centenaire de sa naissance, on s’y prend à la faveur d’un confinement ? En mars, comme je l’explique, le livre était déjà imprimé et confiné dans les cartons de l’éditeur.
Guy Legrand, qui intervient régulièremet sur ce blog a eu, concernant Jean Paul II, une expression heureuse que je lui emprunte : dans le santo subito, ce que je conteste n’est pas le santo mais le subito ! Sans aucun doute Jean Paul II est-il saint, ce que j’écris en toutes lettres dans mon article, mais vouloir le porter sur les autels aussi vite, en pensant le protéger ainsi de tout « inventaire » ultérieur de son pontificat fut une faute. Libre à vous de penser différemment et de l’exprimer ici, en toute liberté !
Les banderoles étaient sûrement orchestrées, cependant on ne peut pas nier l’immense popularité de Jean-Paul II. Le temps a passé et pourtant je me souviens parfaitement de la stupéfaction, non pas tellement de la mort de Jean-Paul II, mais du déferlement populaire et de l’émotion planétaire qui a suivi. Depuis l’afflux des romains sous ses fenêtres pour le « veiller » jusqu’aux trains pris d’assaut pour se rendre à Rome, des files d’attente de plusieurs heures qui remontaient toute la via della conciliazione, les gens qui étaient prêts à rester là des jours s’il le fallait (!), des gens qui pleuraient comme s’ils avaient perdu leur grand-père, des millions de personnes qui ont envahi Rome en quelques jours, des funérailles suivies aux 4 coins du monde, des milliers d’accréditations pour les journalistes , des chefs d’état et de gouvernement comme cela ne s’était jamais produit etc etc…Bref c’était réellement un événement historique…qui a stupéfait beaucoup de monde, moi la 1ère ! Du coup on n’entendait pas du tout il est vrai les voix critiques…Mais je crois sincèrement (indépendamment du droit d’inventaire de son pontificat et de ses parts d’ombre) que ce pape avait vraiment une place très très particulière dans le coeur de nombreux catholiques, de beaucoup de jeunes et de pas mal de gens en général. Il suffit de voir les vidéos hommage sur lui sur you tube, le nombre de vues, le nombre de commentaires, c’est proprement hallucinant. C’est une star ! (on peut le déplorer mais c’est ainsi, sa personnalité, son immense charisme sans doute y était pour beaucoup)
A Julien .
La position du journal « La Croix » sur le livre de Christine et Anthony Favier est bien évidemment circonscrite par le respect de sa ligne éditoriale qui est de ne pas être en opposition avec le magistère de l »Eglise .
Celui ci ayant canonisé Jean Paul II , tout argument qui conduit à relativiser cette qualification n’est à priori pas recevable . »La Croix » ne pouvait donc que considérer ce livre que comme « à charge »
Aussi honnête soit il , un journaliste salarié est tenu de se conformer à la ligne éditoriale de son journal
Simple respect de son contrat de travail .
En ce qui concerne Jean Paul II la simple honnêteté oblige à distinguer l’action du chef d’Etat , celle du garant de l’unité de l’église et celle du témoin de l ‘Evangile dans la compréhension de son action .Un difficile travail qui exige beaucoup de temps pour établir les faits , les contextualiser, les analyser, et proposer une interprétation fondée et argumentée .
Voila pourquoi porter un jugement immédiat sur le pontificat de Jean Paul II qu’il soit laudatif ou critique est en toutes hypothèse téméraire .
Le livre de Christine et d’Anthony contribue à nourrir sérieusement ce travail de discernement .En ce sens il est nécessaire sans être définitif.
« la Croix plus ou moins aux ordres du Vatican »cette réflexion prouve me semble-t-il que tu ne lis pas beaucoup ce quotidien que je lisais avec plaisir mais du temps de Bruno Frappat
A Dominique,
J’ai écrit que « La Croix » avait une ligne éditoriale , ce qui ne signifie aucunement être aux ordres de qui que ce soit .
C’est la différence entre un journal engagé et une simple courroie de transmission .Si tu ne fais pas la différence tant pis pour toi ..
Qu’un journal soit engagé et ait une grille de lecture orientée est tout à fait respectable à condition de bien séparer le rapportage de faits du commentaire et de l’interprétation que l’on en fait et de ne pas prétendre à l’objectivité de son interprétation. .Je ne sache pas que « La Croix » s’avance masqué.
Merci à Julien W. : Je souhaiterais profiter de son intervention pour pousser un peu ma réflexion sur la « théologie du Corps :
« fils selon la chair, ou Fils selon l’Esprit ? » Interrogation récurrente en ce qui concerne le Christ. Elle est source de toutes les affirmations contradictoires qui parsèment les 20 siècles qui nous séparent de l’instant T où Jésus est né. Dans ce cadre, toutes les allégations développées dans ce fil sont parfaitement audibles, mais il ne me semble pas qu’elles fassent avancer le « smilblick » d’un pouce !
En revanche, « corps selon la chair, ou Corps selon l’Esprit », me semble apporter une contribution de choix pour avancer dans notre conception Divine. En particulier, elle donne une coloration particulière au passage d’Évangile de la Transfiguration, au Comportement du Christ face aux lois en vigueur de Son temps, et bien sûr à la Résurrection. En effet, nous ne pourrons être sauvés de la chair putrescible et temporaire que si nous acceptons de nous laisser transfigurer par l’Esprit. Ce qui implique, me semble-t-il, que nous n’ayons pas à suivre le Christ selon la loi, mais à devenir Christ les uns pour les autres selon l’Esprit. Ce qui implique qu’à chaque Eucharistie, nous soyons conscients du cheminement à parcourir pour devenir Corps et Sang du Christ présent dans l’Hostie, en faisant nôtre ces versets : (Mat 5 ; 23)
[23 Quand donc tu vas présenter ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
24 laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; viens alors présenter ton offrande…].
La pureté est à ce prix, c’est la Croix que nous devons porter, le Calice que nous devons boire pour devenir Fils selon l’Esprit. Faute de quoi, nous sommes adultères selon l’Esprit.
[…L’Évangile n’est pas un appel à la discorde entre la chair et l’esprit. Le ciel est ici, en nous, afin que notre corps soit le sacrement de la Présence divine, le berceau du rayonnement divin, afin que nous devenions la manifestation de l’éternelle Présence…]
(in « la vocation de la chair: Rayonner l’Esprit », Maurice Zundel, homélie à Bex,1951).
Cela devrait me conduire à revoir ma position initiale sur « Humanae Vitae » et à m’attaquer à « Amoris Laetitia ». Cela me paraît préférable aux échanges finalement assez stériles sur des considérations manifestement politiciennes sur les déviances des uns et des autres. Il me semble qu’à tort ou à raison la portée du Message, du Trésor que nous avons à transmettre, notre Église, méritent mieux que cela.
Merci pour votre écoute.
Comme vous écrivez bien il m’arrive de vous relire une , deux fois …..et de me demander mais qu’a-t-il voulu transmettre enseigner pour ma vie de tous les jours comme par exemple
» Ce qui implique, me semble-t-il, que nous n’ayons pas à suivre le Christ selon la loi, mais à devenir Christ les uns pour les autres selon l’Esprit. »
Concrètement qu’est-ce que cela veut dire ?
La loi tue, seul l’Esprit vivifie…en Luc 16 ;19-31 on assiste à une scène banale d’un homme riche de lui-même et qui considère comme une tache dans son environnement Lazare qui croupit devant sa porte.
[23 Au séjour des morts, comme il était à la torture, il leva les yeux et vit de loin Abraham avec Lazare à ses côtés.]
Dans l’au-delà, Lazare fait toujours tache, en encombrant Abraham de sa présence. Mais, contrairement à ce qui se passe sur terre, ce riche de lui-même ne peut compter sur le service de Lazare, car il a lui-même creusé un abîme infranchissable entre eux. Pourtant il a scrupuleusement respecté les lois en vigueur…prévenir sa famille ne serait suivi d’aucun résultat, dixit Abraham ! Il a vécu selon la loi, en vue d’obtenir un résultat, en vue d’obtenir une perfection favorisée par l’exécution des 652 lois et règlements de son culte…Il a suivi cette loi comme on suit un gourou d’une secte quelconque.
Et pourtant, en faisant un suprême effort sur lui-même, pour essayer de combler ce fossé, il pourrait, selon l’Esprit, venir demander pardon à Lazare : Luc 17 ;4
[4 Et si sept fois le jour il t’offense et que sept fois il revienne à toi en disant : Je me repens, tu lui pardonneras. »]
Et le Christ Lui-même, étendant sa Croix sur cet abîme, favoriserait cette démarche, la traversée de ce gouffre, qui lui ferait enfin reconnaitre en Lazare, son Frère. Je vous renvoie aussi à (Mat 5 ; 23).
François-Jean, pourquoi donc vous déclarez -vous » de plus en plus en retrait » alors que moi qui le suis si peu, à me yeux j’ai le sentiment que vous êtes au contraires de plus en plus dans l’esprit de l’Evangile et que c’est toujours avec grand intérêt que je vous lis?
Du livre de Christine et Anthony que je viens de lire attentivement se dégage en creux l’ étrange impression que la culture et l’expression de la foi de Jean Paul II étaient celles d’un homme du XIX siècle. Comme si l’occupation allemande et le « protectorat » soviétique avaient arrêté le temps .
C’est sans doute pour cela qu’il n’est pas possible de comprendre ce pontificat à l’aune de nos mentalités contemporaines .
Ce qui frappe le plus c’est l’adhésion de Jean Paul Ii a une église autoreferencee , totalement imperméable aux cultures qui ne sont pas la sienne , sourde par principe « aux signes des temps » : le rôle de l’Eglise , celui du prêtre, la dévotion mariale , le rôle et la « vocation » de la femme , les rapports entre dimension personnelle et dimension collective de la foi développés par Jean Paul II n’entrent pas dans nos critères d’appreciation .Ainsi sa vision de la femme n’est pas l’approche patriarcale et aliénante de sociétés traditionnelles mais elle n’est pas non plus celle de l’ egalite de principe de tous les êtres humains indépendamment de leur sexe .
A lire ce livre , la question de sa sainteté ne peut pas se poser (ni pour l’attribuer ni pour la nier ) car si l’on ne peut pas mettre en doute la soumission de ce pape à la volonté divine , sa manière de la vivre et de l’exprimer n’est pas audible par les mentalités de l’époque où il a vécu . Or un Saint est aussi un exemple de l’exigence du témoignage dans une époque et une culture donnée .
Il ressort de ce livre que Jean Paul II fut une sorte « d »hibernatus » catholique mettant toute son énergie et sa foi à promouvoir la puissance d’une église dans un monde où l’une comme l’autre ne correspondaient déjà plus à la vision qu’il en avait .
Ce pape hors du temps et de l’espace à su donner le change par son charisme personnel . A t il pour autant donne à l’Église les orientations et les moyens pour qu’elle puisse témoigner de l’Evangile dans le monde tel qu’il est ? Ce livre qui souligne à juste titre les ouvertures au moins formelles du discours pontifical , sans en cacher les ambiguïtés répond par la négative.
Il revient à Dieu seul de juger si l’homme vécut de l’Evangile , mais l’histoire a le devoir de mettre aussi en évidence combien le pape fût « décalé » par rapport non pas à nos mentalités, mais surtout aux besoins de l’eglise et de son exigence du témoignage pour le monde de ce temps .
A Guy
Quand vous parlez de « nos » mentalités, est-ce un pluriel de majesté ? ou voulez-vous associer tous vos lecteurs à votre vision des choses ?
Pour ma part, je ne me reconnais pas dans votre vision du pontificat de Jean-Paul II et je vous serai reconnaissant de ne pas m’associer à la vision que vous en avez.
A Michel
Ni pluriel de majesté ni volonté hégémonique de rallier tous les catholiques à mon panache grisonnant .
Juste le socle commun du sens des mots dans le rapport au réel .Ainsi quand JP II considere que l’on peut exprimer les vérités de la foi hors de tout lien avec la culture de ceux à qui on s’adresse (veritatis splendor ou le catéchisme de l’église catholique ) il veut ignorer que le témoignage de la foi s’est toujours acculture aux sociétés auxquelles il s’adresse .De même quand il considère que » seule une parole forte énonçant une vérité reçue d’en haut, définitive, non discutable, non négociable, peut sauver l’être humain » il emprunte plus a l’appréhension de la foi en vigueur au XIX siècle qu’aux visions qui l’ont précédée (avant Trente ) ou suivie (Vatican II ) .Idem pour sa vision de la sexualité humaine appréhendée exclusivement sous seule dimension de la procréation. Idem sur sa dévotion à la vierge Marie ..
C’est bien la forme anachronique de l »‘exptession de la foi de l »Eglise par Jean Paul II et non le fond , qui a rendu celle ci inaudible .En ce sens son témoignage, quelque soit « l’heroicite de ses vertus » ne pouvait pas être compris par la culture commune aux hommes et aux femmes du XX siècle Idem encore dans la mauvaise compréhension de l’option préférentielle pour les pauvres des églises d’amérique latine , assimilée à une concession au marxisme ..Dernier exemple : » France qu’ as tu fait de ton baptême ? » fait l’impasse sur tout le catholicisme social vécu après le ralliement des catholiques français à la république et l’acceptation de la laïcité .Pour être lapidaire et trivial J P II a » mis à côté de la plaque » dans son expression de la foi adressée aux fidèles. Il s’est trompé de registre sémantique pour pouvoir être compris du plus grand nombre . Ce qui n’enlève rien ni à la profondeur de sa foi que nul ne peut juger , ni à son apport sur les droits humains et les relations avec le judaïsme , l’islam et les autres religions durant son pontificat .
C’est drôle, je trouve Jean-Paul II moins anachronique que vous, Guy, parce qu’il s’inscrit dans la durée alors que vous me paraissez très tributaire de problématiques déjà datées…
A Michel.
S’inscrire dans la durée c’est être tellement théorique que les mots perdent tout leur sens ?
Jean Paul II revendiquait explicitement une conception de l’Église pour laquelle on accède à la Révélation par l’application de normes abstraites et non par un dialogue entre la conscience et l’Écriture éclairée par la Tradition de l’Eglise .JPII a remis méthodiquement en cause, ce qu’avait mis en exergue Vatican II pour appréhender la Révélation .Celle ci ne s’inscrit plus dans un processus vivant mais procède de l’application de normes que l’église (le vatican) est la seule à pouvoir légitimer.
C’est un retour à l’expression de la foi antérieure à Vatican II .Mais vous avez parfaitement le droit de vous satisfaire de cette rupture entre le magistère et les fidèles. JPII a cru que le discours du magistère faisait par principe autorité. En cela il s’est lourdement trompé.
Guy a parlé et comme il est le fin spécialiste pour déterminer du haut de sa science insondable sans aucun doute possible,les besoins de l’eglise , nous n’avons donc plus qu’à nous taire???
Ton opinion ,je suis bien certain que tous les peuples qui vivaient derrière le rideau de fer la partagent absolument, de même que ceux qui vivaient sous les dictatures qui se sont presque toutes effondrées dans les mois qui ont suivi les visites de Jean-Paul Ii
A propos de l’enquête sur le Père Finet et les Foyers de Charité
Le Père Pierre Vignon, qui avait lancé en 2018 une pétition réclamant la démission du cardinal Philippe Barbarin pour sa gestion de l’affaire Preynat, n’est pas convaincu par la méthode. Lui qui a très bien connu le Père Finet avait tenu à être auditionné par la commission de recherche.
« Quand j’ai déposé, je n’ai signé aucun document, raconte-t-il, perplexe. Plus tard, quand j’ai lu la synthèse, j’ai compris que je faisais sans doute partie des personnes qui avaient été classées comme étant dans le déni… Étonnante manière de faire », souffle le prêtre qui estime que ces « révélations » peuvent aussi être instrumentalisées par certains pour légitimer des réformes au sein des Foyers de Charité. En colère, il juge sévèrement la communication de ces derniers. « On se cache derrière les termes de “commission de recherche”, mais finalement on a condamné médiatiquement le Père Finet ; on l’a fait monter dans le train des pédophiles. C’est un raccourci terrible. »
https://www.famillechretienne.fr/eglise/vie-de-l-eglise/pere-georges-finet-l-enquete-contestee-275734
Un signe qui ne trompe pas : quand Michel et » Famille Chrétienne »(excellent journal ) d’une part et Golias d’autre part sont sur la même ligne concernant les foyers de charité, c’est que la situation est grave .
Sauf erreur de ma part » Reglement de compte à OK Corral » n’a pas encore été intégré au catéchisme de l’église catholique .
Cela prouve simplement que Pïerre Vignon est suffisamment cohérent pour tenir, ici et là, le même dscours !
Oui et qu’on ne peut espérer faire la vérité sur une situation qu’en recourant à une instance extérieure sans aucun lien d’intérêt avec aucune des parties prenantes .
Je voulais surtout signaler la position inhabituelle du Père Pierre Vignon qui m’a étonné, mais je n’en sais pas plus sur cette nouvelle affaire.