Quelques réflexions autour de « l’affaire Mgr Santier »

Quelques réflexions autour de « l’affaire Mgr Santier »

La procédure de nomination des évêques se trouve ici une nouvelle fois mise en question. 

L’évêque émérite de Créteil a été informé à l’automne 2021 de la sanction prise à son encontre par la Congrégation de la doctrine de la foi et invité à vivre désormais retiré “dans la prière et la pénitence“. Epilogue d’un procès canonique engagé à la suite de la plainte déposée en 2019 par deux hommes pour des « abus spirituels à des fins sexuelles » commis dans les années 1990 par l’abbé Michel Santier alors Directeur, à Coutances (Manche), d’un école de formation et de discernement pour des jeunes majeurs de 18 à 30 ans. Au-delà de la stupéfaction, cette nouvelle « affaire » soulève nombre de questions dont celle de la procédure de désignation des évêques. 

L’enquête publiée vendredi 14 octobre sur le site de Famille Chrétienne a fait l’effet d’une déflagration. L’article est parfaitement documenté. Chacun peut théoriquement s’y reporter sur internet bien qu’il soit réservé aux seuls abonnés. « Les faits, rapporte le magazine, se sont déroulés dans les années 1990, dans le diocèse de Coutances où était incardiné Mgr Santier, alors prêtre. Directeur de l’Ecole de la foi à Coutances, une école de formation à la prière d’une année pour les jeunes de 18 à 30 ans, Mgr Michel Santier a exercé une emprise psycho-spirituelle et usé de son ascendant sur deux jeunes hommes majeurs à des fins sexuelles. Circonstances aggravantes, ces faits ont été commis avec une instrumentalisation des sacrements, notamment celui de la confession. » 

« Si le juste se détourne de sa justice et commet le mal… » 

On apprend à la lecture de l’article que les victimes ne se sont fait connaître qu’en 2019, presque trente ans après les faits. Le 5 décembre de cette même année Mgr Michel Aupetit alors archevêque de Paris et métropolite de la Province, transmettait le dossier à Rome. Les mesures disciplinaires prises par la Congrégation pour la doctrine de la foi ont été signifiées à Mgr Santier en octobre 2021. Elles lui demandent « de mener une vie de prière et de pénitence », en l’occurence au sein d’un couvent de religieuses dont il assurera les fonctions d’aumônier. Ces informations ont été confirmées par Mgr Laurent Le Boulc’h, évêque de Coutances, chargé d’appliquer ces sanctions dans le diocèse où Mgr Michel Santier avait choisi de se retirer pour sa retraite.

J’avais eu connaissance il y a plus d’un an déjà – comme d’autres journalistes – des accusations portées contre Mgr Santier ainsi que de l’ouverture d’une procédure canonique. Début octobre 2022, la lecture du nouveau Trombinoscope de Golias qui venait de paraître, les avait confirmées et en quelque sorte officialisées. La notice relative à l’actuel évêque de Créteil, Mgr Dominique Blanchet, contenait en p.297 l’essentiel des faits aujourd’hui portés à la connaissance du public. Dès lors il fallait bien se douter que la presse ne tarderait pas à s’emparer du dossier. J’en avais discrètement informé quelques ami.e.s proches du diocèse de Créteil auquel j’appartiens.

Les deux victimes, désormais reconnues comme telles par l’Eglise, ont droit à notre compassion et à notre soutien au travers des dispositifs de reconnaissance et de réparation mis courageusement en place par la Conférence des évêques de France et la Corref, suite à la publication du rapport de la Ciase il y a tout juste un an. Nous devons respecter, autant que faire se peut, le désir exprimé par ces deux hommes de rester dans l’anonymat et de ne pas voir les médias se répandre sur ce qu’ils ont vécu. 

Mgr Santier a été mon évêque. En divers lieux et circonstances  – secrétariat général du synode diocésain, conseil de la communication… – j’ai bénéficié de sa confiance. Il avait la mienne. Ce n’est pas si fréquent et je lui en sais gré. Aujourd’hui j’entends avec une autre acuité l’avertissement du prophète Ezechiel : « Si le juste se détourne de sa justice et commet le mal (…) on ne se souviendra plus de toute la justice qu’il a pratiquée » (Ez. 18,24) 

Sortir du secret des procédures canoniques est devenu une nécessité. 

Depuis la sortie de l’article de Famille Chrétienne et sa reprise dans les médias, je lis sur les réseaux sociaux l’expression de l’incompréhension, de la stupéfaction, de la colère, de l’exaspération et, pour certains, d’une souffrance difficile à contenir. Je les comprends, je les respecte, je les partage. Même si je me souviens que les mêmes, parfois, ont pu avoir des paroles d’une grande violence vis-à-vis de tous ceux qui, depuis des années, dénonçaient des faits dont ils avaient connaissance, possiblement désastreux pour l’Eglise comme on le vérifie aujourd’hui. En 1949 Albert Camus écrivait dans ses carnets, dans un tout autre contexte : « On ne dit pas le quart de ce que l’on sait, sinon tout croulerait. Le peu qu’on dit et les voilà qui hurlent. » Le propos est plus que jamais d’actualité ! 

J’ai une pensée pour les victimes. Toutes les victimes : les deux dont il est ici question et les autres dont certaines restent parfois exclues des dispositifs officiels prévus par les autorités religieuses, parce qu’elles ne rentrent pas exactement dans les cases définies qui exigent l’existence d’agressions de nature sexuelle. Alors qu’on peut avoir été pareillement détruit par des abus spirituels ou de pouvoir. J’ai une pensée pour Mgr Santier, pour toutes celles et ceux, prêtres et diacres, laïcs-laïques, religieux-religieuses qui l’ont connu et sont aujourd’hui ébranlés par ces révélations. Certains pourront trouver injuste que l’image d’un homme se trouve à jamais ternie par l’évocation publique d’actes certes condamnables mais auxquels on ne saurait le réduire. Sans doute faut-il il lire sous cet éclairage le twitt malheureux de Mgr Michel Aupetit en date du 15 octobre :

Car, quoi qu’il en pense, les victimes ont le droit que ce qu’elles ont vécu soit dit, reconnu ; que les sanctions prises contre leur agresseur, aujourd’hui encore enfermées dans le secret des tribunaux ecclésiastiques, viennent confirmer publiquement leur statut de victimes. Il y a là, sans doute aucun, une exigence de justice, un passage obligé de leur propre droit à réparation.

Si l’Eglise qui « appelle » est réellement le peuple de Dieu, alors il faut associer les fidèles à la désignation des évêques. 

Une autre question est soulevée par l’épilogue de cette affaire comme par d’autres qui l’ont précédée : celle des modalités de nomination des évêques. Car enfin, si chacun peut avoir ses faiblesses, nul n’est obligé de briguer ou d’accepter des postes de responsabilité au sein d’institutions qui pourraient avoir à souffrir de son inconduite passée. Sauf à considérer que la grâce sacramentelle suffira… Il y a là, d’évidence, un manque de discernement à la fois personnel et institutionnel.

On connaît, à propos du mariage, la phrase popularisée par le cinéma hollywoodien : « Si quelqu’un s’oppose à cette union, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais ! » Une disposition dont l’Eglise devrait s’inspirer. Il y a vingt ans, c’est la nomination d’un autre évêque qui avait décidé sa victime présumée à porter plainte. On peut imaginer que si les deux victimes de celui qui était alors « l’abbé Santier » avaient eu connaissance de sa possible promotion épiscopale, ils se seraient manifestés plus tôt. Et lui auraient évité l’opprobre et l’humiliation qui s’abattent aujourd’hui sur lui au point de gommer tout ce qu’il a pu réaliser de bon par ailleurs.

J’entends bien que les choses ne sont pas simples. Mais le problème est réel. Après tout, pour nombre de postes importants de la société civile, qu’il s’agisse de dirigeants ou d’élus, on connaît bien souvent la liste des “pressentis“ ou des candidats en présence. Pourquoi n’en serait-il pas de même dans l’Eglise ? On m’objectera qu’ici nul n’est candidat à quelque ministère que ce soit, à plus forte raison s’il s’agit de l’épiscopat. C’est l’Eglise qui appelle et nomme « dans sa grande sagesse ». Avec les erreurs possibles que l’on voit s’accumuler. Si l’Eglise est vraiment « peuple de Dieu » comme l’enseigne le Concile Vatican II, ne pourrait-on imaginer qu’en amont de toute nomination les fidèles soient consultés, puis informés du contenu de la « terna » (liste de trois noms) élaborée par le Nonce apostolique et transmise au pape pour choix définitif ? 

Je redis ici fermement que sans une détermination farouche à prendre à bras le corps, au travers du Synode en cours, les réformes qui s’imposent dans notre Eglise, réformes dont certains pensent pouvoir s’affranchir au nom d’autres priorités de nature spirituelle, l’effondrement se poursuivra.  

248 comments

  • Merci René Pujol
    L’essentiel est dit et bien dit. Peut-être faut-il ajouter que cette affaire ajoute à l’importance de
    de faire un bilan serein mais critique des communautés nouvelles et autres initiatives nées dans leur mouvance.

  • Merci René pour cette profonde réflexion, une fois de plus. Oui, le twitt de Mgr Aupetit est malheureux. Ça a l’air de dire : ne vous occupez pas de la poubelle vu que je me suis mis de l’eau de Cologne ! Je n’ai rien contre l’eau de Cologne (encore que son cardinal archevêque ne sente pas la rose actuellement) mais il faut bien vider les poubelles. Heureusement que les journalistes enquêtent et fouillent, comme on les en accuse injustement. Leur laisse-t-on le choix ? Sinon, on continuerait comme si de rien n’était. De toute évidence, il y avait une opération de com. Choisir un hebdomadaire un vendredi soir tard pour révéler un scoop découvert trois semaines plus tôt, il faut le faire ! Et on l’a fait. D’autant plus que d’autres mitres, et pas des moindres, attendent au portillon ! Avant de poursuivre, je pense à la grave injustice qui a été faite au séminariste de Créteil qui avait eu le courage de porter plainte contre l’ancien nonce et qui avait été viré illico du Séminaire par le supérieur du séminaire et par son évêque, précisément Michel Santier. Ce séminariste mérite d’être réhabilité publiquement. Ceux qui l’ont laissé condamner relèvent des peines au sujet de la couverture d’abus (Cf. Motu proprio Vos estis lux mundi). J’ajoute que le précepte pénal infligé à Michel Santier est bien doux. Le même qui avait été infligé à Martial Maciel, une vie de prière et de pénitence dont ce dernier n’avait d’ailleurs eu cure ! L’interdiction de la célébration des sacrements me paraît un minimum, surtout pour quelqu’un qui est censé avoir détourné le sacrement de la pénitence et de la réconciliation. Encore un détail. Monseigneur Aupetit a présenté le dossier à Rome et il faut lui en rendre justice. Mais l’archevêque français à qui la dénonciation avait été faite en premier, d’après mes renseignements, l’a ensablé. Celui-là devrait être débusqué et puni pour ça. En clair, si les journalistes du Trombinoscope n’avaient pas bien fait leur travail, rien ne se serait passé. On a beau invoquer le fait que les victimes ne désirent pas la médiatisation de leur affaire, au-delà d’elles, c’est bel et bien une affaire importante d’Eglise. Et la remise en cause de la procédure de nomination des évêques s’ensuit et s’impose de façon logique et rigoureuse. Elle devient de fait un sujet d’actualité. Le Saint-Père, aujourd’hui, a révélé que le synode se déroulerait en deux sessions sur deux ans, octobre 2023 et octobre 2024. Voilà un sujet en or pour les échanges en haut-lieu. Les culottes des prêtres sentent bien mauvais mais celles des évêques encore pire. Ces tristes révélations dureront tant qu’on n’entrera pas concrètement dans la synodalité de l’Eglise, présentée à raison comme la volonté du Seigneur pour l’Eglise aujourd’hui. Tant qu’on voudra « sauver » les apparences, on restera dans le cléricalisme et on continuera de patauger dans la fange. Si Michel Santier veut être utile à l’Eglise, qu’il fasse savoir qu’il accepte les conséquences de ses actes et qu’il renonce à célébrer les sacrements comme prêtre. Dans les pénitentiels de l’Eglise antique, les fautes d’évêques étaient reconnues et on leur ouvrait le chemin du salut par la pénitence mais, et c’est là un détail important, leur peine était majorée. Elle était douce pour un laïc, renforcée pour un prêtre et un clerc, aggravée pour un évêque. Il y avait bien dix ans de pénitence au pain et à l’eau en plus chaque fois qu’il s’agissait d’un évêque. Pour terminer, je tiens à préciser que je ne me prends pas pour le chevalier blanc et je ne désire pourfendre personne. Mais il faut bien qu’il y en ait pour dire les choses qu’on n’a pas envie d’entendre dans le temple du Seigneur, le problème n’étant pas qu’on les dise mais la réalité des choses en elles-mêmes. Je suis très attristé par tout ce qui se passe et ça n’est jamais de gaîté de coeur qu’on se dévoue pour vider les poubelles. Nous aimons tous sentir le propre et le frais et la vraie (là aussi il y a des contrefaçons) eau de Cologne est très rafraîchissante.

    • Je suis tres peinee par cette hypocrisie episcopale qui n a pas hesite à briser une vocation de pretre ( seminariste ecarté injustement) et à abuser de la candeur de la foi des 2 victimes
      Ce n est pas la 1 ere fois que j entends parler de tels abus dans les vocations .
      On peut parler d abus systémique
      En ce qui concerne la nomination des eveques il existe une double possibilite en droit canon
      Rome ou le choix par le peuple de Dieu
      Je pense meme maintenant que nous devrions penser à une greve du denier du culte pour marquer notre mécontentement? peut etre cela serait il efficace ?
      Je ne sais mais le peuple de Dieu commence à etre exaspere
      et combien se detournent de l Eglise maison peu sûre pour le grand public ?

    • 30 ans plus tard…..!!! et même si les faits sont condamnables, ils ne sont pas un crime mais un délit. Que la Justice passe …et qu on arrête ces blabla qui n’ajoutent que du mal au mal, pour la Sainte Église qui reste et restera toujours pécheresse et imparfaite. SVP Stop ! Nous portons tous en nous le meilleur et le pire possible. Consolons les blessés – s ils le désirent – et ne nous lassons pas d aimer notre prochain !!! « Que Celui qui n a jamais pêché lui jette la première pierre » Qui a dit cela ???

      • Pierre Vignon vous répondra s’il le juge utile. Je crains que vous ne vous trompiez d’approche. La question, ici, n’est pas de trancher entre crime et délit sexuel, ce qui renvoi à la justice de la République. Il est de prendre acte de l’abus spirituel que constitue le fait d’instrumentaliser un sacrement – la confession – pour obtenir une satisfaction de caractère sexuel. Il faut croire qu’aux yeux de l’Eglise et selon ses critères propres cet acte est bien de nature criminelle puisque, cela nous a été dit, il était passible d’excommunication dans ses développements d’absolution du complice.

        Bien évidemment nous sommes tous pécheurs, et bien évidemment qu’on ne peut enfermer un être dans un ou des actes auxquels il ne se réduit pas. Je l’ai moi même écrit dans mes billets. Mais ce que vous appelez le « bla bla » qu’il faudrait arrêter, porte aussi sur le silence coupable de l’institution. Car enfin, je le répète, à l’heure même où les évêques s’agenouillaient l’an dernier sur le parvis du Rosaire à Lourdes et demandaient pardon à Dieu – devant les caméras de télévision – pour leurs silences passés, ils savaient – certains d’entre eux en tout cas savaient – qu’il s’engageaient dans un nouveau silence concernant les sanctions prises contre Mgr Santier dont ils avaient connaissance. Comment nous demander d’avoir confiance ?

        Moi je veux bien qu’on « passe à autre chose »… mais après avoir remis un peu d’ordre dans la maison.

        • A Savoureux,

          Vous avez bien résumé en quelques phrases, à mon sens en tout cas, pourquoi des scandales anciens vont continuer à éclater les uns après les autres, comment il faut procéder pour qu’il s’en produise encore et encore, détruisant des vies au passage, et pourquoi on finit par perdre la foi au sein de la « sainte Eglise pécheresse et imparfaite ».

          • « détruisant des vies au passage  » Mais Madame le fait de devoir se mettre nu devant un prêtre ne détruit pas une vie et si c’est le cas c’est qu’il y avait autre chose et que ce fait, mal venu certainement, n’a été qu’un déclencheur . Vous êtes un peu outancière dans vos propos . Si l’évêque Santier détruit des vies il est un assasins !!!
            Bien sur que cela est offensant pour celui qui doit subir cette demande mais de la à avoir sa vie détruite il y a de la marche

          • J’aimerais que vous rencontriez réellement des victimes d’abus spirituels et de pouvoir dans l’Eglise, que vous preniez le temps de les écouter. Et vous verrez qu’une vie peut, de fait, être détruite : par nécessité de recourir des années durant aux médicaments, d’entrer durablement en psychothérapie, d’être dans l’incapacité de poser des choix personnels tant professionnels qu’affectifs… parce qu’on a perdu l’estime de soi-même. Ici, le slogan du Crédit Agricole « le bon sens près de chez vous » est insuffisant pour appréhender de telles réalités. Je vous assure !

      • A Savoureux,
        Inutile donc probablement de redire que ce qui ajoute le mal au mal est le silence, que les « blessés » sont trop souvent des vies complètement détruites et que le « péché » est dans ces affaires un crime ou un délit.
        C’est comme lorsqu’on parle de « gestes inappropriés » ou de « paroles inadaptées ». Et sans doute tout cela n’est-il pas du mensonge mais de la casuistique !
        A vrai dire, je ne me fais pas à cette curieuse conception de l’amour du prochain. Mais c’est évidemment mon problème.

        • A Michel189420,

          Monsieur, j’aurais dû préciser que je ne parlais pas spécialement de l' »affaire Santier », qui est emblématique , c’est tout.
          Emblématique car elle dévoile un peu, très peu, ce que peuvent être les abus spirituels. Et à cause du silence de la hiérarchie qu’expérimente tout à coup le « tout venant » des catholiques alors que jusque-là il n’en souffrait pas lui-même.
          Dommage sans doute qu’il faille en arriver là : une polarisation sur M Santier, alors qu’il y a hélas pire et depuis très longtemps, mais que personne ou presque n’a voulu en entendre parler.

          Non, j’évoquais les abus spirituels en général, qui tournent assez souvent à l’abus sexuel, et sur lesquels on a énormément d’idées fausses : la personne était fragile, elle n’avait qu’à dire non, et puis c’est pas si grave etc… Cela c’est ignorer complètement ce qu’est l’emprise, spécialement dans l’Eglise, où celui qui possède l’autorité spirituelle, sacramentelle etc… peut vous conduire bien loin à cause de la confiance qui est, me semble-t-il, la base de ce qui est demandé (la foi) pour être chrétien. C’est un cercle vicieux. Le prêtre étant le représentant de Dieu, si on ne lui fait pas confiance (et si on lui obéit pas quand il est votre supérieur), cherchez l’erreur. Il peut d’ailleurs sembler bizarre, un peu timbré, un peu exalté, un peu gâteux, un peu intrusif, le temps qu’on comprenne ce qui arrive, étant donné qu’il a l’aval de l’Eglise et qu’on vous dit que c’est vous qui vous faites des idées…
          Et je ne peux qu’appuyer ce que dit René : il suffit de rencontrer des victimes d’abus spirituels, processus qui, au contraire du viol au sens où entend ordinairement le mot, s’étend sur des années, pour comprendre que oui, ça peut détruire une vie, y compris la relation à Dieu.
          C’est ce qu’ont compris les membres de la Ciase et maintenant ceux de la CRR en passant des heures à écouter des gens dont la vie pouvait avoir littéralement explosé sur tous les plans : psychologique, physique, familial, social, économique, spirituel.
          Et si l’on n’a pas de victimes sous la main, c’est assez simple : on peut lire le rapport Sauvé, on peut aller sur le site « l’Envers du décor », on peut lire les livres-témoignages, écouter ou lire les interventions du dr Isabelle Chartier-Siben qui explique que les victimes de communautés nouvelles spécialement ont des séquelles semblables à celles des victimes d’attentats. Seulement bien sûr il faut avoir envie de faire tout cela.

          Pour en revenir à M Santier, vous dites que quelque chose n’allait pas chez les jeunes hommes. Je n’en sais rien. Il me semble tout de même que quelque chose n’allait pas d’abord chez M Santier. Et que si les victimes étaient « fragiles », mais elles ne l’étaient pas forcément, ce n’était pas une raison pour profiter, avec tout le poids de l’autorité du prêtre et du directeur spirituel, de leur fragilité, pour se servir d’elles a ses propres fins.

          Il est assez étonnant décidément de devoir expliquer tout cela à des catholiques qui normalement devraient avoir à coeur la protection du faible et du vulnérable et non de le décrédibiliser en minimisant les faits ou en jetant la suspicion sur lui.

          • Anne, René,

            Merci, si l’on peut dire, de remettre les pendules à l’heure.
            Quant à moi, je ne comprends pas, outre tout ce que vous avez évoqué, comment on peut ainsi parler à la place des premiers concernés, sans doute «  fragiles » alors qu’on ne connaît rien de ceux «  qui se sont mis nus devant un prêtre » qui, plus est, dans le cadre de la confession, qui plus est, devant le St Sacrément, qui plus est, pour satisfaire cette perversion sexuelle qu’est le voyeurisme, si on appelle les choses par leur nom.
            Normalement, pour un Catholique, il s’agit d’un blasphème et d’une profanation de ce qu’il y a de plus sacré du point de vue de sa foi, ( qui mérite excommunication), sans parler, comme vous le faites, de nombre d’agressions sexuelles et d’emprises qui sont, quant à eux, une profanation du corps et de l’âme de l’autre.

          • A Michel 189420,

            Pardonnez-moi, je rectifie « Vous dites que si leur vie a été détruite, c’est que quelque chose n’allait pas… »

      • à Savoureux
        On pourrait entendre votre argument s’il s’agissait exclusivement de la personne de Michel Santier . Mais on ne peut pas faire comme si cet homme n’avait pas été prêtre puis évêque , c’est à dire ne pas prendre en compte que sa parole et ses actes engageaient plus que lui même . Un évêque est censé gouverner , enseigner et sanctifier le peuple qui lui est confié . Lorsque ses paroles ou ses actes ne permettent pas que la mission qui lui est confiée soit menée à bien , il n’est pas anormal que cet homme soit démis de ses fonctions et que les raisons en soient rendues publiques .
        Pourquoi ,? mais pour la seule crédibilité de l’église qui ne peut pas être réduite et disqualifiée en étant assimilée aux errement et manquement de la personne qui en incarne l’autorité et la crédibilité .

        Il ne s’agit pas ici de juger la personne de M Santier , de savoir s’il aurait du ou non accepter la charge d’ évêque ayant commis de tels actes . Il s’agit simplement de saine gouvernance de l’église catholique : Il n’aurait jamais du être nommé évêque , sa condamnation ultérieure aurait due être rendue publique et les motifs de son départ assumés et publiés .
        Ce secret que l’on a voulu garder et qui se trouve éventé révèle les disfonctionnements et les lacunes dans les procédure de choix des évêques , l’archaïsme du droit canon , le fait que les fidèles sont considérés comme quantité négligeable , sans aucun droit de se mêler des affaires qui les concernent si l’on considère comme valable la définition de l’église qu’en donne Lumen gentium .
        Le secret entretenu et le silence ne servent qu’à dissimuler les failles et les défauts dans la gouvernance de l’église . Défendre la personne de M Santier , comme l’accuser comme exclusif responsable ( cf la lettre récente de l’évêque de Rodez) c’est une fois de plus refuser de se poser la question de l’adaptation de la gouvernance de l’église . C’est être l’allié objectif des abus passés présents et à venir .

        Voilà pourquoi il faut parler de cette affaire qui dépasse le cas personnel de M Santier et ne pas mettre une fois de plus la poussière sous le tapis .

        Ou alors faire comme M Aupetit , dire vouloir aspirer à « la bonne odeur du ciel » , pour ne pas vouloir se rendre compte et assumer que là ou il se trouve , cela pue .

  • « la phrase popularisée par le cinéma bollywoodien »Fichtre,je n’ai pas attendu le cinéma hollywoodien pour la connaitre alors qu »elle était prononcée obligatoirement lors de la publication des bans.
    vous me surprenez grandement…Quant à votre souhait de faire participer les laïcs à la désignation des évêques qui connait réellement leur vie en dehors bien sûr de ceux qui les ont formés ou réellement accompagnés ou alors pourquoi ne pas revenir pendant qu’on y est à la canonisation par acclamation?
    Qui plus est en tant que chrétien on na jamais le droit de désespérer de quelqu’un
    l’abbé Huvelain n’a pas désespérer de Charles de Foucauld lequel avait bien longtempsd mené joyeuse vie pendant bien des années

    • Dominique,

      La comparaison avec Charles de Foucauld n’a pas de sens car ce dernier a mené très «  joyeuse vie «, non en tant que moine et pretre, bien au contraire ! mais avant sa conversion.

      Pour en revenir au sujet, il est quand même assez étonnant que, sachant ce qu’il avait fait, Monseigneur Santier ait accepté d’être évêque. A moins que la motivation soir disant spirituelle de ses actes lui en ait caché l’extreme gravité et que sa conscience en ait été totalement obscurcie.
      Dans le deux cas, c’est quand même incompréhensible et fort inquiétant sur l’usage pernicieux que l’on peut faire de la spiritualité.

      Meme chose, dans une bien moindre mesure évidemment, dans le tweet de Monseigneur Aupetit.

      • Absolument ! c est pourquoi le droit canon actuel n a pas aboli cette disposition qui permet toujours le choix des eveques par les laics!

  • « alors il faut associer les fidèles à la désignation des évêques. »

    Véronique Margron est d’ailleurs du même avis lorsque – parmi les « Douze Travaux » de l’Eglise – elle prévoit comme 7ème obligation de « renforcer le dialogue avec la société »
    (cf. son livre « Un moment de vérité » paru aux éditions Albin Michel en 2019, p.150).

  • DIes Irae Dies illa
    Je ne parlerai pas de la personne de M Santier qui fut un bon évêque de Luçon mais de ce que son cas révèle du fonctionnement structurel de l’institution écclésiale
    Alors oui, jour de colère des simples fidèles :
    – Ils ne sont pas assez adultes ceux du diocèse de Créteil pour qu’on les tienne dans l’ignorance des causes réelles de sa démission
    – Elles ne sont pas assez robustes les procédures de sélection des évêques pour qu’un prêtre qui pratique de « strip confessions  » puisse passer à travers les mailles du filet
    – Elle est aveugle et sourde cette institution pour promouvoir des prêtres abuseurs issus de communautés « nouvelles  » sur lesquelles elle n’exerce aucune surveillance .
    – Elle est d’un autre âge cette procédure canonique qui s’exerce dans le secret sans aucune des garanties du procès équitable , ni pour l’accusé ni pour les victimes

    Comment alors ne pas constater que c’est bien l’ organisation, la gouvernance et le fonctionnement de l’institution qui sont en cause ; ce qu’elle refuse d’entendre et de voir malgré tous les avertissements dont celui de la Ciase constitue le plus terrible et le plus documenté .

    Il a bien compris l’enjeu , cet archevêque de Paris déchu qui se croit obligé de se fendre d’un tweet aussi indécent que maladroit pour défendre quand même l’indéfendable .

    Elle est légitime la colère des fidèles auxquels l’antique église attribuait « le sensus communis fidélium » quand ils constatent que l’église reste, en dépit des faits, crispée sur une forme féodale qu’elle affirme avec impudence « voulue par le Christ lui même » .
    Elle est salutaire cette colère qui s’empare de nous quand nous constatons que l’institution écclésiale se rend chaque jour davantage incapable de témoigner de l’Evangile
    – par attachement à l’idée qu’elle se fait d’elle-même : sainte et pure par principe
    -par goût du paraitre et de puissance de ceux qui la gouvernent au nom « des pouvoirs sacrés reçus du Christ  »
    – par mépris des fidèles qui ne sont plus que l’alibi pour justifier l’existence d’un clergé qui ne se parle plus qu’à lui- même pour légitimer sans y arriver ses pathologies collectives dans ses rapports au monde, aux femmes ,à la sexualité ,au pouvoir .

  • Merci, cher ami, pour vos propos et vos propositions. Il est en effet indispensable que la procédure de nomination des évêques soit réexaminée , afin que les « fidèles » en deviennent les parties-prenantes.
    Il ne serait pas illégitime que des noms de « candidats » possibles soient présentés à une commission ad-hoc et que les personnes nominées soient ensuite entendues, si ce n’est sur leur programme détaillé, mais sur la manière qu’il compteraient gouverner et sur leur ecclésiologie. Ce système existe dans certaines grandes associations, notamment le Secours Catholique-Caritas France; il fonctionne bien.
    On peut espérer que le Saint Esprit passerait autant par cette procédure un peu démocratique que par le discernement d’un seul homme, aussi honnête et travailleur soit il .
    Par ailleurs, il serait souhaitable qu’un évêque soit nommé pour une période limitée (entre 6 et 10 ans), ce qui serait un des outil anti-cléricalisme. Et ensuite ce prêtre- ancien évêque pourra poursuivre sa mission de disciple-missionnaire dans quelque région déshéritée, là aussi le St Esprit en ferait son instrument avec bonheur…

    NB : A l’occasion du remplacement de Mgr Aupetit, l’association des « Baptisés du Grand-Paris » (section régionale de la CCBF) a été amenée à présenter au Nonce apostolique – qui a reçu un représentant en audience – une demande dans ce sens. Le nonce qui ne pouvait pas de lui-même modifier la procédure, a pour autant ponctué les propos par des « Oui, vous avez raison, ça viendra peut-être ».

  • Juste deux remarques :
    1) Je ne suis pas sûr que le twitt de Mgr Michel Aupetit soit en rapport avec cette affaire.
    2) Je ne suis pas sûr que la consultation du Peuple de Dieu pour la nomination des évêques soit une garantie.

    • La date du twitt correspond exactement à la sortie du dossier sur Mgr Santier dans Famille Chrétienne… à qioi d’autre pouvait-il faire allusion ? Dès lors que les sanctions canoniques restent théoriquement secrètes, on peut, me semble-t-il, lire son texte comme une protestation contre sa publicité.

      Pour le reste… la procédure de désignation actuelle n’étant pas davantage une garantie, on le vérifie tous les jours, il faudra bien oser autre chose…

  • On connait les victimes, les chefs d’accusation, le jugement et la sentence. Mais on aimerait connaître la défense et en premier, celle de l’accusé. Dans certaines communautés monastiques autrefois, les confessions étaient publiques. Sans aller jusque-là, est-ce que la communauté dont cet évêque était le pasteur n’aurait pas droit à l’entendre ?

  • Certes, il serait bon d’en savoir plus sur les évêques qui sont nommés puisque, pour l’instant c’est, comme toujours, une affaire qui se règle entre les élus habituels.

    Au-delà de cette incohérence, les révélations concernant M Santier renseignent les fidèles sur la façon dont les abus par des clercs commencent toujours par une perversion et une instrumentalisation de la Parole et, souvent, des sacrements.
    Ici, le jeune homme retire un vêtement pour chacun de ses péchés, devant le tabernacle si j’ai bien compris, et lorsqu’il s’est allégé et dépouillé de tout, il peut être absous. Le pardon de Dieu assujetti à l’effeuillage.
    C’est une variante de l’éternel abus spirituel pouvant, ou non, se terminer par un abus sexuel, les deux n’étant pas si éloignés. Une des spécialités des communautés nouvelles, il faut le répéter. Une excellente façon de détruire chez ceux qui les subissent toute confiance en l’Eglise – certains, pourtant sympathiques ou charismatiques, étant capables de choses aussi tordues et les autres couvrant les faits, donc tordus d’une autre manière -, ainsi que l’âme et le rapport à Dieu en profondeur, pour longtemps voire pour toujours. Ce n’est pas l’idée qu’on se fait de la phrase de Jésus : (de mémoire) « je n’ai pas perdu un seul de ces petits que tu m’avais confiés ».

    Bien que cette affaire soit catastrophique pour tout le monde, sa publicité, n’en déplaise à M Aupetit, a ce mérite : elle indigne enfin, à juste titre, des fidèles qui jusque-là ne voulaient pas comprendre l’ampleur du désastre. Terrible de devoir en arriver là.

    • « Le pardon de Dieu assujeti à l’ effeuillage » Vous m’éclairez par ce que à la lecture de La Croix qui parlait de voyeurisme dans le cadre de sacrement de pénitence je ne savais quoi penser . Enfin si il n’y avait pas d’attouchement ni d’érection , cela ne me paraît pas si grave bien que tout à fait tordu , répréhensible et abussif . Et pour quel péché pensez-vous qu’ils devaient passer. à l’effeuillage pas par ce qu’ils avaient mis le doigt dans le pot de confiture mais pour une pratique normale pour des jeunes hommes …. L’Eglise a un énorme problème avec la sexualité humaine qu’elle ne veut que reproductive et qu’ elle
      ne veut pas résoudre. Il y a des tentatives ci et là je pense aux évêques flamands mais ils sont si décriés par leur collègues.
      Quant au choix des évêques l’ensemble des prêtres d’une quarantaine d’années se restreint d’année en année et les possibilitées de choix sont minces et le deviendront de plus en plus mais on ne changera rien et surtout pas de diacres mariés qui seront ordonnés prêtres et donc de possible évèques

      • Pardonnez-moi mais je suis en total désaccord avec votre propos. « si il n’y avait pas d’attouchement ni d’érection , cela ne me paraît pas si grave bien que tout à fait tordu. » Voilà encore une manière de tout ramener au sexe tout en critiquant l’Eglise pour son obsession sur le sujet.

        Le plus grave, ici, est l’abus spirituel qui consiste à faire croire à deux jeunes adultes que pour obtenir le pardon de leurs péchés ils devraient se déshabiller devant le saint sacrement. Là est la faute, pas dans d’hypothétiques attouchements ou érections.

        • Michel 189420,

          Oui, comme le dit René, c’est gravissime. Du moins si l’on croit à la présence réelle et au fait que c’est Dieu qui agit dans le sacrement. Et on peut supposer qu’un évêque (en réalité un prêtre à l’époque des faits) et un homme en discernement pour devenir prêtre y croient tous les deux.
          Cette atroce mascarade signifie en gros que Dieu donne son pardon lorsque le pénitent suscite l’excitation sexuelle de celui par qui il le transmet, et qui finalement, après avoir humilié et soumis jusqu’au bout le pénitent, fait semblant de croire qu’il reste pur lui-même puisqu’il n’y a pas eu de prise mâle dans une prise femelle. Il s’est même effacé devant Dieu !
          C’est le grand truc des prêtres qui veulent rester soi-disant chastes. C’est fréquent dans de nombreuses communautés nouvelles où là on touche, se fait toucher, je vous passe les détails, sans même avoir le courage d’aller jusqu’au bout parce que cela porterait alors à conséquences. Sauf que pour celui ou celle qui est entraîné dans cette odieuse parodie mêlée de Parole de Dieu, de spiritualite déviante et de fausse théologie, c’est absolument mortifère. Il ne sait plus qui il est ni ce que Dieu lui veut. Et on (celui qui se vante d’être l' »alter Christus » ! car sinon comment convaincrait-il ? Et sans doute en est-il lui-même convaincu) lui fait croire que ça, c’est l’Amour !

          • A Anne
            Bien sûr qu’une sexualité pervertie parce qu’elle n’ose même pas s’assumer ne saurait constituer en aucun cas une circonstance atténuante .
            Et puis comme le dit René , ce qui est grave dans le cas de M Santier c’est l’abus spirituel , l’abus de pouvoir qui se manifeste dans cette conception aberrante de la confession ;
            J’avais proposé ,par provocation ,,à un directeur de séminaire de faire une intervention sur les rapports entre sexualité et pouvoir à partir de la pensée de l’école de Francfort. Un genre de E Fromm et H Marcuse pour les nuls .
            Ce brave homme aurait vu le diable franchir sa porte qu’il n’aurait pas été plus ébahi . Je n’ai eu droit qu’à un : »c’est complètement idiot , ils n’ont pas besoin de cela « .
            Et pourtant si on menait une analyse détaillée des cas d’abus dans l’église , on découvrirait pertinence des analyses de ces philosophes .

  • Dominique,
    Ce n’est absolument pas désespérer de quelqu’un qu’éviter de lui confier une tâche dans laquelle il pourrait scandaliser ceux qui lui sont confiés. On ne peut pas continuer à tout mélanger ainsi, c’est source de trop de mal et de mort.

  • Juste pour info, avant la nomination d’un évêque, des personnes (dont des laÏcs) ayant travaillées avec l’éventuel futur évêque sont consultées.
    Après, on ne connait jamais tout d’une personne, surtout s’il s’agit de personnalités clivées, perverses, qui peuvent longtemps, très longtemps, tromper tout le monde et être, par ailleurs, brillantes, charismatiques, etc. Ces mêmes personnes, en même temps que leur fonctionnement tordu, peuvent réaliser de belles choses…
    Après la publicité sur les potentiels futurs évêques ? je suis un peu réservée quand même. Dans le cas dont j’ai eu connaissance, le prêtre n’a jamais été nommé évêque. Je vous laisse imaginer la situation… les questionnements « qui a dit quoi sur moi pour que je ne sois pas évêque », de la part de l’intéressé et de ses proches. Les humains, cathos ou pas, restent des humains.
    La « règle du silence » a ses limites mais la transparence est un leurre. Je pense aux condamnations par Rome de prêtres pour des questions de pédocriminalités ; la sentence n’est pas divulguée dans la presse, elle est, je crois, portée à la connaissance d’instances diocésaines de façon discrète, dans des cas que j’ai pu connaître. Quant un prêtre est incriminé à juste titre, il n’est pas rare qu’il ait reçu de multiples soutiens de paroissiens croyants ce prêtre incapable de ce qu’on lui reproche, pas rare non plus que l’évêque ait reçu des pétitions pour sa réintégration et des menaces pour avoir osé mettre en route une action concernant le prêtre. Très souvent cela divise des communautés paroissiales. La clarté intégrale faciliterait-elle ? je n’en suis pas convaincue. Je suis du diocèse de Lyon et j’ai été témoin, en plusieurs occasions, de l’incapacité des paroissiens d’entendre que leur curé était coupable de faits graves.

    • J’entends vos arguments. Ils ne me paraissent pas également recevables.
      Qu’un prêtre qui sait avoir figuté sur une liste de candidats potentiels s’interroge sur les raisons qui font qu’il n’a pas été choisi… n’est sans doute pas dramatique et peut-être salurtaire… Il m’est arrivé, dans ma vie professionnelle, d’être dans cette situation. C’est certes douloureux ! J’ai « rebondi » ailleurs…
      Concernant le silence qui entoure les sanctions canoniques vous soulevez un débat parfaitement légitime. Comme vous, je ne suis pas persuadé qu’une totale transparence soit souhaitable dans tous les domaines. Il y a là une requête de nos sociéts qui porte une logique totalitaire.
      Pourtant, dans les cas comparables à celui de Mgr Santier, et je le dis dans mon billet, rendre publique la sanction est aussi une manière de rendre justice aux victimes. Que les communautés s’en trouvent divisées est hélas une conséquence à avoir assumer. Mais taire pour ne pas diviser conduit aux situations dramatiques que l’on connaît.
      Pour le reste vous avez raison : on ne peut jamais être assuré de bien mesurer les risques d’une nomination.

      • Je suis d’accord que pour l’intéressé, ne pas être nommé pourrait être salutaire ; mon souci, c’est plus le climat délétère créé autour du prêtre : qui sont les traîtres, qu’est-ce qu’on lui reproche ? et un système de pétitions sans fin pour la nomination de tel ou tel !
        Nous sommes, je crois, dans une période difficile aussi du point de vue de la communication. L’explosion des RS et aussi la violence qui s’exprime sur certains (je suis sur twitter) ne facilite pas le nécessaire climat de sérénité nécessaire à des décisions courageuses au plan de l’institution. Je prends juste un exemple : oui, après Santier, il y en aura d’autres ; plusieurs le suppose. Faut-il, pour éviter des soubresauts successifs, que les évêques mettent d’autres noms sur la table ? mais de quel droit le ferait-il ? peuvent-ils passer par dessus les décisions romaines dont chacun sait qu’elles ne sont jamais rapides ? doivent-ils tous démissionner comme c’est de nouveau suggéré ?
        On est rentré, de fait, dans une espèce de chasse aux sorcières oubliant que l’Eglise, dès ses commencements, a connu des traîtres et en a connu tout au long de son histoire. Le nombre des victimes de pédocriminels et l’attention qu’on leur doit, explique cela (et c’est heureux en un sens) mais ça nous met tous sur une piste quelque peu dangereuse ou la dénonciation paraîtrait la seule option ?

        • Grimonprez

          Je pense que l’attention doit d’abord se porter sur les victimes passeees, présentes et futures.
          Car ce sont elles que l’on a abusées et salies.
          Celui qui n’est pas nommé évêque n’en meurt pas pour autant puisqu’il s’agit non d’une promotion mais d’un service. Il continue donc à servir d’une autre manière.
          Et les faits incriminés sont généralement connus de certains avant de devenir publics. Et n’est ce pas justement parce qu’ils ont été tus pendant des décennies et surtout non sanctionnés que l’opinion catholique se réveille groggy, ayant l’impression juste que sa confiance a été complètement trahie.

          • Bien d’accord avec vous, pour la priorité aux victimes et le fait d’un service à vivre sous de multiples formes
            Je voulais juste développer le fait que sortir collectivement du silence dans  » l’institution église » (ce qui est nécessaire) a beaucoup d’implications diverses à prendre en compte dans la perspective de changements institutionnels. C’était plutôt cela la pointe de mon intervention

    • A Grimonprez
      1) En ce qui concerne proces canonique de M Santier
      Dans le système judiciaire français, le public n’a pas accès au dossier mais les audiences sont publiques parce que la justice est rendue au nom du peuple français .Dans le droit Canon c’est le secret qui predomine y compris concernant les audiences qui ne sont pas publiques . Ce qui met l’eglise en infraction structurelle avec le droit au procès équitable qui est reconnu comme un droit de la personne humaine .
      2) En ce qui concerne recrutement des évêques, la confidentialité peut se comprendre à condition que les enquêtes sur le candidat soient faites sérieusement auprès d’un panel de personnes très différentes . Ce qui n’est pas le cas , les personnes consultées étant choisies pour approuver le choix de Rome . .

  • Je pense que les prêtres à l’heure du sacerdoce devraient, comme les diacres, être d’âge mûr. Ils devraient être appelés par la communauté à laquelle ils appartiennent et qui discerne la capacité d’une personne à répondre à un appel.
    On ne s’appelle pas soi-même. Et le discernement ne devrait pas revenir à un seul accompagnateur mais plutôt à une communauté qui connaît celui qui sera désigné et non proposé de lui-même.

    • Là vous évoquez le cas des prêtres. En principe ce travail de discernement est opéré par les responsables de séminaire… sauf que parfois, vue l’éffondrement des vocations, certains évêques se montrent peu regardants au risque de multiplier les grenades dégoupillées…

      Sur l’âge « mûr » des prêtres, la question est complexe. Là encore, la courbe démographique du corps presbytéral est telle qu’on confie parfois à de jeunes prêtres des responsablités de « curé » de paroisse qui, pour le coup, exigent expérience et maturité.

      Concernant les évêques c’est plus compliqué encore car il y faut des qualités supplémentaires… Mais une même exigence de discernement sur des critères qui restent à préciser et devraient quasiment être publics. On sait que l’un des problèmes de ces dernières décennies est que le choix des évêques s’est (trop) fait sur des critères de piété personnelle et de totale obéissance voire de soumission… à Rome. Avec pour effet que confrontés à des situations de crise dans leur diocèse… ils ont été incapables de gérer.

      Et nous connaissons tous (en tout cas je connais…) des prêtres qui auraient fait d’excellents évêques mais qui ont toujours été tenus en marge (voire en susicion) tout simplement parce qu’ils avaient du caractère et qu’ils n’auraient pas été facile à gérer.

      • René, vous pourriez peut-être ^parler également des prêtres qui refusent de devenir évêques car ça existe aussi et on laisse le temps au pressenti de décider s’il accepte ou pas en prenant l’engagement formel de ne jamais révéler cette situation… Quant à déterminer comme çà à vue de nez que tel serait capable de devenir évêque ou non … bon je laisse çà aux » spécialistes « dont je ne fais pas partie il s’en faut de beaucoup.
        Par ailleurs il est établi sur ce blog (et sur d’autres bien sûr que seul, l’esprit d le peuple est inspiré du Saint Esprit l’esprit du mal ne pouvant évidemment n’avoir aucune prise sur cet’ heureux » peuple tant il est occupé par la hiérarchie cléricale

          • René, je vous fatigue vous me fatiguez vous aussi ç revenir en boucle tout le temps sur les mêmes problèmes dont je ne nie nullement l’existence bien entendu mais je ne crois décidément pas que la solution,si solution définitive existe, et j’en doute beaucoup, se trouve tout simplement dans l’opinion majoritaire de ceux qui se déclarent chrétiens
            Que voulez-vous que je vous dise,pour moi étire chrétien c’est devant un choix à opérer c’est retenir ce lui qui parait le plus difficile avec la grâce de Dieu bien sûr;c’est avoir l’attitude de Thérèse de Lisieux qui avait affaire dans son couvent une sœur qui lui déplaisait e tout et qu s’est montrée si prévenante à son égard que cette sœur a cru à l’existence d’une amitié réelle entre Thérèse et elle.
            Vouloir suivre le Christ n’est pas un chemin de roses

      • Je serai bien d’accord avec vous sur des critères publics pour les évêques.
        D’accord aussi sur l’importance du nonce… des relais avec la congrégation des évêques et ceux qui en sont membres, etc.
        Je connais aussi des évêques actuels pour qui, si l’on m’avait demandé mon avis (mais je n’avais aucune raison de le donner !) j’aurai dit – et je n’étais pas la seule à le penser dans la curie diocésaine – que certains pouvaient être de saint prêtres mais ne pas avoir la carrure pour être évêque.
        On est aussi victimes du fait que les évêques en place pensent à ceux qui leur ressemblent pour être évêque !
        Si la situation ouverte par le rapport de la Ciase pouvait ouvrir davantage nos yeux sur la fragilité de l’Eglise et de ses ministres, sans pour autant perdre l’espérance, ce serait déjà un grand pas

    • Le discernement est déjà aujourd’hui l’oeuvre d’un collectif : le séminariste, dans la vie commune du séminaire, est confronté à ce qu’il est, à ses limites ; il y a des temps de « correction fraternelle ». L’équipe animatrice du séminaire est un collectif (dont il est souhaité qu’il soit constitué d’hommes et de femmes) et c’est le cas dans des lieux que je connais. Cette équipe participe au discernement de la vocation de chaque séminariste. Le séminariste est aussi en insertion dans une paroisse et ceux avec qui il a eu à travailler sont consultés avant que le séminariste soit appelé à poursuivre son chemin vers l’ordination diaconale puis presbytéral. Avant chaque ordination, il y a vote pour savoir si l’équipe chargé du séminaire propose à l’évêque du lieu que tel ou tel soit ou non ordonné. Il y a donc beaucoup de précautions prises, dans un séminaire qui fonctionne normalement et malgré cela, il arrive ce dont nous sommes témoins… ça rend humble et plus conscient de la duplicité des coeurs.

      • Merci Madame de la clarté et de la richesse de vos interventions.Pour moi il est vident que certains très saints prêtres de qualité exceptionnelle ne feraient pas pour autant de très bons évêques.
        Quant à connaitre vraiment quelqu’un en étant certains de ne pas se tromper, mais c’est mission impossible et ce mème avec l’aide du Saint Esprit…

      • A Grimonprez
        Ce discernement est une vaste blague, juste pour amuser la galerie. Dans un diocèse que je connais, il y a eu un candidat à la prêtrise qui a été ordonné malgré les avis négatifs. La suite a donné raison à ceux qui estimaient qu’il ne fallait pas l’ordonner. Que cela plaise ou non, l’évêque fait ce qu’il veut. C’est lui le patron. Point barre.

        • Je connais ce fonctionnement mais c’est une dérive. Je connais aussi le fait que des candidats au sacerdoce refusés dans un diocèse, soiient acceptés par l’évêque d’un autre diocèse… mais ce sont des dérives et je tenais à rappeler ce qui est le fonctionnement normal. Il faut dire aussi qu’il y a des séminaires « diocésains » et d’autres séminaires généralement moins attentifs à un fonctionnement sérieux de discernement.

  • Sur la sélection et la nomination des évêques
    Je trouve très intéressant les différents commentaires purement idéologiques qui cherchent à justifier le mode de sélection des évêques actuellement en vigueur .

    1) Le choix d’un évêque est déterminé quasiment exclusivement par le résultat d’un rapport de force entre les différentes factions romaines qui mesurent ainsi leur pouvoir d’influence . .. La consultation des fidèles, même choisis par le système n’a aucun poids
    De plus faut il rappeler que certaines nominations d’évêques sont faite sur un nom qui ne figurait pas sur la terna (liste de trois noms qui sont théoriquement soumis au pape et sur lesquels on a consulté les fidèles ) Le caractère secret de la procedure permet de rendre invisible le décalage entre ce qui est affiché et ce qui est effectivement pratiqué
    2) Je m’étonne qu’on ne se pose pas la question de la pertinence de continuer à mettre sur la même tête les trois fonctions de l’évêque qui sont enseigner , gouverner et sanctifier et dont chacune demande des compétences spécifiques . Confier ces trois fonctions à la même personne revient à chercher un mouton à 5 pattes . Mais l’église vit toujours dans l’idée que la compétence importe peu et que l’onction de l’ordination suffit pour donner l’aptitude à tout faire .
    Alors ensuite il est faut pas s’étonner de tous les manquements et erreurs commis par les évêques qui ne sont pas des surhommes en dépit du fait qu’ils aient reçus l’onction sacralisante de l’ordination épiscopale .

    • Comme on tombe rarement sur un mouton à cinq pattes, c’est comme ça qu’on a des moutons noirs ! Blague à part, ce que dit Grimonprez est juste : un bon et saint prêtre n’a pas forcément la carrure d’un administrateur. Car c’est ça qu’on demande aujourd’hui aux évêques : administrer, ce qui s’appelle dans le jargon actuel, manager. Il y a 150 ans, on demandait à l’évêque d’être surtout un pontife au sens positif du terme. Les siècles avaient mis quantité de contrepouvoirs à leur action, à commencer par les chanoines. On demandait à un pontife de régner et de bénir. Les pontifes les plus intelligents usaient plusieurs vicaires généraux au gouvernement. L’évêque était en retrait pour trancher. Ça fonctionnait plutôt bien. Tandis que depuis un peu plus de 50 ans, l’évêque doit être le prêtre le plus intelligent, le plus beau, en meilleure santé, le plus tout ce qu’on veut, ce qui ne leur a pas fait pousser la cinquième patte. Or l’évêque n’a pas à être le plus intelligent et le plus savant de ses prêtres, ni le plus beau, ni même le plus pieux en apparence. Son idéal est celui du sage selon Salomon : un coeur qui écoute. C’est lui qui discerne les talents des uns et des autres et qui les met en oeuvre. Par sa sagesse, il se garde de la dérive monarchique qui crée immédiatement le système de cour. C’est la mauvaise interprétation de la « plénitude du sacrement de l’ordre », définie à Vatican II, qui a tout faussé. Je dis bien la mauvaise interprétation. Car tout d’un coup, il nous a fallu des « plénitudes » alors qu’autrefois un évêque n’était qu’un prêtre amélioré puisqu’on ne parlait même pas d’ordination mais de sacre. Depuis que nous avons des « plénitudes », le profil choisi de préférence est devenu le prêtre en bonne santé physique pour abattre le travail, avec quelques qualités commerciales, managériales, et pieuses en plus. C’est comme ça qu’on a des HEC et consorts, qui feraient de parfaits patrons d’entreprises où les employés font un burnout et se suicident ! Ajoutez à ça, comme des exemples récents nous l’ont montré, que des profils pathologiques d’hyperactifs non soignés sont choisis comme évêques, et vous avez des diocèses entiers avec des problèmes qui finissent par être nationaux, voire plus. Enfin, l’ambition ecclésiastique est à prendre en compte, d’autant plus qu’elle est camouflée sous d’épaisses couches d’humilité. Elle est difficilement détectable de l’extérieur. Il faut de vieux observateurs comme moi qui sont entrés à 10 ans au Petit-Séminaire pour la détecter, à l’odeur. Les autres ne sentent rien. On demande tellement aux évêques d’être trop ceci, trop cela, et encore plus, que j’attends d’apprendre que plusieurs se cament à l’herbe ou à la coke pour remplir leur rôle. Il n’y aurait rien d’étonnant à cela. L’évêque n’est pas le super pdg d’une entreprise qui s’appellerait le diocèse, mais celui qui est chargé de présider à sa bonne marche. J’espère que le Synode 2023-2024 va corriger la mauvaise interprétation de la « plénitude du sacrement de l’ordre » en déchargeant les évêques de fardeaux qu’ils ne peuvent plus porter et en leur permettant de remplir leur fonction de « scopos epi », d’observation au-dessus. Pour cela, il ne faut pas le plus excité du clergé mais le plus calme. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’ils devraient aménager leur crosse en périscope, mais ça serait peut-être un signe. Nous avons besoin d’évêques non pas endormis mais reposants, dont le coeur qui écoute est évident pour tous. On obéit facilement à de tels hommes. Il y aurait encore beaucoup à dire mais j’ai déjà abusé de votre patience. Je vous en demande pardon.

      • Je trouve très jolie l’expression « l’ambition ecclésiastique camouflée sous d’épaisses couches d’humilité » !

      • A Pierre Vignon
        Merci de votre réponse laquelle je souscris pleinement.Ce qui prouve bien que l’interprétation des textes par l »église dépend du contexte sociétal dans laquelle elle évolue . Ce n’est pas un hasard si l’on est passé dans la conception de l’évêque, du pontife au chef d’entreprise qui correspond mutatis mutandis à l’évolution globale de nos sociétés occidentales en recherche d’efficacité immédiate objectivée au détriment de la fécondité .
        Et c’est là que la bât blesse car l’église se prétendt toujours hors du temps , hors de la société des hommes et de leur histoire et ne peut donc , du fait de ce déni, tenir compte de la réalité dont elle est , qu’elle le veuille ou non partie prenante ..
        L’église se croit en lévitation au dessus de la route des hommes alors en fait elle y évolue en conduisant les yeux bandés et les oreilles bouchées . Il ne faut pas s’étonner alors qu’elle soit sujette de des accidents ..

      • Je ne savais pas que selon vous être ordonné est infiniment plus important qu’être sacré Par ailleurs je constate encore une fois qu’il ne vous arrive apparemment jamais de vous interroger sur la valeur de vos points de vue puisque « les autres ne sentent rien »
        comme quoi « ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces »

  • XXX. DU BEAU PRÊCHE QUE FIRENT EN ASSISE SAINT FRANÇOIS ET FRÈRE RUFIN, QUAND ILS PRÊCHÈRENT NUS.

    LEDIT frère Rufin, par la continuelle contemplation, était si absorbé en Dieu, qu’il était devenu presque insensible et muet, et de très rares fois parlait et encore il n’avait la grâce ni la hardiesse ni la faconde du prêcher. Néanmoins saint François une fois lui commanda qu’il allât à Assise, et prêchât au peuple ce que Dieu lui inspirerait. Dont frère Rufin répondit : Révérend père, je te prie que tu me pardonnes et ne me mandes là ; pour ce que, comme tu sais, je n’ai la grâce du prêcher, et suis simple et idiot. Alors dit saint François : Pour ce que tu n’as obéi promptement, je te commande par sainte obéissance que nu comme tu naquis, avec les seules braies, tu ailles à Assise et entres en une église et ainsi nu prêches au peuple. À ce commandement, ledit frère Rufin se dépouille, et s’en va nu à Assise, et entre en une église ; et faite la révérence à l’autel, monte dessus la chaire et commence de prêcher ; de laquelle chose les enfants et les hommes commencèrent de rire, et disaient : Or voici que ceux-là font telle pénitence qu’ils deviennent stupides et hors d’eux-mêmes. Entre temps, saint François, repensant à la prompte obéissance de frère Rufin, lequel était des plus gentilshommes d’Assise, et au dur commandement qu’il lui avait fait, commença de se reprendre soi-même, disant : Dont te vient telle présomption, fils de Pierre Bernardone, vil petit homme, de commander à frère Rufin, lequel est des plus gentilshommes d’Assise, qu’il aille nu prêcher au peuple comme un fol ? par Dieu, tu éprouveras en toi ce que tu commandes aux autres. Et tout soudain en ferveur d’esprit il se dépouille nu semblablement, et s’en va à Assise, et mène avec soi frère Léon pour porter son habit et celui de frère Rufin. Et le voyant semblablement les Assisains, se gaussaient de lui, réputant que lui et frère Rufin fussent devenus fous par le trop de pénitence. Entre saint François dans l’église où frère Rufin prêchait ces paroles : Ô très chers, fuyez le monde, laissez le péché, rendez le bien d’autrui, si vous voulez esquiver l’Enfer ; observez les commandements de Dieu, aimant Dieu et le prochain, si vous voulez aller au ciel ; et faites pénitence, si vous voulez posséder le Royaume du Ciel. Et alors saint François monte nu dessus la chaire, et il commence de prêcher si merveilleusement du mépris du monde, de la sainte pénitence, de la pauvreté volontaire, du désir du royaume céleste, et de la nudité et opprobre de la Passion de notre Seigneur Jésus Christ, que tous ceux qui étaient au prêche, hommes et femmes en grande multitude, commencèrent de pleurer très fortement avec incroyable dévotion et componction de cœur ; et non seulement là, mais par tout Assise fut en ce jour un tel pleur de la Passion du Christ, que jamais n’y en avait eu de semblable. Et ainsi édifié et consolé le peuple de l’acte de saint François et de frère Rufin, saint François rhabilla frère Rufin et soi-même ; et ainsi rhabillés s’en retournèrent au couvent de la Portioncule, louant et glorifiant Dieu, qui leur avait donné grâce de se vaincre eux-mêmes, par mépris de soi, et d’édifier les ouailles du Christ avec bon exemple, et démontrer combien est à mépriser le monde. Et en ce jour crût tellement la dévotion du peuple envers eux, que bienheureux se réputait qui pouvait toucher l’ourlet de leur habit. À la louange du Christ béni. Amen.

    Les Petites Fleurs de François d’Assise
    Traduites par André Pératé
    Illustrées par Maurice Denis
    Librairie de l’art catholique, 1926

    • Je trouve judicieux de rappeler la prédication nue de saint François à condition de ne pas confondre prêcher aux oiseaux et prêcher à son petit oiseau ! (Veuillez me pardonner mais je n’ai pas pu m’empêcher de la faire)

    • Que vous dire d’autre Michel si ce n’est merci de cette citation Quant à Mgr Santier je dirais que son comportement est digne d’un jeune pubère se préoccupant de la longueur de son sexe par rapport à celui des autres,pour autant je ne connais pas grand chose de cette affaire particulièrement désolante

    • Michel se fait le promoteur de l’exhibitionnisme évangélique.
      Il se passe toujours quelque chose sur le blog de René

      • Personnellement, je ne trouve vraiment rien de drôle dans cette histoire. Je trouve même excessivement choquant que l’autre soit utilisé par un prêtre, qui tient soi-disant le rôle du Christ et alors qu’il délivre les sacrements, pour s’exciter et se satisfaire sexuellement. C’est ajouter la domination du corps à celle de l’âme en profitant de l’obéissance et de la confiance. Même moi qui suis mécréante, j’y vois là une profanation de l’autre comme du Christ. Et pas du tout une lubie à la François d’Assise ou une séance de touche-pipi entre gamins (pardon pour ma vulgarité).

        • Ce que vous appelez une « une lubie à la François d’Assise » relève du dépouillement symbolisé par la nudité.
          On naît nu et on meurt nu (même sous un vêtement) !

          • Michel,

            Vous « pinaillez « …et renseignez vous sur la nature des faits et les motivations de la sanction canonique faciles à trouver, avant de faire, comme déjà dit, des comparaisons absurdes et meme scandaleuses qui ne prêtent pas du tout à rire !

        • Il y a des allusions qui ne s’imposent pas et sont même carrément déplacées. Que vient faire en effet dans une affaire aussi grave ( demander à quelqu’un de se mettre nu devant le St Sacrement avant de recevoir l’absolution ), l’allusion à l’une de ces fioretti de St François d’Assise ?
          Le but de St François n’était pas de profaner un sacrement donc de commettre un sacrilège pour commettre un abus sexuel, me semble t il ? Donc aucun rapport du tout !
          Si un catholique qui croit à le Présence réelle, à l’efficacité des Sacrements, sans parler du simple respect de la personne humaine, n’est pas scandalisé par un tel acte, ou va t on ?
          Et, effectivement, il n’y a pas de quoi rire étant donné la gravité de tels faits…

  • Je pense qu’il ne serait pas inutile de rappeler que les faits reprochés à Mgr Santier ont eu lieu avant sa nomination d’Evêque et que par conséquent ce n’est pas l’évéque qui est coupable en tant que tel ce qui n’amoindrit nullement la culpabilité de l’intéressé bien sûr

    • Certes, mais il a quand même “assumé“ tout ça en acceptant de devenir évêque et durant le temps où il a été évêque. Je vous communique ci-après le commentaire de Jean-Pierre Baconnet publié sur mon fil Facebook. Il a été, sous Mgr Santier, Chancelier du diocèse de Créteil et se trouve avoir été juge ecclésiastique. Il connait donc son sujet. Je le cite :

      « Il y a eu délit car l’absolution du complice de péché contra sextum (c’est-à-dire contre le sixième commandement qui vise les péchés sexuels) est sévérement puni et son auteur encourt l’excommunication (voir CIC 1378). Mais comme bien des prêtres ont envoyé par dessus bord le droit canon, surtout dans les communautés nouvelles, si Michel Santier s’est confessé de ce délit, son confesseur n’aurait pas dû lui accorder l’absolution puisqu’elle est réservée au Siège apostolique. Et là l’Eglise aurait été informée et il n’aurait jamais été évêque. S’il ne s’est jamais confessé c’est encore objectivement plus grave. Il a du avoir un bon avocat à Rome et ses vingt ans d’épiscopat, plutôt positifs, ont du peser en sa faveur, car il risquait gros. Son précepte pénal est le minimum que pouvait faire la Congrégation pour la doctrine de la foi. »
      




      




      • Comment cela ! Un « péché contre le sixième commandement » ou sa complicité ne pourrait recevoir l’absolution !!!

          • J’avais plutôt la notion que seule le péché contre l’Esprit ne pouvait être pardonné.
            « Tout péché, tout blasphème, sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas pardonné.
            Et si quelqu’un dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un parle contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné, ni en ce monde-ci, ni dans le monde à venir. »
            (Matthieu 12, 31-32)

          • Réponse de Jean-Pierre Baconnet à ma demande d’explication :

            « Le prêtre qui veut absoudre celui ou celle avec lequel ou laquelle il a commis un péché d’ordre sexuel, comment un délit très grave.
            Un délit est un péché grave, tout péché n’est pas forcément un délit pénal.
            Canon 977 : »En dehors du cas de danger de mort, l’absolution du complice d’un péché contre le 6ème commandement du Décalogue est invalide. »
            Canon 1378 : »‘Le prêtre qui agit à l’encontre des dispositions du canon 977 encourt l’excommunication latae sententiae réservée au Siège apostolique »
            Donc
            Le complice peut se confesser à un autre prêtre pour obtenir l’absolution.
            Le prêtre qui a faussement absous son complice sexuel doit en référer au Saint Siège pour obtenir la peine et l’absolution. S’il se confesse à un prêtre ou à un évêque de ce délit, le confesseur ne peut pas lui donner l’absolution car elle est réservée au Saint siège.

          • Selon le droit canon, lorsqu’il y a agression sexuelle, la victime est considérée « comme « complice » et si l’agresseur l’absout, il risque l’excommunication.
            Cela s’appelle « absolution de complice » et c’est cela qui est gravissime et non le viol.
            Eh oui !

          • Dans la circonstance, et jusqu’à plus ample informé, il ne s’agissait pas de complices, mais de victimes !
            Et la venue en confession des deux jeunes ne portait pas sur « l’effeuillage » puisqu’il n’avait pas encore eu lieu.

          • A Michel
            Le droit canon n’envisage que l’offense faite à Dieu et à ses commandements . La notion de victime lui est inconnue puis qu’il ignore les droits de la personne . Ceux que nous considérons comme des victimes sont pour le droit canon des complices puisqu’ils ont été acteurs dans l’offense faite à Dieu . Vous êtes anachronique en vous référant à des notions , que le droit canon ignore .

        • Il ne faut pas confondre péché et délit (en latin crimen…). Tout délit est aussi un péché réprimé par le droit canonique, tout péché n’est pas forcément un délit.
          Le prêtre qui veut absoudre celui ou celle avec lequel ou laquelle il a commis un péché d’ordre sexuel commet non seulement un péché mais un délit très grave.

          Canon 977 : »En dehors du cas de danger de mort, l’absolution du complice d’un péché contre le 6ème commandement du Décalogue (contra sextum) est invalide »
          A ce niveau le droit ne distingue pas si le « complice » est consentant ou non. Gaffiot propose : »complex, icis :uni, joint… » L’idée est qu’un péché sexuel est commis avec quelqu’un. C’est trop facile pour un prêtre qui fricote avec sa bonne de dire : « confesse toi, je vais te donner l’absolution »….Le code actuel de 1983 reprend les canons 884 et 2367 du code de 1917, en faisant référence à une constitution de Benoit XIV sur le sacrement de pénitence de 1741.

          Canon 1378 : « Le prêtre qui agit à l’encontre des dispositions du canon 977 encourt l’excommunication latae sententiae réservée au Siège apostolique »
          Ce canon vise le prêtre fautif qui a faussement absous son complice sexuel et qui doit en référer au Saint siège pour obtenir la peine et l’absolution. Un prêtre ordinaire, et même un évêque ne peut pas absoudre le prêtre fautif des canons 977 et 1378. Seul le Grand pénitentier à Rome le peut.

          J’ai dit ailleurs que MS avait du avoir un bon avocat à Rome car dans un cas similaire, Thierry de Roucy (Points Coeurs) a été renvoyé de l’état clérical. (Cf « La trahison des pères », Céline Hoyeau, page 126).

          Si MS s’était confessé dans les années 90 à un prêtre connaissant son droit canon (y en a-t-il ?), Rome aurait été au courant et il n’aurait jamais été évêque….

          • votre parallèle avec Point Coeur conduit à se demander si, en plus !, il n’y aurait pas deux poids deux mesures dans la façon dont est appliqué le « droit » canon: une logique pour un évêque, une logique pour les autres ?

          • Il faudrait avoir accès aux dossiers pour pouvoir dire quelque chose.
            Personnellement, mais cela n’engage que moi, les 20 ans d,’épiscopat ont du jouer en sa faveur.

          • Jean-Pierre Baconnet,

            Les évêques que j’ai rencontrés ne connaissaient pas non plus le droit canon. Comme si cela ne faisait partie intégrante de la vie de l’Eglise pour personne, hormis ce qui concerne le mariage dirait-on.
            C’est pourtant extrêmement instructif.

      • La question est moins de pinailler sur les modalites de l’absolution des péchés contre le sixième commandement que de bien nommer les actes de M Santier .
        Ils consistent à instrumentaliser autrui en abusant de son autorité pour en faire un objet de plaisir .
        M Santier a fait exactement la même chose qu’un.pornographe qui profite de son emprise sur une femme en état de faiblesse pour la forcer à s’exhiber .
        Voilà ce qui est insupportable et que le l’institution ecclésiale a laissé faire.
        Tout le reste est secondaire et prouve seulement que le droit canon est totalement archaïque au point qu’il ne mérite plus le nom de « droit  » .

      • Quelle naïveté dans ce commentaire d’un canoniste . Dans la vraie vie , fut elle ecclésiale la règle est une chose et les actes en sont une autre .
        M Santier doit aussi son siège épiscopal au fait qu’il représentait le courant des communautés nouvelles charismatiques sur lesquelles on misait beaucoup à l’époque. La personne importait peu , le lobby charismatique poussait ses pions et Santier en était un qui répondait à ce critère déterminant .Ses « qualités » personnelles n’ont sans doute pas été prises en compte .
        . Une journée passée avec lui a suffit à me faire comprendre qu’il ne vivait pas dans le monde réel .
        Quant aux strip confessions on aura du mal à me faire croire que son évêque n’était pas au courant .Mais à cette époque mettre en cause un prêtre comme M Santier était dangereux pour un évêque .
        L’église récolte aujourd’hui les fruits des démissions et lâchetés à tous les niveaux de l’institution ecclésiale .

        • Tout à fait d’accord. Les charismatiques ont joui d’une confiance aveugle de la part des responsables ecclésiastiques. Et celui qui se mettait en travers n’était non seulement pas entendu mais mis de côté. On se rend compte
          40 ans après que toutes ces communautés nouvelles sur lesquelles JP II s’appuyait pour « la nouvelle évangélisation » sont du pures impostures.

  • quel désastre qui s’ajoute au désastre dans l’Eglise ! quand arrivera-t-on au bout de la chaîne infernale des abus ? prêtres, religieux, et même évêques …! cela ne finira-t-il donc jamais ?…je croyais naîvement que l’Eglise, depuis la publication du rapport Sauvé avait admis et opté pour une dénonciation systématique des abus auprès des Tribunaux civils ? alors pourquoi cela n’a -t-il pas été fait ??
    COMME D HABITUDE, COMME TOUJOURS, COMME ENCORE en 2022 l’Eglise et ses acccolytes reste confinée dans le secret des tribunaux ecclésiastiques, « entre soi, » « ne rien dire » Cela cessera-t-il un jour ??
    et le Peuple de Dieu se fait traiter de « fouilleurs de poubelles » lorsqu’il a accès à la connaissance de ces crimes?
    J’ai quitté l’Eglise sur la pointe des pieds il y a plusieurs années pour cela et pour bien d’autres raisons évoquées aujourd’hui dans les rapports de la synodalité…
    Comment dire en effet « je crois en l’Eglise, une .. Sainte… » »dans le Credo ?
    l’Eglise peut fauter : Elle est une institution temporelle, MAIS elle vient d’être mise au pilori, et « on nous dit » avoir « compris » être décidé à changer » « le visage de l’enfant en pleurs a fait bouger les choses » bla bla bla ……mais visiblement elle n’est pas prête à se réformer, et moi , d’y retourner….

    • La révélation de tous les abusé sexuels, spirituels, ne fait que commencer…. Maintenant que la parole a commencé à se libérer, il ne va pas être facile de la faire taire à nouveau.

  • Pour ma part je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi aucun évêque n’a présenté sa démission à la suite du rapport de la CIASE.
    Cela veut-il bien dire qu’il n’y a plus aucune révélation de ce type à attendre ?
    Ou bien faut-il voir cyniquement dans la réception de ce rapport par la CEF, une simple mise en images de prélats d’efforçant de consonner avec l’émotion du public?
    Comment re faire confiance?

    • A Frédéric,
      Aucun évêque n’a présenté sa démissionssuite au rapport de la Ciase parce que la notion de responsabilité dans la commission de dommages fait à autrui leur est inconnue . Dans leur culture non seulement ils ne se sentent responsable de rien , mais ils ont la conscience tranquille puisqu’ils ont cru faire leur devoir en demandant des instructions à Rome .Ph Barbarin l’a clairement exprimé dans sa défense lors de son procès .
      Pis les évêques ont un sentiment d’injustice qu’on leur reproche d’avoir couvert ces crimes .
      Comme le dit justement un post sur ce fil , la cérémonie de repentance de Lourdes était au mieux une concession indispensable vu le scandale et la réaction des fidèles au pis une manœuvre hypocrite .
      Barbarin en se déclarant victime innocente comme le Christ lors de sa passion (cf une interview donnée à Radio Notre Dame) exprimait malheureusement la mentalite des évêques.

        • Peut-être qu’il existe ce seul évêque juste, selon l’article Golias « Quand le « Trombi » révélait l’affaire Santier » : « Nous sommes en mesure de dire que l’émérite de Créteil n’est pas le seul évêque dans le viseur (ou à l’avoir été) |condamnation cachée]. Actuellement, un évêque français |un seul?!] se bat en interne |CEF?] pour que les évêques abuseurs soient dénoncés. Car, nous le voyons bien avec cette affaire Santier, c’est encore l’omerta qui perdure. »
          Après, ils continueront de pleurer sur le mal être de prêtres malmenés par leurs ouailles, et il ne manquera pas béni-oui-oui pour les rassurer, alors que le fond de leur inconscient sait le poids de l’abus spirituel dont quasi tous ont été et demeurent victimes.

        • A Frédéric,
          En ce qui me concerne ,je ne porte pas de jugement moral sur la personne des évêques car , et c’est ce qui est tragique , la plupart croient agir de bonne foi et sont sincèrement persuadés de bien faire .

          Ces hommes ont délégué à l’institution écclésiale le pouvoir de dire le bien et le mal et ont renoncé à leur conscience personnelle . Pour faire simple leur vision est la suivante : j’agis justement parce que je fais scrupuleusement ce que l’église me demande de faire .
          Ils sont au sens propres des inconscients c’est à dire des gens pour qui leur propre conscience est atrophiée, est subordonnée à l’institution écclésiale . On n’a jamais raison tout seul contre l’église me disait un évêque lorsque j’évoquais avec lui cette question . Pis il me disait que c’était de l’orgueil que de vouloir s’opposer au discours et aux actes de l’institution .
          On est donc là en face d’un phénomène d’aliénation au sens premier de ce mot , c’est à dire on devient quelqu’un d’autre que soi même .
          C’est bien là la diabolique logique de l’institution écclésiale que de demander à ce que l’on ne soit pas soi-même pour être vraiment fidèle soi disant au Christ , mais en réalité à la logique de l’institution qui a le monopole de l’accès au Christ .
          C’est de mon point de vue le principal critère de sélection des évêques : vérifier que le futur évêque a déjà donné des gages qu’il soutiendra toujours l’institution y compris contre lui même pour peu qu’il lui reste quelques débris de « moi  » non encore complètement éradiqués . .Ne devient évêque que celui qui n’est plus lui même , mais seulement sa fonction . ( je ne dis jamais ce que je pense mais uniquement ce que pense l’église avouait honnêtement un évêque )
          En fait c’est la principale ruse de l’institution écclésiale que de faire croire qu’en elle le mal n’existe pas ( n’est elle pas sainte ?) . Donc ceux qui font ce qu’elle dit ne peuvent faire le mal . Ceci explique, je le crois le déni des évêques concernant la pédocriminalité : un prêtre ne peut pas faire le mal donc on ne croit pas les victimes donc il est logique de protéger le prêtre criminel et ce faisant l’institution toute entière .

          Voilà pourquoi il n’est venu l’idée à aucun évêque de démissionner lors de la parution de rapport de la Ciase . Aucun évêque n’a conscience d’avoir une quelconque responsabilité dans ce désastre .
          Ils ont fait leur devoir , ils ont obéi . Qu’auraient ils alors à se reprocher ?
          On m’opposera la cérémonie de repentance de Lourdes en novembre dernier .Ce n’était que des mots pour calmer la colère des fidèles , une sorte d’exercice obligé qui comme l’a dit très bien Moulins Beaufort ne remet en aucun cas en cause « les pouvoirs sacrés reçus du Christ lui même  » conférés par l’ordination . Or c’est justement la notion de « pouvoirs sacrés » qui est en soi source d’abus .
          Depuis on tourne en rond en faisant quelques concessions :
          -des indemnisations , oui mais lentement et à moindre cout
          _ des réformes , oui mais confiées à des groupes de travail qui sombreront rapidement dans l’oubli .
          mais on continue à condamner un évêque dans le plus grand secret , en mentant à ses diocésains sur les raisons de sa démission, non pour le mal qu’il a fait aux victimes mais parce qu’il a manqué à la chasteté en instrumentalisant un sacrement .

          Bon avec ce post René va encore m’accuser de jouer les procureurs , mais cela reste néanmoins mon analyse cherchant honnêtement l’objectivité tout en sachant qu’elle est inatteignable .

          • En effet, j’aurais du mettre des guillemets à « juste » (et Frédéric aussi si je peux m’exprimer à sa place). Donc, si je vous suis Guy, et je vous suis, les évêques (et pas qu’eux) se sont abolis/ont abdiqués, individuellement et quasi collectivement -d’où le système- si j’en crois Golias. Ils ont été subjugués en toute bonne foi (leur « bon sens » a été détraqué par la certitude d’avoir été choisis). Jésus n’a manifestement pas anticipé les conséquences inévitables -vu la nature humaine- de son « viens et suis-moi ». Et, s’il ne s’est pas rendu compte, c’est qu’il était fils de Dieu comme nous autres car je doute fort qu’il ait voulu être un gourou -au sens des religions d’Asie- ni être à l’origine du gourou impersonnel qu’est l’institution ecclésiale. Jésus est cet exceptionnel fils biologique de Marie et Joseph, et cela me suffit.

          • a Jean Pierre,
            Nous n’avons aucune preuve que Jésus ait un jour dit : »viens et suis moi » pour la bonne raison que nous n’avons aucun accès direct à ce que Jésus a pu dire ou faire :.
            – les évangiles sont des récits à postériori qui ont été passé au philtre de l’expérience croyante
            – Ils ont été écrits dans le contexte de la la culture de leur rédacteur que hormis quelques spécialistes de mentalités nous ne connaissons que très peu .
            – Ils ont été écrits dans un but apologétique en tant compte des références culturelles de ceux auxquels ils étaient destinés .
            – les évangiles canoniques sont de plus une sélection certes justifiable parmi de nombreux écrits décrivant la vie de Jésus .
            Tout ceci n’enlève rien à l’intérêt de ces textes , mais ils disent au mieux la synthèse culturellement connotée de ce que des croyants ont pu dire de Jésus Christ. Mais absolument rien de la personne du Jésus de l’histoire .

            Cette distinction entre Jésus et Jésus Christ me semble fondamentale pour tenter d’interpréter aujourd’hui ces textes qui donnent sens à notre vie .

          • A Jean Pierre
            L’évêque Santier a t il fait ,ne serait ce qu’une fois, un acte de responsabilité en informant les diocésains de Créteil ou les cathos de sa villégiature actuelle pour leur dire qu’il avait manqué par ses actes envers ces deux victimes à sa mission d’évêque et solliciter leur pardon( à eux et pas seulement à Dieu ) ?

            SI quelqu’un a connaissance d’un tel message , il serait utile de le publier .
            Si non , je crains que cela conforte mon analyse

  • Michel,

    Comme on vous l’explique, il ne s’agit pas seulement d’un péché contre le 6 eme commandement mais d’un fait bien plus grave pour l’Eglise c’est à dire de l’instrumentalisation par un prêtre d’un sacrement pour assouvir une pulsion sexuelle, en plus devant le St Sacrement. C’est comme profaner une hostie consacrée. La profanation d’une hostie est bien plus grave que la profanation d’une personne. Mais ça; c’est le droit canonique.

    • A Marie Christine
      Normal , le droit canon ne connaît pas la notion de personne humaine .Le droit de l’eglise devrait être totalement refondu , . Il est fondé sur des concepts d’une culture disparue depuis longtemps .

      • A Michel,

        Et effectivement, il n’y pas de victimes dans le droit canon. C’est pourquoi on ne peut parler que de « complices » comme je l’expliquais.
        J’ai déjà raconté l’histoire d’une de mes connaissances, ancienne religieuse violée par un prêtre de son ordre, à qui l’official a dit : « ne renversez pas les choses, ce n’est pas vous qui avez été profanée mais vous avez profané l’Eglise car vous aviez fait des voeux ». Déclaration aberrante et scandaleuse de bout en bout.

  • Je suis plus que perplexe à l’idée que le problème de Mgr Santier et de l’Eglise en général se trouve – même partiellement – dans le mode de sélection du clergé. L’idée qu’une participation plus importante des fidèles dans le choix des évêques améliorera la situation me semble plus qu’audacieuse : on a vu des dictateurs portés au pouvoir par des foules, on a vu des gourous de secte adulés par ceux qu’ils ont ensuite fait mourir. Les humains acceptent très facilement de « boire le kool-aid » !

    Et quand bien même on imaginerait un test infaillible pour déterminer qui est digne d’une charge d’évêque, j’ai bien peur qu’aucun homme n’en soit à la hauteur. Il n’y a qu’un seul homme qui ait jamais été à la hauteur de la tâche de guider les âmes, et il nous l’a dit clairement : « Et n’appelez personne sur terre “père”, car un seul est votre père, celui qui est au ciel. De même, ne vous faites pas donner le nom de « docteur », car vous avez un seul docteur, le Christ ».

    De surcroit, améliorer la sélection à l’entrée me semble augmenter les risques : plus la personne aura passé « d’épreuves », plus elle se sentira au dessus des autres (et donc des règles), moins il sera facile de démasquer ses actes, et plus ils seront graves lorsqu’ils finiront par être révélés.

    C’est tout le sens du choix de Pierre pour diriger l’Eglise : Jésus ne l’a probablement pas choisi malgré son reniement mais peut-être a cause de son reniement ! Un homme faible qui connait ses faiblesses en vaut 1000 forts qui les ignorent.

    Dans ce contexte, et puisque notre nature humaine réclame des responsables, une hiérarchie, il me semble que c’est plutôt dans le renforcement du « système immunitaire » de l’Eglise qu’il y aurait des pistes à explorer, notamment dans la « formation aux abus » des fidèles. Rappeler clairement les règles : le clergé n’est pas au dessus des lois, il est humain et faillible, il a besoin du rétrocontrôle des fidèles pour l’aider a bien se comporter. Des projets timides ont été initiés (https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/proteger-lenfance-le-diocese-de-paris-met-sur-pied-une-formation-pour-prevenir-les-situations-dabus-79245.php). Il est temps de passer à la vitesse supérieure : on ne peut pas se contenter de former quelques catéchistes (sur invitation uniquement !), c’est la totalité des fidèles qui doit passer par la case formation.

    • « puisque notre nature humaine réclame des responsables, une hiérarchie… » ne serions nous donc plus membres d’un peuple dont les responsables sont appelés à laver les pieds de leurs frères et soeurs en humanité?
      faut-il vraiment continuer d’assimiler la responsabilité pastorale de la confirmation dans la foi d’une communauté de baptisés à un positionnement hiérarchique à la tête d’une structure de management d’un regroupement territorial de fidèles?

  • et nous voilà reparti sur les « communautés nouvelles « , entreprises pour le moins satanique assurément
    Je précise tout de même que Monseigneur Santier était fondateur de la Communauté « Réjouis toi » laquelle,, à ma connaissance ,n’a été l’objet d’aucun scandale, ce qui certes n’est le cas de bien d’autres assurément, hélas
    Enfin je constate qu’on peut être canoniste et en même temps faire des généralisations que j’estime abusives
    je rappelle que je n’ai jamais été membre d’une communauté nouvelle pour autant mais simple sympathisant ce qui m’a permis de voir tout de même le bien qu’elle faisait à tontes sortes de personne souvent plus ou moins cabossées par la vie. Par ailleurs e n ce qui concerne cette affaire il faudrait savoir réellement ce dont les victimes se sont accusées car elles ce n’est certes pas par vice qu’elles ont obéi à l »abbé en cause
    Bien des difficultés pour avoir une opinion dépassionnée sur cette affaire à mon avis

    • Une fois de plus vous vous prenez les pieds dans le tapis à toujours confondre votre avis (ou vos désirs) avec la réalité. Vous écrivez : « Monseigneur Santier était fondateur de la Communauté « Réjouis toi » laquelle, à ma connaissance , n’a été l’objet d’aucun scandale. » Comme si le dossier qui nous occupe sur Mgr Santier lui-même n’était pas précisément scandaleux ! Venez dans le Val-de-Marne écouter ce qu’en disent les catholiques à la sortie des messes.

      Par ailleurs c’est oublier le cas du p. Richard Lucas, membre de la communauté, qui a été condamné deux fois dans la Manche pour agressions sexuelles sur mineurs: en 2003 à du sursis, en 2013 à quatre mois de prison ferme assortis d’un aménagement de peine. Après sa seconde condamnation judiciaire, un procès canonique – devant la justice de l’Eglise – lui avait valu une double interdiction d’exercer dans le diocèse de Coutances, où il officiait, et de tout ministère en direction des mineurs. 

      Michel Santier l’avait accueilli dans son diocèse de Créteil et nommé aumônier en gériatrie avec obligation de respecter certaines interdictions. Ce qu’il n’a pas fait. D’où la décision prise ultimement, par l’évêché de mettre fin à sa collaboration.

      https://www.lexpress.fr/actualites/1/styles/le-diocese-de-creteil-critique-pour-la-gestion-d-un-pretre-condamne-pour-pedophilie_2014926.html

      • Vous m’excuserez peut-être (?° (e mais en ce qui me concerne les »gentils » commentaires prononcés par de ‘très bons » chrétiens à la sotie des messes ne m’intéressent absolument pas
        Par ailleurs dans mon commentaire je précisais « qu’à ma connaissance » ce qui veut dire que je ne prétendais nullement être entièrement informé
        je n’étais donc pas au courant de cette affaire concernant ce prêtre membre si j’ai bien compris de cette communauté
        De toute façon j’ai le sentiment qu’on est reparti dans une affaire « BARBARIN » avec cette histoire
        Désolé mais hurler avec les loups,: très peu pour moi

    • Dominique,

      A propos des communautés nouvelles, de leurs fondateurs, fondatrices aussi, pourtant un minimum de prudence s’impose car l’expérience nous apprend suffisamment , me semble t il, premièrement que ces abus divers n’apparaissent pas au grand jour, et deuxièmement, qu’il faut souvent des décennies avant que certaines victimes parlent et qu’ainsi progressivement les langues se délient.
      Je ne sais pas quel malin plaisir vous prenez à récuser les résultats d’une observation objective irrécusable et a chaque fois à détourner les problèmes.
      Très bizarre forme d’esprit ☺️ Mais, comme déjà dit, il y a longtemps qu’on est habitué….

  • Dominique,

    Une tribune de Yves Hamant publiée dans le numéro de Famille Chrétienne du 22 au 28 octobre « la dissolution ou au moins un moratoire » explique pourquoi ces arguments (le bien fait aussi, ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain…) qui tournent en boucle à propos des communautés nouvelles ne sont pas recevables.
    En même temps je sais que vous ne changerez pas d’avis et que la discussion est vaine comme, hélas, avec pas mal de catholiques encore.

    • Yves Hamart a sans doute ce très bonnes raisons de penser ainsi, je n’en doute pas, mais cela n m’interdit pas pour autant de penser différemment compte tenu de ce que j(ai vu personnellement

      • Dominique,

        Alors là vous vous surpassez dans la mauvaise foi ou le ridicule ! Au choix.
        Vous vous contentez de votre expérience restreinte pour invalider les conclusions de personnes qui ne sont pas des rigolos et étudient depuis des décennies ces déviances, leurs causes, leurs conséquences et se sont battus avec grand courage pour les faire reconnaître contre une omerta et un déni dont vous êtes, par ailleurs, un parfait représentant. C’est comme si vous disiez que parce que votre expérience restreinte vous fait voir le soleil se lever à l’est et se coucher à l’ouest, il est faux que la terre tourne autour de ce dernier.
        Ces personnes ont , de plus, beaucoup plus de renseignements que vous n’en avez. L’affaire Santier montre assez que tout n’est pas su, loin de la…

  • « condamnation pour voyeurisme avec circonstance aggravante d’instrumentalisation du sacrement ».
    L’instrumentalisation du sacrement suffit. Pas besoin de circonstances « aggravantes » . Il est d’autres motivations d’instrumentalisations de confessions, d’autres, certes moins médiatiques, non plus circonscrites à une seule « victime » (c’est déjà beaucoup trop), mais impactant des groupes entiers. « Nous nous concentrons sur le sexe et nous ne donnons pas de poids à l’injustice sociale, la calomnie, les commérages, les mensonges. L’Eglise a aujourd’hui besoin d’une conversion profonde sur cet aspect … le cléricalisme est fondamentalement hypocrite »(Pape François).
    Ce qui est grave, ce n’est pas le voyeurisme ( » Que celui qui n’a jamais péché … »), c’est le dévoiement du sacrement..

    • Jean-Claude Didelot,
      Pas grave le voyeurisme, qui est une utilisation de l’autre pour sa propre jouissance ? Ou je vous ai mal compris ?

  • L’aberration au sommet que cette affaire. La découvrant avec stupéfaction, je l’ai trouvée si énorme…que j’en ai ri, me disant « c’est pas possible , après la Ciase ! ». Un rire sans doute libérateur. Pour moi, c ‘est fini. Je connais quellques catholiques et prêtres formidables, et c’est très bien ainsi. Le reste, cette hiérarchie débilissima n’ a plus rien, mais vraiment plus rien à dire. En tout cas à moi. Tant mieux, il était temps que vienne un affranchissement définitif.
    Et je pense avec consternation aux soeurs de ce couvent qui se farcissent cet aumônier. Mais bon, pour des soeurs, et sans doute vieilles, hein, on va pas chipoter…
    Quelle honte aussi, ça.

  • Avant mon ordination comme diacre, des personnes connaissant mon parcours personnel, familial, professionnel et ecclésial ont eté interrogées à mon sujet. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour les évêques ? Il y aurait peut-être des fuites : et alors ??? Nous avons tous connu des prêtres que nous pensions aptes, ou pas, à devenir évêque. Si le P. Ribadeau-Dumas, après les services rendus à Lourdes, le moins que l’on puisse dire est que ce ne sera pas un scoop.

    • Cela existe aussi pour les évêques. Je l’avais précisé dans ce débat.
      Je crains que ce soit une illusion de penser qu’avec des critères plus stricts, on réussirait mieux à éviter des scandales. On peut améliorer sûrement. Mais si l’on regarde nombre de scandales récents dans l’Eglise, on a toujours à faire à des personnalités, types « gourou », séducteurs, fascinants, qui neutralisent par avance tout regard distancié et critique sur elles. À part des personnes qui ont un flair très affiné pour détecter le fonctionnement de ce type de personnalités, il est peu probable que l’on perçoive des alertes avant les drames. Là encore si l’on regarde bien des affaires des 10 dernières années, c’est ainsi que cela se passe. Cela fait la fragilité de tous les collectifs, du couple aux gouvernements des pays, en passant par toutes les formes d’associations. C’est pourquoi j’avais réagi à la formule « faire de l’Eglise une maison sûre ». Elle peut être plus sûre qu’elle n’est aujourd’hui (du moins on l’espère), mais elle ne sera jamais parfaitement sûre, tant qu’il aura des hommes et des femmes. On aurait des femmes prêtres, évêques que cela ne changerait pas le problème.

  • « J’avais eu connaissance il y a plus d’un an déjà – comme d’autres journalistes – des accusations portées contre Mgr Santier ainsi que de l’ouverture d’une procédure canonique »
    Je bute d’entrée de jeu sur cette phrase qui, apparemment, ne semble perturber personne dans cette discussion…
    Donc, M. Poujol, vous « saviez » ?… et.. ?. non, rien…..

    • Oui, je savais… que des plaintes avaient été déposées auprès de l’autorité religieuse et qu’un procès canonique était engagé… Oui, et alors, il fallait que je fasse quoi puisque la justice était saisie par les victimes ? J’observe que Golias savait aussi, de toute évidence depuis pas mal de temps (plaintes et transfert du dossier à Rome datent de 2019) et que ce n’est qu’il y a trois semaines qu’ils ont décidé de sortir l’info dans le Trombinoscope ce qui a enclenché tout le processus. Avec d’autres moyens d’enquête et de vérification qu’un modeste blogueur.

      Il y a une forme de naïveté à considérer que parce qu’on sait des choses on peut et doit les dire. La seule obligation légale et morale est de révéler ce que l’on sait – ou croit savoir – aux autorités judiciaires si cela peut permettre de servir l’intérêt des victimes ou empêcher qu’il puisse y en avoir de nouvelles. Ici ce sont les victimes elles-mêmes qui ont révélé les faits… que faire de plus ?

      Je l’ai écrit en fin d’article, il est d’autres faits dont un certain nombre de journalistes – ou d’observateurs – ont connaissance s’agisant de la vie de l’Eglise, de ses institutions et de ses responsables. Tous ces faits sont susceptibles de jugements sévères au regard de la morale dite catholique sans être forcément pénalement répréhensibles. Encore faut-il pouvoir les vérifier, les certifier, les recouper, les prouver…. Tous ne menacent pas l’intégrité de personnes qui seraient à protéger. Là encore mon propos, qui se veut responsable, consiste à alerter l’institution catholique sur les conséquences possibles sur l’opinion de nouvelles révélations qui finiront bien par se produire si elle ne met pas elle-même de l’ordre dans la maison. Ce n’est déjà pas si mal.

      Mais je suis ouvert à toute remarque sur ces questions.

      • Nous nous doutons que d’autres évêques se trouvent actuellement dans cet entre deux: faire l’objet de plaintes non publiées
        En droit français, la présomption d’innocence compte. Et il est prévu me semble-t-il un statut pour celui qui est partie prenante à une instruction en cours non encore concluante: témoin assisté.
        Chers frères évêques qui vous trouvez de fait dans une telle situation et qui allez vous rendre bientôt à Lourdes, pourriez vous s’il vous plaît prendre le temps de discerner avec vos confrères les bonnes raisons de ne pas présenter vos démissions?
        Chers tous qui êtes dans le secret de ces situations, pourriez vous s’il vous plaît présenter au plus vite aux instances ad hoc de la CEF les bonnes raisons, specifiques, pour lesquelles ce témoin assisté-là ne devrait pas présenter sa démission
        Ainsi nous pourrons être rassurés lorsque nous constateras en novembre prochain, comme l’an dernier, qu’aucun des participants à la prochaine assemblée des évêques de France n’a de raisons de démissionner…

        • « Courrier Au nonce, À Monseigneur Eric de Moulins Beaufort, à quelques évêques avec qui j ‘ai travaillée

          Vous savez qu’une partie de l’opinion catholique est sous le choc depuis les révélations concernant Michel Santier : des faits graves, quasiment inimaginables. Il semble, de plus, que l’on ne soit pas au bout des révélations.
          En recoupant les informations parues dans les journaux, il m’est apparu probable que, lors de l’assemblée plénière de 2021 (qui a donné le jour à des décisions courageuses de la part de l’épiscopat), Mgr Dominique Blanchet était au courant (ainsi que quelques autres) non seulement d’un procès romain à l’encontre de Michel Santier mais aussi de la sentence rendue à la fin de ce procès. Il n’y avait donc plus de doute sur la réalité des faits. On ne pouvait plus se dire « il y a des bruits qui courent, mais sont-ils justifiés ? ». Dès lors, comment voulez-vous que le catholique de base (dont je suis) puisse supporter que ce jugement n’ait pas été annoncé officiellement, alors que l’assemblée plénière était quasiment consacrée au rapport de la CIASE.
          Le même Mgr Blanchet a concélébré avec Michel Santier, lors de la messe chrismale 2022, ce qui n’était peut être pas une fidèle application de la sentence ; il faudrait en avoir connaissance pour le savoir. Cette célébration aurait été un lieu propice à l’annonce de la décision romaine puisqu’à la messe chrismale sont souvent réunies les forces vives d’un diocèse. Rien, pas un mot. Qu’on le veuille ou non, ces deux moments de silence coupable (en novembre 2021 et avril 2022) annulent tout l’effort de vérité fait lors de l’assemblée plénière 2021. La célébration pénitentielle (préparée avec des victimes) a été vécue par beaucoup comme très priante. Penser qu’au moment même de ce temps de pénitence, un évêque (et probablement plusieurs) cachait des faits extrêmement scandaleux, fait penser qu’il n’y avait pas de véritable volonté de sortir d’une culture du silence. L’affaire Barbarin/Preynat n’aurait donc rien appris à l’épiscopat ?

          L’assemblée plénière toute proche va donc s’ouvrir dans des conditions pires que l’an dernier. À l’époque, avec beaucoup d’autres, j’ai espéré des décisions courageuses ; j’ai cru qu’elles étaient prises mais ce silence sur la sentence rendue par Rome fait que la confiance n’est plus possible. Il me semble donc que Mgr Dominique Blanchet, et tous ceux qui étaient au courant, en novembre 2021, concernant Mgr Santier seraient bien inspirés de démissionner, avant ou au début de l’Assemblée plénière.
          Si j’en juge par les réseaux sociaux, et même s’ils majorent de beaucoup l’opinion des catholiques, la coupe est pleine et il ne faut pas que tous les ans arrive une nouvelle condamnation. Or, pour peu que l’on suive un peu l’actualité, on a entendu parler de la reprise par la justice du dossier Di Falco, de l’affaire Lafont… Il en existe probablement d’autres, moins médiatisées pour l’instant, mais qui aboutiront un jour ou l’autre. Ce serait vraiment une mesure de bon sens que tous les évêques concernés, et tous ceux qui n’ont rien fait pour que la vérité éclate alors qu’ils ont connaissance de faits graves dans leur diocèse, démissionnent s’ils sont en activité, vivent retirés et sans ministère s’ils sont émérites, en attendant les décisions soit de la justice française, soit de Rome ou des deux. »

          • Un seul commentaire. La messe chrismale d’avril 2022 ne pouvait pas de toute manière être le lieu – même en absence de Mgr Michel Santier – pour rendre publique la décision des sanctions prises par Rome à son encontre. Aujourd’hui rien dans le code de droit canonique ne permet leur divulgation et c’est bien là le problème.

          • Tout le monde répète cela mais à ma connaissance ce n’est pas exact. Il doit au moins y avoir plusieurs interprétations possibles…. Et certains choisissent le silence. Quand « La Croix » fait connaître des sanctions pour tel ou tel, elle les tient bien de quelque part. C’est probablement un point sur lequel les canonistes auront travaillés.

          • Pas du tout. On peut avoir connaissance d’une sanction, lorsqu’on est à tel ou tel poste hiérarchique, sans être autorisé à la rendre publique. Lorsque la Croix fait connaître telle ou telle sanction (comme FC pour ce qui est de M-ichel Santier) c’est qu’en vérifiant une rumeur on finit tpujours par trouver quelqu’un qui confirme…

            Savez-vous comment j’ai appris que Thierry de Roucy, fondateur de l’œuvre Points-Cœur, avait été renvoyé de l’état clérical à un moment où personne apparemment n’était au courant ? Parce qu’un de ses proches à qui il s’en était ouvert, scandalisé par cette sanction, m’a envoyé un mail pour la dénoncer… Ce qui m’a permis d’en faire état après vérification. C’est aussi simple que ça !

      • Une seule question : y- a-t-il d’autres faits, d’autres  » Msgr Santier » Avez-vous connaissances d’autres rumeurs , faits concernant d’autres évêques?

    • A nepveu
      Effectivement cette phrase de René ne m’a pas perturbé parce qu’il n’y a aucune obligation de diffuser de l’information lorsque les faits ne sont pas susceptibles d’une qualification pénale .
      La juste information n’est pas la délation .
      La juste information suppose que l’on ait vérifié que les faits sont avérés , qu’ils sont véritablement imputables à une personne ou à une organisation précise et que l’on puisse prouver ce que l’on-dit .
      Tant que ces critères ne sont pas réunis et ils demandent souvent un travail d’investigation approfondi , il est de bonne déontologie de ne pas diffuser ce que l’on peut savoir .

      • Sauf qu’une fois que la sanction romaine est tombée et que l’auteur des faits a épuisé ses possibilités de faire appel, la sanction devient définitive et ne sera plus changée. Cela arrive évidemment après enquête, après avoir recoupé des témoignages, etc.

  • Étrange tribune de l’évêque Wintzer dans la Croix .
    -Il reconnaît des failles dans la gouvernance de l’église sans en tirer toutes les conséquences au niveau institutionnel .
    – Ce qu’il propose existe déjà .A quoi servent les conseils diocésains existant comprenant des laics ?
    – il reconnaît que les évêques ont un sens moral à ce point défaillant qu’ils sont incapables de nommer tout seul le mal: le fait qu’un abus sexuel est un crime , qu’une strip confession est une pratique delirante non respectueuse d’autrui , qu’ils ont sciemment menti à Lourdes l’année dernière …..
    Bref Wintzer demande aux laics d’être les Gimini Crickett de cette bande de Pinocchio que sont les évêques.
    Une fois encore il se moque de nous , ou vit dans un autre monde .
    Puisqu’il nous le demande, un seul conseil qu’ils démissionnent collectivement , qu’ils réparent les dommages causés et qu’ils se taisent enfin .

    • Bien d’accord! Et les très nombreux acquiescements de lecteurs de La Croix à cette habile tribune/entourloupe me laissent pantois.Voici comment j’ai commenté cette tribune titrée « Affaire Santier : « Nous, évêques, avons besoin de regards compétents pour nous encourager, infléchir, corriger »: « La tribune courageuse fut celle de Stéphane Joulain *. Là, alors qu’aucun acte sérieux n’est annoncé, voici la dose de sirop épiscopal, cet anesthésiant terrifiant et honteux! ».
      Se taire serait pour eux se tuer, s’euthanasier!
      * « Je ne crois plus à la capacité de l’institution ecclésiale à rendre justice en matière pénale ».

  • Le texte ci-dessus cite Famille Chrétienne : « Elles lui demandent « de mener une vie de prière et de pénitence », en l’occurence au sein d’un couvent de religieuses dont il assurera les fonctions d’aumônier ».

    Ad Vitam Eternam ?

    Dans ce descriptif, on ne voit pas trop quand le coupable se sera « acquitté de sa peine » ou de sa « dette envers la société », et quand on pourra tourner la page. Si ce descriptif est un reflet exact de la décision du Vatican, on pourrait dire que le Vatican n’est pas chrétien puisqu’il prescrit un châtiment éternel, sans horizon de pardon. Sans horizon où l’on puisse un jour, tourner la page.

    Souvent l’indignation est « juste » au sens de la justice préchrétienne, qui châtie, mais ne restaure pas, ne réconcilie pas.

    La justice chrétienne est beaucoup plus complexe et riche, puisqu’elle ajoute au châtiment la notion de pardon. Il y a une importante référence à connaître dans ce domaine qui est l’encyclique Dives in Misericordia du 30 novembre 1980. Je cite : « Un monde d’où on éliminerait le pardon serait seulement un monde de justice froide et irrespectueuse, au nom de laquelle chacun revendiquerait ses propres droits vis-à-vis de l’autre; ainsi, les égoïsmes de toute espèce qui sommeillent dans l’homme pourraient transformer la vie et la société humaine en un système d’oppression des plus faibles par les plus forts, ou encore en arène d’une lutte permanente des uns contre les autres ». Et « Il est évident qu’une exigence aussi généreuse de pardon n’annule pas les exigences objectives de la justice. La justice bien comprise constitue pour ainsi dire le but du pardon. Dans aucun passage du message évangélique, le pardon, ni même la miséricorde qui en est la source, ne signifient indulgence envers le mal, envers le scandale, envers le tort causé ou les offenses. En chaque cas, la réparation du mal et du scandale, le dédommagement du tort causé, la satisfaction de l’offense sont conditions du pardon ».

    La justice chrétienne est ce qu’on appelle une « justice restaurative », qui espère le moment où l’on aura tourné la page.

    L’esprit saint est le paraclet. Le paraclet selon certaines traductions est le défenseur, c’est à dire l’avocat de la défense. Pas le procureur de la République qui requiert la peine ! À travers toutes ces voix indignées qui réclament la peine, j’entends beaucoup de procureurs et très peu de paraclets qui demandent la clémence, le pardon, la solution chrétienne au problème de la violence et du mal.

    • Tout est en tout et réciproquement pourrait-on dire à la lecture des extraits que vous proposez à notre réflexion. Certes, le pardon fait partie de l’exigence chrétienne. Le problème ici – quand je dis « ici » je veux déborder le seul cas de Michel Santier – c’est que l’institution Eglise est précisément en accusation pour avoir trop privilégié la notion de pardon, et par là l’intérêt porté à l’agresseur, en négligeant la justifice due aux victimes. Et que nous vivons aujourd’hui sinon une inversion, du moins un rééquilibrage des deux.

      Vous précisez, reprenant mon article, la « punition » infligée à Michel Santier : ne plus célébrer que pour quelques religieuses dans leur couvent. Déjà cette dispisition a été critiquée ici et là : comment pouvait-on « condamner » des relogieuses, auxquelles on n’a pas demandé leur avis, à recevoir le corps du Christ d’un évêque dont les actes étaient susceptibles d’excommunication. Par ailleurs, depuis l’annonce de cinq nouvelles victimes, l’évêque de Coutances a demandé à Mgr Santier de ne plus célébrer de messe que privée donc plus pour les religieuses). Peine renforcée, donc !

      Pour reprendre Qohelet (l’Ecclésiaste) je serais tenté de dire : il y a un temps pour tout : un temps pour la justice et un temps pour le pardon. Je ne cherche pas à accabler Michel Santier. Ce n’était pas d’ailleurs la tonalité de mes deux billets. Mais je suis bien obligé de prendre acte du scandale provoqué par son attitude. Et par une forme d’irresponsabilité de ses frères dans l »épiscopat. Cela étant, cela n’interdit à personne de manifester son amitié à Michel Santier s’il le souhaite, pour l’aider à assumer ce moment sans doute terrible de son existence.

      Vous parliez de justice et de pardon. Je rajouterai une exigence d’équité. Je lis le témoignage de nombreux croyants scandalisés de voir qu’un prêtre qui tombe amoureux et s’engage dans une liaison durable se trouve réduit à l’état laïc (comme on ne dit plus aujourd’hui) donc interdit de célébrer les sacrements. Pas un évêque coupable d’abus spirituel à des fins sexuelles. Le pardon au coupable ne peut faire l’économie de la justice due aux victimes et au peuple chrétien ébranlé dans sa confiance…

    • A Martin
      A quoi cela sert il d’avoir de beaux textes quand ils ne sont pas appliqués?
      En France , en matière de droit pénal , la peine a trois finalités : la punition , la réparation et la réintégration.
      Le droit canon procède d’une philosophie d’un autre âge et applique aux évêques les peines dévolues aux « seigneurs  » c’est à dire , la privation de leur juridiction et l’isolement .C’est la peine de M Santier .
      De plus le droit canon repose sur le secret de ses procédures et de ses jugements .
      Le scandale n’est pas tant la peine de M Santier que la gestion de son cas par les évêques français dans le contexte de leur engagement de Lourdes après la remise du rapport de la Ciase .
      – ils ont menti sur les raisons de sa mise à la retraite .
      – ils n’ont pas tenu leurs engagements quant à la transparence de la gestion des cas d’abus commis par des clercs .

      On peut entendre que les évêques soient tenus par les exigences du droit canon et qu’ils ne soient dans l’eglise que des vassaux sans véritable responsabilité .
      Mais on ne peut pas admettre qu’ils fassent semblant d’avoir une quelconque influence dans la logique du fonctionnement de l’église alors qu’ils ne sont que les rouages obéissants d’un système sur lequel ils n’ont pas de prise .
      Il faut réécouter l’interview pourtant recent de Moulins Beaufort a KTO sur l’avancement des travaux un an après la remise du rapport de la Ciase . Dans le contexte de l’affaire Santier et des autres cas en cours , c’est surréaliste .
      Comme dans le conte d’Andersen les évêques sont nus et ils nous font croire qu’ils sont revêtus des habits de la vertu , de la conscience et de la responsabilité .
      C’est cette escroquerie là qui les discredite et disqualifie le discours de l’institution ecclesiale . C’est cette forfaiture qui est inacceptable.
      Si nos évêques vivaient dans le monde réel , s’ils respectaient un tant soit peu l’institution ecclésiale qu’ils entraînent dans leur naufrage ( on n’attend pas d’eux l’impossible qui est le respect d’autrui ), s’ils ne se voulaient pas toujours irresponsables alors :
      -Ils demissionneraient collectivement .
      – Ils se tairaient enfin .
      Mais c’est leur demander l’impossible a eux qui comme le reconnaît l’évêque Wintzler dans sa tribune dans le journal La Croix , sont incapables de discerner seuls qu’un abus sexuel est un crime , une strip confession une agression et un abus spirituel un dommage grave cause à autrui .
      Cette forme de l’institution ecclesiale est en perdition et les évêques persévèrent avec autant d’obstination que d’inconscience à la détruire .
      Qu’ils ne comptent pas sur nous pour que nous acceptions d’être ensevelis sous les ruines .

    • Merci à René pour sa réponse ; je me préparais à réagir exactement dans le même sens. J’ajoute que d’autres plaintes ayant été reçue par Mgr Lebrun et transmises à Rome, il n’est pas exclu qu’il y ait de nouvelles suites. J’entends déjà aussi des craintes que les sanctions pour les évêques soient moins lourdes que pour les prêtres à délits ou crimes identiques. Pour des prêtres, la sanction la plus lourde est, je pense, la perte de l’état clérical ce qui se traduit concrètement par l’interdiction de célébrer les sacrements.
      « Vie de prière et de pénitence » : arrivé à un certain âge, est-ce que ça ne devient pas le principal « travail » de tout baptisé ? (je suis plus âgée que Michel Santier). Maladie ou handicap, l’impose à certains baptisés beaucoup plus jeunes, il ne faut pas l’oublier non plus, la souffrance physique en plus.

  • A Martin,

    Bien étrange cette encyclique. Puisque, comme l’explique Stéphane Joulain, c’est au contraire exactement ce qui s’est produit jusque-là dans les cas d’abus, grâce à la « justice » canonique : « l’oppression des plus faibles par les plus forts ».
    Etrange aussi de dire que « la justice bien comprise (a-t-elle été seulement bien comprise par l’Eglise ? On peut en douter) constitue pour ainsi dire le but du pardon ». C’est ainsi qu’on a procédé jusque-là. A ceux qui ont subi le mal, il a été demandé de faire, en plus, tout le travail : celui du pardon préalable. Et puis tout s’est arrêté là : satisfaits, on pouvait ainsi « tourner la page ».
    Il est possible que ce soit cela être chrétien, toutes les exigences reposant finalement sur la victime (qui de plus n’est souvent plus chrétienne). C’est en tout cas toujours ce qui s’est passé dans cette « justice bien comprise ». C’est peut-être cela être chrétien, mais ce dont je suis sûre, c’est que cela a achevé de détruire durablement un bon nombre de ces victimes.

    Quant au peuple de Dieu, son indignation me semble assez légitime puisqu’il est en train de découvrir qu’il a été trompé, qu’on lui a menti, de façon répétitive, systématique et qu’aucun effort pour changer n’a été fait et cela, c’est sûr, ce n’est pas chrétien du tout.

  • Personnellement, ce qui me choque, ce n’est pas tant que l’on n’ait pas voulu divulguer la sanction qui frappait cet évêque et les raisons de cette sanction. Non, ce que je trouve affreux, c’est que le nouvel évêque ait éprouvé le besoin de l’inviter à la messe chrismale. Mais pourquoi ! Qu’il fasse sa pénitence devant Dieu et c’est tout …

    • A Lucienne,
      Comme beaucoup d’autres professions , les évêques ont un esprit grégaire. Ce qui est très différent de l’esprit de fraternité ou même de solidarité Il s’agit ici de la culture de connivence .
      Ils sont adeptes de la loi du clan , à fortiori parce qu’ils ont été distingués et choisis et qu’ils se croient un petit cercle d’élus successeurs des apôtres disent ils .
      De plus comme le dit très bien l’auteur de Sodoma , ils se méfient tous les uns des autres et veillent très attentivement à ne pas se créer un ennemi a même de révéler leurs turpitudes .
      Donc ils pratiquent l’entre soi pour conforter la loi du silence .
      Ce petit jeu de » je te tiens tu me tiens par la barbichette » donne une apparence d’unite face à nous , les fideles qu’ils considèrent comme des idiots .
      Quel meilleur moyen de montrer l’unité de l’église et la continuité dans la gouvernance d’un diocèse que d’afficher ensemble à la messe christmale l’actuel et l’ancien évêque .
      Comme le reste de leur discours tout cela est inauthentique et ne trompe que ceux qui adorent être trompés et bafoués par le clergé.
      Apparemment il en reste puisque la tribune infâme de l’évêque Wintzler dans La Croix aurait été bien accueillie . Il a donc eu raison de nommer « carême  » les turpitudes du clergé les flagellants adorent ça .

      • Guy, tout ce qui est excessif est insignifiant.
        Vous me lassez et vous me donnez une envie furieuse de quitter ce blog alors même que j’apprécie les articles de René.

        • A Michel .
          Que mes analyses vous agacent , je le comprends , que vous ne les partagiez pas , c’est légitime .
          Mais enfin , ouvrez les yeux :
          L’année dernière a la même époque j’ai expliqué pourquoi l’eglise en dépit de la volonté sincère des évêques ne pouvait pas changer .Un an après nous apprenons que les évêques ont menti sciemment à Lourdes .Ils ont organisé une cérémonie de repentance en promettant la transparence alors qu’ils continuaient à cacher les sanctions touchant M Santier et d’autres cas aujourd’hui pendants .
          Alors comment voulez vous qu’on les prenne au sérieux ? Comment voulez vous qu’on accorde la moindre confiance à des gens dont les paroles ne disent jamais la réalité.
          Alors on.peut désespérer de l’église et s’en aller ou , c’est mon cas , se battre concrètement et hurler sur les blogs notre colère et notre déception.
          Pourquoi ,? Parce que malgré tout cela je dis toujours tous les dimanches  » je crois en l’Eglise  » que ma parole m’engage , et que je crois que celle ci n’est pas reductible à son institution qui peut elle aussi changer de paradigme
          Je vous agace parce que je ne me résigne pas , parce que je garde , contre toute évidence une forme d’espérance .

          • Guy, ce ne sont pas ce que vous appelez vos « analyses » qui m’agacent, mais le ton méprisant qui est le vôtre, les amalgames, les accusations de mensonge, les attaques ad hominem, etc.
            Vous seriez plus crédible en adoptant un autre ton.

          • J’ajoute que l’affaire Santier n’a rien à voir avec la pédocriminalité au sujet desquels les évêques ont fait acte de repentance et promis la transparence.

          • On peut quand même imaginer que c’est pour l’ensemble se leurs silences coupables les évêques ont demandé pardon… et pas que sur les faits de pédocriminalité.

        • Vous avez raison il est vraiment excessif et donc à négliger il est même grossier « la tribune infâme de l’évêque Wintzler » alors que le pauvre évêque essaie de sauver les meubles et fait acte d’humilité . Pardonnez nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé.
          Tout n’est pas aussi négatif que ce qui est présenté ci-dessus il faut savoir en tout mesure garder et j’ai parfois l’impressionque les fautes des évêques sont grossies exploitées pour détruire l’ensemble de l’Eglise, cela m’attriste

          • A Michel 189420
            La situation de l’église est trop grave pour que l’humilité feinte ou réelle de quelque évêque puisse constituer une solution adaptée . Ce que Wintzler propose existe déjà à travers les différents conseils qui enrourent l’évêque .Sauf que ces conseils sont composés de personnes choisies pour leur inféodation au système et qu’ils se réunissent trop rarement .Et quand ils se réunissent , on ne parle surtout pas de ces questions. Mais c’est votre droit que cela vous convienne .Comme vous pouvez pouvez aussi penser que tout va bien en ce moment dans l ‘église. Le deni est une drogue dont l ‘usage a forte dose n’est pas réservé au clergé
            L’année dernière à la même époque d’aucuns ont cru que quelque chose avait changé dans l’église .L’affaire Santier et les autres cas possi lement dissimulés ne leur ont pas ouvert les yeux .
            Dormez tranquilles bonnes gens puisque le sort de l’église vous indiffère . Mais demain il sera trop tard pour vous lamenter.

          • Je pense avoir avoir donné suffisamment de gages de l’ouverture pluraliste de ce blog. Chacun doit pouvoir continuer à y développer ses analyses. Mais je dois dire que les interpellations ad hominem ne correspondent pas à ce que je souhaite faire prévaloir dans nos échanges. Ilsne fo,nt pas avancer le débat.

          • A Michel,
            Les péchés sans doute pas.
            Les crimes, délits, atteintes à la personne, par les actes ou par le silence, le mensonge sur ces actes ou leur couverture, si. Toujours pour les mêmes raisons : la reconnaissance, la réparation, la prévention.
            En fait, je finis par ne même plus comprendre ce qu’on appelle « péché », tant cette dénomination a permis de camoufler, minimiser, détourner ou « passer l’éponge ». Et donc a, toujours la même chose, desservi le plus faible.

        • Peut-être n’avez-vous ^pas complètement pris connaissance du contenu du lien signalé par Robert V.R., dont ceci de Frank Keating, catholique et ancien gouverneur de l’Oklahoma, chargé de purger les diocèses catholiques des prêtres pédophiles et qui s’ést heurté à tant de méfiance et d’hostilité, en particulier auprès des cardinaux R. Mahony (Los Angeles) et E. Egan (New York) influents, qu’il s’est écrié que ces autorités et leur manie du secret était une mafia. Sa lettre de démission (de la mission confiée par les évêques) est claire: « Je ne présente pas d’excuses. Résister aux injonctions d’un grand jury, dissimuler les noms de clercs coupables, nier, obscurcir, trouver des explications : c’est le modèle d’une organisation criminelle, pas de mon Eglise. »
          Arrivera certainement le moment, pour vous aussi, de comprendre ce qui fait mal: que nous avons été trompés, certains plus profondément ou plus longtemps que d’autres, mais tous trompés.
          Invite à lire, d’octobre 2015 cette déclaration de G. Ringlet sur la triple destruction physique, affective et psychologique, et surtout spirituelle : https://www.cath.ch/newsf/gabriel-ringlet-la-pedophilie-dans-leglise-nest-pas-un-accident-de-parcours/

    • A Robert,
      Hélas, toujours la même histoire. Hypocrisie, silence, manque d’empathie, lâcheté, repli derrière l’institution. Et même s’il n’y a pas tout cela, il y a l’incompétence habituelle, celle qu’à force on connaît par coeur, et l’incapacité a le reconnaître. Tout cela tellement lourd de conséquences.

    • Terrible déclaration de la victime: « On était comme un petit couple, on se rasait à poil ensemble le matin. Les collègues prêtres de Charles-Antoine étaient témoin de son manège qui dura 7 ans, de 14 à 21]. Mais aucun n’est intervenu ».

  • Et Aupetit en plus dans ce meli mélo….il ferait bien de se faire oublier…ou est l Esprit Saint….? On nous a fait croire à une idéologie humaine de l exercice du pouvoir sur les âmes…pour une gloire éphémère…On se fait avoir avec ces dogmes inventés de mains d hommes…Dès que les gens réfléchissent…ils quittent ce système d oppression Dans les pays pauvres ça marche du tonnerre de Dieu…Le message du Christ s appliqué…Si on connaissait la vie privée des prêtres et évêques….que de surprises….la moitié ont une maîtresse les autres une copine…ça n empêche pas le Christ de sauver les hommes et Dieu de nous aimer…Un peu de transparence dans l Église aiderait à croire..en finir avec l hypocrisie…trop de refoulés ,de pervers y trouvent leur terrain de jeu…

  • A Michel,
    Votre argumentation contre mes critiques manque un tant soit peu de rigueur intellectuelle et de probité morale
    1-) l’affaire Santier n’a rien à voir avec la pédocriminalité, écrivez vous pour justifier votre approche excessivement casuiste afin d’excuser par principe le comportement des évêques .
    Les faits de pédocriminalité sont la dimension criminelle ultime d’abus de pouvoirs et d’abus spirituels . Les faits reprochés à M Santier sont aussi des abus de pouvoirs et des abus spirituels . Le fait qu’ils soient effectués à l’encontre d’adultes et n’aient pas de dimension d’attouchements physiques , n’enlèvent rien au fait qu’ils constituent aussi des agressions graves envers autrui qui sont susceptibles de briser leur vie .
    De plus le fait que ces abus de pouvoirs n’ont pas dans l’état actuel de qualification pénale , ne saurait non plus justifier qu’il s’agit de simples péchés relevant de l’intimité . Ils constituent des agressions graves mettant en danger l’intégrité spirituelle et psychique de la personne .
    Il est étonnant que vous minimisiez la violation de l’intimité des victimes par la pratique de la strip confession et que vous survalorisiez celle des évêques lorsqu’il s’agit d’évoquer publiquement ces abus .
    Donc estimer qu’ils sortent du champ de la repentance et de la promesse des évêques à Lourdes l’an dernier pour:
    a) en atténuer la gravité
    b) dédouaner les évêques de leur mensonge et de leur parjure
    ne saurait en aucun cas constituer un argument recevable .

    2) Je ne situe pas mes critiques sur le plan personnel car c’est la force de l’institution écclésiale que d’utiliser des hommes qui croient faire leur devoir pour perpétrer le mal . Je crois parler et écrire le français correctement . J’ai écrit « l’infâme tribune de l’évêque Wintzler » mais je n’ai pas écrit « La tribune de l’infâme évêque Wintzler  »
    Donc votre reproche de faire des attaques ad hominem ne tient pas une seule seconde . Je fais l’hypothèse que vous savez faire la différence entre ces deux propositions qui n’ont pas le même sens .
    Enfin que vous le vouliez ou non , les mots ayant encore un sens , s’engager à être transparent à l’avenir sur les cas d’abus de la part des clercs tout en continuant à cacher des faits abusifs , et leurs sanction envers les clercs auteurs de ces faits ,constitue un mensonge caractérisé assorti d’un parjure .

  • Michel ,

    Combien de fois faudra t il dire et redire que certains actes ne sont pas simplement des péchés à avouer en confession pour en obtenir le pardon mais des crimes et délits et que, comme tels, ils appellent jugement soit de la justice civile, soit de la justice ecclésiastique, soit des deux.
    Dans l’affaire Santier, il y a eu manipulation des sacrements à des fins sexuelles ( voyeurisme). Il y a donc eu sanction canonique.
    Le problème est que cette sanction, contrairement à ce qui se passe dans la justice civile, est restée secrète, tout à fait conformément d’ailleurs au droit canonique. Et le comble est que, selon ce droit, la victime peut ignorer la teneur de la sanction, et meme s’il y a sanction….N’est ce pas aberrant ?
    Par conséquent, bien évidemment que tous les péchés n’ont pas à être mis sur la place publique et personne ne le demande car tous les péchés, fort heureusement, ne relèvent pas d’une sanction officielle, soit civile, soit canonique.
    En revanche, la publicité d’une sanction officielle semble normale, montre à la victime que justice a été rendue et permet éventuellement à d’autres victimes de se manifester.
    C’est donc ce silence sur la sanction prescrit par le droit canonique qui est en cause.
    Les évêques sont donc pris entre les exigences de silence du droit canonique et la publicité normale des sanctions réclamée par une opinion qui n’est pas du tout habituée à ce silence dans les procès civils, de même qu’à l’opacité des procès ecclésiastiques et a donc, à juste raison, l’impression d’être trompée lorsque l’affaire est révélée. J’ajoute que le mensonge sur les véritables raisons de la démission anticipée d’un évêque est aussi particulièrement scandaleuse.

    • A Marie Christine
      En droit canon , non seulement la victime peut ignorer la sanction de son agresseur , mais l’agresseur lui même n’est pas tenu au courant des motifs de sa condamnation : il ne sait pas exactement ce qu’on lui reproche , il ne peut pas organiser sa défense sur des bases objectives . Quant à la victime , elle n’est même pas partie au procès.
      Ce n’est pas le lieu ici de demontrer l’archaisme du droit canon qui ne respecte aucun des textes universels et fondamentaux relatifs aux droits de la personne humaine .(déclaration des droits de l’homme et du citoyen , déclaration universelle des droits de l’homme des nations unies etc ….)
      Mais comme on peut le constater sur ce fil , pour certains catholiques , l’église a toujours raison pour la seule raison qu’elle est l’eglise . Et quand bien même elle foule au pieds ce qui est sa raison d’être, elle est quand même irréprochable
      Comprend qui peut ; pas moi .

      • A Guy,

        Alors, autre aberration scandaleuse !
        Si l’agresseur ne sait pas précisément ce qu’on lui reproche, c’est encore l’inquisition et cela ressemble fortement aux procès staliniens, bien que, dans ces derniers cas, le condamné était innocent.
        Mais les Catholiques ignorent toutes ces aberrations, tant qu’ils n’y sont pas directement confrontés.

        • A Marie Christine
          En lisant les récits qu’ont fait H Küng et E Drewermann de leur procès canonique j’y ai reconnu sans peine la description de la procédure des procès de l’ancien régime .. C’est dire qu’aucun des critères du procès équitable n’est rempli . Raison pour laquelle l’église via l’état du vatican n’est pas signataire de la convention européenne des droits de l’homme .
          A cela les tenants du croit canonique répondent avec autant de légèreté que d’inconscience que le temps de l’église n’est pas le temps de l’homme et que la justice de Dieu comme son nom l’indique n’est rendu ni au nom de l’Eglise ,( du peuple des baptisés) , ni même au nom de l’institution écclésiale , mais au nom de Dieu . ( Nul doute que Dieu a des vues très précises en matière de code de procédure )
          Aujourd’hui encore on peut être condamné par le tribunal de la sainte inquisition et ses antennes locales , sans avoir accès à son dossier , donc sans connaitre exactement ce que l’on vous reproche et donc sans pouvoir organiser sa défense . Le secret de la procédure entraine aussi le secret des sanctions infligées .
          De plus ce droit ignore le principe de responsabilité envers autrui puisqu’il est fondé sur les offenses faites à Dieu . Ce qui explique pourquoi jusqu’à une modification récente et limitée , la masturbation , l’adultère et le viol étaient considérés de la même manière : une offense à la chasteté ;
          Enfin la justice canonique n’est pas un pouvoir indépendant puisque l’évêque est le président du tribunal ecclésial et qu’il nomme les juges .

          Mais bon , il y en a encore qui aiment cela et qui justifient l’existence de ce droit archaïque qu’il faudrait refonder de fond en comble .

  • La « culture du secret », que l’on dénonce entre autres sur ce blog, n’est pas finie… Voici qu’apparaît dans la même veine l’affaire du Père Jean-Jacques Villaine, décédé ce mois-ci. Et c’est seulement 4 jours après que l’on apprend l’existence de sanctions à son encontre ; la victime (principale) appréciera.
    Un petit résumé ?
    https://www.paixliturgique.com/aff_lettre.asp?LET_N_ID=3605
    Ainsi que l’article de La Croix.
    …Quant aux autres éventuelles victimes, c’est sûr qu’on les aide beaucoup à témoigner, à porter plainte, ou à se reconstruire, là !!
    Mais bon, veut-on vraiment faire le ménage dans l’Église ? Si on la veut vraiment « pure et sainte », peut-être serait-on bien inspirés de respecter les droits des victimes (et des accusés !), et de l’ensemble des baptisés (eh oui !), bref, de s’inspirer de ce qui existe déjà dans le droit pénal – Code Pénal et Code de Procédure pénale – plutôt que de tout gérer en interne, en étant juge et partie…
    Si on a inventé l’enquête judiciaire, le procès équitable, public, et la publicité des sanctions, ce n’est pas pour rien : c’est parce qu’e c’est jusque-là ce qu’on a trouvé de mieux, au fil des siècles, pour rendre la justice la plus juste possible ! Les trouvailles et les méthodes de la société civile d’aujourd’hui, fruits d’une lente évolution et réflexion, ne sont pas toutes des œuvres de Satan !!
    …Et laissera t-on ceux qui veulent faire ce ménage agir, ou va t-on leur mettre des bâtons dans les roues, et cultiver le secret comme la Mafia ?

  • Abus dans l’Église : des catholiques en colère appellent les évêques à « sortir les poubelles » : « Le collectif Agir pour notre Église accompagne « la grande colère qui monte » dans les paroisses après la révélation vendredi 14 octobre 2022 d’une nouvelle affaire de mœurs touchant l’ancien évêque de Luçon et Créteil passé par la Manche, Mgr Michel Santier. Ce samedi et dimanche, ces catholiques appellent des rassemblements pour faire pression sur les évêques qui se réunissent du 3 au 8 novembre à Lourdes. » (Céline Bardy, Ouest-France, 28/10/2022, voir ci-dessous)
    https://www.ouest-france.fr/societe/religions/affaire-santier-sortons-les-poubelles-des-catholiques-en-colere-appellent-a-des-rassemblements-00012980-56bf-11ed-aecb-a9a6711ea19d?fbclid=IwAR1fCn2dQPaliM39mMAMAdS7pLZ_vstStmKYAWAcgwf2o-jmF_jLwIYdet0

  • Quelques réflexions sur l’emprise, à l’occasion de l’affaire Santier : « À la suite de l’affaire qui implique l’ancien évêque de Créteil Michel Santier, la dominicaine Anne Lécu revient sur les mécanismes et les conséquences des scandales qui touchent l’Église. » (Anne Lécu – dominicaine, La Vie, 28/10/2022, voir ci-dessous)
    https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/quelques-reflexions-sur-lemprise-a-loccasion-de-laffaire-santier-85052.php?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR31E3E9kWzzKNoizGRT7Jfv3ckDaIceV8MzVnB4PUJzlmVznum_7yya_Ok#Echobox=1666938217

  • Abus sexuels dans l’ Église. « Une vraie trahison », une association de victimes réagit à l’affaire Michel Santier : « Jean-Pierre Sautreau dénonce le manque de transparence de l’Église d’autant plus que les autorités religieuses étaient au courant dès 2019. La même année, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) était mise en place pour récolter les témoignages de victimes dans toute la France.
    Pour Jean-Pierre Sautreau, cette affaire « est une vraie trahison par des gens qui disent vouloir écouter et réparer les victimes, mais qui continuent à protéger les abuseurs…
    De son côté, Monseigneur Jacolin, regrette également que la cause des sanctions n’ait pas été rendue publique…
    « Tant qu’une affaire est jugée sur le fond, il faut respecter le secret de l’instruction. Mais une fois qu’elle est jugée, il faut rendre les faits publics. L’Église a du mal à sortir de sa tradition de ne pas publier ses sentences », explique l’actuel évêque de Luçon. (Camille Aguilé, france3-regions.francetvinfo.fr, 27/10/2022, voir ci-dessous)
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/vendee/fontenay-le-comte/abus-sexuels-dans-l-eglise-une-vraie-trahison-une-association-de-victimes-reagit-a-l-affaire-michel-santier-2643856.html?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR3IthXiTQqEnSETyngnJ6oXSKAsvpYSy4tVD-fge0Bukx3qV7j8tusZeeA#Echobox=1666885493

  • Comment ne pas saluer les mots de Mgr Pascal Wintzer lorsqu’il écrit au sujet de l’affaire Santier « nous avons besoin de regards compétents, avisés, courageux pour encourager, infléchir, corriger. Si les faits en question avaient été partagés, dans la discrétion, avec une équipe de personnes composée d’autres que des évêques, je pense que le silence n’aurait pas été de mise » Ces mots ne rejoignent-ils pas ceux déjà lus sur un blog (Saint-Merry) suite à l’annonce du suicide de François De Foucauld « : C’est l’un des défauts majeurs de notre Église, son manque de confiance envers les compétences qui lui sont extérieures – psychologues et sociologues en tête. L’Esprit Saint est sensé pallier à tout, merci pour lui, mais n’a-t-il pas justement besoin de quelques vecteurs humains compétents pour y parvenir » ? Et Blandine Ayoub n’hésitait pas alors à évoquer au sujet de l’affaire concernant ce prêtre, victime d’abus de pouvoir « une procédure viciée de fond en comble qui relevait de l’amateurisme le plus confondant ».
    Alors plutôt que d’entendre des messages d’évêques qui vont encore sembler tomber des nues, tandis que certains d’entre eux ingénument ou par autosuffisance, ferment les yeux sur d’autres affaires d’abus de pouvoir (comme s’il n’étaient à l’affut que d’abus sexuels), cette parole de l’archevêque de Poitiers ne mérite telle pas d’être entendue et partagée « positivement » ? Ne s’ajuste telle pas aussi aux propos de Benoist de Sinety lorsqu’il dit que « l’exercice de la responsabilité doit être repensé, revu et réformé » ? Les évêques plutôt que de continuer à être dans le déni ne devraient-ils enfin reconnaître le besoin d’un changement en profondeur de la gouvernance de l’Église et reconnaitre aussi cette nécessité de se faire aider et accompagner dans toutes les affaires d’abus de pouvoir qui leur sont signalées (c’est aussi la demande de l’association AVEC, fondée par les amis de François de Foucauld). Peter Seewald biographe du pape Benoît XVI a expliqué que Benoît XVI considère que si l’Église ne fait pas ce qu’elle doit faire, cela a des répercussions sur les temps modernes dans lesquels nous vivons ». Je ne sais dans quel contexte cela a été dit, mais il est évident comme je l’ai déjà écrit qu’un point de gangrène a des effets sur tout le corps (Péguy) et que pour nous, l’exigence de la vérité est vraiment inséparable de l’espérance et c’est cela que nous attendons des évêques.

    • Ayant reçu la prise de parole de Pascal Wintzer comme la manifestation d’un désarroi théologique, dans un premier temps j’ai réagi ainsi sur le blog de La Croix ( 24/10/22 – 20h14)
      « Pascal, mon frère en Christ
      Vous vous inscrivez, en tant qu’évêque, dans l’ecclésiologie souhaitée par vos prédécesseurs, à savoir le déploiement d’une Eglise communion, structurée selon un modèle congréganiste confiant à un seul – l’épiscope – la charge de servir et de confirmer dans la foi une portion du peuple de Dieu qui lui est confiée, en s’entourant pour ce faire d’un presbyterium mandaté par lui-même (et ses prédécesseurs…)
      Et voici, alors que vous êtes appelé à nous confirmer dans la foi – exercice trop souvent assimilé par vos pairs au devoir d’assumer un positionnement surplombant leur permettant d’asséner « la vérité » éthique – conceptuelle – élaboré dans un entre-soi masculin et clérical qui se revendique porte parole d’une institution ne pouvant à leurs yeux qu’être « maîtresse en humanité » – et voici, donc, que vous nous dites être incompétent pour adresser ces situations humaines – trop humaines – d’abus de pouvoir de toute sorte assumées sans y voir à mal par tel ou tel membre d’un presbyterium ? Compétent pour confirmer le tout venant des baptisés et incompétent pour évaluer les clercs appelés à leur service?
      Je ne comprends pas. »
      Depuis, un échange avec un de mes compagnons sur le chemin synodal pris par notre Eglise, m’a conduit à méditer sur cette question articulée publiquement par un de nos anciens, ordonné, lors de la dernière assemblée générale du clergé de notre diocèse:
      « Comment pouvons nous expliquer que nous ayons pu transformer ce à quoi Vatican II appelle les ministres ordonnés et le Peuple de Dieu – annoncer, célébrer, servir – en un privilège (de capacités ?) réservé au seul clerc : enseigner, sanctifier et gouverner? »
      Oui, comment se fait-il qu’au sein de notre Eglise, la position de mâle, célibataire, ordonné au service de la communion, puisse conduire la personne concernée – de façon beaucoup trop fréquente pour que la cause n’en soit pas systémique – à une situation d’exercice solitaire du pouvoir?
      Plutôt que de féminiser le clerc ou de le marier – ce qui ne prémunit en rien contre l’autocratie – n’y aurait-il pas urgence à revisiter nos représentations du ministère presbytéral?
      Urgence à questionner, sur le fond, ce tour de passe passe intellectuel selon lequel, si « baptisés et presbytres partagent bien un même sacerdoce », « sacerdoce baptismal et sacerdoce presbyteral ne sauraient cependant être « de même nature »… »
      Croyons nous que ce soit l’imposition des mains qui puisse changer « la nature » d’un homme en le faisant passer dans la Création d’un « ordre » banal à un « ordre » à part ?
      Le sentiment d’élection susceptible d’habiter un homme parrainé par des semblables qui l’invitent à entrer dans une caste sacerdotale, ne pourrait-il pas plutôt avoir un effet sur son « estime de soi », sur la façon dont il va structurer son récit de vie et faire advenir au monde la représentation qu’il a de lui-même en tant qu’homme-mis-à-part par la volonté toute puissante d’un « Dieu » ?
      Et, dès lors, de qui peut-il prendre conseil, dans cet ordre à part, si ce n’est de « son Dieu »?

      • A Frédéric
        Ce que vous décrivez à juste titre est l’organisation sociale de la société féodale sur le modèle de laquelle l’eglise s’est structurée à un moment de son histoire..
        Ce qui prouve au passage que église et société peuvent relever d’une même culture !
        La Contre Réforme puis la crise moderniste ont figé l »eglise dans cette forme dont elle n’a pas voulu sortir lors de Vatican II .
        L’enjeu est aujourd’hui de sortir ou non de cette forme d’organisation archaïque. Chznger quelques détails sans changer ce paradigme me semble voué à l’échec.
        L’église le veut elle ? Le peut elle ?

      • @ Frédéric Baule,
        Comme René Poujol j’adhère pleinement à votre analyse. Avec un petit bémol : l’urgence est bien de revisiter nos représentations du ministère presbytéral. Mais je n’oppose pas ce mouvement (en terme d’urgence) à la féminisation ou au mariage du clergé. Tout d’abord pour une question d’égalité et de dignité des femmes et de dignité de tous les états de vie. Et aussi, je pense que l’ordination de femmes et d’hommes mariés peut aider à la désacralisation de clergé : je vais donc un peu plus loin que de questionner l’exercice du pouvoir solitaire par une « caste d’homme esseulé, mis à part ». les deux mouvements peuvent se conduire en même temps, ou l’un après l’autre dans la foulée. Revisiter nos représentations, va entrainer, à mes yeux, l’ensemble…

      • @Frédéric Baule Beau questionnement tout en subtilité sur la situation de l’exercice du pouvoir dans l’Eglise car si l’l’imposition des mains permet de transmettre la Vie par les sacrements, elle ne fait pas en rien des surhommes des ordonnés. « Et féminiser le clerc ou le marier ne prémunit en rien contre l’autocratie », c’est tellement vrai !

        • Certes, mais féminiser le clerc ou le marier n’a pas que pour but de le prémunir contre l’autocratie. Cela me parait une évidence. N’en profitons quand même pas pour enterrer derrière ce sophisme le sujet de la place des femmes dans l’Église de la possibilité d’ordonner aussi des hommes mariés.
          Les questions du respect du « sensus fidéi » et du fait que les baptisés forment un peuple sacerdotale n’excluent pas de questionner sérieusement la réalité que l’ordination sacerdotale est aujourd’hui réservée à une caste de « mis à part », supposés angéliques.

    • A Sophie
      Les évêques sont entourés de plusieurs conseils dont la composition comprend aussi des laïcs .
      Ce que demande l’évêque de Poitiers existe déjà. Pourquoi ne s’en est il pas servi ?

      • Je ne suis absolument pas compétente pour répondre à votre question. Juste je perçois les dysfonctionnements à répétitions au fil des « affaires » qui concernent des abus de pouvoir dans l’Eglise et l’absolue nécessité qu’il y ait l’intervention de tiers pour détecter des personnalités manipulatrices à haut potentiel (qui savent aussi s’entourer de petits conseils totalement dévoués à leur cause). Je ne peux en dire davantage sur ce sujet. Pardonnez cela.

  • je souhaiterais revenir sur l’article de la Croix (18/10/22 page 19) concernant la validité ou non des sacrements délivrés par Mgr Santier -et par extension par tout clerc abuseur)-d’après le droit canonique « la validité des sacrements ne dépend pas du ministre qui les célèbre »
    ceci semble absolument incompréhensible : quel chrétien accepterait, le sachant, recevoir l’Eucharistie, la confirmation, la réconciliation des mains d’un abuseur et déviant sexuel ? certes il faut faire confiance à l’Esprit Saint qui pourrait traverser sans dommage les mains d’un corrompu, … mais dans l’Evangle n’est il pas dit à propos des pharisiens hypocrites et pervers, que ces « sépulcures blanchis » sont rejetés du temple ? à quel titre le droit canonique affirme t il le contraire sinon pour les protéger ? je préfère croire aux paroles de l’Evangile plutôt qu’aux dictats du droit canonique qui a été élaboré par et pour l’Eglise dans ses propres intérêts… d’ailleurs on constate bien les dégâts causés par ce diktat.parmi les membres du Peuple de Dieu…..
    yvonne

    • La logique du droit canonique est que tout clerc non exclu de la cléricature est à vie dépositiare du droit de dispenser les sacrements. Puisque prêtre pour l’éternité. Cela étant aucun fidèle connaissant les faits qui lui sont reprochés n’est obligé de recourir à ce prêtre pour sa vie sacramentelle.

      • oui et justement le problème est là,!!! et il persiste !
        puisque nous constatons depuis des décennies que les clercs abuseurs sont couverts par l’éElise (analyse du rapport Sauvé) et par le silence de leur hiérarchie.
        donc nombre de chrétiens, en toute bonne foi, et ignorant les faits, ont recours à ces clercs encore et toujours en fonction….jusqu’à ce que le scandale n’éclate…et les dernières trompées sont les braves religieuses qui ont accueilli Mrg Santier sans rien savoir des raisons véritables qui l’ont amené dans leur couvent.

    • Tout le monde ne voit pas le pharisaïsme là où vous le mettez…
      J’ai été censuré pour avoir cité l’Evangile de dimanche dernier (Zachée), mais je ne fais pas partie de cette Eglise de « purs » qui n’ont jamais péché quand ils vont communier et qui se sentiraient salis par les mains impures d’un prêtre abuseur ou « déviant sexuel » leur donnant la communion, je ne fais pas partie non plus de cette Eglise de procureurs qui se déchaînent sur les réseaux sociaux.

      • Vous n’êtes pas censuré Michel, simplement j’hésite à faire de ce blog un tableau d’affichage de textes divers. Je préfère de beaucoup que les un s et les autres s’y expriment avec leurs mots…

        • Je comprends très bien, René, que vous ne vouliez pas transformer votre blog en revue de presse, mais là je ne citais pas des « textes divers », mais l’Evangile du dimanche introduit par une brève adresse « avec mes mots » analogue à mon commentaire ci-dessus.

      • Cher Michel,
        Mais qu’est-ce que ce « péché » à la fin ? Une nouvelle fois, si on appelle « péché » le crime on ne peut s’en sortir. Je crois que le fond du problème est là.
        Dire qu’il y a crime lorsqu’il y a grave atteinte à autrui n’empêche pas la miséricorde. Mais parler continuellemenr de péché noie le poisson, évite de rendre la justice, permet de biaiser, édulcorer, puisque tout homme est pécheur (mais pas criminel). En somme se montrer indulgent au détriment de celui qui a été gravement lésé. Et voilà où nous en sommes : un grand flou artistique qui a nui très gravement et, une fois découvert, scandalise à juste titre et eloigne de la foi. Une réussite, vraiment.
        Et je ne vois toujours pas de quoi il s’agit quand vous parlez de « purs ». On en est simplement aux droits les plus élémentaires de la personne, ceux que même les athées essaient de respecter.

      • A Michel
        1) Il ne s’agit pas de faire ou non partie d’une église de purs. Nous sommes tous indignes par définition vis à vis des préceptes évangéliques ‘ » Non sum dignus sed … »). Ce n’est donc pas la question de juger qui est digne ou indigne ; Mais il est difficile de remplir une fonction au nom d’une institution quand on est condamné pour des faits qui sont contraires au message que délivre cette institution .
        2) Comme vous m’avez souvent accusé d’être un procureur non vis à vis de la personne des évêques , mais du fait des actes qu’ils commettent au nom de l’institution écclésiale je vous répondrai ceci :
        Le procureur,
        -c’est l »avocat de la société , c’est à dire celui de ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir un avocat particulier .
        – c’est le défenseur de l’intérêt commun au delà des intérêts particuliers .
        -c’est enfin un tiers indépendant du juge et de la défense pour faire valoir les droits de la communauté .

        Je prends donc ce qualificatif même si ce n’était sans doute pas votre intention première , comme une reconnaissance de mon pénible effort pour défendre à temps et à contretemps le peuple de Dieu qui n’a pas droit à la parole légitime et qui pourtant constitue l’Eglise .
        Soyez en remercié .

  • A Yvonne,
    Je ne pense pas qu’ici le droit canonique veuille protéger le prêtre, en tant que personne en tout cas. Il veut signifier que la « grâce du salut » est toujours première. Le droit canon ne s’occupe pas de psychologie. Il est évidemment compliqué de découvrir après coup qu’on a reçu des sacrements (la vie) des mains d’un prêtre abuseur sexuel (la mort). Mais les sacrements n’ont rien à voir avec ce que le magistère voit sans doute comme des états d’âme, même lorsqu’il y a grave dommage sur la personne, y compris spirituel. C’est à la fois la grande force et à mon sens la grande faiblesse de ce que dit l’Eglise catholique.
    Ensuite, que le prêtre abuseur sexuel soit sciemment protégé par sa hiérarchie et continue sa vie ministérielle, voilà qui ne répond à aucune logique, hormis celles, bien « mondaine » de ne pas éclabousser par le scandale tout le corps clérical et en plus, actuellement, de conserver le maximum des prêtres existants, vu la disette.

  • Michel,

    Sur le fond, toujours le même malentendu. Personne n’est « pur » et tout le monde est pécheur bien entendu.
    Le problème n’est pas la. Encore une fois, il réside justement dans la confusion entre le délit et parfois le crime sexuel passibles de sanctions civiles et canoniques a juste raison et le péché, dans la couverture et le silence pendant des décennies de ces délits, dans la méconnaissance de la gravité de leurs consequences, dans les aberrations du code canonique et des procès
    ecclésiastiques.
    De même si les réseaux sociaux donnent à des « procureurs «  l’occasion de «  se déchaîner »: c’est parce que la confiance d’un grand nombre a été trahie…
    Une trahison de la confiance par des actes « inimaginables » dans une Église qui se veut rigoureuse sur le plan des mœurs ( a tort ou à raison; peu importe ici) suscite une colère et une indignation légitimes , me semble t il.

  • Très intéressante lettre de l’évêque de Rodez à ses diocésains en ce qu’elle révèle l’incapacité de l’institution écclésiale à comprendre donc à résoudre les causes des abus en son sein .
    – Aucune raison de penser que l’évêque de Rodez ne soit pas de bonne foi
    -Aucune raison de douter non plus qu’il ait été reçu dans l’ignorance des sanctions frappant l’évêque Santier ; la culture du secret s’applique aussi aux autres évêques .

    Son message joue sur la polysémie du mot église qui signifie l’institution écclésiale et le peuple des baptisés .
    Quand il dit que l’Eglise EST trahie , il a raison s’agissant du peuple des baptisés .
    Mais malheureusement il oublie et passe sous silence que c’est aussi l’institution écclésiale qui A trahi par la voix des évêques réunis à Lourdes en novembre 2021 .

    C’est bien là tout la faiblesse de ce texte qui mélange deux réalités très différentes ( l’institution et le peuple fidèle) pour mettre en exergue la juste colère de l’une en omettant de mentionner la responsabilité de l’autre .

    Non les abus dans l’église n’ont pas pour seule cause les comportements individuels fautifs de tels ou tels . Le rapport de la Case l’a amplement souligné , les évêques en ont pris acte à Lourdes l’année dernière et pourtant l’évêque de Rodez fait toujours comme si les abus commis n’avaient pas de caractère systémique .

    Cet aveuglement quand bien même il est sincère, s’il est partagé par une majorité des évêques augure mal de leur capacité collective à comprendre et à mettre fin aux abus dans l’église .

  • Ce qui choque dans l’Eglise est le « deux poids, deux mesures » selon les personnes et leur statut et les attitudes et paroles contradictoires inacceptables : ainsi un ami me rapporte qu’un prêtre mis en examen pour atteinte à l’intimité de la vie privée du jour au lendemain a été interdit de dire la messe en public dans l’attente de l’instruction. Quant à Mgr Santier ayant commis des abus spirituels à des fins de voyeurisme sur des jeunes majeurs, et alors que ces faits ont été reconnus, il a pu présider des messes comme si de rien n’était. Les évêques auront des comptes à rendre sur toutes les conduites abusives sur lesquelles ils auront délibérément fermé les yeux : ils ne pourront plus dorénavant dire un jour, qu’ils ont été bernés par telle ou telle personnalité dont l’aura ou le positionnement dans une institution les aura trompés : cela n’est plus possible après tous les exemples récents de personnages « haut en couleur » et quasi intouchables, qui ont défrayé la chronique par leurs abus de pouvoir (et les ouvrages et études de grande qualité publiés depuis sur ces sujets d’abus). Dom Jean-Charles Nault, père Abbé de St Wandrille disait qu’il avait rencontré des religieux qui avaient perçu « qu’on leur demandait de mentir, ce qui est une forme d’abus ». Aucune autorité dans une institution ecclésiale ne devrait donc se servir de son autorité pour obliger quiconque à ne pas témoigner de la vérité : tous ceux qui couvrent ainsi des faits, sans enquêter en vérité (et sans protéger les personnes qui ont le courage de leur en parler) auront un jour à en rendre des comptes de leurs aveuglements : « Que personne ne vous séduise par de vains discours » nous dit l’Ecriture et y succomber n’est-ce être aussi être celui qui injustement retient « la vérité captive » ? Comment ensuite vouloir être crédible en clamant que seule la vérité conduit à la liberté ?
    Il y a 38 ans, les funérailles du père Jerzy Popieluszko, assassiné, étaient célébrées à Varsovie : comment ne pas retenir les mots de son testament spirituel : « Préserver la dignité pour pouvoir magnifier le bien et vaincre le mal, c’est rester intérieurement libre (…) c’est rester soi-même dans toutes les situations de la vie. Vaincre le mal par le bien, c’est rester fidèle à la vérité. » Ainsi, seule cette vérité qui prend soin de la dignité humaine en toute situation, peut magnifier le bien, vaincre le mal et alors être recevable.

  • Suite au message de Guy Legrand
    L’évêque de Rodez Mgr Luc Meyer a été nommé le 7 juillet 2022 et a reçu l’ordination épiscopale le 17 septembre 2022. Qu’il n’ait pas encore complètement endossé la lourde charge de toutes les dérives de l’institution ecclésiale est assez compréhensible.
    D’autres comportements d’évêques me posent beaucoup plus question.

    Savez-vous ce que faisait Michel Santier le 7 juillet 2022? Il animait une session biblique publique chez les Bénédictines de Valognes (du 7 au 9), annoncée sur le site diocese50. Comment croire Mgr Le Boulc’h quand il affirme que depuis août 2021 (date des sanctions de Rome) MS exerce un « ministère réduit » à Saint-Sauveur-le-Vicomte ? Cela venant après l‘invitation à la messe chrismale de Mgr Blanchet, la confiance est bien écornée.

    Mgr Luc Meyer s’adresse aux fidèles de son diocèse avant l’ouverture de l’assemblée plénière des évêques à Lourdes aujourd’hui (3 novembre), de cela je lui sais gré, d’autant que son diocèse n’est pas au cœur de la tourmente. Etant fidèle du diocèse de Bayeux-Lisieux, j’attends encore un mot de mon évêque Mgr Habert qui fait mine d’ignorer à quel point le diocèse de Bayeux-Lisieux est touché de plein fouet par « l’affaire Santier » (les médias n’en parlent pas… donc taisons-nous ! Famille Chrétienne en révélant certains faits a soigneusement verrouillé les éléments de communication.)
    Avant d’être nommé évêque, MS n’était pas simple prêtre à Coutances, il a enseigné de 1978 à 2001 l’Ecriture Sainte au Grand Séminaire de Caen (interdiocésain : Bayeux-Lisieux, Coutances, Sées), il a même été responsable du 3ème cycle. Il a donc formé, accompagné quantité de séminaristes pendant plus de 20 ans. Toutes les semaines il arrivait accompagné d’un groupe de séminaristes au groupe de prière du Renouveau Charismatique qui se réunissait dans la crypte du Monastère de la Visitation à Caen. Il était présent aux assemblées intergroupes trimestrielles qui se déroulaient dans les locaux du séminaire. Son aura était grande dans le monde catholique caennais. Je fréquentais tout cela en confiance.
    Puis-je imaginer que le scandale soit limité à l’Ecole de la Foi ? Je ne cesse pas de penser à tous ces jeunes séminaristes, et à la phrase d’un prêtre du diocèse de Lyon parlant de B. Preynat : « Tout le monde savait qu’il tripotait les gamins ». Parfois, beaucoup savent, plus ou moins, dans certains cercles, mais rien ne transpire à l’extérieur. Les séminaristes pouvaient-ils parler ? Pour rappel, Mgr Pican évêque de Bayeux-Lisieux de 1988 à 2010 (décédé en 2018) a toujours soutenu qu’il était fier de ne pas avoir dénoncé à la justice son prêtre pédocriminel (affaire Bisset). Je pense aussi au séminariste qui a voulu dénoncer MS en 2019 à son évèque Mgr Aubertin, il a été désavoué, suite à quoi il a trouvé écoute auprès de Mgr Aupetit.
    J’en suis arrivée à la question suivante : la nomination de MS comme évêque en 2001 (année du procès de Mgr Pican) serait-elle une promotion-sanction, pour l’éloigner de son « terrain de chasse » ?…
    Les évêques réunis à Lourdes peuvent-ils démêler les fils d’une telle affaire, alors qu’une chape de silence plombe la communication dans l’un des premiers diocèses touchés ? Il faut lire le livre d’Isabelle de Gaulmyn « Histoire d’un silence » pour mesurer les forces en jeu.

    • A Monique .
      Il se trouve que j’ai rencontré M Santier lors d’une retraite qu’il animait dans le diocèse de Coutances au début des années 80 du XX°siècle .
      C’était à l’époque une étoile montante de l’église qui misait alors beaucoup sur les communautés nouvelles .
      J’avais 22 ans mais je m’étais quand même rendu compte qu’il ne vivait pas dans le monde réel .J’ai eu l’impression de me retrouver dans une secte .
      Alors son étrange vision du sacrement de reconciliation ne m’étonne pas vraiment ni le fait qu’on l’ait laissé développer ses délires pseudo charismatiques et que même cela ait pu contribuer à sa promotion . A l’époque les communautes nouvelles et leur « bergers  » étaient considérés par principe comme l’avenir de l’église sans qu’il soit estimé utile d’analyser plus avant leur projet et leur pratique .
      Je ne dirai rien sur le comportement de certains prêtres maintenant évêques qui aujourd’hui s’estiment trahis et tirent sur le corbillard M Santier alors qu’ils le portaient aux nues en toute connaissance de cause il y a quelques années.

      • A Guy, « Je ne dirai rien sur le comportement de certains prêtres maintenant évêques qui aujourd’hui s’estiment trahis et tirent sur le corbillard M Santier alors qu’ils le portaient aux nues en toute connaissance de cause il y a quelques années » dites-vous : c’est encore cela oui, qui me semble fort malvenue de la part de bien des évêques : certains vont s’horrifier , montrer très vite patte blanche ou déverser quelque lessive qui lave plus blanc que blanc dès qu’un abus (plutôt à tendance sexuelle) va surgir, tout en se préservant en vérité, je crains, de toute vraie et profonde remise en cause sur leur façon d’agir très en solo ou en comité resserré cherchant à sauver telle ou telle institution ecclésiale malgré des dérapages de gouvernance ou autres. Un jour bien sûr, d’autres poubelles vont s’ouvrir, d’autres dégâts seront déversés sur la place publique lorsque l’emprise de la peur et de la disgrâce sera passé. Lorsqu’ils auront à rendre des comptes, se sera trop tard pour se battre la coulpe après avoir de près ou de loin, ignoré des témoignages (ceux pourtant de leurs sœurs et frères en Christ) et ce passage des Ecritures déjà cité « Que personne ne vous séduise par de vains discours ». S’ils pouvaient avoir un tant soit peu, conscience des si graves dégâts humains et spirituels que cela cause. Il faut avoir été soi-même plongé dans ce genre de situation jusqu’alors « inimaginable » pour percevoir la profondeur du mal, tel un cancer qui s’insinue dans ‘Eglise et tente de se déguiser en bien (et le mensonge est terrifique), c’est pourquoi l’incrédulité de certains sur ce site, me choque infiniment moins que l’attitude d’évêques qui parlent trop aisément de fraternité, de miséricorde d’ouverture aux autres et des dons de l’Esprit qui leur font terriblement défaut dans ces moments-là où leur responsabilité est première car ils couvrent des abus en refusant la communication avec des aidants formés au discernement.

        • A Monique ,
          Ce qui m’écœure sans vraiment me surprendre c’est que les évêques qui « flinguent  » le plus M Santier aujourd’hui sont ceux qui le portaient le plus aux nues autrefois quand la mode était aux communautes nouvelles charismatiques soit disant l’avenir de l’église.
          Alors quand ces gens là parlent de confraternité, quand ils renient leur choix antérieurs parce que le vent tourne , j’ai du mal a les respecter . Ils savaient tous et depuis longtemps avant même d’être évêques les etranges pratiques de M Santier .
          Même si ce n’est pas très chrétien j’ai néanmoins envie de citer un catholique de mon diocèse et proche voisin (FR de Chateaubriand) : »Il faut être économe de son mépris tant il y a de nécessiteux  » .Je ne dois pas en avoir assez pour pouvoir le répartir équitablement entre tous les membres de la CEF réunis à Lourdes .
          Il ne s’agit pas de dédouaner M Santier pour ses actes , mais de voir les évêques se servir de lui comme bouc émissaire me dégoûte profondément.

          • Guy, vous écrivez : « Ils savaient tous et depuis longtemps avant même d’être évêques les étranges pratiques de M Santier ».
            Pouvez-vous nous donner vos sources ?

          • A Guy Legrand
            La réponse précédente s’adressait peut-être plutôt à Sophia, mais peu importe.
            Ma connaissance des milieux ecclésiaux est basique, au ras des pâquerettes, contrairement à la vôtre. Alors je reste en arrêt devant la phrase: « Ils savaient tous et depuis longtemps avant même d’être évêques les etranges pratiques de M Santier. » Que sont ces « étranges pratiques » ? S’agit-il des faits révélés récemment ou d’autre chose ?
            Je reconnais que les faits révélés récemment (emprise et agression sexuelle tout en profanant trois sacrements: ordre, réconciliation, eucharistie) relevaient pour moi de l’inimaginable il y a encore quelques jours (en tout cas de la part d’une personnalité reconnue). Que des bruits, des soupçons plus ou moins nets aient pu traverser des cercles de proches, cela me paraît fort probable. Et c’est là que la mécanique du silence si forte dans l’Eglise se met à l’oeuvre (souvent sous prétexte de charité chrétienne !) De là à affirmer que tous (évêques, futurs évêques…) savaient, le pas est énorme. Pouvez-vous en dire plus?

          • A Michel
            Dans les années 80 M Santier était une étoile montante .Si j’ai fait une retraite à cette époque à l’abbaye blanche à Mortain c’est sur les conseils de prêtres qui sont aujourd’hui évêques et archevêques. La réputation de M Santier était nationale a l’époque .En sortant de être retraite , j’ai eu l ‘impression d’avoir rencontré un doux dingue vivant hors du réel. .Mais il est contraire à mon éthique personnelle d’accabler et de renier un homme a terre quand on l’a précédemment encensé pour ses méthodes spirituelles développées dans son école de prière et sa communauté.
            Santier doit payer pour ses fautes .Mais l’acharnement a le piétiner de la part de ceux qui hier le portaient aux nues , dans le seul but de se protéger eux même est indécent.

          • Guy, vous répondez à côté.
            Je vous repose la question.
            Vous avez écrit : « Ils savaient tous et depuis longtemps avant même d’être évêques les étranges pratiques de M Santier ».
            Pouvez-vous nous donner vos sources ?

          • A Monique
            Quand je parle d’étranges pratiques connues , je parle essentiellement de tous les comportements défiant la raison qui avaient cours chez les charismatiques dont M Santier était alors la caution cléricale : lecture fondamentaliste de l’. Ecriture , approche magique de la foi au Christ , importance démesurée du « berger  » , dépendance malsaine des « brebis « à son égard , phénomène d’emprise du « berger  » ,
            rupture avec la réalité : A titre d’exemple au cours de la retraite à laquelle j’ai participé une personne s’est évanouie pendant la prière . La réaction a été de dire qu’il s’était endormi dans le seigneur et personne n’a songé à s’enquérir de la situation de cette personne qui heureusement est revenue à elle au bout de quelques minutes .
            J ‘étais et je suis sans doute nait en pensant que le rôle d’un évêque comme son nom indique est de surveiller et de contenir ce type de dérives .
            Mais le système a choisi de faire de M Santier un évêque .

    • Ce que vous décrivez, Monique, à savoir l’état d’esprit de l’épiscopat dans son ensemble, sans qu’aucun puisse être mis à part, est identique à celui qui a animé le cardinal Danneels en 2010 (que cela semble loin!) quand il a usé, de toute sa puissance rhétorique-blabla face au neveu de l’évêque de Bruges et en présence de ce dernier, afin que celui-si patiente, se taise, ne bouge pas…. et D. a ensuite obtenu très vite de la justice Belge le retrait de la toile de l’enregistrement, effectué à son insu, de cette moche réunion avant de reconnaitre, bien tard, qu’il aurait du agir dès qu’il a su,…. Mais le moment de vérité de l’enregistrement est oublié,: il n’a pas été remis sur la toile. La lettre ouverte que vient de publier Golias au Pt de la CEF est hélas indispensable pour que le corps épiscopal se comporte en sorte de faire comprendre que spirituellement, charnellement, corporativement surtout. ils ont enfin compris…. ne serait-ce qu’un petit peu! Pour moi, c’est un évêque qui fut Pt de la CEF J. Duval, qui m’a poussé à ouvrir les yeux un peu mieux, en répondant (faisant répondre plus probablement) à ma lettre de 1988 exprimant mon mal être avec le système, la lettre modèle appropriée avec ajout manuscrit « je vais prier pour vous »… manière de dire « mais, mon pauvre Monsieur, que voulez vous, qu’y puis-je…? jusqu’à « j’en ai rien à foutre! ».

      • A Jean-Pierre G. Ces mots « je vais prier pour vous » qui spontanément traduisent l’amour, la foi, la confiance en Dieu et rappellent à toute personne qu’elle n’est pas seule dans l’épreuve, peuvent être détournés de leur sens profond comme vous le dite et même gravement blesser davantage le cœur de l’homme. Voyez, si un mystique, un contemplatif, un simple croyant, me dit je prie pour toi, cela de suite infuse mon âme. Ces mêmes mots que je n’ose plus moi-même prononcer de façon si lapidaire, je les délivre autrement et les mêle le plus profondément à ma respiration et prière intérieures : « C’est pour cela peut-être, que penser à un homme revient à le sauver » avait écrit avec tant de justesse le poète R. Juarroz.
        Pourquoi donc ajouter ceci à vos propos si ce n’est que votre conclusion, malheureusement, je la reçois de plein fouet suite au témoignage d’une femme d’une grande foi et dignité qui a écrit à plusieurs « évêques amis », pour apporter des preuves relatives à un fait grave. Les réponses que j’ai entrevues, signées de chaque évêque (et d’un ami prêtre qui a pignon sur rue) étaient si pitoyables que je n’en n’ai retenu que la formule finale que vous reprenez et la traduction que vous en faites. Cela est plus que désastreux et dévastateur pour l’Eglise de France, c’est vrai. Pendant ce temps, le Pape François malgré sa douleur au genou et ses 85 ans, se retrouve en simple « pèlerin » et « semeur de paix » à Bahreïn (avec un programme aux horaires impitoyables à mes yeux). L’Eglise est bien là en « fauteuil roulant » au chevet des minorités (https://fr.aleteia.org/2022/11/05/ces-chretiens-darabie-saoudite-venus-a-la-messe-du-pape-a-bahrein/) et cela nous réconforte et nourrit notre Espérance !.

  • Il faut lire avec attention le discours d’EMB en ouverture de cette AG de la CEF .
    – Dans les points positifs : la conscience d’avoir choqué le peuple de Dieu et de la perte de confiance envers les évêques qu’elle entraîne -.Dans les points négatifs une fois encore la volonté de s’exonérer de toute responsabilité dans l’affaire Santier « la plupart d’entre nous n’ont pas eu a traiter de ce dossier  » dit EMB .
    Il fait semblant d’oublier que les évêques étaient informés de la sanction frappant M Santier et qu’ils ont menti à Lourdes l’année dernière .
    Autre point négatif : Il impute au seules procédures les manquements collectifs des évêques. Mais une procédure n’est pas une fin en soi , elle est au service d’une finalité et cette finalité dit quelque chose du fonctionnement de l’église. Sur ce sujet : silence radio .
    Alors nous devons en tirer la conclusion suivante : posant en hypothèse que les évêques sont de bonne foi , il faut donc en conclure s’ils n’ont aucun pouvoir , aucune influence sur le fonctionnement de l’église dont le rapport de la Ciase nous prouve qu’il est abusif de manière systémique.
    Alors si les évêques ne sont que des rouages sans influence d’un système qui les dépasse , auquel ils sont soumis , comment peuvent ils encore prétendre nous enseigner , nous gouverner et nous sanctifier ?

    • Je partage pour l’essentiel ce commentaire. Je serai néanmoins un peu plus nuancé. Je ne suis pas sûr du tout que l’ensemble des évêques présents à Lourdes à l’automne 2021 ait été informé de l’existence de sanctions concernant l’un d’entre eux. Cela ne me semble pas correspondre aux procédures. Sans doute la présidence de la Cef était-elle informée de même que les trois évêques ayant un lien territorial avec l’intéressé : ceux de Coutances, Luçon et Créteil.

      J’ai moi-même cherché dans le discours d’ouverture l’esquisse d’un mea culpa ou de l’hypothèse d’une responsabilité autre que celle du seul Michel Santier. Tant du côté de la Cef que du nouvel évêque de Créteil Mgr Dominique Blanchet. Si je n’ai rien trouvé côté Cef je pense qu’on peut interpréter l’allusion aux diocésains de Créteil « qui se sont sentis doublement trahis » comme l’expression de l’idée qu’à la trahison première de Michel Santier était tout de même venue s’ajouter le silence coupable (et l’invitation à la messe chrismale) de son successeur effectivement perçu par beaucoup comme une trahison. Mais tout cela était, c’est vrai, bien euphémisme.

      • A René
        Sans doute les procédures du droit canon ne permettaient pas une information officielle de tous les évêques.
        Mais peut on penser sérieusement que dans le contexte du rapport de la Ciase et de leur positionnement à prendre le 5 novembre 2021 ils n’aient pas été au moins officieusement informés?
        Si effectivement certains étaient encore dans l’ignorance, alors cela veut dire que le rapport de la Ciase et ses conséquences n’ont pas été appréhendés comme un sujet sérieux et important par la CEF .
        Enfin dans le contexte du rapport de la Ciase , invoquer le respect des procédures d’un autre âge pour s’exonérer de son propre discernement , n’est pas entendable
        Le vieil officier que je suis se souvient de cet adage selon lequel l’obéissance du général n’est pas la même que celle du simple soldat .Pour le sommet de la hiérarchie fut elle ecclesiale l’obéissance implique toujours discernement et responsabilité . Deux notions que les évêques regardent toujours avec le même effroi que celui d’un diable tombé dans un bénitier .

        • Je pense que l’information concernant les sanctions a filtré par la suite auprès d’autres évêques (comment « garder le secret »? ) puisqu’on m’a rapporté des commentaires étonnés de tel ou tel évêque découvrant que Mgr Santier avait donné ici ou là une conférence « alors qu’il était sous le coup de sanctions canoniques ». Mais en novembre 2021, Ciase ou pas Ciase, un mois à peine (peut-être moins) après la signification des sanctions je persiste à penser qu’il y avait peu d’initiés. Ce qui ne justifie aucunement que le silence se soit prolongé une année durant notamment dans les diocèses de Créteil, Luçon et Coutances et même au-delà puisqu’on apprend que l’évêque de Bayeux, Mgr Habert, vient de suspendre son vicaire général le père Laurent Lair (membre de la la communauté Réjouis-toi où il semble avoir eu des responsabilités). « Il reconnaît avoir commis des faits contraires à ses engagements ecclésiastiques ». Il a été invité par son évêque « à ne plus exercer de ministère et à se retirer du diocèse le temps d’une procédure canonique. » En revanche pas la moindre allusion à une éventuelle « victime »… on verra plus tard ! Chassez le naturel…

          • Sauf qu’on ignore quel est le registre : simple liaison amoureuse certes contraire à ses engagements mais nullément passible de sanctions pénales ou « abus » ayant des conséquences ne terùmes de victimes. Mais alors le communiqué devrait préciser qu’il y a eu signalement à la justice. Je penche donc pour la première hypothèse… Mais à ne parler que par euphémisme et à mélanger tous les registres, les nourrissent une suspicion peut-être démesurée au regard des faits !

          • Mais d’où tenez-vous donc ce communiqué?
            J’en cherche trace officielle, en vain.
            Pourriez-vous donner une adresse, un lien internet?

          • Merci pour le document. Il est maintenant disponible sur le site du diocèse, mais ce matin c’était un scoop.
            Information brute, sans un mot de plus.
            Cyclone pour le diocèse à coup sûr. Sans connaître personnellement le père Laurent Lair, je peux dire qu’à ma connaissance il a toujours été apprécié, et que cela a été reconnu par Mgr Habert lorsqu’il l’a choisi pour vicaire général en septembre 2021.
            Dans un autre commentaire, j’évoquais le silence mortifère dans le diocèse de Bayeux-Lisieux autour de « l’affaire Santier », alors que M. Santier a exercé la plus grande partie de son ministère pendant plus de 20 ans dans ce diocèse, au Séminaire de Caen en premier lieu, et aussi dans les activités du Renouveau Charismatique. Je parlais des séminaristes qui le suivaient dans son groupe de prière; plusieurs sont devenus membres de la communauté Réjouis-toi, dont le père Laurent Lair, ordonné en 1987. Je ne sais pas s’il y a un lien direct entre « l’affaire Lair » et « l’affaire Santier », mais je ne peux m’empêcher de penser que le père Laurent Lair a forcément subi l’emprise de M. Santier, avant de faire je ne sais quoi. Après l’affaire des frères Philippe, tout le monde sait que les failles de formateurs déviants peuvent faire des dégâts considérables pendant des dizaines d’années sur une multitude de personnes, sans que cela saute immédiatement aux yeux. Je ne peux que prier pour le père Laurent Lair, comme y invite Mgr Habert.

  • A René,
    Eh oui : je crois que le langage codé a fait son temps lui aussi. A présent, tout le monde peut et va imaginer le pire. Vraiment pas malin.

  • Concernant l’affaire du vicaire général du diocèse de Bayeux, c’est très flou ; on ne nous dit rien, on ne nous apprend rien sur le fond de l’affaire. Et comme d’aucuns l’ont à maintes reprises souligné sur ce blog, une procédure canonique est opaque. Franchement, toutes ces affaires de mœurs dans l’Eglise sont plus qu’insupportables. J’ai l’impression que cela n’est pas prêt de s’arrêter. Il faut vraiment faire quelque chose. Mais quoi? La foi chrétienne est lourdement décrédibilisée avec ces scandales à répétition. Comment se dire catholique après tout ce que l’on apprend jour après jour?

    • oui c’est vrai l’on n’ose plus se dire catholique : nos interlocuteurs nous regardent d’un air compassé… mais l’institution n’est pas la Foi, et l’on peut tout à fait se dire « chrétien en liberté » et la vivre avec son prochain, selon l’Evangile… Je doute beaucoup que l’Eglise sache se réformer… elle n’a pas su le faire déjà au XVIème siècle…!!

        • Michel, c’est tout le paradoxe, je vous le concède. Mais ça ne me semble pas une raison suffisante pour regarder la réalité en face et considérer que « cette » Eglise peut peut-être prendre un autre vidage institutionnel tout en restant fidèle à sa mission…

          • Michel, René,

            Le problème est que « cette » Eglise ne transmet pas pour ou à tout le monde l’Evangile, loin de là. Ou plutôt, elle le transmet en le proclamant, tout en l’invalidant complètement par ses actes, son fonctionnement, ses fondamentaux. Un peu pour moi comme quelqu’un qui vous fait des déclarations d’amour enflammé tout en vous frappant à mort. Voilà ce qui me paraît gravissime. Et on est là très loin de la question des hommes qui sont tous « pécheurs », même si en effet ils (nous) le sont (le sommes) tous.

          • A Anne , C’est exactement cela . Il ne suffit pas de dire : je témoigne et transmets l’Evangile pour le faire effectivement . Et de persévérer dans cette posture quand les faits (rapport de la Ciase ) démontrent clairement les conduites et actes criminels perpétrés, et dissimulés par l’institution ecclésiale .
            Les évêques ne veulent toujours pas comprendre que le rapport de la Ciase a inversé la charge de la preuve. C’est à l ‘église qu’il revient maintenant de prouver qu’elle temoigne réellement de l’Evangile .On ne peut plus la croire sur parole , elle doit le prouver par ses actes si elle veut être audible et crédible .

        • Michel
          Ce sont des hommes et des femmes
          , membres du peuple de Dieu, qui m’ont permis de découvrir ces mises en récit d’un certain juif, nommé Jésus, qu’ils nommaient « Christ », récits au travers desquels le visage qui y était dessiné semblait s’adresser à moi pour me demander à mon tour: et toi, qui dis tu que je suis? Ou encore: j’ai soif… m’invitant à mon tour à investir la réponse de ces anonymes qui, du pieds de la croix, ont alors accepté de se laisser saisir par l’appel de leur frère en humanité
          Est ce que l’institution ecclésiale les aidait ou les freinait dans cette transmission… je ne sais. Mais je garde en mémoire cette expression d’un d’entre eux, moine, dissimulant sous un trait d’humour les souffrances causées par  » notre mère l’Eglise » :  » l’Eglise ? Sacrée boutique, divine entreprise… »

    • « Très flou »… »on ne nous dit rien »… Effectivement, en communication officielle (site du diocèse), strictement rien. Mais l’évêque et son chargé de communication ont trouvé le temps de répondre aux questions de quelques médias. N’étant abonnée ni à La Croix, ni à Ouest France, je n’ai droit qu’à des bribes d’informations collectées à droite, à gauche, sur des sites en accès libre. Cela me scandalise (tout l’art d’ajouter du scandale au scandale).
      Voici le résumé de ma revue de presse (forcément incomplète): pas de faits sexuels, pas de faits relevant du pénal, pas de pédocriminalité, pas d’emprise spirituelle, pas de détournements de fonds, pas de relation avec une femme.
      Et aussi cette phrase: « Le diocèse assure que ces faits ne relèvent « pas de pédocriminalité », mais « sont suffisamment graves à ce jour ». L’affaire implique une personne adulte qui s’est manifestée auprès du diocèse mais n’a pas souhaité porter plainte, pour des faits qui pourraient pourtant relever d’un délit pénal. Le procureur de la République du tribunal judiciaire de Caen a été mis au courant de cette affaire. »
      On perçoit combien une communication directe aurait été préférable pour éviter ces sons de cloche divers.
      Enfin, cette conclusion: « ces faits récents nécessitent aujourd’hui des éclaircissements et la confrontation de plusieurs parties précise le diocèse. Ce sera l’objet de cette enquête canonique prévue pour durer plusieurs mois et menée par un official, un juge ecclésiastique.  » L’affaire semble complexe. La perspective de plusieurs mois dans ce grand flou me semble peu compatible avec l’objectif « de restaurer la confiance abîmée ou perdue » (EMB, discours du 3 nov.) Comment faire mieux?

      • Certes, le temps de la justice est lent, mais commente faire quand la victime présumée, majeure, ne porte pas plainte auprès de la justice civile, se limitant à se manifester auprès du diocèse ?
        Il y a d’autres affaires en cours d’instruction, dont notamment une concernant un évêque émérite, pour laquelle il y a eu une plainte (unique) au civil, mais où l’affaire est toujours en cours d’instruction tant l’affaire semble compliquée et peu claire… témoignage contre témoignage !
        Comment concilier le crédit porté à la parole des victimes et la présomption d’innocence ?

        • A Michel .
          S’il y a delit ou crime portés à la connaissance du procureur , il n’y a pas besoin d’une plainte de la victime pour enclencher l’action judiciaire .S’il y a action judiciaire la victime peut ou non s’inscrire dans la procédure en se portant ou non partie civile .
          Les arguments de l’évêque de Bayeux ne sont pas convaincants.
          Connaissant les faits il se devait d’informer le procureur qui les aurait qualifié juridiquement. .Meme si le procureur les classait sans suite l’évêque pouvait néanmoins entamer un procédure canonique qui relève en France de la justice ordinale ou professionnelle .
          Mais ce gloubi boulga du communiqué de l’évêque ne fait que contribuer à la confusion dans l’esprit des fidèles en mélangeant les champ juridiques et en restant flou sur les faits .
          Une fois encore on a l’exemple d’un évêque qui se refuse ou est incapable de nommer les faits pour ce qu’ils sont .Or c’est le préalable indispensable à toute action juridictionnelle et a toute tentative de faire justice .

      • A Monique,

        Oui, l’art de parler pour ne rien dire, brouiller les pistes et rester dans le grand flou qui caractérise les discours ecclésiastiques, et parfois simplement carholiques. A croire que le brouillard est dans les idées de ceux qui s’expriment ainsi et que le flou artistique qui fait tant de mal n’est même pas ou plus volontaire, à force de vivre dedans
        Quand on y est confronté de près, c’est vraiment à rendre fou, quand ça ne vous fait pas tout simplement perdre de vue vos propres repères et votre conscience.
        Mais il faut apparemment l’avoir vécu ou vu vivre pour comprendre.

  • Il faut lire la très intéressante homélie d’Eric de Moulins Beaufort prononcée aujourd’hui à Lourdes et diffusée dans le cadre de l’émission « le jour du Seigneur  » .
    On s’interroge : s’agit il de cynisme achevé ou d’une naïveté crasse peu compatible avec la fonction d’évêque . En clair nous prend il pour des cons ou est il un simple d’esprit ?

    1)  » Les faits concernant tel évêque vous ont bouleversés et la manière dont ils ont été traités vous a déçus profondément  »
    – Commentaire : C’est factuellement faux : On avait déjà été prévenus et parfaitement informés de ce type de faits et de leur récurrence de la part du clergé ainsi que de la manière dont ils étaient habituellement traités par les évêques , grâce au rapport de la CIase .
    Ce qui nous choque en réalité , c’est que contrairement aux engagements pris ,les sanctions pour ces faits ont été tenues secrètes et que des évêques qui savaient n’en ont tenu aucun compte ( invitation de M Santier à la messe Christmale du diocèse de Créteil , pas d’information des diocésains de Coutances )

    2) « Vous avez pu avoir l’impression que les évêques camouflaient un des leurs, vous pouviez craindre qu’ils en camouflent d’autres  » .
    – Commentaire : ce n’est pas une impression c’est la réalité factuelle . Les évêques ont caché les sanctions canoniques frappant M Santier et n’en ont tenu aucun compte dans leur rapports avec lui . Quant à d’autres cas de clercs ou d’évêques ayant cessé leur fonction pour cause de sanctions canoniques s’ils ne sont pas encore rendus publics , ils en existe quelques uns .

    3 ) » je pense aux personnes victimes ….atteintes par la concupiscence de tel ou tel de nos frères »
    -Commentaire : il fait comme s’il s’agissait de cas individuels rares alors même que le rapport de la CIase a mis en évidence le caractère systémique de ce type d’abus .EMB emploie le même type d’arguments que ceux qui étaient utilisés avant le travail de la Ciase . La question n’est pas celle de la concupiscence de tel ou tel rare clerc , mais celle des abus de toutes natures ,systémiques dans l’église

    4)  » Nous autres évêques sommes atteints par ces révélations  »
    -Commentaire :Il ne s’agit pas pour eux de révélations puisqu’au minimum les évêques de Coutances , de Rouen et de Paris connaissaient parfaitement ces sanctions . De plus peut n’imaginer que la conférence des évêques de France comme institution n’ait pas été informée par le vatican des sanctions frappant un des leurs ? .
    Cette posture cherchant à victimiser les évêques au même titre que les catholiques qu’ils ont eux même trompés est indécente .

    5) « Nous nous interrogeons sur la voie juste entre le respect de la vérité due à beaucoup et le respect des personnes victimes mais aussi des coupables  »
    – Commentaire : cette phrase mélange à desseins des questions différentes qui doivent être traitées séparément .
    a) le fait de rendre publiques les sanctions à l’encontre de M Santier n’empêchait absolument pas de respecter la volonté des victimes de garder l’anonymat . Rien n’empêchait de communiquer en disant que M Santier avait été démis de sa charge du fait d’une sanction canonique pour abus de pouvoir .
    – Le respect de la vérité n’est pas seulement due aux fidèles ni aux rares évêques qui parait il, n’auraient pas été au courant . Le respect de la vérité est un engagement qu’ils ont pris à Lourdes , solennellement en novembre dernier . Il oblige les évêques .
    – Enfin le respect des coupables n’implique ni l’impunité , ni le fait de cacher la sanction qui les frappe auprès des communautés de fidèles pour lesquelles l’épiscopat est parait il un service . Si le service n’est pas ou mal rendu , c’est bien le minimum que d’en avertir les fidèles et d’exprimer les raisons des dysfonctionnements .

    Au delà de la colère et de l’écoeurement que suscite l’indécence de cette homélie , il faut souligner qu’elle aurait pu être prononcée sans en changer un seul mot avant la remise du rapport de la CIase . Ce qui signifie que les évêques en dépit de leur belles paroles passent ce rapport par pertes et profit . Ils n’ont rien compris , rien appris et toutes leurs belles paroles de novembre dernier n’étaient que du vent , qui ne les engageaient aucunement .

    Cette homélie dit clairement et ouvertement que les évêques continuent à ignorer et à mépriser :
    – le rapport de la Ciase et ce qu’il a pu nous apprendre sur la situation de l’église
    – les fidèles envers qui leurs engagements solennels ne sont que chiffon de papier .

    Il ne faut remercier E de Moulins Beaufort que d’une seule chose : Il nous dit explicitement pourquoi l’on ne peut plus accorder notre confiance aux évêques : Ceux- ci ne veulent rien modifier à la conception qu’ils ont d’eux-même , de leur fonctions , de leur pouvoir et de l’église .

    Le rapport de la Ciase ? les évêques n’en tiennent aucun compte .

    • Guy, j’ai lu aussi cette homélie de Mgr Eric de Moulins-Beaufort.
      Vous faites exactement ce que vous lui reprochez, mélangeant à dessein des questions différentes qui doivent être traitées séparément.
      Le rapport de la CIASE traitait de la pédocriminalité, pas des agissements délictueux d’emprise spirituelle ou sexuelle.
      Ces questions sont importantes aussi, mais ne mélangez pas tout, surtout quand vous jouez les redresseurs de torts.

      • A Michel
        Selon vous la pédocriminalité n’entre rait pas dans la catégorie des agissements délictueux d’emprise spirituelle ou sexuelle ?
        Peut on vous conseiller de lire le rapport de la Ciase , son constat et ses préconisations avant d’écrire des inexactitudes ?
        Deux remarques que je livre à votre méditation
        – le rapport de la Ciase met en évidence que les abus sexuels résultent toujours d’ abus de pouvoirs .
        – le fait d’instrumentaliser la confession pour contraindre les pénitents à se dénuder ne serait pas un abus de pouvoir ?

        • Guy, ne tordez pas ce que j’ai dit pour me faire dire ce que je n’ai pas dit ni pensé !
          Bien évidemment, la pédocriminalité est un abus de pouvoir et relève non pas des agissements délictueux mais des agissements criminels d’abuseurs avec emprise sur leurs victimes.
          Ce que je disais, c’est que le rapport de la CIASE traitait de la pédocriminalité, pas d’autres agissements délictueux sur des personnes majeures.
          Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’attaquer aussi à d’autres manifestations d’emprise spirituelle ou sexuelle !

          • A Michel,
            Alors c’est que vous n’avez pas lu ou mal lu le rapport de la Ciase , dont certes la porte d’entrée et le sujet est la pédocriminalité .Mais en essayant de comprendre les causes de la pédocrinalite , ce rapport met en évidence les racines de ces crimes qui sont les abus de pouvoirs et les abus spirituels .Abus qui ne sont pas le fait d’individus isolés mais la conséquence d’une conception du clerc et de la nature de son pouvoir qui font que ces abus ont une dimension systémique .
            Aussi vouloir réduire la portée du rapport de la ciase aux seuls abus criminels sur mineur signifie que soit on ne l’a ni lu ni compris , soit que l’on se veut un avocat de principe des évêques en développant une piètre plaidoirie contredite par les faits .
            Je vous laisse le bénéfice du doute . .

          • Donc une fois de plus, Guy, vous ne cherchez que la polémique, tordant ce que je dis pour mieux me disqualifier à vos yeux… tout cela n’est pas constructif,k je pense que vous valez mieux que cela, mais je ne vais pas me laisser embarquer dans vos polémiques qui ne servent qu’à sous-tendre votre combat constant contre l’Eglise institution.

      • Sans doute Michel, mais je peux vous assurer que les évêques au courant des phénomènes d’emprise spirituelle ou sexuelle étaient et sont extrêmement nombreux : au moins tous ceux qui avaient ou ont des communautés nouvelles dans leur diocèse. Disons, depuis les années 70, ces phénomènes n’ayant ensuite cessé de s’étendre puisque personne n’a bougé, personne n’a assuré son rôle de protection, personne n’a freiné quoi que ce soit. Bien au contraire.

        • Oui, Anne, et je ne suis pas loin de penser que les phénomènes d’emprise spirituelle sont plus graves que les phénomènes d’emprise sexuelle.

        • Au regard de ce que j’ai lu précédemment sur ce site (sujet récurent notamment avec Dominique) concernant  » les abus dans les communautés nouvelles », j’ai parcouru des passages de l’étude qu’en a faite brillamment Dom Lassus. Dans ces communautés, les problèmes ont bien été liés à leur gouvernance et au fait que les évêques ont été si « séduits » par leurs responsables -véritables experts en manipulation- qu’ils ont totalement renoncé à toute enquête lorsque des dérives leur ont été signalées (ils n’y ont pas cru ou les ont minimisés). Je crois aussi qu’il y a dans les propos de Dom Lassus, une réponse au mal qui infuse dans l’Eglise lorsqu’il dit que « La corruption de ce qu’il y a de meilleur est la pire ». Pour Dom Dysmas, si les communautés nouvelles sont plus sujettes aux abus spirituels, les ordres anciens ne sont pas forcément épargnés, mais ils disposent de moyens pour y répondre (La déviance reste locale et l’ensemble du corps peut se prémunir). Ainsi il écrit que « Peu de communautés nouvelles ont réussi à échapper à ce genre de troubles. Où se trouve donc l’erreur puisque ces communautés, il y a quelques années encore, étaient présentées comme l’avenir de l’Église ? Pourquoi ces communautés spécialement ferventes, marquées par une grande fécondité et un dynamisme certain, se sont-elles montrées particulièrement vulnérables ? Ne sommes-nous pas, finalement, tous menacés d’une manière ou d’une autre ? La réponse à ces questions est assez simple : la vie religieuse comporte des risques spécifiques. On connaît le fameux dicton : corruptio optimi pessima. Le sens est le suivant : Un grand bien, s’il se corrompt, devient un grand mal. Un homme de grand talent, mettra ce talent au service du mal, comme il l’avait mis au service du bien (…). Dans les communautés nouvelles, libérées des pesanteurs d’une tradition, on a pu se lancer avec enthousiasme sur des chemins périlleux sans avoir conscience des dangers encourus. Très souvent un des éléments du problème tient à l’exercice de l’autorité. Les contre-pouvoirs sont rarement définis dès le départ, car c’est l’expérience qui en montre la nécessité. Les communautés nouvelles sont donc souvent vulnérables sur ce point. »
          Au final, quoiqu’il advienne, le problème du pouvoir (et des contre-pouvoirs) et de la gouvernance se présente comme l’élément principal des déviances et de tous les abus. Quand les évêques auront-ils assez de discernement pour cibler le vaste problème du pouvoir dans l’Eglise plutôt qu’en nous présentant maintenant une liste de fautifs, sans vraiment s’interroger sur leur responsabilité propre et sur les pratiques de gouvernance dans l’institution ecclésiale ?

          • Merci beaucoup Sophia pour cette lecture éclairée. Il a fallu tout ce temps et tous ces dégâts humains pour parvenir aux conclusions de Dom Dysmas et nous ne sommes pas au bout de nos peines : la plupart de ces communautés existent encore et les tentatives pour les « réformer » n’ont pas donné geand-chose jusque-là.

          • Je pense aussi que cette inaction, ou cette inefficacité quand il y a un semblant de volonté, vient de la question, pour eux vertigineuse, du manque de prêtres. Clairement l’Eglise de France, telle qu’on la connaît, avec ses pouvoirs justement, disparaît.
            L’illusion créée par les « fruits » de ces communautés nouvelles, renforcée par l’inexorable déclin des anciennes, a contribué au déni, doublé aussi d’incompétences diverses. A présent, la situation est : plus de prêtres (ou quasi) et scandales à répétition.
            Je ne suis pas sûre que la question des pouvoirs et contre-pouvoirs soit si essentielle pour une coquille , l’Eglise, proche du vide.
            Par contre comment, réellement, « gérer la pénurie » ? En voyant cette situation en face, sans récupérer ni maintenir les brebis (galeuses), sans se laisser retenir par cette réalité, sans doute leur action pourrait être beaucoup plus efficace et porteuse d’avenir. Mais là, le passé se révèle une imposture, le présent un effondrement et l’avenir, injurié par ces deux évidences.

          • A Anne Thoraval,
            Anne je suis particulièrement sensible à votre idée première concernant la question vertigineuse du manque de prêtres et l’inaction qui a pu en résulter du côté de la hiérarchie. Mais pour moi, la question des pouvoirs et contre-pouvoirs est vraiment une des pièces maitresses de la structure de l’Eglise, et ce en lien avec la notion « de servir » (non dévoyée) qui conduit au Don de soi au sens de l’Evangile et de la parole du Christ (cf échange avec Guy /J.-B. Arnaud /les Bernardins). Il faut absolument il me semble, remonter à la source du mal et de celle des abus (un peu comme les saumons le font pour donner « la vie »).
            Je suis sûre qu’il y a eu aussi certains prêtres qui sont entrés dans l’Eglise pour monter dans les rangs du pouvoir « pour échapper à un sentiment d’inadéquation » https://fr.aleteia.org/2022/11/07/revue-de-presse-un-psychiatre-sinteresse-aux-abus-spirituels/
            Pour l’avenir de l’Eglise, j’ai confiance (malgré ce qui fait vertigineusement mal au plus profond de soi) et bien sûr ça craque de toutes parts (il le fallait et ce n’est pas fini sûrement). L’Eglise a connu bien des cataclysmes et périodes sombres. Les saints en sont les murs porteurs (picorer le livre sur ce sujet de Christiane Rancé, me donne des vitamines par ex.). Le Pape François que j’essaie de suivre dans ses messages, marche (ou « roule » en fauteuil roulant…) sur les pas de St François, cela à sa façon bien sûr. Le cardinal Hollerich dessine l’Église qu’il entrevoit dans vingt ans en Europe : « Plus petite mais aussi plus vivante. » « Dans certaines parties du nord de l’Europe ce sera surtout une Église de migrants » prévoit-il, puisque « les riches autochtones sont les premiers à abandonner le navire car l’Évangile grince avec leurs intérêts ». C’est certes une tout autre vision de l’Eglise, mais un beau programme. “Il y a une grâce cachée d’être une petite Église, un petit troupeau” a dit le pape au Kazakhstan. Ainsi quoiqu’il en soit même lorsqu’il y a certains jours une réelle pénurie d’Espérance, je crois aux secrets de la Grâce Anne : cela est un peu hors sujet mais c’est une mini réponse à la question que m’a posée Dominique sur …l’Espérance !😇(faut faire avec !)

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